Onyx Boox Note Air 3 C : test complet

100_9856Si vous suivez mes nombreux tests de liseuses, il y a désormais un segment qui vient mordre sur les modèles grands-formats que l'on voit fleurir depuis quelques années, celui des blocs-notes numériques. Dans ce segment, j'avais eu l'occasion de vous faire découvrir la Kobo Ellipsa il y a un peu moins de deux ans (revoir ici), puis la Bookeen Notea l'année dernière (revoir ici). Bien plus que de simples liseuses dédiées à la lecture numérique, ces modèles proposent une véritable expérience de lecture, d'annotations, d'écriture, de prise de notes, de dessins, de croquis, de formulaires, etc. Avec l'environnement Android en plus, l'ouverture est sur tout le champ de la navigation web et des applications, jeux, vidéo, cloud, etc.

Si les acteurs des liseuses présents en France ont investis ce segment premium, cela va au-delà avec des modèles désormais qui incorporent l'encre électronique couleur sur une base de tablette Android très complète. L'eInk grand format, l'environnement Android et la couleur en plus? Possible? Aujourd'hui je vous propose de découvrir avec moi l'Onyx Boox Note Air 3 C, une nouvelle tablette blocs-notes qui est sortie il y a maintenant plusieurs mois à l'international et qui fait l'objet d'une récente diffusion depuis le début de l'été en France. Onyx est une marque chinoise bien connue à l'international, solidement établie depuis de nombreuses années dans le domaine des liseuses eInk. Elles tournaient déjà dans l'environnement Android, le pas vers la couleur a été tout naturel.

L'Onyx Boox Note Air 3 C est vendu dans un coffret contenant la tablette/liseuse et le stylet. Un prix de 549,99€ au minimum sur les plateformes bien connues. Attention, la couverture n'est pas incluse (rajouter une cinquantaine d'euros en plus), hormis si vous la commandez directement sur le site du constructeur Onyx qui dispose d'une plateforme logistique en Allemagne, au prix de 499,99$, vous gagnerez la couverture.

Avec ce niveau de prix, au niveau de tablettes Android premium ou même d'ordinateurs portables d'entrée de gamme, ces modèles de blocs-notes numériques en papier électronique EInk sont bien sûr destinés pour une clientèle avec une utilisation professionnelle ou semi-professionnelle. Des prix élevés donc, mais justifiés semble-t-il par le format, le stylet, désormais la couleur et l'expérience globale dans son ensemble.

C'est parti pour un test complet de cet Onyx Boox Note Air 3 : 

Prise en main: un packaging très réussi, un beau coffret réalisé avec beaucoup de soin, on appréciera vraiment pour un cadeau par exemple; à l'intérieur la tablette/bloc-notes, le stylet, le traditionnel câble usb pour recharger, standard désormais classique avec un mode d'emploi. Cinq mines supplémentaires pour le stylet sont fournies aussi (quand vous achetez sur le site). Il manquerait peut-être le petit adaptateur secteur, mais bon il nous en passe déjà pas mal entre les mains, vous en aurez sans doute un déjà chez vous.

Première sensation, cet Onyx Boox Note Air 3 est vraiment très réussi. Le design avec le bord large pour la prise en main à gauche, le logo discret en haut à droite, le petit liseré rouge qui court au dos, très classe. La dalle qui couvre toute la partie supérieure, l'aluminium brossé au dos très agréable sans traces de doigts (aucune partie en plastique cheap), c'est vraiment du top. Extrême finesse (5,8mm) avec sur la balance un poids de 430g. La couverture est bien sûr indispensable pour ce type d'appareil qui va être utilisé beaucoup en mobilité avec le stylet.  La couverture magnétique est très réussie aussi. Son revêtement est très agréable, légère, elle se révèle très pratique au quotidien et ne vient pas gréver le poids de l'ensemble avec le stylet qui s'attache magnétiquement au bord. J'ai rarement eu une aussi agréable sensation avec un ensemble tablette/stylet/couverture lors de toute mon utilisation sur une quinzaine de jours chez moi et en mobilité. En général on a toujours la sensation d'une couverture "harnachée" dont on se passerait bien, ce n'est pas le cas ici, elle se fait oublier. Sur les bords, juste l'allumage en haut à droite, sur le coté gauche l'emplacement usb et la sortie haut-parleur, rien d'autre. Minimaliste, pourquoi faire plus. Bref, un ensemble qui respire la qualité, sans faute.

Allumage maintenant, avec un écran 10,3 pouces en eInk couleur de dernière génération Kaleido3. Noir et blanc à 300PPI et couleur à 150PPI. Ce format, équivalent au A5 papier, c'est à dire la moitié du format A4, est le minimum requis pour les documents en tout genre, les BD, les mangas, les livres pratiques et les documents PDF en tout genre. Le bon compromis confort de lecture/mobilité. Avec le recul d'usage des années maintenant, un format en dessous en récupérant des PDF en A4, vous pouvez oublier du côté du confort de lecture, il ne faut pas se raconter d'histoire.

Coté processeur, la tablette affiche 2.4Ghz Octa-Core CPU (huit cœurs), 4GB de mémoire. De quoi apporter de la rapidité notamment pour des fichiers lourds. Coté stockage 64 Go, suffisant pour ce que j'ai pu tester pendant ces quelques semaines mais peut-être un peu juste pour des professionnels particulièrement gourmands (à signaler un modèle pro avec des performances accrues existe aussi sur le site). L'étanchéité est présent sur ce modèle.

Couleur: c'est bien sûr le grand intérêt de ce bloc-note, celui d'ouvrir désormais vers la couleur avec le meilleur standard actuel, Kaleido 3 chez EInk. J'avoue que j'ai été très agréablement surpris. Bien sûr, la technologie couleur se traduit encore par un fond d'écran très gris. Je connais bien ce problème, il me replonge dans les début de l'eInk. Ce n'est toutefois pas un repoussoir, il faut absolument utiliser l'éclairage intégré pour un rendu agréable, comme vous le faites déjà peut-être très régulièrement avec de l'Eink noir et blanc. Celui-ci a bien sûr une influence sur l'autonomie de la batterie.

Personnellement j'ai mis l'éclairage intégré à 100% de sa puissance en le nuançant avec une lumière orangée à 30%, un bon compromis je trouve. Coté définition, de manière intelligente, Onyx propose plusieurs modes suivant votre utilisation: HD, équilibré, rapide et ultrarapide et regal. Entre lecture de documents et utilisation web/application, là aussi vous trouverez des compromis à faire. D'une utilisation de plusieurs semaines pour de l'encre électronique noir et blanc, vous tomberez à deux ou trois jours pour de la lecture au fil de l'eau, voire même une grosse journée disons, si vous surfez allègrement sur le web à haute dose, qui plus est avec des vidéos. Très impressionné aussi par la rapidité des pages et du rafraichissement, qui plus est pour les vidéos, sincèrement je ne pensais pas obtenir un si bon niveau. L'encre électronique couleur a de beaux jours!

Ne vous attendez pas à avoir des couleurs éclatantes, ce n'est absolument pas le rendu de tablettes Android classiques. Adieu les écrans haute-définition et les papiers couchés brillants qui vous en donnent plein les mirettes. Mais pourquoi pas finalement. Sans être trop ternes, le rendu est très correct, les couleurs sont en demi-teintes, et pourquoi pas? C'est un peu comme si vous regardiez le web et vos documents couleurs sur un papier recyclé. As-t'on finalement besoin de couleurs intenses quand on souhaite privilégier un confort de lecture et de consultation prolongé, qui vient reposer nos yeux (donc nos cerveaux) des écrans classiques qui nous entourent? Et cela y compris pour des vidéos/présentations qui ne présentent aucun intérêt particulier concernant l'image. Un usage "raisonné" finalement, que vous appréhenderez avec douceur dans votre quotidien.

