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51 notes en octobre 2015

Rentrée : mes livres favoris - série 3

CoeurTroisième et dernière série de titres de cette rentrée littéraire. Les premières ici et ici. Cinq derniers livres que j'ai lu et beaucoup aimé. Des livres plus confidentiels loin des listes de prix. Par ordre alphabétique d'auteurs. Au total sur ces 15 titres, six romans français, trois romans étrangers et six polars. J'espère que je vous aurais donné des idées de lecture. Très bon week-end de Toussaint.

  • J'étais la terreur de Benjamin Berton (Christophe Lucquin)
  • Soundtrack de Hideo Furukawa (Philippe Picquier)
  • Le Printemps des barbares de Jonas Lüscher (Autrement)
  • Les Fugueurs de Glasgow de Peter May (Le Rouergue)
  • Les Innocents de Robert Pobi (Sonatine)

Terreur Soundrack Barbares Glasgow Innocents


Etats-Unis : les liseuses sont-elles réellement en panne ?

Pew_research_center-599x325L'institut américain PewResearch a donné cette semaine un certain de nombre de graphiques sur l'adoption des différents appareils électroniques aux Etats-Unis. Il pointe notamment sur la baisse des liseuses au sein des foyers américains depuis le début de l'année. Je reste bien sceptique quand je vois dans le même temps que selon eux les tablettes progressent alors que la tendance observée au niveau mondiale est à la baisse. L'effondrement des ventes d'iPad est réelle (-20% en un an, voir ZDNet aujourd'hui). D'autre part Amazon a désormais trois modèles dont deux renouvelés depuis un an à son catalogue, Barnes and Noble vient tout juste de ressortir un nouveau modèle. Ces deux libraires ajoutés à Kobo (nouveautés également), ce sont 85% du marché que couvrent ces acteurs avec des liseuses. Des signes évidents que leurs clients restent fidèles à ces appareils.


SNCF eLivre : une offre pour les smartphones

SncfAu lendemain de l'annonce de la bibliothèque numérique e-Livre lancée par la SNF, on peut s'interroger sur l'opportunité d'une telle offre pour les usagers. D'emblée elle exclue tous les possesseurs de liseuses puisque aucun téléchargement de livres numériques n'est possible. Possesseurs de Kindle, Kobo, Cybook et autres PocketBook, ne cherchez pas, cette offre n'est pas faite pour vous. Les tablettes sont très peu présentes en mobilité dans les transports, surtout dans les courts trajets. De plus comme les ordinateurs portables, elles fonctionnent immanquablement avec du wifi. Pas de wifi disponible pour e-Livre dans les transports. C'est donc exclusivement les usagers qui souhaitent lire sur leurs smartphones qui se sentiront concernés. Les amateurs de bandes-dessinées à prix égal se retrouveront plus dans des offres comme celle d'Iznéo ou de Séquencity. Mais lire une bande-dessinée sur smartphone? Côté de l'offre, c'est la faiblesse des catalogues qui est la plus criante, les usagers qui voudront découvrir la lecture numérique vont s'en rendre compte très rapidement.

Reste qu'une opération de cette ampleur sur l'ensemble de la population française va être un bon test pour observer l'adoption de la lecture numérique sur les smartphones. Le gros bémol étant que la SNCF ne propose pas une offre de wifi associée dans les rames. A chacun de disposer d'un accès réseau satisfaisant sur son propre smartphone, ce qui est loin d'être le cas, nous en faisons tous l'expérience dans nos trajets quotidiens. Bref, une annonce qui ressemble à un bon coup de communication de la part de la SNCF, mais un service qui reste très insuffisant, très frustrant pour l'usager et qui risque bien d'être très rapidement oublié.


Laplikili au Labo de l'Edition

LaplikiliLaplikili est un studio de création numérique spécialisé dans la réalité augmentée. Je vous en avais parlé le mois dernier. Ce tout jeune projet de fin d’études a remporté le prix de la jeune création d’entreprise 2015 par l’IDEFI CREATIC, gagnant une immersion de 6 mois au Labo de l’édition. Christina, la CEO, revient sur son expérience dans l’incubateur (via LabodelEdition).


