Aldus - le blog du livre numérique, depuis 2006

Importante mise au point sur le blog ePagine à propos de l'usage du watermark, assez violemment critiqué aux Pays-Bas il y a quelques semaines par un groupe de parlementaires. Cette solution de marquage en filigrane est utilisée depuis un an par la plupart des éditeurs néerlandais distribués par CB (Centraal Boekhuis) – qui opère pour plus de 90% des maisons d’édition néerlandaises; elle est assurée par ePagine. Rappeler que "le but du watermark est d’améliorer l’expérience de l’utilisateur au moment où il souhaite lire un livre en lui évitant tout problème lié aux DRM qui rendent l’achat et la lecture parfois frustrants. Ainsi l’utilisateur peut lire partout où il veut et sans être ensuite emprisonné lors de ses futurs achats dans un modèle fermé comme celui que propose par exemple Amazon. Les questions posées par les parlementaires néerlandais semblent toutes pouvoir être interprétées comme une remise en cause de l’alternative raisonnable que représente le watermarking. Cette fois l’attaque est beaucoup plus sournoise car elle laisse entendre que les informations contenues dans le watermark de ePagine seraient plus dangereuses pour la vie privée de l’internaute que l’ensemble des informations recueillies par des acteurs comme Apple, Amazon ou Google et leur DRM propriétaires qui stockent sur leurs bases de données vos noms, lectures, notes de lectures et partages, en plus de votre carte bancaire. On peut se demander à qui profite maintenant cette attaque du livre numérique vendu avec watermark au moment même où en Hollande les grands américains tentent de mieux s’implanter et de reproduire le même niveau de parts de marché que celui acquis dans d’autres pays européens." Cette solution du watermark est de plus en plus utilisé en France par les éditeurs indépendants qui se défient des règles imposées par les géants anglo-saxons et qui veulent créer un rapport de confiance avec leurs lecteurs. Nous sommes en première ligne en Europe avec les Pays-Bas pour lutter contre l'hégémonie des DRM. Défendre le watermark, c'est défendre une libre utilisation des livres numériques dans un cadre responsable. Un mot qui trouve parfaitement sa place dans l'univers numérique. A travers cette attaque, c'est aussi une preuve supplémentaire que le lobbying d'Amazon reste constant dans les milieux politiques européens.

Un intéressant article sur le Figaro ce week-end qui revient sur le "bourbier" de la rentrée littéraire numérique française, entre prix élevés et drm qui freinent les conditions du développement. Cette rentrée littéraire n'aura jamais été aussi numérique, mais elle risque bien d'être aussi la plus piratée; pour preuve la réaction, sur le quotidien belge La Libre, d'un jeune auteur Thomas Gunzig, son livre paru il y a quelques semaines seulement et "fraichement" disponible sur les réseaux. Il est très loin d'être le seul. Le plus désolant c'est que le livre de Thomas Gunzig est paru au Diable Vauvert, un éditeur justement pro-actif sur le numérique avec des prix à 4,99€ et sans DRM. Mais voilà, ils doivent se sentir bien seuls les éditeurs dans cette position. Sur le Figaro, on retiendra particulièrement les propos d'Eric Lévy chez Editis: «Dans votre question, dit Éric Levy, chez Éditis, il y a l'idée qu'on voudrait que le marché se développe. On ne veut pas forcément. Enfin, si, mais on ne veut pas accélérer son développement». Des propos à mettre en parallèle avec ceux de Daniel Cladera, directeur des droits étrangers de Planeta -premier groupe espagnol du secteur de l'édition/ communication et propriétaire d'Editis- au récent forum sino-européen sur l'édition numérique à Beijing en Chine. Selon Daniel Cladera, parmi les livres téléchargés dans son pays seul un sur dix fait l'objet d'une transaction. Un sacré "cenagal" en effet. A lire ici. Des chiffres qui ne font que renforcer l'adage: «Si on ne cherche pas à développer, on freine, de fait», analyse Françoise Benhamou, professeur à Paris-XIII. Surtout dans un bourbier sacrément collant...

