152 notes dans la catégorie "Poche"

Penguin : des classiques augmentés

Penguin démarre aujourd'hui une collection de classiques avec des contenus augmentés. Une bonne façon pour les éditeurs de réinvestir le terrain des livres populaires (avec certains libres de droits) en apportant une valeur ajoutée. J'attends avec impatience la version de "Sur la Route" de Jack Kerouac prévue dans le courant de l'été (via PublishersWeekly).


Digitales sur 1001 libraires: le poche et le numérique

Le poche et le numérique peuvent-ils faire bon ménage? C'est sur ce thème qu'est consacré la troisième émission de Digitales proposée par 1001libraires.com qui vient d'être mise en ligne. J'ai eu le plaisir d'accueillir pour en parler Olivier Bessard-Banquy, universitaire et fin connaisseur de l'histoire du poche, Lionel Besnier, directeur éditorial de la collection Libretto et Antoine Duquesne, directeur marketing chez Harlequin. Un plateau équilibré entre histoire et modernité! J'espère que vous apprécierez!


10/18, plus cher en numérique

Logo_top Quelques titres en nouveautés de la célèbre collection 10/18 sont apparus depuis le début de l'année dans leurs versions numériques. Anne Perry, Viviane Moore, Peter Tremayne, Ann Featherstones. Surprise de constater que les prix sont supérieurs aux livres imprimés correspondants, et oui c'est possible! Je me demande comment un libraire explique cela à ses clients! (voir sur LeDivan).


Penguin: pas manchot dans le numérique

Penguin L'industrie du poche en pleine restructuration. Penguin a annoncé en fin de semaine dernière que ses ventes de livres numériques avaient tout simplement doublées au cours du premier trimestre 2011 par rapport à la même période de l'année dernière. Penguin va continuer à "s'adapter" au "changement significatif de l'industrie, conduit par l'augmentation des ventes, à la fois sur les canaux de distribution en ligne et les livres numériques eux-mêmes, face à la pression accrue sur les boutiques physiques" (via TheBookSeller).


Gallimard: les auteurs étrangers peu à peu

Coe SamediJonathan Coe, Ian MacEwan, Orhan Pamuk, plusieurs auteurs étrangers rejoignent l'offre numérique des Editions Gallimard depuis quelques jours, ça vient doucement. Dans leurs versions grand format entre 10 et 19€, comme dans des versions Folio entre 7 et 10€. Bien cher malheureusement. Bien peur que les lecteurs attendent: début janvier pour une version optimiste du scénario, quelques semaines pour la version pessimiste malheureusement. On éduque le marché, comme on attend les poches... 


Patrick Modiano inaugure Folio numérique

Modiano Après quelques auteurs classiques (c'était Saint-Exupéry en octobre dernier), c'est à Patrick Modiano à qui revient l'honneur d'inaugurer l'entrée de la collection Folio dans l'univers du numérique contemporain. Prix à 5,70€, soit 4,76€ HT, faites vos calculs, ce sera mécaniquement à 4,99€ en janvier prochain avec la baisse de la TVA annoncée. Gallimard nous fera sans doute grâce des trois petits centimes! Un nouveau standard pour les prix des versions poche en numérique? Vous pourrez retrouver les titres de Modiano, par exemple Feedbooks et Bibliosurf en versions ePub et PDF (mais qui va donc lire un livre de poche en version PDF!)


Live numérique plus cher que le poche, pourquoi?

Despentes Petit relais ce soir d'un lecteur qui s'est adressé aux Editions Grasset pour des explications. C'est vrai que vous n'êtes pas le premier à vous interroger sur cette situation absurde qui ne concerne bien évidemment pas que les Editions Grasset. La moindre des choses serait de répondre pour fournir une explication, non? Si Grasset nous lis ici...

Bonsoir, 

Je me permet de vous contacter pour vous signaler un mail que j'avais envoyé le 10 décembre 2010 au service commercial des Editions Grasset (http://www.grasset.fr/textes/contacts.htm), resté lettre morte depuis cette date.

Il s'agit ici de l'achat d'un livre, plus cher dans sa version électronique (et avec DRM) que sa version papier, ce qui me choque au plus haut point et qui pour le coup aurait une forte tendance à me pousser à la piraterie...

Je vous adresse ce courrier, libre à vous d'en faire ce que vous le souhaitez, mais je me disais que vous auriez sans doute plus de visibilité que moi...

Bonjour,

Je me permet de vous contacter pour vous signaler, à mon sens, une aberration.
En effet, possesseur d'un livre électronique, et sur les conseils d'amis, je cherche à me procurer le livre "King Kong théorie" de Virginie Despentes. Jusqu'ici, aucun problème, le format électronique est disponible dans de nombreuses librairies en ligne, au prix minimum constaté de 10,99€ (exemple).
Les choses se corsent lorsque je constate que le même livre, paru en format poche est disponible au prix de 4,75€ (ici).
En ajoutant à ça la présence systématique de DRM sur le fichier numérique, je doit bien avouer ici mon incompréhension totale. Autant je conçoit parfaitement un tel prix pour un format numérique tant que le livre n'est pas sorti en poche, autant une fois celui-ci paru...
Pouvez-vous m'expliquer une telle politique commerciale ?

