281 notes dans la catégorie "Livres"

Chroniques de lecture - 22

Plume Balzac, nous revoilà !

"La Vendetta" de Honoré de Balzac (dans Scènes de la vie privée dans la Comédie Humaine)

à télécharger sur l'indispensable Efele

La vendetta c’est la justice privée, hors de l’Etat. Comme dans ce roman de Balzac, en Corse, la vengeance d’un meurtre qui implique toute une famille.
Ici la famille Piombo tue tous les membres de la famille Porta (on ne sait pas trop pourquoi?). Un seul enfant Porta, Luigi, serait miraculeusement sorti indemne de ce carnage.
Bartholoméo di Piombo, sa femme et sa fille Genevra fuient la Corse pour se réfugier à Paris.
Plus tard la belle Genevra tombe amoureuse d’un bel officier nommé... je vous le donne en mille... Luigi!
Vendetta Bien sûr, la fille n’était pas au courant du terrible destin des deux familles.
Je vous raconte pas le drame familial chez les Piombo, surtout du côté du père très très possessif!
D’ailleurs, je ne vous raconte pas la fin non plus!
Ce petit roman «d’apprentissage», même s’il contient quelques «clichés», même s’il apparait comme du «déjà lu quelque part» (Mérimée vient d’écrire à peu près la même chose un an auparavant dans son «Mateo Falcone»), ce mélodrame donc, se lit tout de même jusqu’au bout de la curiosité.
Allez, je vous laisse regarder la tête du père Piombo quand sa fille lui présente le fameux miraculé, l'inattendu Luigi.

«Bartholoméo di Piombo se leva, chancela, fut obligé de s'appuyer sur une chaise et regarda sa femme, Elisa Piombo vint à lui; puis les deux vieillards silencieux se donnèrent le bras et sortirent du salon en abandonnant leur fille avec une sorte d'horreur. Luigi Porta stupéfait regarda Ginevra, qui devint aussi blanche qu'une statue de marbre et resta les yeux fixes sur la porte vers laquelle son père et sa mère avaient disparu: ce silence et cette retraite eurent quelque chose de si solennel que, pour la première fois peut-être, le sentiment de la crainte entra dans son coeur. Elle joignit ses mains l'une contre l'autre avec force, et dit d'une voix si émue qu'elle ne pouvait guère être entendue que par un amant: -Combien de malheur dans un mot!»

T.C.


Chroniques de lecture - 21

Plume "Arthur Cravan précipité"
de Bertrand Lacarelle, Grasset


à télécharger à la FNAC ou 1001libraires

«On est sans nouvelles d’Arthur Cravan depuis sa disparition, au large du Mexique, en 1918. Il avait trente-et-un ans. Entre temps, une légende est née. Celle du poète boxeur maître du scandale, celle du précurseur du dadaïsme et du surréalisme.»
 

Bertrand Lacarelle part à la recherche du scandaleux et provocateur Arthur Cravan (neveu d’Oscar Wilde).
Accompagnés d’Apollinaire, de Cendrars, de Duchamp, de Debord ou de Desnos, nous voilà sur les traces du poète-boxeur, du «prophète d’une nouvelle vie».
Cravan nous invite à voyager. Il écrivait: «Je ne me sens vraiment bien qu’en voyage; lorsque je reste longtemps dans le même endroit, la bêtise me gagne.»
Arthur Cravan c’est le fondateur de la revue «Maintenant» (tout un programme!), celui qui annonce son suicide en public (il remplira la salle de spectateurs voyeurs mais ne tiendra pas parole... heureusement!), celui qui finissait ses conférences par un strip-tease.

Cravan-vs-cravan-isaki-lacuesta1 Comme Cendrars (suisse comme lui), son plus beau chef-d’oeuvre est peut-être sa vie.
Son corps ne sera jamais retrouvé.

Un superbe essai, remarquablement écrit, hanté de poètes... pour la vie MAINTENANT !

«Il faut regarder le monde comme le fait un enfant, avec de grands yeux stupéfaits : il est si beau. Allez courir dans les champs, traverser les plaines à fond de train comme un cheval; sautez à la corde et, quand vous aurez six ans, vous ne saurez plus rien et vous verrez des choses insensées.» (Cravan)

T.C.



Chroniques de lecture - 20

Plume Voici venir la 20ème chronique...

«La Bourse» de Balzac

à télécharger gratuitement sur le très recommandable Efele

Ha! Balzac! Notre cher contemporain! Nous revoilà!
«Lire Balzac, ça fait du bien" disait Gérard de Nerval.

Voici donc le 3ème «roman» des Scènes de la vie privée de la Comédie humaine.
Alors, si vous le voulez bien, allons tout droit et vite au «pitch».

C’est un coup de foudre pour la voisine que nous conte Balzac.
Hippolyte Schinner, jeune peintre talentueux, adulé dans les Salons de Paris, maintenant riche de son talent reconnu, fait une chute dans son atelier et perd connaissance.
Il est secouru par une jeune fille, Adélaïde de Rouville, sa voisine.
A son réveil, il tombe (2ème chute?) «raide» amoureux de sa secouriste.

Balzac Voici la belle, dépeinte par Balzac :
«Il reprit bientôt connaissance et put apercevoir, à la lueur d'une de ces vieilles lampes dites à double courant d'air, la plus délicieuse tête de jeune fille qu'il eût jamais vue, une de ces têtes qui souvent passent pour un caprice du pinceau ; mais qui tout à coup réalisa pour lui les théories de ce beau idéal que se crée chaque artiste et d'où procède son talent. Le visage de l'inconnue appartenait, pour ainsi dire, au type fin et délicat de l'école de Prudhon, et possédait aussi cette poésie que Girodet donnait à ses figures fantastiques. La fraîcheur des tempes, la régularité des sourcils, la pureté des lignes, la virginité fortement empreinte dans tous les traits de cette physionomie faisaient de la jeune fille une création accomplie. La taille était souple et mince, les formes étaient frêles.»

