405 notes dans la catégorie "Education"

Humeur

Boycott Appel au boycott des anti-Hadopi! "Boycottons les cinémas, les CD et les DVD et ce, pendant un an! Montrons que c'est nous, les consommateurs, qui détenons le pouvoir" (via LeMonde).
A mes étudiants en Métiers du Livre de Bordeaux, dois-je vous dire? "Boycottez les livres numériques! Oubliez Fnac, Amazon, Numilog, ePagine, Publienet, Immatériel... Changez d'orientation pendant qu'il en est encore temps car l'avenir de l'édition, de la librairie et des bibliothèques avec un Kindle DX est ici et ici..."
A mes collègues enseignants, vous leur dites quoi vous, François à Bagnolet, Olivier à La Roche-sur-Yon?


L'odeur des livres

Can-newbook "The latest innovation in ebook technology isn’t digital, it’s aerosol."

Ah la fameuse odeur des livres... Combien de fois cela revient dans les discours nostalgiques des amoureux des "vrais livres". Alors, sautez le pas, procurez-vous d'urgence la bombe Smell of Books. Attention cependant, la compatibilité avec le Kindle n'est pas avérée, certains auraient brulé l'écran! Méfiance donc! (viaTeleread).


La piste de l'authentification forte

Vasco L'authentification forte, une solution pour les offres légales?
L'Atelier revient sur une expérimentation en cours dans le domaine des jeux vidéo :
"Pour lancer une partie, l'utilisateur devra générer un mot de passe à usage unique, ou one-time password (OTP). Pour cela, il devra utiliser l'outil électronique de poche Digipass GO6. La conjugaison de cet appareil et du mot de passe, connu par l'utilisateur uniquement, en fait une authentification forte. Quant au serveur de contrôle, c'est le logiciel Vacman de Vasco, déjà utilisé par de nombreuses organisations financières à travers le monde, qui a été adopté. Selon Jan Valcke, président de Vasco: "Durant les années à venir, la demande de solutions de mot de passe à usage unique va améliorer la sécurité en ligne de manière significative". Cette adoption dans le secteur du jeu est également un moyen de sensibiliser et d'habituer les utilisateurs au fonctionnement et à l'usage de l'authentification forte par Digipass. Un concept intéressant alors que l'authentification forte se généralise dans les grandes entreprises."
Avec en rappel: "Le ministère japonais de la communication annonçait récemment que les fraudes en ligne ont augmenté de 26% dans le pays, entre 2007 et 2008. Parmi les premiers cas recensés figurent les fraudes lors d'enchères en ligne et celles au sein des jeux vidéo."


La balance côté Google

Darnton J'ai lu ce matin l'article de Robert Darnton, La Bibliothèque universelle, de Voltaire à Google, dans Le Monde Diplomatique du mois de mars. C'est un texte très important, j'espère que le journal aura l'intelligence de le mettre à disposition sur internet en libre accès au mois d'avril. Il est indispensable que le plus grand nombre de lecteurs puissent le lire. Il traduit bien les grandes inquiétudes sur l'avancement du projet Google (le basculement vers Sony est d'ailleurs postérieur à l'article) et les effets considérables qu'il implique dans les conditions d'accès au savoir.
Deux passages seulement tant l'ensemble de l'article qui s'étend sur deux pages entières est passionnant:
"Après avoir lu l'accord passé entre Google, les auteurs et les éditeurs, et s'être imprégné de sa philosophie - ce qui n'est pas une tâche facile puisque le document s'étire sur 134 pages et 15 appendices-, on en reste bouche bée: voici posées les fondations de qui pourrait devenir la plus grande bibliothèque du monde. Une bibliothèque numérique, certes, mais qui battrait à plate couture les établissements les plus prestigieux d'Europe et des Etats-Unis. De surcroît, Google se hisserait au rand de plus grand libraire commercial de la planète -son empire numérique relèguerait Amazon au rang de boutique de quartier."
Balance "Google Book Search est sur le point d'inaugurer la plus grande bibliothèque et le plus important magasin de livres de l'histoire. Quelle que soit la manière d'interpréter cet accord, ses dispositions s'imbriquent de manière si inextricable qu'elles s'imposent en bloc. Aujourd'hui, ni Google, ni les auteurs, ni les éditeurs, ni la cour de district de New York ne sont en mesure d'y apporter des changements notables. C'est un tournant majeur dans le développement de ce que nous appelons la société de l'information. Si nous ne rééquilibrons pas la balance, les intérêts privés pourraient bientôt l'emporter pour de bon sur l'intérêt public. Le rêve des Lumières serait alors plus inaccessible que jamais".
Urgence, urgence...
A signaler les commentaires d'Alain Giffard, de Daniel Garcia, en attendant ceux d'Olivier Ertzcheid qui est entre autres, comme chacun le sait, le grand décrypteur de Google.
Le texte en anglais sur la "New York Review of Books" est ici.


