Je trouve enfin le temps de faire un petit compte-rendu sur l'ouvrage de Lorenzo Soccavo que j'ai lu dans sa version papier (et oui! grâce à la formule magique "BillautShow"!, 15 euros pour la version électronique m'a paru bien chère, vivement une tva égale). Premier mérite pour cet ouvrage, celui d'être le premier sur la question, donc bravo. Livre bien fait avec des grands rabats de couverture (des bons livres aux Editions M21, je suis d'ailleurs plongé dans un autre livre sur le Management chez Google). Donc, une excellente introduction bien complète sur le sujet aussi bien des technologies que des usages et des enjeux qui se profilent. Passons sur le titre en référence avec le web 2.0 qui me laisse un peu sceptique (on nous le sert à toutes les sauces en ce moment), je suis resté un peu dubitatif sur le chapitre "Réinventer la chaîne du livre". On sait tout le bien que je pense du papier électronique et des usages à venir, de ce work in progress (d'ailleurs j'aurais tourné court à ce blog!!) mais je ne pense pas que la chaîne du livre va devoir être réinventée! tout simplement, car la chaîne du livre n'est pas celle du livre électronique. Les livres vont restés ce qu'ils sont, dans leurs richesses et leurs diversités incroyables, et pour longtemps encore... Un passage que je retiens, absolument lumineux, auquel j'adhère complètement (au mot près), celui de Frédéric Kaplan que je me permets de reprendre: "Le futur nous dira si nous arrivons avec l'encre et le papier électroniques à une sensualité satisfaisante, mais je note que les progrès enregistrés, en seulement quelques années, sont déjà remarquables. Les usages du livre électronique restent aussi à définir. Je ne suis pas de ceux qui pensent qu'il y aura basculement du livre papier vers le livre électronique, mais au contraire que les consommateurs définiront des usages complémentaires. Mais, encore une fois, il ne m'appartient pas d'y répondre. Mon interrogation est plutôt de savoir comment ce genre d'outils va, tout d'un coup, transformer de manière profonde notre rappport au livre". Ce texte est extrait d'un entretien dans Livres Hebdo paru en juin 2006 que je vous invite à relire ici. Provocateur, Lorenzo, quand il assène "la dématérialisation du livre peut sauver la librairie". Quand il libère d'un coup, le libraire de la gestion des stocks, des réassorts et des retours, de la manutention, mais surtout de l'office! Rien que cela! Bref, il a le mérite d'ouvrir bien des débats, des interrogations. Pour ma part, je pense que même si ce système de l'office génère un peu d'abus de quelques éditeurs tentés par l'inflation des titres (qui d'ailleurs, vont les voir revenir bien vite), globalement il a quand même un avantage fondamental, celui de nous faire découvrir toutes les semaines des nouveautés sur les tables des libraires. Sans lui, nous aurions une offre très pauvre, beaucoup moins de découvertes possibles; d'ailleurs il est loin d'être remis en cause par les professionnels du livre; les libraires l'auraient arrêté depuis belle lurette, ce système, vous pensez, c'est eux qui le finance... Moi, j'ai plutôt envie que l'on donne tous les moyens aux libraires de maintenir cette heureuse bio-diversité, livres électroniques compris bien sûr. J'aime bien les librairies près de chez moi, pas vous? Des libraires cantonnés en distributeurs d'e-books, quel avenir bien affreux! Celui d'Amazon, peut-être, affranchi enfin de sa logistique et de ses frais de ports!