695 notes dans la catégorie "Bibliothèques"

Dans la BU, lulu...

Slogan Livrel Voilà, ça y est, c'est officiellement parti du côté de la BU d'Angers. "Ouf. Le démarrage a été bien plus compliqué que prévu (retards de livraison, problème de facturation, et les machines sont arrivées en mai, quand les étudiants étaient déjà presque tous partis - et puis, il a paru utile de prendre le temps de laisser les readers entre les mains des collègues pour qu’ils voient de quoi il retournait)." A suivre chez DanielBourrion, et son patron. Et le pire, c'est qu'ils nous ressortent du livrel, même moi, j'avais un peu jeté l'éponge! J'adore le slogan qu'ils ont adoptés.  Avec nos évangélistes, ils sont partis comme des petits pains: "60% du stock ont été empruntés dès le premier jour…". Des Cybooks remplis avec Publienet et certainement bien d'autres choses à venir pour très bientôt, c'est dans une bibliothèque sur les bords de la Loire!


C'est aussi un livre

Cette réflexion que le terme électronique tombait peu à peu, dans le quotidien, comme le terme poche qui désigne son petit homologue en papier. Le même écho dans l'échange que j'ai eu avec Olivier, de retour d'Irlande avec son Sonyreader:
"J'en suis au fait que c'est un livre! Je l'appelle «mon livre» quand j'en parle avec mes proches (sans ajouter «électronique»); comme pour les livres avant, au moment de sortir de chez moi, la dernière question que je me pose c'est de savoir si je l'ai bien avec moi; il est dans mon sac, près de l'ordi, à côté du lit… comme d'autres avec leurs portables. Il lui faudrait une pochette avec fermeture à glissière pour lui éviter la poussière; «comme un bréviaire» a répondu ma bricoleuse de mère, et c'est juste, l'usage permanent est le même.
Je disais justement à François que — et c'est un peu honteux à avouer — je crois que la disponibilité d'un livre en numérique est en train devenir un critère de choix… Je sens bien que quand les éditeurs vont commencer à sortir des intégrales numérique des grands auteurs, je vais casser ma tirelire.
Bien entendu, l'objet n'est pas parfait… un peu lent, manque la couleur (quoique), le zoom ne sers pas à grand chose tant que le support de l'ePub sera si mauvais. La taille par contre me va très bien, plus grand aurait été trop encombrant, et plus petit, trop petit. Les textes que je rentre sont formatés avec presque pas de marges. Peut-être est-ce lié au fait que ma «sony» est bleue et que la limite entre le papier électronique et la machine est bien net… je ne sais pas, mais
François formate, lui, en Minion Pro, interligne double et plus grande marge: j'aime moins.  Je suis pour le moment très réservé sur le tactile, tant qu'une coque sera nécessaire autour de l'«écran», les boutons me vont très bien.
Comme tout le monde, je crois, je n'ai pas utilisé le chargeur. Même pendant mes 15 jours de vacances, pas de problèmes — mais je l'ai peu utilisé: c'est aussi nul de lire un livre électronique à la lampe frontale sous la tente que ça l'est pour lire un livre classique. Et puis il y avait l'Irlande autour, alors…"
Tant qu'il y aura des livres... à mettre dans des archithèques...
"2038: L’ensemble du patrimoine écrit planétaire étant désormais numérisé, les supports physiques ont été dématérialisés. Networld2 les contient tous, et peut sur simple demande les traduire dans toutes les langues parlées sur la planète. Parmi l’ensemble des supports physiques, seuls les livres sont encore systématiquement conservés par enfouissement. A l’échelle de la planète, les réserves d’enfouissement représentent l’équivalent d’un continent comme l’Amérique du sud: à 100 mètres sous terre, d’immenses entrepôts de titanium affichant un degré d’hygrométrie adapté à la conservation du papier. Les anciennes bibliothèques ont été remplacées par des guichets individuels de visionnage répartis dans toutes les rues des grandes villes, pour les gens ne pouvant pas s’offrir d’interdesk personnel. Ces guichets permettent d’adresser une demande d’accès aux différentes archithèques
" (via Affordance).


Bibliothèques, allez-y!

Publienet Je relaie l'appel de Bibliobsession, pour expérimenter avec Publienet. Enfin accès à autre chose que du gratuit... Les Pieds-Nickelés sont bien entendu toujours sur la brèche avec des portables pour les étudiants: "Bon, d’accord, les premiers prix en PC Portables baissent chaque jour. N’empêche: ces petites machines de plus en plus essentielles ont un prix. Du coup, il y a ceux qui peuvent s’en payer une, et les autres. Et ça, on ne peut pas juste le déplorer. Il faut agir!". Et ils agissent !