Je ne suis pas un pirate: voilà pourquoi

"Tant que les conditions de protection des contenus numériques sur les réseaux ne sont pas fixés, que les choses soient claires, vous n'aurez pas nos contenus". C'est en substance le message que tous les professionnels de l'édition (groupes, éditeurs indépendants moyens et petits) réunis lors de ce Salon du Livre ont fait passer de manière unanimes.
Alors que les positions se radicalisent de part et d'autre, alors que la loi HADOPI est en discussion à l'Assemblée nationale (voir L'Express), il faut être clair:
Depuis quelques jours, je vous propose plus de 750 livres sur un serveur Free, 3 heures et demi de téléchargement. Ces livres représentent à peine le quart de la capacité d'une SD Card de 2Go de 10 euros. Tous ces textes sont libres de droits et ont été choisis, produits, relus, maquettés et mis en forme sous l'initiative d'une personne physique à savoir Jean-Yves Dupuis, habitant du Québec et lui-même auteur, en respect avec les lois internationales régissant le droit d'auteur.
Demain sur le même serveur Free, en 15/20mn, tout Folio, tout Livre de Poche, tout PointsSeuil, tout PressesPocket, tout Bouquins, tout Quarto, tout Que sais-je?, toute la Pléiade, tout Babel, tout Libretto, tout FictionsetCie, tout GallimardDécouvertes, tout LeMasque, tout Omnibus, tout Mille et une Nuits, tout J'aiLu, tout Librio, toute la Série Noire, tout CastorPoche, tout 10-18, tout Harlequin, tout SAS, tout RivagesNoir, toute la PetiteBibliothèquePayot, tout SpécialSuspense... La liste pourrait prendre plusieurs pages encore.
Certes, vous pouvez lire des grands discours des défenseurs libres des réseaux, avec des trémolos dans la voix, des défenseurs de la Connaissance et de la Libre Pensée...
Mais c'est du siphonnage de centaines de milliers de textes dont il s'agit actuellement de réfléchir, rien que de cela...
Mon choix personnel est simple, j'ai envie de continuer à acheter des livres, en papier et en numérique, et je veux que l'on m'explique clairement comment on va pouvoir ne pas tarir la création, la richesse et la diversité éditoriale dans notre pays si l'on procède à un pareil siphonnage des contenus. J'ai très envie que chacun prenne position sur ce sujet. Qui paye le travail de Monsieur Dupuis?

PAS PIRATES: ALDUS

PS: on lira avec intérêt l'interview d'Alain Rocca, président des productions Lazennec, membre du Club des producteurs européens, et président d’UniversCiné, société de distribution de films indépendants en VOD, dans le Monde.

"C'est certain qu'à partir du moment où il y a un prix, c'est toujours moins bien qu'une situation dans laquelle on peut avoir la même chose sans payer. Mais dans ce cas-là, il faut avoir le courage de dire, quand on regarde un film sans le payer, qu'on prétend que la maquilleuse, le chef opérateur, le réalisateur, le scénariste et tous ceux qui ont collaboré à la fabrication de ce film doivent le faire le week-end et gagner leur vie autrement"

"La loi Hadopi, c'est juste pour essayer de ne pas faire perdre aux Français l'habitude de payer un film de cinéma quand ils le regardent. On ne répond pas à son boucher qui vous propose le steak trop cher en lui volant le steak quand il a le dos tourné. Sinon, on n'a plus de boucher, et on n'a plus de steak."

Mise à jour du 21 mars:

 

"La loi arrive à un moment dans lequel les acteurs de la création ont perdu beaucoup d'argent et sont dans une relation polémique avec le monde du numérique. On a laissé le mal s'installer, prospérer et le débat survient tard par rapport à une pratique déjà installée. C'est pour cela que c'est difficile. Je ne veux pas que cela se reproduise sur les autres secteurs qui sont confrontés à ces questions. C'est ce que j'ai dit au Salon du Livre : il faut réfléchir en amont, anticiper avant d'être submergé par le problème, pour ne pas se retrouver dans la situation de la musique, à discuter une loi dans le pire des contextes." (Nathalie Kosciusko-Morizet, Figaro.fr)


Une courte histoire de l'ebook (livrel)

Marie Lebert, chercheuse et journaliste (Ph.D. en Science de l'information et linguistique diplômée de l'université de Sorbonne, M.A. en sciences sociales et en histoire de l'art, diplômée de l'université de Caen), à qui l'on doit depuis de nombreuses années de passionnants dossiers dans l'univers du livre numérique (sur la NEF, Université de Toronto), vient de mettre en ligne une courte histoire de l'ebook (c'est ici). Une excellente introduction pour démarrer une recherche sur le sujet.
Une version pour le Sonyreader ici (via eBouquin, merci)


Moi et ma disruptivité...