SNCF : lancement de sa bibliothèque numérique avec Youscribe

SncfLa SNCF annonce aujourd'hui l'ouverture d'une offre de bibliothèque numérique "SNCF e-Livre" de 100.000 titres. Elle sera accessible au travers d'une application iPhone ou Android. L’accès à cette offre est gratuit durant un mois et demi. Au-delà, il faudra s’abonner à hauteur de 9,90€ par mois. Il n'y a pour l'instant pas d'offres spécifiques pour les détenteurs de cartes SNCF. Pas de téléchargement possible, une offre en streaming uniquement disponible sur smartphones et tablettes. Tous les détails sur le site dédié. En parcourant la bibliothèque, on aura vite fait de repérer que cette bibliothèque numérique est celle du site Youscribe en marque blanche. Parmi ces 100.000 titres annoncés, des extraits, 5.000 titres libres de droits que l'on trouve partout, des catalogues d'éditeurs anciens avec du pratique, de la jeunesse, de la bande-dessinée, pas ou très peu de nouveautés. Aucun titre des grands groupes d'édition Hachette, Editis, Madrigall, Bayard, La Martinière, Albin Michel, Actes-Sud, etc. Seul le groupe Media Participations (Fleurus, Le Lombard, Dargaud, Dupuis) a mis un certain nombre de bandes-dessinées, également présentes sur Iznéo. Pour le reste des morceaux de catalogues qui ont valeur de test pour les quelques éditeurs présents. La même offre de livres que l'on retrouve déjà chez les acteurs d'offres d'abonnement, à savoir Youscribe, Youboox et KindleUnlimited. En attendant celle de MacDonald sans doute... (via LeFigaro). Une offre qui n'est aucunement réservée aux usagers, tout un chacun peut s'abonner. Surtout qu'en ce qui concerne l'accès wifi dans les trains, les dernières nouvelles ne sont guère encourageantes; celles-ci ne devraient pas mettre sur les rails ce nouveau service.

PS: depuis plusieurs années la SNCF avait déjà démarré plusieurs expérimentations en province ainsi qu'une opération ponctuelle avec le site Youboox en Gare Montparnasse. A noter que Storylab est le prestataire de l'autre partie du service, concernant l'environnement de lecture et les interviews d'auteurs. JFD Conseil, l'agence qui organise par ailleurs le prix SNCF du polar, se charge de l'animation de l'application, avec la mise en avant de titres, en fonction de l'actualité, et de la région où se trouve l'utilisateur de l'application (via LivresHebdo).


Changer votre liseuse : offre de reprise chez la Fnac et Cultura

LiseuseVous avez envie de changer votre liseuse? Des initiatives intéressantes en ce moment dans plusieurs enseignes. La Fnac propose 35€ de reprise pour un nouveau modèle Kobo, Cultura va plus loin avec entre 25 et 40€ de reprise pour un nouveau modèle de chez TEA du 15 octobre au 31 janvier 2016. Rendez-vous dans vos magasins. Sans doute l'occasion pour passer à l'eInk Carta avec un meilleur contraste d'écran. Ce type d'initiative avait démarré en Allemagne l'année dernière pour des reprises militantes de Kindle chez des libraires indépendants avec un certain succès. Pas de Kindle ici, on reprend les modèles de la marque. A suivre...


Bookeen continue son développement en Scandinavie

AdlibrisAprès l'annonce de son partenariat avec Leclerc il y a quelques semaines, le fabricant français Bookeen continue son déploiement en Scandinavie. Après la Suède avec Adlibris depuis 2011, avec des liseuses sous la marque «Letto», c'est désormais la Finlande et la Norvège qui vont adopter les Cybook, toujours avec cette chaine partenaire (via le blog Bookeen).


Salon de Montreuil : les dix nominés pour la Pépite Numérique 2015

SalonLe Salon du livre de jeunesse de Montreuil aura lieu du 3 au 7 décembre prochain. Une nouvelle fois, il sera l'occasion d'élire sa pépite de la création numérique. La liste des dix nominés vient d'être donnée. A lire ici. Seulement deux livres numériques au format ePub 3, les autres sont des applications. La moitié des nominés sont des créations françaises. Le lauréat sera connu le 24 novembre prochain:

