Netvibes et les bibliothèques
01 février 2010
Les bibliothèques aiment Netvibes, un petit point sur la question...
Les bibliothèques aiment Netvibes, un petit point sur la question...
A signaler que je participerais à une journée sur le livre numérique en bibliothèque en compagnie de Daniel Bourrion (BU d'Angers), le jeudi 25 mars prochain à l'IUT Métiers du Livre de Bordeaux. Renseignements par ici.
PS: pour faire patienter un petit tour de France des expériences en bibliothèques.
Intéressante intervention de François Gèze (directeur éditorial des Editions La Découverte) sur le livre dématérialisé à l'ENSSIB qui se livre à l'exercice périlleux d'une prospective à l'horizon 2019. Passionné et passionnant que François Gèze que l'on entend finalement trop rarement. Quelques remarques sur les aspects historiques qu'il rappelle. Tout d'abord, il y a dix ans en 1999, la technologie de l'encre électronique était encore sur les paillasses des laboratoires. Tous les professionnels des métiers du livre ne savaient absolument rien de cette technologie. Assimiler les premiers modèles de livres électroniques (2000-2001) à l'encre électronique, comme il semble le faire, est absolument faux. C'est à partir de 2004 que Sony a développé ce procédé pour une application au livre avec le Librié sur le marché japonais. D'autre part, une erreur grossière concernant la photocomposition qui ne date pas des années 90, comme il le dit, mais qui s'est développé entre 1950 et 1970, une évolution lente et constante (voir Wikipedia). François Gèze a connu bien évidemment cette évolution mais il semble un peu se perdre dans les dates. C'est à partir du début des années 80 que la Publication Assisté par Ordinateur (PAO) s'est développé avec l'accélération que l'on connait. Il passe sur les "illuminations de Jean-Marie Messier", ensuite il énumère les différents secteurs du livre et les implications du numérique. De manière très affirmative (trop me semble t-il), il passe à la trappe les livres pratiques, les guides de tourisme. Cela supposerait que nous ayons de l'internet haut débit sur l'ensemble du globe dans dix ans pour partir aussi bien à San Francisco qu'en Afghanistan ou en Irak (j'espère que l'on pourra y retourner à cette date). Je fais le pari contraire. Nous offrirons aussi toujours à nos proches des livres sur la cuisine au wok ou la santé par les plantes. Assez d'accord avec lui sur les scénarios "rose" et "gris" sur le marché du livre scolaire français qui dépend de l'implication de l'Etat dans le développement numérique dans les écoles. Pour le pari sur la littérature, moitié numérique/ moitié papier, je le rejoins complètement à la fois sur l'idée du livre-clos, d'une oeuvre finie qui est justement en contradiction (et le restera) avec le flux du web. "Fixer à l'instant t une oeuvre finie, c'est absolument irremplaçable". J'ajouterais que la notion de livre en tant que "conservateur de notre mémoire" (je lance la formule) est au coeur de ces livres clos. Et les livres "non liquides" iront bien au-delà des livres de littérature, j'en suis convaincu. Il voit la FNAC en 2019? La maison est à vendre en ce moment et je ne sais pas si les futurs investisseurs sont aussi sûrs que lui là-dessus! Amazon en 2019? Cela me semble sûr, lui qui investit aussi dans nos chaussures. Google en 2019? C'est beaucoup moins sûr avec les enjeux du web sémantique. Prix unique du livre "numérique clos" en 2015 pour protéger des libraires spécialisés "anti-robots"? Bien avant, j'ai envie de dire si l'on veut protéger notre réseau de libraires incapables de pratiquer le dumping actuel d'Amazon. Merci à François de nous faire cogiter. A signaler d'autres interventions en vidéos (merci à Alain Pierrot).
Tous les détails sur le contrat liant Google et la Bibliothèque de Lyon, seule bibliothèque française a avoir signé l'accord GoogleBooks, sont désormais dévoilés et disponibles sur le site de France2. On saura si c'était de l'agneau ou du cochon (merci Isabelle).
