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Mon Sony de la Saint-Valentin

Harlequin Bon, je sais, elle est un peu facile. Mais en ce jour de la Saint-Valentin, je ne résiste pas à vous présenter l'offre de pack proposée par Sony (via Nouveaulivreactu). Plus kitsch, y a pas... Ces américains décidément... Un Sonyreader customisé en rose avec 14 titres des éditions Harlequin. Après les packs management-prospective développés conjointement par les Editions M21 et Bookeen et les formules des Echos journal/ livres, est-ce que Amazon va proposer de telles offres en littérature, éducation, polars, livres pratiques avec son Kindle? Je me délecte à l'avance de voir les customisations possibles, les goûts et les couleurs comme on dit... Et vous, vous en pensez quoi de l'avenir des packs pour les livres électroniques?


Des modèles gratuits pour internet... pour les livres électroniques?

Sans_titre Débat intéressant que lance Virginie Clayssen sur son blog teXtes qui relaie les initiatives de certains éditeurs qui mettent à disposition des internautes l'ensemble de contenus en ligne. Est-ce que tout peut-être mis en lybers, forme ultime du livre numérique tout gratuit que préconise depuis de nombreuses années les Editions de l'Eclat et son fondateur Michel Valensi? Après Paulo Coelho en direct, des éditeurs comme Harper et Collins (quelques titres tests, via NYT) et La Découverte avec une collection Zones... Alors, tous les éditeurs avec un espace Issuu en libre accès sur internet? Avec Google et Amazon en corollaires bien sûr pour optimiser le business-papier. Plus besoin de se compliquer, de drm, d'agrégateurs, de formats, de europeana, tout ouvert, en un mois on met tout Gallimard et on n'en parle plus... Sérieusement, est-ce envisageable? Comme je l'indique en commentaire de Virginie, est-ce que tout pourrait être sous forme de lybers, avec un accès total du contenu avec des supports mobiles qui ne cessent de progresser en qualité?
D'autres modèles aussi, payer à la fin de la lecture du livre comme sur ce modèle étonnant appliqué au cinéma (via l'Atelier)...
Quand les éditions de l’Eclat ont crée le concept avec la mise en ligne conjointe avec Google, les supports électroniques mobiles iphone/epaper n’existaient pas encore. Si le marché de ces supports se développe avec des prix au alentour de 100€ Asus (rappelons que l’Asus est à 199€ avec une offre d’abonnement, avec déjà des premiers modèles qui lisent des livres) voir moins et que les contenus mobiles deviennent accessibles gratuitement, est-ce que le papier en "produit dérivé" permettra la rémunération des auteurs et des éditeurs? Imaginons, il y a 50 ans, que les éditeurs aient décidé que le livre de poche soit gratuit (ou payé par la publicité, ce qui revient au même), ou de qualité plus médiocre mais gratuit, où en serions-nous? Je suis sûr que Filipacchi avait très certainement envisagé ce modèle économique là...
100_2886_2 Je pense que le débat est tout à fait le même aujourd’hui. Quel chemin prendre pour maintenir la variété dans la création éditoriale? Je pencherais plutôt pour des contenus peu chers, avec une drm très légère liée à l’identité du lecteur. Cela préserverais à la fois du peer-to-peer et assurerais une juste rémunération. Je pense que ce que n’ont pas réussi à faire les majors de la musique il y a dix ans en n'adoptant pas un tel système et en laissant se développer massivement le peer-to-peer, les éditeurs ont une chance historique de le réussir avec des drm très légères et des prix très intéressants (2 euros me semble un maximum, c’est le premier prix d’un livre de poche, non?). Autrement même chemin que la musique, F6kindleberkeleypaul0711241202714_2 cinq ans à perdre pour un résultat identique, c’est une évidence pour moi. Si le peer-to-peer n’est pas un business “intéressant” (les FAI lui disent merci), il ne se fera pas ou restera marginal parce que risqué et que le jeu n'en vaudra pas la chandelle, comme on dit. C'est pas plus compliqué que cela…  Au fait, je vous avais fait part des premiers pas de Francis Pisani avec son Kindle, est-ce qu'il allait le garder? Il se posait la question à l'époque. Suspense, faîtes vos jeux? Eh bien, après trois mois d'utilisation, il le garde et il est très content de son Kindle! Pisani, il est pas du genre à aller sur les sites-pirates, mais donnez-lui vite des contenus peu chers avec des drms légères, autrement il risque bien vite de changer d'avis...

PS: A noter que Francis signale aussi l'initiative de Random House qui propose un système de vente de livre au chapitre pour le livre Made to Stick, c'est ici.
Gin, l'auteur du livre Bad Business (publié au Diable Vauvert) avait pris la même initiative il y a deux ans sur son site personnel. Il serait intéressant d'avoir les retombées...


M@nuscrits: Léo Scheer continue...