Ne vous fier pas trop aux différents comparatifs avec de l'encre électronique noir et blanc. En effet, vous n'avez pas constamment en vue celui-ci. Vos yeux et votre cerveau s'adapte parfaitement au fil des pages à cet usage raisonné, sans aucune frustration particulière.

J'avais un peu peur aussi concernant la définition des caractères, un peu moins bon que pour les liseuses eInk récentes. En mode HD, on a le noir et blanc en 300PPI. Là aussi avec le contraste un peu en deçà, c'est tout à fait acceptable à l'usage; il vous suffira aussi d'utiliser des polices un peu plus grasses, qui vous apporteront un bon contraste.

Stylet: un focus particulier sur la qualité du stylet, il est vraiment excellent, tant dans la prise en main que dans l'ergonomie d'utilisation. Sur la surface de la dalle, on a réellement l'impression d'écrire sur du papier. La variété des réglages possibles dans l'épaisseur, le recours au Bluetooth, la réactivité est vraiment au rendez-vous. Je n'annote jamais mes livres, j'utilise peu les blocs-notes et les carnets au quotidien mais je veux témoigner que l'expérience d'écriture est très satisfaisante pour un néophyte basique comme moi.

Navigation: Onyx propose donc un environnement Android. L'utilisation de cette tablette est strictement la même qu'une tablette Android traditionnelle. Nous sommes tous au fait désormais à travers nos smartphones au quotidien. C'est le grand plus d'un modèle comme celui-ci, qui est très ouvert dans cet environnement. Là où des acteurs enferment complètement leurs modèles (comme RemarKable par exemple) ou d'autres qui ouvrent avec des restrictions d'usage, là tout est ouvert dans les accès aux applications et leurs utilisations. J'ai téléchargé mes applications favorites, lecture, flux rss, boîtes mails, clouds perso depuis le PlayStore, sans aucun problème. A signaler un petit témoin présent en bas à droite de l'écran qui ouvre potentiellement sur un menu de navigation, très pratique à l'usage.

Pas de boutique de livres numériques embarquée, il vous faudra rejoindre les applications des vendeurs habituels pour vos achats et les accès.

Multitude de formats acceptés, la liste serait trop longue. Pour le format PDF, rien à redire. Changement de pages rapides même quand les fichiers sont lourds. Le pinch and zoom est très bon. Annotations, croquis que l'on peut intégrer et conserver, bien complet.

Pour l'ePub, c'est excellent aussi. Plein de réglages possibles pour affiner la présentation des pages. Je me suis bien sûr empresser de télécharger mes polices de lecture favorites, comme d'habitude. J'ai juste créé un petit dossier "Fonts", simple au possible. Il retrouve automatiquement les polices aussi bien dans le lecteur intégré que dans les applications de lecture.

Coté des clouds de stockage même chose, un stockage BooxDrop est proposé. Mais si vous avez sans doute des bibliothèques stockées, Dropbox, PCloud comme moi, vous les retrouverez bien vite sans sourciller.

Un mot sur Android 12 qui n'est pas le dernier standard malheureusement. Suffisant sans doute pour une très grande majorité d'utilisations, espérons que les mises à jour suivront au fur et à mesure.

Audio: bonne surprise également, j'ai trouvé l'audio de qualité malgré cette toute petite sortie. Vous pourrez écouter musique et livres audio comme sur une tablette traditionnelle.

Verdict: En conclusion de ce test, un sentiment très favorable pour cet Onyx Boox Note Air 3. Un modèle très complet et ouvert qui, une fois que l'on aura pris son parti de l'affichage doux des images couleurs, se révèlera  intéressant en mobilité (mais pas que) pour des gros lecteurs de contenus, au sens le plus large possible. Un prix élevé bien sûr qui va décourager beaucoup d'entre vous pour des usages qui ne seront pas professionnels ou semi-professionnels. Mais à y regarder d'un peu plus près, il peut aussi tout à fait s'envisager dans un usage privé ou familial pour des gros lecteurs qui souhaitent peu à peu s'émanciper de leurs smartphones ou de leurs tablettes/ordinateurs pour lire de manière confortable autant à domicile que bien sûr en mobilité. Se poser la question de ses usages de lecture, qui plus est dans le cas d'un remplacement liseuse/tablette ou liseuse/ordinateur portable d'appoint que vous utilisez peu finalement, seulement pour la lecture de documents. Ces premiers modèles en Kaleido 3 confirment en tout cas que l'encre électronique couleur a un sens et qu'elle est promise à un bel avenir.

Les plus:

  • finesse, légèreté, design très réussi
  • qualité de la couverture et embarquement du stylet associé
  • matériaux et alu de qualité, finition absolument parfaite
  • qualité du stylet, très bonne ergonomie
  • couverture intégrée si vous commandez sur le site de la marque
  • bel écran eInk 10,3 pouces couleur Kaleido 3, bon rendu des couleurs
  • large mémoire embarquée de 64Go, rapidité du processeur
  • bonne gestion de l'économie de la batterie
  • possibilités Bluetooth étendues avec la gestion de périphériques associés
  • bonne ergonomie et navigation, qualité du tactile
  • expérience d'écriture très satisfaisante
  • musique, livres audio, un excellent text-to-speech
  • environnement Android 12 sans restriction
  • très grande ouverture, applications et nombre des formats supportés
  • bon rapport qualité/prix si l'on considère le matériel, l'environnement Android et les possibilités étendues d'utilisation

Les moins:

  • fabricant de marque chinoise, interrogation habituelle sur le suivi de l'après-vente, la gouvernance et l'utilisation des données.
  • pas de boutique de livres numériques embarquée
  • familiarité avec l'univers des applications est un peu nécessaire, à prendre en compte pour les amateurs de liseuses qui devront reconsidérer leurs usages
  • prix élevé pour une utilisation qui ne serait pas professionnelle ou semi-professionnelle

Joint quelques photos pour vous rendre compte:

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Je remercie Onyx France pour ce modèle envoyé en test.

Merci d'avance pour vos commentaires. Comme d'habitude, vous pourrez retrouver l'ensemble de mes tests ici, ainsi que sur la page Pinterest. Il s'agit de mon 59ème test de liseuses sur le blog, merci pour votre fidélité à me lire.

Mon domaine d'expertise est la lecture numérique, si vous souhaitez allez au-delà pour vous rendre compte de fonctionnalités professionnelles, je vous conseille cette vidéo très complète de Guillaume Lefebvre. Bravo à lui.

 


Littérature : quels formats en 2023 ?

LogoUne comparaison qui n'est jamais donnée dans les synthèses chaque année, celle de la répartition des formats dans le secteur de la littérature générale.

J'ai récupéré les différents chiffres fournis hier par le Syndicat National de l'Edition pour construire le diagramme suivant:

Calitterature

On pensait il y a quelques années que c'est le format poche qui souffrirait de la concurrence du format numérique. A contrario, celui-ci résiste bien, il progresse même. Inflation, pouvoir d'achat mais aussi la politique des prix poursuivie par les éditeurs, de maintenir artificiellement le prix du format poche en deçà du prix du format numérique (ou égal pour très peu d'entre eux) aura profité à celui-ci. On rappellera aussi que le format audio n'existe pas dans les données du SNE.

