Aldus - le blog du livre numérique, depuis 2006

Les baisses de prix, un peu c'est bien, mais en abuser? C'est la question posée au travers d'un échange sur le Crak Linkedin, le blog de la Souris qui Raconte qui relaie. Ce témoignage d'un éditeur d'applications repéré dans la discussion:
"Lorsque nous sortons une nouvelle application, nous activons de nombreux leviers marketing (…). Nous parvenons le plus souvent à bien positionner cette nouvelle app au classement de l’appstore. Mais au bout de quelques jours, l’effet de la nouveauté s’estompe et cette application s’enfonce mécaniquement dans les profondeurs du classement.
Pour faire remonter cette app, il n’existe malheureusement que très peu de solutions aujourd’hui. La plus efficace et la plus facile à actionner, est la baisse de prix temporaire (…) Mais finalement est-ce viable? (…)
A force de faire des promos, ne sommes-nous pas en train d’habituer les consommateurs à attendre une baisse de prix pour acheter? Au final, je pense que cela risque d’appauvrir la qualité de l’offre des éditeurs, car il ne sera bientôt plus rentable de proposer des apps riches en contenu (puisque non rentable, ou alors à très très long terme)."

Je m'étais posé la même question pour Bragelonne en début d'année.

Merci à Roxane sur twitter.

A découvrir un nouveau site flambeau neuf du côté de la Librairie Mollat à Bordeaux. C'est le troisième libraire français, après Dialogues et Decitre, à proposer une offre inter-classée imprimée et numérique, en plus du traditionnel onglet livres numériques. La riposte des libraires est bien en marche.

A lire cet intéressant billet sur le blog DeMarque qui revient sur les modèles par abonnement adaptés au livre numérique. Ajouter aussi que les rémunérations pour les ayants-droits restent très en deçà de celles perçues sur les ventes à l'acte. On a vu le cas récemment avec des chiffres donnés dans l'univers de la musique. Dans un secteur comme la musique où l'on essaye désespérement de sauver le désastre (-58,4% de ventes en moins en dix ans et ce n'est toujours pas enrayé) et le secteur du livre, les conditions sont radicalement différentes. D'autre part, je ne suis pas si sûr que cela que les acheteurs de livres numériques soient enclins à abandonner leurs bibliothèques. Je le vois bien sur les modèles streaming proposés par les éditeurs, avec beaucoup de réticences de la part des acheteurs. Les prochains Netflix ou Spotify du livre sont-ils pour bientôt?

Un livre dont on va sans doute beaucoup entendre parler dans les semaines à venir: "En Amazonie, infiltré dans le meilleur des mondes" de Jean-Baptiste Malet chez Fayard. Ce journaliste s'est fait embauché sur l'un des sites d'Amazon pour faire le picking dans l'entrepôt. Il livre un livre-enquête sure l'envers du décor qui vient corroborer les témoignages nombreux aux Etats-Unis et en Angleterre sur le sujet. Derrière l'écran qui promet la terre promise, les conditions de travail sont malheureusement toutes autres, surtout sur le terrain psychologique. La face cachée d'Amazon, l'internet n'a pas de frontières, y compris malheureusement derrière les portes des entrepôts. Après les buzz anti-Amazon au Royaume-Uni et en Allemagne (les menaces de grêves annoncées la semaine dernière), le phénomène va-t-il s'étendre en France? A lire l'interview de l'auteur sur 20mn: "Ce qui m'a le plus impressionné chez Amazon, c'est le conditionnement psychologique". Il conclut: "La seule chose que je souhaitais faire c’est aider les consommateurs à réfléchir et leur demander: «Dans quelle société souhaitez-vous vivre?» J'ajouterais: quelle librairie veut-on pour demain? Compliments à Fayard et au groupe Hachette pour donner cette visibilité à ce livre-témoignage.  Le livre est bien entendu disponible en version numérique.

PS: à lire également les billets sur l'Humanité et les Inrocks, écouter la revue de presse sur France-Inter, ici aussi.

"Cela paraît si aberrant qu'un employé puisse faire 25 km de marche par jour? C'est pourtant la triste vérité des nouveaux arrivants que l'on n'hésite pas à faire marcher pendant 7h, tous les jours pendant 2 mois avant de les former à l'emballage des articles. Tout cela avec 2 mini-pauses qui ne sont pas d'ailleurs de 20 minutes mais de 15 (moins les 8 à 10 minutes de déplacement plus la queue aux portiques de sécurité ou TOUS les employés doivent passer systématiquement à chaque pause). C'est effectivement difficile à concevoir et c'est pourtant bien vrai. Comment je le sais? J'y ai moi-même travaillé pendant 2 ans.". Relire ce billet chez Basta.mag.

