405 notes dans la catégorie "Education"

Voilà ça repart, la guerre des Jeff...

Pid_3d_small Oui, voilà c'est reparti comme au bon vieux temps du livre électronique (Salon du Livre 2000), les débats binaires manichéens, pour-contre, faîtes vos jeux. A ma gauche, le Print est mort de Jeff Gomez, expert en marketing chez Penguin US (vraiment joli coup marketing que ce titre, il va surfer sur la vague, ce Monsieur Gomez), un autre Jeff (qui tire la chasse sur les livres scolaires, les cahiers et les stylos avec), voilà qui va donner du grain à moudre à notre ami Lorenzo qui était bien seul jusqu'à présent, à ma droite d'autres voix s'élèvent, François Bon hier, Peter Brantley aujourd'hui (tout cela via LaFeuille et Virginie) ou plutôt qui s'interrogent. En attendant que le livre en question trouve son éditeur et son traducteur pour une version papier dans les librairies (ça va être la cas rapidement avec le réseau de Jeff, l'américain), mon humble sentiment sur la question. D'abord, les livres électroniques d'aujourd'hui sont infiniment meilleurs que leurs lointains cousins, la technologie va aussi se développer dans d'autres domaines du print (revoir l'interview de Jacques Angele). Le livre ne pèse pas grand chose en comparaison avec les autres productions d'imprimés, il ne pourra pas soutenir à lui seul un secteur dans son entier (voir les difficultés actuelles de grands papetiers comme StoraEnso, tendance des dix géants du secteur ici.)  En cela, je crois que le support papier et le print qui lui est subordonné est évidemment très sérieusement menacé (si ce n'est condamné à terme comme le pétrole, tiens un bon titre Oil is dead, CheapOil is dead  pour l'instant). Le débat est, en effet, plutôt là, CheapPaper is dead? Je pense sérieusement que c'est à une échelle de plusieurs dizaines d'années, 2040-2050 pour reprendre une thèse reprise par des esprits éclairés et éclairants; le support papier, faut-il le rappeler est éminemment lié à la gestion de notre patrimoine forestier, il est au coeur de la gestion de notre environnement. Mes petits-enfants, mes arrières petits-enfants liront-ils exclusivement sur ces livres électroniques? Connaitront-ils les livres en papier comme mes enfants les disques vynils? (au moins les livres en papier seront toujours lisibles dans ce futur là). Je n'en sais fichtre rien. En attendant, on va se procurer de l'électronique, du papier pour lire des textes, gloser sur le sujet, en faire encore de jolis coups marketing (à quand le livre de Bill Gates ou de Steve Jobs sur le sujet) et il va encore s'écouler, se déplacer beaucoup d'encres minérales et électroniques...


Prospectives du livre

Très intéressante interview sur l'avenir du livre de Francis Pisani dont le blog Transnets est une mine (mais vous le savez sans doute déjà). J'aime beaucoup cette notion d'écosystème/coexistence des médias sur laquelle il revient. A croiser avec l'article de Anthony Grafton dans le New Yorker (signalé par Olivier-Affordance) et l'excellent livre Où va le livre? dont j'avais parlé et que reprennent l'excellent BBF et l'Humanité qui met le doigt sur le terme de bibliodiversité... Vers un écosystème du livre et de l'écrit, c'est aussi le titre du hors-série de l'Aquitaine numérique (merci Alain), décidément... Bref, de quoi commencer la semaine en bonne intelligence, tout cela en attendant bien évidemment les podcasts de Roger Chartier au Collège de France... Au fait, ça vient quand? C'est si compliqué? On rêve de podcasts le jour même pour les pauvres "collégiens" non-parisiens que nous sommes!


Plus on lira sur les livres électroniques...

Plus on lira sur les livres électroniques, plus on achètera des livres... C'est la déclinaison évidente que je fais, transposée à celle de la musique qui vient d'être révélée par une étude canadienne et que relaie aujourd'hui sur son blog Francis Pisani. Puisque les majors de la musique vont peut-être se mettre enfin à méditer sérieusement sur la question, que les majors de l'édition méditent eux-aussi. Et puisque que je vous dis que depuis un an, avec mon Iliad, j'achète toujours autant de livres et que la bestiole me donne envie d'en lire de plus en plus, j'en suis une preuve vivante, et toc!


