Marché du livre numérique en France: quel chiffre réel?
02 juillet 2013
Des détails de la part de GfK sur la grande différence entre les chiffres du SNE communiqués la semaine dernière qui annonçaient un marché du livre numérique à 3,1% en France et ceux qui plafonnaient autour de 1% au dernier Salon du Livre. Explications:
Pour la première année, le SNE a distingué les différentes catégories éditoriales, mais a surtout agrégé des revenus qui viennent de marchés BtoB en provenance de portails comme Cairn, Dawson, Pearson, Numilog, Cyberlibris, etc.:
"En 2012, le marché de l'édition numérique, tous supports et catégories éditoriales confondus, a généré un chiffre d'affaires de 81,8 millions d'euros. Cela représente 3,1% du chiffre d'affaires des éditeurs. Malgré son poids relatif assez faible, l'édition numérique s'affirme chaque année d'avantage dans les habitudes de lecture des français. Pour la première année nous avons donc voulu distinguer les catégories éditoriales. Au vu des résultats cela peut sembler encore prématuré, mais nous avons voulu poser dès aujourd'hui les bases de statistiques fiables visant à appréhender plus précisément les évolutions à l'intérieur du marché, d'identifier les opportunités de croissance, les logiques de substitution, de permettre les comparaisons avec nos partenaires européens et mondiaux et de dialoguer avec les instances gouvernementales. De plus, au vu de l'actualité récente, nous avons pu nous rendre compte des préoccupations croissantes autour du numérique qui ont été exprimées de la part de tous les acteurs de la chaîne de valeur du livre. La nécessité d'avoir des statistiques fiables se pose donc, les prochaines années étant, pour beaucoup d’éditeurs, le temps de l’appropriation du numérique."
Dans les 3,1% il y a une part de numérique vendus sur support physique (CD, DVD, USB…); si on enlève cette partie, le «pur» dématérialisé représente 2,65%. Ensuite dans ces 2,65% une grosse partie provient du BtoB (ouvrages en flux, streaming, ventes en bouquets…); or l’activité de GfK est de travailler sur le BtoC et pas le BtoB que ce soit sur le physique ou le dématérialisé. De plus GfK se concentre aujourd’hui sur le téléchargement à l’acte unitaire (complet ou par extrait/chapitre), mode de consommation sur lequel ils ont des données via les revendeurs. Le SNE annonce sur ce périmètre 23M€ (14+9 M€) quand les estimations GfK étaient à 21M€.
"Il faut que nous soyons plus précis dans notre communication pour bien préciser que les chiffres GfK ne concernent que le «trade», terme utilisé aux USA. Dans les discussions que nous avons avec les éditeurs et revendeurs, il est clair qu’aujourd’hui le marché numérique se passe beaucoup du côté BtoB mais c’est la partie dont personne ne parle, surtout pas les médias, car ce qui les intéressent c’est la partie grand public."
Je remercie Sébastien Rouault chez GfK France pour ces informations.
J'ajouterais aussi quelques remarques. En revérifiant tous les chiffres donnés dans les différents pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne), les ventes en BtoB ne sont pas isolées des différents résultats, mais agrégées dans le numérique global. Numérique, c'est numérique. Et ces ventes sont sans doute très importantes, notamment aux Etats-Unis, avec le marché des bibliothèques. Il me semble qu'il convient, pour comparer les différents marchés, de ne pas traiter les chiffres français de manière différente, comme le fait très justement le SNE en agrégeant. Autre chose qui me semble à signaler, seulement 70 éditeurs ont remontés leurs ventes numériques dans les chiffres SNE, c'est quand même très peu. Espérons que les choses progressent l'année prochaine.
Vous trouverez le détail des résultats de SNE ici.