C'est le grand format qui est grignoté chaque année par le format numérique, celui-ci représente désormais à peine plus d'un quart du marché.

Le poche règne en maître, toujours plus, propulsé qu'il est par les grands groupes, avec une assiette de rémunération réduite pour les auteurs, faut-il le rappeler. On comprend aussi bien mieux l'importance du format poche dans les librairies. Que restera-t-il du grand format en librairie dans 10 ans, avec une accélération conjointe de l'impression à la demande qui sera invisible sur les tables et les étagères?


Le format numérique : 10,1% du chiffre de l'édition 2023

ChiffresFin juin, c'est toujours le moment attendu de la publication des chiffres annuels du secteur, donnés par le Syndicat National de l'Edition. C'est fait aujourd'hui (voir ici).

En 2023, le marché de l'édition numérique, tous supports et toutes catégories éditoriales confondues, a généré un chiffre d'affaire de 283M€, en légère baisse de 0,77% par rapport à 2022. Cette tendance est principalement portée par l'édition professionnelle et universitaire (plus fort segment en poids) dont le CA est en baisse de 4,6%, notamment en raison de la décision prise par certaines organisations publiques ou internationales de basculer leurs publications en open data. Le format numérique représente 10,1% du chiffres d'affaires total des ventes de livres des éditeurs (2.796,3 M€).

Le segment littérature progresse particulièrement, +14,5% par rapport à 2022.

Dans cette même synthèse, on apprend que le format poche représente 15,2% du marché.

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A signaler que le livre audio n'est pas "audible" pour l'instant. Il n'est pas comptabilisé dans les chiffres du secteur. Un marché qui est pourtant en forte progression depuis quelques années, espérons qu'ils le seront l'année prochaine.

La synthèse complète est sur le site du SNE, je la met comme d'habitude pour archive

Téléchargement RS24_Synthese_Web_Mat_WEB-DEF


Bookys : une méfiance absolue

BookysPlusieurs signalements d'amateurs de livres numériques autour de moi, qui mettent en garde à propos d'un site Bookys que vous utilisez peut-être pour télécharger des livres numériques de manière illégale. Celui-ci est en effet infesté d'un URL Scam. "Acquérir le virus URL:Scam signifie obtenir une entité malveillante capable de fonctionner en tant que logiciel espion, voleur, téléchargeur et porte dérobée. Observer cette détection nécessite une suppression immédiate." J'ai trouvé des explications en surfant sur le web. Voilà, vigilence, vigilence pour vous protéger...

Source: https://fr.howtofix.guide/url-scam/


Centenaire de Franz Kafka : l'offre au format numérique

Kafka_felice_bauer_coupleUn été avec Franz Kafka. Centenaire de la mort de Franz Kafka cette semaine. Difficile de ne pas le savoir tant les publications et les documentaires fleurissent ici et là. Retenir d'abord le troisième et dernier volume de la monumentale biographie de Reiner Stach publié au Cherche-Midi.

Il y a un an, je faisais un bilan de l'offre au format numérique (revoir ici) en observant la difficulté d'accéder à des compilations plus ou moins complètes et aux traductions les plus récentes.

L'étau s'est évidemment desserré avec ce centenaire puisque Gallimard profite de l'occasion pour passer les nouvelles traductions parues dans la Pléiade il y a quelques années, dans des versions Folio, le format numérique suit. Flammarion profite de l'occasion également pour refaire les couvertures de ses poches. Le Journal était déjà proposé l'année dernière dans une nouvelle traduction toujours chez Folio.

En revanche c'est du coté des lettres de Franz Kafka que le vide est toujours là. Si les Lettres à Milena sont présentes avec la traduction d'Alexandre Vialatte dans la collection L'Imaginaire (dans la version imprimée et audio uniquement), les Lettres à Felice dans la traduction de Marthe Robert en deux volumes restent complètement indisponibles tant en imprimé qu'en numérique. Quand on sait l'importance de cette correspondance, ce n'est guère à l'honneur de notre pays. Même difficulté pour les Lettres à Max Brod (Rivages) et à Ottla et à la famille (Gallimard), indisponibles elles-aussi au format numérique. Dire à nouveau combien il est regrettable de ne pas disposer aujourd'hui de versions numériques de ces anciennes traductions d'Alexandre Vialatte, de Marthe Robert et d'autres, qui ne seront jamais rééditées. C'est un comble quand même en cette année Kafka de devoir avoir recours soit à l'offre illégale, soit au marché de l'occasion (souvent à prix élevé) pour y accéder.

PS: Suite à ce billet et l'échange discret avec une équipe, je vous confirme que les Lettres à Felice seront disponibles cet été. Un peu de patience encore...


L'Odyssée d'Homère avec une intelligence artificielle

OdysséePour accompagner la compilation des différentes traductions du chant IX de L'Odyssée d'Homère (revoir mon billet ici), j'ai pensé intéressant de réaliser une traduction avec une intelligence artificielle. En juin 2018, j'écrivais en plein chantier de numérisation et de relecture : "En attendant peut-être, qui sait, des traductions réalisées grâce à l'intelligence artificielle vers 2050?" Accélération de l'histoire, je n'aurais jamais pensé en 2024 pouvoir tester un modèle crédible de traduction, qui plus est ouvert au grand public.

Quelques remarques méthodologiques d'abord sur ma démarche:

  • Je suis parti du texte en grec ancien récupéré sur le web sur le site Remacle.
  • Pour le choix de l'intelligence artificielle, j'ai évidemment d'abord essayé Chat-Gpt et DeepL sans être trop convaincu. Pour une traduction d'un texte classique, il m'a semblé qu'une intelligence conversationnelle classique ou qu'un modèle de traduction qui travaille sur des textes contemporains ne convenait pas forcément. Plus intéressant de s'appuyer sur la plus vaste compilation de textes possible? La récente mise en ligne par Google de son modèle Gemini mis à jour, m'a conforté dans l'idée de l'utiliser.
  • Pour les 565 et quelques vers du chant IX, j'ai procédé par paquets de 30 vers. J'ai utilisé le modèle gratuit et non pas le modèle Gemini Advanced. C'est Gemini qui m'a proposé d'emblée une version en vers libre, plutôt qu'en prose, j'ai décidé de continuer sur cette voie.
  • J'ai procédé tous les jours à quelques essais. J'ai vite compris que plutôt de le faire en plusieurs fois avec des résultats très éparpillés, il était plus intéressant de le guider au départ et de faire l'ensemble du chant. C'est la méthode que j'ai suivi avec les éléments de conversations suivants : - "Bonjour. Merci de me traduire en français le texte suivant. Attention de bien respecter la composition en vers libre". - "Je pense que tu peux mieux faire", etc. - "C'est parfait. Continue de la même façon sur le texte suivant."
  • Je suis arrivé à un texte complet que j'ai relu et très légèrement corrigé.

J'avoue que je suis absolument bluffé du résultat, je ne m'y attendais pas. Je ne suis pas un spécialiste du grec ancien et je ne peux pas juger de la précision de la traduction par rapport au texte original. En revanche, après m'être penché sur 24 traductions au fil des années, je peux juger sur la qualité d'ensemble de celle-ci. Il y a quelques approximations mais elles sont vraiment à la marge. S'il s'agit d'une traduction "moyenne" sans parti-pris, sans éclat littéraire particulier pourrait-on dire, elle est tout de même réussie. J'ai été notamment surpris par sa fluidité, à aucun moment on a la sensation de blocs collés. C'est très déstabilisant de se retrouver face à un tel texte, je dois dire, surtout de savoir que c'est un premier jet qui demanderait sans doute une méthodologie plus précise.

