281 notes dans la catégorie "Livres"

Chroniques de lecture - 9

Plume CENDRARS est toujours ailleurs...

Blaise Cendrars meurt en 1961 : il y a 50 ans !

Baroudeur, baratineur, bonimenteur, voyageur, créateur, charmeur, visiteur, bruiteur, reporteur, rapporteur, galopeur, trompeur, globe-trotteur, sprinteur, lecteur, légionneur, novateur, pisteur, détonateur, rouspéteur, fabulateur, explorateur, découvreur, littérateur, illuminateur, migrateur, innovateur, navigateur, mystificateur, bidouilleur, chercheur, bouquineur, bûcheur, bougonneur, buveur, baladeur, passeur, flambeur, débardeur, footballeur, dribbleur, râleur, chicaneur, emmerdeur, transbordeur, trimardeur, flaireur, grogneur, chroniqueur, capteur, bourlingueur, déchiffreur, fumeur, rimeur, bluffleur, contrefacteur, prestidigitateur, caboteur, chahuteur, transporteur, aiguilleur, artilleur, affronteur, gouailleur, orpailleur... Cendrars est toujours ailleurs... qui disait: «Quand tu aimes, il faut partir...»

Cendrars Pour faire connaissance avec l'énergumène et sa vie romanesque, je vous conseille de lire :
«Blaise Cendrars» de Miriam Cendrars (Points), indispensable !
«Blaise Cendrars, l'or d'un poète» de Miriam Cendrars (Découvertes, Gallimard), c'est la version « allégée » du précédent.
«Blaise Cendrars vous parle», c'est le tome 15 des éditions complètes de Cendrars chez Denoël, truculent!
«La ferme de Navarin» de Gisèle Bienne (Gallimard), un très bon roman autour de Cendrars
«Monsieur Cendrars n'est jamais là» de Robert Guiette (Editions du limon)
«Blaise Cendrars» de Frédéric Ferney (F Bourin)
«Blaise Cendrars: enquête sur un homme à la main coupée» de Jérôme Camilly (préface de Robert Doisneau, chez Le Cherche midi)

Il existe aussi un lien web du Centre d'Etudes Blaise Cendrars: http://www.cebc-cendrars.ch/

La seule biographie parue en epub est celle de Patrice Delbourg, « L'odyssée Cendrars » vendue 12,56 € à la Fnac.
Je n'ai pas aimé du tout cette biographie que je n'ai même pas eu envie de terminer trop «fanatique», trop aveuglée, trop écrite, trop brouillonne, trop bruyante... trop Delbourg quoi...

Pour lire Cendrars en epub, le choix est limité à 3:
l'hallucinant «Moravagine»
l'aventureux «Rhum»
et l'américain «Hollywood»
c'est tout!

«J'ai toujours été en route
Le train fait un saut périlleux et retombe sur toutes ses roues
Le train retombe sur ses roues
Le train retombe toujours sur toutes ses roues.»

Extrait de la "Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France" de Cendrars.

T.C.

Pour compléter le billet de Thierry, à signaler la récente parution dans la collection Quarto chez Gallimard d'une édition complète de ses romans ainsi que des rééditions en Folio avec des couvertures colorées très sympas. Dommage en effet que les versions numériques ne suivent pas. Lire un article sur le blog de la librairie Mollat que j'avais cité récemment.


Jeunesse: c'est un livre!

Cestunlivre Un petit livre pour enfants formidable qui parait ce mois dernier chez Gallimard Jeunesse, c'est "C'est un livre" de l'auteur-illustrateur américain bien connu Lane Smith. Un hymne plein d'humour au livre imprimé à l'heure du passage au numérique. J'ai bien envie de l'offrir à certains! (je l'avais remarqué sur l'excellent blog Typlume&Graphine, Idboox en parle aussi aujourd'hui).


C'est un livre - Lane Smith
envoyé par GallimardJeunesse. - Films courts et animations.


Lire Jack London

London A signaler deux titres de Jack London proposés par l'indispensable Bibliothèque du Québec ce mois-ci, "Croc-Blanc" et "Le Peuple de l'Abîme". Des traductions anciennes, certes, mais qui permettent de découvrir cet immense écrivain. Toujours un impressionnant rythme de parution pour notre ami québecois, entre dix et quinze nouveautés par mois; un vrai programme d'éditeur de poche, bravo!

PS: décidément, vient d'apparaître également son chef d'oeuvre "Martin Eden" du côté EbooksLibresetGratuits!


Chroniques de lecture - 8

Plume Voici le 8ème article.
Bon dimanche! Thierry

Le Censeur de Baudelaire
de Alexandre Najjar

téléchargé au format epub 6,50€ sur librairie.immateriel

 «La censure, quelle qu'elle soit, me paraît une monstruosité, une chose pire que l'homicide; l'attentat contre la pensée est un crime de lèse-âme.» Gustave Flaubert

Alexandre Najjar nous livre la biographie de Pierre Ernest Pinard, arriviste procureur, tristement célèbre et richement récompensé par un fauteuil de Ministre de l'Intérieur et une Légion d'Honneur, pour avoir poursuivi en justice Flaubert, Baudelaire et Eugène Sue!

Flaubert est acquitté.
Ha! La fameuse «scandaleuse» scène du fiacre dans «Madame Bovary»!
Comment? Vous n'avez pas encore lu «Madame Bovary»?

Flaubert, avant son procès, écrit cette lettre savoureuse à un ami: «Je vous annonce que demain 24 janvier, j'honore de ma présence le banc des escrocs, 6ème chambre de police correctionnelle, 10 heures du matin. Les dames sont admises; une tenue décente et de bon goût est de rigueur. Je ne compte sur aucune justice. Je serai condamné et au maximum peut-être, douce récompense de mes travaux, noble encouragement donné à la littérature!... Vous aurez peut-être, un jour ou l'autre, l'occasion d'entretenir l'Empereur de ces matières. Vous pourrez, en matière d'exemple, citer mon procès comme une des turpitudes les plus ineptes qui se passent sous son régime. Je déplais aux jésuites de robe courte et aux jésuites de robes longues; mes métaphores irritent les premiers; ma franchise scandalise les seconds.»