«Obsédé» par cette beauté, il va consacrer son temps à la revoir. Quitte à tout perdre.
Cette demoiselle vit avec sa vieille mère dans un charmant appartement extravagant.
Mais qui sont ces dames-voisines aux allures «d’anciens riches», aux manières d’aristocrates déclassées?
Pourquoi, tous les soirs, de mystérieux messieurs inconnus leur rendent-ils visite?
Pourquoi, tous les soirs, ces secrets gentilshommes prennent-ils un délicieux plaisir consenti à perdre aux cartes contre la mère d’Adélaïde?
Notre héros au cœur d’artichaut se perd dans un incohérent brouillard d’impressions douteuses.
Notre jeune peintre est-il si aveuglé par l’amour au point de se laisser voler sa bourse par ces deux voisines?
Happy end ou pas happy end?
Cher lecteur, vous tiendrez bien 30 pages? Non?
Ce roman huis clos peint encore et encore les traits flous de l’amour, les couleurs parfois douteuses des sentiments, les désarrois d’une passion.
Ici, Balzac, avec une écriture économe réussit, encore et encore à nous garder jusqu’à la dernière page.
 
«Un joli tableau de chevalet » écrira Félix Davin à propos de ce court roman dans son Introduction aux Etudes de moeurs au XIXe siècle.

T.C.


Lectures du dimanche

Shakespeare 5 livres que je vous conseille ce dimanche, qui viennent de sortir dans leurs versions numériques:

- Avec George Steiner, Les Chemins de la culture (Albin Michel) à la Fnac
- Charly 9 de Jean Teulé (Julliard) au Divan
- Le Sang Noir de Louis Guilloux (GallimardFolio) à l'Armitière

- Dublinesca de Enrique Vila-Matas (Christian Bourgois) chez Durance
- La Maison maudite de Lovecraft (Publienet) chez Ombres Blanches

PS: J'aurais bien ajouter le dernier Vargas, pas disponible chez l'éditeur alors que l'on trouve bien des titres sur les réseaux... Même si les prix de ces livres sont malheureusement trop élévés pour beaucoup, le mieux bien entendu est de se grouper à trois ou quatre, de supprimer ces fichus DRM et de les partager. Plutôt que de ne pas les acheter, d'attendre janvier prochain ou pire des versions piratées, groupez-vous et achetez des livres chez vos libraires numériques! Allez, qu'on se le dise!


Chroniques de lecture - 19

Plume Les heures silencieuses
Gaëlle Josse, Editions Autrement


à télécharger pour 9€ à la Fnac

Mais qui donc est cette femme que l'on voit de dos assise devant son clavecin sur ce tableau de de Witte?
«Interior with a woman at the virginal» est un tableau de de Witte peintre hollandais du XVIIème siècle spécialiste des «intérieurs».
Dans son premier roman, Gaëlle Josse nous propose, nous invente le journal intime de cette femme vue de dos. Elle s'appelle (s'appellerait) Magdalena. Elle est (serait) l'épouse de Pieter, administrateur de la Compagnie des Indes orientales à Delft, port de Hollande.
«Peu de temps après, M de Witte est venu exécuter sa commande. A ce moment-là, j'ai décidé que l'on m'y verrait de dos.»
De_witte_emanuel_511_interior_with_a_woman_at_the_virgin(1) J'ai fait exprès de citer ce «Peu de temps après...» pour vous appâter, cher lecteur !
L'intime immersion dans cette vie de famille hollandaise du XVIIème siècle sera totale pour qui veut bien se laisser bercer par l'écriture clair-obscure de l'auteur.
Un très beau roman, tout en ombres et lumières... tout en silences et musiques... tout en violences retenues, invisibles...

Ce livre est l'un des 6 finalistes du Prix Orange du Livre 2011. Tout comme "Une lointaine Arcadie", "Les villes assassines" et "Un silence de clairière" déjà chroniqués sur ALDUS.
Tout le monde peut voter, ici, http://prix-orange-du-livre.event.orange.fr/ pour élire le gagnant.

A noter dans vos favoris :
Après Bibliosurf déjà présenté sur ALDUS, je vous conseille absolument, pour ceux qui souhaitent être informés (en temps réel !) sur l'actualité littéraire, "News Book, toute l'info du livre", http://newsbook.fr/. INDISPENSABLE !

T.C.


Bibliosurf: le fil de la presse littéraire sur le web

Bibliosurf Vous avez besoin d'un outil pour suivre d'un seul coup d'oeil le fil de l'actualité des critiques sur les livres à travers les blogs spécialisés, les sites/blog littéraires dans la presse. Netvibes, mais croisé avec un moteur de tri sélectif. Ne cherchez plus, Bibliosurf l'a fait: "Bibliosurf vous propose en complément des présentations des éditeurs une revue de presse du web. Vous pouvez trier les articles par site ou par un tag associé." Triez à volonté par site, par genre, par pays, par mots-clés! Génial. Moi, c'est bien simple, Bernard Strainchamps ne cesse de m'épater, qui ne cesse jamais d'expérimenter! Rien de ce qui est ouvert sur le web ne lui échappe. Un AFP des livres à lui tout seul! Et bien sûr, la possibilité de trier les livres numériques dans tout cela en plus, avec déjà plus de 1000 références. Bravo Bernard!


Tweetbooks: du papier et un peu de fil

Le-tweetbook-bookapp_1 Il y avait Eric Chevillard et son livre de blog, il y aura peut-être demain François ou Virginie et leurs livres de tweets! A signaler le projet TweetBook initié par Frédéric Kaplan, toujours lui, qui nous détaille la démarche: 

"Laurent Bolli et moi-mêmes présentons dans l'exposition Objet(s) numérique qui ouvre aujourd'hui au Lieu du Design à Paris, un nouveau service proposé par Bookapp.com: la production automatisée d'un "Tweetbook" en impression à la demande.

Il y une longue tradition classique que Michel Foucault a contribué à faire mieux connaître qui reconnaît comme sagesse et art de vivre la pratique quotidienne des actes de mémoire consistant à consigner les choses lues, entendues ou pensées. Pour Senéque, Plutarque ou Marc Aurèle, l’écriture de soi est une hygiène de vie.  Les nouveaux outils de communication de l’Internet ont, à leur manière, inventé des nouvelles pratiques autobiographiques. Le projet "Tweetbook" explore la nature de ces nouvelles "écriture de soi" en permettant à chacun de jeter un regard neuf sur le type d'autobiographie qu'il produit, presque sans le savoir au fil, de ses interactions numériques.