Plutôt que de traduire mécaniquement en partant de rien, Gemini s'appuie sur un corpus immense de mots, d'expressions qu'il a repéré, qu'il a réagencé de manière propre. Il a bien entendu repéré l'origine du texte. Il propose d'ailleurs constamment en fin de sa propre traduction des remarques, à la fois sur la progression de l'intrigue mais aussi sur ses propres choix. Une sorte de jeu s'instaure. Tout à fait comme un animal que l'on doit flatter pour l'aider à progresser.

On retrouve dans le texte des expressions classiques que l'on connaît bien "Aurore aux doigts de rose" bien sûr, mais aussi bien d'autres qu'un lecteur familier d'Homère retrouvera. J'avoue que j'aimerais avoir l'avis de spécialistes du texte sur le résultat.

Voici le début du Chant IX de L'Odyssée d'Homère par Gemini.Google. Le texte complet est joint à ma compilation complète (Quelle traduction choisir?) des 24 traductions "humaines" réalisées entre 1619 et 2022. Vous jugerez, ravi d'avoir vos retours.

Ulysse s'adresse à Alcinoos et aux Phéaciens :
"Alcinoos, noble chef d'un peuple illustre,
Il est certes agréable d'entendre un aède chanter ainsi,
Tel qu'il est là, à la voix semblable aux dieux.
Pour moi, je ne crois pas qu'il y ait rien de plus charmant
Que lorsque la joie règne dans tout le peuple,
Et que les convives, assis dans la salle du banquet,
Écoutent l'aède, rangés par files, tandis que les tables
Sont pleines de pain et de viande, et que l'échanson,
Puisant le vin dans le cratère, le porte et le verse dans les coupes.
Voilà ce qui me paraît être la plus belle chose dans mon cœur.
Mais toi, mon esprit s'est tourné vers mes peines amères
Pour que je les raconte et que je gémisse et pleure encore plus.
Que te dire d'abord, que te dire en dernier ?
Les dieux de l'Olympe m'ont donné tant de souffrances !
Mais maintenant, je vais d'abord te dire mon nom,
Afin que tu me connaisses et que tu saches,
Après avoir échappé à la mort cruelle,
Que je suis ton hôte, bien que j'habite loin d'ici.
Je suis Ulysse, fils de Laërte, celui dont les ruses
Sont connues de tous les hommes,
Et dont la gloire a atteint le ciel.
J'habite l'île d'Ithaque, belle et fertile,
Et sur elle se trouve la montagne
Nérite aux feuilles de chêne, haute et belle.
Autour d'elle, de nombreuses îles sont habitées,
Toutes très proches les unes des autres :
Doulichion, Samé et Zacynthe boisée.
Elle-même, basse et allongée, gît dans la mer vers le couchant,
Tandis que les autres sont vers l'aurore et le soleil,
Rugueuses, mais bonnes pour nourrir les hommes.
Je ne peux pas voir de terre plus douce que celle-là.
La divine Calypso m'a retenu, dans ses grottes
Aux parois lisses, désirant faire de moi son époux.
De même, Circé, la magicienne d'Aiaié,
M'a retenu dans son palais, désirant faire de moi son époux.
Mais jamais mon cœur dans ma poitrine n'a consenti à cela.
Ainsi, rien n'est plus doux que sa patrie et ses parents,
Même si quelqu'un, loin de chez lui, habite une riche demeure
Dans un pays étranger, loin de ses parents.
Mais viens, je vais te raconter mon retour si pénible,
Que Zeus m'a infligé en quittant Troie.


Google élargit son indexation aux fichiers EPUB

EpubUne information intéressante qui vient de passer aujourd'hui. Google a ajouté en fin de semaine dernière les fichiers Electronic Publication (connus sous le format .epub) à la liste des types de fichiers qu'il peut indexer et que les utilisateurs peuvent directement trouver en faisant une requête.

Une visibilité accrue pour les éditeurs mais aussi pour tout ceux qui diffusent des contenus dans ce format libre et particulièrement adapté pour tous les supports. Cela conjugué avec les progrès à venir de l'intelligence artificielle dans la recherche de documents. Vive l'ePub. Une pierre du côté d'Amazon et de son propre format propriétaire. Tous les détails sur l'excellent Abondance.


L'Odyssée d'Homère : quelle traduction choisir ?

CoverSi vous me lisez régulièrement, vous connaissez sans doute ma passion pour Homère et plus particulièrement L'Odyssée. Il y a quelques années j'avais mené à bien le projet de numériser l'ensemble des traductions (revoir ici). Régulièrement on me demande autour de moi laquelle choisir. Choix difficile tant j'en aime beaucoup. Le format numérique permet plein de propositions. Plutôt que de donner un avis très subjectif, il m'est venu l'idée de proposer une version compilée d'un chant entier pour choisir au mieux sur une centaine de pages; un intéressant voyage de quatre siècles dans le monde de la traduction sur un texte aussi emblématique.

Je sais très bien que vous vous orienterez de préférence vers les traductions les plus récentes. Afin de faciliter la lecture, j'ai retenu les traductions des XXème et XXIème siècle, huit au total, qui s'échelonnent entre 1924 (celle de Victor Bérard) et la dernière en 2022 (celle de Philippe Brunet). Quatre en prose, quatre en vers, un compte rond.

Maintenant, quel chant choisir parmi les 24 de L'Odyssée? Après mûre réflexion, j'ai choisi le chant IX, un chant charnière dans l'œuvre, à la fois celui de la révélation de son identité par le héros, ("Je suis Ulysse, fils de Laerte"), à Alcinoos, roi des Phéaciens, mais aussi le chant dans lequel s'inscrit le début de son récit du retour de Troie avec l'épisode du Cyclope, qui reste bien sûr le plus célèbre de l'épopée d'Ulysse.

Je vous enverrais le fichier au format ePub sur demande; les dernières versions sont sous droits, je prend le risque de le diffuser. Vous vous orienterez peut-être ensuite vers les traductions des éditeurs quand elles sont disponibles pour lire l'œuvre en entier. Bonne lecture en compagnie d'Homère...

PS: Finalement, les traductions modernes publiées entre 1924 et 2022 ont été placé en début. Les plus anciennes (1619 à 1897) viennent ensuite en annexes. 24 traductions au total, si vous voulez vous prendre au jeu d'en découvrir d'autres. J'ai aussi ajouté une traduction réalisée avec une intelligence artificielle dont je détaille la réalisation ici.


Eugène Dabit : son œuvre complète

DabitPierre finale à la publication de l'œuvre complète d'Eugène Dabit (1898-1936) à la Bibliothèque Numérique Romande. Avec "Les Maîtres de la peinture espagnole" aujourd'hui, ce sont près d'une quinzaine de titres qui ont été soigneusement numérisés, relus et préparés depuis plus d'un an (revoir ici). Ce dernier livre rappelle qu'Eugène Dabit était aussi peintre et critique d'art.

Ravi d'avoir participé à ce projet initié par nos amis suisses, satisfaction de donner à lire au plus grand nombre ce grand écrivain plein d'humanité, disparu trop tôt, que l'on réduit trop souvent à "l'Hôtel du Nord". On ne peut que regretter qu'il soit complètement absent de la bibliothèque numérique de Paris, un comble...


Ebooks gratuits : Jacques Spitz, Henri Calet...