A voir le passage sur FranceInfo et le reportage sur FranceTVInfo.

PS: autre débat sur France-3 Rhône-Alpes avec Didier Guillaume, sénateur PS de la Drôme, où s'est installé l'un des dépôts logistiques d'Amazon. Les statistiques mentionnées dans la vidéo sont ici.

TéléMatin avait réalisé un reportage "autorisé" bien polissé en décembre dernier sur le site de Sevrey en Saone-et-Loire. "Jingle Bells". La réalité est bien différente. Le nombre et le statut des personnes réellement embauchées aussi (200 CDI tout au plus), malgré les 4500€ versés par l'Etat pour chaque salarié.

Face cachée toujours, les salariés à bout, c'était il y a trois ans. Malgré les bénéfices vertigineux au Luxembourg, quels changements pour eux en France?

A signaler ce test complet du Cybook Odyssey HD Frontlight paru sur PCWorld.fr il y a quelques semaines. Si les qualités d'afffichage et de rapidité sont soulignés, en revanche le site a la dent dure du côté de l'éclairage intégré et de rémanences génantes: "Les boutons des menus (pourtant fermés depuis belle lurette) restaient très apparents derrière le texte de l’ouvrage. Un véritable tue-l’amour! Certes, l’effet se dissipe peu à peu mais le problème se pose trop régulièrement pour que l’on passe sur ce qui s’avère être LE talon d’achille de la Cybook. De ce côté là, il n’y a pas photo: la concurrence plante un drapeau sur le haut de la montagne quand Bookeen lace encore ses chaussures dans la vallée d’en bas. Dommage, d’autant plus que l’effet risque d’être rédhibitoire pour nombre de lecteurs."

Assez surprenant, je n'ai malheureusement pas pu encore disposer d'un modèle en test pour me rendre compte, une seule prise en main sur un présentoir qui n'est pas dans l'habitude de mes propres tests. Peut-être un problème qui n'est pas général ou qui pourra être résolu lors de prochaines mises à jours. Si vous avez des avis là-dessus, n'hésitez pas à les partager.

PS: message de Bookeen: "L’utilisateur choisit lui-même dans le menu le rythme du rafraichissement. La personne sur PC World a dû supprimer le rafraichissement…" Dommage qu'il n'ait pas pris 5mn pour se pencher sur les paramètres.

Prise en main du nouveau Kobo Aura HD du côté de 01Net. L'affichage est son point fort. Pas grand chose à se mettre sous la dent malheureusement. Une excellente note de 4/5 à l'arrivée par le site mais c'est une note que tous les autres concurrents ont aussi. La note globale à 7,7 qui le laisse derrière Kindle PaperWhite et KoboGlo. On reste sur sa faim.

Dans un contexte difficile pour l'avenir de certaines d'entres elles, un petit tour d'horizon des 10 premières chaînes culturelles françaises et de leurs offres de livres numériques. Bien malin pour savoir ce qu'il en sera dans les années à venir. Un paysage sans doute en pleine reconstruction où le numérique aura sa place. Le pari à relever face aux géants anglo-saxons (CA 2012, chiffres donnés par Livres-Hebdo):

1. Fnac: 565 M€/ Fnac.com (accord avec Kobo.fr)
2. Espaces culturels Leclerc: 230 M€/ pas d'offre numérique
   
3. Gibert Joseph: 85,4 M€/ GibertJoseph.com (solution ePagine)
   
4. Chapitre: environ 80 M€/ Chapitre.com
5. Maison de la Presse: 80 M€/ pas d'offre numérique
6. Cultura: environ 80 M€/ Cultura.com (solution Tea)
   
7. Groupe Virgin: 79 M€/ Virginmega.fr
   
8. Decitre: 63 M€/ Decitre.fr (solution Tea)
   
9. Relay France: 50 M€/ pas d'offre numérique
   
10. Furet du Nord: 47,8 M€/ Furet.com (solution ePagine)

A découvrir une vidéo très réussie sur l'histoire de la typographie (via Actualitté).