Nom Je pense vous avoir déjà parlé de l'initiative de l'éditeur Léo Scheer qui avait mis en ligne sur un espace M@nuscrits plusieurs manuscrits qu'il reçoit, en version complète avec un outil de type feuilletage (on peut aussi télécharger les versions pdf si on le souhaite). Un peu comme Issuu mais avec la possibilité des widgets en moins. J'ai pu lire quelques-uns des manuscrits sur l'Iliad, en recadrant légèrement les pages sur Acrobat, la lecture est très agréable. Aujourd'hui Léo Scheer va plus loin avec une phase 4, en annonçant une nouvelle collection (en papier) qui va être déclinée de cette expérience. Je le cite: "Il s'agit d'une nouvelle collection des Éditions Léo Scheer qui va bientôt être lancée en librairie et qui sera réservée aux textes reçus dans ce cadre. Nous regardons avec le service commercial le nombre de titres qui pourront être publiés chaque année (à mon avis pas plus de 6 pour la première année). Nous devons définir les modalités du travail éditorial, c'est à dire de ce qui va permettre de passer du M@nuscrit en ligne au B.A.T. qui sera envoyé à l'imprimeur (j'évalue ce travail à environ 3 mois). Ma préférence va à une transparence du processus, avec les différentes phases d'évolution du texte présentées en ligne".

Dans les commentaires, il ajoute des détails sur le processus envisagé: 

 "Dans la phase 4, les choses vont se passer ainsi: un auteur va pouvoir entrer en ligne lui-même son texte et, tant qu'il ne l'aura pas enregistré, il pourra le modifier, le corriger, le mettre en page. À partir du moment où il l'aura, lui-même, mis en ligne, il ne pourra plus intervenir dessus. Il pourra voir les réactions les commentaires, le nombre de lectures etc. Si un de ces M@nuscrits en ligne fait l'objet d'un contrat d'édition papier, plusieurs possibilités s'offrent à l'auteur: il peut soit garder le manuscrit d'origine en ligne, soit le supprimer. Si il le garde, il peut soit faire le travail éditorial dans le secret, soit faire apparaître les étapes de ce travail sur le site. Cette possibilité est réservée à ceux qui ont un contrat d'édition papier.

Le téléchargement payant n'est pas pour l'instant pas envisagé dans cette phase.

Plus loin, il développe aussi la philosophie de sa démarche: "Si vous parlez du rêve de l'auteur, pour la majorité de ceux qui cherchent sur le net des voies nouvelles pour être publiés, vous avez évidemment raison. Je connais cependant pas mal d'auteurs qui vivent la période de l'écriture comme un rêve, et celle de la publication, comme un cauchemar. Si vous parlez du mien, ce n'est pas le cas, mon expérience a pour but de générer un mode d'édition lié au support du net, une sorte d'éditeur virtuel, le but principal de l'expérience est donc dans la blogosphère, mais effectivement, je ne vois pas pourquoi cet éditeur virtuel se priverait du mode d'édition dominant qui est le papier. J'ai fait cette expérience avec Cyril de Graeve pour Chronic'art qui, au départ, était un webmag. Lorsque je l'ai repris, nous en avons fait un magazine papier, mais en prenant garde de ne pas le couper de ses racines dans le net, ce qu'il a très bien réussi à faire, et il existe actuellement sous ces deux formes. Si vous observez les difficultés que rencontrent les éditeurs de mag papier à s'adapter à la culture du net, vous voyez qu'il est plus intéressant de prendre les choses en sens inverse. C'est l'esprit de M@nuscrits, qui devra le garder dans sa version papier et ne pas se couper de ses racines qui sont dans la blogosphère."

Pour une poursuite de l'aventure Web vers le papier, l'expérience est à suivre de très près...


Le prix du numérique?

Très intéressant post relevé sur le site TheDigitalist (Via Alain Perrot par mail, merci à toi) qui revient sur le prix des livres dématérialisés -ou plutôt virtuels comme le souligne très justement Milad Doueihi-. Sortes d'avatars de livres papiers "réels"?
Donc combien, ça peut valoir le fichier numérique d'un livre? J'avais déjà essayé d'approcher la question il y a quelque temps, c'est vrai que pour l'instant on nage dans le flou total.
Les coéfficients multiplicateurs font partie des secrets de cuisine chez les éditeurs. Je me rappelle une confidence du regretté Jean Guéret, éditeur chez Dessain et Tolra, qui m'avait expliqué que le fondateur Monsieur Dessain (il y avait une demoiselle Tolra) avait dans sa maison d'édition une grande balance. Chaque titre, une fois fabriqué, passait sur la balance et le prix était fixé au poids! Pas si bête que ça finalement et sa petite économie se portait bien à l'époque!
Mais dans ce monde numérique, comment va t-on fixer les prix?
"Il y a l'instinct de protéger les revenus futurs, afin d'éviter une cannibalisation de l'impression. Que l'instinct conduit à la tarification qui flotte dans ou autour de la tarification des produits d'impression comparables, ce qui d'un point de vue du consommateur, apparait tout simplement absurde - ce n'est pas un "produit" palpable, pas de stock ou de distribution physique, alors pourquoi le prix élevé? Mais cet instinct ne va t'il pas se révéler insensé finalement pour les éditeurs?
Et cette remarque judicieuse de Seth Godin (Combien pour le digital?) qui concerne la vidéo mais que l'on peut aisément transposer aux livres:
«Il est important de faire payer quelque chose, parce que l'acte de payer modifie fondamentalement la dynamique de la relation. La question est la suivante: au départ, votre objectif est-il de maximiser le profit ou de construire une plate-forme avec des barèmes? Le fait est que le marché est trop petit pour le moment pour le prix à la matière. Ce qui importe est de savoir si vous pouvez construire un public qui est dans l'habitude de vous payer, un public qui veut entendre parler de vous, un public avec qui l'on peut bâtir une entreprise.
A cinquante cents la location, tout désir de la piraterie passe par la fenêtre, remplacé par la commodité, la facilité d'utilisation et une bonne conscience pour le lecteur. Plus important, la totalité des nouveaux services apparaissent, les habitudes sont construites et les studios de se retrouver avec une relation directe avec les consommateurs qui veulent bien les écouter. Tout cela s'ils ne sont trop gourmand au départ."