EbooksDes livres numériques gratuits bien faits. C'est aussi le moment de préparer son été de lecture à venir. Belle moisson en ce mois de mai du côté d'Ebooks Gratuits. Herman Hesse, Aldous Huxley, d'autres encore. Je retiens aussi particulièrement Jacques Spitz et Henri Calet, deux auteurs, dans des genres très différents, que j'affectionne depuis longtemps. Plaisir de les relire bientôt.


La librairie d'anciens avec Jean-Marc Dechaud

DechaudVisite à Jean-Marc Dechaud à Crissay-sur-Manse cette semaine. Merveilleux petit village de Touraine entre Chinon et Saint-Maure. L'occasion de retrouver Jean-Marc, un libraire d'anciens qui est désormais le président du syndicat national, le SLAM, depuis quelques années. Plus de 200 membres. Nous avons parlé de la profession de libraires d'anciens. Un sujet que je connais bien (pas que le livre numérique), ma mère était elle-même libraire à Nantes et Tours dans les années 60 à 90. Évoqués beaucoup de souvenirs communs. Je vous réserve d'autres billets, je n'ai pas délaissé pour autant les vieux livres.

Merveilleuse librairie aussi, dans une vieille bâtisse du moyen-âge. Bonheur de fouiner dans les rayonnages au milieu de ces livres qui ont subi la patine du temps. Vélins, veaux, maroquins, chagrins, basanes, bradels, des mots qui diront à certains. Si, d'après lui, il y aurait environ 1500 bouquinistes en France aujourd'hui, ce que l'on pourrait qualifier de vrais libraires d'anciens, représenterait environ 800 libraires. Les chiffres restent relativement stables.

Le web a évidemment révolutionné la profession en une trentaine d'années. Là où il fallait de nombreuses années de patientes recherches pour les bibliophiles pour constituer une bibliothèque sur un sujet très précis, en quelques clics aujourd'hui (surtout avec les alertes), ils trouveront le livre désiré à l'autre bout de la France. La conséquence, la concurrence, avec des prix à la baisse, puisqu'un bibliophile aura souvent plusieurs choix possibles. Le phénomène Momox, là aussi.

Malgré cela, permanence des catalogues soigneusement préparés, bonheur de les recevoir, de les feuilleter. La sérendipité toujours... Son propre site web fleure bon le web 1.0, un régal. Il est aussi sur Abebooks (filiale d'Amazon) qui prend au passage une généreuse commission et LivreRareBook sans commission.

Jean-Marc Dechaud est très occupé en ce moment, à la fois d'une bibliothèque d'un amateur, plus de 50.000 livres, vous lisez bien, (que des bons dit-il, sans "drouille") et de préparer le Salon du Livre Rare qui se déroulera au Carreau du Temple à Paris les 14/16 juin prochain (voir ici). Passez-y, allez voir Jean-Marc, son amour des beaux et bons livres est communicatif.


L'explosion inévitable du livre-audio généré par l'I.A.

Audio40.000 titres. C'est le nombre de livres audio et de podcast créés à l'aide d'intelligence artificielle qu'Amazon a récemment annoncé via sa plate-forme Audible, et cela en quelques mois seulement puisque le service a été lancé en novembre 2023. Les auteurs auto-publiés peuvent facilement produire les versions audio automatiquement. C'est presque deux fois plus de titres qui s'ajoutent à ceux disponibles, l'offre des éditeurs à peine plus de 20.000. L'offre de livres audio qui est très en retard va désormais pouvoir croître de manière exponentielle. C'est une très bonne nouvelle pour rendre la lecture accessible pour les lecteurs empêchés, c'est une priorité, rappelons-le.

Les éditeurs vont certainement vouloir retenir la digue mais ne soyons pas naïfs, cela ne va pas demander beaucoup de temps. Quand on observe l'évolution et la qualité du text-to-speech qui est proposé désormais par certains, il est inévitable que l'offre deviennent gigantesque avec l'I.A. Certainement des accords sont à venir avec l'ensemble des GAFAM, cela doit s'activer en coulisses, soyons en sûr. Les éditeurs vont passer la main sur la fabrication de leurs catalogues, incapable qu'ils sont de suivre, c'est une évidence. Là où ils gardaient pour l'instant le contrôle en amont sur les versions ePub et PDF avec des coûts de production dérisoires, le livre-audio coûte énormément à produire. Le calcul va être très vite fait, il se fera en aval sur les plate-formes avec l'I.A. C'est bien sûr une mauvaise nouvelle pour les acteurs indépendants qui en seront privés.

On va peut-être même reparler d'offre couplée dans quelques mois. Les verrous qui tenaient avec la seule version numérique/texte vont-ils sauter avec l'audio? Je pense aussi à l'offre en streaming. Après, s'ouvrira le champ de la traduction générée par l'I.A. mais c'est une autre histoire...


Les liseuses PocketBook chez CoolBlue

CoolblueVous êtes nombreux à me demander où vous procurer des liseuses de la marque PocketBook en France. Si certains modèles sont disponibles et repris au travers de la marque Vivlio dans les magasins Cultura et autres, c'est très loin d'être le cas pour les autres. En effet, si vous préférez acheter vos livres numériques chez des libraires indépendants de votre choix, vous n'êtes pas forcément intéressé de disposer d'un espace d'achat sur votre liseuse. La marque PocketBook est bannie de France suite à une sombre histoire de procès avec l'éditeur Pocket chez Editis. Donc, pas d'accords de distribution et de ventes sur les livres numériques.

C'est toujours le problème du suivi et de la garantie auprès de revendeurs inconnus. Je ne peux que vous conseiller de regarder du côté de CoolBlue, une société néerlandaise de commerce électronique fondée en 1999 qui opère aux Pays-Bas, en Belgique, en Allemagne et dispose de 16 magasins physiques présents en Belgique et au Pays-Bas; la boutique en ligne propose une très grande quantité de modèles à prix intéressants. Voir par ici. Allez voir par exemple la dernière PocketBook EraColor qui m'a l'air très intéressante. Bien entendu je ne touche rien du tout en vous disant cela, aucune affiliation, voilà voilà..


Fabrication des ePubs : rejoindre des communautés

FabebooksDepuis de nombreuses années je participe à des communautés francophones qui fabriquent des livres numériques/ ebooks. C'est le moyen à la fois de découvrir de nouvelles lectures, d'échanger avec des groupes de passionnés de littérature. Il y a aussi une réelle fierté pour tous et toutes à redonner une visibilité à des auteurs et des textes méconnus, oubliés ou seulement indisponibles chez les éditeurs dans l'offre commerciale. On peut regretter aussi que les bibliothèques francophones ne s'emparent pas ensuite de ces livres numériques de grande qualité, qui n'ont rien à envier à ceux des éditeurs.

Entre numérisation, relecture, correction, publication, je voulais vous signaler un intéressant billet sur le site EbooksGratuits qui détaille le protocole qu'ils appliquent avec un professionnalisme éprouvé sur l'ensemble des livres. C'est par ici. Personnellement je ne passe pas par l'étape word/traitement de texte, tous les livres en ePub montés directement sur SIGIL.

N'hésitez pas à rejoindre des groupes comme EbooksGratuits ou la BNR en Suisse, vous verrez, vous apprendrez beaucoup, c'est absolument passionnant. Petit bonus, si vous dites que vous venez de ma part, je vous partagerais avec joie des livres de ma propre bibliothèque.