J'avais lancé cette réflexion dans un commentaire la semaine dernière: "Nous ne sommes pas dans un schéma disruptif pour la profession, faire croire cela n'est pas honnête." Et bien, cette réflexion à propos d'un schéma disruptif pour le livre (bon sang, où ai-je été chercher un mot pareil, décidément une sorte de flash inscrit dans ma mémoire, Pisani s'était même fendu d'une analyse à l'époque! ) a rebondi avec passion (j'ai dû réveiller des vieux démons du web2.0), d'abord chez les Complexes qui mettent en place un outil de production éditorial destiné à tout un chacun sur internet, journaliste, essayiste, auteur, éditeur de revues, de livres - l'objectif étant de mettre à disposition un modèle de mise en forme des textes qui soit multi-supports et exportable de la manière la plus exhaustive possible (la chaine du livre réduite à rien en quelque sorte) puis encore aujourd'hui du côté de Narvic qui parle de dislocation du livre par le web et du côté d'Hubert Guillaud (LaFeuille) qui vient de mettre en libre (pardon en ligne, lapsus révélateur) la première partie d'un dossier Papier contre électronique? sur InternetActu. Avec en préambule cette réflexion de Nicolas Carr (je suppose que c'est lui, ce n'est pas bien clair): "Lit-on de la même manière sur un support de papier et sur un support électronique? Le débat commence à être ancien : on pourrait le faire remonter aux critiques de Socrate à l’encontre de l’écriture à une époque où la transmission du savoir se faisait uniquement de manière orale. Elle se pose également en terme de conflit depuis la naissance de l’hypertexte, comme l’évoquait Christian Vandendorpe dans Du Papyrus à l’hypertexte. Un peu comme si deux mondes s’affrontaient: les anciens et les modernes. Ceux pour qui le papier est un support indépassable et ceux pour qui le changement, la bascule de nos connaissances vers l’électronique, à terme, est inévitable." Sempiternelle vision manichéenne en effet, affrontement des jeunes et des anciens, de l'avenir et du passé, des modernes et des conservateurs, des branchés et des "has been", du progrès et de l'immobilisme, des "non-publiés" et des "publiés", de l'internet et des livres... Pluralité presque infinie des livres, des discours, des objets (la notion de beau livre garde tout son sens) trouvés au hasard des librairies (et d'internet) qui donne leur pleine justification au rôle de passeurs des éditeurs, des libraires, des bibliothécaires, et j'aime à réécouter en boucle un sage "has been" qui a consacré sa vie à ces petites choses d'un autre âge, Roger Chartier, qui énonce la formule pour moi définitive "les formes d'inscription d'un texte délimite ou impose des possibilités de son appropriation" (c'est à la 2ème minute)...

 


Le livre se meurt-il? Le pari de Vandendorpe

Remolino revenait la semaine dernière sur un vif débat qui a eu lieu sur Radio-Canada consécutif à l'article de Patrick Lagacé "Le livre se meurt (et ce n'est pas grave)",
Je me permet de mettre l'article complet, d'une part parce que tout est bon, d'autre part parce que je ne voudrais pas qu'il disparaisse (il disparait tellement de choses sur le web...)

"II fut une époque où j'avais toujours un livre sur ma table de chevet. Des essais et des biographies, surtout. Des romans. Pendant les vacances, c'était pire, je me faisais des marathons de lecture. Au Mexique, il y a trois ans, durant les Fêtes? Huit livres, d'un recueil de textes de Dany Laferrière à une enquête sur les Hells Angels. L'été 2006, passé dans un chalet? Une demi-douzaine, facilement, d'Amos Oz à Olivier Roy et Oriana Fallaci en passant par Jean-Paul Dubois. Il fut une époque où je lisais tout le temps des livres, disais-je. Cette époque est révolue. L'été dernier, pendant mon mois de vacances?

Zéro.

Le tueur du lecteur de livres qui vivait en moi depuis près de 30 ans?

Le Net.

*****

Je vous entends dire, d'ici, que ça fait plus de 10 ans que l'internet est dans nos vies. Quinze ans si on est avant-gardiste. Très juste. Mais pendant des années, pour la plupart des gens, l'internet était accessible par un gros ordi vissé à un bureau.

