41 notes dans la catégorie "Publication en ligne"

Pour ou contre

En ces temps de lobbying ambiant, la pétition lancée contre "la loi contre le téléchargement illégal" (via Bibliobsession). La SCPP (Société civile des producteurs photographiques, dont Sony Bmg, Emi, Universal et Warner) vient de rendre public un sondage commandé à Ipsos et démontrant, selon elle, l'aval de la population française concernant la riposte graduée (via Clubic). "80% des Français pensent que les créateurs doivent être rémunérés lorsque leurs chansons sont téléchargées sur Internet (cette proportion s’élève à 84% parmi les Français ayant déjà téléchargé illégalement). Le consentement du public à payer la musique téléchargée est donc fort." Le sondage complet est ici. Vous choisirez en âme et conscience...

Pour ma part et dans le doute, je m'abtiens malgré certains avis sensés. Comme j'encourage mes enfants à ne pas le faire (et je leur explique pourquoi), je me vois mal signer une telle pétition. D'ailleurs je ne comprends toujours rien à une alternative crédible pour les auteurs à consommateur-payeur, j'ai toujours fonctionné comme cela pour mes achats-culturels et je m'en porte très bien.

En d'autres temps, j'avais signé pour la Sauvegarde du Patrimoine de l'Imprimerie Nationale, le dossier est proche de zéro. Pas beaucoup d'échos dans les métiers du livre, malgré l'appel lancé par Jérôme Peignot il y a quelques mois. Autres temps...


Toujours plus de gratuit

Feedbooks Le gratuit avance toujours. Un livre électronique feedbooks dans les grandes surfaces en septembre? C'est l'annonce que vient de faire Loïc Roussel (co-fondateur de feedbooks) dans l'interview réalisée par Jean-Michel Billaut hier. Suspense sur le distributeur en question... Le livre électronique sera vendu à "un prix très intéressant" avec des milliers de livres gratuits déjà téléchargés dedans. Je ne sais pas pourquoi mais il m'est naturellement venue en tête la grande boutique de Michel-Edouard, pas vous? Une façon de débouler encore une fois dans le "landerneau" des éditeurs... Les paris sont ouverts! Quel business-model pour feedbooks? Sur le modèle de YouTube, publicité sur le site et dans les livres. Feedbooks travaille en ce moment sur de la publicité non-intrusive dans les livres...
Dans le même ordre d'idée, l'annonce sur Silicon que l'on pourra bientôt embarquer tout Wikipédia sur son livre électronique "préféré", logiciel par ici (merci François). En attendant, Microsoft jette l'éponge.


DRM: l'histoire en marche

Antidrm300x187 La semaine dernière, Microsoft a annoncé son intention de désactiver la vérification des serveurs pour son défunt MSN Music Store. "Un triste rappel face aux pièges potentiels pour les clients à chaque fois qu'ils achètent des contenus paralysés par un logiciel de gestion des droits numériques (DRM). Tout magasin numérique qui vend des prêts ou des Bplcloseup_1_3 Bpl_dark_5 Freetoall_2 contenus protégés contre la copie fait de vous un otage." (via Teleread). L'exemple de Microsoft, cependant, n'est pas unique. Et Steve O'Hear sur le blog Last100 de détailler cinq cas d'entreprises qui ont vendu des contenus, puis arrêté le service. Microsoft donc mais aussi Google, Sony et Virgin... Des actions s'organisent, celle-ci devant la bibliothèque publique de Boston en février dernier (cela me fait penser à une campagne de désamiantage). Bref, si vous voulez rallier la campagne anti-DRM et restez propriétaire de ce que vous avez acheté, aujourd'hui la musique et les films, demain les livres, c'est ici.

PS: coincidence aujourd'hui, le post de Kelblog avec le lien sur le film Steal This Film traduit en français.


