Aldus - le blog du livre numérique, depuis 2006

Passé mes vacances à relire l'édition complète des Essais de Philippe Muray que les Belles Lettres ont eu la bonne idée de publier il y a quelques mois. Je vous recommande particulièrement, une édition de référence comme d'habitude de plus de 1800 pages avec des index remarquables qui permettent de naviguer dans le volume (c'est trop peu souvent le cas malheureusement chez les éditeurs). En revanche un pavé de plus d'1,2 kilo qui effrait quelque peu au moment de partir loin de chez soi. J'ai cherché vainement une édition numérique dans le catalogue ePagine, sans succès; c'est vraiment dommage, j'aurais volontiers pris les deux pour un supplément de prix!

A lire absolument le petit billet que consacre Virginie Clayssen au partage des gros sous aux Etats-Unis entre éditeurs/agents et auteurs. Une situation qui éclaire grandement nos petits débats franco-français!

Coup de froid en cette période de fêtes sur les ventes de la presse américaine sur l'iPad. Premiers retours qui confirment que l'on est très loin du nouvel eldorado que l'on nous promettait il y a quelques mois. Tous les titres reculent très fortement mois après mois. Passés les premiers essais (comme moi d'ailleurs dutant l'été), les gens ne perçoivent pas la valeur ajoutée par rapport à ce qu'on trouve sur le web et ne renouvellent pas en passant à la caisse. Le problème du modèle économique reste entier. Gratuit oui, payant non. Malgré le battage médiatique sans précédent les ventes de presse depuis l'été dernier sont en chute libre. Voir l'article du NouvelObs. Alors, objet révolutionnaire l'iPad en matière de journaux et de livres? Lire sur l'iPad, c'est peut-être pas aussi "différent" que certains veulent bien nous le faire croire pour nous vendre leur feuille. On va peut-être entendre moins de Cassandre et revenir un peu sur terre. Il reste du chemin à parcourir et Apple n'a pas encore trouvé la clé... Pendant ce temps-là, à mettre en relation avec le succès du Kindle, celui-là bien confirmé par les éditeurs, qui eux passent à la caisse, non?

Guère réjouissant de commencer l'année par une pareille photo mais il faut bien en passer par là et rappeler cette plaie qui frappe les livres numériques actuellement, pour combien de temps encore? Souhaitons que de plus en plus d'éditeurs suppriment ces verrous (ces "virus") comme tous ceux qui l'ont bien compris et qui proposent déjà les 10.500 titres disponibles dans la Librairie Dialogues qui ne vends exclusivement que des livres libres, "garantie" sans DRM, des vrais livres quoi. N'achetez pas les autres et dites pourquoi aux différents libraires, ça finira par remonter, vous verrez...

Je vous souhaite une belle et heureuse année, riche de nouvelles découvertes de lectures, imprimées ou électroniques, l'essentiel n'est bien évidemment pas là! Alors qu'Aldus va entrer dans sa cinquième année (si l'on m'avait dit cela à l'époque) et que vous êtes de plus en plus nombreux à me lire au quotidien, j'en profite pour vous remercier pour votre fidelité, c'est ce qui ressort le plus nettement des statistiques du blog. Je perçois de plus en plus la spécificité de ce petit espace et j'entends bien farouchement le conserver. 2011 inaugure une nouvelle décennie qui va sans aucun doute bousculer nos habitudes de lecture de presse quotidienne, de magazines, de livres avec des supports toujours plus proches des qualités de l'imprimé, toujours plus riches des qualités du numérique. Que de chemin parcouru depuis cinq ans déjà... Une pensée renouvellée à Alde Manuce en qui je me sens proche pour son amour des livres et des textes, de la production innovante du pré-presse (d'avant la presse disait-on), de l'imprimé et qui expérimentait aussi de nouveaux types de livres plus petits, plus maniables, que l'on aurait volontiers qualifiés d'"enrichis" à l'époque. Nul doute qu'il ferait partie de l'aventure aujourd'hui!