Lyon en agneau

La_genisse_la_chevre_et_la_brebis_en_societe_avec_le_lion_illustration_dore Vous vous rappelez, la Bibliothèque de Lyon qui plonge dans le programme de numérisation GoogleBooks, dernier village gaulois face à l'envahisseur. Surtout ne pas manquer la magnifique analyse d'Olivier sur Affordance. "Bravo, Lyon! Vous voilà complice d'un magnifique holdup culturel! Une alternative beaucoup plus intéressante aurait été L'Open Content Alliance. C'est un peu moins efficace, un peu plus coûteux, et un peu plus lent, mais c'est entièrement libre. Malheureusement, le mirage d'une numérisation de masse rapide et gratuite conduit à ignorer ou négliger les côtés plus subtils du cadeau empoisonné de Google. Google a su produire une offre qui détient un réel pouvoir de fascination pour certains bibliothécaires. C'est regrettable, mais cela révèle aussi les limites de certains bibliothécaires, ceux qui jouent avec Google (comme l'on joue avec le feu): ce sont de parfait spécialistes des incunables numériques et ils observent l'avenir dans leur rétroviseur (pour reprendre une formule bien connue de Marshall McLuhan)" (propos de Jean-Yves Guesdon de l'Université de Montréal).


Les métiers de la trouvabilité

Droopy Je vous conseille l'excellent billet de Bibliobsession aujourd'hui qui revient sur la trouvabilité:
"La trouvabilité. C’est-à-dire la capacité à rendre visible une copie, une oeuvre… Dans un océan de données, nous paierons pour les outils où les personnes qui vont rendre visible ou trouvable ce que l’on cherche. Les éditeurs, critiques, labels ont encore un rôle à jouer."
Bibliothécaire, journaliste, j'y ajouterais éditeur, libraire... Avec une pensée à tous mes étudiants en métiers du livre (le plus court chemin pour aller loin) auquels je souhaite des vacances bien méritées...


Le million de gratuits

Worldbookfair En attendant le milliard, voilà déjà le million. C'est la grande foire du gratuit en ce moment. Pas sur Amazon mais sur la WorldEbookFair (via EBSI 2.0). Du 4 juillet au 4 Août, vous pouvez télécharger à volonté; si vous appréciez le service, il vous en coûtera 8,95 $ par an. Ce projet de partage est organisé majoritairement par ProjetGutenberg, WorldPublicLibrary et InternetArchive. Avec comme slogan "Possédez votre propre bibliothèque". On voudrait bien un bibliothécaire ou un libraire pour nous repérer dans cette jungle...
En écho, la cinquième préconisation du rapport de la commision numérique du SLF:
"Combattre donc la gratuité est un objectif majeur: il convient de refuser ce modèle qui mettrait en péril la rémunération juste des producteurs et des revendeurs et, donc, la création même."
En espérant que les vivants auront ce choix-là...


Une enquête sur les ebooks

Merci à Fabrizio Tinti qui vient de repérer sur son blog Pintiniblog, une enquête sur la perception et l'usage des e-books par les étudiants. Elle a été réalisée par Ebrary avec l'aide d'une centaine de bibliothécaires dans le monde.
"Parmi les résultats, on constate que les interrogés n'utilisent pas ou peu les e-books pour deux raisons majeures:
- ils ne savent pas où/comment les trouver
- ils préfèrent la version papier"
Le chemin reste long... Une pensée pour nos amis d'Angers...


L'Appel pour le Livre

Je vous avais parlé en mai dernier de cette opération bizarre pilotée par deux députés "évadés" pour remettre en cause certaines dispositions de la Loi Lang. "J'ai été traité de député imbécile au cours d'une émission de radio, le pompon de l'hystérie est clairement pour Teresa Cremisi, PDG de Flammarion, qui a jugé mon argument digne d'un "évadé de l'asile de Charenton". Je ne connais cette dame ni d'Eve ni d'Adam, mais j'imagine qu'elle doit être une écologiste exemplaire et une authentique démocrate !" (JeanDionis). Excellent...
Cette opération faisant elle-même suite à l'arrêt de la Cour de Cassation
"Ou comment la vente à perte est interdite mais comment il est permis de perdre de l’argent en vendant" (PartiPris).
Et il semble bien que tout cela ne soit qu'un début... Autant de motifs de s'inquiéter et de relayer massivement l'Appel pour le Livre qui est fait aujourd'hui et déjà entendu et signé par beaucoup de membres de la profession, écrivains, éditeurs, libraires, bibliothécaires...
Rejoignez-les pour défendre le livre partout et sous toutes ses formes, papier, bientôt numérique...