Librairies numériques, Spinoza sans DRM

Logoventdouest Une deuxième librairie qui entre dans le bal du numérique. Après la librairie l'Alinéa à Martigues dont je vous avez parlé, c'est maintenant la librairie Vent d'Ouest à Nantes qui propose des livres numériques en téléchargement sur son propre espace. Les mêmes pour l'instant, des titres test des Editions Actes Sud, Seuil, l'Olivier, La Table Ronde, Viviane Hamy, Zulma... Intéressante aussi, l'initiative des Editions de l'Eclat à qui l'on devait déjà leur position militante pour des libers ouverts sur GoogleBookSearch. Michel Valensi, son directeur, en avance sur l'histoire, toujours... Et maintenant de s'affranchir de ces fichues DRM, vous savez ces petits verrous qui sont sensés nous protéger "de nous-mêmes" pour les ayants-droits mais qui finissent bien vite par devenir insupportables (voir les plaies d'Irène). L'édition de livres sera t'elle en mesure d'imposer ce que l'édition musicale n'a jamais réussie à faire, ce que les consommateurs ne veulent pas?
Spinoza Donc, notre ami Michel Valensi de proposer via nos libraires en question, l'Ethique de Spinoza dans une version numérique à 50% de la version papier. Un format  Adobe-PDF sans aucune DRM, libre comme l'air mais avec une watermark, une version numérotée avec un filigrane très léger sur l'ensemble des pages mais absolument illisible à la lecture. J'ai récupéré le numéro 1183, vous verrez l'agrandissement. Un petit recadrage rapide 100_4823 100_4825 avec la suppression des marges pour mon Iliad, lecture impeccable... Ce livre, je serais toujours en mesure de le relire sur n'importe quelle "machine", d'en récupérer des extraits, de le prêter autour de moi, à des amis, à mes enfants dans quelques années... Cette exergue en tête du livre: "Ce fichier porte un numéro de téléchargement attribué à son acquéreur au moment du téléchargement payant. Ce livre n'est pas doté de système DRM (Digital Rights Management), qui en empêche la duplication et la diffusion. Toutefois son acquéreur ne peut, sous peine de poursuites, en faire un usage commercial. Il peut le prêter à des amis - comme on prête un livre. En dupliquant ou en diffusant, il met l'édition indépendante en péril." Pouvoir acheter à un prix juste et en toute confiance dans la pérennité des livres que l'on a acquis, important non? Avec en récompense, la recherche de la béatitude en la compagnie de Spinoza...


Toujours plus de feuilletages

Toujours plus de feuilletages en ligne. Après les Danois d'Issuu, ScribdD, voici maintenant les Français de Calameo (via Techcrunch) avec des journaux, des magazines et aussi des livres, tout cela avec les petits frottements de pages que certains aiment tellement. Un peu kistch le papier-peint en fond d'écran... Tiens, Le Petit Prince, Vol de Nuit, Terre des Hommes de Saint-Exupéry...


Les PDF, c'est vendable tout de suite

Home_tarsier C'est la première fois à ma connaissance qu'un éditeur français publie ses chiffres de ventes de livres numériques (via La Feuille).
L'article s'appelle de manière provocatrice "Les PDF, ça se vend!". Ce sont les Editions O'Reilly, spécialisée en livres d'informatique, qui font un bilan d'une année de ventes au travers d'un nouveau blog Immatériel animé par son responsable Julien Boulnois.
Je reprend la conclusion particulièrement intéressante:
"Si plus de 60% de nos clients ont choisi le livre électronique de préférence au papier, c’est qu’il existe bel et bien un public pour les formats numériques payants. Plusieurs facteurs ont sans doute encouragé ce choix:

  • Prix de vente plus faible (entre 75% et 80% du prix papier)
  • Disponibilité immédiate du produit
  • Possibilité de copier/coller le contenu, ce qui est particulièrement apprécié dans notre secteur
  • Fichiers sans DRM, c’est-à-dire sans limitation d’utilisation de l’ouvrage une fois acquis.

Il n’en reste pas moins que la disponibilité de contenu gratuit sur l’Internet n’a pas découragé nos lecteurs d’investir dans du contenu numérique payant. Mieux, il semble que ce format ait attiré de nouveaux clients, au lieu de détourner les clients habituels du papier".