Dans l'attente d'une réponse,
Cordialement.

PS: à lire également le billet récent de NumerikLivres.


Lecture: retours des lecteurs

Lire Ce Salon qui vient de se terminer m'aura aussi permis de rencontrer plusieurs gros lecteurs/lectrice sur des modèles de toute sorte. Voire des très gros lecteurs/lectrices, certains dévorent, une véritable addiction, ils se reconnaîtront! L'occasion de confronter à la fois les pratiques et les retours en tant que lecteurs assidus. Puisque même Arnaud Nourry nous parle d'une concurrence au livre de poche américain! Confirmation aussi des profils communiqués récemment par Kobo. Les personnes qui lisent beaucoup sont dans leur immense majorité sur les modèles en papier électronique: Sony, Cybook, PocketBook, FnaccBook, Kindle, etc.; cela ne fait aucun doute dans les retours que j'ai. La Fnac, France-Loisirs ne se sont pas trompés de cible. La lecture sur les tablettes reste une lecture très largement occasionnelle, en aucun cas adoptée par les gros lecteurs. Sans doute pour la question du prix des modèles mais aussi pour les conditions de lecture en tant que telles: mobilité, rétro-éclairage, proximité d'internet (et oui, cela revient souvent dans les commentaires!). Tous les lecteurs que j'ai rencontré ont d'ailleurs des smartphones et jugent l'utilisation complètement différente, en aucun cas concurrente, c'est intéressant de le signaler.

    J'ai été surpris que les modèles américains, notamment le Kindle, sont déjà bien plus présents en France qu'on ne le croit, beaucoup d'anglophones ont déjà sauté le pas. Difficile d'appréhender le phénomène (il n'y a qu'Amazon qui le sait exactement), mais le cas de cette dame qui circulait au salon avec son Kindle n'est pas du tout le fait d'une extra-terrestre! Les Kindle circulent déjà beaucoup en France parmi les anglophones, c'est certain. Sur les retours, sur des questions liées aux différents débats tactile/non tactile, wifi/non wifi que l'on s'attendrait à trouver, chacun s'adapte plutôt bien au modèle qu'il a choisi. Ces éléments, même s'ils peuvent être décisifs au moment de l'achat, sont finalement peu importants après-coup. Même ceux qui ont opté pour des modèles non-tactiles ne voient pas bien après-coup à quoi cela leur servirait. Je ne constate pas de regrets particuliers des uns et des autres après plusieurs mois d'utilisation. Les gens prennent beaucoup de temps à comparer les modèles, les différentes technologies, ce n'est pas du tout un achat impulsif. Les choix faits au départ semblent complètement assumés dans la durée.

    D'abord, confirmation que les lecteurs adhérent maintenant très fortement à l'ePub. Si certains  voulaient encore des PDF pour la qualité des présentations, ils se rendent compte maintenant que lire de l'ePub est bien plus pratique et pérenne pour constituer des bibliothèques. D'autre part, c'est plus sur les façons dont les livres sont conçus que le débat se porte et c'est finalement rassurant que les lecteurs soient sensibles à la présentation de ce qu'on leur donne à lire. Et là, c'est vraiment pas bon pour certains éditeurs et lecteurs, il faut bien le dire. Voici une petite synthèse que j'ai faite durant ces quelques jours et qui recoupe ma propre pratique. Si elle n'a pas de valeur statistique (je ne suis pas Ipsos!), elle présente des éléments suffisamment récurrents à chaque fois pour permettre d'apréhender ce que des lecteurs attendent, et sur le fond, ce sont des préoccupations de lecteurs de livres, de lecteurs attachés à la présentation typographyque des livres:

  • texte justifié impérativement.
  • empagement avec 1500/1700 signes; les gens veulent des mises en pages simples type livre de poche indiscutablement, quitte à grossir la police après-coup par eux-mêmes s'ils le désirent
  • marges suffisamment larges (5 à 10mm) et égales; certains éditeurs font le choix de décentrer en laissant une marge plus importante à droite pour un folio, beaucoup de retours contre.
  • blancs de tête et de pied (5 à 10mm) également, il faut que ça respire!
  • césures seraient appréciées pour éviter les blancs typographiques
  • éviter l'interlignage trop important
  • éviter les alinéas trop importants, 4/7mm maxi; certains font plusieurs centimètres, extrêmement gênants
  • polices à privilégier: des polices avec empâtements type Garamont/Plantin/ Minion par exemple côté propriétaires; polices sans Sérif, Déjà Vu et Libération par exemple côté libres. Les gens réclament plus de choix de ce côté-là, type iBooks par exemple

    On retrouve indiscutablement les caractériques des mises en page de livre de poche. C'est la réflexion de bon sens qui revient souvent d'ailleurs, mais pourquoi donc les éditeurs ne s'alignent pas sur les livres de poche? C'est exprès? Support papier ou électronique, peu importe, les gros lecteurs veulent retrouver leurs textes de la même façon. L'un et l'autre se superposent. On comprend le soin exemplaire d'Amazon et d'Apple pour la présentation typographique, c'est loin d'être de l'ordre du gadget. Quand vous passez des heures à lire, vous appréciez le soin qui a été fait par l'éditeur ou le fabricant du lecteur.

