«À quoi ressemblait notre monde? Il avait l’air du chaos que les
Grecs mettaient à l’origine de l’univers dans les nuées de la fabrication.»
Paul NIZAN, Aden Arabie, La Découverte, Paris, 2002, p. 53
"Qu’est-ce qu’elle fabrique la fabrication?
Lisez le mot de Nizan: au moment où le projet éditorial sort du chaos
de la création, où donc le texte de l’auteur est considéré par les
services éditoriaux comme définitivement arrêté, le futur livre est "mis en fabrication".
Entre donc en scène la fabrication.
Prestataires de service — ou mieux partenaires et conseils des éditeurs
des diverses collections — les fabricants se mettent après étude du
manuscrit (même s’il n’est plus écrit à la main) à coordonner
l’ensemble des opérations nécessaires à sa mise au monde, à veiller à
la qualité de la réalisation à chaque étape, au respect des délais
(toujours trop courts), aux coûts (toujours trop élevés).
De
fait, la fabrication ne fabrique pas. Elle fait faire: elle s’entoure
de correcteurs, maquettistes, dessinateurs, etc., et de fournisseurs
(photograveurs, compositeurs, imprimeurs, relieurs) qui interviennent
dans les diverses phases de gestation (!) : préparation technique, si
besoin est, du manuscrit, composition et mise en page suivant la nature
de la collection, épreuves soumises à l’auteur, relues par le
correcteur, vérifiées et auscultées par le fabricant jusqu’au décisif bon-à-tirer, signal de l’accouchement final par l’imprimeur en belles palettes bien cerclées, prêtes à être livrées chez le distributeur.
Oh, j’ai failli oublier le trousseau. Les couvertures! Vite
maquettistes, photograveurs, imprimeurs, et j’en oublie: urgent!!!"
(viaLaDécouverte, bravo!)