Medium Un extrait du réquisitoire d'Ernest Pinard qui accuse Flaubert de «réalisme vulgaire et souvent choquant de la peinture des caractères»
«Cette morale stigmatise la littérature réaliste, non pas parce qu'elle peint les passions: la haine, la vengeance, l'amour; le monde ne vit que là-dessus, et l'art doit les peindre; mais quand elle les peint sans frein, sans mesure. L'art sans règle n'est plus l'art; c'est comme une femme qui quitterait tout vêtement. Imposer à l'art l'unique règle de la décence publique, ce n'est pas l'asservir, mais l'honorer. On ne grandit qu'avec une règle. Voilà, messieurs, les principes que nous professons, voilà une doctrine que nous défendons avec conscience.»

Le ténébreux Baudelaire accusé d'être «un défi jeté aux lois qui protègent la religion et la morale» est condamné à 300 francs d'amende avec interdiction de publication de certains poèmes de ses «Fleurs du Mal», poèmes sulfureux qui seront réhabilités en... 1949!!!
(il s'agit des poèmes Les Bijoux, Le Léthé, Lesbos, les Métamorphoses du vampire, Femmes damnées, À celle qui est trop gaie)

Les très émouvantes lettres de Flaubert et Baudelaire témoignent: ils sont surpris, inquiets et blessés face aux accusations.
Le lecteur curieux suivra pas à pas l'organisation de la défense, le procès avec ses accusations et ses plaidoiries. Très instructif!

Enfin, Pinard condamne «Les Mystères du Peuple ou Histoire d’une famille de prolétaires à travers les âges» d’Eugène Sue, mort depuis 3 ans... ce sont donc le propriétaire de l'œuvre, son éditeur et  son imprimeur qui sont sur le banc des accusés

Mais c'est surtout une «biographie» très documentée du Second Empire: la révolution de 1848, l'abdication de Louis Philippe, la proclamation de la République par Lamartine.

Un petit texte qui éclaire, souvent «drôlement» (en effet, cet Ernest Pinard est décidément, souvent, malgré lui, très risible!) la justice, les mœurs et la censure de cette époque... de notre époque aussi?

Un hommage à la littérature?
Celui qui écrit et celui qui lit seraient-ils dangereux?
Oui... l'histoire de la littérature le démontre... encore aujourd'hui!


« SHAKESPEARE AUSSI ÉTAIT UN TERRORISTE

"Words... words... words..." disait-il»
(Léo Ferré)


4ème de couverture
"Voilà une biographie à la fois inattendue, brillante et bienvenue.
(...) Ernest Pinard, qui en est l'objet, fut un procureur soumis en tous points à l'ordre social de son temps, un ministre de l'Intérieur somme toute médiocre, et sa postérité, à vrai dire, n'avait jamais encore interpellé quiconque. (...) On eût été tenté de rejeter d'emblée le souvenir d'un homme qui eut pour titre de gloire -ou, à tout le moins, pour chemin vers la notoriété- de faire condamner Flaubert, Baudelaire et Eugène Sue, qui s'opposa à l'érection des statues de Baudin et de Voltaire, et eut maille à partir avec Zola.
Excusez du peu! (...) Au travers du destin d'un homme, on traverse une époque, les yeux et les oreilles aux aguets. Nul ne pourra plus écrire sur le Second Empire sans tenir compte de la contribution d'Alexandre Najjar. C'est le témoignage à lui rendre".

Sur l'auteur
Avocat et écrivain, responsable du supplément L'Orient littéraire, Alexandre Najjar est né au Liban en 1967.
Passionné du XIXe siècle, il a à son actif plusieurs biographies, des romans (Le Roman de Beyrouth, Phénicia, Berlin 36) et des récits (L'Ecole de la guerre, Le Silence du ténor), traduits dans une douzaine de langues. Il a obtenu le Prix Méditerranée 2009 et le Prix Hervé Deluen de l'Académie française pour son action en faveur de la francophonie.

T.C.


Chroniques de lecture - 7

Plume

Nouvelle chronique de notre ami Thierry ce dimanche:

Le printemps arrive tout doucement, c'est le moment de réinventer l'amour en lisant «Eloge de l'amour» de Alain Badiou pour seulement 2,90€ à télécharger chez epagine

C'est quoi l'amour?
C'est une bonne question...

Des extraits valent mieux qu'un long discours:

«Un amour véritable est celui qui triomphe durablement, parfois durement, des obstacles que l’espace, le monde et le temps lui propose»

«Dans l’amour, la fidélité désigne cette longue victoire: le hasard de la rencontre vaincu jour après jour dans l’invention d’une durée, dans la naissance d’un monde.»

«La conviction est aujourd'hui largement répandue que chacun ne suit que son intérêt. Alors l'amour est une contre-épreuve. L'amour est cette confiance faite au hasard.»

«Il faut réinventer le risque et l'aventure, contre la sécurité et le confort.»

Eloge A l'opposé de «l'amour-assurance-vie» recherché sur Meetic (l'amour «risque-zéro»), ou de  «l'amour-coup-de-foudre» qui ne dure que le temps d'une étincelle (l'amour romantique), Badiou nous propose plutôt une construction amoureuse, construction désintéressée, véritable libération, loin des intérêts immédiats, construction qui doit surpasser les obstacles pour triompher. Un idéal amoureux loin des propositions marchandes d'aujourd'hui, loin des versions libérales et artificielles de l'amour que l'on nous vend et vente à longueur de journée dans certaines presses écrites ou images télévisées. Loin d'un discours amoureux conventionnel et rassurant.
«Personnellement, je me suis toujours intéressé aux questions de la durée et de processus, et non pas seulement aux questions de commencement.»
Un livre de sage... un peu trop sage?
Des réflexions pour éclairer votre lanterne de l'amour?
Pour préserver votre flamme amoureuse?
Eviter qu'elle vacille au gré des vents mauvais?