Quand on sait la chute des ventes de livres universitaires en librairies...



Le YouTube d'édition numérique ?

Roussel Une interview de Loic Roussel, l'un des créateurs de Feedbooks, sur NetEco. Start-up française lancée en 2007 dans la mouvance des sites gratuits issus de Gutenberg, Ebooksgratuits, Manybooks et qui ambitionne de devenir le YouTube du papier électronique...
Cela permet d'en savoir plus sur les modèles économiques:
"L'éclosion du marché de masse se situe à un horizon de 3 ans (le cabinet d'études Afaics parle de 40M de livrels vendus en 2010). Nous nous y préparons! Nos principaux marchés sont les Etats-Unis/Canada, la France, et l'Asie. Nous ambitionnons de développer cette position de carrefour universel du e-paper, en terme de contenus, publication UGC et presse à la demande. Aujourd'hui une place de marché du GRATUIT (lié à un modèle économique publicitaire et partenariats), et demain des offres PREMIUM donnant accès à un contenu plus large (Ebooks mais aussi Presse).
«B to B to C»: Feedbooks s'apprête à lancer une offre «clef en mains» -plateforme de génération à la volée et distribution + contenus + logiciels embarqués + livrels à la demande – permettant aux ayant droits de proposer leurs contenus en format e-paper. En clair, un groupe d'édition ou de presse souhaitant lancer une offre e-paper pourra le faire très facilement en s'appuyant sur notre plate-forme, qui offre également l'avantage de s'interfacer avec tout type de base de donnée.
«B to B»: Plusieurs grands groupes industriels se préparent à migrer leur documentation interne, rapports, ou catalogues de pièces détachées au format e-paper pour bénéficier de ses nombreux avantages (flexibilité, réactivité, portabilité…). Là encore, Feedbooks répond à cette demande avec une offre intégrée allant de la plate-forme multi-format jusqu'au développement de terminaux e-paper spécifiques."

Sony_irex Plutôt qu'un format dédié type Mobipocket, Feedbooks parie sur la multiplicité des formats. C'est le logiciel embarqué "maison" sur les engins mobiles de toutes sortes qui pourrait être crucial pour le développement:
"On précisera pour les terminaux e-paper que notre stratégie repose principalement sur le logiciel embarqué que nous avons développé (via une équipe de développeurs dédiée), et que nous vendons sous forme de licence. Nous proposons également des terminaux développés à la demande de nos partenaires avec les meilleurs fournisseurs et technologies du moment. A ce titre, nous nous penchons sur le développement des prochains livres électroniques qui devraient être lancés avant la fin de l'année.
"

C'est aussi la recherche d'une masse critique d'internautes pour décider à terme les majors de l'édition (de la presse) à entrer sur la plate-forme. Remplacer les sources gratuites type Wikisource par leurs  recommandations... YouTube a bien été racheté par Google, alors Feedbooks racheté par Amazon?


Les grands livres électroniques, c'est mieux?

2306245157_5483dc9eaa_o Les grands écrans, c'est mieux, c'est le billet de Transnets hier qui pointe le WallStreetJournal à propos "d'une étude réalisée par l’université de l’Utah qui vient de montrer qu’on travaille beaucoup mieux avec un grand écran qu’avec un petit. Cela dépend des tâches, mais le gain peut s’élever à 2h30 par jour.
Conduite avec des écrans de 18, 20, 24 et 26 pouces (en diagonale), l’étude montre qu’on travaille deux fois plus vite si l’écran a 24 pouces que s’il en a 18. A 26 pouces, la productivité chute à nouveau, comme si on se trouvait perdu devant une telle surface."
    Si on fait le parallèle sur les livres électroniques, on peut assurément transposer la meilleure productivité d'une lecture suivie sur un écran de plus grande taille tout en gardant les avantages de la mobilité. A titre personnel, j'aurais bien du mal à faire machine arrière (ou avant comme vous voudrez) et à lire mon journal quotidien sur un lecteur plus petit que mon Iliad.
Tablettes Les grandes tablettes, c'est mieux aussi!
Ah, j'oubliais, pour ceux d'entre vous qui m'ont demandé où j'avais déniché la version 3 de Crime et Chatiment (ma préférée sur l'Iliad, vous l'aurez compris), c'est sur l'excellente bibliothèque de Planetebook (via Teleread).