Je repense à la longue confession de Paulo Coelho (via Lafeuille) qui organise le téléchargement gratuit de tous ses livres sur BitTorrent pour maximiser (selon lui) ses ventes en papier. Mais est-ce vraiment bâtir un contrat de confiance dans une économie du numérique?


Les représentants avec des livres électroniques

A noter cette information que j'ai trouvé sur l'excellent blog Kindleville que Joe Wikert vient d'ouvrir et qui est entièrement consacré au développement du Kindle aux Etats-Unis. Bien loin de l'effet de buzz, c'est vraiment un blog à suivre. Joe Wikert est éditeur chez Wiley, la maison d'édition scientifique américaine bien connue. Il animait déjà un blog très intéressant Publishing2020.
Je le cite: "Mon collègue Ashley de Wiley, a récemment assisté au PAA (Introduction à la Conférence d'Edition) et ramené quelques informations intéressantes sur Simon & Schuster. Selon Michael Selleck, vice-président exécutif des ventes et du marketing, S & S a été très actif dans l'utilisation des dispositifs de livres électroniques en interne.
Selon Selleck à la conférence, il a mentionné à la fois le eReader de Sony ainsi que l'Amazon Kindle et noté que ces appareils vont vraiment aider S & S a éviter l'impression de documents pour les réunions. En effet, voici un lien vers une page sur le site de S & S qui nous dit que "l'on a donné à tous les représentants un lecteur de livres électroniques, en remplacement de manuscrits photocopiés." Il va de soi que S & S estime que cette initiative a le potentiel de réduire le nombre de manuscrits reproduits pour sa division ventes de 20000 ex. par an!"  Il est passionnant de voir une grande organisation comme S & S adopter cette technologie pour un usage interne."

Economie indéniable quant on sait l'importance du budget "photocopies" à l'intérieur des maisons d'éditions. A quand des services de presse sous forme électronique? Quand on connait aussi le rôle prépondérant des représentants, de leurs relations privilégiées avec les libraires, c'est une initiative à suivre de très près sur l'adoption des livres électroniques par les professionnels du livre eux-mêmes.


Rentrer dans les comités de lecture...

Une initiative très intéressante aussi bien sur le concept que sur la présentation graphique qui est faite sur le site des Editions Leo Scheer. Proposer d'accéder aux manuscrits envoyés par les auteurs, c'est ici. Plusieurs questions se posent, est-ce que l'éditeur mettra en ligne tout ce qu'il reçoit? Mais alors, on se retrouve dans quelque chose qui ressemble à des sites type Lulu (avec les réserves que j'avais déjà faites ici), sauf une, bien sûr, qui est déjà la proximité entre l'auteur qui a envoyé son manuscrit à telle ou telle maison, l'esquisse de relation qui est déjà présente. L'éditeur pourrait proposer des manuscrits qu'il a déjà sélectionné mais sur lesquels il se pose des questions avant de passer à l'édition? Inviter les lecteurs à rentrer dans le comité de lecture, en quelque sorte, avec (pourquoi pas?) un système de vote. Tout ceci avec durée limitée de mise en ligne, bien sûr. Cela est diablement intéressant en tout cas pour le rapport entre le lecteur et la maison d'édition, participer à la gestation de l'acte éditorial. Mais aussi le partager avec les lecteurs, renoncer à ce moment unique qui comme le remarque justement François Bon "sachant que c’est un partage rare: comment ne pas figer ce processus dès lors qu’il y a cette mise en ligne?" Bref, un nouveau débat ouvert et des pistes à suivre...


Le Cybook : la véritable innovation accessible partout

Cybook Pendant que les premiers Kindle commencent à être déballés, Francis Pisani ici, d'autres photos ici, (cela me rappelle le déballage de mon Iliad, si loin déjà!) et en attendant le verdict de Francis dans son lit!, le blogueur italien Luca Conti a élu le Cybook invention de l'année (via Irène), "un produit à la fois innovant et grand public: un livre électronique de dernière génération à un prix accessible, qui soit vraiment en mesure de séduire les lecteurs comme alternative à la lecture de livres papier; et contrairement au SonyReader et au Kindle tout juste annoncé, il est disponible à la vente dans le monde entier! Des utilisateurs de Mobileread ont essayé d’en commander depuis l’Espagne ou la Suisse, et ont vu leur commande refusée pour cause de “restrictions géographiques”. J’ai aussi fait le test: même résultat."
Donc pour un Noël sans restrictions géographiques dans le monde entier, pour une expérience vraiment innovante, c'est bien par ici que ça se passe.
A noter aussi que des éditeurs comme M21 se joignent à eux pour développer des offres (voir la proposition du Cybook rebaptisé Digibookpro), pas qu'aux Etats-Unis que ça bouge!