Le Tweetbook est un livre produit à partir de l’ensemble des « tweets » d’une personne sur une période donnée. Il rassemble ainsi un matériel biographique déjà produit, donnant une dimension documentaire à un flux de micro messages. Pour créer son Tweetbook l’auteur entre les identifiants de son compte Twitter sur une borne interactive. Celui-ci est ensuite produit de manière automatique.  Le livre correspondant peut-être reçu gratuitement par email ou imprimé à la demande sous la forme d’un véritable livre, une sorte d’autobiographie express.

Dans un premier temps, ce type de Tweetbook peut apparaitre comme une représentation curieuse de nos vies numériques.  Mais ceux qui le souhaitent peuvent utiliser le dispositif de manière plus créative, en créant un compte Twitter particulier que leur servira à écrire de un Tweetbook spécifique ou en produisant le Tweetbook correspondant à des Tweets d'objets connectés.

Nous ne sommes pas les premiers à produire des Tweetbooks. James Bridle avait notamment réalisé un premier exemple il y a quelques temps. Dans ce projet, nous avons tenté d'explorer les aspects formels et fonctionnels de ce nouveau type de livres : typographie et mise en page adaptée, mise en avant des tweets les plus retweetés, index des destinataires et des hashtags, graphes montrant l'évolution du nombre de tweets mois après mois. Nous avons aussi voulu proposer une première chaine industrielle pour la production d'objets de ce genre en l'associant à un service d'impression à la demande."

Allez découvrir la "bécane" à cancans au Lieu du Désign. Vous nous jacterez ce que vous en pensez! Peut-être même que certains d'entre vous allergiques aux tweets se laisseront séduire après coup! J'avoue que j'ai très envie de découvir la réalisation technique de ces tweetbooks, à suivre...


Chroniques de lecture - 18

Plume Colères de Lionel Duroy (Julliard)

à télécharger sur la FNAC

"J'ai fait quelque chose contre la peur. Je suis resté assis toute la nuit et j'ai écrit"
Rainer Maria Rilke

Un livre d'amour. L'amour. Toujours l'amour. Ben oui, c'est normal non? Qu'est-ce qui nous fait vivre? L'amour. Toujours l'amour.
Pas facile d'aimer. D'être aimé.
Qui a le mode d'emploi lève le doigt!
Pas toujours simple la vie.
Vous savez aimer une femme, voire deux, quatre enfants, écrire un roman, porter le lourd souvenir de vos parents tout en installant une tringle à rideaux, vous savez faire tout ça en même temps sans vous donner un coup de marteau sur le doigt? Vous savez faire ça?

9782260019145(1) C'est l'histoire de Marc, écrivain, père d'une famille recomposée comme on dit maintenant. Presque comme tout le monde quoi?
Son fils lui «pourrit» la vie, lui soutire de l’argent et sa femme semble s’éloigner de jour en jour.
Marc nous raconte sa vie. Une vie maudite, écorchée... à vif. Il nous l'écrit. Une écriture écorchée... à vif. C'est vital pour lui, l'écriture. Une question de vie ou de mort.
Ecrire pour survivre.
 «...je devais très vite me mettre à écrire si je ne voulais pas commencer à mourir...»
Marc n'arrive pas à vivre "comme il faut". Il angoisse d'aimer.
J'ai retenu une phrase que j'aime bien, sur les enfants : «Elever un enfant, me dis-je, c'est lui apprendre à porter avec légéreté, avec élégance, cette part sombre et nauséeuse que chaque être contient et avec laquelle il lui faut cheminer et composer toute sa vie.»

La vie est un roman? La vie pire qu'un roman?
Là, c'est le roman de Marc, le roman de Lionel Duroy, sa vie très intime, celle d’un «papa qui installe toutes ses femmes partout, et qui bientôt va se retrouver tout seul dans la grande maison.»
Un livre émouvant, très autobiographique.

T. C.


Chroniques de lecture - 17

Plume Les villes assassines
d'Alfred Alexandre (Ecriture)

à télécharger sur 1001libraires.com
Martinique. Département français. Rue Fièvre, rue Sans-Retour, rue Vieille-aux-Morts. Zones perdues de Fort-de-France. Zones qui «n'aiment pas qu'on dise qu'elles sont belles.»
Là survivent Evane le siphonneur d'essence, Winona gogo girl, Doppy son père qui «la regarde, les yeux pleins d'envie triste, remuer son corps chaque vendredi et samedi soir, en string ou en body.», Manuel le petit boutiquier du coin recruteur de dealers, Venaton «géreur des associatifs», Big Time le DJ et sa sono TNT, et puis, et puis, y'a Slack au surnom qui siffle comme une lame de rasoir, le terrifiant Slack, «une main sur la crosse du revolver ou le manchon de son coutelas.». Slack et son gang de «macouts».


61643430_pUne vrai cour des miracles !
Ici bas, entre la rue Fièvre et la rue Sans-Retour, règne Slack.
Ici, très bas, s'étend le territoire autorisé de Slack : drogues, magouilles en tout genre... jusqu'aux femmes... jusqu'à Winona.
Tout passe entre ses mains. Slack, le maître du monde.
Et dans cette violence désespérée Evane et Winona vont se rencontrer et oser espérer.
Mais comment s'en sortir sans se faire ratrapper ?
Comment aimer sans illusions ?
Un roman noir. Très noir. Hanté de chimères.
Une rue sans retour.
Un roman parfaitement maîtrisé par Alfred Alexandre.

T.C.


Futur des livres: on écrit beaucoup

Books A lire absolument sur Owni, "Que vont devenir les livres?", la traduction d'un billet de Kevin Kelly, spécialiste des cultures digitales. Ex-rédacteur en chef de Wired, il vient de publier sur son blog “What books will become” (repris sur OWNI.eu), un essai sur les avenirs possibles du livre. Bravo à Hubert Guillaud pour sa traduction. Un long billet que je vais prendre le temps de lire à tête reposée, on en reparle!


Chroniques de lecture - 15

Plume Week-end pascal ou pas, notre ami Thierry fidèle à son poste aujourd'hui pour sa chronique habituelle!

Michael Jackson de Pierric Bailly
Editions POL
A télécharger sur epagine.fr

Ah ! Le style, le ton, l’humour détaché de Pierric Bailly !
J’adoooooore !
Bon, cher lecteur, je vous préviens, ça passe ou ça casse !