Pépite de la CRÉATION NUMÉRIQUE

  • Azzl, concept, design et animation : Jutiful, Jutiful (Royaume-Uni). Application compatible Apple
  • Boum !, concept et design : Michaël Cixous, design sonore : Jean-Jacques Birgé, Les inéditeurs. Application compatible Apple et Android
  • David Wiesner’s Spot, concept et design : David Wiesner, Houghton Mifflin Harcourt, (États-Unis). Application compatible Apple
  • Didadoo, concept : Jean-François Alexandre, comptines : Corinne Albaut, illustré par Olivier Latyk, Naïve. Application Apple et Android
  • Et si la nuit, une histoire d’Adèle Pedrola, illustrée par Douglace, mise en musique par Emmanuel Séguin et contée par Patrick Mancini, L’Apprimerie. Livre numérique compatible Apple et Android
  • Le Lapin bricoleur, concept, design et animation : Michaël Leblond, Stéphane Kiehl, e-Toiles Éditions. Livre numérique compatible Apple et Android
  • Machines simples, illustrations : James Gilleard, Tinybop (États-Unis). Application compatible Apple
  • Metamorphabet, concept et design : Patrick Smith, Vectorpark (États-Unis). Application compatible Apple
  • Les Saisons : Morphosis, écrite par Stéphane Durand, illustrations de Pauline Merlaut, direction créative de Pierre Cattan, tirée du film de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, une coédition Small Bang et France Télévisions. Application compatible Apple et Android
  • Toca Nature, concept, design et animation: Toca Boca, Toca Boca (Suède). Application compatible Apple et Android

Seigneur des anneaux : deuxième tome en numérique

Seigneur des anneauxEvénement cette semaine aux Editions Christian Bourgois. Le deuxième tome du Seigneur des Anneaux "Les Deux Tours" de Tolkien sort dans une nouvelle traduction de Daniel Lauzon. Ce volume contient 16 illustrations d'Alan Lee entièrement renumérisées pour l'occasion. Le premier tome de la célèbre saga était sorti il y a un an tout juste. La version numérique est elle aussi proposé, rappelons que l'oeuvre de Tolkien était toujours indisponible au format numérique en France.


Le Livre des Baltimore est au format numérique

DickerBest-seller de cet automne, le nouveau livre de Joël Dicker "Le Livre des Baltimore" est finalement disponible au format numérique. Les Editions de Fallois auront levé leur décision de principe qui était de ne pas proposer la version numérique avant que le titre arrive au format de poche. Prix élevé à 15,99€, DRM, ce petit éditeur aura finalement pris les travers des grands. Dommage.


PocketBook : un modèle générique Reader TouchLux 3

ReaderPocketBook propose désormais sur le site Maliseuse une liseuse générique sous la marque Reader TouchLux 3. Ecran en eInk Carta HD (1024x758, 212 dpi), éclairage Frontlight, mémoire intégrée de 4GB, emplacement d'une carte micro SD. Prix à 119,94€. C'est bien évidemment le même modèle que celui vendu par TEA, la librairie embarquée en moins. Revoir mon test ici. La boutique de livres ePagine est pré-installée sur ce modèle au travers du navigateur, mais vous êtes libre de choisir la librairie indépendante de votre choix avec des achats directement sur les sites. Le modèle 8 pouces Reader InkPad est également disponible.


FeniXX : "Dieu, moi et les autres" de Jacques Sternberg

SternbergNouvelle trouvaille dans tous ce fonds Relire qui arrive peu à peu, cet excellent titre de Jacques Sternberg, "Dieu, moi et les autres", publié aux Editions Denoël en 1995 (voir la fiche chez le distributeur EdenLivres). Un recueil de 50 contes sur Dieu, sa vie secrète, ses oeuvres délirantes, ses ratages absurdes, ses créatures effrayantes. Ils sont parfois blasphématoires, souvent absurdes, toujours teintés d'humour noir, tout en confrontant l'irresponsabilité divine à l'imbécilité humaine. Tout un programme par cet écrivain maître de l'absurde et de l'humour noir. Plusieurs de ses livres sont déjà disponibles chez Albin Michel et à la Table Ronde. Il reste malheureusement encore beaucoup de titres absents. A lire l'interview que lui avait accordé la revue Le Matricule des Anges à l'époque. Chez vos libraires, prix à 8,99€ sans DRM.


Place des Libraires : refonte du site

PlacelibrairesA découvrir la refonte du site PlacedesLibraires qui propose une plateforme mutualisée pour les libraires indépendants, aussi bien sur l'offre imprimée en stock à réserver chez un libraire près de chez vous (pas d'envoi), que sur une offre numérique. Versant numérique, c'est la réplique de la librairie ePagine, elle-même dans le périmètre de la société Tite-Live.


Barnes and Noble : un nouveau Nook Glowlight Plus

NookIl était attendu depuis plusieurs mois, le voilà enfin sur le marché américain. La chaine des librairies Barnes and Noble vient en effet de dévoiler son nouveau Nook Glowlight Plus sur le site. Cela faisait deux ans que le Nook n'avait pas eu de nouveautés, notamment avec les écrans de dernière génération chez eInk. Ce nouveau modèle 6 pouces possède donc un écran en eInk Carta avec une résolution optimale (1430x1080, 300 dpi). De plus il est étanche avec une certification IP67 comme le Kobo Aura H2O. 4 GB de mémoire interne. Un prix très agressif à 129,99$ avec des spécificités équivalentes au Kindle d'Amazon, l'étanchéité en plus. CNet en propose déjà une présentation. The Nook is back!