Kobo Libra Colour et Clara Colour : vos avis sur la couleur

LibraLes nouvelles Kobo Clara Colour et Libra Colour sont disponibles depuis quelques jours. Vous êtes peut-être quelques-uns à attendre un test de ma part sur ces nouveaux modèles attendus. Désolé, pas de nouvelles de chez Kobo. Je ne fais pas parti du haut du panier comme on dit. Entre influenceurs/influenceuses rémunérées, "dossiers sponsorisés", les priorités sont bien ailleurs que sur mon modeste blog. Les modèles de démonstration distribués, je ferais peut-être partie d'une deuxième vague d'envois dans quelques mois, sur celles qui seront revenues et prendront la poussière sur les étagères. Je vais me faire une idée par moi-même ce week-end à la FNAC, mes premières impressions la semaine prochaine. Par contre je serais ravi d'avoir vos propres opinions, sur vos pratiques de lectures qui peuvent (ou ne pas) être modifié avec cette arrivée de la couleur, on en parle très peu ici et là. Je les relaierais sur le blog dans des billets complets, peut-être en les regroupant par thèmes. Dites-moi ce que vous en pensez, à vous lire...


Kobo Libra Colour et Clara Colour : le rendu des écrans

LibraQuelques jours encore avant la sortie des nouvelles liseuses couleurs chez KOBO, prévue la semaine prochaine. Avant leurs prises en main bientôt, j'ai regardé attentivement les vidéos en avance pour juger de l'écran. Autant que les couleurs qui m'intéressent bien sûr, c'est aussi le rendu du texte sur lequel je suis attentif. Compte tenu de leurs formats, n'oublions pas que ces liseuses sont d'abord essentiellement des machines à lire de la littérature générale. En tant qu'amateurs de liseuses, vous êtes sans doute comme moi sensibles à la question. Les habituels sites geeks, rien de vraiment convaincant sur le sujet, prévisible. Heureusement, une excellente vidéo de comparaison avec les Kobo Libra et Kindle vient d'être publié par Maneetpaul Singh. Bravo, merci à lui.

Des premiers enseignements: l'éclairage intégré est absolument nécessaire pour palier au fond d'écran plus sombre. La définition des caractères, bien que moins bonne que sur les modèles noir et blancs, reste très acceptable je trouve. La pixellisation nécessaire pour le rendu des couleurs ne semble pas grever le confort de lecture, c'est très convaincant je dois dire. Les habituels tests du côté de GoodeReader devraient être mis en ligne dans quelques jours. Tout cela à confirmer bientôt avec les liseuses en main.


Kobo : deux nouvelles liseuses couleur Libra Colour et Clara Colour

Kobo1C'est une très bonne nouvelle en ce printemps. Kobo va proposer en effet le 30 avril prochain deux nouveaux modèles de liseuses, et c'est la grande nouveauté... en couleur.

C'est la première fois en effet qu'un acteur majeur comme Kobo se lance sur cette technologie couleur développée par eInk, preuve s'il en était que celle-ci est désormais mature, pour être proposé à grande échelle sur le marché.

Tout d'abord la Libra Colour. Une liseuse 7 pouces avec un écran E Ink Kaleido™. Les caractéristiques complètes sont les suivantes, dérivée de la Libra noir et blanc.

  • Etanche IPX8
  • Ecran Kaleido 3, 150 PPP pour la couleur et 300 PPP pour le noir et blanc
  • Support du stylet Kobo
  • Eclairage Comfort – Light PRO avec filtre de la lumière bleue
  • Compatible avec les livres audio Kobo via bluetooth
  • Wifi
  • Compatibilité avec les formats : EPUB, EPUB3, PDF, MOBI, JPEG, GIF, PNG, BMP, TIFF, TXT, HTML, RTF, CBZ, CBR
  • 32 Go de stockage

Le prix est de 229,99€. Un prix très intéressant compte tenu du format et des performances. Vous verrez tous les détails sur le site de Kobo.

Autre liseuse proposée, la Kobo Clara avec un écran 6 pouces, toujours en E Ink Kaleido™. Une liseuse plus limitée sans support du stylet, au prix de 159,99€, les détails sont ici.

Kobo sort par la même occasion une nouvelle Clara BW, une liseuse 6 pouces noir et blanc classique, avec un écran de dernière génération toujours chez eInk, en remplacement de l'ancienne Clara.

Ces trois liseuses sont d'ores et déjà en pré-commande sur le site de Kobo ou celui de la Fnac.

Alors, passer à la couleur? le grand démarrage de l'encre électronique couleur en cette année 2024? Réponse bientôt. Si les aspects design et ergonomie sont désormais bien éprouvés, le grand challenge va être aussi de maintenir le niveau de qualité de la lecture du texte en noir. Toujours le principal. J'ai hâte de découvrir comme vous les différents aspects, rendu des couleurs (couleur comme noir et blanc), définition, latence du rafraichissement, etc. J'espère pouvoir vous proposer des tests complets dès que possible, à suivre...


Jean de Boschère : Marthe et l'enragé

BoschereA signaler une belle parution du côté de la Bibliothèque Numérique Romande, celle de "Marthe et l'enragé" de Jean de Boschère. L'occasion de redécouvrir cet auteur décidément bien oublié. Un « paria » des lettres françaises, mort en 1953 (qui vient enfin d'entrer dans le domaine public) et laissant une œuvre multiple (romans, poèmes, essais, journal, peintures, dessins, estampes, sculptures...). Admiré par bon nombre d'écrivains, notamment Antonin Artaud qui préface le livre. Les Éditions de La Différence dans les années 90 avaient publié son œuvre complète en deux volumes, depuis longtemps épuisée. Espérons que d'autres titres suivront à la BNR, notamment l'excellent "Satan l'obscur". C'est par ici.


Reformater mes ePub avant la lecture

BibliothèqueDans le fil de mes derniers billets, celui-ci pour vous faire partager mes pratiques. Les livres numériques que je me procure aussi bien à l'achat qu'en prêt numérique ou sur des bibliothèques gratuites, sont bien souvent mal fait à mon goût. Comment ne pas lire au format numérique sans vouloir optimiser au mieux son propre confort de lecture? Quand vous êtes embarqués pour plusieurs dizaines d'heures de lecture, pas de frustrations à avoir en effet.

Je procède systématiquement toujours au petit rituel suivant, à l'aide des logiciels CALIBRE et SIGIL:

1/ suppression de la DRM quand elle est posé (le marquage/ tatouage ne me gêne pas, je le laisse quand l'éditeur a joué le jeu, respect de son lecteur, merci à eux).

2/ reformatage rapide de l'ePub avec CALIBRE. Outre le fait bien souvent de le dégrossir, vous pouvez aussi modifier vos paramètres de sortie. Personnellement il est réglé depuis des années sur "Nook" en sortie (je n'avais pas revérifié depuis des années), cela me convient très bien sur toutes les liseuses que j'utilise au quotidien. Récupérer ensuite le fichier et le renommer pour le classement dans ma bibliothèque, Nom et prénom de l'auteur, Titre du livre.

3/ ensuite ouverture sur SIGIL :

  • reformatage de la couverture pour une bonne présentation à l'écran.
  • replacer la présentation (4ème de couverture) après la couverture. Elle est souvent en fin de fichier ce qui est un non-sens absolu, certains éditeurs lisent-ils seulement leurs livres numériques?
  • suppression de tous les logos toxiques, "Facebook et autres" qui ne font que surcharger les fichiers et ma bibliothèque, pas de cela chez moi.
  • suppression des polices de caractères embarquées. Elles ne font elles-aussi que surcharger inutilement la taille des fichiers, elles sont souvent médiocres d'ailleurs. Je préfère utiliser les polices qui se trouvent sur mes liseuses, elles sont faites pour cela.
  • rectifier les lignes de blanc supplémentaires entre les paragraphes quand elles existent. Elles sont typographiquement erronés à la lecture.
  • rectifier les alinéas. Ils sont souvent trop petits à mon goût pour une bonne lisibilité. Je les rectifie avec un espace à 1.5em.
  • rectifier les tirets de dialogues, souvent trop petits, je les remplace par des tirets longs.
  • un petit coup d'œil sur les métadonnées, l'occasion de voir toujours l'indigence de certains éditeurs en la matière. En 2024, franchement...