Où va le livre ?

9782843031519 Je ne saurais trop vous conseiller l'excellent livre "Où va le livre?" sorti le mois dernier sous la direction de Jean-Yves Mollier à La Dispute/Snédit. La 3ème édition de cet ouvrage entièrement refondue et mise à jour, la dernière datant de 2002-2004, que de changements depuis, n'est-ce pas? C'est une véritable synthèse prospective de la situation du livre aujourd'hui que les auteurs nous invitent à partager. Tous les aspects majeurs sont abordés: marché de l'édition, situation de la librairie, des petits éditeurs, le rôle de l'Etat ainsi que des domaines clés comme le livre de poche, le livre jeunesse, les clubs et la vente en ligne, l'avenir des bibliothèques. D'autres aspects aussi que l'on oublie souvent et qui sont au coeur des problématiques comme la situation de la lecture et le marché de la traduction. Bref, passionnant de bout en bout, que des spécialistes dans leur domaine, il faudrait tout citer. Je n'en citerais que deux parce qu'ils sont au coeur des développements de l'internet et de la diffusion électronique (c'est très injuste vis-à-vis des autres, mais bon). Les deux derniers du livre, donc, le premier de Antoine Compagnon (Virginie avait déjà cité son excellent travail sur Proust) "Un monde sans auteurs?" qui montre les enjeux de la cyberlittérature où le texte se modifie constamment avec des ajouts, des modifications, des suppressions... où les textes nous échappent de plus en plus dans cet espace de l'hypertexte. L'autre de Roger Chartier, toujours lui, qui en une quinzaine de pages magnifiques nous livre une synthèse étonnament pertinente du lecteur dans ce monde en mutation. Je le cite: "Devons nous penser que nous sommes à la veille d'une semblable mutation et que le livre électronique remplacera ou est déjà en train de remplacer le codex imprimé tel que nous le connaissons en ces différentes formes: livre, revue, journal? Peut-être. Mais le plus probable pour les décennies à venir est la coexistence, qui ne sera pas forcément pacifique, entre les deux formes du livre et les trois modes d'inscription et de communication des textes: l'écriture manuscrite, la publication imprimée, la textualité électronique. Cette hypothèse est sans doute plus raisonnable que les lamentations sur l'irrémédiable perte de la culture écrite ou les enthousiasmes sans prudence qui annonçaient l'entrée immédiate dans une nouvelle ère de la communication". Je ne sais pas si vous trouverez certains de ces articles sur le net, ils font chacun une quinzaine de pages, fatigant à lire, et 400 pages à l'imprimante... Le mieux est de foncer dans une bonne librairie (toutes les bonnes libraires doivent avoir ce livre indispensable) et de lire tout, je vous dit, tout est bon.


Des livres électroniques pour les petits voyageurs

Rugzak_1 Puisque l'on sait maintenant que les projets français d'édition numérique risquent d'être reportés aux calandes américaines et que les arguments marketing avancés pour "offrir" des livres numériques au prix des livres en papier sont pour l'instant à l'attention des seuls grands voyageurs en Airbus, orientons le débat sur nos petits voyageurs. Vous savez, ceux qui se trimballent des kilos sur le dos (et à pied) pour aller dans nos chères écoles. On est très loin des 10% du poids de l'enfant, vous avez tous entendu parler de ces contrôles inopinés à l'entrée des écoles (j'imagine des procès-verbaux directement Edupaper_1_0_7 dressés aux professeurs intéressés, incrédules devant les balances, j'en rêve). Eh bien nos amis néerlandais se bougent à travers cette initiative Edupaper. Les trois principaux éditeurs flamands participent au projet avec des réductions de l'ordre de 30% par rapport à des livres papier. Autre politique, n'est-ce pas? Pour une famille moyenne avec deux enfants aux Pays-Bas, cela représente une économie annuelle de l'ordre de 300€. Et des ressources numériques supplémentaires accessibles en ligne. Ils viennent de mettre des vidéos en ligne avec des relais dans les principaux médias nationaux. Alors, un Edupaper français regroupant Hachette, Nathan et Bordas, c'est pour quand? Surveillez les sacs de vos chères têtes blondes ce soir, veille des vacances, les sacs vont dépasser allègrement les quinze kilos!