    Je vous invite à me laisser vos impressions sur tel ou tel point important que j'aurais oublié, pour confirmer ou infirmer. Si vous êtes vous-même gros lecteurs, je serais ravi d'avoir vos commentaires. Ces premiers éléments pourraient servir d'ébauche à une étude plus générale. C'est vrai que je n'ai pas encore vu grand chose sur tous ces aspects. Peut-être l'objet d'un travail d'étudiant sur la question? Je pense que tous ces retours de lecteurs pourraient être approfondis dans les bibliothèques et cela ne manière statistique, mais cela est peut-être déjà le cas, non?

PS: Beaucoup d'échos négatifs du côté du logiciel Adobe viewer qui ne permet absolument aucune lattitude, on se retrouve face à des choix de l'éditeur qui ne nous conviennent pas forcément, engendrant finalement beaucoup de frustrations et de recherches sur des offres non-légales alternatives.

PS: un commentaire que je remonte dans ma note:

Pour être complet à propos de modèles qui ouvrent sur un choix de polices de caractères, comme FBReader embarqué sur les PocketBook, voici la liste des 12 polices disponibles et leurs classifications Thibaudeau pour faire simple:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Classification_Thibaudeau

- Cyrillic Old (Script)
- Menuet (Script)
- DejaVuSans (Antique)
- DejaVuSansMono (Antique)
- DroidSansMono (Antique)
- LiberationMono (Antique)
- LiberationSans (Antique)
- MyriadPro (Antique)
- Verdana (Antique)
- CaeciliaBoldSC (Egyptienne)
- DejaVuSerif (Didot)
- LiberationSerif (Elzévir)

Quelques polices qu'il me parait pertinent d'intégrer sans attendre; les versions ttf sont à mettre dans le dossier Fonts, vous les trouverez payantes ou gratuites sur le net:
- Adobe Garamond Regular
- Baskerville Classico
- Minion Pro
- MPlantin [ma préférée!]
- Times (of the West) ou autre

Lire Proust en Garamond, c'est quand même autre chose!

N'hésitez pas à m'en donner d'autres que vous appréciez en tant que gros lecteurs et "amoureux de la typo". Un "best of" des 10 meilleurs polices pour bientôt?

PS: en complément, j'ai ajouté une première liste de 16 polices sélectionnées.


Biographie de Céline en poche et en numérique!

Archipoche A signaler l'initiative des Editions Archipel qui viennent de sortir la version au format de poche du livre de Emile Brami "Céline à rebours" et de manière simultanée la version numérique avec une réduction de 15%. Sur le prix d'une version au prix de poche, cela mérite d'être souligné. Près de 500 pages bien tassées, pour ceux qui voient de moins en moins l'intérêt de passer par du poche/papier. Une version PDF pour l'instant, espérons que la version ePub suive. Bravo, un excellent livre, à lire sans modération, pour démarrer cette année de "célébration" du cinquantenaire de la mort de Céline.


Enjeux du poche

Poche Livres multimédias, livres-applications, livres augmentés, livres enrichis, etc. Avec plus de 600.000 titres imprimés disponibles, l'essentiel du marché n'est pas là comme le rappelait très justement l'étude Idate. «Renoncer au numérique, ce serait comme s’il y a 20 ans on avait laissé le livre de poche aux grandes surfaces», assure Olivier Dumont de la librairie Doucet au Mans, pionnier dans la vente de livres numériques. Le livre numérique est le livre pas cher de demain, c'est un fait, enrichi ou pas. Avec le Kindle d'Amazon sans doute pour le printemps prochain en France, c'est sur ce marché-là que la concurrence va être rude (via LeMaineLibre).


C'est dans la poche : le mensuel du poche!

PochecouvoctobreJO Alors que le livre de poche est à l'honneur ce week-end avec Lire en poche à Gradignan, je vous recommande l'intéressante initiative de Pierre Maury de la Bibliothèque Malgache qui propose C'est dans la poche, un mensuel électronique gratuit consacré aux nouveautés parues en poche. Le numéro 1 d'octobre est disponible ici (également sur Calaméo ou Scribd). Longue vie à C'est dans la poche, en souhaitant bientôt une version ePub pour tous les lecteurs... de poche! (via EbooksLibresetGratuits).


Dorchester repense le livre mass-market

Massmarket Signe important de l'influence de plus en plus grande du numérique sur l'industrie du livre mass-market, le plus ancien éditeur de poche indépendant américain crée en 1971, Dorchester Publishing, est en train de changer radicalement sa stratégie en faveur du numérique. Une page sur le site. Les dirigeants de l'entreprise se sont confiés sur la période de transition en cours, sans doute l'une des plus importantes qu'à connu l'entreprise:

"Compte tenu des nombreux changements dans l'industrie de l'édition au cours des dernières années, Dorchester a pris la décision de se concentrer plus étroitement sur ses modèles de distribution en tirant pleinement parti des technologies émergentes les plus rentables. A partir des prochains titres en septembre, nous allons passer d'un modèle mass-market du commerce en format de poche à une vente exclusive en format numérique. Cela retardera les nouvelles versions poche à peu près de six-huit mois, mais cela ouvre de nouvelles perspectives plus efficaces sur les circuits de vente. De plus, nous sommes heureux d'annoncer que tous les titres seront disponibles en format numérique comme prévu initialement. La croissance importante que nous avons vu sur le marché numérique sur une courte période combinée à la baisse significative sur le marché du poche nous ont convaincus que nous avions besoin de concentrer nos ressources sur ce segment le plus tôt possible. Dorchester a toujours été reconnue comme une entreprise ayant une longueur d'avance et disposée à prendre des risques. Comme les librairies consacrent la majeure partie de leurs investissements dans  le numérique, il est logique que nous fassions de même. Tout le monde ne cesse de dire que l'industrie doit changer si elle veut survivre. Nous sommes ravis d'être à la pointe de ce changement et nous continuerons à vous tenir au courant des faits nouveaux. Et pour aider à répondre à certaines des questions que vous pourriez avoir: les éditions numériques seront disponibles dans le mois comme ce qui était avant prévu pour le mass-market. Le livre de poche suivra, à peu près 6-8 mois après. Nous avons provisoirement reporté beaucoup de titres prévu en septembre/janvier à juin ou juillet 2011. Mais nous travaillons toujours sur les livres prévus plus loin. Durant cette période, l'objectif sera de reformater le type mass-market du marché, de sorte qu'il s'adapte mieux à une taille commerciale. Mais il nous faudra du temps supplémentaire pour la force de vente, nous travaillons pour vendre des livres plus rentables. Tout comme le mass-market, les points de vente devront passer leurs commandes environ 4-6 mois avant  que les livres soient imprimés. Nous avons établi un partenariat avec Ingram Publishing Services, qui fabrique des livres aux bibliothèques, à l'étranger, B & N, Books A Million et tous les autres réseaux de détail et de gros que nous avons cités précédemment. Mais en ayant bien plus de points de ventes, nous allons aussi être en mesure de cibler les comptes, tels que de nombreux magasins indépendants qui n'ont pas commandé nos livres dans le passé. Tout comme pour les livres mass-market, les magasins passeront leurs commandes, nous permettant d'imprimer à la demande. Les livres seront sur les étagères pour que les lecteurs puissent les consulter. Cependant, en utilisant la technologie d'impression à la demande, nous n'aurons pas à garder autant de livres en stock, à payer des frais de stockage. Les livres seront disponibles de manière réorganisée comme ils le sont maintenant, mais nous n'aurons plus à imprimer autant de copies avec des minimum de 5000 exemplaires actuellement. Nous sommes en train de modifier nos entrepôts, mais une fois cela réalisé, le réassort se fera comme par le passé. Quand un livre est en rupture de stock, nous allons prendre la décision de savoir s'il faut le réimprimer, tout comme nous le faisons maintenant. Les réimpressions seront probablement au format à la demande, même si nous n'avons pas complètement exclu la possibilité que certains resteront en mass-market. Nous vous remercions de votre patience et votre soutien pour cette transition". Une transition qui va sans nul doute être suivie à la loupe par bien d'autres acteurs dans le monde entier (via ReadWriteWeb).


Livre numérique: les pratiques françaises

Beresina J'ai beaucoup de retours autour de moi sur les pratiques de lecture, l'adhésion à des lecteurs à la fois comme l'iPad et les lecteurs eInk. J'avais relayé il y a deux ans déjà le petit calcul qui avait été fait sur le Kindle, le nombre de livres à partir duquel on amortissait l'achat d'un lecteur. C'était 17 titres. Peut-être vous rappelez-vous ce billet? J'ai essayé de refaire cette petite étude (en toute subjectivité) avec quelques éléments chiffrés avec des prix moyens que j'ai pondéré à la fois grand format/poche/occasion/prêt/échange quand il s'agit de l'univers papier et légal/piratage/échange quand il s'agit de l'univers numérique. Le petit tableau ci-dessous synthétise l'ensemble. Il ne repose sur aucune études statistiques mais je pense qu'il n'est pas si éloigné que cela de la réalité. Merci de me donner votre sentiment. A mon avis, un lecteur qui lit plus de deux livres par mois est aujourd'hui interpellé par l'offre du livre numérique, c'est indéniable. La pondération du côté du gratuit est maintenant forte. On a dépassé très largement le domaine des classiques à papa! Un univers clandestin du livre s'organise. Près de 1500 fans sur certains groupes Facebook... D'après mes estimations et quelques sondages réalisés, c'est entre 300 et 500 titres parmi les best-sellers qui circulent déjà sur les réseaux avec une qualité excellente et un format ePub maintenant proposé plus de deux fois sur trois. A la fois scannés et craqués. Les livres scannés sont même souvent de meilleur qualité que ceux proposés par les éditeurs! Un comble. L'offre est exponentielle depuis quelques mois seulement. Entre 30 et 45 jours, c'est le délai où l'on voit apparaître une version pirate d'un best-seller qui vient de sortir. Confirmé d'ailleurs par un éditeur en début de semaine. Le marché du livre numérique en retard en France? Du côté des éditeurs, c'est indéniable. Du côté des consommateurs, les choses vont maintenant très vite. Je fais le pari que dans ce domaine comme dans d'autres, nous allons très bientôt rattraper les pays anglo-saxons, mieux les dépasser du côté de l'offre illégale, nous sommes au pays de Voltaire et de Balzac, non? La France championne mondiale du piratage, aucune raison que cela reste étanche aux livres! Nous sommes bien en train d'attiser (avec un très gros soufflet) les charbons de l'offre illégale avec des réductions de prix d'éditeurs qui attendent une baisse de la TVA qui ne viendra sans doute jamais, des DRM qui nous empoisonnent la vie quand on change de lecteurs (tous les deux ans environ et aucune certitude sur des bibliothèques pérennes), l'absence totale de collections de poche et de pans entiers de l'édition populaire (fantasy, polars, fantastique, science-fiction, les plus piratées évidemment). J'ai même rencontré cette semaine un libraire qui vend du livre numérique et qui me dit qu'il n'en achètera jamais pour lui! (il se reconnaîtra). Bref, on n'a tiré absolument aucun enseignement de ce qui s'est passé dans la musique et on comprendra mieux l'ombre de la Bérésina des éditeurs, la route sera longue pour inverser les pratiques, croyez-moi...