Cybook Ocean : un nouvel écran en eInk Pearl HD

OceanA signaler que le Cybook Ocean, le grand modèle 8 pouces chez Bookeen, est désormais disponible dans une nouvelle version avec un écran en eInk Pearl HD (768×1024, 160 dpi). J'avais eu l'occasion de le tester en fin d'année dernière. L'écran qui disposait alors d'une technologie ePaper alternative n'était pas au niveau en terme de contraste. Toutes les liseuses de Bookeen évoluent désormais vers des écrans eInk, en Pearl HD et en Carta selon les modèles. Ce Cybook Ocean est disponible sur le site LecteurModerne au prix de 185€.


PNB : les bibliothécaires expérimentateurs témoignent

PNBAvec leur autorisation, je relaie les commentaires des bibliothécaires expérimentateurs de l'offre de prêt de livres numériques en bibliothèque (PNB). Sont conjointement signataires les réseaux de Montpellier, Grenoble, Aulnay-sous-Bois, Levallois et le Réseau de lecture publique belge. Les bibliothécaires mandatés par leurs institutions comme expérimentateurs PNB ont travaillé sur et validé ce texte final. Une mise au point est devenue nécessaire après les critiques qui ont accompagné l'ouverture de l'offre à Paris la semaine dernière. Loin de tout dogmatisme, ceux qui en parlent le mieux sont ceux qui en ont une pratique au quotidien. Ecoutons-les:

Le 21 octobre 2015

Le point de vue des bibliothécaires expérimentateurs de PNB

Ces derniers jours PNB a été mis en cause à l’occasion du lancement du projet numérique de la Ville de Paris, basé précisément sur PNB. Nous souhaitons réagir face au déséquilibre patent de ces attaques. En tant que bibliothécaires qui expérimentent PNB sur le terrain depuis plusieurs mois (un an pour deux d’entre nous), nous dressons le constat d’une divergence de vue importante par rapport à  la majorité des critiques lues récemment ainsi que de nombreux points de satisfaction absents des récentes publications. Aucun d’entre nous n’a en effet été contacté en amont des récents communiqués sur PNB…
Nos bibliothèques (Montpellier, Grenoble, Aulnay-sous-Bois, Levallois et le Réseau de lecture publique belge) sont impliquées depuis trois ans dans cette expérimentation et ont suivi toutes les péripéties de ce projet depuis le début. Elles ont aussi mis en place une infrastructure (plateforme de prêt) et une offre au profit de leurs usagers; l’infrastructure est totalement indépendante de PNB et elle peut tout à fait être connectée à d’autres sources ce qui fait que nos bibliothèques ne sont absolument pas liées à PNB à moyen et long terme.
A côté de la scandaleuse tentative de sabotage du projet de la Ville de Paris, une série de critiques ont été avancées la semaine dernière dont les principales apparaissent comme les suivantes: projet économiquement insoutenable pour les collectivités, risque de fracture territoriale lié au fait que les petites et moyennes bibliothèques ne pourront pas en faire bénéficier leurs usagers, niveau d’aisance relativement élevé des outils numériques requis, «embargo artificiel imposé par les éditeurs», pas d’évaluation après un an d’expérimentation.
Nous nous proposons non pas de dresser une évaluation globale de PNB (qui n’est pas exempt de faiblesses) mais plutôt de répondre point par point aux critiques en fonction de notre connaissance du projet et de notre expérience de PNB sur le terrain:

Question économique

Loin des projections sur base d’hypothèses irréalistes faites par certains en décembre l’an dernier (remplacement de toutes les collections papier des bibliothèques, acquisitions par chaque bibliothèque de toutes les nouveautés qui sortent), les bibliothèques expérimentatrices constatent que les budgets sont totalement maîtrisés et permettent à la fois de développer l’offre avec de nouveaux titres et de racheter les titres qui ont rencontré un grand succès lorsque la bibliothèque l’estime utile; il faut souligner que c’est en effet l’avantage du modèle de permettre l’achat au titre à titre et donc d’éviter de payer pour des titres qui ne sont pas en adéquation avec les publics et la politique documentaire de la bibliothèque, contrairement à ce qui se passe avec la plupart des autres offres. Le prix moyen d’un livre dans le catalogue PNB est de 17,85€. Il est légèrement supérieur au prix proposé au grand public mais cela recouvre les retours aux ayant droits (payés ailleurs pour le papier) et aussi le fait qu’il s’agit d’un service augmenté par rapport à un livre papier puisque un titre peut être prêté entre 10 et 50 fois simultanément (selon l’éditeur). C’est une réelle valeur ajoutée, en particulier pour les nouveautés, car cela permet à plusieurs usagers de lire simultanément le même titre et cela sans devoir en acheter plusieurs exemplaires. Même le Québec dont le projet pretnumerique.ca est un énorme succès ne profite pas d’un tel service permettant le prêt simultané d’un même titre.