Pour moi, 400 pages de lecture-plaisir.
Ce livre aurait pu s’intituler «Richard Virenque». Vous connaissez tous Richard Virenque, le cycliste à la voix «d’ornithorinque», «l’athlète de variété» ?
Luc, étudiant à Montpellier est fan de Richard Virenque.
Luc vient du Jura et ses «collègues» de fac se moquent de «son Richard Virenque» et de son accent des montagnes. L’accent de Luc, pas de Richard... vous me suivez ?
Luc adore sa petite soeur, «de moins quatre ans».
Le père de Luc est né le même jour, la même année que Michael Jackson.
Ca sera à peu près tout concernant Michael Jackson.
Luc aime Maud.
Maud est étudiante en psychologie, aux Beaux Arts... sait pas bien...
Luc est étudiant en Arts du spectacle, spécialité cinéma... sait pas bien non plus...
Le livre est découpé en 3 parties.
Entre chaque une page-mutation.
Luc à 18 ans. Luc à 22 ans. Luc à 26 ans.
Mais est-ce vraiment le même Luc ?
Est-ce la même Maud à chaque fois ?
Bailly C’est un roman d’amours adolescents, pré-adultes.
Avec du sexe, en veux tu en voilà. Du sexe cru mais tendre aussi.
Des joints «d’herbe sans tabac qui décalquent», des tequilas frappées et des doutes.
Des doutes. Des doutes.
Un (dernier ?) foutoir, joyeux et triste à la fois. Cruel et lucide. L’écriture, la lecture vont vite, vite. Après y’aurait la vie adulte... sans doute ?
Mais surtout, y’a l’écriture de Bailly. Sur tout.
Bailly est né dans le Jura. Il 28 ans. Il a fait des études à Montpellier.
Un auteur, euh non, un écrivain à découvrir !
 "Le temps passe, je n'ai pas l'impression de me rapprocher de la fin. On dirait même que ça vient de commencer."

T.C.


Umberto Eco sur la lecture numérique

Eco J'aime beaucoup Umberto Eco. L'oeuvre ouverte, le Nom de la Rose, Comment voyager avec un saumon? entre autres, autant de livres qui m'ont procuré beaucoup de plaisir il y a quelques années. Son nouveau livre, bientôt sur ma table de chevet. A écouter l'extrait de la récente interview réalisée par La Radio Suisse Romande où il parle avec humour et intelligence de sa pratique du numérique (via LecturesLab). Trois réserves: fatigue visuelle (les yeux en balles de tennis), rapport avec l'objet et conservation. Pour les deux premières, ce sont précisément les réserves pointées par le récent sondage réalisé par LivresHebdo en dernière page, les principales et de très loin. Pour les aspects de conservation, on reconnait l'amateur de livres rares, qualité que ne recherchent pas forcément tous les lecteurs. Il parle aussi de sa pratique de la production des textes. L'entretien complet n'est plus disponible, dommage.


Mon livre avec le président de la SGDL

Contes Les hasards de l'histoire... De retrouver sur GoogleBooks "notre" petit livre commun avec Jean-Claude Bologne, l'actuel président de la Société des Gens de Lettres, ils en restent quelques-uns d'occasion sur Amazon. Le plus incroyable de l'histoire, c'est qu'à l'époque nous ne nous étions même pas rencontré, chacun de notre côté sous les fourches caudines d'un directeur de publication verreux...

Appel à Jean-Claude pour rééditer ce petit livre en papier et en numérique (la chose se ferait bien autour d'un verre de Chinon ou de Bourgueil), si un éditeur se sent aussi de l'aventure, la chose serait drôle, à la mesure d'un nouveau conte en Val de Loire!


Chroniques de lecture - la critique des livres

PlumeBillet de notre ami Thierry, le chroniqueur qui vous propose régulièrement des conseils de lecture numérique, au hasard des catalogues. Ce soir, il souhaite se pencher sur l'art de la critique. Merci! Si vous souhaitez réagir, l'espace est ouvert!

"J'avais envie d'écrire ça pour les lecteurs d'Aldus, sur la lecture, les livres, la critique littéraire.

Rien n'est plus difficile que de faire aimer...
Un définition, convenue et convenable de la critique littéraire pourrait se présenter comme une étude, discussion, évaluation et interprétation de la littérature.
Cela vous convient-il?
De plus, notons que l'étymologie du mot "critique", signifie en grec tri, évaluation, jugement (du verbe kríno, juger; kritikós, juge de la littérature, apparaît au IVe siècle avant J.-C., comme distinct de grammatikós, grammairien).
Voilà, nous y sommes presque.
Il s'agirait aussi de juger un livre, donc de le déclarer "bon" ou "mauvais".
Dit autrement : l'élever sur le trône reluisant d'un Top des Ventes ou bien l'enterrer, encore chaud, dans la fosse commune des rebuts...
C'est bien cela?
Donc, reprenons depuis le début. Une critique littéraire devrait étudier, discuter, évaluer, interpréter et juger un livre.
Rien que ça?
En fait, ce serait comme écrire une sorte de compte-rendu "érudit" et "sacrificiel" d'une lecture. Comme une sanctification du critique littéraire.
Mais n'est-ce pas tout naturellement donner l'envie de lire ?
Oui c'est cela, donner tout simplement l'envie d'aimer...
Et si "Le but de la littérature est de nous apprendre à lire." comme le suggérait Paul Claudel, alors le but de la critique littéraire ne serait-il pas de nous "appeler" à lire ?
Nous tendre à lire.
Nous appeler tendrement à lire.