PS: Magie de l'internet et de Google. Si l'on tape "Dionis et Charenton", on trouve 717 occurrences et oh miracle, celle-ci dans un livre "Le Magasin de Librairie" publié par Charpentier en 1858. On y lit avec ravissement: "Le 26 janvier, l'ambassadeur arriva à Charenton, où il fut logé sur le bord de l'eau, dans une assez jolie maison appartenant au sieur Dionis, payeur des rentes". Certainement l'aïeul lointain de notre sieur Jean... Il y a des choses de l'ordre de la métaphysique qui nous dépassent...


Les livres électroniques en bibliothèque, on les nourrit avec quoi?

Pieds nickelés Merci à Daniel Bourrion qui a eu la gentillesse de m'envoyer ses commentaires sur l'avancement du projet. Vous savez, Daniel, l'un des farceurs de la Bibliothèque Universitaire d'Angers dont j'avais narré les avatars et les plaisanteries (ou inversement), entre autres d'introduire des livres électroniques dans la Bibliothèque. Voici donc où ils en sont, les Cybooks livrés à bon port... (je me suis permis de mettre en gras certains passages):
"Ah, c'est compliqué. D'abord sur le prêt: du fait de multiples retards et de la nécessité de pousser des projets moins expérimentaux; plus de la nécessité de montrer les readers aux collègues à l'interne, et de leur prêter pour dédramatiser le truc, nous avons perdu beaucoup de temps. A présent, les étudiants se sont tous sauvés: nous ne commencerons le prêt public qu'à la rentrée. Pour ce qui concerne les collègues qui ont découverts les readers, les retours sont plutôt positifs...
Pour les contenus: nous n'avions prévu que du libre de droit (j'avais glané un peu partout et construit une sorte de pack de textes littéraires); mais nous avons une piste qui nous permettrait de diffuser des textes contemporains. Je ne peux pas en parler plus pour l'heure. Mais je communiquerai là-dessus sur mon blog aussitôt que prévu.
Quoi qu'il en soit il est certain que, dans le cadre de prêt de ce type de lecteur par les bibliothèques, la question n'est pas tant de l'achat des readers (le Cybook ou d'autres) - c'est juste une question de choix politiques (que fait-on de nos budgets).
Le prêt non plus n'est pas réellement, je crois, un problème: les bibliothèques savent prêter des livres, des cd, de la vidéo, des oeuvres d'arts.
Non, ce qui risque de poser problème/question, c'est les contenus: pour mettre des choses dans les readers, il faut avoir du biscuit... Et à des prix corrects... Et il faut que les fichiers soient de vrais fichiers, pas des ebooks que l'on ne peut lire qu'en ligne (la plupart de nos éditeurs habituels, Eslevier par exemple, propose des ebooks, mais des ebooks qu'on lit en ligne sur leur plateforme...)
Bref, tu poses la bonne question: prêtons des readers en bib (normal, c'est un service); mais on les nourrit avec quoi ?? ;-)
"

Graph A relier avec le petit tableau qu'avait récemment mis en ligne son chef Olivier avec le livre en variable d'ajustement. Les biscuits ne sont pas extensibles (comme les poissons d'ailleurs) et il faudra bien faire des choix! Si on leur en donne la possibilité du côté des éditeurs bien sûr!


Les Pieds Nickelés existent, je les ai rencontré

Pieds_nickels Lors de la journée à la Roche-sur-Yon en visite chez Olivier, nous avons rencontré les Pieds Nickelés. Directement venus (velus) de la Bibliothèque Universitaire d'Angers. Et ça décoiffe... Olivier, Nicolas et Daniel (de droite à gauche), les trois compères-bibliothécaires ont tout simplement décidé de mettre les utilisateurs de la bibliothèque au centre de leurs préoccupations. Exit, les collections papier qui sont consultées deux fois dans l'année et qui coûte une fortune en abonnement (hurlements, défrisements de leurs confrères, vous pensez). Avec un sens du marketing évident, ils s'exhibent, proposent un questionnaire avec des lecteurs MP3 à gagner, ils ont aussi fait entré une wii et des cybooks dans la bibliothèque, c'est vous dire... Ils cherchent des abonnements à Charlie Hebdo... En attendant les autres suggestions d'un quatrième larron encagé.
Olivier nous a gratifié d'une présentation de haut-vol (de quoi se poiler aux journées Couperin) que nous attendons tous en ligne, avec un maître-mot, on peut faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux. Expérience à suivre, qui dira qu'il n'y a pas un avenir dans les bibliothèques françaises...


