Aldus - le blog du livre numérique, depuis 2006

Très intéressant article d'André Schiffrin dans Le Monde aujourd'hui qui revient sur la situation préoccupante de l'édition américaine. Une course à la concentration et à la rentabilité attendue. Il y a bien un avant et un après Amazon: "Puis est arrivé Amazon, un concurrent qui a pensé pouvoir s'emparer d'une bonne partie du marché en ne publiant justement que des best-sellers. Et en forçant les éditeurs à accepter ses ebooks à 9,99$, un prix qui, tout en réduisant considérablement les marges des éditeurs traditionnels, avait aussi pour Amazon l'avantage de bouleverser radicalement l'économie du livre de poche, le format sur lequel les éditeurs comptaient jusqu'alors pour asseoir leurs bénéfices ultimes."

Voilà donc cette fameuse courbe publiée par iSuppli qui nous envoyait pour certains les livres électroniques au rang des dinosaures la semaine dernière, revoir mon billet. Plusieurs remarques qui viennent modérer grandement le modèle selon moi.

D'abord, il ne s'agit pas du tout des ventes mais des livraisons exportées par années. Sans surprise le pic de 23 millions d'écrans livrés en 2011 est bien entendu le tsunami d'Amazon à l'automne 2011 proposant trois nouveaux livres électroniques. Rien que le Kindle 4 de base représentait à lui seul 8 millions d'écrans selon les estimations. Le modèle est toujours au catalogue d'Amazon dans tous les pays, son modèle d'entrée de gamme. Amazon a engrangé en 2011 son année 2012 en préemptant la production chez eInk. Depuis il a sorti une version noire. Nous n'avons jamais de chiffres de ventes de la part d'Amazon mais les ventes sont bonnes. Un tremplin idéal vers son catalogue gigantesque. Un signe, c'est qu'Amazon n'est pas parti dans une baisse des prix. Une alternative supplémentaire qu'il garde dans sa manche. Et la donne peut changer avec des abonnements liés par exemple. Autre modèle après le Kindle Touch, le PaperWhite qui se vend lui aussi très bien, en rupture sur les marchés européens. Amazon a dû faire face à des difficultés de fabrication autour de la lumière intégrée l'été dernier, retardant son programme de la fin 2012 pour se concentrer exclusivement sur le marché américain. Autre élément, le retard pris par Barnes and Noble sur le marché européen. Tous ces éléments vont dans le même sens. Au niveau du marché, on peut à mon avis moduler les ventes effectives à 14/15 millions en 2011 et à 17/18 millions en 2012. Et cela malgré la concurrence des tablettes. Nous en saurons plus dans quelques mois, les ventes en Europe et au Japon seront des signes intéressants.

Autre élément qui me parait très difficile d'appréhender pour faire des projections à trois, quatre ans, c'est le facteur innovation. Qui parlait il y a deux ans de la lumière intégrée par exemple. Nous savons que les évolutions technologiques sont constantes notamment du côté de la couleur avec plusieurs acteurs qui vont se positionner. Jeff Bezos ne l'a jamais caché. Quand la technologie sera au point, il ira résolument sur un Kindle couleur. Bien malin qui peut avancer aujourd'hui où nous en serons en 2016. En tous cas personnellement, je ne mettrais pas ma main à couper sur la courbe suivante. Tiens dernière petite chose ce soir, il semblerait que les ventes de la tablette Kindle Fire ne seraient pas au niveau des prévisions annoncées, d'ici à ce que le téléphone d'Amazon soit remis en question! A vouloir tout faire... (merci à Hubert sur twitter).  

Offensive de Kobo aux Etats-Unis. Le Kobo Mini sera vendu du 21 au 23 décembre prochain au-dessous de la barre psychologique des 50$ sur le site Bestby et dans des librairies indépendantes affiliées. Si la fin du monde n'a pas eu lieu (via Digitalbookworld).

L'A.B.A. (American Booksellers Association) encourage les librairies indépendantes américaines à résilier dès à présent leurs comptes avec Google, à se tenir prêt pour le changement. Le 7 janvier prochain sera la date limite, mais il n'y aura pas d'interruption dans la capacité de vendre des livres numériques. Google a officiellement annoncé qu'il suspendait le soutien de leur écosystème du livre numérique le 31 janvier 2013. Les libraires indépendants sont invités à rejoindre Kobo. Il n'y a pas de frais supplémentaires et beaucoup trouvent qu'il est beaucoup plus facile de faire des affaires avec Kobo. De meilleures commissions sur la vente de livres. Kobo a également mis en place un programme, les membres de l'ABA pouvant vendre les livres électroniques de la gamme Kobo directement dans leurs magasins. Avec le programme de Google, les clients devaient obtenir leurs appareils en provenance d'autres sources, ce qui limitait les librairies dans le développement de marges sur les achats de livres. Les clients peuvent toujours lire les livres déjà achetés sur Google à travers "Mes livres numériques Google" liés sur leurs comptes. Les magasins peuvent aussi créer d'autres liens sur leurs sites. Ils seront toujours accessible via des comptes clients Google Play (via GoodeReader).