Puis, les portables sont devenus moins chers.

Puis, coup fatal, l'internet sans fil s'est répandu dans la population comme un rhume dans une garderie. Désormais, bien calé dans ton fauteuil préféré, tu peux surfer, le Mac sur les cuisses.

Résultat: ces heures passées à lire des textes sur des arbres morts, je les passe devant mon écran, à lire, regarder, écouter.

Et, je le confesse, j'ai un peu honte. J'ai grandi dans cette époque où le livre était LA clé de la connaissance. La différence entre quelqu'un de cultivé les autres était, bien souvent, ce bon vieux livre, ce bon vieux ramassis de connaissances imprimé sur des arbres morts. Cette époque est en train de mourir.

Remarquez, j'essaie, mollement, d'aider l'ère du livre à étirer son règne, qui a quand même duré 500 ans. Je lui donne, à ma façon, le bouche-à-bouche: j'achète des livres.

Sauf qu'ils sèchent dans ma bibliothèque.

*****

Christian Vandendorpe, prof de lettres françaises à l'Université d'Ottawa, auteur du livre Du papyrus à l'hypertexte, me rassure: «J'achète moi aussi de plus en plus de livres sans les lire. J'ai un rayon «à lire», dans ma bibliothèque.»

Et on parle ici d'un lettré, d'un homme qui a fait sa vie autour du Livre. Il en écrit et il enseigne la littérature. Je veux dire par là que ce n'est pas un banal chroniqueur hyperactif dans un journal.

Mais même le prof Vandendorpe est aspiré par cette époque numérique qui naît sous nos yeux: «J'ai plusieurs milliers de livres dans ma bibliothèque. Mais, comme mes étudiants, je vais désormais sur le web si j'ai une question. Je cède au charme du livre s'il s'agit d'un bel objet. Ou quand c'est celui d'un auteur de très grande envergure.»

Sinon, c'est le web. C'est Google.

Je suis d'accord avec Christian Vandendorpe: aujourd'hui, la privation, c'est quand ton ordinateur ne détecte pas de réseau sans fil!

*****

J'ai honte mais, au fond, je ne devrais pas. Je lis, quand même. Différemment.

Ces 15 heures que je n'ai pas consacrées à lire le dernier livre de Thomas Friedman, je les ai passées à me documenter ailleurs, autrement.

D'abord, Friedman, je lis ses chroniques, sur le site du New York Times. Ensuite, grâce aux agrégateurs que je fréquente, de Metafilter en passant par Boing Boing et Trendalicious, je profite du génie collectif des internautes pour lire des articles de journaux et de magazines, des billets de blogues et des essais; pour regarder des documentaires dont je n'aurais jamais entendu parler autrement.

Et il y a la baladodiffusion. C'est une émission de radio, This American Life, de NPR, la chaîne publique américaine, qui m'a le mieux expliqué la crise du crédit qui a causé la crise financière qui cause la crise économique actuelle.

Deux émissions, deux heures conviviales, fouillées, intelligentes, sur un sujet super dense et super pointu. Sans le Net, jamais je n'aurais pu jouir de ce bijou de journalisme de vulgarisation.

J'entends d'ici certains lettrés qui ne jurent que par le Livre me dire que je suis un barbare moderne qui, tétant les multiples mamelles numériques qui dispensent le lait du savoir, est condamné à la superficialité. Peut-être. Mais je pense que je suis le produit de cette époque qui naît.

«Regardez les vieilles icônes religieuses, me dit le prof Vandendorpe. Qu'avaient bien souvent les saints, à la main? Un livre. Le livre encodait la parole divine, le savoir. Il était le support emblématique du savoir. Ce n'est plus le cas.»

J'entends ici des penseurs, et probablement une penseuse en particulier, nous dire qu'ils s'agit là d'une tragédie, que l'ère du livre qui s'achève ne peut qu'accoucher d'une ère bâtarde, hyperactive, incomplète, où l'Homme se contentera d'une connaissance en forme de clips, butinant d'un URL à l'autre.

Ces penseurs-là vont trouver un adversaire féroce en Christian Vandendorpe: «On vit une époque aussi excitante, au plan intellectuel, que la Renaissance. Peut-être même plus. Le pari que je fais, aujourd'hui, c'est qu'on va voir naître une plus grande curiosité, un plus haut degré de connaissance.»

Vraiment (pardonnez le cliché): quelle époque formidable."