A lire aujourd'hui l'article des Echos qui revient sur le numérique scolaire avec désormais des manuels proposés directement aux familles. "Encore peu répandus pour l'instant (1% du chiffre d'affaire des éditeurs scolaires), les manuels scolaires numériques pourraient faire une percée à l'occasion de cette rentrée. Chez les Editions Bordas et Nathan, ces livres virtuels enrichis de contenus multimédia seront proposés directement aux particuliers sur ordinateurs et tablettes, à partir de lundi. Disponibles dans toutes les matières pour les sixièmes et les secondes, ces manuels numériques affichent un prix (entre 4,49€ et 5,49€ pour les livres de langue) nettement inférieur à leur version papier. «Le taux d'équipement des foyers en connexion Internet et l'arrivée massive des tablettes font que c'est le bon moment pour proposer une offre commerciale aux familles», explique Sylvain Fayol, directeur du développement et de l'innovation du pôle «éducation et référence» du groupe Editis (Bordas et Nathan)." A découvrir sur les sites des éditeurs ici et ici, les parutions à venir bientôt. Alors, le cartable numérique est-il en route?

Une jeune maison d'édition purement numérique, c'est La Matière Noire. Créée en mars dernier avec des premières parutions fin avril, son catalogue est encore peu important mais il va s'étoffer dans les mois qui viennent. Quatre parutions prévues pour cette rentrée.

Ils ont aussi récemment lancé un modèle pour accompagner la vente du livre numérique: la carte e-livre (toutes les infos par ici et là)

"C'est une carte qui permet d'avoir un support sympathique pour le livre numérique. Nous avons des rencontres en librairie et des salons du livre prévus pour certains de nos auteurs dans les semaines et mois qui viennent. Nous avions donc besoin d'avoir quelque chose à montrer et à vendre lors de ces rendez-vous. C'est de là qu'est née la carte e-livre. Nous avons souhaité étendre le projet, et la carte e-livre est désormais disponible auprès de nos auteurs, pour les lecteurs qui souhaitent avoir un objet à collectionner, une dédicace, ou tout simplement une solution pour offrir un livre numérique. Nous travaillons pour qu'elle soit disponible sur notre site bientôt et pour l'essentiel de nos ouvrages. Nous démarcherons prochainement quelques librairies pour pouvoir mettre le livre numérique en vente dans les librairies traditionnelles, et ainsi replacer le libraire comme prescripteur dans cet univers numérique qui pour l'instant lui échappe. Cela permettra de tester ce projet. Nous verrons s'il convient de pérenniser le projet ou non." Merci à Victorien pour tous ces détails.

A découvrir Citronours, une toute jeune start-up lyonnaise spécialisée dans les livres enrichis sous forme d'applications sur iPad. Leurs deux premiers livres de loisirs créatifs sur la couture sont disponibles cette semaine. Deux autres titres sur les bijoux et accessoires, la déco en papier sont prévus pour l'automne. Vous pouvez voir le communiqué de presse et plus d'informations à l'adresse ici.

Petit focus sur la diffusion numérique Harmonia Mundi qui présente pour la troisième année consécutive, sa rentrée littéraire numérique (parutions du 22 août) ainsi que ses autres ouvrages paraissant ce mois-ci: 22 titres chez 14 éditeurs, qui continuent de proposer des ebooks sans DRM à des prix en deçà des 30% de décote par rapport à leur équivalent papier. A signaler l'arrivée des Editions Mnémos (auparavant e-distribuées par Immateriel), qui avec les Editions Actu SF et Les Moutons électriques, ont constitué l’association des «Indés de l’imaginaire». Ces trois éditeurs proposent pour cette rentrée littéraire, trois textes issus d’auteurs majeurs de fantasy francophone que vous pourrez découvrir dans leur version numérique à des prix intéressants. Un fichier epub gratuit – La rentrée de la Fantasy française - est également disponible pour promouvoir ces trois nouveautés importantes dans le domaine des littératures de l’imaginaire.

Pour cette rentrée littéraire de nombreux éditeurs proposent des extraits à télécharger de leurs parutions. Une liste, mise à jour régulièrement, est disponible en ligne sur le blog ePagine.