A signaler particulièrement l'éditeur américain Simon & Schuster, qui propose une version numérique de la totalité des aventures de Sherlock Holmes de Arthur Conan Doyle. Elle est gratuite. Les livres sont bien entendu dans le domaine public (l'auteur décédé en 1930), mais c'est la première fois qu'une compilation complète est réalisé, accompagnée d'une introduction de Robert Ryan. Plus de 1500 pages au total. A retrouver par exemple sur Kobo. Peut-être des idées pour des éditeurs français (via EbookFriendly).

A voir la vidéo et la présentation du Samsung Chromebook sur MobileTechreview. Un écran 11,6 pouces, un bon clavier, une fabrication de qualité, l'environnement Google en connection. "It doesn't look Fisher-Price". A l'heure où l'on parle d'installer des tablettes dans les écoles, une alternative qu'il ne faudrait peut-être pas oublier, surtout à 249$ pour ce modèle. Disponibles aux Etats-Unis et Royaume-Uni uniquement.

Barnes and Noble vient de baisser le prix de son Nook Simple Touch à 79$ sur le marché américain. En concurrence directe avec Amazon, dont le Kindle de base à 69$ ne dispose pas du tactile. Des livres électroniques sous le seuil psychologique des 50$, à mon avis c'est pour très bientôt (via EreaderInfo).

Il nous faudra attendre février pour le revoir en France. Aux Etats-Unis, le nouveau modèle d'Amazon est en rupture sur le site. Nouvelle disponibilité le 20 décembre pour les retardataires. Ci-dessous une vidéo qui n'est pas sans rappeler celles d'Apple pour une présentation de ce Kindle Paperwhite. L'équipe technique d'Amazon a été mise à contribution. Tenez-vous bien, 8 ans de travail pour le développement de ce modèle. On travaillait déjà sur le Paperwhite avant de préparer le Kindle de première génération, sorti en novembre 2007. On doit sourire un peu du côté d'eInk (via TheDigitalReader).

Intéressant débat à la conférence annuelle FutureBook, initiée par The Bookseller à Londres, que relaie GoodeReader, à propos des prix des livres numériques sur le marché américain:

"Pour commencer, il y a eu une discussion sur la façon dont le ministère de la Justice enquête sur la violation antitrust dans les six grandes maisons d'édition et qui peut avoir un impact sur l'avenir de la fixation des prix chez les éditeurs. Personne ne veut être vu à la fois sur la fixation de prix trop élevés ou trop bas, de peur de ne pas bien monétiser, mais aussi par crainte d'accusations de collaboration.

En dehors de ces préoccupations, les experts étaient divisés sur le point du juste prix pour vendre des ebooks efficacement. D'une part, il y a eu beaucoup de discussions sur le fait que les ebooks ne devrait pas coûter autant que leurs homologues imprimés, qui est le reflet d'enlever certains des coûts associés à l'impression de livres et l'expédition. Cependant, il y a eu beaucoup de discussions sur la façon dont les ebooks au prix trop bas peuvent réellement avoir un effet négatif sur les ventes de livres. Après tout, il ne coûte que 99cents... Comment peuvent-ils être bons?

Certains des membres du groupe, qui comprenait Michael Tamblyn (Kobo), Paul Rhodes (Orb Entertainment), Eloy Salsot (HarperCollins), Rachel Wilmer (Luzme.com) et Orna Ross (Association des auteurs indépendants), ont contesté spécifiquement le ebook à 99cents, en disant qu'un ebook gratuit est un don et qu'un ebook qui coûte une somme substantielle est un investissement dans le livre. La tarification d'un ebook à 99cents pourrait être considéré comme rien de plus qu'une tentative pour maintenir le prix assez bas pour que les lecteurs l'achetent sans y penser, mais il est encore une façon détournée d'essayer d'entrer dans le classement des livres achetés. Le consensus s'est établi soit de le céder gratuitement soit de le faire payer pour un prix réel.

En fin de compte, certains des participants sont tombés d'accord sur $4,99, un prix approprié pour un auteur ou un titre de fond, tandis que les nouveautés et best-sellers en soient, peuvent être vendus avec un prix plus élevé.

Cependant, les éditeurs choisissent le prix de leurs ebooks; il y a aussi des prix acceptables pour des genres différents ou différents types de contenus."