On comprend les réactions des amoureux des livres sur Radio-Canada... J'ai réfléchi à mes pratiques de lectures depuis disons cinq ans. Je suis beaucoup sur internet, je n'ai jamais autant lu. C'est mon intérêt pour la presse papier qui s'est modifié, il existe toujours, mais il est devenu complémentaire, rythmant des temps de lectures dans les transports surtout. Mon temps de lecture de livres n'a absolument pas diminué, je dirais même qu'il s'est renforcé avec les découvertes suscitées par internet. Je lis aussi énormément d'articles que j'importe sur l'Iliad ou le Sonyreader. Dois-je les comptabiliser en temps sur internet ou en temps de livres? Paradoxe... Alors, vous me direz, c'est bizarre, les journées ne font que 24 heures? Et bien, c'est le temps de télévision qui s'est réduit à presque rien, on est proche du néant. Quelques émissions (et encore podcastées pour la plupart), c'est je pense de ce côté-là, c'est la télévision qui se meurt! Une fois que la vidéo à la demande va se généraliser, que va-t-il rester... La radio va très bien résister, mais la bonne vieille télé à Papa... Moi, je fais le même pari que Monsieur le prof Vandendorpe et je crois bien que Patrick Lagacé n'est pas perdu pour les livres, il en parle trop bien...

Et vous, vous pariez quoi?


Des écrans en plus dans la maison?

Le-dossier-des-ecrans,M15971 Je relisais le passionnant dossier publié par Télérama (moi qui le lis depuis des années sans avoir de télé!), il y a quelques semaines, sur la quantité d'écrans qui nous entourent au quotidien. Cela fait un peu froid dans le dos même quand on est passionné d'innovations. Je me suis demandé aussi si les écrans en papier électronique étaient bien des écrans comme les autres. Vous savez, un peu comme si les télécrans et les ardoises magiques au pied du sapin devaient être comptabilisés avec les jeux vidéos de nos chères petites têtes blondes...
Le papier éléctronique, plus proche du papier ou plus proche de l'écran? Pas si évident que cela, n'est-ce pas?


Newsboy suédois

Non, non, vous êtes bien toujours sur un blog consacré aux supports de lectures électroniques! Juste vous signaler trois petites vidéos qui viennent d'être mises en ligne autour d'un projet de recherche suédois Newsboy à l'initiative du Halmstad Institute of Higher Education (Media IT) et du Syndicat des quotidiens suédois. Trois thèmes de recherche, business, étudiant et seniors. L'occasion de s'interroger sur les pratiques de chacun et qui sont bien plus complexes, riches et ouverts que certains voudraient nous faire croire. Toujours un train d'avance nos amis suédois. On a hâte de voir la suite...

 


Les livres électroniques, pouce...

Pouce A travers toutes ces annonces de la rentrée, des écrans de plus en plus grands. Le plus souvent des indications en pouces, 6 pouces, 8 pouces, 10 pouces... C'est quoi ces histoires de pouce?
Juste quelques petites indications pour ceux qui sont plus familiers des formats 10/18, il y en a... On mesure la diagonale de l'écran et comme ça se passe plutôt chez nos amis anglo-saxons, la mesure est en pouce. Vous me direz, cela donne quoi, par rapport à une feuille A4? Et bien, je vous indique la réduction pour faire le test à la photocopieuse... Cela vous donnera une idée!
Sonyreader, Cybook: 6 pouces (15,23 cm): 42%
Iliad: 8,1 pouces (20,56 cm): 57%
Irex Digital Reader 1000: 10,2 pouces (25,9 cm): 72%
Plasticlogic: 10,7 pouces (27,2 cm): 75%

On voit que deux, trois pouces en plus et ça change tout. De plus en plus grands, le format A4 représentant un écran de 14,3 pouces (36,2 cm), quand on y sera, on dira bien sûr pouce!


Cinéma de demain

On parle beaucoup de l'industrie de la musique, beaucoup moins de celle du cinéma. Ces propos de Florence Ben Sadoun, Directrice de la rédaction de Première, dans son éditorial du mois de septembre: "Ce chiffre annoncé dans le Film Français au début du mois d'août qui nous saisi: 450.000 téléchargements illégaux de films par jour sur internet face à 450.000 entrées payantes par jour en France. Des chiffres qui n'en finissent pas de nous faire réfléchir sur le cinéma de demain!".


L'Education Nationale trop en avance

Je n'en reviens pas: "Le ministère de l'Éducation nationale en avance sur la technologie pour la réalisation du manuel numérique", vous avez bien lu. C'est bien le titre du communiqué de presse qui été fait de manière officielle sur le site gouvernemental pour justifier l'échec de l'expérience numérique pour l'édition scolaire. Je m'empresse de copier le texte (il pèse son poids de cacahuètes, c'est le cas de le dire) car il disparaitra sans doute bientôt. 