En outre, si on calcule tous les coûts réels, le coût total par livre physique doit aussi inclure les coûts lié au film de protection, à la puce RFID et/ou antivol, au temps de travail d’équipement, de catalogage, de mise en rayon, de prêt, de prolongation et de retours par les bibliothécaires, etc. Le temps gagné avec le numérique pourra servir à faire davantage de médiation numérique vers les usagers, par exemple…

Enfin, le modèle de PNB est le même que celui de pretnumerique.ca (dont PNB s’est inspiré), le service québécois est en place depuis près de 4 ans et rencontre un grand succès. Si ce modèle était effectivement économiquement insoutenable, pourquoi aucune des 135 bibliothèques québécoises impliquées ne s’en est retirée?

Risque de fracture territoriale

Il est vrai que les deux premières bibliothèques qui se sont lancées sont celles de grandes villes (Montpellier et Grenoble) mais ensuite de plus petites bibliothèques sont arrivées comme Aulnay-sous-Bois, Levallois, Courbevoie ou un petit réseau de bibliothèques du Valais en Suisse. Par ailleurs, des projets mutualisés (plusieurs BDP, le réseau francophone de lecture publique belge) ont été mis en place avec PNB; ainsi, sur ces territoires plus larges tant les usagers des grandes villes que ceux de petites et même de villages ont accès au même catalogue de livres numériques. En outre, une petite bibliothèque qui préférerait y aller seule aurait des coûts d’infrastructure beaucoup plus faibles qu’une grande car les principales offres d’infrastructure actuelles sont en SaaS (Software as a service; forme de location d’un site Web dédié à la bibliothèque) ce qui fait qu’il n’y a aucun développement spécifique requis ni de maintenance incombant à la bibliothèque ou au Service informatique de la municipalité, juste un abonnement avec une grille tarifaire adaptée à la taille de la bibliothèque (prix lié au nombre d’usagers en général). D’autre part, la plupart des fournisseurs de SIGB (logiciels de gestion de bibliothèque) sont en train de développer des modules de prêt intégrés qui ne nécessiteront pas la mise en place d’une plateforme spécifique et ne devraient pas être plus chers qu’un autre module du SIGB.

Niveau de maîtrise « informatique » requis

Les mesures de protection (DRM) mises en place dans PNB le sont au même titre que sur la toute grande majorité des ebooks achetés dans le commerce et en outre ont pour seule fonction de gérer la chronodégradabilité des fichiers téléchargés par les usagers lors de leurs emprunts (sinon il ne s’agirait pas d’un emprunt mais d’un don!). Il n’est pas exact de considérer qu’il s’agit d’un frein important car au Québec par exemple, comme le précise BIBLIOPRESTO qui a mis en place le projet, ils ont réussi à construire un service très apprécié, utilisé par plus de 250.000 lecteurs dans près de 1000 bibliothèques; comme le dit en outre le porteur du projet québécois, Jean-François Cusson, «l'un des plus importants groupes d'utilisateurs du prêt numérique est constitué par les personnes âgées (55 ans et +)».

Dans les bibliothèques utilisatrices de PNB, on constate la même présence d’un public senior peu dérouté par les DRM; les occasionnelles difficultés rencontrées avec les DRM sont essentiellement limitées à la première utilisation du service de prêt numérique et dans la grande majorité des cas elles sont rapidement surmontées grâce aux guides présents sur les plateformes. Dans les quelques cas où ces aides en ligne ne suffisent pas, elles se résolvent par l’accompagnement des bibliothécaires soit via des formations collectives soit via des accompagnements individualisés. Par ailleurs, plusieurs institutions (comme Readium dont le labo s’est établi à Paris) travaillent activement sur une DRM «light», très simple d’utilisation et qui pourra certainement à terme encore simplifier le processus de prêt numérique.