C'est un petit essai plaisant à lire, discutable, à discuter, à déguster, (il s'agit d'entretiens entre le philosophe et Nicolas Truong, journaliste au Monde), à lire et à relire... un livre de chevet?

4ème de couverture
"La conviction est aujourd'hui largement répandue que chacun ne suit que son intérêt. Alors l'amour est une contre-épreuve. L'amour est cette confiance faite au hasard." Des moralistes français jusqu'à Levinas, en passant par Schopenhauer, les philosophes ont souvent maltraité l'amour -lorsqu'ils l'ont traité. Alain Badiou nous montre dans ce livre fort et limpide que l'amour est aujourd'hui menacé: la puissance de l'événement incommensurable qu'il constitue est niée à la fois par les tenants du marché libéral (pour lesquels tout n'est qu'intérêt) et par ses opposants (pour lesquels l'amour n'est qu'hédonisme). Il est donc à réinventer.

Alain Badiou est un philosophe, romancier et dramaturge français.

T.C.


Chroniques de lecture - 6

Plume Une lointaine Arcadie
de Jean-Marie Chevrier


acheté et téléchargé au format epub sur epagine.fr

Un revigorant coup de coeur!
Je ne connaissais pas cet auteur que j’ai découvert par hasard en lisant sur le net que son histoire se situait dans la Creuse, un département et des paysages que je fréquente depuis mon enfance.
Ce livre aurait pu paraître aux excellentes éditions Gallmeister adepte du “nature writing".
(http://www.gallmeister.fr/accueil)
Ce courant littéraire américain est un melting pot d'hommages à la nature et de récits autobiographiques. En résumé, "ma vie dans les grands espaces".
On pense alors, pêle-mêle, à Henri David Thoreau, Jack London, Jim Harrison et aussitôt à "La route" de Cormac Mc Carthy ou bien au film de Sean Penn "Into the Wild", adapté du roman "Voyage au bout de la solitude", écrit par Jon Krakauer en 1996, et relatant l'histoire réelle de Christopher McCandless.
Très souvent, le "nature writing" revendique le label "Ecologie politique".

Chevrier Le titre fait référence au mythe d’Arcadie, région montagneuse de la Grèce ancienne, terre mythique de la paix et du bonheur.
Ce roman remémore la lecture du magnifique “Suzanne et le Pacifique” de Giraudoux.
On pense également à Robinson Crusoé... avec la Creuse comme une île?
Matthieu, libraire à Paris plaque tout car tout lui échappe: son meilleur ami le chien qui meurt, sa femme qui le quitte...
Il se retrouve dans la Creuse dans une maison de famille abandonnée. Sans télévision, sans journaux... avec seulement 3 livres: l’Illiade d’Homère, les Géorgiques de Virgile, et Malone Meurt de Beckett. Il va fabriquer son pain, cultiver son jardin, adopter une vache et faire de rares mais magnifiques rencontres dépeintes avec beaucoup de sensibilité.
L’auteur fait souvent référence aux mythes grecs et à la peinture et l’écriture de Chevrier est très sensuelle, au pinceau... picturale.

Un très très beau roman que je recommande avec enthousiasme!

4ème de couverture
Mathieu part à la retraite: il ferme sa librairie, sa femme le quitte, il perd son chien… Où et comment trouver la force de continuer à vivre? Peut-être dans une vie d'ermite, sur une éminence isolée des confins de la Creuse. Dans ce dernier refuge, il n'aspire qu'à s'effacer dans une nature immobile, avec la seule compagnie des bêtes, suivi pas à pas par Io, une génisse. Mais la civilisation se rappelle à Mathieu quand un couple de randonneurs fait halte dans sa thébaïde. L'homme, archéologue amateur, cherche des vestiges médiévaux. La femme n'est pas sans charme, et inspire à Mathieu un désir violent. Ses velléités de solitude et de renoncement sont compromises. Un drame se prépare, dont Io, l'animal tutélaire, sera la victime sacrificielle.

La première phrase
«Il avait un chien. C’était un petit chien, un cocker, parce qu’il est déraisonnable d’avoir un chien à Paris et qu’il compensait cette déraison par un animal de petite taille. Il s’appelait Cassius parce qu’il était né l’année des C.»

T.C.


Chroniques de lecture - 5

Plume «Les Carnets du sous-sol»
de Fedor Dostoïevski


téléchargé gratuitement sur feedbooks

Ce petit roman, d’une centaine de pages, est parfois titré «L’esprit souterrain».

Finkielkraut, dans son excellent essai sur la littérature «Un coeur intelligent» le surnomme «L’enfer de l’amour-propre».
Cette oeuvre noire fait partie de la bibliothèque idéale du philosophe.

Dostoievski «Je suis un homme malade, je suis un homme méchant» prévient le narrateur dès la première phrase. Réfugié dans un sous-sol, un homme sans nom, petit fonctionnaire (s’agit-il de Dostoïevski lui même?) monologue, peste contre la nature humaine, le monde entier et... lui même.
Haineux, il rejette tout... jusqu’aux promesses de l’amour... Les pages qui relatent la relation tumultueuse et désespérante de notre «héros» avec une prostituée sont remarquables.
«(...) mais elle avait parfaitement compris que j'étais un monstre, un homme incapable de l'aimer (...) c'est sa présence qui m'était odieuse, insupportable. Je voulais qu'elle disparaisse. "La paix", je voulais ça; je voulais rester seul dans mon sous-sol. "La vie vivante", par manque d'habitude, elle m'avait écrasé tellement que j'avais du mal à respirer.»

Un roman dérangeant qui, parfois, nous renvoie notre propre image.
Un livre anarchiste, véritable manifeste, qui a sûrement inspiré Céline ou Camus.