Avant la rentrée de septembre, c'est le moment de faire un petit point sur l'offre numérique disponible en France. Ces statistiques ont été établies à partir du site LesLibraires.fr au 20 août 2013, avec un total recencé de 90871 titres. C'est bien entendu le secteur de la littérature générale qui est le plus représenté avec plus de la moitié de l'offre. Plus de la moitié également au format ePub. Côté prix, 54% de l'offre en deça des 10€, à titre de comparaison c'est 90% pour les livres de poche référencés chez Dialogues. Côté DRM près des 2/3 de l'offre complète reste verrouillée. Pour ces deux derniers aspects, on est encore malheureusement très loin des attentes des consommateurs.

A lire absolument cet excellent billet de Jiminy Panoz qui revient sur les compétences du designer de livres numériques. Explorer ainsi les nouveaux métiers de l'édition de demain.

Avec la romance type Harlequin, le roman érotique/ porno est sans doute le secteur qui se vend le mieux en numérique.  Alternative à des collections de poche à bas prix avec un papier de qualité inférieure, relative disparition dans les habituels kiosques de gares, discrétion dans l'achat et la lecture, nouveau public qui se laisse séduire, autant d'ingrédients qui accélèrent l'adhésion des lecteurs du genre. La tendance est bien là. Même les groupes d'édition comme Editis commencent à y aller de leurs collections érotiques spécialement conçues pour le numérique, chez 12-21. A signaler aussi la collection Média 1000 à la Musardine qui proposent plus de 200 titres à 4,49€ sans DRM. La même Musardine qui annonçait il y a quelques mois un chiffre de 10% de ses ventes en numérique. Il s'est même ouvert au début de l'été une boutique spécialisée dans le domaine, ClearPassion, lancée par la société eTechs et compagnie. Elle propose déjà plus de 2000 références. Chaud devant.

En cette période de méduses, c'est de poulpes dont il s'agit. Alors que l'on parle toujours d'un deuxième film tiré de la célèbre collection de polars "Le Poulpe", je vous conseille de lire le billet sur le Pop Corner de l'Express qui revient sur 18 années de saga. Les Editions Baleine proposent une quarantaine de titres (sur les presque 300 que compte la collection) dans leurs versions numériques, le dernier en date en mai dernier "Quatre corses majeurs" de Philippe Franchini. Comme le Tour de France, Le Poulpe ne s'était encore jamais aventuré en Corse. On peut regretter que tous ces titres ne soient uniquement disponibles que sur Amazon. Tintin uniquement sur Apple, Le Poulpe uniquement sur Amazon. Comme si le jambon-beurre était confiné à MacDo, un comble...

Des précisions sur le site de l'éditeur:
"C'est une expérience nouvelle. Intéressons-nous à cette forme d'édition aussi, sans perdre de vue que notre vocation est d'abord de produire un objet manufacturé autonome... Retrouvez donc quelques-uns de nos livres sur Kindle!
Nous proposons de convertir petit à petit notre catalogue en format numérique. Pour le moment ils sont vendus sur la plateforme d'Amazon. Notre politique de prix: nos livres sont tous raisonnablement à 2,60€ environ. Les sommes reversées par Amazon sont partagées à 50/50 avec les auteurs."

Espérons que les amateurs du Poulpe pourront aussi retrouver la série hors Amazon rapidement, un effort Baleine. A signaler quand même, pour sauver l'honneur du Poulpe, que l'on trouve chez Publienet l'excellent "Nazis dans le métro" de Didier Daeninckx.

On sait que le roman sentimental est l'un des secteurs les plus en avance sur le numérique. C'est la première fois qu'HarlequinFrance se décide à communiquer des chiffres sur son activité. A lire l'interview d'Antoine Duquesne, Directeur Marketing/ Numérique, sur IDBoox: "Nous constatons l’évolution exponentielle de nos ventes d’ebooks. Nous avons atteint la barre symbolique du million d’e-books vendus (depuis 2008) en début d’année – et le rythme s’accélère: nous devrions en vendre plus d’un million rien qu’en 2013. En termes de chiffre d’affaires, le numérique représente déjà plus de 10% de l’activité des éditions Harlequin en France et cette proportion progresse régulièrement. Nous vendons encore majoritairement des livres «papier» mais l’écart se réduit!".

