Steve Jobs, Walter Isaacson
22 novembre 2011
Le hasard a fait que l'on m'a offert la version imprimée et que j'avais déjà la version numérique. Je me suis donc pris au jeu de lire les 660 pages de ce "Steve Jobs" sur différents supports à la fois, chez moi et en déplacement. Je me suis fait violence pour lire les cinq chapitres sur la tablette le deuxième soir avant d'aller dormir, 60 pages d'affilée il était temps que ça s'arrête, croyez-moi. Ne parlons pas du chapitre 35 sur l'iPhone, sur un smartphone décidément pas du tout ma tasse de thé. Bilan du livre, papier chez soi, reader assimilé à une version poche que l'on embarque en déplacement, tout simplement, comme si vous aviez en même temps le grand format et le poche. Bien agréable de garder la brique chez soi, le volume est bien épais. Très intéressante lecture, je dois dire. J'avais réellement peur que l'on ne tombe dans l'hommage au grand homme, moitié Einstein, moitié Gandhi. A l'arrivée, l'aventure d'un entrepreneur de génie tout simplement, mais à quel prix. Walter Isaacson a su construire un livre à charge et à décharge très bien fait, en ne cachant rien des ambiguités du personnage, par exemple sa "répartition binaire de l'humanité" à savoir les "éclairés/génie à l'état pur" et les "demeurés/merde en barre" (on le voit, tout un programme en mode binaire). En filigrane, plus de trente années qui ont façonné notre rapport aux ordinateurs, à l'information, au numérique au sens large.
La partie la plus intéressante, la première moitié du livre avec la création d'Apple, l'aventure avec Wozniak, puis les choix fondamentaux, le verrouillage des machines, le concept tout intégré matériel/logiciel, la recherche du design absolu qui le hantera toute sa vie de manière quasi-schizophrénique, les machines chères pour une certaine élite, des centaines de témoignages différents qui se recoupent pour aller au plus près. Puis cette capacité à repérer l'innovation, à rebondir, à tout remettre à plat si ce n'est pas parfait. Une obsession de la perfection en toute chose. Humainement par contre, le bilan est lourd, énormément de dégâts, de frustrations, d'humiliations. Même si pour beaucoup, la fierté de participer à l'aventure est réelle, c'est cher payé. J'espère que l'on n'en fera pas un modèle dans les écoles de management. Tantôt ce type nous révulse, tantôt il nous épate, tantôt il nous touche. Il y a une part d'humanité réelle dans le personnage, un côté grand enfant avec ses jouets, un côté idéaliste qui a justement évolué peu à peu à l'encontre de beaucoup de ses rêves d'universalité. Le volume défile, passionnant de bout en bout.
A lire absolument si vous vous intéressez de près ou de loin à l'informatique, dans le cas contraire je ne pense pas que vous trouviez votre bonheur dans un tel livre. Côté livre numérique, on apprend que Jobs avait déjà prévu l'iPad avant l'iPhone. Les tractations avec les éditeurs et les groupes de presse très intéressantes à suivre, l'intransigeance toujours à ne pas céder sur les comptes utilisateurs, le culte de la domination. Pour la suite à écrire, on verra sans Steve Jobs. A signaler que je regrette le manque d'un index, dans un livre comme celui-ci inexcusable de la part de l'éditeur.
Chapitres 1 à 10 : livre imprimé (2h30)
Chapitres 11 à 15 : tablette Asus (1h30)
Chapitres 16 à 30 : Nook (2x 2h)
Chapitres 31 à 34 : livre imprimé (1h30)
Chapitre 35 : smartphone (20mn)
Chapitres 36 à 41 : Nook (1h30)
Lu dans le cadre du club des lecteurs numériques.