Comment j'ai été sur La Route ?

Maccarthy Je viens de terminer hier La Route de Cormac Mc Carthy (Editions de l'Olivier). Roman éblouissant qui laisse une marque profonde en soi. Travail très important sur le choix des mots, le dépouillement du récit, bref un livre qui compte.
Plutôt que de me fendre d'une critique, je ne me sens pas une âme de critique littéraire, (désolé pour Babelio, Critiqueslibres, Amazon...), je pense que parler des livres est un métier que certains font très bien, alors je leur laisse la place.
Donc des commentaires qualifiés:
- un journal, deux libraires ici et ici, deux blogs très différents ici et ici mais c'est bien ainsi, un bibliothécaire (à travers blogs de bibliothécaires). Ils m'ont donné envie de lire ce livre, je les en remercie. Lisez la Route...


Bibliosurf nous parle

Jjg A noter hier cette très intéressante interview de Bernard Strainchamps sur Bibliobsession. Le créateur de Bibliosurf (que j'avais rencontré lors de la première Bouquinosphère) revient sur son parcours et l'expérience unique qu'il est en train de mener sur le web.
Peut-on être "libraire" aujourd'hui et se passer d'une boutique physique?
Bibliosurf.com est une librairie interactive. Ce sont les internautes qui à terme vont constituer l’offre. Le contenu éditorial est constitué de l’apport des éditeurs (description bibliographique, présentation des ouvrages et couvertures), renforcé par l’interactivité et la syndication des articles de centaines de journaux et autres blogs littéraires.... (à noter qu’une partie des archives du site Mauvais genres est reprise). L’originalité du site repose sur son contenu très multimédia et l'apport important de la vidéo.
Et bien sûr, on peut passer commande...
Par exemple, cette page de Cormac Mac Carthy, je suis en train de lire la Route (magnifique roman que je vous conseille). Chroniques, presse en parle, fil du web, tout y est. Plus une collection d'interviews et de critiques inédites.

Pour finir, je cite Bernard sur deux questions:

Une récente polémique oppose le Syndicat de la livrairie française et Amazon à propos des frais de ports… que pensez vous de cette question?
J’en pense rien de bon. Amazon cherche l’étouffement. Il contacte toutes les librairies de France pour proposer ses services. Même moi, ils ont osé. J’ai été heureux de la condamnation d’Amazon. La livraison gratuite que je pratique contraint et forcé me divise ma marge brute par deux.
Quel regard avez vous sur l’évolution de la chaîne du livre à l’heure du numérique?
DRM. Guichet unique de téléchargement? Ce sont des options régressives qui ne sentent pas bons. Le papier est un support qui n’a pas dit son dernier mot. Et contrairement, à ce que certains écrivent, il est plus écolo. Le numérique, c’est une nouvelle voie. Et je ne suis pas sûr qu’il faille appeler ce support papier électronique. Ce sont les quotidiens, les premiers touchés par les précédentes révolutions technologiques dénommées radio, télé et Internet, qui vont s’emparer de ce support. Ce sera la revanche. Mais tout reste à inventer! En tout cas, il n’est pas difficile de prévoir que ce support entraînera de grands bouleversements dans la gestion des fonds en bibliothèque. Sera-ce le cauchemar du bibliothécaire? Bien sûr que non si ce n’est pour les décideurs qui pensent encore comme en 1995.

Bref, Bibliosurf, un passage obligé que je vous conseille...


Les livres électroniques bientôt dans les bibliothèques

Et si on commençait... Bravo pour l'initiative de cette bibliothèque d'Angers et notamment de son responsable numérique, Daniel Bourrion. Il a pris son premier poste en juillet 2007 au SCD d’Angers, où il est chargé de la bibliothèque numérique. Comme quoi, on peut faire avancer les choses rapidement! Comme il le dit lui-même sur son blog: "Il va essayer de ne pas créer trop de désastres. Dans le cas contraire, il ne faut pas lui en vouloir." En tout cas, 10 Cybooks arrivent bientôt, quelques exemplaires de l'Iliad auraient judicieusement complété l'offre (mais nul doute que ce sera pour plus tard!)


Où va le livre ?