Non?
Finalement, nous y voilà, critiquer un livre, consisterait à l'étudier, le discuter, l'évaluer, l'interpréter, le juger et le lancer à la mystérieuse et insondable "pâture" psycho-affective d'un éventuel futur lecteur inconnu.
Tout ça?
Sachons tous qu'une critique se doit d'être brève. Pour donner l'envie sans ennuyer. L'envie de lire. L'envie d'acheter. Comme une pub télé? Un peu.
Qu'en pensez-vous?
Remarquons encore que le bon usage courant prétend souvent qu'un esprit critique est un esprit libre. De libre examen. De libre arbitre.
Concluons donc, un peu naïvement peut-être, qu'un "bon" et "loyal" critique répugne naturellement toutes connivences, flatteries et mondanités.
Pas vrai?
Le juste critique littéraire ne tyrannise jamais l'opinion, se montre rarement agressif ou méprisant et respecte toujours l'auteur du livre qu'il a, bien entendu, entièrement lu... et jusqu'au bout?
Cela va de soi, non?
Le consciencieux critique littéraire ne cède ni à la mode, ni aux pressions de ses "amis" éditeurs et, fervant amateur de tennis, il sait renvoyer la balle.
C'est évident, non?
L'authentique critique littéraire déteste passer à la télévision pour envahir le petit écran de ses précieux et savants bavardages... cachant-crachant l'écrivain muet... soudainement mutique.
Il adore parler des livres dont tout le monde parle. Il affectionne particulièrement sa sécurisante famille parisienne de critiques littéraires. Parfois il milite à la prestigieuse Association Internationale de la Critique Littéraire et fardé, rêve, le billet plein d'espérance, au Grand Prix de la Critique Littéraire.
Pas vrai?
Il s’agira de plébisciter et d’adouber par quelques petites prestances  écrites, toilées ou cathodiques amiablement embranchées avec l'auteur, un livre. Par exemple comme un livre adulé par le lamentable et suffisant soi-disant "critique littéraire" Naulleau dans la piteuse et navrante émission télé du samedi soir sur une chaîne publique "On n'est pas couché". Par exemple comme un livre-buzz (ou buzz-livre) aux pages prêchées, à la couverture pistonnée, au titre hystériquement crié dans les salons pailletés de "la volaille qui fait l'opinion".
Alors comment je ne suis pas critique littéraire, moi.
La critique est facile mais l'art... de la critique littéraire... est difficile!
Et après ?
Je considère que la lecture d'un livre est un plaisir solitaire difficile à partager. "Certes, lorsque j'écris ce n'est pas pour tel être que j'aime, mais c'est pour quelqu'un qui est tous et chacun. Je veux que le lecteur y trouve non pas mes souvenirs ni les siens, mais son avenir." écrivait Henri Thomas.
Je, tu, elle, il, vous... au passé si singulier, au présent si versatile, au futur si incertain. Chaque énigmatique lecteur est différent, lit différent, aime différent... et heureusement...
Et la richesse d'un livre ne tient-elle pas à ses multiples, improbables et contradictoires interprétations mouvantes dans le temps?
Ainsi, comment parler d'un livre à un inconnu qui n'a pas lu ce livre?
Critique littéraire, un métier impossible?
Comment éviter la noyade dans cet océan de parutions, près de cette plage où échouent, comme autant de vagues, les premiers romans?
Comment échapper à l'illusion dans cet étang vaseux de prosateurs éphémères?
D'entrée ferrer le lecteur sans dévoiler le bout de la ligne. Nuancer légèrement de qualificatifs adjectifs. Intertextualiser sans trop intellectualiser. Actualiser sans trop citer. Polémiquer sans trop réquisitionner. Plaider l'humeur et l'humour.
Le temps ne joue t-il pas contre le critique qui manque de recul pressé par l'imposition des médias?
Que dire de la relecture digestive qui passe à la trappe de l'immédiateté et du gavage?
Un livre doit avoir sa chance. Sa chance de survivre. Un temps pour mûrir... le temps de mourir... "Un livre vit plus longtemps qu'une jeune femme." aimait à déclamer Nabokov.
Ah oui, au fait, pourquoi j'aime lire?
Ben, moi je dirai, parce que c'est bon. Parce que ça me fait du bien.
Mais le critique littéraire, lui, il dit : "Parce que le livre est un produit merveilleux. A la fois source de plaisir, de volupté, fidèle témoin de nos souvenirs d'enfance et des instants de fêtes.»
Il pourrait se contenter de ce palmarès déjà prestigieux. Mais derrière ces qualités festives se cachent des vertus thérapeutiques reconnues : énergétique, anti stress. Objet de gourmandise, de satisfaction, le livre est lié à une idée de récompense. C'est un cadeau que l'on s'offre à soi-même et aux autres pour le plaisir.
Balzac estimait que le livre permettait de maintenir plus longtemps les facultés cérébrales. Goethe, fervent amateur de livres, et grand voyageur déclarait: "Quiconque a lu une page de livre résiste à une journée de voyage."
Le livre, nourrissant et tonique, devient l'ultime déjeuner des gens de lettres. Le livre est un aliment très nourrissant qui améliore l’endurance tant physique qu’intellectuelle et permet de lutter contre les “coups de barre”.
Son parfum profond et suprême, la puissance de l'arôme et la combinaison subtile de notes à la fois amères et sucrées donnent cette joie simple et unique de le croquer.
Gourmandise savourée en solitaire, sur le coin d'un bureau, récompense donnée à un enfant ou simple "coup de fouet" pour faire le plein d'énergie, le livre est l'aliment plaisir et santé par excellence.
Le livre est parfois accusé de donner des migraines, de l'acné et de constiper... Tous ces a priori ont été totalement récusés par les travaux scientifiques, mais les préjugés persistent.
Il ne donne pas de crise de foie; tout au plus, il peut ralentir la digestion s'il est trop gras et consommé après un repas trop copieux. La forte présence de fibres dans le livre en fait même un aliment régulateur du transit intestinal.
Il n'occasionne que très exceptionnellement des réactions allergiques.
Voilà comment parlerait un critique littéraire...
D’un livre qui se savoure, sans fin.
Avec des douceurs de mots qui fondent sous la langue.
Avec des temps savamment mélangés.
Des souvenirs chancelants.
Des secrets ombrageux.
Des pages habitées. Des plages hantées.
Pris aux mots, à rester à table jusqu'au bout.
Long en bouche.
Décidément, rien n'est plus difficile que de faire aimer...
Allez, bonnes lectures à tous!

T.C.


Chroniques de lecture - 14

Plume La symphonie pastorale d'André Gide

téléchargé sur ePagine.

Ce court roman de Gide est publié en 1919.
Gertrude, une jeune fille aveugle est recueillie par un pasteur. Le pasteur et son fils tombent tous les deux amoureux de l'orpheline.
Quand il découvre que son fils devient un rival, le pasteur "vire" le fiston de la maison.
Plus tard, Gertrude, opérée, recouvre la vue. Mais qui va-t-elle choisir entre le père et le fils quand elle les verra pour la première fois ?
Un livre magnifique à ranger sur le rayon... euh... dans la rubrique des INDISPENSABLES de votre ereader!