(photo Flickr de Joan Fabrégat, son bureau)


Pour lire Dostoïevski

    Le débat s'est poursuivi pendant trois jours du côté de chez Virginie autour du thème ''Apprenons à éditer nos textes numériques". Hubert y est revenu aussi. Difficultés d'appréhender les formats, les typographies, les mises en pages, les différents livrels disponibles... Le chemin reste long à parcourir pour intégrer l'ensemble des contraintes et plaire au lecteur!
    Pour illustrer la chose. Vous voulez vous lancer dans la lecture de "Crime et Châtiment" de Dostoïevski sur votre nouveau livre électronique. Entre ces différentes versions disponibles au hasard, toutes gratuites, laquelle vous préféreriez? Laquelle vous chiperiez dans une bibliothèque... En ce qui me concerne sur l'Iliad, mon choix est fait, et vous?
PS: attention entre 656 et 1531 pages selon les versions, à prendre en compte aussi, non?


Les libraires seront numériques

Mob101_1189494510    Quelle lumineuse interview que celle parue ce week-end dans le journal suisse Le Temps. Le directeur général de Payot Librairie, Pascal Wandenberghe, donne son sentiment sur le développement de la lecture numérique et des nouveaux livrels avec un crédo, allons-y!
    "Il ne faut pas rater un train qui démarre! Même si l'offre n'est pas encore très développée dans le monde francophone, nous étudions ce marché de près. Nous nous préparons à commercialiser l'ebook dans nos librairies. Et sur notre site internet, nous vendrons des livres à télécharger. A l'avenir, nous pourrions même installer des bornes de téléchargement dans nos librairies. Mais nous y allons à notre rythme. Pour ce qui est du support, nous hésitons encore entre le ebook de Sony et celui de Philips, l'iLiad, qui est un peu plus cher, mais qui a une grande capacité de mémoire et une bonne ergonomie."

    A la sempiternelle question: "Certains vous diront que vous contribuez à la mort du livre, votre gagne-pain!" Pascal de rebondir avec intelligence: "L'ebook ne tuera rien du tout, pas plus que le livre de poche n'a été le fossoyeur de la création littéraire dans les années 1950. Ce ne sera ni une révolution, ni un flop. Le livre papier restera, il est lié affectivement aux œuvres littéraires. Mais il y a des nombreux écrits à caractère documentaire, pratique ou encyclopédique qui n'ont pas forcément ce rapport affectif au papier. Les canaux de commercialisation se diversifient, et c'est tant mieux: cela prouve que nous sommes dans un secteur économique qui peut aussi bouger."
    Et de pointer sur le véritable danger qui se prépare actuellement: "Le vrai risque réside à mes yeux dans la volonté de certains acteurs de vouloir créer des formats propriétaires et négocier des exclusivités avec les éditeurs, ce qui semble être l'option d'Amazon aux Etats-Unis. Dans cette situation, le choix pour le client de s'approvisionner où bon lui semble serait annihilé, ce qui à mon avis est contraire aux règles du commerce et à l'exercice de la liberté individuelle."
    Qui dira encore que les libraires subissent l'internet et le marché du numérique sans rien faire...
    Combattons les clichés, vivent les libraires numériques!


Le livre de demain ou d'après-demain

Je ne sais pas si c'est l'approche du prochain Salon du Livre (14-19 mars) avec un espace dédié à la Lecture de demain, mais c'est vrai que beaucoup de papiers et de ressources fleurissent actuellement sur les sites et les médias traditionnels, au hasard:
- un bon papier signé Yves Eudes dans le Monde des Livres qui vient un peu améliorer le pauvre dossier du Monde2 (via BrunoRives)
- un excellent powerpoint réalisé par Hubert Guillaud qui anime le blog Lafeuille (via Bibliobsession). Hubert avait aussi présenté un intéressant exposé il y a quelques semaines autour de la notion du livre en tant que base de données, c'est ici.