Pratiques


Les collections de poche arrivent timidement

Pochothèque On parle des prix des livres numériques pour les nouveautés, beaucoup moins des livres plus anciens déjà disponibles dans des versions de poche. Nous sommes encore bien loin de l'offre de Penguin par exemple avec 2893 titres (dont 2111 au-dessous des 10£)! Si Le Livre de Poche est bien timide avec 91 titres seulement (le compteur est bloqué depuis six mois) et exclusivement des livres d'auteurs classiques libres de droits, d'autres éditeurs en revanche sont plus avancés. Mille et une nuits (246 titres), Harlequin (80 titres), La Musardine, Grasset (Les Cahiers Rouges), Fayard avec des polars, Flammarion avec la collection GF, La Petite Vermillon à la Table Ronde. Avec des prix oscillants entre 1,5 et 8€ plus conformes à ce que les "nouveaux" lecteurs recherchent. Alors, le petit livre pas cher encore pour longtemps en papier?

I want you for the U.S. Army

Books wanted Le pocketbook est expérimenté à partir de 1935 en Grande-Bretagne avec les «Penguin Books», livres de poche à couverture brochée, vendus au prix concurrentiel de 6 pences. La formule est perfectionnée pendant la Seconde Guerre mondiale par les éditeurs américains afin de fournir de la distraction aux soldats en campagne. Avec une colle au dos très peu résistante, les GI's déchiraient les pages au fur et à mesure de la lecture... Nul doute qu'aujourd'hui, l'armée américaine ferait appel à Sony!
(photo sur Bibliophilie).

Immense succès du Kindle

Succès immense aux Etats-Unis du Kindle2 qui va bien au-delà des perspectives que s'était fixé Amazon. eBouquin y revient avec cet article sur Znet. Absolument prévisible quand on sait que le principal défaut de son premier modèle, à savoir son design, a été levé avec un produit très proche d'un design Apple! Le public est en train de suivre aux Etats-Unis, nous sommes bien en train de vivre une évolution comparable à celle du livre de poche. A relire utilement Le livre de Poche et son évolution par Gilbert Nigay qui a été mis en ligne par la Bibliothèque Nationale de France et qui date de 1967. On pourrait judicieusement remplacer "livre de poche" par "livre numérique" et ressortir le papier tel quel!
Un succès aussi pour l'encre électronique et le choix qu'à fait Amazon il y a quelques années en misant sur cette technologie que certains avaient tendance à ringuardiser. Je suis sûr que même au sein d'Amazon, certains Cassandre doivent se faire tout petit en ce moment. Bravo à Jeff Bezos, une nouvel fois visionnaire. Pour la concurrence maintenant, il s'agit d'aller vite, très vite...

PS: le magazine Challenge y consacre un billet aussi.


Lire en poche à Gradignan

Lireenpoche J'ai le plaisir de participer au Salon Lire en Poche, unique salon en France exclusivement consacré au livre de poche, qui se tient du 3 au 5 octobre à Gradignan. J'animerais le débat "Le livre numérique: héros de demain?" à 17 heures vendredi, avec Guillaume Lejeune (Bookeen), Alain Duperrier (Directeur de la Bibliothèque Départemental de Prêt), Frédéric Vasseur (auteur) et Eric Culnaert (Agence Aquitaine pour la Société de l'Information). Le programme complet est ici. A l'heure où les livres électroniques arrivent dans notre pays, le livre de poche est assurément le secteur qui est en ligne de mire pour son petit cousin électronique. Rappelons que le secteur du poche représente à lui seul 30% des exemplaires vendus dans notre pays (chiffres CNL). Et que malgré les sombres prédictions de certains il y a une cinquantaine d'années, il n'a pas supprimé le livre en grand format, loin de là. Une histoire recommencée? Le Sonyreader et le Cybook en poche, nous parlerons de tout cela.


Les libraires seront numériques

Mob101_1189494510    Quelle lumineuse interview que celle parue ce week-end dans le journal suisse Le Temps. Le directeur général de Payot Librairie, Pascal Wandenberghe, donne son sentiment sur le développement de la lecture numérique et des nouveaux livrels avec un crédo, allons-y!
    "Il ne faut pas rater un train qui démarre! Même si l'offre n'est pas encore très développée dans le monde francophone, nous étudions ce marché de près. Nous nous préparons à commercialiser l'ebook dans nos librairies. Et sur notre site internet, nous vendrons des livres à télécharger. A l'avenir, nous pourrions même installer des bornes de téléchargement dans nos librairies. Mais nous y allons à notre rythme. Pour ce qui est du support, nous hésitons encore entre le ebook de Sony et celui de Philips, l'iLiad, qui est un peu plus cher, mais qui a une grande capacité de mémoire et une bonne ergonomie."