Le marché français est « le plus difficile »

Village gauloisC'est pas moi qui le dit, c'est Google. C'est ce que j'ai lu ce matin dans l'article du Figaro qui annonce l'arrivée d'Hachette sur le marché des e-books, malheureusement pas en France, aux Etats-Unis d'abord. Si Louis Hachette avait fait le pari des trains américains à l'époque... Entre 500 et 1000 romans pour commencer, ce n'est pas rien. L'offre sera commercialisée au prix du livre papier afin de ne pas déstabiliser le marché traditionnel (chers amis lecteurs, cachez votre joie). Même chemin que les best-sellers dont j'avais parlé ici.
Donc, c'est Jens Redmer, directeur Europe et Moyen-Orient de Google qui donne cet avis éclairé sur le marché français. Qui est difficile? Les auteurs, les éditeurs, les libraires, les lecteurs, les français tout court? Peut-être bien notre ministre? On se demande si cette réflexion est une suite logique de son passage chez ce même Google la semaine dernière... Pour mûrir la Résistance, cet article de Edouard Launet ici dans Libération de mercredi dernier (merci à Alain toujours lui) sur le soutien actif du Collège de France et de la Chaire "Ecrits et Culture dans l'Europe Moderne" tenue par Roger Chartier, j'en avais parlé. Après vérification auprès de ce même Collège de France, j'ai eu confirmation que les podcasts et les vidéos seront bien mis en ligne sur le site, ici.
En cette journée de Guy Môquet (toute proportion gardée, bien sûr), n'est-ce pas...


La typographie, pourquoi faire...

Merci à Alain (décidément rien ne lui échappe) qui m'a signalé cet article sur l'excellent blog de Peter Gabor. Ah, Typogabor... Tous les graphistes de ma génération s'arrachaient leurs catalogues de typo somptueux. C'était encore le temps où l'on commandait de la typo sur des bromures, l'avant-Mac quoi... Peter Gabor, c'est à mon avis la bonne référence, de la trempe de Pierre Faucheux ou Massin... Débat sur guillemets français et guillemets anglais, remarquable par son didactisme, où l'on comprendra que ces débats ne concernent pas uniquement des règles d'arrière-garde et de vieilles ganaches mais qu'ils légitiment des choix graphiques qui sont au service des textes et donc des lecteurs. Bref, un petit fil RSS du côté de Peter Gabor...


L'exemple de Madonna, pour quand ?

La même pensée que moi ce matin du côté de Champs Numériques avec l'annonce du lachage par Madonna de son éditeur depuis vingt-cinq ans pour un contrat mirifique avec un organisateur évenementiel de concerts. Qu'en seraient-il de tentatives de blocks-busters de l'édition, Higgins-Clark et autres...
On se rappelle de l'initiative il y a quelques années de Stephen King qui avait été un échec. Pour l'instant, un seul auteur pourrait se permettre, je pense, un tel passage en force, J. K. Rowling avec Harry Potter bien sûr... Et là, la chose serait à considérer de très près, pas si surréaliste que cela. Pour l'instant le jeu ne semble pas en valoir la chandelle, mais jusqu'à quand? Le compte à rebours ne vient-il pas de se déclencher quelque part?


Quels prix pour les e-books ?