Le livre sans chaînes

517644955_d5417b4210_m Le livre sans chaîne du livre... Beaucoup d'interrogations que se posent François, Virginie, visiblement on en a beaucoup parlé à l'occasion du Forum de la SGDL. Bon, je sais, tout n'est pas rose, les offices plantureux à rotation de plus en plus rapide, les concentrations dans le secteur de l'édition et plus précisément celui de la diffusion/ distribution, les camions, le kérosène, la fragilité des trésoreries des petits libraires, les loyers de centre-ville, sans parler du papier, des arbres... Donc, ok, plus de chaine du livre. Plus d'éditeur, plus de représentants, plus de diffuseur, plus de distributeur, plus de libraire, pour les bibliothécaires et les imprimeurs ça se jouera pour un peu plus tard... Directement du producteur au consommateur. Bon, regardons. Le problème pour le livre, c'est que c'est plus compliqué que les fruits et légumes, je me faisais la réflexion, l'autre jour. Rappelez-vous ces producteurs qui débarquent à Bastille et à Nation avec rabais, pieds de nez aux grandes enseignes, avec quelques annonces sur France Info, c'est du tout cuit (comme légumes). Un coup d'oeil, on voit tout de suite la marchandise, enlevez c'est pesé. Alors? des auteurs en guérites de Bastille à l'Etoile? déjà plus compliqué, l'exploit physique de faire le tour de tout le monde, de voir ce qu'il y a derrière les uns, les autres... Alors internet, bien sûr, le nirvana, la solution à tout, l'auto-édition miracle, tous ces librairies Lulu, TheBookEdition, LePublieur, Publibook, JePublie, ImprimerMonLivre, Jetsdencre, etc. En dix minutes, on peut en trouver des dizaines... Déjà, laquelle choisir? Quand on est auteur, on se raccroche sur le prix de fabrication, c'est normal avec tous les aigrefins qui traînent, mais quand on est lecteur, on va choisir quoi ? Bon, la mondiale Lulu, allons-y, cherchez, littérature et fictions (catégorie 291), 719 auteurs, autant que la dernière rentrée littéraire. Je fais défiler les pages, 5 livres par page, 145 pages en tout... Au bout d'un quart d'heure, j'ai le vertige, oui celui-là, peut-être, je sais pas, non celui-là... J'ai un peu le sentiment d'être au cul du camion de la Poste qui arrive chez Gallimard tous les trois jours. Les notes des auteurs, les résumés, le sentiment que l'éditeur, c'est devenu moi, qui doit lire, trier, sélectionner, ne pas me tromper, puis finir par prendre le risque financier! Bon, plus le temps, bla-bla-bla comme on dit, finalement j'ai pas retenu grand chose de tout ça (et vous? vous y avez trouver des perles dans ces bibliothèques virtuelles? très sincèrement, je demande qu'à être orienté la-dedans...). Moi, quand je rentre dans une librairie, je sors tout le temps avec plusieurs livres et encore c'est un vrai crêve-coeur d'en laisser d'autres. Alors vous me direz, pour tout un tas d'autres livres que la littérature générale, des livres que l'on lit pas, ouais peut-être. Bref, pas convaincu du tout, la chaîne du livre, c'est peut-être pas rose mais c'est encore loin devant tout ça. Vendredi, je vois François Bon dans une bonne librairie, on va pas avoir de problèmes à trouver des bons livres...