    A la sempiternelle question: "Certains vous diront que vous contribuez à la mort du livre, votre gagne-pain!" Pascal de rebondir avec intelligence: "L'ebook ne tuera rien du tout, pas plus que le livre de poche n'a été le fossoyeur de la création littéraire dans les années 1950. Ce ne sera ni une révolution, ni un flop. Le livre papier restera, il est lié affectivement aux œuvres littéraires. Mais il y a des nombreux écrits à caractère documentaire, pratique ou encyclopédique qui n'ont pas forcément ce rapport affectif au papier. Les canaux de commercialisation se diversifient, et c'est tant mieux: cela prouve que nous sommes dans un secteur économique qui peut aussi bouger."
    Et de pointer sur le véritable danger qui se prépare actuellement: "Le vrai risque réside à mes yeux dans la volonté de certains acteurs de vouloir créer des formats propriétaires et négocier des exclusivités avec les éditeurs, ce qui semble être l'option d'Amazon aux Etats-Unis. Dans cette situation, le choix pour le client de s'approvisionner où bon lui semble serait annihilé, ce qui à mon avis est contraire aux règles du commerce et à l'exercice de la liberté individuelle."
    Qui dira encore que les libraires subissent l'internet et le marché du numérique sans rien faire...
    Combattons les clichés, vivent les libraires numériques!


Des modèles gratuits pour internet... pour les livres électroniques?

Sans_titre Débat intéressant que lance Virginie Clayssen sur son blog teXtes qui relaie les initiatives de certains éditeurs qui mettent à disposition des internautes l'ensemble de contenus en ligne. Est-ce que tout peut-être mis en lybers, forme ultime du livre numérique tout gratuit que préconise depuis de nombreuses années les Editions de l'Eclat et son fondateur Michel Valensi? Après Paulo Coelho en direct, des éditeurs comme Harper et Collins (quelques titres tests, via NYT) et La Découverte avec une collection Zones... Alors, tous les éditeurs avec un espace Issuu en libre accès sur internet? Avec Google et Amazon en corollaires bien sûr pour optimiser le business-papier. Plus besoin de se compliquer, de drm, d'agrégateurs, de formats, de europeana, tout ouvert, en un mois on met tout Gallimard et on n'en parle plus... Sérieusement, est-ce envisageable? Comme je l'indique en commentaire de Virginie, est-ce que tout pourrait être sous forme de lybers, avec un accès total du contenu avec des supports mobiles qui ne cessent de progresser en qualité?
D'autres modèles aussi, payer à la fin de la lecture du livre comme sur ce modèle étonnant appliqué au cinéma (via l'Atelier)...
Quand les éditions de l’Eclat ont crée le concept avec la mise en ligne conjointe avec Google, les supports électroniques mobiles iphone/epaper n’existaient pas encore. Si le marché de ces supports se développe avec des prix au alentour de 100€ Asus (rappelons que l’Asus est à 199€ avec une offre d’abonnement, avec déjà des premiers modèles qui lisent des livres) voir moins et que les contenus mobiles deviennent accessibles gratuitement, est-ce que le papier en "produit dérivé" permettra la rémunération des auteurs et des éditeurs? Imaginons, il y a 50 ans, que les éditeurs aient décidé que le livre de poche soit gratuit (ou payé par la publicité, ce qui revient au même), ou de qualité plus médiocre mais gratuit, où en serions-nous? Je suis sûr que Filipacchi avait très certainement envisagé ce modèle économique là...
100_2886_2 Je pense que le débat est tout à fait le même aujourd’hui. Quel chemin prendre pour maintenir la variété dans la création éditoriale? Je pencherais plutôt pour des contenus peu chers, avec une drm très légère liée à l’identité du lecteur. Cela préserverais à la fois du peer-to-peer et assurerais une juste rémunération. Je pense que ce que n’ont pas réussi à faire les majors de la musique il y a dix ans en n'adoptant pas un tel système et en laissant se développer massivement le peer-to-peer, les éditeurs ont une chance historique de le réussir avec des drm très légères et des prix très intéressants (2 euros me semble un maximum, c’est le premier prix d’un livre de poche, non?). Autrement même chemin que la musique, F6kindleberkeleypaul0711241202714_2 cinq ans à perdre pour un résultat identique, c’est une évidence pour moi. Si le peer-to-peer n’est pas un business “intéressant” (les FAI lui disent merci), il ne se fera pas ou restera marginal parce que risqué et que le jeu n'en vaudra pas la chandelle, comme on dit. C'est pas plus compliqué que cela…  Au fait, je vous avais fait part des premiers pas de Francis Pisani avec son Kindle, est-ce qu'il allait le garder? Il se posait la question à l'époque. Suspense, faîtes vos jeux? Eh bien, après trois mois d'utilisation, il le garde et il est très content de son Kindle! Pisani, il est pas du genre à aller sur les sites-pirates, mais donnez-lui vite des contenus peu chers avec des drms légères, autrement il risque bien vite de changer d'avis...