L'A.A.P. (Association of American Publishers) a publié ses traditionnels chiffres sur les ventes selon les catégories de livres sur les premiers huit mois de 2012. Même si le rythme de progression du livre numérique s'est atténué, il reste cependant important avec 36,9% de progression par rapport à la même période en 2011. Les ventes de poche continuant à dégringoler. Les livres numériques ont laissés sur place les livres cartonnés (hardcover) et sont maintenant solidement installés comme deuxième catégorie après les livres brochés. A signaler également la percée très nette des livres numériques pour enfants sur la même période (via PaidContent).

La fièvre Hobbit en approche, les livres enrichis chez Harper and Collins ont fait leurs apparitions aux Etats-Unis le mois dernier sur iBooksStore d'Apple (via Yudu blog).

"Et si je vous demande la courbe de vente du Kindle?" Question de Paul Khayat (Paris Match) à Jeff Bezos, patron d'Amazon. C'était en février dernier. Quelque chose qui doit réussir dans le futur, puis patience, cela va éventuellement arriver (merci à Vincent).

Deux infographies proposées par NielsenWire aux Etats-Unis sur les intentions d'achats souhaitées dans les six prochains mois à la fois par les 6-12 ans et les 13 ans et plus. Rien de surprenant sur les premières places trustées par les dispositifs multi-médias et pour les jeux, l'iPad en tête sur les deux catégories. Il va être intéressant de regarder l'impact à terme de l'iPad mini. Les livres électroniques finalement en bonne position, surtout bien entendu dans la deuxième où la lecture est plus affirmée. Une chose est sûre, la télé d'Apple ne fait rêver personne!

Billet intéressant de PublishersWeekly qui relaie une étude de Bowker Market Research, un état des lieux de la lecture numérique aux Etats-Unis à juin 2012. Le Kindle d'Amazon est le dispositif le plus populaire (37%), si l'on ajoute la tablette KindleFire c'est même 55% des lecteurs américains, c'est dire l'hégémonie d'Amazon sur le secteur. La lecture sur l'iPad reste stable. L'arrivée des tablettes vient mordre à la fois sur les livres électroniques auprès de lecteurs occasionnels et sur les ordinateurs. A noter l'absence de Kobo et le recul de Sony qui semblent bien avoir perdu la partie Outre-Atlantique.

Une nouvelle intéressante. Kobo propose chez les libraires indépendants avec lesquels ils sont partenaires au sein de l'ABA (American Booksellers Association), une remise sur le Kobo Mini à 49$ pendant deux jours, soit une remise de près de 40% (via GoodeReader).

Hachette Book Group a annoncé aux Etats-Unis le lancement d'un vaste programme de livres publiés au format ePub3. 16 titres sont prévus de novembre 2012 à mars 2013 dans des catégories aussi variées que la psychologie, les biographies, les livres de business, etc. Des romans dans ce même format sont prévus au printemps prochain. Plus d'enrichissements, d'interactivité, toutes les possibilités de ce format enfin exploitées par les éditeurs leaders, une très bonne nouvelle. Vive l'ePub, format universel et non-propriétaire! (via DigitalBookWorld).

Sony Computer Entertainment lance aujourd'hui "Wonderbook: Book of Spells, le livre des sorts" le premier livre en réalité augmentée qui fait entrer l'univers de J.K. Rowling dans le salon. Via la console de jeux PlayStation 3 et son système de reconnaissance de mouvements, le PlayStation Move, le livre prend vie sur l'écran de télévision et transforme le joueur en jeune magicien muni de sa manette/baguette magique. D'autres titres sont prévus pour la fin de l'année (via Challenge). Lire également le test sur GameKult.

Une expérience qui n'est pas sans rappeler des développements suisses et français il y a quelques années comme ceux de la société Total Immersion et le livre Dokéo qu'avait sorti les Editions Nathan (il y a trois ans, revoir la vidéo sur Nouvo).

PS: à propos de réalité augmentée, à suivre absolument le blog d'Olivier Schimpf.

Publication des traditionnels chiffres de l'édition américaine par Bowker Market Research. La progression du livre numérique commence à décellerer. Sur le dernier trimestre, il aura quand même pris un point de plus au livre de poche, avec maintenant 22% des ventes pour les éditeurs de fiction. Amazon représenterait 27% de ce total, Barnes and Noble derrière à 16% (via PublisherWeekly).

Le grand modèle Kindle DX avec un prix très fortement à la baisse sur le site d'Amazon US à 299$ contre 379$ précédemment. Serait-ce le signe d'un prochain grand modèle en PaperWhite? Après le retour des mini, celui des maxi? (via Teleread).