Gronde des prix littéraires

Celine_meudon Semaine du Goncourt/Renaudot qui s'achève avec Gallimard plébiscité. Année faste donc avec Harry Potter, on se dit que c'est beaucoup pour un même éditeur, non? Leroy et Pennac donc... Je n'ai pas lu, je ne me permets pas de commentaires. Pourtant, un appel à la révolte sur le blog de Léo Scheer, relayé de çi de avec la réaction de Christophe Donner dans le Figaro Littéraire, même le Guardian so british s'y met, c'est vous dire. Léo Scheer propose un plan B des prix littéraires, alors votez. Cela me fait penser, bien sûr, à la fameuse attribution des Goncourt/Renaudot en 1932 et la gronde autour du livre de Louis-Ferdinand Céline, le Voyage au bout de la Nuit... 75ème anniversaire (on n'en parle pas beaucoup), Céline, dont je relis les lettres à son jeune éditeur d'après-guerre, Frédéric Monnier. Céline, au fin fond du Danemark, Denoël assassiné, dont les livres ne sont pas encore chez Gallimard. Je ne résiste pas à vous donner celle-là...
"Mon cher Monnier
Je vous vois partir dans l’édition et déjà dans les dettes! Attention! C’est un métier atroce! Le bouche-trou perpétuel, Denoël y est mort. Et enfin, dans son genre, il était bien armé. L’imprimeur, lui, se fait payer, et tout le reste tourne carambouille, fatalement. Une maison d’édition ne peut subsister que si elle ne paye pas du tout de droits d’auteur. Voilà la crue vérité, et même il faut que les auteurs payent pour être imprimés pour qu’elle étale tant bien que mal! Et sans aucun frais de publicité, c’est de la sauvette et bientôt de l’escroquerie pour Froissart. Réfléchissez. Vous vous contenteriez d’être agent littéraire, prélevez votre commission, étranglez l’éditeur, qu’il raque les droits d’auteur d’avance (comme est payé l’imprimeur), vous serez moins tracassé. Tantôt vous porterez ici et là vos clients, cash sans entrer dans la cavalcade des traites, des comptes, et patata au bout desquels: le plongeon! Fatal! Je vous dis ça en ami, hélas bien au courant! Je ne vous quitterai pour rien au monde. On fera naufrage s’il le faut! Diantre! Je m’y connais en naufrages! Mais pas d’optimisme."
Votre fidèle. L.-F. Céline (Lettre à Pierre Monnier, 30 août 1950)/ Ferdinand Furieux, L'Age d'Homme.
Une pensée aussi pour Robert Denoël, qui gît dans une fosse commune, dans une banlieue anonyme...


Les Editions Arléa sur Abicia

Arlea J'ai l'immense plaisir de vous annoncer aujourd'hui le partenariat que je viens de conclure pour Abicia avec les Editions Arléa (qui viennent d'ailleurs d'ouvrir une nouvelle version de leur site). Nous allons mettre en ligne sur Abicia dans la semaine qui vient plus de 150 titres (fonds et nouveautés), à terme c'est l'intégralité de leur catalogue qui est prévu d'enrichir notre portail. Le concept est simple, je le rappelle; il s'agit de proposer la lecture de débuts de livres (jusqu'à 50 pages) pour un prix modique (forfait 300 pages à 2.99€) puis de relayer vers une librairie près de chez soi pour acquérir le livre complet "en papier". Près de 1000 librairies sont référencées sur le site (la base ne cesse de croître). Nous avons ouvert à la rentrée avec un fonds d'auteurs classiques, le portail est ouvert maintenant à tous les éditeurs dont les livres sont disponibles en librairie.
Arléa c'est: "Vingt ans d’existence et plus de sept cent cinquante titres au catalogue, en poursuivant son chemin, guidé par les exigences fixées lors de sa création: authenticité, qualité et originalité. Et rien de ce qui touche à la littérature ne nous est indifférent."
Je remercie M.Pinganaud pour la confiance qu'il nous a témoigné, non seulement en tant qu'éditeur mais aussi en tant qu'auteur et traducteur de nombreux classiques "libres de droits", textes auquel il redonne une nouvelle existence avec un enthousiasme inégalé. Parce que la littérature est sans cesse en mouvement, sur le net comme dans les librairies, découvrez pour votre plus grand plaisir les auteurs et les livres des éditions Arléa.


Où va le livre ?

9782843031519 Je ne saurais trop vous conseiller l'excellent livre "Où va le livre?" sorti le mois dernier sous la direction de Jean-Yves Mollier à La Dispute/Snédit. La 3ème édition de cet ouvrage entièrement refondue et mise à jour, la dernière datant de 2002-2004, que de changements depuis, n'est-ce pas? C'est une véritable synthèse prospective de la situation du livre aujourd'hui que les auteurs nous invitent à partager. Tous les aspects majeurs sont abordés: marché de l'édition, situation de la librairie, des petits éditeurs, le rôle de l'Etat ainsi que des domaines clés comme le livre de poche, le livre jeunesse, les clubs et la vente en ligne, l'avenir des bibliothèques. D'autres aspects aussi que l'on oublie souvent et qui sont au coeur des problématiques comme la situation de la lecture et le marché de la traduction. Bref, passionnant de bout en bout, que des spécialistes dans leur domaine, il faudrait tout citer. Je n'en citerais que deux parce qu'ils sont au coeur des développements de l'internet et de la diffusion électronique (c'est très injuste vis-à-vis des autres, mais bon). Les deux derniers du livre, donc, le premier de Antoine Compagnon (Virginie avait déjà cité son excellent travail sur Proust) "Un monde sans auteurs?" qui montre les enjeux de la cyberlittérature où le texte se modifie constamment avec des ajouts, des modifications, des suppressions... où les textes nous échappent de plus en plus dans cet espace de l'hypertexte. L'autre de Roger Chartier, toujours lui, qui en une quinzaine de pages magnifiques nous livre une synthèse étonnament pertinente du lecteur dans ce monde en mutation. Je le cite: "Devons nous penser que nous sommes à la veille d'une semblable mutation et que le livre électronique remplacera ou est déjà en train de remplacer le codex imprimé tel que nous le connaissons en ces différentes formes: livre, revue, journal? Peut-être. Mais le plus probable pour les décennies à venir est la coexistence, qui ne sera pas forcément pacifique, entre les deux formes du livre et les trois modes d'inscription et de communication des textes: l'écriture manuscrite, la publication imprimée, la textualité électronique. Cette hypothèse est sans doute plus raisonnable que les lamentations sur l'irrémédiable perte de la culture écrite ou les enthousiasmes sans prudence qui annonçaient l'entrée immédiate dans une nouvelle ère de la communication". Je ne sais pas si vous trouverez certains de ces articles sur le net, ils font chacun une quinzaine de pages, fatigant à lire, et 400 pages à l'imprimante... Le mieux est de foncer dans une bonne librairie (toutes les bonnes libraires doivent avoir ce livre indispensable) et de lire tout, je vous dit, tout est bon.