51W0VM0G87L._SL500_AA300_ Un extrait
"– Mais alors: le blanc? Je ne comprends plus à quoi ressemble le blanc...
Et il m’apparut aussitôt combien ma comparaison était précaire. – Le blanc, essayai-je pourtant de lui dire, est la limite aiguë où tous les tons se confondent, comme le noir en est la limite sombre. – Mais ceci ne me satisfit pas plus qu’elle, qui me fit aussitôt remarquer que les bois, les cuivres et les violons restent distincts les uns des autres dans le plus grave aussi bien que dans le plus aigu. Que de fois, comme alors, je dus demeurer d’abord silencieux, perplexe et cherchant à quelle comparaison je pourrais faire appel.
– Eh bien! lui dis-je enfin, représente-toi le blanc comme quelque chose de tout pur, quelque chose où il n’y a plus aucune couleur, mais seulement de la lumière; le noir, au contraire, comme chargé de couleur, jusqu’à en être tout obscurci..."

T.C.


PernonEditions : traduction de L'Enfer de Dante

Libri_Dante_Big A signaler le travail de traduction de Guy de Pernon qui vient de s'achever ce week-end consacré à "L'Enfer" de Dante. Six mois de travail avec à l'arrivée une version web que je vous invite à découvrir ici. Les versions ebook sont en préparation. Tous les détails de cette aventure sur le blog de l'auteur. Guy de Pernon propose depuis plusieurs années de redécouvrir certains auteurs comme Montaigne notamment, en les "dépoussiérant" pour les rendre accessible à des lecteurs qui ne sont pas forcément aux faits de la lecture ancienne et érudite. Des traductions qui demeurent souvent opaques et peu agréable à lire pour des lecteurs non-spécialistes, il faut bien en convenir. L'objectif de Guy de Pernon est de permettre la lecture de ces textes au plus grand nombre possible et pour cela adopter un français vraiment contemporain. Son travail a récemment été évoqué dans une émission de FranceCulture "Les Nouveaux chemins de la connaissance" en partie consacrée à Montaigne. Son travail sur les textes s'accompagne d'une vraie réflexion sur les adaptations sur l'ensemble des supports numériques, PDF, ePub, hyperlivres, weblivres, etc. Un vrai work in progress auquel est convié le lecteur. L'ensemble des textes proposés sont sur numlivres.fr. Les versions PDF sont proposées à titre gracieux (vous les retrouverez d'ailleurs sur plusieurs sites gratuits comme EBLG), les versions ePub sont proposées à 7,50€. A noter que Guy de Pernon propose également une version imprimée de son Montaigne. Bref, de quoi contenter tous les honnêtes lecteurs de Montaigne et de Dante!

PS: Guy de Pernon utilise au quotidien depuis plusieurs années les différents ereaders du marché, qu'il confronte régulièrement aux possibilités de l'iPod/iPad. Sa dernière analyse du Kindle intéressante, qui rejoint sur bien des points celle que j'ai faite à l'automne.


Chroniques de lecture - 13

Plume Angélina de Louis Guilloux

téléchargé sur la FNAC

Louis Guilloux (1899-1980) est un écrivain oublié. Ami de Max Jacob, d’Albert Camus et de Jean Grenier, il obtient le Prix Renaudot en 1949 pour «Le Jeu de patience».
Un prix littéraire porte son nom : le prix Louis Guilloux a été créé en 1983 par le Conseil Général des Côtes d'Armor pour perpétuer les valeurs littéraires et morales de l'écrivain breton. Ce prix couronne chaque année une oeuvre de langue française, caractérisée notamment, outre l'excellence de la langue, par "la dimension humaine d'une pensée généreuse, refusant tout manichéisme, tout sacrifice de l'individu au profit d'abstractions idéologiques". D’ailleurs, le prix 2011 vient juste d’être attribué à Frédéric Valabrègue pour «Le candidat» (POL).

Louis_guilloux_l_insoumis_large Fils de cordonnier, cet écrivain s’attache à «romancer» les luttes et les problèmes sociaux. Secrétaire du premier Congrès des écrivains antifascistes il s'occupe, jusqu'en 1940, du Secours populaire français.
Il écrit sur le «petit peuple», «les humbles».
«Angélina» est publié en 1934 chez Grasset.
Dans ce livre, les dialogues de cette famille de petits artisans sont savoureux. Il faut l’écouter parler le Père Esprit, lamier de son état. Ces gens-là n’ont pas le temps de penser le temps, ils  pensent avec leurs mots simples (mais jamais simplets), mais pensent bien. Ici, Louis Guilloux sait resté toujours délicat.
L’industrialisation des «vieux» métiers arrivent à grands pas, menacent et prépare l’accouchement d’un prolétariat déboussolé mais bientôt militant...
Un roman «populaire», à dimension humaine, généreux, refusant tout manichéisme.
Un plaisir parlant. Un roman qui parle.

La 4ème de couverture
Au foyer d'un artisan naît Angélina, figure si vivante et si simple, et dont la solidité traversera la misère, le temps et l'histoire d'un peuple, le sien, où chaque geste est essentiel, chaque mot nécessaire, où la vie ne se pense pas, mais se gagne.
C'est par elle que l'on voit vivre, avec la retenue et la délicatesse de Louis Guilloux, ce monde d'artisans qui n'en ont pas fini de ne rien dire, d'endurer, de s'effacer, d'être le jouet d'une histoire qui n'est la leur que par défaut et qu'ils affrontent avec une fierté aveuglante et cachée.

T.C.


Chroniques de lecture - 12

Plume De bon matin, la nouvelle livraison dominicale qui va bien...
Cordialement, Thierry

Le bal de Sceaux de Balzac

téléchargé sur http://efele.net/ebooks/balzac/
(buffet à volonté, c’est gratuit !)