"L'appel d'offres, lancé afin que des élèves de 6e expérimentent des manuels numériques dès cette rentrée dans l'académie de Strasbourg, s'est révélé infructueux.

Par rapport aux exigences de la pédagogie, la technologie aujourd'hui n'apporte, en effet, que des réponses partielles: actuellement, il est notamment impossible de disposer, avec l'encre numérique, de la couleur, indispensable pour des ouvrages scolaires.

Dès sa prise de fonction, Xavier Darcos a impulsé au sein du ministère, l'expérimentation des dernières technologies numériques pour alléger le poids du cartable. De nouveaux supports électroniques, tels les e-books, permettront, dans un avenir proche, aux collégiens de remplacer les kilos de livres transportés de leur domicile à la salle de cours par leur version numérique.

Le ministère de l'Education nationale continue donc à tout mettre en œuvre pour nourrir la réflexion et enrichir la recherche sur le manuel de demain. Pour ce faire, le ministre et les éditeurs vont bientôt signer un accord de partenariat.
Par ailleurs, un séminaire consacré aux manuels numériques se tiendra les 22 et 23 octobre prochains à Strasbourg, auquel sont conviés tous les acteurs concernés: enseignants, éditeurs, personnels d'encadrement, industriels, universitaires, représentants des parents d'élèves et des collectivités territoriales.
Enfin, une expérimentation de manuels numérisés accessibles via un espace numérique de travail verra le jour très prochainement."

Notre cher ministre revient même sur la question avec la promotion des fascicules! on rêve! (via Actualitte)

A l'échelle d'un pays comme le nôtre, c'est quand même à pleurer...

PS: Pendant ce temps-là, nos amis espagnols sont bien sûr trop en retard, regardez plutôt de ce côté là.

 


Pratiques de lectures

_41032246_203bill_thompson Intéressant article du journaliste Bill Thompson sur BBCNews qui s'interroge sur l'évolution actuelle des nouveaux supports et pointe sur les qualités du papier notamment à travers la lecture d'un essai "Hamlet's Blackberry: Pourquoi le papier est éternel?" publié par William Powers en 2006.
Je cite Bill Thompson: "
Un stimulant essai sur l'avenir de l'impression qui m'a laissé plus convaincu que jamais que les livres et peut-être même les journaux ont encore beaucoup à nous offrir, au moins pendant un certain temps. L'essai est un hymne à la gloire du papier.  Le papier est tangible, explique-t-il, nous avons un sens de l'endroit où nous nous trouvons dans un livre ou un essai; les documents peuvent être mélangés, les pages marquées et annotés, et des livres empilés en fonction de leur importance, et les documents papier ne changent pas lorsque nous sommes ne regarde pas. Ce que nous voyons souvent que les limites d'un document imprimé ne sont pas limites, mais les capacités. Ils permettent les documents imprimés d'occuper un espace psychologique, de sorte que l'on peut s'immerger dans les livres d'une façon rarement atteinte quand nous sommes plongés dans le texte sur les écrans, faisant l'expérience de ce que le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi appelle "flux", le sens de l'absorption dans le monde qui glisse et fuit constamment. Il se termine en faisant valoir que les propriétés spéciales de papier signifie qu'il sera toujours avec nous, que les ebooks ne fonctionnent que quand ils sont eux-mêmes indissociables du papier."
Il poursuit: "
Je suis moins sûr de la longévité du papier que Powers. J'utilise des ordinateurs tous les jours depuis plus de 25 ans maintenant, et je lis maintenant beaucoup plus à l'écran des mots que sur le papier, mais je sais que toutes mes lectures ont été façonné par du papier et que l'écran sera toujours moins efficace pour moi. Je suis convaincu par les arguments de Powers, du moins pour ma génération. Mais nous pourrions trouver que les qualités que nous apprécions dans le livre imprimé, en particulier la manière dont elle encourage l'engagement d'immersion, sont tout aussi possible avec des médias à base d'écrans. Nous sommes habitués à la passivité d'immersion dans le récit encouragés par les films et la télévision, mais qu'en est-il de la participation active que nous voyons dans le jeu? Mon fils de 15 ans navigue très bien dans la résolution de css problèmes, il a amassé des heures à jouer à Halo 3, il travaille avec l'écran des textes tout aussi efficacement que je travaille avec l'imprimé." (l'essai de Powers est ici, ainsi qu'une interview ici)

Hier soir, pendant que je lisais cet article, un ami chez Ouest-France me parle des licenciements qui touchent le premier quotidien français. 7% des effectifs. Crise d'adaptation? Je lui parle des coûts postaux. Ce n'est que l'arbre qui cache la forêt, me répond-t'il. En cause, plus gravement, le lectorat qui ne cesse inexorablement de devenir de plus en plus âgé... Alors, les journaux-papier, tout tangibles qu'ils sont, de plus en plus des trucs de vieux?