Lynchage littéraire

V_5_ill_967793_couvsevilla J'avais repéré le phénomène sur l'excellent blog de Léo Scheer il y a quelques semaines. Un livre, Un monde sans Elfes de Jean-Louis Sevilla aux Editions des Equateurs, descendu en flammes par des critiques sur différents sites. Bon, on se doute que les critiques sont quelquefois "orientées", c'est tellement facile, quelques textes bien placés qui apparaissent en têtes de gondoles sur des sites référents, comme on dit. De la bonne publicité pour vraiment pas cher... Ici, à contrario, c'est pour descendre le livre d'un confrère éditeur et la technique ne relevait plus de l'artisanat mais tendait vers une démarche quasi "industrielle". L'affaire est maintenant dans le giron de la justice comme on le lit dans le Monde d'hier. J'espère bien que l'éditeur indélicat (c'est le moins qu'on puisse dire) va se faire pincer et que tout le monde, sur la place, va découvrir le cyber-corbeau en question, ouhh le vilain... Peut-être en échauder certains autres aussi...  Attention, on chope bien un pédophile à l'autre bout du monde! Tout cela met aussi le doigt sur la pertinence des commentaires et des critiques et cela dépasse largement le cas des livres bien entendu. J'en parlais avec le concepteur de Dismoiou, un site pour conseiller des endroits de sorties les plus divers. Tellement aisé de "plomber" facilement des confrères près de chez soi... Alors? mettre des modérateurs et du traçage partout?


Quels prix pour les e-books ?

100_2886 Au moment où les livres électroniques entament une baisse des prix sensibles (vous me direz, ils sont partis de tellement haut qu'il y a encore du chemin à faire...), je crois qu'il est intéressant de s'interroger sur le prix des livres numériques, des contenus. J'ai repris l'intéressante analyse qu'a faite Hélène au moment où elle testait l'Iliad. C'est un débat qui va rapidement se poser en France, peut-être qui est même certainement déja en train de se poser chez les éditeurs. Avec les contrats d'auteurs, les prix de revient à repenser... D'un côté du curseur, les tout-gratuits libres de droits (Gutenberg et consorts avec les réserves sur la qualité), les tout-gratuits avec droits (Google avec l'accord ou "sans" l'accord des éditeurs, des sites-pirates à venir bientôt - rappelez-vous de l'exemple EbookFactory pour la presse). A l'autre extrémité du curseur des livres numériques récents au même prix que les versions papier (c'est le cas actuellement). On voit que l'éventail est large. Quand on regarde les librairies numériques actuelles, les ebooks sont vendus en moyenne aujourd'hui avec une réduction de 25% en moyenne par rapport au livre "papier" et ce malgré une TVA à 19,6% contre 5% pour le papier). Il est urgent bien sûr que l'on accorde le même taux de TVA à la version numérique, c'est quand même bien la même démarche culturelle, non?
Maintenant, est-ce suffisant pour faire décoller le livre électronique et "rentabiliser" l'achat d'un livre électronique?
C'est un calcul que le lecteur va faire, un simple petit ratio et si les livres numériques sont chers, il ne verra pas l'intérêt, à moins bien sûr d'un vaste choix de version-pirates et il faut lui faire confiance pour les trouver! Si la qualité des livres électroniques est au rendez-vous, c'est cela qui peut se passer rapidement...
Tout le monde a en tête l'exemple de la musique, les éditeurs accrochés à leurs prix de vente pendant que le téléchargement illicite s'étendait inexorablement. La longue agonie, DRM, chutes de prix sur les CD, puis finalement sans DRM et ce n'est pas encore fini, les modèles se cherchent encore...
DRM pour le livre bien sûr, il en va de la protection de tout un secteur, déjà suffisament fragile sans le livre numérique. Des auteurs, des éditeurs, des diffuseurs-distributeurs, des libraires... La contrefaçon sur le livre... on évalue bien le manque à gagner dans l'industrie du luxe, pour le livre ce serait bien plus grave, Gallimard, ce n'est pas Hermès.
Bon, imaginons, le best-seller de l'été:
L'Elégance du Hérisson :
- version papier-grand format: 20€ (19€ avec la remise éditeur)
- version numérique: 19€
- version papier-grand format (dans six mois): 19€ (prix unique du livre)
- version papier-poche (dans six mois): 6,5€ (prix unique du livre)
- version numérique (dans six mois): 4€
(disons que la version numérique perdrait 0,5€ tous les six mois, avec un prix plancher de 2€)
Je suis dans le vrai? Le e-book, concerné par le prix unique?
Soit lire tout de suite au prix fort, soit attendre pour un prix plus light, c'est ce que nous faisons déjà sur du poche, pourquoi ne pas l'envisager sur le livre numérique? Si le poche n'a pas tué le livre grand-format, c'est bien que les éditeurs ont pensé et organisé cette double vie d'un même livre. Il va falloir se résoudre à organiser la vie d'un cousin supplémentaire...
Bon, tout cela semble idéal, le meilleur des mondes. La seule préoccupation serait de trouver l'année prochaine sur un serveur chinois, l'ensemble des nominés pour les prix littéraires de la rentrée 2008, soit une cinquantaine de livres au grand maximum (15000 pages au total), mais qui représentent en terme de chiffre d'affaires, une bonne partie de la rentabilité sur l'année de tout un secteur. Et alors là, mon petit raisonnement, patatras... Et le cousin, il va se faire appeler Arthur...