Mise à disposition insuffisante de leurs titres dans PNB par les éditeurs

71% des 89 éditeurs présents aujourd’hui dans l’offre alimentent régulièrement le catalogue en nouveautés: on ne peut pas vraiment parler d’embargo généralisé. Par ailleurs, les bibliothèques expérimentatrices ainsi que Réseau Carel, via son groupe Livres numériques, travaille beaucoup sur cette question que ce soit de manière directe lors de leurs rencontres avec les éditeurs ou dans les réunions de suivi du projet PNB avec tous les acteurs du livre; des progrès considérables ont d’ailleurs été constatés puisque il y a à peine quelques mois on était à 52% d’éditeurs versant leurs nouveautés. Les bibliothécaires impliqués ne se satisfont néanmoins pas de ce résultat et continuent à travailler sur ce point essentiel de la présence des catalogues numériques complets de tous les éditeurs au sein de l’offre PNB; de nouvelles rencontres avec les éditeurs vont d'ailleurs avoir lieu rapidement.

Pas encore d’évaluation après un an d’expérimentation

Deux bibliothèques ont lancé leur service il y a un an environ mais les autres bibliothèques expérimentatrices ont lancé le leur fin 2014 et même une en 2015; il est donc prématuré de considérer que l’année d’expérimentation est écoulée, sauf à ignorer délibérément le retour des trois autres. Par ailleurs, plusieurs réunions consacrées à la mise en place d’un outil d’évaluation ont rassemblé les différents secteurs du livre (dont Réseau Carel et les bibliothèques expérimentatrices pour notre secteur) et une communication est prévue prochainement.
Rappelons à ce sujet la recommandation de l’IGB (Inspection générale des bibliothèques): «[La commission] recommande: (…)  4. Dresser une évaluation des coûts et de l’impact du projet PNB deux ans après l’expérimentation». La participation à l’évaluation en cours de tous les acteurs concernés de la chaîne du livre nous semble constituer la meilleure garantie d’une évaluation équilibrée.

PNB est fortement inspiré de pretnumerique.ca (Québec) qui est une grande réussite de l'avis de tous les observateurs. PNB n'est pas parfait mais il est perfectible et a notamment le mérite d'avoir rallié un très grand nombre d'éditeurs (qui augmente sans cesse, Hachette, Immatériel et Iznéo devant rejoindre prochainement le projet) et d'être mené en concertation avec tous les acteurs du livre y compris les bibliothécaires, les représentants des auteurs et les libraires indépendants. Nous comprenons les impatiences par rapport à ce domaine du livre numérique très attendu mais il faut laisser à PNB le temps de sa mise en place (et de l'intégration de tous les éditeurs intéressés; 8 nouveaux éditeurs ont encore rejoint le catalogue le mois dernier).

Enfin, pensons aussi un peu à tous les usagers qui attendent une offre concrète de livres numériques alors que d’autres acteurs moins soucieux d’offrir un accès pour tous à la lecture avancent rapidement sur des offres d’abonnements grand public très proches d’offres de bibliothèques et en négligeant plusieurs acteurs de l’écosystème du livre.
Quand on constate une baisse des emprunts de livres de 30% en une décennie (2004-2014) et que l’utilisation des ressources numériques ne cesse de progresser, ne serait-il pas dommage de refuser sa chance au projet PNB?  A côté des acteurs commerciaux, les bibliothèques doivent être capables de proposer aux citoyens un service de lecture numérique alliant large offre de titres et confort d'utilisation. Il en va de leur avenir...

Les bibliothécaires expérimentateurs de PNB

A lire également l'excellent billet de Laurent Soual "PNB n’est pas le TGV Lyon-Turin" sur le site du BBF aujourd'hui.


Bibliothèques : le prêt numérique en bibliothèque en question en France

LirtuelJe relaie le commentaire d'Alexandre Lemaire, un bibliothécaire en charge du portail Lirtuel à Bruxelles qui a ouvert au printemps dernier. Il répond courageusement à l'offensive savamment orchestrée sur les réseaux par un petit groupe de personnes en France (toujours les mêmes d'ailleurs) à l'encontre du modèle PNB (Prêt Numérique en Bibliothèque). Un complément qui me parait honnête et intéressant. Il complète le bilan qui a été donné sur LettresNumériques la semaine dernière:

"Personne ne pouvait prévoir cette polémique autour de PNB tant les arguments des auteurs de l'irrespectueuse campagne #chasseauxjetons sont peu fondés. Grenoble, Montpellier, Pau, la Belgique francophone, 5 BDP (mais aussi de plus petites bibliothèques comme Aulnay-sous-bois, Courbevoie, Carquefou ou un petit réseau de bibliothèques du Valais en Suisse) se sont lancées sans aucun problème et les retours des expérimentateurs sont très positifs. Il n'y a pas non plus, comme le disent abusivement certains qui semblent vouloir jouer les Cassandre, de dépenses incontrôlables.
Sur la communication, pour la Belgique, nous avons communiqué dans deux quotidiens, sur Lettres numériques et sur Actualitté récemment, Grenoble a également communiqué ; mais pour une communication globale, elle est prévue après un an et à part Montpellier et Grenoble qui s'étaient lancées il y a un an environ, les bibliothèques expérimentatrices se sont lancées fin 2014 ou en 2015. Donc il est, me semble-t-il, un peu prématuré de réclamer une communication d'évaluation (qui est en effet prévue) avant la fin de cette année... J'ajoute enfin que nous avons été sollicités, comme le signale Cyril d'Aulnay-sous-Bois, par le ministère pour un retour de nos expériences PNB ; en revanche ni au sein du groupe des bibliothèques expérimentatrices PNB ni au sein de Réseau Carel nous n'avons été sollicités pour donner notre avis par les lanceurs de #chasseauxjetons, pas plus que par ceux qui réclament une évaluation qualitative. Mais sans doute que certains ne souhaitaient pas entendre d'échos positifs avant de s'exprimer...

PNB est fortement inspiré de pretnumerique.ca (Québec) qui est une grande réussite de l'avis de tous les observateurs. PNB n'est pas parfait mais il a notamment le mérite d'avoir rallié un très grand nombre d'éditeurs (qui augmente sans cesse) et d'être mené en concertation avec tous les acteurs du livre y compris les bibliothécaires, les représentants des auteurs et les libraires indépendants. Qu'on donne s'il vous plait à ce projet une chance de réussite (notamment le temps de sa mise en place et de l'intégration de tous les éditeurs intéressés) au lieu de tirer dessus à boulets rouges après une analyse prématurée et effectuée les yeux à moitié fermés. Et pensons aussi un peu à tous les usagers qui attendent une offre concrète de livres numériques et pas de vaines polémiques."

PS: plus que de longs discours, le commentaire de Jean-François Cusson en charge de PretNumerique.ca au Québec. Ce sera chez eux, en cette seule année 2015, pas moins d'un million de prêts de livres numériques...

Jeanfrançois


Assemblée Nationale : l'interopérabilité du livre numérique est encore refusée

AssembléenationaleUne belle obstination dont tous les lecteurs numériques lui seront reconnaissants demain. La député Isabelle Attard a une nouvelle fois déposé un amendement à l'Assemblée Nationale lors du projet de finances 2016 en fin de semaine dernière. Celui-ci pour réserver la TVA réduite du livre numérique aux seuls livres libres sans DRM. En jeu la possibilité pour le lecteur de disposer de ses livres numériques sur tous les matériels en toute liberté. Nous sommes loin du compte aujourd'hui malheureusement. "J'ai entendu beaucoup de discours en faveur d'un tel principe, il est temps de passer aux actes". Nous savons tous que c'est sur le terrain fiscal que la pression peut être efficace face aux modèles liberticides des géants anglo-saxons. Notre liberté refusée, l'amendement a encore été rejeté par les socialistes, mais de très peu cette fois. Le combat continue... (via Actualitté).


Decitre : la nouvelle Ultra TEA est disponible

UltraC'est sans doute le dernier modèle de liseuse attendu en France pour cette fin d'année. La toute nouvelle Ultra-TEA est désormais disponible chez les partenaires de TEA, à savoir Decitre, sans doute bientôt Cultura et d'autres. C'est bien entendu le modèle sorti l'année dernière chez le fabricant PocketBook (revoir mon test ici) mais qui a subi des améliorations. La plus visible étant la présence d'un écran en eInk Carta (758x1024, 212dpi) désormais au niveau de la concurrence. L'éclairage intégré a sans doute été revu lui aussi avec un dispositif de dernière génération. Elle est déjà disponible à la librairie Decitre ici, un prix à 169,99€. Un prix élevé certes, mais elle comprend la couverture, un accessoire indispensable qui coûte 30/40€ généralement partout. Cette couverture permet la mise en veille de la liseuse. Ce modèle est plus compact que la TEA Touch Lux 3. Le haut de gamme en version 6 pouces avec toute l'ouverture et les réglages que proposent le fabricant, allié à l'excellente librairie embarquée conçue par TEA. Un modèle qui devrait en intéresser beaucoup.

PS: cette liseuse et sa couverture sont même à 149,99€ chez Cultura, un excellent rapport qualité/prix.