Oui, oui, oui, je sais, encore et toujours Balzac! Ami lecteur, vous allez en souper du Balzac! Au moins une fois par mois!
Vous n’y couperez pas!
J’insiste. Il faut lire Balzac ! Incomparable observateur de la société et de la nature humaine.
Bien entendu, il ne s’agit pas de lire l’imposante et intimidante «Comédie humaine» d’une seule traite. 137 oeuvres rassemblées, tout de même! Rassurez-vous, ça ne se fait pas.
Non, juste vous prescrire un roman, une nouvelle, un recueil à lire chaque mois. Chacun d’entre eux ne sont pas très longs à lire. A peine une centaine de pages pour celui-là. En doses homéopathiques, quoi. Pour votre plus grand bien! Essayez, vous verrez et vous m’en donnerez des nouvelles.
Croyez moi, une bonne «dose-électronique» (certifiée EFELE) de Balzac, ça vous explique, encore et toujours, pas mal des choses de ce monde, de notre monde, car le maître du XIXème reste encore et toujours d’actualité.
Il ne faut pas avoir peur de lire ce génial écrivain qui sait si bien refléter le monde dans ces mots.

Balzac Après la chronique de la «La Maison du Chat-qui-pelote» (voir la chronique 4), voici (dans l’ordre de la Comédie Humaine, version Furne qui fait référence, Volume I des Scènes de la vie privée), «Le Bal de Sceaux».
Je vous dresse la table pour vous mettre en appétit. Voilà: la plus jeune fille du comte de Fontaine, Émilie, n'a qu'une idée en tête: épouser un Pair de France (titre de noblesse). Un très très riche quoi.
Au bal de Sceaux, elle tombe amoureuse de Maximilien de Longueville. Lui aussi tombe amoureux. D’Emilie bien sûr, vous suivez pas ou quoi? Super! Jusqu’à là, tout va bien. Mais, comme on dirait aujourd’hui trivialement, elle le «largue» quand elle découvre qu'il tient une boutique de tissus. Marchand d’étoffes. Pfff. Trop «peuple», le mec.
Elle épousera donc son oncle septuagénaire, le vice-amiral, comte de Kergarouët. Hum, hum, l’amour, euh, l’argent pardon, n’a pas d’odeur!
Mais, mais... nous y sommes presque, un beau jour, v’là le beau Maximilien qui réapparait (comme par hasard!) sous d’autres atours, sous un autre «standing» comme on dirait en langage branché d’aujourd’hui... Bon, je vous raconte pas la suite car chez Balzac, y’a toujours du suspens.
Là encore, Balzac dénonce l’ordre social, l’arrivisme, le pouvoir de l’argent qui pollue tout, même l’amour...
Il présentait ces scènes de la vie privée comme une «une étude de moeurs qui représente tous les effets sociaux.»

Un p’tit extrait pour saliver:
«— Oui, mon cher père, répondit-elle, je suis plus heureuse que je ne pouvais le désirer. Enfin monsieur de Longueville est le seul homme que je veuille épouser.
— C’est bien, Émilie, reprit le comte, je sais ce qu’il me reste à faire.
— Connaîtriez-vous quelque obstacle? demanda-t-elle avec une véritable anxiété.
— Ma chère enfant, ce jeune homme est absolument inconnu; mais, à moins que ce ne soit un malhonnête homme, du moment où tu l’aimes, il m’est aussi cher qu’un fils.
— Un malhonnête homme? reprit Émilie, je suis bien tranquille. Mon oncle, qui nous l’a présenté, peut vous répondre de lui. Dites, cher oncle, a-t-il été flibustier, forban, corsaire?
— Je savais bien que j’allais me trouver là, s’écria le vieux marin en se réveillant.
Il regarda dans le salon, mais sa nièce avait disparu comme un feu Saint-Elme, pour se servir de son expression habituelle.
— Eh bien, mon oncle! reprit monsieur de Fontaine, comment avez-vous pu nous cacher tout ce que vous saviez sur ce jeune homme? Vous avez cependant dû vous apercevoir de nos inquiétudes. Monsieur Longueville est-il de bonne famille?»

Vivement le prochain Balzac à chroniquer!
Ca fait que du bien, j’vous dis!

T.C.


Chroniques de lecture - 11

Plume Thierry toujours fidèle au rendez-vous pour sa chronique habituelle, merci à lui!

Lettres pour lire au lit,
correspondance amoureuse entre Alfred de Vigny et Marie Dorval


livre téléchargé sur Numilog

«Pour moi les lettres vivent, les lettres parlent et sont des amies mélancoliques qui portent la date des jours écoulés et racontent des choses trop souvent oubliées.» Alfred de Vigny

VIGNY Cent trente-cinq lettres d'amour et de désamour échangées entre le poète Alfred de Vigny et la comédienne Marie Dorval. Leur liaison tumultueuse durera 7 ans entre 1831 et 1838.
Au fil des lettres, on lit un Alfred de Vigny très amoureux, jaloux, possessif. Très «petit garçon» qui, craintivement, écoute les réprimandes de sa maman mécontente de cette fréquentation avec une «théâtreuse».
Une Marie Dorval très nature, spontanée, vivante, frivole. Très grande muse qui ne craint pas de vivre la vie à plein temps sur la scène comme partout ailleurs.

«Tout était passion chez elle, la maternité, l’art, l’amitié, le dévouement, l’indignation, l’aspiration religieuse ; et comme elle ne savait et ne voulait rien modérer, rien refouler, son existence était d’une plénitude effrayante, d’une agitation au-dessus des forces humaines…», écrit à propos de Marie Dorval son amie George Sand.

Dans cet échange la belle Marie Dorval (née Marie Amélie Thomase Delauney) prend la vedette au célèbre poète, figure du romantisme. 
Fille de comédiens, intelligente, sincère, pourtant fatiguée des querelles et mesquineries entre comédiens, des pièces de théâtre jouées plusieurs fois par jour, des trajets incessants pour gagner un nouveau public, elle reste toujours gaie et enjouée.
Amie de Georges Sand et d’Alexandre Dumas, Théophile Gautier la décrivait ainsi sur scène: “Des cris d'une vérité poignante, des sanglots à briser la poitrine, des intonations si naturelles, des larmes si sincères que le théâtre était oublié, et qu'on ne pouvait croire à une douleur de convention”. Elle jouait des pièces de Sand, Dumas et Hugo.

