Un été studieux pour ceux qui travaillent autour de l'offre PNB (Prêt numérique en bibliothèques). Les négociations évoluent positivement pour les bibliothèques avec des conditions plus homogènes. Les durées des licences sont augmentés. En mai dernier, la situation était très contrastée selon les éditeurs. J'ai procédé à un petit relevé ce soir. Flammarion a aligné sa politique sur celle de Gallimard, suivi par beaucoup d'éditeurs indépendants comme Minuit par exemple. Le groupe Editis est passé d'un an à trois ans pour les durées de licences, avec 50 prêts. La politique de prix semble se stabiliser entre 2 et 2,5 x le prix public. A ce jour, ces offres concernent seulement un peu plus de 7000 titres disponibles (voir sur Feedbooks).
PS: Je remonte ici les commentaires d'Hadrien Gardeur chez Feedbooks qui apporte un certain nombre de précisions, je l'en remercie.
Plusieurs points à commenter:
1) Il manque le nombre d'exemplaires simultanés au tableau, ainsi que la durée maximale d'un prêt, or ce sont deux infos utiles pour comparer les offres.
2) Pas évident d'utiliser un coefficient et un seul sur le prix pour comparer les offres. Par exemple sur Gallimard/Flammarion, ce n'est pas x2 tout le temps. C'est x2 sur le fonds, et x1,5 sur la nouveauté, avec comme base le prix grand public numérique. Pour La Martinière/Volumen (et non juste Seuil) c'est le même prix que le grand format papier. Au niveau des diffusions il y aura aussi des différences entre diffusés et titres groupe.
3) Pour Editis, c'est majoritairement 30 prêts et non 50. Seuls quelques titres ont 50 prêts. La politique de prix n'est pas non plus unifiée au niveau groupe, mais faite éditeur par éditeur.
4) Le gros avantage de l'offre PNB c'est en effet le prêt simultané. Là où de nombreuses bibliothèques américaines se retrouvent à acheter des dizaines d'exemplaires pour répondre à la demande initiale, il sera beaucoup plus facile avec PNB de gérer cette demande. Deux points positifs: besoin de moins d'exemplaires pour répondre à la demande initiale et moins de risque d'avoir des exemplaires surnuméraires qui croupissent ensuite dans le catalogue sans être empruntés.
5) Autre point positif: la bibliothèque pourra affiner elle-même l'équilibre entre attente pour l'usager, et utilisation des prêts. Ainsi, si une bibliothèque a peur d'épuiser trop rapidement ses exemplaires, elle pourra réguler les prêts en n'autorisant qu'un certain nombre de prêts simultanés. Aux USA et au Canada, la seule manière de répondre à une forte demande, c'est d'acheter plus d'exemplaires.
6) Les licences perpétuelles existent pour les anglo-saxons, mais elles ont souvent trois grosses limitations: pas de prêt simultané, le coût du DRM est payé par la bibliothèque (pas moyen d'évaluer à l'avance ce qu'il sera pour l'éditeur ou le libraire), et souvent des politiques tarifaires très lourdes (du moins pour les plus gros éditeurs, on est souvent à 3 ou 4 fois le prix du livre papier sur de la nouveauté). La licence perpétuelle sous cette forme est donc surtout intéressante pour les ouvrages de fonds ou d'éditeurs de plus petite taille (pas de problème lié à une demande initiale forte, moins de prêts au total donc pas trop de coûts de DRM et une politique tarifaire moins agressive).
7) Un catalogue mixte comprenant des licences offrant de la simultanéité et des restrictions d'un côté, et de l'autre des licences sans simultanéité mais perpétuelles semble le compromis le plus "facile" à trouver (j'insiste sur le fait que la "facilité" est très subjective ici, pour un tel compromis il faudrait sûrement de longues et âpres discussions). Les bibliothèques pourraient avoir une politique documentaire bien distincte entre les nouveautés très demandées d'une part, et la constitution d'un vrai fonds documentaire de l'autre, sans que cela remette excessivement en question le modèle des éditeurs.
8) Je suis assez d'accord sur le fait qu'avoir une durée en plus d'un nombre de prêt est inutile et ne devrait pas trop avoir lieu. Sur les livres très demandés, les livres arriveront à expiration avant, et pour les titres de fonds cela va à l'encontre de la constitution d'un fonds pour la bibliothèque.
9) Il est techniquement impossible de décompter exclusivement les ouvrages pour lesquels plus d'un certain % du livre a été lu. De telles restrictions demandent un environnement technique très fermé dans lequel il serait sûrement impossible d'inclure la majorité du parc de liseuses. Ce qu'il faut absolument faire par contre, c'est d'offrir à tout moment, sous forme d'extrait téléchargeable les premiers 10% de chaque ouvrage, pour permettre aux lecteurs de se faire une idée sur le titre.