Pour fêter les 25 ans d’Omnibus et la mise en ligne de l’ensemble du catalogue numérique Maigret, les 75 titres du célébre commissaire sont proposés à prix réduit pendant un mois cet été. Promotion exceptionnelle du 12 juillet 2013 au 19 août 2013:

• eBook Maigret et la jeune morte à 0,99€ au lieu de 7,99€
• tous les autres titres Maigret à -25% (5,99€)
• 7,99€ le bundle de 3 titres A la découverte de Maigret 1

A retrouver chez tous les libraires et sur le site internet dédié: www.simenonnumerique.com

Des regrets que l'opération ne concerne pas les romans durs de Simenon.

Encore de nouvelles offres numériques de la part du groupe Editis. Après 12-21 ("L'Editeur numérique") qui concentre l'offre de poche numérique, ce sont les marques de Place des Editeurs (Omnibus, Presses de la Cité, Belfond) qui ouvrent une librairie numérique d'été sur un nouveau site mesromansdevacances.com, avec comme slogan "Partez cet été avec vos auteurs préférés! Emmenez en version numérique tous les bests de notre bibliothèque idéale". Une vaste campagne de publicité ciblée, notamment dans Télérama et Le Monde, accompagne l'opération. Décidément, la vente directe des éditeurs s'affiche de plus en plus sur le web, les marges sont toujours meilleures chez soi.

Il y a un an maintenant Univers Poche lançait la marque "12-21" pour réunir sous une seule enseigne numérique toutes les marques bien connues, Pocket, 10-18, Fleuve noir, etc. Une marque, mais aussi une librairie en ligne. A l'époque, beaucoup d'interrogations chez les libraires de voir ainsi un groupe d'édition aussi important qu'Editis vendre en direct, avec des marques de poche aussi emblématiques. "On expérimente" était le maître-mot à l'époque. Il semble bien loin le temps de l'expérimentation aujourd'hui. Un stand au dernier Salon du Livre, une "boutique spéciale" sur Amazon, une campagne de publicité importante dans la presse magazine ce mois-ci. Tous les sites des marques pointent désormais vers le site 12-21 nouvel ambassadeur numérique du groupe, Pocket, PocketJeunesse, Fleuve Noir, 10-18, depuis la semaine dernière les mangas de Kurokawa. La transition du poche toute trouvée chez Univers Poche et ses 25 millions de poches imprimés par an. Des stratégies pour l'instant très différentes chez Livre de Poche (qui pointent vers une quinzaine de librairies), LeMasque, Folio, Points, J'ai Lu, sans renvoi sur les sites.

L'éditeur de mangas Kurokawa lance ses premiers mangas numériques en France, en collaboration avec Univers Poche et son portail 12-21. Après l'univers du livre de poche avec les marques Pocket, Fleuve Noir, 10-18, etc., c'est donc l'univers du manga que va explorer la filiale d'Editis en vente directe depuis le site de l'éditeur. Premier chapitre gratuit, ventes au chapitre, moins de 1€, sans DRM, avec un éditeur phare du manga distribué par le groupe (près de 500 titres à son catalogue). Un téléchargement à l'unité sans DRM plutôt qu'en streaming pour l'instant, une position radicalement différente de celle de la bande-dessinée, une autre façon de contrer les échanges de mangas, exponentiels sur les réseaux. En attendant sans doute des offres d'abonnements ou de prêts, comme celles que va développer des portails comme eManga d'Iznéo (via KuroBlog).