 


L'Iliad à l'école au pays de Joyce

Iliad5 Le sac de rentrée de ma fille, toujours aussi lourd, et pourtant si l'on essayait quelque chose...
Après nos amis néerlandais, c'est maintenant en Irlande que les choses bougent avec des éditeurs véritablement innovants. Pour preuve:

"Gill & Macmillan, le principal éditeur de livres irlandais, a lancé aujourd'hui un projet pilote qui allègera les épaules des plus jeunes, les élèves de première année du Collège de Caritas à Ballyfermot, Dublin et leur apporter un pas de plus vers l'âge du zéro papier.
La classe St Brendan, un groupe de 18 étudiantes de première année vont dire au revoir à leurs lourds sacs d'école cette année. Elles deviendront la première classe d'étudiantes au monde à remplacer leur "charge" académique par l'Iliad, un livre électronique.
La principale différence pour les filles sera une réduction drastique du poids de leur "schoolbags". Remplacer les plus de six kilogrammes (près de 13,5 livres) de manuels scolaires, cahiers d'exercices, un dictionnaire anglais et un roman pour 400 grammes (moins de une livre) de livre électronique. Les étudiants seront en mesure de prendre des notes et même d'accéder aux actualités sur les pages comme dans un manuel scolaire ordinaire et ensuite de décider s'ils souhaitent ou non effacer ou conserver leurs notes. En outre, chaque lecteur Iliad est pré-chargé avec 50 titres de romans qui seront disponibles gratuitement pour chaque élève.

Peter Thew, Sales and Marketing Director de Gill & Macmillan a expliqué que c'est la première expérimentation de la sorte dans le monde.


"Nous sommes heureux de lancer ce projet pilote et très enthousiastes à l'idée de son potentiel. Bien que nous pensons que l'adoption généralisée de l'e-lecteurs est prématurée, ce projet nous permet de déterminer dans quelle mesure ces nouveaux dispositifs d'intègrent dans la salle de classe, comment les élèves interagissent avec eux et d'examiner leur potentiel. Ce sera un processus d'apprentissage pour nous comme pour les filles.

"Un obstacle à son adoption généralisée est que les livres électroniques et leur contenu sont en dehors de la définition juridique d'un livre (classées  plus de 16 pages, imprimé et relié) et la TVA  grévé est de 21%, ce qui est un problème majeur qui doit être pris en compte. Dans les années 1970, le gouvernement irlandais a pris la décision courageuse de supprimer la TVA de tous les livres et nous l'exhortons à agir de nouveau et de résoudre ce problème en redéfinissant la nature d'un livre dans le monde d'aujourd'hui. "

Adrienne Whelan, directeur de Caritas College, a déclaré que l'école est honorée de prendre part à ce programme pilote.

«C'est une opportunité fantastique pour les filles et le personnel. Nous sommes tellement fiers d'avoir été choisi par Gill & Macmillan pour prendre part à cette expérimentation. Notre personnel et les élèves ont reçu une formation sur la façon d'utiliser les différentes fonctions de l'Iliad et nous attendons avec intérêt d'étudier cette technologie. Nous savons tous que les jeunes sont technologiquement très avertis et nous espérons qu'ils prendront l'expérience avec facilité. Un véritable plus aussi car un spécialiste de Gill & Macmillan est disponible au téléphone pour répondre à nos questions".

Développé par Irex Technologies aux Pays-Bas, l'Iliad utilise une nouvelle technologie connue sous le nom de E-ink, ce qui en fait une expérience très similaire à la lecture d'encre sur papier. Fondamentalement, il n'y a pas de scintillement ou de réflexion associés à la lecture d'un ordinateur portable ou PC. Son écran utilise moins de puissance et d'énergie, il est plus efficace, avec une moyenne de l'autonomie de la batterie de 12 à 15 heures. Les informations peuvent être transférés directement d'un ordinateur à l'Iliad, ce qui signifie qu'il peut se substituer à l'imprimante et au papier. L'Iliad a 256 Mo de mémoire flash interne complété par une carte SD de 1 Go et est vendu généralement à €599."

Merci à Loecki chez IrexTechnologies (communiqué de presse original ici).