Voilà, tout cela ne me demande que quelques minutes (pas grand chose par rapport aux heures de lectures à venir); le fichier ePub est prêt pour entrer dans mes liseuses et dans ma bibliothèque hébergée sur mon cloud perso et en disposer ensuite sur smartphone et tablette via les applications. Rappelons que CALIBRE et SIGIL sont des logiciels gratuits, ils vont permettront de gérer au mieux vos livres numériques sur tous vos matériels de lecture.

Merci d'avance pour vos commentaires, ravi d'échanger sur vos propres pratiques.


Comment ranger sa bibliothèque de livres numériques ?

BiblioIl y a quelques mois, je remballais et déballais ma bibliothèque de livres imprimés; l'occasion de faire du ménage aussi, des livres dont on se sépare, beaucoup d'ailleurs qui vieillissent bien mal, le papier jauni. Comme d'habitude la question se pose, comment les ranger, modifier le classement, lesquels garder, relire, etc. Quand vous en avez peut-être plusieurs milliers comme moi, c'est souvent un vrai casse-tête suivant vos pièces, vos bibliothèques, vos étagères.

Plus les années passent, plus je me rends compte que je suis moins sensible à un quelconque classement. Je me limite à trois grandes classifications, "littérature française", "littérature étrangère" et "histoire du livre" qui est proche de mes intérêts. Pour le reste, je laisse faire la sérendipité et c'est bien comme cela. Les livres illustrés et beaux-livres sont dans un autre coin à part.

En revanche ma bibliothèque de livres numériques est resté la même depuis des années. Quel rangement? C'est l'aspect pratique que j'ai utilisé pour le classement. Des dossiers "éditeurs", puis alphabétique nom de l'auteur à l'intérieur, rien de plus simple. Facile à retrouver, le moteur pour chercher des livres qui seraient chez des éditeurs différents. J'ai toujours privilégié ces dossiers "éditeurs". Un classement que je n'utiliserais pas pour un classement physique mais que je trouve pratique dans l'univers numérique avec un moteur intégré en plus. Je n'aurais pas cette "proximité" avec les éditeurs, j'utiliserais certainement des dossiers thématiques.

L'ensemble sur un cloud perso, en l'occurrence pCloud de l'autre côté des Alpes, en Suisse, que je trouve très efficace aussi bien depuis l'ordinateur que le smartphone, pour envoyer sur mon application favorite PocketBook, pour le peu (vraiment très peu) que je lis dessus. Bien évidemment, toutes les DRM sont dégagés, aucune ne rentre chez moi, question de principe. Les marquages/tatouages restent, ils ne me dérangent pas, même quand je partage avec des proches, la confiance est là. Je supprime aussi systématiquement avec l'indispensable SIGIL (un outil libre) toutes les polices embarquées dans mes livres. Elles n'ont strictement aucun intérêt et ne font que surcharger la taille des fichiers. En plus, je procède à une sauvegarde sur un disque dur externe une fois par an, je pourrais le faire sur une clé USB assez copieuse.

Si j'utilise l'excellent logiciel Calibre (un outil libre de plus) pour convertir ou diminuer la taille de mes fichiers de temps en temps, je ne l'utilise pas pour gérer ma bibliothèque. Je n'y ai jamais vu un grand intérêt; la gestion avec mes différentes liseuses je la fais avec le petit câble USB, par pCloud sur l'ordinateur. Si vous êtes intéressé par Calibre, je vous conseille le très complet tutoriel préparé par Nicolas il y a quelques mois, c'est par ici.

Curieux de savoir comment vous gérer votre propre bibliothèque numérique, n'hésitez-pas à m'envoyer vos commentaires.


Démarrer une bibliothèque de livres numériques

EbooksUne bonne idée pour démarrer la constitution d'une bibliothèque numérique? Les classiques de la littérature sont bien sûr un bon socle. Vous pouvez évidemment télécharger un par un des fichiers qui vous intéressent au hasard de vos recherches. Mais vous pouvez aussi aller bien plus rapidement, en téléchargeant en masse une grande quantité de fichiers à la fois, à l'aide de torrents quand le site le permet. Il vous suffira ensuite de supprimer rapidement ceux qui ne vous intéresse pas.

C'est le cas pour des lecteurs qui partent en voyage pour longtemps, dans certaines destinations lointaines où ils ne vont pas forcément trouver de connexions. J'ai plusieurs fois croisé ces demandes, partir avec une liseuse et une copieuse bibliothèque embarquée.

L'excellent site eBooksGratuits permet cette option. Bravo à eux. Tous les détails sont ici.

PS: à signaler que vous pouvez faire la même chose du côté de la Bibliothèque Numérique Rommande, c'est par ici.


André Lavacourt : Les Français de la décadence

DecadenceLa situation des livres indisponibles numérisés du XXème siècle est toujours en question. Hélas, toujours beaucoup de frustration de ne pouvoir disposer que d'une seule version PDF; certes qu'une version numérique existe en soit, c'est déjà une bonne chose, mais pourquoi n'être pas allé plus loin dans le processus de numérisation vers une version ePub du côté de chez Fenixx?

C'est une nouvelle fois la question qui se pose pour le livre d'André Lavacourt "Les Français de la décadence" que Juan Asensio sur le blog Stalker a remis en lumière (presque exhumé), à la fin de l'année dernière (voir ici). Un livre publié chez Gallimard en 1960, qui avait eu à l'époque les faveurs entre autres de Raymond Queneau, Roger Nimier, Michel Déon et complètement oublié aujourd'hui.

Je ne résiste pas au plaisir de vous joindre ce commentaire très drôle sur Amazon qui traduit parfaitement la question :

"FeniXX est une bonne œuvre qui numérise les livres disparus du marché et qui mériteraient de nouveaux lecteurs, et vend l'e-book à un prix raisonnable. (...) Les textes donnent un livre de texte qui rentre dans toutes les machines Kindle, et les images un livre d'images qui ne rentre que dans les tablettes en couleurs, c'est logique. Mais cette fois les 600 pages d'un roman Gallimard deviennent 600 images, qui ne rentrent pas dans mon Kindle Oasis, c'est la première fois que je serai obligé de lire un roman sur ma tablette Androïd. Peut-être le bas de plafond qui a dirigé ce travail a jugé que les taches et les plis de l'original papier méritaient d'être contemplés par le lecteur d'aujourd'hui, comme si c'étaient des photos de David Hamilton. C'est 250 fois plus encombrant que le texte et ça n'apporte rien. A l'intention de FeniXX : l'outil qui permettrait de faire comme il faut s'appelle OCR."

Bien sûr, la spéculation comme d'habitude joue pleinement sur les plate-formes de livres d'occasion, il ne faudra pas trop y compter. Des sommes élevées et des livres dans un état dégradé. Alors, quelle solution pour le lire?