Selon moi, un premier chef d’oeuvre nihiliste et déjà sartrien du maître russe!

4ème de couverture
Réfugié dans son sous-sol, le personnage que met en scène Dostoïevski ne cesse de conspuer l'humaine condition pour prôner son droit à la liberté. Et il n'a de répit qu'il n'ait, dans son discours, humilié, diminué, vilipendé les amis de passage ou la maîtresse d'un soir.
Un monologue féroce et imprécatoire...

Les premières phrases
 "Je suis un homme malade… Je suis un homme méchant. Je suis un homme déplaisant. Je crois que j'ai une maladie de foie. D'ailleurs je ne comprends absolument rien à ma maladie et ne sais pas au juste où j'ai mal. Je ne me soigne pas et ne me suis jamais soigné. Si je ne me soigne pas, c'est par pure méchanceté de ma part. Je sais très bien que ce ne sont pas les médecins que j'embête en refusant de me faire soigner. Je ne fais tort qu'à moi-même; je le comprends mieux que quiconque. Et pourtant, c'est bien par méchanceté que je ne me soigne pas. J'ai mal au foie ! Tant mieux !!"

Avertissement
Dommage que cette traduction ne soit pas toujours à la hauteur.

T.C.


Biographie de Céline en poche et en numérique!

Archipoche A signaler l'initiative des Editions Archipel qui viennent de sortir la version au format de poche du livre de Emile Brami "Céline à rebours" et de manière simultanée la version numérique avec une réduction de 15%. Sur le prix d'une version au prix de poche, cela mérite d'être souligné. Près de 500 pages bien tassées, pour ceux qui voient de moins en moins l'intérêt de passer par du poche/papier. Une version PDF pour l'instant, espérons que la version ePub suive. Bravo, un excellent livre, à lire sans modération, pour démarrer cette année de "célébration" du cinquantenaire de la mort de Céline.


Chroniques de lecture - 4

Plume «La Maison du Chat-qui-pelote»
de Balzac


téléchargé gratuitement sur immateriel

Baudelaire affirmait: «Chacun, chez Balzac, même les portières, a du génie.»

«La Maison du Chat-qui-pelote» (quel beau titre!) est une des six nouvelles parues en 1830 dans les «Scènes de la vie privée» qui débutent l’immense oeuvre «La Comédie Humaine». Elle serait inspirée par la vie d’une des soeurs de Balzac.

Balzac La vie de la famille Guillaume, drapier à Paris à «La Maison du Chat-qui-pelote» (nom de l’enseigne du magasin) s’écoule comme un ennuyeux fleuve tranquille. Peu d’événements viennent troubler ou même égayer cette paisible et économe famille de commerçants... sinon l’inventaire du magasin... une fois l’an!
Les Guillaume veulent marier Virginie, leur fille aînée à Joseph Lebas, le premier commis de la petite entreprise, promis à la succession de l’affaire. Oui, mais voilà, ce Joseph là est bien amoureux, mais d’Augustine la plus jeune.
Oui, mais voilà, cette Augustine là est bien amoureuse mais de Théodore de Sommervieux, un jeune aristocrate artiste peintre.

«Il est des mésalliances d’esprit aussi bien que des mésalliances de moeurs et de rang.» prévient Madame Guillaume, la mère d’Augustine.
Cette phrase résume le thème de cette nouvelle: la lutte des classes et l’ amour comme étude des moeurs.

J’ai noté pour vous quelques répliques amusantes des personnages «balzaciens».
«Est-ce donc bien amusant de voir en peinture ce qu’on rencontre tous les jours dans notre rue!»
«Nai-je pas entendu dire ce soir à ce jeune écervelé que si l’argent était rond, c’était pour rouler ! S’il est rond pour les gens prodigues, il est plat pour les gens économes qui l’empilent et l’amassent.»
Ou bien, «Un homme à talent rendra sa femme malheureuse.»

Cette courte nouvelle d’une cinquantaine de pages sera une entrée encourageante à lire Balzac.

Présentation de l'éditeur
Ce récit écrit en 1829 sera placé, plus tard, par Balzac en ouverture de la "Comédie Humaine". On y retrouve la trame de ce que seront les romans la composant et l'on y croise déjà les héros d'autres épisodes.
Tout y préfigure la grande oeuvre de Balzac. C'est en ces quelques pages une miniature parfaite de tout ce qui suivra.
La Maison du chat qui pelote, titre définitif que l'auteur donna à cette ouvrage, avait à l'origine été intitulé "Gloire et Malheur". Il s'y joue le destin d'une femme que tout favorise. Mais l'amour peut-il résister au fil des ans, à la différence des classes ?
Questions actuelles que Balzac, comme toujours avec son génie, pose et auxquelles il répond, nous montrant que finalement, aujourd'hui rien n'a changé.

La première phrase
«Au milieu de la rue Saint-Denis, presque au coin de la rue du Petit-Lion, existait naguère une de ces maisons précieuses qui donnent aux historiens la facilité de reconstruire par analogie l’ancien Paris.»

T.C.


Chroniques de lecture - 3

Plume «Minuit»
de Dan Franck


livre acheté et téléchargé sur fnac.com
16,99 € au format epub

Mais qu’ont-ils fait les intellectuels (écrivains, cinéastes, peintres, éditeurs...) pendant l’occupation allemande de 1939 à la libération?
Dan Franck, nous le «conte», sans régler de comptes, avec passion, sans condamnation. Après deux années de recherches, de documentations en témoignages, Dan Franck nous livre ici des petites histoires poignantes, parfois peu reluisantes qui font la grande Histoire. Des anecdotes, certaines lourdes de sang, d’autres légères de sens.