- un article sur Evene
- plusieurs vidéos mises en ligne par le Centre National du Livre sur l'avenir du livre, les débats sont anciens mais leurs accès plus récents (via Klog)

Nul doute que le phénomène va encore aller crescendo dans les semaines à venir, débattons, débattons...


Objets livres et web 2.0

A51 Objets livres, c'est un nouveau site très intéressant animé par une équipe de bénévoles, acteurs du monde de l’édition, enseignants ou autres, qui gèrent son contenu rédactionnel (merci Florence!)
Je cite son responsable Olivier Marcellin:" ce site internet est consacré à l’histoire graphique du livre en France & en Europe à travers des articles de fonds, un agenda des événements culturels, une sélection d’ouvrages représentatifs & une bibliographie.
Il se destine aux passionnés d’éditions: lecteurs, auteurs, éditeurs, directeurs artistiques, directeurs de collection, responsables éditoriaux, graphistes, typographes, chefs de fabrication, libraires, bibliothécaires, historiens de l’art, enseignants, étudiants, etc.
Nous espérons ainsi susciter
le plaisir de lire & de feuilleter les pages des livres en apportant une meilleure connaissance du design éditorial, mais aussi de débattre sur ce thème  à travers vos commentaires."

J'ai notamment repéré cet intéressant article "'Les vertus du livre à l'heure du multimédia" de Michel Melot, l'auteur d'un livre paru en janvier 2007 chez l'Harmattan et que je ne connaissais pas. Histoire de rééquilibrer un peu le débat, de cesser de voir la situation du livre en terme de rupture, de manière manichéenne, blanc/noir, exactement comme on a vu l'arrivée du livre de poche il y a cinquante ans (on devrait d'ailleurs s'empresser 517fwpsjqrl_ss500_ de rééditer ce livre remarquable, si je vous faisais un petit florilège de ce que l'on a pu raconter comme bêtises à l'époque...)
J'ai découvert aussi l'initiative des 20 plus beaux livres français qui a eu lieu en décembre dernier. Je crois bien que la France était le seul pays d'Europe a ne pas organiser une sélection comme celle-là, c'est réparé grâce à l'énergie de quelques-uns.
Et aussi le magnifique site consacré à l'histoire des Editions du Seuil, il faudrait faire un Jury8_3 billet à lui tout seul (signalé aussi par Daniel Garcia)...
Parce que l'on peut aimer à la fois le web 2.0, l'Iliad en papier électronique, les bons et beaux livres, lisez objets livres.

PS: j'y ajoute de mon propre chef et pour faire bonne mesure, ce beau livre sur la typographie web sur Issuu (les plus beaux livres français 2008 sur Issuu?)



Open access pour l'éducation, on y arrive doucement....

Une décision qui risque bien de constituer un tournant historique et que relaie aujourd'hui Olivier Ertzcheid sur le site Affordance.