100_2886 Au moment où les livres électroniques entament une baisse des prix sensibles (vous me direz, ils sont partis de tellement haut qu'il y a encore du chemin à faire...), je crois qu'il est intéressant de s'interroger sur le prix des livres numériques, des contenus. J'ai repris l'intéressante analyse qu'a faite Hélène au moment où elle testait l'Iliad. C'est un débat qui va rapidement se poser en France, peut-être qui est même certainement déja en train de se poser chez les éditeurs. Avec les contrats d'auteurs, les prix de revient à repenser... D'un côté du curseur, les tout-gratuits libres de droits (Gutenberg et consorts avec les réserves sur la qualité), les tout-gratuits avec droits (Google avec l'accord ou "sans" l'accord des éditeurs, des sites-pirates à venir bientôt - rappelez-vous de l'exemple EbookFactory pour la presse). A l'autre extrémité du curseur des livres numériques récents au même prix que les versions papier (c'est le cas actuellement). On voit que l'éventail est large. Quand on regarde les librairies numériques actuelles, les ebooks sont vendus en moyenne aujourd'hui avec une réduction de 25% en moyenne par rapport au livre "papier" et ce malgré une TVA à 19,6% contre 5% pour le papier). Il est urgent bien sûr que l'on accorde le même taux de TVA à la version numérique, c'est quand même bien la même démarche culturelle, non?
Maintenant, est-ce suffisant pour faire décoller le livre électronique et "rentabiliser" l'achat d'un livre électronique?
C'est un calcul que le lecteur va faire, un simple petit ratio et si les livres numériques sont chers, il ne verra pas l'intérêt, à moins bien sûr d'un vaste choix de version-pirates et il faut lui faire confiance pour les trouver! Si la qualité des livres électroniques est au rendez-vous, c'est cela qui peut se passer rapidement...
Tout le monde a en tête l'exemple de la musique, les éditeurs accrochés à leurs prix de vente pendant que le téléchargement illicite s'étendait inexorablement. La longue agonie, DRM, chutes de prix sur les CD, puis finalement sans DRM et ce n'est pas encore fini, les modèles se cherchent encore...
DRM pour le livre bien sûr, il en va de la protection de tout un secteur, déjà suffisament fragile sans le livre numérique. Des auteurs, des éditeurs, des diffuseurs-distributeurs, des libraires... La contrefaçon sur le livre... on évalue bien le manque à gagner dans l'industrie du luxe, pour le livre ce serait bien plus grave, Gallimard, ce n'est pas Hermès.
Bon, imaginons, le best-seller de l'été:
L'Elégance du Hérisson :
- version papier-grand format: 20€ (19€ avec la remise éditeur)
- version numérique: 19€
- version papier-grand format (dans six mois): 19€ (prix unique du livre)
- version papier-poche (dans six mois): 6,5€ (prix unique du livre)
- version numérique (dans six mois): 4€
(disons que la version numérique perdrait 0,5€ tous les six mois, avec un prix plancher de 2€)
Je suis dans le vrai? Le e-book, concerné par le prix unique?
Soit lire tout de suite au prix fort, soit attendre pour un prix plus light, c'est ce que nous faisons déjà sur du poche, pourquoi ne pas l'envisager sur le livre numérique? Si le poche n'a pas tué le livre grand-format, c'est bien que les éditeurs ont pensé et organisé cette double vie d'un même livre. Il va falloir se résoudre à organiser la vie d'un cousin supplémentaire...
Bon, tout cela semble idéal, le meilleur des mondes. La seule préoccupation serait de trouver l'année prochaine sur un serveur chinois, l'ensemble des nominés pour les prix littéraires de la rentrée 2008, soit une cinquantaine de livres au grand maximum (15000 pages au total), mais qui représentent en terme de chiffre d'affaires, une bonne partie de la rentabilité sur l'année de tout un secteur. Et alors là, mon petit raisonnement, patatras... Et le cousin, il va se faire appeler Arthur...



L'Oiseau-Lire est envolé...

L'Oiseau-Lire, une petite librairie de livres d'occasion dans le quartier piétonnier de le gare à Tours. Un petit arrêt obligatoire pour ceux qui aiment les livres à Tours. Entre les grands pôles de la Boite à Livre et de la Fnac, la grande maison de la presse de la rue de Bordeaux, c'était un petit coin bien sympa pour dénicher des livres en laissant la part belle à l'aventure, au hasard... Un jeune libraire très sympatique au caractère bien trempé comme on les aime, un rayon de bandes-dessinées fourni, des beaux-livres bien choisis issus des soldeurs parisiens, un rayon sciences humaines et littérature copieux (il avait récemment racheté une partie du fonds des Editions L'Age d'Homme), bref un petit coin préservé dans un quartier où les fripes, la bouffe et les agences immobilières ont peu à peu envahi l'ensemble du paysage. Au début de l'année, nous avions parlé ensemble de la situation, de la part grandissante de l'internet qui représentait jusqu'à 40% selon les mois de son activité entre Ebay, Amazon et PriceMinister. Il me disait qu'il gardait la librairie pour cette part de rencontres, d'échanges qu'il aimait par dessus tout. Mais qu'il se posait beaucoup de questions avec un emplacement aux charges importantes pour finalement une rentabilité très difficile à maintenir. Et puis, voilà, fin de l'été, rideau, l'Oiseau-Lire envolé, le libraire a plié boutique, parti certainement dans un entrepôt en campagne, on le verra plus. J'ai même pas pu lui dire au revoir. Qui va savoir qui il est sur Amazon ou Ebay dans ce MarketPlace anonyme. On me dira, c'est la longue traîne, c'est inévitable... Ouais, bof, moi, je m'y fais pas et vous? Combien d'oiseaux-lire envolés? J'aimerais aurant que d'autres commerces partent dans les entrepôts, vous me direz, ils finiront peut-être par y partir tous...