L'intérêt de la lecture de ce livre porte surtout sur le récit instructif du milieu du théâtre de l’époque (derrière le rideau, un panier de crabes pas toujours romantique !) relaté dans les lettres de l'actrice.
Les lettres de cette enfant de la balle sont vraiment passionnantes à lire pour qui veut s’intéresser au théâtre, à la vie de bohème d’une femme artiste... et quelle vie!

A télécharger aussi, gratuitement, «La dernière année de Marie Dorval» d’Alexandre Dumas sur Feedbooks
Il s’agit d’un texte-hommage à l’actrice à destination de Georges Sand alors qu’Alfred de Vigny ne s’en souciât guère quand elle tomba dans la dépression à la fin de sa vie.
«Je vais vous raconter à mon tour la dernière année de la vie de notre Marie, la dernière heure de sa mort.
J’étais là quand elle est morte.»
Dumas


Prenez garde cher lecteur car comme Alfred de Vigny, comme Alexandre Dumas, comme Jules Sandeau, comme Georges Sand, comme Victor Hugo, comme tout son public, vous risquez bien de tomber amoureux de cette créature vagabonde qu’était Marie Dorval!

T.C.


Chroniques de lecture - 10

Plume Allez, pour faire bonne mesure ce week-end, la petite chronique de Thierry! Bonne soirée!

"Les Harmoniques" de Marcus Malte (Gallimard - Série Noire)

epub téléchargé sur epagine

Les harmoniques: «Les notes derrière les notes. Les notes secrètes. Les ondes fantômes qui se multiplient et se propagent à l'infini, ou presque. Comme des ronds dans l'eau. Comme un écho qui ne meurt jamais. Ce qui reste quand il ne reste rien. C'est ça, les harmoniques. Pratiquement imperceptibles à l'oreille humaine, et pourtant elles sont là, quelque part, elles existent.»

C'est Mister qui parle. Pianiste de jazz, cacheton dans la cave d'un club parisien, le «Dauphin vert». 

Vera Nord, la belle qu'il aimait, est retrouvée morte, brûlée vive dans un entrepôt désaffecté. La police classe, range, vite fait, bien fait dans le tiroir du fond: «règlement de compte entre petits dealers de rue».

592926965.3 Le tempo est donné.

Mais Mister, obsédé par le souvenir de Vera, ne veut pas en rester là.

Vera, la rescapée du massacre de Vucovar, en ex-Yougoslavie, échouée sans papier à Paris, qui rêve de jouer Shakespeare.

Accompagné de son inséparable pote, Bob le chauffeur de taxi philosophe, ils vont dangereusement remonter, dérouler le temps à bord d'une antique 404 déglinguée remplie à ras bord de disques de jazz.

Sur fond de guerre serbo-croate, de crapulerie politique et de swing, les deux acolytes improvisent. Sur leur partition, ils vont rencontrer toute une gamme de personnages hauts en couleur: un artiste peintre géant et manchot, un accordéoniste aveugle, un guitariste de rue qui massacre les Beatles, un... mais je ne vais pas tout vous raconter...

Les paroles et la musique sont bien ficelées. Ca roule. Mister et Bob sonnent juste aux oreilles du lecteur même si certains airs sont convenus, voire attendus. Mais d'autres sont plus enlevés, voire élevés.

Un bon polar, bien rythmé, qui se laisse écouter le temps d'une ballade de Billie Holiday... «Strange fruit», pourquoi pas...

Du coup, j'ai ressorti tous mes disques de jazz qui prenaient la poussière: Miles Davis, Charlie Parker, Charles Mingus... Une bonne cure de jouvence!

----------------------

Pour les amateurs de jazz, à signaler cet excellent livre numérique consacré à l'immense pianiste Hank Jones décédé l'année dernière. Clin d'oeil amical à mes deux amis Alain!


Hervé Bernard: un original "Regard sur l'image"

Regard-couverture_recto-815d3 Coup de coeur cette semaine pour un ouvrage tout à fait passionnant, c'est "Regard sur l'image" de Hervé Bernard. Photographe reconnu depuis de nombreuses années (pionnier de la photographie numérique, voir son parcours professionnel ici), il décide l'année dernière de se passer d'éditeur et de mener à bien l'édition d'un livre ambitieux, résultat de plusieurs années d'écriture. A l'arrivée, un ouvrage de référence de 350 pages en grand format, qui ne sacrifie en rien sur la qualité avec un soin absolu (photogravure/ impression offset/ papier couché), un beau livre qui ne déparerait pas le catalogue d'éditeurs réputés. Pari osé avec un investissement financier très important, mais le résultat est à la hauteur! Un relais bien pensé avec un distributeur, un nombre de librairies et de musées qui ont vite reconnu l'importance de l'ouvrage (liste ici). Certains d'entre eux l'attendaient même depuis plusieurs années. Dans les deux premières parties de l'ouvrage, Hervé Bernard revient sur la technique photographique (composition, perspective, couleur, lumière, etc.) et le fonctionnement de notre oeil avec beaucoup d'illustrations, de trompe l'oeil tout à fait étonnants. Didactique sans être ennuyeux, il revient sur tous les fondamentaux, en artisan de l'image qu'il est. Mais c'est la troisième partie, la plus importante, qui est la plus originale et passionnante (fruit de réflexions de toute une vie consacrée à l'image) où il aborde les aspects culturels de l'image à travers les siècles et les pays, confrontant sans cesse l'histoire de l'art et des techniques, et l'évolution numérique tant au niveau des écrans qui nous entourent que de l'image imprimée de notre environnement moderne. Un parcours initiatique semé d'exemples choisis judicieusement avec un rapport entre le texte et les illustrations de tous les instants. Vraiment un livre de référence auprès de classiques comme ceux d'Itten, Zwimpfer ou Birren, mais aussi une approche originale, une confrontation d'interrogations issus de la pratique avec les plus grands maîtres de l'histoire de l'art. Seul petit regret, l'absence d'un index qui permette de retrouver après coup de nombreux exemples, vous n'hésiterez pas  comme moi à prendre une souche de post-it! Une édition anglaise est déjà en préparation. Vous trouverez également le livre en vente directe, tous les détails sur le site de l'auteur. A signaler qu'Hervé Bernard présentera une conférence la semaine prochaine, lundi 14 mars à 20h à l'Espace Daniel Sorano, 16 rue Charles Pathé à Vincennes. Une bonne façon de découvrir à la fois le livre et son auteur!