Celle qui doit être prise cette semaine par les illustres professeurs de l'Université d'Harvard. Rien moins que de rendre accessible LA TOTALITE des publications via le Web. Rien que cela... Le New-York Times donne un compte-rendu de ce qui en train de se décider en ce moment (j'ai traduit rapidement): "Publier ou périr est depuis longtemps l'obligation de chaque aspirant professeur d'université. Mais la faculté de Harvard se prononcera ce mardi sur la question de la publication - sur le Web, du moins - gratuitement. Les membres du corps professoral sont invités à voter sur une mesure qui permettrait de distribuer leurs Harvard's "bourse" en ligne, au lieu de signer des accords exclusifs avec des revues savantes qui ont souvent des minuscules lectorats et les coûts élevés d'abonnement.
    Bien que le résultat du vote de mardi ne s'appliquerait pour l'instant qu'aux facultés des arts et des sciences, l'impact, étant donné le prestige de l'université, pourrait être important pour le développement de l'Open Access, qui vise à mettre la recherche scientifique et universitaire à la disposition d'autant de personnes que possible, sans frais.
    "Au lieu d'un système fermé, couteux et réservé à des privilégiés, il aidera ouvrir le monde de l'apprentissage pour tous ceux qui veulent apprendre», a déclaré Robert Darnton, directeur de la bibliothèque universitaire. «Ce sera un premier pas vers la libération de l'étau des éditeurs commerciaux en les rendant disponibles gratuitement sur notre propre fonds de l'université».
    Selon la proposition de Harvard il suffirait de déposer des documents dans un accès ouvert référentiel géré par la bibliothèque qui se chargera de les rendre instantanément disponibles sur Internet. Les auteurs conserveraient leurs droits d'auteur et pourrait les publier là où ils le voudront - y compris à un prix élevé s'ils le désirent.
    Ce qui distingue ce plan de la pratique actuelle, a déclaré Stuart Shieber, un professeur d'informatique qui parraine le mouvement du corps professoral, est que cela créerait un "opt-out": un article d'autorité serait inclus, sauf si l'auteur a expressément demandé qu'il ne le soit pas. M. Shieber a été le président d'un comité créé par Harvard pour enquêter sur la publication scolaire, cette proposition est née d'une des recommandations, a-t-il dit.
    L'industrie de l'édition, ainsi que certains groupes universitaires, se sont opposés à certaines formes de libre accès, en soutenant que la distribution gratuite d'articles savants, allait à terme, ronger les revues et leur modèle d'entreprise actuel. Une telle évolution pourrait à son tour nuire à la qualité de la recherche, estiment-ils, en permettant à des articles qui ne sont pas passés par le biais d'un processus rigoureux d'examen par les pairs à être diffusées sur l'Internet aussi facilement qu'un clip de Britney Spears. Elle permettrait également de couper les subventions que certains journaux obtiennent pour fournir une formation scolaire et professionnelle des réunions, du moins ce qu'ils disent.
    J. Lorand Matory, professeur d'anthropologie et d'Afrique et d'études afro-américaines à Harvard, a déclaré qu'il comprenait le but de faire baisser les prix parfois exorbitants des périodiques scientifiques, mais s'inquiète de ce que la suite serait d'éliminer toute une série de revues moins populaires, qui sont subventionnés par les plus revues plus rentables.

...
    Le professeur Shieber a également émis des doutes sur le fait que la distribution gratuite nuirait à l'industrie des revues: «Nous ne savons pas si cela peut se produire", a-t-il dit. "Il y a peu de preuves à l'appui. Presque tous les articles savants sur la physique ont été disponibles gratuitement sur l'Internet depuis plus d'une décennie, a-t-il ajouté, et les revues, et la physique de continuer à prospérer!
    "Pour autant que je sache, tout le monde avec qui j'ai parlé soutient le principe sous-jascent. Mais il y a une différence entre un principe sous-jascent et la proposition spécifique. "

Résultat du vote très vite... Voilà qui risque d'écorner les marchés juteux chez certains groupes qui ont tendance pour l'instant à sérieusement saler la note dans l'accès aux savoirs. Une bonne façon pour les institutions de reprendre la main, non?


M@nuscrits: Léo Scheer continue...