Très belle initiative des Editions Robert Laffont qui proposent depuis avril dernier une nouvelle collection "E-Romans". Déclinée en quatre thèmes - romans, polar, romance, érotique -, cette nouvelle collection permet de redécouvrir des romans populaires du fonds Robert Laffont, des auteurs reconnus, des titres épuisés ou devenus rares en grands formats. Proposés au prix unique de 4,99€, déjà plus de 30 titres disponibles et de nouveaux sortiront régulièrement, à raison de 5 à 10 titres par mois. On y retrouvera des auteurs familiers tels que Michel Peyramaure, Eve de Castro, Alina Reyes, Claude Michelet, Guillaume Prévost, Martine Marie Muller ou encore Janine Boissard et Lorraine Fouchet. Avec cette collection dédiée à la lecture numérique, de grands romans sont à nouveau proposés aux lecteurs, à petits prix. Les Editions Robert Laffont sur les traces de Henri Filipacchi; il y a quarante ans, cela s'appelait "Le Livre de Poche". Je pense que Robert Laffont lui-même n'aurait pas désavoué cette stratégie. Beaucoup d'éditeurs qui ont des fonds prestigieux devraient suivre cette même ligne, que les efforts de numérisation deviennent enfin attractifs au format numérique.

Des détails de la part de GfK sur la grande différence entre les chiffres du SNE communiqués la semaine dernière qui annonçaient un marché du livre numérique à 3,1% en France et ceux qui plafonnaient autour de 1% au dernier Salon du Livre. Explications:

Pour la première année, le SNE a distingué les différentes catégories éditoriales, mais a surtout agrégé des revenus qui viennent de marchés BtoB en provenance de portails comme Cairn, Dawson, Pearson, Numilog, Cyberlibris, etc.: 

"En 2012, le marché de l'édition numérique, tous supports et catégories éditoriales confondus, a généré un chiffre d'affaires de 81,8 millions d'euros. Cela représente 3,1% du chiffre d'affaires des éditeurs. Malgré son poids relatif assez faible, l'édition numérique s'affirme chaque année d'avantage dans les habitudes de lecture des français. Pour la première année nous avons donc voulu distinguer les  catégories éditoriales. Au vu des résultats cela peut sembler encore prématuré, mais nous avons voulu poser dès aujourd'hui les bases de statistiques fiables visant à appréhender plus précisément les évolutions à l'intérieur du marché, d'identifier les opportunités de croissance, les logiques de substitution, de permettre les comparaisons avec nos partenaires européens et mondiaux et de dialoguer avec les instances gouvernementales. De plus, au vu de l'actualité récente, nous avons pu nous rendre compte des préoccupations croissantes autour du numérique qui ont été exprimées de la part de tous les acteurs de la chaîne de valeur du livre. La nécessité d'avoir des statistiques fiables se pose donc, les prochaines années étant, pour beaucoup d’éditeurs, le temps de l’appropriation du numérique."

Dans les 3,1% il y a une part de numérique vendus sur support physique (CD, DVD, USB…); si on enlève cette partie, le «pur» dématérialisé représente 2,65%. Ensuite dans ces 2,65% une grosse partie provient du BtoB (ouvrages en flux, streaming, ventes en bouquets…); or l’activité de GfK est de travailler sur le BtoC et pas le BtoB que ce soit sur le physique ou le dématérialisé. De plus GfK se concentre aujourd’hui sur le téléchargement à l’acte unitaire (complet ou par extrait/chapitre), mode de consommation sur lequel ils ont des données via les revendeurs. Le SNE annonce sur ce périmètre 23M€ (14+9 M€) quand les estimations GfK étaient à 21M€.

"Il faut que nous soyons plus précis dans notre communication pour bien préciser que les chiffres GfK ne concernent que le «trade», terme utilisé aux USA. Dans les discussions que nous avons avec les éditeurs et revendeurs, il est clair qu’aujourd’hui le marché numérique se passe beaucoup du côté BtoB mais c’est la partie dont personne ne parle, surtout pas les médias, car ce qui les intéressent c’est la partie grand public."

Je remercie Sébastien Rouault chez GfK France pour ces informations.