Quels formats pour les livres électroniques ?

Intéressante suite sur le blog Feedbooks, Hadrien revient très justement avec une interrogation sur les formats les plus adaptés pour nos livres électroniques. Et c'est vrai que je le rejoins totalement dans son appréciation. Faire des livres électroniques une fonction supplémentaire de l'iphone (puisque c'est bien celui-là qui va rafler la mise il semblerait, vous pensez, déjà un million d'exemplaires en mois d'un mois!), cela contentera une clientèle de geeks en quête de performance, mais est-ce que cela contentera des vrais lecteurs? On aura beau l'enrouler, le déplier, bref le faire rentrer à toute force dans la boite, est-ce que c'est vraiment la bonne solution? Je suis très sceptique à ce sujet. Je me rappelle Sony Sony2 qu'il y a un an maintenant chez Tebaldo, nous étions plusieurs autour de plusieurs modèles disponibles sur des tables, et en tant que lecteurs, nous allions instinctivement vers des formats plus confortables, même s'ils ne rentraient pas dans nos poches!  D'ailleurs est-ce que les livres tiennent dans les poches? C'est aussi ce qui ressort de la prise en main du Sony dans cette présentation à voir absolument, aussi avec ces deux photos comparatives (celles de la pub, et la réalité), comme si on avait souhaité absolument "grandir" le Sonyreader, le faire paraitre plus grand qu'il n'est réellement, un peu trompeur ne trouvez-vous pas? Comme une 100_3590 contradiction qui ressort de ces photos. A ce sujet, je me demandais d'ailleurs si on avait envisagé de faire des livres de poches modernes plus petits. Je me suis souvenu de cette petite collection L'Ecole des Lettres, au Seuil, qui s'est arrêté au bout d'une trentaine de titres. Ce serait intéressant de savoir pourquoi la mayonnaise n'a pas pris à l'époque, caractères trop petits, formats des livres trop petits, collection jugée trop précieuse, trop élitiste, problème de présentation dans les librairies, prix de revient/prix de vente? Les très petits formats ont toujours été assimilés à Balladeur des livres précieux, des livres pour les sacs des dames. Livre-bijou avec une joli reliure en marroquin... Mais est-ce que c'est si agréable que cela à lire? D'autre part, je ne sais pas aussi si ce serait les servir aussi que de leurs intégrer à toute force du son, de la vidéo, franchement j'ai du mal à lire quand j'écoute de la musique, la télé et téléphone n'en parlons pas! Les livres électroniques doivent se concentrer essentiellement sur la lecture et seulement la lecture, ce n'est qu'à cette condition qu'ils trouveront leur public naturel. Encore que s'ils savaient me faire du bon café, je dirais pas non!


Les futurs des bibliothèques...

A signaler un intéressant article dans Télérama cette semaine où Jean-Yves Mollier, dont le livre "Où va le livre?" ressort dans une nouvelle édition en septembre (à suivre), revient sur l'essor futur des bibliothèques. Pour lutter contre les pessimismes ambiants! Il nous raconte comment les bibliothécaires résistent au "désherbage" des feuilles, tous ces volumes populaires que l'on sacrifiait et qui réapparaissent peu à peu. Il revient aussi sur les futurs possible du livre, je cite:

"Ne sommes-nous pas à l’orée d’un cycle irréversible: le texte s’échappe du livre et le livre s’échappe de la bibliothèque? Dans un siècle, y aura-t-il encore des livres?
Un siècle, c’est la bonne échéance pour cette question. Dans dix ou vingt ans, le livre existera évidemment encore. L’imprimé avait fait reculer le manuscrit et l’écran plat fera reculer le livre sur papier. Mais rien ne nous dit que le support du livre sera l’écran plat. La technique va tellement vite que de nouveaux supports peuvent apparaître. Si l’on est capable de commercialiser à prix très bas un codex qui contiendra, avec le principe du téléchargement, toutes les bibliothèques du monde, alors on aura des livres dans sa bibliothèque, et ce codex avec une autre bibliothèque. Il faut accueillir tout cela avec beaucoup d’optimisme. La question du support reste toutefois primordiale. Roger Chartier a bien montré qu’on ne lit jamais deux fois le même livre sur deux supports différents. Une fable de La Fontaine n’est pas la même selon qu’on la lit dans une édition de petit ou grand format, illustrée ou pas, même si le texte est respecté à la virgule près. Au-delà de tout cela, les ingénieurs du MIT ont eu cette réponse assez étonnante. Quand on leur a demandé: que pensez-vous du livre, du codex? Ils ont répondu que si on l’inventait aujourd’hui, ce serait l’invention la plus géniale. Ce livre que l’on peut feuilleter dans tous les sens, lire partout et dans toutes les positions, offre des avantages qu’on aura du mal à lui disputer. Et beaucoup plus de gens qu’on ne pense lisent. L’enquête du Crédoc a montré que le taux de forts lecteurs – plus de 25 livres par an – est en hausse par rapport à ce qu’il était il y a dix ans."
Un codex unique qui contiendrait tous les livres... Borgès et son livre de sable...


Des livres électroniques, de la librairie, de Diderot...

Editis01 Intéressant débat qu'a amorcé Hadrien sur la version française du blog de Feedbooks (bravo pour l'initiative). A partir de la vidéo mise en ligne par Editis sur les usages du livre électronique dans un futur proche, il revient point par point sur ce qui est déjà possible, probable ou de l'univers de la fiction... Si je rejoins son analyse sur ce modèle à deux écrans qui imite le livre traditionnel et qui n'a strictement aucune utilité, cela les fabricants l'ont bien compris (pourquoi pas faire une première et une quatrième, ou même plus, IOI!), en revanche je ne suis pas trop d'accord avec son interprétation sur le rôle du libraire. Je ne reviendrais pas sur le rôle de conseil, évident, mais c'était aussi le cas des disquaires, il y a quelques années. Non, c'est ailleurs. Tout d'abord, et le film ne le montre pas, la librairie n'est pas une seule pochothèque avec des couvertures en facing et c'est tant mieux, on trouve dans les librairies quantité de livres qui ne sont pas "digérables" facilement sur livres électroniques (excusez-moi ce mot, mais il veut bien dire la chose) et c'est tant mieux... Le livre d'art en fin de vidéo en est un très bon exemple. Et si le couple avaient des enfants, je pense aussi qu'ils trouveraient difficilement de quoi alimenter le livre électronique... D'autre part, c'est bien joli de vouloir cantonner le libraire dans un rôle d'hyper-spécialisation de niches, sempiternel refrain de ceux qui veulent du bien à nos chers libraires... Ce serait oublier qu'il y a des critères économiques incontournables à la rentabilité de la librairie (et cela Diderot le disait déjà à son époque, 1763, ce n'est pas d'hier, "Un fonds de librairie est donc la possession d'un nombre plus ou moins considérable de livres propres à différents états de la société, et assorti de manière que la vente sûre mais lente des uns, compensée avec avantage par la vente aussi sûre mais plus rapide des autres, favorise l'accroissement de la première possession. Lorsqu'un fonds ne remplit pas toutes les conditions, il est ruineux". Ah, si Diderot s'était penché sur le phénomène de la longue traîne, il aurait remis un certain nombre de choses au point...
Tout cela pour dire que je ne vois pas pourquoi les libraires se priveraient de fait, de la vente facile d'un certain nombre d'ouvrages en téléchargement sur livres électroniques comme on le montre sur la vidéo, c'est bien non? Cela en arrangerait quelques-uns et des très gros qu'ils n'y viennent pas, mais c'est pour moi une évidence que les libraires doivent aller dans ce sens. Cela vient faire échos d'ailleurs à la récente intervention brillantissime de John MacNamee (Président de la Fédération Européenne des libraires) lors du dernier colloque Alire/ Dilicom «Les libraires doivent démontrer aux éditeurs qu’ils sont capables de répondre à la demande quel que soit le support: papier ou numérique». Et vous? vous en pensez quoi en tant que lecteurs? Débat à suivre...


