A la trappe
30 mars 2009
Billet de Fabien Epelboin sur ReadWriteWeb dans sa version francophone. "L'Edition connaitra-t-elle le même sort que la Musique?" Si je le rejoins sur le phénomène d'adoption que l'on va voir venir dans les prochaines années pour ces nouvelles pratiques de lecture, je reste absolument ébahi par les propos qui suivent:
"Un modèle économique vieux de plusieurs siècles, un marketing qui date des années 70, c’est avec ces armes que l’industrie de l’édition s’apprête à livrer bataille à l’industrie naissante de l’eBook, qui saura sans nul doute utiliser les média sociaux, la publicité en ligne, les liens sponsorisés et dieu sait quoi encore pour obtenir pour une fraction du prix des budgets marketing traditionnels une exposition équivalente (et mieux ciblée). Ajoutez des modèles économiques alternatifs, axés sur la gratuité ou sur des offres complexes et multimédia, qui s’attaqueront en priorité là où cela fait mal, là où l’industrie est la plus faible, là où les marges sont les plus difficiles à défendre, et qui mènera une véritable guérilla là où l’industrie s’attend à une guerre conventionnelle. On connaît l’issue de ce genre de confrontation."
"Avec un domaine public aussi vaste, et un grand nombre d’auteurs qui
ne cherchent pas nécessairement à tirer profit de la vente de leurs
productions, l’édition est le domaine rêvé pour que les licences libres
et les creatives commons puissent enfin montrer le monde que la
philosophie qui les sous tend appelle: celui où les savoirs de
l’humanité seraient en libre accès. Une philosophie que le monde de
l’édition va avoir le plus grand mal à confronter à une époque où les
lois du marché sont remises en cause de toutes parts.
C’est probablement sur ce terrain que se mènera auprès d’une classe d’intellectuels encore peu au fait de cette philosophie, et avec l’aide de bon nombre d’entre eux, la grande bataille de la culture du XXIe siècle. Un terrain bien plus propice à remporter la bataille des coeurs que ne l’est aujourd’hui le monde de la musique. Une bataille menée par une armée jeune, dynamique et agile, qui durera probablement longtemps, mais qui luttera en parallèle avec la refondation d’un monde viable pour les générations qui constitueront le gros des troupes. L’issue, là aussi, ne fait pas de doutes, ce n’est qu’une question de temps. La mise à disposition collective des savoirs de l’humanité toute entière, sans distinction de culture, de fortune ou de citoyenneté est en effet un facteur critique dans la reconstruction d’un monde apte à affronter les défis immenses laissés par les anciennes générations. Ne pas le faire mènera les industriels du Savoir au pire à un Armageddon et à l’Apocalypse, au mieux à la guillotine (je m’emporte). Tout comme les banques aujourd’hui, l’intervention de l’autorité publique, en charge - dans les démocraties les plus avancées - du bien collectif et ultimement de sa survie, devrait tôt ou tard arriver si - tout comme les banques hier - les industriels du Savoir s’entêtent à préserver leurs seuls intérêts au détriment de l’humanité tout entière."
On appréciera le lysrisme. On se demande comment on a pu supporter les éditeurs, les libraires, les imprimeurs depuis 500 ans, les "divers "industriels" qui représentent 90% du coût d’un livre aujourd’hui". A la trappe, et que ça saute!