J'ajouterais aussi quelques remarques. En revérifiant tous les chiffres donnés dans les différents pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne), les ventes en BtoB ne sont pas isolées des différents résultats, mais agrégées dans le numérique global. Numérique, c'est numérique. Et ces ventes sont sans doute très importantes, notamment aux Etats-Unis, avec le marché des bibliothèques. Il me semble qu'il convient, pour comparer les différents marchés, de ne pas traiter les chiffres français de manière différente, comme le fait très justement le SNE en agrégeant. Autre chose qui me semble à signaler, seulement 70 éditeurs ont remontés leurs ventes numériques dans les chiffres SNE, c'est quand même très peu. Espérons que les choses progressent l'année prochaine.

Vous trouverez le détail des résultats de SNE ici.

Vous vous rappelez sans doute de la tablette française Qooq dans l'univers du livre de cuisine? On la voit toujours dans les étals de la Fnac et sur le site au prix de 349€. Elle est depuis quelques semaines au centre du projet éducatif TED (Tablette pour l'Education Digitale) développé en partenariat par le groupe Editis et la société Unowhy, en direction des classes de collèges. Une expérimentation qui démarre en Saône-et-Loire. La tablette TED donne accès à des manuels, des dictionnaires, des contenus multimédias, des bases d’exercices interactifs édités par Bordas, Nathan et Le Robert. Dotée de nombreux outils (stylet, calculatrice, micro-casque, lecteur audio et vidéo…), la tablette permet aux élèves de dépasser les difficultés d’apprentissage. Légère et robuste, elle prend place naturellement dans les cartables de l’élève. Actuellement en test dans deux collèges de Saône-et-Loire, en classe de 6ème, elle sera expérimentée par huit collèges supplémentaires du département dès la rentrée prochaine (via 01net).

Une petite révolution en cours mais bien réelle. L'indexation, le catalogage, afin d'améliorer la qualité de la recherche et l'accès aux livres, sont au centre des enjeux de demain. François Bon avait soulevé le problème en octobre 2011 pour le seul livre numérique: "Le repérage et les requêtes de classements des eBooks sur les plateformes de ventes dépendent de catégories établies aux USA d’après leurs propres valeurs et centrages, surévaluation de la religion, dédain de l’Europe, vision purement commerciale du travail littéraire. Cela s’appelle BISAC (Books Industry Standard And Communications) et il faut absolument foutre ça en l’air, mais pour l’instant on crie un peu dans le désert. Il y a l’équivalent français: CLIL (Commission de Liaison Interprofessionnelle du Livre) mais avec un nombre de catégories beaucoup trop restreint et, surtout, en service sur Dilicom (donc valide pour Fnac, ePagine, Cultura, etc) mais pas sur les plateformes internationales comme iTunes, Amazon, FeedBooks: combat pour la langue qui va être difficile à mener, et pourtant c’est là aussi que nous devons nous battre pour imposer nos travaux." Il était en effet urgent de revoir cette classification pour l'ensemble de la production, imprimée comme numérique.

Aujourd'hui 1er juillet, la CLIL instaure la mise en place d'une nouvelle classification CLIL avec 919 entrées contre 144 pour l'ancienne liste. Six fois plus de thèmes pour classer les ouvrages, c'est autant de champs pour l'amélioration de la recherche dans les bases indexées. La CLIL a engagé dès le début 2011 ce travail de normalisation des données indispensables à la commercialisation des livres, en créant une commission dédiée, la "Commission FEL Numérique" qui réunit des membres représentants les libraires et les éditeurs-distributeurs, et associe également Electre, Dilicom et la BnF, le SNE, le SLF et l'Alire, ainsi que d'autres membres invités. Ces travaux, menés à partir de la norme ONIX 3.0 sont centrés sur les données «vitales» et destinés à tous les intervenants de la chaîne du livre. La Commission FEL Numérique a souhaité mettre à disposition un "Guide des bonnes pratiques" (version 01.01 du 23 janvier 2012), afin de restituer ses travaux et de formuler ses préconisations. Celui-ci est destiné à évoluer et à être augmenté au fur et à mesure des travaux de la Commission (à retrouver ici).