51pCrjoUd7L._SL500_AA300_ Le titre «Minuit» est un hommage aux Editions de Minuit, fondées par l’écrivain résistant Vercors.
De l’engagement tardif et symbolique de Sartre et Beauvoir au pacifisme viscéral de Prévert, en passant par les résistances héroïques de Desnos et René Char... entre autres... nous voyons Picasso, aveugle devant les événements, peindre parmi ses nombreuses amantes, au milieu de sa cour, Cocteau jouer ses pièces devant les gradés allemands pendant que Max Jacob meurt abandonné de tous au camp d’internement de Drancy, l’écrivain-docteur antisémite Céline soigner, juifs, résistants et Anglais parachutés…

Il y aura donc, ceux qui résisteront dans l’écriture ou l’action, ceux qui, muets, fermeront les yeux et les oreilles et ceux qui s’associeront avec l’ennemi dans l’écriture jusqu’à... l’action. Après tout, les intellectuels ne sont pas exemptés, dispensés d’erreur de jugement ou bien de lâcheté. Tous ne seront pas des héros. Ilsrestent des êtres humains... comme tout le monde. Mais écrire ou peindre n’interdit pas de lutter contre l’ignoble nazisme.

Comme René Char, le poète «magnétique», qui choisit de ne rien publier pendant la guerre, qui choisit de résister les armes à la main dans le maquis de Provence, qui se choisit un nouveau nom de combat, «Capitaine Alexandre», qui écrit pour expliquer son mutisme poétique (et politique) «Mes raisons me sont dictées en partie par l’assez incroyable et détestable exhibitionnisme dont font preuve depuis le mois de juin 1940 trop d’intellectuels parmi ceux dont le nom jadis était précédé ou suivi d’un prestige bienfaisant, d’une assurance de solidité quand viendrait l’épreuve qu’il n’était pas difficile de prévoir…»
Un livre absorbant qu’on lira comme un roman, comme le roman de la vie, tragique ou épique dans les tourments de l’Histoire!

4ème de couverture
Il était minuit dans le siècle: de la débâcle de 1940 à la Libération, Dan Franck écrit ici, avec une passion communicative, l'épopée des écrivains, des artistes et des intellectuels sous l'Occupation.
Char, Paulhan, Vercors, Sartre et Beauvoir, Camus, Picasso, Cocteau, Aragon et Elsa, Matisse, Prévert, Desnos, Saint-Exupéry, Prévost, Drieu La Rochelle, Beckett, Marc Bloch, Mauriac et tant d'autres, c'est le grand bal de la France qui écrit, peint, dessine, filme, joue, publie, collabore, résiste, s'accommode.
Tel un metteur en scène, Dan Franck nous entraîne dans sa ronde: de Paris à Marseille dans la débandade de l'exode, de Marseille à New York dans les bateaux de l'espoir, de Paris à Berlin dans les trains de la honte, des gares de la déportation aux camps de la nuit et du brouillard, on partage avec admiration, stupeur ou incrédulité les destins croisés de cette génération dont la tragédie de l'Histoire a transformé la vie en roman.

Biographie de l'auteur
Dan Franck a publié une vingtaine d’ouvrages, dont Les Calendes grecques (prix du premier roman, 1980), La Séparation (prix Renaudot, 1991), Un siècle d’amour (avec Enki Bilal, Fayard, 2000), Les aventures de Boro reporter-photographe (avec Jean Vautrin, Fayard); et chez Grasset: Les enfants et Roman nègre. Scénariste réputé, on lui doit aussi, récemment, le scénario du film et de la série Carlos d’Olivier Assayas. Ce denier livre est une sorte de suite de «Bohèmes» (sur le début du XXème siècle à Paris) et «Libertad!» ( sur la Révolution espagnole)

Avertissement :
La version epub ne contient malheureusement pas les belles photos de la version papier. De plus, les chargements des nombreux chapitres sont trop longs sur mon petit Opus. (ce livre pèse tout de même 500 pages)

T.C.


Céline sur la toile

18148 Pour accompagner l'actualité brulante autour du cinquantième anniversaire de la mort de Louis-Ferdinand Céline (comment vous l'ignorez encore?) je vous recommande ce petit essai de Alain Jamot "Montherlant-Céline: match nul?" que j'ai découvert par le plus grand des hasards sur Feedbooks; pas facile de trouver une anguille dans une botte de foin dans l'univers de l'auto-publication! L'article était paru SurleRing en 2009, Alain Jamot y est rédacteur; des livres numériques qui vont reprendre peu à peu beaucoup d'articles du web en leur donnant une nouvelle consécration! On n'a pas fini d'étendre nos bibliothèques!


Chroniques de lecture - 2

Plume Une deuxième chronique de lecture proposée par notre ami Thierry, merci!

La parure
de Guy de Maupassant

téléchargé gratuitement au format epub
sur le site  immateriel.fr

En une dizaine de pages seulement (10 exactement sur mon Opus/Booken), Maupassant pourrait raconter les désastres de la crise financière d'aujourd'hui et ses sinistres cortèges de surendettement. Chapeau bas Monsieur Maupassant ! Une écriture ciselée, polie pour décrire la pitoyable mésaventure d'un couple dont la vie va tragiquement basculer pour... un collier... Mais je ne vous en dis pas plus, je vous laisse le plaisir de découvrir la fin (comme je vous envie déjà!). Ce texte est à lire et à relire sans cesse qui peint l'absurde, la soif du paraître, l'envie... les faiblesses de la nature humaine quoi!
Maupassant N'ayez pas peur de lire Maupassant, ça se lit comme du p'tit lait... aigre et amer...

La 4ème de couverture
«La Parure» dépeint avec alacrité le menu peuple des bureaux.
Une ironie, tantôt enjouée tantôt cruelle qui illustre la profonde acuité d'une oeuvre qui, de Boule de suif au Horla, n'a cessé de mettre au jour avec une égale curiosité les ressorts inattendus de la mécanique humaine.
La 1ère phrase
«C'était une de ces jolies et charmantes filles, nées, comme par une erreur du destin, dans une famille d'employés.»
T.C.