Des livres pour voyager...

Salaam Et pourquoi je conseillerais pas mes propres lectures hors numérique, n'est-ce pas? Pour cet été quelques livres que j'ai eu le plaisir de lire en version papier, pas grand chose encore à se mettre sous la dent sur le livrel (je vais d'ailleurs tester du côté de Mobipocket, j'ai divers sons de cloches assez contrastés, des utilisateurs peu convaincus, le ralliement de Bookeen avec Mobipocket, Amazon qui envahie tout...) J'ai relu trop de classiques depuis plusieurs mois avec le livre électronique et les mises en ligne sur Abicia et je voulais absolument reprendre des écrivains contemporains. Trois découvertes, un anglais et deux français. D'abord un livre formidable dans la cultissime collection "Etonnants voyageurs" dirigée par Michel Le Bris chez Hoebeke, une quinzaine de titres parus tous aussi bons les uns que les autres avec des auteurs comme Nicolas Bouvier, Pete McCarthy, Wilfred Thesiger... Bref, la dernière parution en mars dernier, Salaam London de Tarquin Hall est un cru de haute lignée. Comment Img_eb1190fe90945cb57eace8a9bd926de Crbst_import0 un journaliste anglais parti depuis dix ans dans des contrées exotiques rentre dans un Londres qu'il ne reconnait plus et se retrouve dans le quartier de Brick Lane envahi par des peuplades du monde entier. Reportage, humour, humanité, près de 400 pages que l'on dévore littérallement. Notre auteur tient d'ailleurs un blog et un site. Deux auteurs français qui ne font pas les gros titres, loin de là, mais qui méritent le détour. Lionel-Edouard Martin, que j'avais eu le plaisir de découvrir avec Deuil à Chailly chez Arléa et que j'ai retrouvé avec Corps de Pierre chez Ecriture. Un récit poétique au coeur de la mémoire des paysages parcourus du Brésil à Paris, en passant par la Guyane, la Martinique et Haïti. Arléa annonce un nouveau titre pour cette rentrée, j'attends avec impatience. Enfin  Romanesque 2.0 de Olivier Las Vergnas paru au printemps dernier chez un jeune éditeur Le Passager clandestin. Voyage au coeur de la création littéraire celui-là (logiciel d'écriture automatique), un polar haletant et bien mené dans un contexte électoral dans la banlieue parisienne. Nous avons d'ailleurs le plaisir d'accueillir cet éditeur sur notre site Abicia. Tout ça, à lire sans modération...