PS: A noter que Francis signale aussi l'initiative de Random House qui propose un système de vente de livre au chapitre pour le livre Made to Stick, c'est ici.
Gin, l'auteur du livre Bad Business (publié au Diable Vauvert) avait pris la même initiative il y a deux ans sur son site personnel. Il serait intéressant d'avoir les retombées...


Quels prix pour les e-books ?

100_2886 Au moment où les livres électroniques entament une baisse des prix sensibles (vous me direz, ils sont partis de tellement haut qu'il y a encore du chemin à faire...), je crois qu'il est intéressant de s'interroger sur le prix des livres numériques, des contenus. J'ai repris l'intéressante analyse qu'a faite Hélène au moment où elle testait l'Iliad. C'est un débat qui va rapidement se poser en France, peut-être qui est même certainement déja en train de se poser chez les éditeurs. Avec les contrats d'auteurs, les prix de revient à repenser... D'un côté du curseur, les tout-gratuits libres de droits (Gutenberg et consorts avec les réserves sur la qualité), les tout-gratuits avec droits (Google avec l'accord ou "sans" l'accord des éditeurs, des sites-pirates à venir bientôt - rappelez-vous de l'exemple EbookFactory pour la presse). A l'autre extrémité du curseur des livres numériques récents au même prix que les versions papier (c'est le cas actuellement). On voit que l'éventail est large. Quand on regarde les librairies numériques actuelles, les ebooks sont vendus en moyenne aujourd'hui avec une réduction de 25% en moyenne par rapport au livre "papier" et ce malgré une TVA à 19,6% contre 5% pour le papier). Il est urgent bien sûr que l'on accorde le même taux de TVA à la version numérique, c'est quand même bien la même démarche culturelle, non?
Maintenant, est-ce suffisant pour faire décoller le livre électronique et "rentabiliser" l'achat d'un livre électronique?
C'est un calcul que le lecteur va faire, un simple petit ratio et si les livres numériques sont chers, il ne verra pas l'intérêt, à moins bien sûr d'un vaste choix de version-pirates et il faut lui faire confiance pour les trouver! Si la qualité des livres électroniques est au rendez-vous, c'est cela qui peut se passer rapidement...
Tout le monde a en tête l'exemple de la musique, les éditeurs accrochés à leurs prix de vente pendant que le téléchargement illicite s'étendait inexorablement. La longue agonie, DRM, chutes de prix sur les CD, puis finalement sans DRM et ce n'est pas encore fini, les modèles se cherchent encore...
DRM pour le livre bien sûr, il en va de la protection de tout un secteur, déjà suffisament fragile sans le livre numérique. Des auteurs, des éditeurs, des diffuseurs-distributeurs, des libraires... La contrefaçon sur le livre... on évalue bien le manque à gagner dans l'industrie du luxe, pour le livre ce serait bien plus grave, Gallimard, ce n'est pas Hermès.
Bon, imaginons, le best-seller de l'été:
L'Elégance du Hérisson :
- version papier-grand format: 20€ (19€ avec la remise éditeur)
- version numérique: 19€
- version papier-grand format (dans six mois): 19€ (prix unique du livre)
- version papier-poche (dans six mois): 6,5€ (prix unique du livre)
- version numérique (dans six mois): 4€
(disons que la version numérique perdrait 0,5€ tous les six mois, avec un prix plancher de 2€)
Je suis dans le vrai? Le e-book, concerné par le prix unique?
Soit lire tout de suite au prix fort, soit attendre pour un prix plus light, c'est ce que nous faisons déjà sur du poche, pourquoi ne pas l'envisager sur le livre numérique? Si le poche n'a pas tué le livre grand-format, c'est bien que les éditeurs ont pensé et organisé cette double vie d'un même livre. Il va falloir se résoudre à organiser la vie d'un cousin supplémentaire...
Bon, tout cela semble idéal, le meilleur des mondes. La seule préoccupation serait de trouver l'année prochaine sur un serveur chinois, l'ensemble des nominés pour les prix littéraires de la rentrée 2008, soit une cinquantaine de livres au grand maximum (15000 pages au total), mais qui représentent en terme de chiffre d'affaires, une bonne partie de la rentabilité sur l'année de tout un secteur. Et alors là, mon petit raisonnement, patatras... Et le cousin, il va se faire appeler Arthur...



Quels formats pour les livres électroniques ?