Si vous souhaitez revoir la conférence Amazon de jeudi dernier, la vidéo complète a été mise en ligne. Un avant-goût de ce qui nous attend en France.

C'était donc la grand-messe Amazon aujourd'hui aux Etats-Unis avec son patron Jeff Bezos venu présenter la nouvelle gamme de ses Kindle (livres électroniques et tablettes) et les offres/servives qui vont avec. Cinquième génération de Kindle depuis 2008 sur un marché où Amazon continue à régner en maître.

Tout d'abord sur le marché des livres électroniques, Amazon continue la gamme, déclinée toujours en trois modèles:

• Kindle Paperwhite: c'est la grande attraction, un nouveau modèle amélioré, avec à la fois la lumière intégrée et une qualité d'écran/résolution supérieure. Côté lumière pas d'influence sur la batterie, Amazon annonce une autonomie de deux mois. Côté écran, la résolution de l’écran eInk HD gagne 62% de pixels en plus avec une densité de 212 ppp. Le contraste est augmenté de 25%. Le tactile de l’écran a aussi été amélioré. Le Kindle Paperwhite ne pèse que 213 grammes, moins d'un centimètre d'épaisseur. Amazon a également revu l’interface, la synchronisation Whispersync est conservée ainsi que la fonctionnalité X-Ray pour obtenir des informations sur un sujet particulier dans le livre. On peut également ajouter ses propres polices. Le Kindle Paperwhite est disponible dès maintenant en pré-commande aux Etats-Unis, en version WiFi à 119$. Une très forte pression sur les prix. Le Paperwhite vient remplacer le Kindle Touch qui sort de la gamme.
• Kindle Paperwhite 3G: le modèle 3G est proposé à 179$ pour une livraison à compter du 1er octobre.
• Kindle: l'ancien Kindle de base sans Touch est proposé maintenant au prix de 69$ en pré-commande, livré à partir du 14 septembre. Là aussi, Amazon met la pression sous la barre symbolique des 70$ en touchant des couches de lecteurs supplémentaires.
  

Pas de disponibilité confirmée encore en France pour les modèles Paperwhite.

Ensuite sur le marché des tablettes, trois nouveaux Kindle Fire qui viennent s'ajouter au précédent:

• Kindle Fire HD 8,9" (4G et wifi): Amazon vient titiller sur ses terres Apple et son iPad avec un format intermédiaire et des prix extrêmement compétitifs à 499 et 299$
• Kindle Fire HD: Avec un prix à 199$ et des performances avancées, Amazon vient concurrencer les tablettes 7 pouces, celle de Google Nexus 7 en tête.

Trois tablettes Kindle Fire en version 7 pouces seront disponibles en France pour l'instant, à partir du 25 octobre. L'ancienne Fire à 159€ (qui était vendue jusqu'ici qu'aux Etats-Unis) et la nouvelle Fire HD en deux versions 16Go à 199€ et 32Go à 249€. L'annonce vient d'apparaître sur le site d'Amazon.fr. Tout est détaillé pour les caractéristiques et les performances, on verra les tests qui ne manqueront pas.

Premier verdict aux Etats-Unis concernant la class action diligentée à l'encontre d'Apple et des principaux groupes d'édition. "Trois d'entre eux qui avaient passé un accord avec les autorités américaines en avril pour clore les poursuites sur le prix des livres numériques, vont devoir payer 69 millions de dollars (55 millions d'euros) pour dédommager les consommateurs, selon des détails fournis hier. L'éditeur français Hachette et les américains HarperCollins et Simon & Schuster (groupe CBS) ont accepté de payer cette somme "pour compenser les consommateurs" qui ont acheté des livres électroniques entre le 1^er avril 2010 et le 21 mai 2012, ont indiqué les procureurs généraux des Etats du Connecticut et du Maryland dans des communiqués séparés." Apple, Penguin et Mac Millan restent l'objet de poursuites, n'ayant pas souhaité négocier. On rappellera qu'une procédure est également en cours du côté de Bruxelles (via Le Monde).

Après le désengagement de Google au printemps dernier, Kobo reprend le flambeau auprès des librairies indépendantes américaines. Un accord a été annoncé aujourd'hui avec l'AAA (American Booksellers Association) (via Bookweb). Merci à Clément Laberge, toujours bien au fait du marché anglo-saxon.

Amazon.com et Amazon.fr, deux magasins différents. "Acheter les derniers succès germanopratins d’un clic de souris semblait tomber sous le sens." Vous repasserez pour la rentrée littéraire à l'autre bout du monde. A lire le témoignage de ces expatriés français à Sydney en Australie.

PS: petit message de Feedbooks via twitter: "Sur Feedbooks, hormis Eden où il y a une restriction territoriale, le reste du catalogue est accessible."