Pour faire face à la morosité du climat en ce week-end (nous avions déjà eu le nouveau Le Guilcher il y a tout juste un mois, il nous faut bien cela en ce moment), un autre roman plein d'humour que je vous conseille ardemment. Après le succès remarqué de "Karoo", les Editions Toussaint Louverture nous proposent depuis hier "Le Linguiste était presque parfait" de Steve Carkeet. La critique s'emballe déjà, c'est dire! Toujours la tyrannie de choisir entre version imprimée ou numérique, tant l'éditeur nous propose de si beaux livres imprimés.

Aujourd'hui 3 mai, c'est la journée mondiale contre les DRM (via Numerama). Rappeler qu'en France, nous sommes avec le Québec et les Pays-Bas, le pays le plus engagé dans l'édition en matière de sans-DRM. Près d'une centaine d'éditeurs proposent des livres avec un simple marquage numérique (watermark) sans contraintes pour les lecteurs. Il y en a de nouveaux chaque mois. Sachez les repérer et leur accorder vos suffrages. La lutte est bien en cours pour préserver une indépendance éditoriale à l'égard des monopoles anglo-saxons qui maintiennent les lecteurs dans leurs environnements propriétaires. La musique s'est libérée des DRM il y a plusieurs années, souhaitons que le livre suive le même chemin bientôt. Le combat reste long mais le témoignage de l'éditeur britannique Tor en début de semaine est chargé d'optimisme et emblématique sur la question.

Défendez vos bibliothèques et vos libertés numériques!

EDITEURS SANS DRM (92):

Verdier, AuDiableVauvert, Sonatine, VivianeHamy, Minuit, MichelLafon, Métailié, OdileJacob, PhilippePicquier, Balland, LaDécouverte, BuchetChastel, Phébus, Libretto, NoirsurBlanc, SabineWespieser, JoséCorti, Zulma, BakerStreet, Galaade, Allia, FosseauxOurs, Aube, ChampVallon, Yago, Wombat, Zoé, Bleuautour, Motetlereste, Passage, Indigène, Ginkgo, Oeuvre, ThierryMarchaisse, ToussaintLouverture, Moutonsélectriques, LeDilettante, Alma, Asphalte, LaMusardine, Opportun, JCGawsewitch, LesPetitsMatins, LaVolte, Ipanema, Kero, Scrineo, Dupuis, Jungle, PhilippeRey, Dialogues, ThierrySouccar, ImpressionsNouvelles, PassageNord-Ouest, Bragelonne, Castelmore, ActuSF, LeBélial, Mnémos, L'Atalante, Mangakana, Critic, Privat, Tallandier, Leduc, Fabert, Fleurus, Mango, LePasseur, OlivierMorattel, NouveauMonde, LesReveurs, LesPetitsmatins, Capricci, Manutius, Mirobole, Desjonquères, LaBoétie, Silène, PetitFuté, Eyrolles, Prat, Erès, Epel, EditionsSciences Humaines, Pearson, LonelyPlanet, PressesUniversitairesdeFrance, Tallandier, RobertLaffont(en partie), First(en partie), Grund(en partie),

Pour info: 90% des titres québécois sont proposés aussi sans DRM (ajout d'un filigrane seulement) ainsi que l'immense majorité des éditeurs qui proposent exclusivement une offre numérique.

L'Association des éditeurs britanniques (The Publishers Association) a communiqué hier des chiffres sur les ventes de livres numériques qui ont augmentés en 2012 de 134%, atteignant 216 M£. Les ventes physiques et numériques totales ont augmenté de 4%, pour atteindre 1.330M£. Les formats numériques (ebooks, englobant les téléchargements de livres audio et abonnements en ligne) représenteraient 12% de la valeur totale des ventes de livres en 2012. C'était 8% en 2011 et 5% en 2010. Un marché britannique, faut-il le rappeler, très largement dominé par Amazon qui règne en maître depuis son arrivée fin 2009, avec des prix cassés sur les best-sellers (via TheDailyMail).

Les Editions Numeriklivres proposent gratuitement un plaidoyer pour la lecture intitulé "Plaidoyer pour le lire". Autour du célèbre texte de Marcel Proust "Sur la lecture", 14 auteurs de la maison ont été sollicités au travers de textes courts pour inviter à s'affranchir des supports, l'essentiel est bien la lecture. A découvrir sur le site et dans les bonnes librairies.

Opération séduction du côté de Samsung pour la sortie du Galaxy Note 8, qui propose, tout au long du mois de mai, cinq nouvelles inédites de Marc Lévy, Maxime Chattam, Françoise Bourdin, Irène Frain et Joël Dicker.  