Intéressante suite sur le blog Feedbooks, Hadrien revient très justement avec une interrogation sur les formats les plus adaptés pour nos livres électroniques. Et c'est vrai que je le rejoins totalement dans son appréciation. Faire des livres électroniques une fonction supplémentaire de l'iphone (puisque c'est bien celui-là qui va rafler la mise il semblerait, vous pensez, déjà un million d'exemplaires en mois d'un mois!), cela contentera une clientèle de geeks en quête de performance, mais est-ce que cela contentera des vrais lecteurs? On aura beau l'enrouler, le déplier, bref le faire rentrer à toute force dans la boite, est-ce que c'est vraiment la bonne solution? Je suis très sceptique à ce sujet. Je me rappelle Sony Sony2 qu'il y a un an maintenant chez Tebaldo, nous étions plusieurs autour de plusieurs modèles disponibles sur des tables, et en tant que lecteurs, nous allions instinctivement vers des formats plus confortables, même s'ils ne rentraient pas dans nos poches!  D'ailleurs est-ce que les livres tiennent dans les poches? C'est aussi ce qui ressort de la prise en main du Sony dans cette présentation à voir absolument, aussi avec ces deux photos comparatives (celles de la pub, et la réalité), comme si on avait souhaité absolument "grandir" le Sonyreader, le faire paraitre plus grand qu'il n'est réellement, un peu trompeur ne trouvez-vous pas? Comme une 100_3590 contradiction qui ressort de ces photos. A ce sujet, je me demandais d'ailleurs si on avait envisagé de faire des livres de poches modernes plus petits. Je me suis souvenu de cette petite collection L'Ecole des Lettres, au Seuil, qui s'est arrêté au bout d'une trentaine de titres. Ce serait intéressant de savoir pourquoi la mayonnaise n'a pas pris à l'époque, caractères trop petits, formats des livres trop petits, collection jugée trop précieuse, trop élitiste, problème de présentation dans les librairies, prix de revient/prix de vente? Les très petits formats ont toujours été assimilés à Balladeur des livres précieux, des livres pour les sacs des dames. Livre-bijou avec une joli reliure en marroquin... Mais est-ce que c'est si agréable que cela à lire? D'autre part, je ne sais pas aussi si ce serait les servir aussi que de leurs intégrer à toute force du son, de la vidéo, franchement j'ai du mal à lire quand j'écoute de la musique, la télé et téléphone n'en parlons pas! Les livres électroniques doivent se concentrer essentiellement sur la lecture et seulement la lecture, ce n'est qu'à cette condition qu'ils trouveront leur public naturel. Encore que s'ils savaient me faire du bon café, je dirais pas non!


L'enfant de Gutenberg

Livrepoche Je relisais cet été un petit livre de poche trouvé chez un bouquiniste (Ebay et Amazon ne les a pas encore tous fermés!) qui s'intitule "L'aventure du Livre de Poche" avec comme sous-titre, L'enfant de Gutenberg et du XXème siècle! Ce petit livre date de 1983, intéressant de faire un come-back 25 ans en arrière. Publié à l'occasion du 30ème anniversaire de la collection, il canonise en quelque sorte le phénomène, Giono dans une lettre en exergue qui date de 1958 "J'estime aujourd'hui que Le Livre de Poche est le plus puissant instrument de culture de la civilisation moderne". Ce livre, il doit s'agir au départ d'un rapport de stage qui a été enrichi, je pense, car c'est un voyage au coeur de la maison. C'est truffé d'anecdotes, cela sent délicieusement la réclame, on commençait tout juste à l'époque à entendre parler de marketing, mais c'est diablement intéressant. Tout est abordé, choix des titres, fabrication, diffusion, distribution, contacts avec les libraires. On croise les grands patrons d'aujourd'hui, Bernard Fixot, Jean-Claude Lattès pour qui le Livre de Poche a été dans sa jeunesse "le 45 tours de l'édition". En fin d'ouvrage, des choses intéressantes qui raisonnent particulièrement à nos oreilles avec ces annonces de nouvelles générations de livres électroniques. D'abord, il revient sur les réticences qui ont accompagné son démarrage, on lit dans le Mercure de France "ce qui nous est proposé, dit-il pour quelques francs aux éventaires des kiosques et des librairies, ce sont les oeuvres mêmes des grands noms de la haute culture, tout comme les grands magasins de la 6ème Avenue offrent aux petites bourgeoises américaines, reproduits en grande série, les modèles signés de la haute couture parisienne". Le journaliste se dresse contre cette culture "prétendument populaire". "La force du livre de poche, ajoute-t'il, revient à nous persuader que les oeuvres nous sont immédiatement données, que nous pouvons en disposer sans effort et les posséder sans avoir à y mettre le prix". Des échos du côté de Gutenberg et autres Wikisource, non? Même l'éditeur Jérôme Lindon, en mai 1972, dénonçait dans le Figaro l'action des livres de poche, accusés de nuire gravement aux auteurs, éditeurs et libraires en diminuant leurs revenus sans accroître le nombre des nouveaux titres imprimés ni celui des lecteurs. Comme on dit, que d'eaux ont coulés sous les ponts!!
Pour conclure, je prendrais les propos d'un article de Frédéric Ditis en 1976 dans la N.E.F, qui s'inscrit en faux contre ces accusations et porte le débat sur un autre plan: "Dès le départ, dit-il, le problème du livre de poche a été mal posé. Jusqu'ici ses critiques comme ses laudateurs ne se sont intéressés qu'à son contenu sans s'interroger sur sa nature. En réalité, tout ce qui singularise le livre de poche démontre que l'on ne se trouve pas en face d'une variante des collections populaires mais d'un nouveau média... Une combinaison inédite des composants prix/contenu/emballage lui a donné l'impact suffisant pour faire sauter les barrières qui, jusque-là, avaient confiné le livre dans le domaine clos réservé à l'élite."
A méditer pour les prochains critiques et laudateurs des livres électroniques à venir, n'est-ce-pas?