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Chroniques de lecture - 27

Chronique Merci à Thierry pour cette chronique sur "Le Doigt de l'historienne" de Ray Parnac aux Editions Emue.

Ray Parnac, documentaliste d’origine berrichonne établie à Londres, publie chez Emue un recueil de dix nouvelles (Emue est une toute nouvelle maison d’édition numérique).
«La nouvelle a sur le roman à vastes proportions cet immense avantage que sa brièveté ajoute à l’intensité de l’effet.» écrivait Baudelaire. Une nouvelle doit donc faire effet. Effet immédiat. Pour l’auteur comme pour le lecteur, le temps presse.
Et là, Ray Parnac sait astucieusement appâter, amorcer le lecteur. On mord tout de suite, dès la première phrase lancée.
Rapidement, le lecteur sait où il est, où il en est et avec qui. Certaines nouvelles nous gardent plaisamment (parfois complaisamment) dans une efficace épuisette de phrases impeccablement maillées quand d’autres nous font décrocher lentement pour aller voir la suivante.
L’entreprise reste inégale, certaines historiettes (pour la rime en «-ette» allez voir la belle Fantômette en couverture du livre) pêchent dans le vide.
D'autres, heureusement nombreuses, fonctionnent à merveille car Ray Parnac possède une écriture qui tient ferme le lecteur.
Emue L’unité du recueil tourne autour de Londres, de Leeds, ou Hull, de la campagne anglaise, esquisse des portraits de personnages en perdition, plus ou moins loufoques, détraqués, évoque des couples usés, suggère une société bloquée qui débloque . L’humour féroce (humour à la british oblige!) nous fait grincer des dents et l’observation méticuleuse et peu complaisante de nos travers n’est pas pour nous complaire.
J’ai apprécié particulièrement le très émouvant deuil d'une mère intitulé «La grosse bouche».
«Elle se souvint de sa vie d’avant, un fragment seulement, comme un galet trouvé sur les bords d’un ruisseau, une pierre douce, ordinaire et extraordinaire à la fois, et qu’elle polissait et repolissait dans sa mémoire depuis les événements.»
Ainsi que «La fin de Lawrence Sibbey» et son personnage atteint de «trichotillomanie» (trouble caractérisé par l’arrachage compulsif de ses propres poils, cheveux ou cils).
«Aux portes du théâtre» décrit l’immobile monde apocalyptique des SDF et l’inhumanité de ceux qui passent.
«Détraqué» qui inaugure le recueil ne manque pas de cruauté cachée sous un tapis d’humour cruel (ou d’amour... cruel aussi).
Même si les histoires de Ray Parnac sont beaucoup, beaucoup, hum, comment dire, très, très désenchantées, j’ai lu ce livre avec un vrai plaisir.

Un auteur à suivre de près donc comme on dit. A suivre de très près!

T.C.

Livre lu au format epub sur un Opus de Booken dans le cadre du Club des lectures numériques.

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