Comme le web a souvent horreur du vide, une version ePub est apparue la semaine dernière sur les réseaux. C'est toujours des équipes francophones discrètes, actives au fil des années, qui font le job. Je ne peux que vous encourager à la récupérer et à lire ce très bon livre qui mériterait assurément une réédition chez l'éditeur. Mais sans trop d'illusions...


Feedbooks : un pionnier de la lecture numérique tire le rideau

FeedbooksFeedbooks va définitivement fermer en ce mois de mars. Créé en 2007, c'est une page de la lecture numérique en France qui se tourne. Repris par la société québecoise DeMarque (qui développe la marque Cantook) il y a quelques années, la librairie numérique Feedbooks va en effet définitivement disparaître le 15 mars prochain, cédant la place Cantook.

Feedbooks, c'était deux petits surdoués, pionniers du livre numérique, Hadrien Gardeur et Loïc Roussel qui avaient très vite compris les prémisses de ce nouveau marché qui démarrait tout juste. Je crois que la première fois que je les ai rencontré c'était en septembre 2007 sur Paris, du côté de chez LaFeuille en terrasse autour d'un verre.

2007, c'est l'année où j'ouvrais Abicia sur Nantes. Le même mois que Feedboks justement, en juin.  Contrairement à eux, je choisissais le modèle d'abonnement pour lire des pages. C'était difficile à l'époque de convaincre les éditeurs "d'y aller" comme on dit. Ils se regardaient tous en chiens de faïence. Le format ePub n'existait pas, vous pensez. L'avantage que Feedbooks avait sur moi, c'est qu'Hadrien et Loïc développaient eux-mêmes. Au bout d'un an et demi, je n'ai pas pu retenir mes deux développeurs qui ont volé vers d'autres cieux plus rémunérateurs. Fin de l'aventure pour moi, les dernières traces sont du côté de la WebMachine. La difficulté de partir trop tôt comme on dit, mais bon, on apprend.

Amazon est arrivé fin 2010 en France quelques mois après l'iPad, le vrai démarrage du marché. Une éternité pour tenir. En attendant cela, Feedbooks passait quelques années de l'autre côté de l'Atlantique pour enrichir le site des catalogues anglo-saxons, d'autres langues aussi sont venues, la France et ses tergiversations attendront.

Feedbooks, c'est plein de souvenirs qui reviennent, la volonté d'organiser un environnement indépendant et ouvert du livre numérique, leurs efforts du côté de l'interprofession, des bibliothèques, des librairies, le format OPDS, etc. La belle application Aldiko qui est venue aussi.

Et puis les rouleaux compresseurs sont apparus, pas facile d'avoir de la visibilité dans un monde de brutes, de verrous, d'environnements propriétaires qui cadenassent les livres aux machines. Leurs difficultés aussi du côté des groupes éditoriaux français, je me rappelle leurs vicissitudes pour agréger l'indispensable catalogue d'Hachette, cela devenait une véritable Arlésienne, en France il n'est pas bon d'être français.

Pas facile de trouver un chemin en restant indépendant, la règle est bien connue, tant d'expériences similaires. La fin a été difficile pour eux. En redressement judiciaire en juin 2019, Feedbooks et sa filiale Aldiko avaient été rachetées par la société québecoise De Marque dans le cadre d’un plan de cession, pour un montant de 230.000 euros et le rachats de créances, selon le jugement du tribunal de commerce de Paris prononcé le 9 août de la même année (voir Livres-Hebdo).

Il était logique que la marque Cantook poussée au Québec prennent ensuite la suite, une nouvelle librairie est prévue en avril prochain, uniquement dans les pays suivants : France, Belgique, Suisse et Luxembourg.

Fin de Feedbooks donc. Avant le 15 mars, les clients ont la possibilité de télécharger une dernière fois leur bibliothèques.

P.S. : Pour retrouver le fil chronologique de l'aventure Feedbooks, le tag Feedbooks et 74 petits billets.


Blaise Cendrars au format numérique

CendrarsEn complément du dernier billet sur Julien Gracq qui ne bénéficie pas d'éditions numériques ni partielles ni complètes, il m'a paru intéressant de revenir sur le cas de Blaise Cendrars. Les Éditions Denoël ont entrepris il y a quelques années une nouvelle édition de ses œuvres complètes. La parution s'échelonne au fil des années, les derniers volumes 10 à 15 paraitront en principe dans les deux années à venir.

La très bonne surprise est que la version numérique est proposé au format ePub, à prix élevé certes, mais qui a le mérite d'exister pour les amateurs. Il y a deux ans j'avais acheté une version imprimée (la première en toile verte), une édition numérique au seul format PDF était proposé par l'éditeur, un format insatisfaisant pour moi.

On peut féliciter l'éditeur de fournir aujourd'hui une version ePub de ses œuvres complètes, une politique radicalement différentes d'autres éditeurs, Gallimard en tête pourtant faisant partie du même groupe. Toutes les versions existent, brochés, numériques, comme tous les titres en Folio également. Je ne pensent pas que la version numérique ne morde sur quoi que ce soit en terme de ventes pour les autres versions. Denoël l'a surement bien compris, comme les ayants-droits. Chaque manifestation de l'œuvre apporte des usages de lecture différents.

Voici un éditeur entré résolument dans le XXIème siècle pour un auteur désormais classique du XXème siècle comme Blaise Cendrars. La prochaine étape serait une version complète imprimée et numérique associés; espérons que les amateurs l'auront un jour sans débourser une somme folle il faut bien le dire.


Julien Gracq au format numérique

GracqCoup de sang ce matin de François Bon qui nous parle de l'œuvre de Julien Gracq au format numérique dans une version complète. On sait que les livres ne sont pas proposés par l'éditeur dans ce format. L'auteur s'était défié du format poche de son vivant, l'éditeur continue la même trajectoire de "chapelle" depuis sa mort. Seule exception, la version dans la collection en Pléiade. On peut d'ailleurs s'interroger sur cette différence de statut entre la Pléiade, le poche, le numérique. L'un "élitisé", l'autre populaire, le dernier sans doute un peu plus "crasseux" visiblement. Bien difficile d'objectiver cela.

Est-ce que cela empêche l'œuvre de Gracq de circuler, les livres de "se vendre"? Est-ce que la Pléiade a tué les livres brochés? Non évidemment. Les livres d'occasion circulent sur les réseaux, des versions numériques également discrètement depuis belle lurette, fruit de la numérisation patiente entreprise par certains "afficionados" de ses livres depuis une dizaine d'années.

François Bon pointe bien l'incohérence de cette absence d'une version officielle pour les étudiants, les universitaires, les chercheurs, plus largement les amoureux de Gracq dans le monde entier. Et que dire des conditions de territorialité imposées hors de France ? L'importance de Julien Gracq dépasse très largement nos frontières dans l'espace francophone. Pouvoir naviguer dans l'ensemble de ses livres, dans un format plein texte, affiner une recherche par occurrence, il y a une réelle complémentarité entre imprimé et numérique.

Nous sommes en droit aujourd'hui d'accéder à des versions numériques officielles, légalisées, pour des écrivains qui sont désormais classiques, qui rayonnent universellement. Combien de temps l'œuvre de Julien Gracq va-t-elle resté ostracisée de la sorte ? Et, ce n'est pas le moindre des paradoxes, bien des titres sont disponibles dans d'autres langues. Plus largement que le cas Gracq, quand finira-t'on par comprendre que le numérique favorise l'œuvre d'un écrivain, ses livres imprimés aussi pour ceux et celles qui souhaitent autre chose, une manifestation physique de leurs livres, dans une collection en peau de mouton de Nouvelle-Zélande, comme sous une couverture brochée...