Chroniques de lecture - 1

Plume En ce début d'année, je suis ravi d'ouvrir Aldus à des chroniqueurs qui nous feront partager leurs coups de coeur "numériques". Si vous me lisez et que vous vous sentez une proximité par rapport à Aldus, n'hésitez pas à nous rejoindre! Merci Thierry!

"Bonjour !
Je me présente. Je m'appelle Thierry Cousteix. Je suis professeur des écoles dans le Puy de Dôme, en Auvergne (c'est en France!)
Lecteur assidu de votre site, je suis aussi un passionné de lecture. Je lis en moyenne 1 livre par semaine, tout style, tout genre confondus: de Maupassant au dernier Philippe Sollers, en passant par Cendrars et jusqu'au dernier polar américain sorti en epub.
Je viens de découvrir la lecture électronique sur le petit Cybook Opus de Booken (très agréable, ma foi!).
J'avoue que je suis assez enthousiasmé par ce support de lecture!
J'ai déjà pratiqué la critique littéraire au sein des jurys des Prix des lecteurs de l'hebdomadaire l'Express et du mensuel Lire (je peux vous joindre, si vous le souhaitez, quelques uns de mes articles publiés sur ces revues).
Aussi, je me permets de vous proposer mes services (bénévoles, cela va de soi!) en vous suggérant pour publication sur votre site des critiques littéraires de livres électroniques (formats epub ou PDF).
Chaque semaine, je peux vous envoyer un article à mettre en ligne.
Ceci afin de motiver vos visiteurs à la lecture de livres... électroniques!

Je vous joins, ci-dessous, un article sur le 1er livre électronique que je viens de terminer. C'est tout frais d'aujourd'hui!
Le prochain pourrait être "La parure" une petite nouvelle de Maupassant en format epub en téléchargement gratuit.

LaurentBinetHHhH «HHhH» de Laurent Binet. Prix Goncourt du 1er roman en 2010.

Livre acheté (15,99 €) et téléchargé au format epub sur le site starzik.com

Une chose est sûre: Laurent Binet, astucieusement, sait nous raconter une histoire.

"Au début, ça m'avait semblé un histoire simple à raconter. Deux hommes doivent en tuer un troisième."

Cette histoire c'est celle de 2 parachutistes résistants tchèques qui vont, en 1942, commettre un attentat à Prague contre Heydrich, planificateur de la solution finale et bras droit de Hitler. Tous les personnages de ce livre ont existé. Mais est-ce vraiment un roman comme annoncé sur la couverture? "HHhH" signifiait chez les SS: "Le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich." ("Himmlers Hirn heiβt Heydrich" en allemand). Après le très, très, très (trop?) discuté, "Jan Karski" de Yannick Haenel (prix Interallié et prix FNAC 2010) qui raconte l'histoire de Jan Karski, résistant polonais chargé par la résistance du ghetto de Varsovie d'alerter les pays alliés des massacres des juifs, voici donc "HHhH". Deux jeunes auteurs. Deux histoires "vraies"... romancées. Deux procédés romanesques très différents pour raconter l'histoire de l'Histoire.

J'apprécie beaucoup le style limpide, de Yannick Haenel et je me range du côté de ceux qui ont défendu son "entreprise romanesque" de prise de l'histoire à son compte... à notre compte. Laurent Binet est très (plus?) malin. Il raconte son histoire, "en direct live". Avec ses bafouillages, ses bégaiements, ses mensonges, ses ratures. Il nous raconte son histoire comme on la lit. Il écrit au fur et à mesure qu'on lit. Je vais citer quelques extraits significatifs de "la technique Laurent Binet". "Les fantômes, il faut s'en occuper, et cela demande beaucoup de soin mais cela, je le savais. En revanche, j'ignorais, et j'aurais dû m'en douter pourtant, qu'un fantôme n'aspire qu'à une seule chose: revivre." Et Laurent Binet sait très bien faire revivre les fantômes de l'Histoire. Le jeune auteur fait référence à Flaubert qui à propos de son Salammbô écrivait : "C'est l'Histoire, je le sais bien, mais si un roman est aussi embêtant qu'un bouquin scientifique..." Et Laurent Binet n'est surtout pas embêtant. "Je dis qu'inventer un personnage pour comprendre des faits d'histoire, c'est comme maquiller les preuves." Et puis, avec modestie et humilité face à "ses" héros de la résistance, "C'est un combat perdu d'avance. Je ne peux pas raconter cette histoire telle qu'elle devrait être." Un autre exemple. La dernière scène qui relate la tragique fin des résistants tchèques, en réalité, dure 8 heures. "Il est midi, il a fallu près de huit heures aux huit cents SS pour venir à bout de sept hommes." L'auteur mettra 18 jours pour écrire cet assaut fatal. (les étapes de l'écriture sont datées du jour: du 1er au 18 juin 2008)

Et on y croit. On écoute jusqu'au bout. Malgré le suspens inexistant. Son "truc stylistique" marche. Alors on marche avec lui dans la divine Prague, au côté de héros magnifiques et d'ignobles nazis. Ce livre a aussi le mérite, comme celui de Yannick Haenel, de nous rafraîchir la mémoire, si besoin, sur cette barbarie humaine qu'était le nazisme. Où se trouve la vérité ? Le mensonge ? Le suspens se situe peut-être là. Caché derrière ces deux questions. En tout cas, Laurent Binet sait raconter les histoires. C'est déjà beaucoup... pour un livre...

4ème de couverture

A Prague, en 1942, deux hommes doivent en tuer un troisième. C’est l’opération « Anthropoïde » : deux parachutistes tchécoslovaques envoyés par Londres sont chargés d’assassiner Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo, chef des services secrets nazis, planificateur de la solution finale, « le bourreau », « la bête blonde », « l’homme le plus dangereux du IIIe Reich ». Heydrich était le chef d’Eichmann et le bras droit d’Himmler, mais chez les SS, on disait : « HHhH ». Himmlers Hirn heiβt Heydrich – le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich.

