En ce début d'année, je suis ravi d'ouvrir Aldus à des chroniqueurs qui nous feront partager leurs coups de coeur "numériques". Si vous me lisez et que vous vous sentez une proximité par rapport à Aldus, n'hésitez pas à nous rejoindre! Merci Thierry!
"Bonjour !
Je me présente. Je m'appelle Thierry Cousteix. Je suis professeur des écoles dans le Puy de Dôme, en Auvergne (c'est en France!)
Lecteur assidu de votre site, je suis aussi un passionné de lecture. Je lis en moyenne 1 livre par semaine, tout style, tout genre confondus: de Maupassant au dernier Philippe Sollers, en passant par Cendrars et jusqu'au dernier polar américain sorti en epub.
Je viens de découvrir la lecture électronique sur le petit Cybook Opus de Booken (très agréable, ma foi!).
J'avoue que je suis assez enthousiasmé par ce support de lecture!
J'ai déjà pratiqué la critique littéraire au sein des jurys des Prix des lecteurs de l'hebdomadaire l'Express et du mensuel Lire (je peux vous joindre, si vous le souhaitez, quelques uns de mes articles publiés sur ces revues).
Aussi, je me permets de vous proposer mes services (bénévoles, cela va de soi!) en vous suggérant pour publication sur votre site des critiques littéraires de livres électroniques (formats epub ou PDF).
Chaque semaine, je peux vous envoyer un article à mettre en ligne.
Ceci afin de motiver vos visiteurs à la lecture de livres... électroniques!
Je vous joins, ci-dessous, un article sur le 1er livre électronique que je viens de terminer. C'est tout frais d'aujourd'hui!
Le prochain pourrait être "La parure" une petite nouvelle de Maupassant en format epub en téléchargement gratuit.
«HHhH» de Laurent Binet. Prix Goncourt du 1er roman en 2010.
Livre acheté (15,99 €) et téléchargé au format epub sur le site starzik.com
Une chose est sûre: Laurent Binet, astucieusement, sait nous raconter une histoire.
"Au début, ça m'avait semblé un histoire simple à raconter. Deux hommes doivent en tuer un troisième."
Cette histoire c'est celle de 2 parachutistes résistants tchèques qui vont, en 1942, commettre un attentat à Prague contre Heydrich, planificateur de la solution finale et bras droit de Hitler. Tous les personnages de ce livre ont existé. Mais est-ce vraiment un roman comme annoncé sur la couverture? "HHhH" signifiait chez les SS: "Le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich." ("Himmlers Hirn heiβt Heydrich" en allemand). Après le très, très, très (trop?) discuté, "Jan Karski" de Yannick Haenel (prix Interallié et prix FNAC 2010) qui raconte l'histoire de Jan Karski, résistant polonais chargé par la résistance du ghetto de Varsovie d'alerter les pays alliés des massacres des juifs, voici donc "HHhH". Deux jeunes auteurs. Deux histoires "vraies"... romancées. Deux procédés romanesques très différents pour raconter l'histoire de l'Histoire.
J'apprécie beaucoup le style limpide, de Yannick Haenel et je me range du côté de ceux qui ont défendu son "entreprise romanesque" de prise de l'histoire à son compte... à notre compte. Laurent Binet est très (plus?) malin. Il raconte son histoire, "en direct live". Avec ses bafouillages, ses bégaiements, ses mensonges, ses ratures. Il nous raconte son histoire comme on la lit. Il écrit au fur et à mesure qu'on lit. Je vais citer quelques extraits significatifs de "la technique Laurent Binet". "Les fantômes, il faut s'en occuper, et cela demande beaucoup de soin mais cela, je le savais. En revanche, j'ignorais, et j'aurais dû m'en douter pourtant, qu'un fantôme n'aspire qu'à une seule chose: revivre." Et Laurent Binet sait très bien faire revivre les fantômes de l'Histoire. Le jeune auteur fait référence à Flaubert qui à propos de son Salammbô écrivait : "C'est l'Histoire, je le sais bien, mais si un roman est aussi embêtant qu'un bouquin scientifique..." Et Laurent Binet n'est surtout pas embêtant. "Je dis qu'inventer un personnage pour comprendre des faits d'histoire, c'est comme maquiller les preuves." Et puis, avec modestie et humilité face à "ses" héros de la résistance, "C'est un combat perdu d'avance. Je ne peux pas raconter cette histoire telle qu'elle devrait être." Un autre exemple. La dernière scène qui relate la tragique fin des résistants tchèques, en réalité, dure 8 heures. "Il est midi, il a fallu près de huit heures aux huit cents SS pour venir à bout de sept hommes." L'auteur mettra 18 jours pour écrire cet assaut fatal. (les étapes de l'écriture sont datées du jour: du 1er au 18 juin 2008)
Et on y croit. On écoute jusqu'au bout. Malgré le suspens inexistant. Son "truc stylistique" marche. Alors on marche avec lui dans la divine Prague, au côté de héros magnifiques et d'ignobles nazis. Ce livre a aussi le mérite, comme celui de Yannick Haenel, de nous rafraîchir la mémoire, si besoin, sur cette barbarie humaine qu'était le nazisme. Où se trouve la vérité ? Le mensonge ? Le suspens se situe peut-être là. Caché derrière ces deux questions. En tout cas, Laurent Binet sait raconter les histoires. C'est déjà beaucoup... pour un livre...
4ème de couverture
A Prague, en 1942, deux hommes doivent en tuer un troisième. C’est l’opération « Anthropoïde » : deux parachutistes tchécoslovaques envoyés par Londres sont chargés d’assassiner Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo, chef des services secrets nazis, planificateur de la solution finale, « le bourreau », « la bête blonde », « l’homme le plus dangereux du IIIe Reich ». Heydrich était le chef d’Eichmann et le bras droit d’Himmler, mais chez les SS, on disait : « HHhH ». Himmlers Hirn heiβt Heydrich – le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich.
Tous les personnages de ce livre ont existé ou existent encore. Tous les faits relatés ont été vérifiés. Mais derrière les préparatifs de l’attentat, une autre guerre se fait jour, celle que livre la fiction romanesque à la vérité historique. L’auteur, emporté par son sujet, doit résister à la tentation de romancer. Il faut bien, pourtant, mener l’histoire à son terme.
La 1ère phrase
"Gabcik, c'est son nom, est un personnage qui a vraiment existé."
Sur l'auteur
Né en 1972, il est agrégé de Lettres modernes, enseigne dans la région parisienne et est chargé de cours à l'Université Paris III
Voilà, en attendant votre avis, cordialement et dans tous les cas, bonne continuation à ALDUS...
TC