Colloque Alire/ Dilicom

Portrait2 Portrait1Passionnant colloque organisé à la T.G.B. de France par les organismes professionnels Alire et Dilicom, "Les nouveaux supports numériques du texte, impacts sur le commerce du livre". Je crois que c'était partagé, à entendre les différents commentaires tout au long de cette journée-marathon. Je ne reviendrais pas sur l'ensemble des interventions, toutes d'excellent niveau. Catherine en fait une très bonne synthèse dans son blog. C'est surtout les présentations des éditeurs que je surveillais, nous avons si peu l'occasion de les entendre sur ces sujets, les uns et les autres) Côté Hachette/Tourisme et Michelin, on joue bien sûr la complémentarité entre les différents supports dans toutes les phases du voyage (avant, pendant et après), en tant que segments de différents marchés (internet, papier, mobile, etc.), on sent que les équipes marketing s'activent sur ces sujets... Les marques phares, Routard, Bibendum. Côté cartes, elles résistent bien! Les touristes fraichement équipés de GPS derniers cris, se ruent dans les stations-services le premier jour des vacances venu pour se procurer la bonne vieille carte papier à 3 euros!!! Rien ne vaut le format et l'appréhention complète de l'espace. Allez-donc organiser votre séjour de vacances en famille avec le GPS sur la table! Beaucoup d'humour dans ces présentations (merci à eux), aussi Julien Ulrich de chez Virgin Mega qui a brossé le tableau de la musique. Quand un secteur perd 40% de son chiffre d'affaires en quelques années du fait de quelques énergumènes... On est prévenu. Justement, quand on parle d'énergumènes, Jean-Michel Billaut n'était pas très loin, il rentrait tout juste de Chine, j'espère que l'on A4_with_hands_web trouvera quelque part son intervention, c'était extra! Jacques Angele de chez Nemoptic, lui rentrait des States avec des nouveautés à nous présenter. Du papier électronique (technologie lcd-cristaux liquides) au format A4. Il nous a montré aussi une première vidéo couleur sur papier électronique, dessin animé Cars! oui, on pourra dire qu'on l'a vu! Il avait du mal, le pauvre Jacques, sans connection internet (et oui, au MK2 adossé à la Très Grande Bibliothèque, les murs sont trop épais, le wifi ne passe pas). Pour mémoire, une présentation du Sylen (prototype) de cette société française leader dans le domaine, cocorico! A noter aussi, les très bon jeux d'acteurs qui ont émaillés les différentes interventions (Luther, Robida, etc.) avec des textes brillamment écrits par Lorenzo Soccavo. Journée qui s'est conclu sur l'intervention de Bruno Rives sur le papier communicant et le mot final d'un libraire irlandais génialissime, John McNamee (Président de la Fédération Européenne des Libraires, tant que l'on aura des libraires comme lui, je ne me fais pas de souci pour la profession), qui a exhorté toute les libraires à y aller carrément, vente de readers, ebooks, bref occuper le terrain un maximum sans se poser de questions existentielles. Au pays de Google et d'Amazon, on peut lui faire confiance!


Gutenberg 2.0, l'un des futurs du livre

Couv_gutenberg_200 Je trouve enfin le temps de faire un petit compte-rendu sur l'ouvrage de Lorenzo Soccavo que j'ai lu dans sa version papier (et oui! grâce à la formule magique "BillautShow"!, 15 euros pour la version électronique m'a paru bien chère, vivement une tva égale). Premier mérite pour cet ouvrage, celui d'être le premier sur la question, donc bravo. Livre bien fait avec des grands rabats de couverture (des bons livres aux Editions M21, je suis d'ailleurs plongé dans un autre livre sur le Management chez Google). Donc, une excellente introduction bien complète sur le sujet aussi bien des technologies que des usages et des enjeux qui se profilent. Passons sur le titre en référence avec le web 2.0 qui me laisse un peu sceptique (on nous le sert à toutes les sauces en ce moment), je suis resté un peu dubitatif sur le chapitre "Réinventer la chaîne du livre". On sait tout le bien que je pense du papier électronique et des usages à venir, de ce work in progress (d'ailleurs j'aurais tourné court à ce blog!!) mais je ne pense pas que la chaîne du livre va devoir être réinventée! tout simplement, car la chaîne du livre n'est pas celle du livre électronique. Les livres vont restés ce qu'ils sont, dans leurs richesses et leurs diversités incroyables, et pour longtemps encore... Un passage que je retiens, absolument lumineux, auquel j'adhère complètement (au mot près), celui de Frédéric Kaplan que je me permets de reprendre: "Le futur nous dira si nous arrivons avec l'encre et le papier électroniques à une sensualité satisfaisante, mais je note que les progrès enregistrés, en seulement quelques années, sont déjà remarquables. Les usages du livre électronique restent aussi à définir. Je ne suis pas de ceux qui pensent qu'il y aura basculement du livre papier vers le livre électronique, mais au contraire que les consommateurs définiront des usages complémentaires. Mais, encore une fois, il ne m'appartient pas d'y répondre. Mon interrogation est plutôt de savoir comment ce genre d'outils va, tout d'un coup, transformer de manière profonde notre rappport au livre". Ce texte est extrait d'un entretien dans Livres Hebdo paru en juin 2006 que je vous invite à relire ici. Provocateur, Lorenzo, quand il assène "la dématérialisation du livre peut sauver la librairie". Quand il libère d'un coup, le libraire de la gestion des stocks, des réassorts et des retours, de la manutention, mais surtout de l'office! Rien que cela! Bref, il a le mérite d'ouvrir bien des débats, des interrogations. Pour ma part, je pense que même si ce système de l'office génère un peu d'abus de quelques éditeurs tentés par l'inflation des titres (qui d'ailleurs, vont les voir revenir bien vite), globalement il a quand même un avantage fondamental, celui de nous faire découvrir toutes les semaines des nouveautés sur les tables des libraires. Sans lui, nous aurions une offre très pauvre, beaucoup moins de découvertes possibles; d'ailleurs il est loin d'être remis en cause par les professionnels du livre; les libraires l'auraient arrêté depuis belle lurette, ce système, vous pensez, c'est eux qui le finance... Moi, j'ai plutôt envie que l'on donne tous les moyens aux libraires de maintenir cette heureuse bio-diversité, livres électroniques compris bien sûr. J'aime bien les librairies près de chez moi, pas vous? Des libraires cantonnés en distributeurs d'e-books, quel avenir bien affreux! Celui d'Amazon, peut-être, affranchi enfin de sa logistique et de ses frais de ports!