Tous les personnages de ce livre ont existé ou existent encore. Tous les faits relatés ont été vérifiés. Mais derrière les préparatifs de l’attentat, une autre guerre se fait jour, celle que livre la fiction romanesque à la vérité historique. L’auteur, emporté par son sujet, doit résister à la tentation de romancer. Il faut bien, pourtant, mener l’histoire à son terme.

La 1ère phrase

"Gabcik, c'est son nom, est un personnage qui a vraiment existé."

Sur l'auteur

Né en 1972, il est agrégé de Lettres modernes, enseigne dans la région parisienne et est chargé de cours à l'Université Paris III


Voilà, en attendant votre avis, cordialement et dans tous les cas, bonne continuation à ALDUS...

TC


Pearson: créer des livres en ePub

Pearson A signaler dans les parutions de ce début d'année, la sortie aux Editions Pearson d'un ouvrage technique qui devraient en intéresser plus d'un: "Créer des documents ePub, concevoir des livres électroniques pour l'iPad et autres liseuses" de Elizabeth Castro. Bien entendu, il existe aussi dans sa version numérique; il n'est pas verouillé par une quelconque DRM, vous pourrez donc le trouver chez Dialogues! Bravo aux Editions Pearson! (via le blog ePagine).

PS: pour complément, c'est la société IGS-CP à Angoulème qui a réalisé l'ouvrage.


Apologie du livre

Apologie_livre On se rappelle de l'appel de l'historien du livre Robert Darnton il y a deux ans maintenant contre le monopole de Google en matière de numérisation. Un texte qui avait eu une résonance très importante dans le monde entier (mon billet ici). Il revient aujourd'hui avec un livre "Apologie du livre" qui parait dans la collection Essais chez Gallimard (via Enssib et Challenges). Je vous en reparle bientôt!

PS: en attendant, il était l'invité de France-Culture le week-end dernier.


Les Matins - Robert Darnton
envoyé par franceculture. - L'info internationale vidéo.


Gravitons mis sur orbite

Gravitons Une initiative très intéressante des Editions Gravitons, un éditeur de livres numériques spécialisé dans les essais sur l'art, qui propose en téléchargement gratuit pour leur premier titre, un projet de Franck Ansel, avec la contribution de nombreux auteurs et artistes autour du Livre de Mallarmé, "Du Livre de Mallarmé au livre mal armé". Une excellente utilisation des possibilités du "jeune format ePub" (comme ils disent). A mi-chemin entre art littéraire et art pictural, bien dans l'esprit de Mallarmé. J'ai beaucoup aimé les apports entre autres de Myriam Métayer, de Jean-Clet Martin et de Judith Benhamou-Huet ainsi que les collages autour des textes de Roland Barthes et les différents jeux visuels qui sont vraiment très intéressants sur le papier électronique. Bien entendu, j'ai apprécié aussi à sa juste valeur le poème de David Abiker en référence à Alde Manuce "Crise Aldine" qu'il m'a aimablement autorisé à reproduire ici et que l'on retrouvera aussi sur son excellent blog:

La toile est triste, hélas ! et j’ai vu tous les sites.
Fuir ! là-bas fuir ! Les froides surfaces anthracite
Leur préférer les livres et au buzz dire adieu !
Rien, ni les vieux écrans ultimes drogues des aïeux
Ne retiendra mes clics et mes doigts et leurs crampes.
O twits ! Votre folle vitesse a blanchi mes tempes !
Economie sans modèle, tu accouches du néant,
Dans les réseaux tu as perdu tes enfants.
Je partirai ! Surfer, las des cybercultures,
Pour les vieilles encres et les anciennes ratures !
Salut à vous geeks, trolls et visiteurs du noir,
Bloggueurs viraux, pokeurs, amitiés d’un soir !
Des navigateurs, je ne serai plus l’otage.
A écrire sans peine, on triomphe sans courage.
Je ne vous lirai plus générateurs de mots,
Sourd que je suis au chant du web deux points zéro.

Bref, Gravitons, retenez-bien ce nom dans notre petite galaxie éditoriale, ils nous réservent sans doute encore bien des surprises littéraires et graphiques!


Relire Philippe Muray

Philippe-Muray_Essais Passé mes vacances à relire l'édition complète des Essais de Philippe Muray que les Belles Lettres ont eu la bonne idée de publier il y a quelques mois. Je vous recommande particulièrement, une édition de référence comme d'habitude de plus de 1800 pages avec des index remarquables qui permettent de naviguer dans le volume (c'est trop peu souvent le cas malheureusement chez les éditeurs). En revanche un pavé de plus d'1,2 kilo qui effrait quelque peu au moment de partir loin de chez soi. J'ai cherché vainement une édition numérique dans le catalogue ePagine, sans succès; c'est vraiment dommage, j'aurais volontiers pris les deux pour un supplément de prix!


L'Elfe au dragon: demandez le dénouement

Tenor A signaler une initiative intéressante entre version imprimée et numérique, celle de Arthur Ténor, l'auteur de "L'Elfe au Dragon", le sixième tome paru le mois dernier au Seuil Jeunesse. Nouvelle promesse numérique, celle de permettre à un lecteur passionné, qui n’aurait pas suivi tout ou partie des précédentes aventures, d’obtenir ainsi la clé du mystère, soit de préserver le suspense jusqu’au bout, tout en résistant à l’envie de savoir…. C’est le principe du dénouement à la demande. Ce livre est donc au départ un livre imprimé qui se prolonge sur le Web et incite le lecteur à interagir avec l’histoire.

Contact hier soir avec l'auteur:

"J'ai conçu et écrit la série L'elfe au dragon avec l'intention de permettre à un lecteur de pouvoir suivre dans le désordre les aventures du héros (Kendhil). Celui-ci est un elfe qui se découvre une singularité (plusieurs en fait), dont son origine, puisqu'il est le seul de sa communauté à ne pas appartenir à une lignée. Par surcroît, il possède pour alter ego un magnifique dragon d'Hélion, ce qui est totalement improbable et sans que quiconque puisse l'expliquer. Ce jeune elfe part donc avec sa fabuleuse monture en quête de la clé de son mystère. Cela l'amène à parcourir de long en large le vaste empire d'Isuldain, de vivre des aventures mouvementées et bien sûr de recueillir des indices sur son mystère.