A l'occasion de la parution du nouveau livre de Pascal Dessaint "Maintenant, le mal est fait", les Editions Payot-Rivages proposent depuis le mois dernier 17 titres de cet auteur de polars bien connu. Ils viennent compléter une offre numérique d'une quarantaine de titres au total avec Denis Lehane, James Sallis ou David Lodge. Des livres avec des DRM, c'est bien dommage. Distribution ePagine.

C'est le maronnier du moment. Une nouvelle infographie sur ce thème qui trouvera sans aucun doute son lot de laudateurs habituels. Une synthèse de chiffres qui ne dit finalement pas grand chose (il n'y a que des iPad sur le marché des tablettes?), plus difficile est de mesurer le taux de conversion de l'une à l'autre. Dubitatif aussi sur le fait que la lecture serait à égalité avec le jeu à l'usage sur les tablettes. Amazon a fait carton plein depuis cinq ans aux Etats-Unis. Savoir si ceux qui utilisent des livres électroniques/ liseuses les abandonnent ou ne renouvellent pas pour un autre modèle? On observe bien souvent que ceux qui lisent beaucoup achètent les deux. Pour reprendre la formule du patron d'Amazon Jeff Bezos, est-ce que les tennis tuent les chaussures de randonnée? (via Ebookfriendly).

PS: dubitatif aussi sur le fait que la lecture serait à égalité avec le jeu sur les tablettes, ce n'est pas du tout ce que j'observe autour de moi; on ne dit peut-être pas l'exacte vérité dans les enquêtes.

"Out of Print", c'est le nom d'un film-documentaire de Vivienne Roumani avec un commentaire de Merryl Streep, qui vient d'être présenté au Tribeca Film Festival. Est-ce que le livre tel que nous le connaissons est en train de mourir? Un vaste tour d'horizon de la dématérialisation des livres qui est en cours. Le site est ici. J'espère que nous pourrons le découvrir en France (via Appnewser).

A vos agendas, le jeudi 23 mai prochain à l'ESAM à Caen dans le cadre des Journées "Passages de Témoins" pour une journée consacrée aux "Usages et usagers sur livre numérique". Des éditeurs, des bibiliothécaires, des libraires, une journée avec l'action comme dénominateur commun. De très nombreux intervenants de qualité viendront nous parler de leurs expériences. Je remercie l'Esam pour son invitation. J'aurais le plaisir de participer à l'une des tables-rondes sur "Les pratiques d'achats de livres numériques en librairies" avec deux libraires, Jean-Michel Lesot (Librairie Planet’R à St-Lô) et Christian Gautier (Librairie Le Passage à Alençon). Le programme complet est ici. Merci d'avance pour vos relais.

Moins de trois ans auront suffi à mettre sur pied la bibliothèque numérique américaine – la Digital Public Library of America - lancée officiellement il y a quelques jours et réunissant les collections numérisées de nombreuses institutions du pays, de la bibliothèque universitaire de Harvard (18 millions de livres, la plus grande du monde) à la bibliothèque publique de New York en passant par le Smithsonian. A lire l'interview de Robert Darnton qui est à l'origine de cet ambitieux projet sur BiblioObs. A découvrir également sa récente intervention pour parler du copyright et des bibliothèques numériques (via InfoDocket).

Avant l'arrivée de nouveaux modèles, à lire ce "Comparatif de liseuses" chez Lyon Capitale. Un courageux avis négatif sur les modèles d'Amazon:

"Le Kindle Paperwhite est un très bon produit qui malheureusement ne peut être conseillé aujourd'hui à cause de la non-compatibilité avec le format universel ePub. Les choix du géant américain forcent le consommateur à rester captif de son système. Dès lors, il sera obligé de lire ses livres achetés sur Amazon sur son Kindle, ou bien sur l'application du même nom quand elle est disponible sur tablette tactile ou smartphone. Par ailleurs, il sera impossible d'acheter des livres au format ePub protégé sur les boutiques en ligne concurrentes. Pour les livres au format ePub non protégé, il sera nécessaire de les convertir avec un logiciel du type Calibre. Les choix d'Amazon portent malheureusement préjudice à ses excellents produits."

Une prise de position tout à fait juste que l'on souhaiterait voir relayer chez tous les défenseurs des livres. Dire et répéter que Le Kindle est un Club, tous les livres dans un format propriétaire, en sortir c'est tout perdre.