9782843031519 Je ne saurais trop vous conseiller l'excellent livre "Où va le livre?" sorti le mois dernier sous la direction de Jean-Yves Mollier à La Dispute/Snédit. La 3ème édition de cet ouvrage entièrement refondue et mise à jour, la dernière datant de 2002-2004, que de changements depuis, n'est-ce pas? C'est une véritable synthèse prospective de la situation du livre aujourd'hui que les auteurs nous invitent à partager. Tous les aspects majeurs sont abordés: marché de l'édition, situation de la librairie, des petits éditeurs, le rôle de l'Etat ainsi que des domaines clés comme le livre de poche, le livre jeunesse, les clubs et la vente en ligne, l'avenir des bibliothèques. D'autres aspects aussi que l'on oublie souvent et qui sont au coeur des problématiques comme la situation de la lecture et le marché de la traduction. Bref, passionnant de bout en bout, que des spécialistes dans leur domaine, il faudrait tout citer. Je n'en citerais que deux parce qu'ils sont au coeur des développements de l'internet et de la diffusion électronique (c'est très injuste vis-à-vis des autres, mais bon). Les deux derniers du livre, donc, le premier de Antoine Compagnon (Virginie avait déjà cité son excellent travail sur Proust) "Un monde sans auteurs?" qui montre les enjeux de la cyberlittérature où le texte se modifie constamment avec des ajouts, des modifications, des suppressions... où les textes nous échappent de plus en plus dans cet espace de l'hypertexte. L'autre de Roger Chartier, toujours lui, qui en une quinzaine de pages magnifiques nous livre une synthèse étonnament pertinente du lecteur dans ce monde en mutation. Je le cite: "Devons nous penser que nous sommes à la veille d'une semblable mutation et que le livre électronique remplacera ou est déjà en train de remplacer le codex imprimé tel que nous le connaissons en ces différentes formes: livre, revue, journal? Peut-être. Mais le plus probable pour les décennies à venir est la coexistence, qui ne sera pas forcément pacifique, entre les deux formes du livre et les trois modes d'inscription et de communication des textes: l'écriture manuscrite, la publication imprimée, la textualité électronique. Cette hypothèse est sans doute plus raisonnable que les lamentations sur l'irrémédiable perte de la culture écrite ou les enthousiasmes sans prudence qui annonçaient l'entrée immédiate dans une nouvelle ère de la communication". Je ne sais pas si vous trouverez certains de ces articles sur le net, ils font chacun une quinzaine de pages, fatigant à lire, et 400 pages à l'imprimante... Le mieux est de foncer dans une bonne librairie (toutes les bonnes libraires doivent avoir ce livre indispensable) et de lire tout, je vous dit, tout est bon.


Les futurs des bibliothèques...

A signaler un intéressant article dans Télérama cette semaine où Jean-Yves Mollier, dont le livre "Où va le livre?" ressort dans une nouvelle édition en septembre (à suivre), revient sur l'essor futur des bibliothèques. Pour lutter contre les pessimismes ambiants! Il nous raconte comment les bibliothécaires résistent au "désherbage" des feuilles, tous ces volumes populaires que l'on sacrifiait et qui réapparaissent peu à peu. Il revient aussi sur les futurs possible du livre, je cite:

"Ne sommes-nous pas à l’orée d’un cycle irréversible: le texte s’échappe du livre et le livre s’échappe de la bibliothèque? Dans un siècle, y aura-t-il encore des livres?
Un siècle, c’est la bonne échéance pour cette question. Dans dix ou vingt ans, le livre existera évidemment encore. L’imprimé avait fait reculer le manuscrit et l’écran plat fera reculer le livre sur papier. Mais rien ne nous dit que le support du livre sera l’écran plat. La technique va tellement vite que de nouveaux supports peuvent apparaître. Si l’on est capable de commercialiser à prix très bas un codex qui contiendra, avec le principe du téléchargement, toutes les bibliothèques du monde, alors on aura des livres dans sa bibliothèque, et ce codex avec une autre bibliothèque. Il faut accueillir tout cela avec beaucoup d’optimisme. La question du support reste toutefois primordiale. Roger Chartier a bien montré qu’on ne lit jamais deux fois le même livre sur deux supports différents. Une fable de La Fontaine n’est pas la même selon qu’on la lit dans une édition de petit ou grand format, illustrée ou pas, même si le texte est respecté à la virgule près. Au-delà de tout cela, les ingénieurs du MIT ont eu cette réponse assez étonnante. Quand on leur a demandé: que pensez-vous du livre, du codex? Ils ont répondu que si on l’inventait aujourd’hui, ce serait l’invention la plus géniale. Ce livre que l’on peut feuilleter dans tous les sens, lire partout et dans toutes les positions, offre des avantages qu’on aura du mal à lui disputer. Et beaucoup plus de gens qu’on ne pense lisent. L’enquête du Crédoc a montré que le taux de forts lecteurs – plus de 25 livres par an – est en hausse par rapport à ce qu’il était il y a dix ans."
Un codex unique qui contiendrait tous les livres... Borgès et son livre de sable...