En France, nous continuerons résolument à hausser les épaules et à traiter la scoliose de nos enfants...

PS: puisque la classe choisie porte le nom de Saint Brendan, profitons-en pour découvrir ce très joli site.


Sonyreader : le ePub scientifique

Merci à Hadrien pour ses remarques et le fichier qu'il m'a envoyé pour bien faire comprendre tout l'intérêt du format ePub pour de l'édition de textes complexes.

Et quoi de plus complexe que l'édition scientifique, n'est-ce pas? Formules, niveau de 100_5590 100_5589 100_5588 typographies, blancs, caractères spéciaux, tout est important. Les compositeurs vous le diront, quand vous savez faire de l'édition scientifique, vous savez tout faire! Alors, le passage sur le livre électronique, ça marche en format ePub? Impeccable, je dois dire.

Sur votre PC, vous aviez déjà la souplesse 100_5594 100_5595 100_5596 d'AdobeDigitalEditions sur 1, 2 ou 3 colonnes, sur le livre électronique de Sony, vous avez la même souplesse de lecture. Pas de bizarreries apparentes, les balises de renvoi en négatif sur le lecteur fonctionnent bien dans le texte, je ne vois pas de différences avec l'écran PC, le confort de lecture en plus, allez donc lire un manuel entier sur votre PC!!!

Bon, vous me direz, vous avez l'Iphone comme à l'Ecole des Mines de Nantes et son cours sur «la programmation des systèmes embarqués» (systèmes informatiques autonomes, comme on en trouve par exemple dans 100_5591 100_5592 100_5593 les satellites), mais, d'ici à ce qu'ils équipent leurs étudiants de livres électroniques... A suivre de très près pour la rentrée, les étudiants s'affranchissent facilement des frontières géographiques, pour les machines comme pour les manuels d'ailleurs...


L'avenir est collectif

Bernard Strainchamps continue ses chroniques de lectures sur le Cybook et a eu la bonne idée de réaliser une interview de Stéphane Michalon à l'origine du projet "Service de Presse" chez Tite-Live (communiqué ici). (Via Textes)
Ils reviennent ensemble sur les enthousiastes et les sceptiques, le Guardian vient d'ailleurs d'ouvrir deux espaces pour chacuns d'entre eux... (via Actualitte). Débat très réducteur, comme si aimer les uns faisait haïr les autres... Comme si les bibliophiles ne lisaient jamais de livre de poche, les mêmes sceptiques qui en leur temps vilipendaient le livre de poche, les éditions de club, le livre à 10 francs... Seraient-ils prêts à les brûler, les livres électroniques, on va jusqu'à se demander... Se rappeler de Jean-Paul Sartre qui n'était aucunement choqué par le livre qu'on jette, car disait-il, le livre, contrairement aux autres objets de consommation, ne disparait pas du fait qu'on le détruit, puisqu'on s'est approprié son contenu. Ce même Jean-Paul Sartre, très grand lecteur, dont la cécité à la fin de sa vie ne lui permettait plus d'accéder à la lecture et qui aurait pu continuer à lire aujourd'hui avec ces bidules électroniques...
Plus prometteur, Stéphane revient sur l'adhésion des libraires et des éditeurs à l'opération: Actes Sud,  Allia, Belfond, Buchet-Chastel, Chambon, Christian Bourgois, Denoël, Flammarion, Florent Massot, Folies d'encre, Galaade, Gallimard, Gallmeister, La Différence, Les Allusifs, L'Olivier, Mercure de France, Métailié, Michalon, Noir sur Blanc, Phébus, Plon, POL, Presses de la cité, Robert Laffont, Le Rocher, Le Serpent à Plumes, Le Seuil, La Table ronde et Verticales. L'occasion pour vous, peut-être, d'interroger votre libraire préféré (qui a peut-être reçu un Cybook) et de lui demander ce qu'il en pense. Pour reprendre Stéphane: "En bref, cet avenir je le vois collectif, sinon je ne le vois pas."


Les métiers de la trouvabilité

Droopy Je vous conseille l'excellent billet de Bibliobsession aujourd'hui qui revient sur la trouvabilité:
"La trouvabilité. C’est-à-dire la capacité à rendre visible une copie, une oeuvre… Dans un océan de données, nous paierons pour les outils où les personnes qui vont rendre visible ou trouvable ce que l’on cherche. Les éditeurs, critiques, labels ont encore un rôle à jouer."
Bibliothécaire, journaliste, j'y ajouterais éditeur, libraire... Avec une pensée à tous mes étudiants en métiers du livre (le plus court chemin pour aller loin) auquels je souhaite des vacances bien méritées...