Cette nouvelle classification CLIL est à retrouver ici ou sur le site de Dilicom. L’objectif de cette nouvelle table est de permettre de classer à la fois les livres numériques et les livres papiers, d’intégrer une arborescence utile aux moteurs de recherche. Tous les éditeurs et distributeurs sont invités à l'utiliser pour améliorer le référencement des livres sur les différents sites de ventes.

Des chiffres de ventes communiqués par le SNE cette semaine: "Avec un volume d’activité de 81,76 millions d’euros, le numérique a atteint 3,1% du chiffre d’affaires de l’édition française en 2012, contre 2% en 2011, d’après l’enquête annuelle de branche publiée par le Syndicat national de l’édition (SNE) à l’occasion de son assemblée générale annuelle, le 27 juin. A elle seule, l’édition numérique dématérialisée représente 2,65% du chiffre d’affaires de l’édition, contre 1,2% un an plus tôt, le reste étant constitué par les ventes d’ouvrages sur CD/DVD ou sur d’autres supports numériques dont les supports flash (USB)" (via Livres-Hebdo). Confirmation que l'année 2012 aura été l'année du réel décollage du marché du livre numérique en France avec l'arrivée d'Amazon et de Kobo. Chiffre intéresssant aussi, à 352 millions d’euros (+ 1,4%), le chiffre d’affaires de l’édition de poche représente 13,3% des ventes totales tous secteurs confondus. A suivre la capacité de résistance du poche par rapport au numérique.

PS: à noter le grand écart avec les chiffres annoncés par GKF au dernier Salon du Livre. GFK semble à côté de la plaque avec des prévisions à 75M€ en 2015 qui seront déjà dépassées cette année. Des explications quant aux modes de calculs sont ici.

L'interopérabilité des formats du livre numérique en question, avec des restrictions de plus en plus observées, y compris chez des plateformes diffusant le format ePub. C'est malheureusement le constat pour beaucoup de lecteurs à travers l'Europe, avec des livres inutilisables sur tels ou tels matériels nouvellement acquis. A lire un document qui aborde cette question et qui constitue le résumé d'un rapport commandité à l'Université Johannes Gutenberg de Mainz par la Fédération européenne et internationale des libraires (EIBF). Comme le rappelle en tête de ce document Neelie Kroes (Vice-présidente de la Commission européenne en charge de la stratégie numérique): "Le temps est venu d'adopter des normes ouvertes pour les livres numériques". Puisse la situation évoluer en ce sens rapidement. A découvrir sur le site de l'EIBF, en archives ici.

A découvrir l'initiative de l'éditeur numérique E-Fractions, qui développe un partenariat-pilote avec cinq librairies qui vendent les livres sous la forme de cartes. Ces cartes au format 10x15 cm sont la manifestation physique du livre numérique. Elles permettent de visualiser la couverture, comportent un flashcode ou un lien permettant d'accéder au contenu numérique. Lors de l’achat d’une carte, le libraire remet à l’acheteur le mot de passe qui lui permettra de télécharger le livre ou, s’il le souhaite, de le recevoir automatiquement par mail. Ce dispositif innovant fait l'objet d'un brevet déposé à l'INPI. Les librairies sont intéressés sur la base d'une rémunération de 30% sur le prix H.T. Les livres sont bien entendu également présents sur toutes les plateformes numériques traditionnellles.

E-Fractions propose également des formules pour les médiathèques:

- équipées: en chargement sur liseuses ou tablettes prêtées ou à charger sur sa propre liseuse ou tablette, soit des formules sur place ou à emporter. Offre sans DRM et sans forfait alambiqué: 10 exemplaires achetés = 200 téléchargements
- dans les autres médiathèques: par téléchargement sur leur site, ou en emprunt de cartes (distribution de cartes aux médiathèques avec code de téléchargement pour l'emprunt).

Hommage d'un lecteur au formidable passeur qu'était Maurice Nadeau (1911-2013). A lire et relire tant de textes qui font aimer la littérature. A revoir le reportage que lui consacrait Arte il y a deux ans.

PS: à relire la préface de Maurice Nadeau à son livre "Littérature présente" publié chez Corréa en 1952. Un fichier ePub ici.