Pratiques et bonheurs de lectures
01 novembre 2009
Pour illustrer les bienfaits de la lecture sur tablette numérique, voici quelques lignes rédigées il y a quelques temps, en espérant que tout cela incitera nos éditeurs de France et de Navarre, comme par exemple M. Gallimard, de tester la chose, de prendre en main ces objets étranges, et de découvrir un plaisir nouveau dans la découverte de nombre de textes.
Voici quelques considérations d'ordre général.
1. Saint-Simon: Je n'avais jusqu'à présent jamais lu une seule ligne de Saint-Simon. Je me souviens que nous avions à la maison une intégrale de belle facture, que mon père lisait de temps en temps, dorée sur tranche, cuir, avec des gravures en couleur que je regardais surtout. Il y a bien eu un volume en poche, plus tard, mais que je n'ai jamais vraiment lu, tant le texte, sa mise en page était oppressante, touffue et indigeste. Mais il a fallu, sans doute des années de maturation aussi, mais surtout le format électronique, et l'existence des tablettes de lecture, pour rendre ce texte intéressant, voire même passionnant. Pour Saint-Simon, je crois que je vais privilégier le petit écran de 5 pouces de mon EZ Reader Astak. Le texte s'y prête. Le Verbe de Saint-Simon, la chronique d'un journaliste génial et assidu, l'effervescence de sa pensée et de ses écrits, permettent une lecture au creux de la main (= écran 5 pouces).
2. Proust: par contre, la complexité de Proust, la richesse infinie aussi, me semblent dédiées aux écrans plus larges, comme celui de l'Iliad (8.1 pouces). Là, dans ce grand format, on ouvre le texte, ou lui offre de l'espace, une bordure blanche, un texte pdf en majesté, le plaisir tout nouveau et inédit d'une présentation luxueuse. En effet, c'est là le support idéal qui me permettra de dépasser sans aucun doute les premières 200 à 300 pages. Maturité sans doute là encore, qui me permet de mieux appréhender et vibrer avec les tonalités multicolores et multi-sonores du Verbe proustien, mais aussi importance primordiale pour moi de la mise en page et en espace. Même l'édition de la Pléiade apporte cette impression d'étouffement et d'oppression, tant le texte est ici aligné au plus près, au plus dense, occupant la totalité du papier bible. Il y a aussi cette édition intégrale, en un volume, aux éditions Quarto Gallimard :))), mais, si le livre est magnifique, il reste imposant, lourd et volumineux : il faut s'installer, s'attabler pour lire, comme on le ferait d'un travail, d'une tâche, d'une besogne. Quant aux éditions de poche, même constat: papier de mauvaise qualité, texte bien trop dense, et qui ne rend pas hommage à la splendeur des écrits de Proust. En somme, lire sur une tablette électronique, c'est bénéficier d'un outil presque pédagogique d'aide à la lecture. Avec l'espace ainsi retrouvé, la légèreté du lecteur, je vais enfin pouvoir me régaler de Proust, puisque la complexité des longues phrases se trouve comme portée et allégée par le confort de l'oeil, à l'aise vraiment, et toujours respirant à grandes bouffées.
3. Melville (Moby Dick): là encore, la tablette électronique permet une mise en page idéale, et qui surclasse toutes les éditions papier (j'en ai 4 : deux anciennes, avec illustration, mais lettres trop petites, et texte trop oppressant et dense, plus en poche, mais là encore, mêmes problèmes, mêmes obstacles pour aller jusqu'au bout du livre). Ici, le lecteur de 5 pouces semble parfait: dans sa version ePub, c'est un régal.
Bonne lecture à tous.