Mon souci d'auteur était qu'au sixième tome (il y aurait pu il y en avoir cinquante, comme dans une série télévisée du type Lost ou le Fugitif), fin prévue avec mon éditeur pour un premier cycle, je devais donner le fin mot de l'histoire dans les 23 dernières pages. Ce faisant, je risquais de tuer le suspense pour un lecteur ne connaissant pas les épisodes précédents. C'est ainsi que j'ai proposé au Seuil Jeunesse de créer un site dédié (pas un site promotionnel), mais un véritable prolongement numérique du roman. En somme, inaugurer le concept du dénouement à la demande, ou du "livre augmenté" comme on connaît déjà celui de la réalité augmentée.

Le principe est très simple: en fin de ce T6, l'auteur indique au lecteur comment, s'il le souhaite, il peut obtenir le dénouement "tant attendu". Pour cela il doit se rendre à l'adresse www.elfeaudragon.fr et taper un mot-code. Il voit alors apparaître une icône qui lui propose de télécharger ces fameuses 23 dernières pages.
Ce que je peux ajouter, c'est qu'il s'agit d'une toute petite innovation, mais que cela nous ouvre un nouvel horizon sur l'avenir du livre qui sera bientôt multimédia (comme le préfigure également de digi-roman de Zuicker, Level26). La prochaine étape devrait être beaucoup plus ambitieuse, mais c'est aussi plus de temps, plus de moyens et encore plus d'audace. Mais j'ai bon espoir...

Bravo pour ce premier essai transformé.

Revue des Deux Mondes: dossier Rimbaud

_revue-des-deux-mondes_s Je relais un commentaire de notre ami Thierry, il y a quelques semaines, à propos d'un excellent dossier consacré à Arthur Rimbaud. "Mis en oeuvre par la "Revue des Deux Mondes", et consacré (tout du long de ses 115 pages richement illustrées de photographies d'époque), à l'homme aux semelles de vent, Rimbaud le fulgurant, lequel décida un "beau" jour de poursuivre son voyage de voyant, jusque dans les tréfonds des sables brûlants d'Afrique. Ici, le fichier pdf de 6.4 Mo (115 pages), aux multiples photos en noir et blanc (+++), se lit aisément, et se feuillette aussi avec grande vélocité sur le Sony Reader 650. Pas de "bugs" à signaler à cette heure. Voici donc le chemin vers tous ces discours illustrés, Qui s'efforcent de cerner la légende d'un poète, retrouvant subitement chair, par la magie d'une photo exhumée. Enjoy!!! "Rimbaud, Aden, 1880". C'est par ici, merci pour cet excellent conseil.

PS: deux autres liens vers des articles en ligne pour compléter, LibrairesAssociés et RevueRessources.


Syndrome de Fritz: à lire absolument

Fritz Un coup de coeur qui n'est pas numérique mais je ne résiste pas au plaisir de vous conseiller la lecture du "Syndrome de Fritz" de Dmitri Bortnikov qui est paru il y a une dizaine de jours aux Editions Noir sur Blanc. Sorti tardivement, un article "Genet des neiges" de Philippe Chevillez dans Les Echos seulement pour l'instant, mais nul doute que d'autres vont suivre. Né à Samara en 1968, Dmitri Bortnikov est l’une des voix les plus talentueuses de la littérature russe contemporaine. Il a été tour à tour cuisinier, aide-soignant dans une maternité, professeur de danse et légionnaire. Il vit en France depuis plusieurs années. Le "Syndrome de Fritz" est son premier roman, paru en 2002 en Russie; il avait alors reçu le Booker Prize russe, ainsi que le Prix du best-seller national. Deux romans étaient sortis en France notamment "Svinobourg" au Seuil (2005) avant que nous ayons enfin l'occasion aujourd'hui de découvrir ce premier roman qui l'avait lancé et l'on comprend pourquoi! Une énergie incroyable, entre le vécu du personnage dans les squats clandestins de Paris et les steppes russes parmi les soldats sur les fronts de guerre ("vous pouvez pas contrôler ce que vous allez vomir" voir l'entretien ci-dessous), mais aussi la poésie et l'humour qui se dégagent constamment au détour des descriptions les plus noires. Un style aussi, il y a du Céline, du Selby, du Vollmann chez cet écrivain-là, assurément. A signaler l'excellente traduction avec un choix des mots extrêmement juste, la force du livre est intacte. Je ne suis pas forcément très doué comme critique, ma dernière en date, l'année passée pour "2666" de Roberto Bolanõ. D'autres le feront bien mieux que moi (je ne manquerais pas de relayer). Mais c'est pour moi l'un des meilleurs livres de cette rentrée littéraire, en tout cas l'un de ceux qui restera, vous verrez; Bortnikov, retenez-bien, parmi les très grands. Mon 2300ème billet le mérite bien!

PS: premiers papiers, Ouest-France ici, France Culture ici, La Russie d'Aujourd'hui ici.


Dmitri Bortnikov
envoyé par editionslibella. - Découvrez plus de vidéos créatives.


C'est dans la poche : le mensuel du poche!

PochecouvoctobreJO Alors que le livre de poche est à l'honneur ce week-end avec Lire en poche à Gradignan, je vous recommande l'intéressante initiative de Pierre Maury de la Bibliothèque Malgache qui propose C'est dans la poche, un mensuel électronique gratuit consacré aux nouveautés parues en poche. Le numéro 1 d'octobre est disponible ici (également sur Calaméo ou Scribd). Longue vie à C'est dans la poche, en souhaitant bientôt une version ePub pour tous les lecteurs... de poche! (via EbooksLibresetGratuits).