PS: Sur Livres-Hebdo à qui l'on doit cette levée par l'administration: "Après l’avis de la Cada, la mairie de Lyon a fini par communiquer le contrat de numérisation de livres signé avec Google, désormais consultable par tous". Accès bloqué, on appréciera...
A lire le billet de Bibliobsession sur la non-lecture et sa propre pratique de bibliothécaire!
"Billet envoyé par Alain Pierrot, business manager, société I2S:"
Suite à la discussion à la SGDL sur les difficultés à fournir des
données riches dans ONIX, en particulier les couvertures, il serait
peut-être utile de rappeler que le lien fort entre couverture et oeuvre
n'est qu'un moment historique relativement restreint (fin XIXe-XXe). Au
XVIIIe les livres étaient envoyés aux libraires en feuilles et reliés à
la demande du client. Les bibliothèques de conservation gèrent
massivement leurs collections avec des chantiers de reliure (parfois au
dam de Google, quand ils scannent des volumes composites sans s'en
apercevoir ni récupérer les données bibliographiques pertinentes). On
devrait rapprocher les initiatives de création automatique de
couverture, le problème de lisibilité des vignettes, — et les problèmes
de droits sur la création des couvertures (intéressant billet de Pierrat pour
la musique sur Livres Hebdo).
Pas sans rapport non plus avec la pratique des ex-libris...
Petit échange ce week-end avec Jean-Yves Dupuis, le fondateur de la Bibliothèque électronique du Québec, qui vient de se procurer un Sony PRS-505 et qui va encore améliorer les versions PDF pour les lecteurs 5 et 6 pouces:
Quelles sont vos premières impressions?
"Tout d'abord, j'ai été très déçu de voir que les documents PDF de la BEQ que je pensais tout à fait adaptés pour les liseuses s'affichaient en beaucoup trop petit à l'écran. Sur un écran de 5 pouces, cela doit être tout à fait inutilisables. - Deuxième petite déception: que le PRS-505 ne prend pas la justification du texte dans le format EPUB. Mais bon, je n'aime pas particulièrement ce format. Je crois tout de même que j'ai assez bien réussi la conversion des volumes à ce format. La possibilité de choisir la taille des caractères rend la lecture agréable, cependant.
Pour les documents PDF, j'ai résolu le problème:
Je reprendrai tous les documents. Au lieu de la taille 16 pts, je reformate à la taille 18 pts, et je diminue la marge de .25 po à .1 po. Ce que j'ai fait pour le document que je suis en train de corriger (Michel Zévaco: Buridan, le héros de la Tour de Nesle). Et, merveille, cela devient maintenant beaucoup plus agréable à lire. J'ai lu plusieurs heures sur l'appareil avec le document ainsi formaté, et je n'ai ressenti absolument aucune fatigue oculaire. Si vous voulez voir les nouveaux documents ainsi formatés, regardez du côté des Contes de Provence de Paul Arène ici. Je ne suis pas du tout déçu, finalement, de l'appareil, et il va m'être utile grandement."
Vous avez fait le choix de ne pas afficher de publicité sur le site alors que votre site a une visibilité très importante depuis de nombreuses années. Pouvez-vous m'en dire plus?
"Je suis sur le net depuis plus longtemps. 1995 ou 96, je ne sais plus. et je fais la Bibliothèque depuis janvier 1998. Mais aucune importance. Je ne suis pas nécessairement contre la publicité sur un site, mais, bien sûr, j'aime mieux quand il y en a pas. Il faudrait que ladite publicité rapporte suffisamment, cependant. Je ne me verrais pas ajouter un gros bandeau clignotant, juste pour les quelques pauvres petits dollars que ça pourrait éventuellement rapporter. Il y a déjà trop de pubs partout. Mais lorsqu'on ne paie pas pour le serveur, lorsqu'on a pas d'employés à payer, lorsqu'on n'a pas de frais de matériels, ni aucuns autres frais d'aucune sorte, comme c'est mon cas, je crois bien que l'on peut très bien faire le sacrifice de se passer de publicité. D'autant que dans la plupart des cas, pour des sites personnels surtout, les revenus seraient probablement très minimes. Je considère que c'est un peu du bénévolat que je fais. Aussi, dans mon cas, étant donné l'état de mes sites, il serait difficile d'y mettre de la pub. Mais cela, c'est une autre histoire".