Nom Je pense vous avoir déjà parlé de l'initiative de l'éditeur Léo Scheer qui avait mis en ligne sur un espace M@nuscrits plusieurs manuscrits qu'il reçoit, en version complète avec un outil de type feuilletage (on peut aussi télécharger les versions pdf si on le souhaite). Un peu comme Issuu mais avec la possibilité des widgets en moins. J'ai pu lire quelques-uns des manuscrits sur l'Iliad, en recadrant légèrement les pages sur Acrobat, la lecture est très agréable. Aujourd'hui Léo Scheer va plus loin avec une phase 4, en annonçant une nouvelle collection (en papier) qui va être déclinée de cette expérience. Je le cite: "Il s'agit d'une nouvelle collection des Éditions Léo Scheer qui va bientôt être lancée en librairie et qui sera réservée aux textes reçus dans ce cadre. Nous regardons avec le service commercial le nombre de titres qui pourront être publiés chaque année (à mon avis pas plus de 6 pour la première année). Nous devons définir les modalités du travail éditorial, c'est à dire de ce qui va permettre de passer du M@nuscrit en ligne au B.A.T. qui sera envoyé à l'imprimeur (j'évalue ce travail à environ 3 mois). Ma préférence va à une transparence du processus, avec les différentes phases d'évolution du texte présentées en ligne".

Dans les commentaires, il ajoute des détails sur le processus envisagé: 

 "Dans la phase 4, les choses vont se passer ainsi: un auteur va pouvoir entrer en ligne lui-même son texte et, tant qu'il ne l'aura pas enregistré, il pourra le modifier, le corriger, le mettre en page. À partir du moment où il l'aura, lui-même, mis en ligne, il ne pourra plus intervenir dessus. Il pourra voir les réactions les commentaires, le nombre de lectures etc. Si un de ces M@nuscrits en ligne fait l'objet d'un contrat d'édition papier, plusieurs possibilités s'offrent à l'auteur: il peut soit garder le manuscrit d'origine en ligne, soit le supprimer. Si il le garde, il peut soit faire le travail éditorial dans le secret, soit faire apparaître les étapes de ce travail sur le site. Cette possibilité est réservée à ceux qui ont un contrat d'édition papier.

Le téléchargement payant n'est pas pour l'instant pas envisagé dans cette phase.

Plus loin, il développe aussi la philosophie de sa démarche: "Si vous parlez du rêve de l'auteur, pour la majorité de ceux qui cherchent sur le net des voies nouvelles pour être publiés, vous avez évidemment raison. Je connais cependant pas mal d'auteurs qui vivent la période de l'écriture comme un rêve, et celle de la publication, comme un cauchemar. Si vous parlez du mien, ce n'est pas le cas, mon expérience a pour but de générer un mode d'édition lié au support du net, une sorte d'éditeur virtuel, le but principal de l'expérience est donc dans la blogosphère, mais effectivement, je ne vois pas pourquoi cet éditeur virtuel se priverait du mode d'édition dominant qui est le papier. J'ai fait cette expérience avec Cyril de Graeve pour Chronic'art qui, au départ, était un webmag. Lorsque je l'ai repris, nous en avons fait un magazine papier, mais en prenant garde de ne pas le couper de ses racines dans le net, ce qu'il a très bien réussi à faire, et il existe actuellement sous ces deux formes. Si vous observez les difficultés que rencontrent les éditeurs de mag papier à s'adapter à la culture du net, vous voyez qu'il est plus intéressant de prendre les choses en sens inverse. C'est l'esprit de M@nuscrits, qui devra le garder dans sa version papier et ne pas se couper de ses racines qui sont dans la blogosphère."

Pour une poursuite de l'aventure Web vers le papier, l'expérience est à suivre de très près...


Issuu: un outil de publication en ligne

S_22e30abe781e4ba19434f35a1bd1fd64 Un très bel outil que j'ai découvert via la Feuille, je me suis empressé de le tester avec quelques rapports et livres (avec la permission de leurs auteurs, merci à eux). Sauf pour le rapport Attali, je crois qu'il a été initié sur des fonds publics!
Très beau résultat, vraiment rien à dire, facilité à éditer, et possibilité d'exporter facilement les widgets-badges sur son blog! Rendre virtuel un peu plus nos livres en créant des avatars sur le web! De quoi redonner du baume au coeur aux PDF (tant décriés par certains) et d'apprécier les belles mises en pages des revues d'architectures et de design présentes sur le site. Et vous, envie de vous approprier cet outil? Une nouvelle Issuu pour la publication en ligne?