"Roman d'amour! J'ai découvert avec ce livre que j'aimais les romans d'amour… Amour du livre, amour de l'écriture, de la lecture, de la prose comme de la poésie.
Le narrateur, «liseur du 6h27», prend toujours le même RER, le matin à la même heure, pour se rendre à son travail, il monte toujours dans la même rame, s'assied sur le même strapontin, celui de droite en montant. Ce n'est pas par obsession, c'est par nécessité de marquer le temps, l'espace, comme on corne la page d'un livre pour se souvenir où l'on a arrêté sa lecture.
Et tous les jours de la semaine, dans le RER, il lit une page, à voix haute, une page d'un livre, feuille volante, feuille volée, au hasard, roman, essai, pratique (ce qui n'aurait pas été pour déplaire à Louis Calaferte, l'auteur de Septentrion, de La mécanique des femmes, lui qui incitait à lire tout et n'importe quoi, mais à lire).
C'est un livre simple, d'écriture simple, qui vous procure un réel bien-être et ouvre, une fois refermé, tout un champ de réflexion. C'est un peu comme quand on jardine, on remue la terre pour l'aérer, elle foisonne; là, pareil.
Et la lecture s'y niche jusque dans les latrines d'un hypermarché, sur les murs de faïence blanche, immaculée comme la page blanche sur laquelle s'écrit une histoire, une fissure qui à elle seule dit l'Histoire, parce que apparue à un temps donné historique, mesurée à un autre et vécue et relatée par «un ancien». C'est un roman plein d'humour quand bien même il est tragique. C'est de «la littérature à l'estomac» à vous couper les jambes!
Je n'en dis rien d'autre, à vous de lire…"
[Le Liseur du 6h27 de Jean-Paul Didierlaurent chez Le Diable Vauvert]