Kobo : le nouveau Kobo Touch 2.0 est disponible

KobotouchLe nouveau Kobo Touch 2.0 est désormais disponible à la Fnac. Un modèle de liseuse d'entrée de gamme sans lumière intégrée.

Un design équivalent au Kobo Glo HD sorti au printemps dernier, voir test ici. Une version plus compacte et plus moderne que son aîné Touch sorti en 2011. Parmi les principales améliorations, on note:
- un processeur plus puissant (1GHz) qui offre une meilleure navigation et plus de fluidité pour tourner les pages.
- une extension de l’espace de stockage (4Go) soit l’équivalent de 3000 livres embarqués.
- une extension de l’autonomie de la batterie qui peut à présent tenir jusqu’à 2 mois sans être rechargée.
Pas d'écran en eInk Carta mais un très bon écran en eInk Pearl en 800x660, 167dpi. Existe seulement en version noire, prix à 89,90€ sur le site de la Fnac. Un excellent modèle pour démarrer à petit prix.


CARE : plus de détails sur la solution de DRM-light développée par TEA

CarePlus de détails à propos de CARE, la solution de DRM annoncée par TEA hier. Cette solution a été développée entièrement selon les spécifications de LCP-Readium. Rémi Bauzac, Directeur R&D de TEA, est très impliqué dans l'équipe qui travaille déjà autour de Readium en France. Tous les livres vendus jusqu'ici avec une DRM Adobe dans l'environnement TEA (Decitre, Cultura, Uculture, etc.) ont basculé cette semaine sous la DRM CARE de TEA. Cette DRM suppose bien sûr pour assurer une interopérabilité vers d'autres environnements que ceux-ci aient eux-mêmes basculés. CARE opère un double chiffrement: l'un sur le fichier délivré, l'autre sur une clé-utilisateur (USER-KEY) gérée directement sur l'appareil de l'utilisateur. Celui-ci n'a aucune procédure supplémentaire à faire. Son inscription à son compte-libraire assure la synchronisation automatique du fichier reçu sur son appareil et de son USER-KEY. Le nombre d'appareils possibles est compris entre 6 et 10 selon le choix des éditeurs. TEA a pu évoluer plus vite sur cette solution car il possède les fichiers des éditeurs, comme les principaux acteurs du marché qui ont leur propre DRM (Amazon, Kobo, Apple et Google). Ce premier environnement qui bascule est un premier signe fort, souhaitons que nous en voyons d'autres rapidement pour éviter les contraintes de la DRM-Adobe. Le rôle des distributeurs numériques est clé sur cette question puisque c'est eux qui apposent la DRM-Adobe en sortie d'entrepôts pour les autres acteurs du marché. Il n'y a pour l'instant pas de différences visibles pour l'utilisation ni aucune restriction particulière hors de l'environnement TEA, puisque dans ce cas-là la sortie vers la DRM-Adobe est possible. Comme dans le cas de Kobo par exemple. Concrètement si vous achetez sur Cultura et que vous voulez lire sur une liseuse Kobo ou Bookeen, c'est possible avec la synchronisation du compte Adobe/ ADE. TEA n'a pas de philosophie particulière sur la DRM. Avec l'autre solution de marquage qu'il a développé, il souhaite répondre aux demandes des éditeurs en conservant une expérience-client la meilleure que possible. Je remercie David Dupré chez TEA pour ses explications.

PS: une petite précision apportée à Hadrien Gardeur de Feedbooks. LCP n'a pas de limitation par nombre d'appareils, celle-ci existe sur CARE de par leur implémentation et les souhaits des éditeurs.


Google Books : une page se tourne

GooglebooksLa bibliothèque universelle de Google a fait long feu. C'est Le Monde qui revient cette semaine sur Google Books, l'un des projets les plus ambitieux de bibliothèque universelle pour tous. Que n'a-t-on pas écrit à l'époque sur ce projet. "Lancé en décembre 2004, le programme Google Books a permis la numérisation de plus de 10 millions d’ouvrages, grâce à des accords signés avec 29 bibliothèques (22 américaines et 7 européennes, dont la bibliothèque municipale de Lyon, deuxième fonds de France). En comparaison, Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France (BNF), numérisait 300.000 ouvrages en mode texte, à la même période. Aujourd’hui, une page est tournée. Le géant de Mountain View s’occupe prioritairement de l’actualité, tout comme ses rivaux Facebook et Apple. Google n’a plus aucun programme de numérisation de bibliothèque en cours." B is it for Books or for Business?
 
PS: Affordance n'aura plus de grain à moudre de ce côté-là...