Justement, quels sont vos coûts de fonctionnements pour la BeQ?
(propos recueillis et publiés avec l'autorisation de Jean-Yves Dupuis).
Si Marc Tessier a quelques instants "aujourd'hui" à consacrer à la lecture du billet "Google Books: ce qu'il faut faire" de Olivier Ertzscheid, il n'aura pas perdu sa journée...
PS: Claude Durand avec dans sa manche Olivier, on aurait gagné un temps fou, sans parler d'argent quand on sait que ce gars-là est payé par l'Education Nationale. Deux caractères bien trempés comme ces deux-là n'auraient pas été de trop face à Google!
A lire absolument l'interview conjointe, réalisée par Frédérique Roussel pour Libération, de Robert Darnton, directeur de la bibliothèque de Harvard et Bruno
Racine, président de la BNF. Ils parlent des défis que pose
la numérisation des œuvres entreprise par le géant américain Google. On se rappelle de l'appel solennel lancé par Robert Darnton au printemps dernier (le texte en français est ici). J'ai retenu les deux paragraphes suivants qui ouvrent des pistes:
B. R. : Dans le cas des discussions préliminaires
que nous avions eues avec Google, la proposition était que les œuvres
de la BNF qui auraient été numérisées par Google soient également
accessibles à travers Gallica et Europeana. Sans quoi, il n’y aurait
pas eu de discussion possible. La position dominante de Google est liée
à des périodes d’exclusivité d’exploitation des données numériques.
Au-delà de cette période, le matériau redevient libre. Et il est
toujours détenu par des institutions comme la bibliothèque de Harvard.
Tout devrait nous inciter à réfléchir dès maintenant à la manière
dont, en tant qu’institutions non commerciales désireuses de propager
le savoir, nous pourrons enfin travailler ensemble à long terme en
assurant la conservation pérenne des données. Un cadre commun a manqué
aux bibliothèques pour intégrer un certain nombre de préoccupations
d’intérêt public dans les contrats particuliers. A la dernière
conférence des bibliothèques nationales européennes, il y a quinze
jours à Madrid, j’ai constaté qu’à part la France, aucun Etat européen
n’était prêt à investir de manière significative dans la numérisation
et que le recours à des partenaires privés était la seule option
disponible pour la plupart de mes collègues. Nous avons donc, avec les
Anglais, proposé d’élaborer une charte commune des bibliothèques pour
leurs négociations avec Google ou d’autres. Pendant qu’il en est encore
temps, essayons de nous mettre d’accord sur un niveau d’exigence commun
minimal. Cette question sera bien sûr abordée dans le cadre de la
réflexion que Frédéric Mitterrand a annoncée sur le sujet.
R.D. : Très bonne idée. J’aimerais voir cette charte et y souscrire. Pourquoi ne pas créer une sorte de front international de bibliothèques? Elles pourraient ainsi s’appuyer les unes sur les autres, notamment pour leurs exemplaires numérisés. Pourquoi ne pas les accumuler et créer une bibliothèque numérique qui soit internationale? C’est un projet qui démarre aux Etats-Unis, avec la fondation Hathai. L’idée est de créer une masse de données gigantesques des titres sous droits numérisés par Google, qui a d’ailleurs accepté que plusieurs bibliothèques mettent ensemble, mutualisent, leurs exemplaires numérisés. Ils ne peuvent pas les communiquer librement mais, au moins, ils préparent leur conservation."
Un nouveau pacte transatlantique en vue pour contrer l'hégémonie de Google?