L'enfant de Gutenberg

Livrepoche Je relisais cet été un petit livre de poche trouvé chez un bouquiniste (Ebay et Amazon ne les a pas encore tous fermés!) qui s'intitule "L'aventure du Livre de Poche" avec comme sous-titre, L'enfant de Gutenberg et du XXème siècle! Ce petit livre date de 1983, intéressant de faire un come-back 25 ans en arrière. Publié à l'occasion du 30ème anniversaire de la collection, il canonise en quelque sorte le phénomène, Giono dans une lettre en exergue qui date de 1958 "J'estime aujourd'hui que Le Livre de Poche est le plus puissant instrument de culture de la civilisation moderne". Ce livre, il doit s'agir au départ d'un rapport de stage qui a été enrichi, je pense, car c'est un voyage au coeur de la maison. C'est truffé d'anecdotes, cela sent délicieusement la réclame, on commençait tout juste à l'époque à entendre parler de marketing, mais c'est diablement intéressant. Tout est abordé, choix des titres, fabrication, diffusion, distribution, contacts avec les libraires. On croise les grands patrons d'aujourd'hui, Bernard Fixot, Jean-Claude Lattès pour qui le Livre de Poche a été dans sa jeunesse "le 45 tours de l'édition". En fin d'ouvrage, des choses intéressantes qui raisonnent particulièrement à nos oreilles avec ces annonces de nouvelles générations de livres électroniques. D'abord, il revient sur les réticences qui ont accompagné son démarrage, on lit dans le Mercure de France "ce qui nous est proposé, dit-il pour quelques francs aux éventaires des kiosques et des librairies, ce sont les oeuvres mêmes des grands noms de la haute culture, tout comme les grands magasins de la 6ème Avenue offrent aux petites bourgeoises américaines, reproduits en grande série, les modèles signés de la haute couture parisienne". Le journaliste se dresse contre cette culture "prétendument populaire". "La force du livre de poche, ajoute-t'il, revient à nous persuader que les oeuvres nous sont immédiatement données, que nous pouvons en disposer sans effort et les posséder sans avoir à y mettre le prix". Des échos du côté de Gutenberg et autres Wikisource, non? Même l'éditeur Jérôme Lindon, en mai 1972, dénonçait dans le Figaro l'action des livres de poche, accusés de nuire gravement aux auteurs, éditeurs et libraires en diminuant leurs revenus sans accroître le nombre des nouveaux titres imprimés ni celui des lecteurs. Comme on dit, que d'eaux ont coulés sous les ponts!!
Pour conclure, je prendrais les propos d'un article de Frédéric Ditis en 1976 dans la N.E.F, qui s'inscrit en faux contre ces accusations et porte le débat sur un autre plan: "Dès le départ, dit-il, le problème du livre de poche a été mal posé. Jusqu'ici ses critiques comme ses laudateurs ne se sont intéressés qu'à son contenu sans s'interroger sur sa nature. En réalité, tout ce qui singularise le livre de poche démontre que l'on ne se trouve pas en face d'une variante des collections populaires mais d'un nouveau média... Une combinaison inédite des composants prix/contenu/emballage lui a donné l'impact suffisant pour faire sauter les barrières qui, jusque-là, avaient confiné le livre dans le domaine clos réservé à l'élite."
A méditer pour les prochains critiques et laudateurs des livres électroniques à venir, n'est-ce-pas?


Et la Chanson de la Bohémienne !

Moinelewis Comme je vous l'avais dit la semaine dernière, j'étais tout à la joie d'avoir trouvé Le Moine de Lewis, ce roman fantastique étonnant. A la fois sur le site des Equarisseurs (dixit LeBoucher) mais aussi sur Feedbooks avec la possibilité de l'adapter pour l'Iliad. Donc petit cheminement sur Feedbooks, c'est pas compliqué, on suit les instructions. On crée son livre à la carte, d'après la source Wikisource, Gutenberg ou autre, on le met en forme, on valide les chapitres les uns après les autres avec application, et hop, après une dernière certification des responsables du site, il est en ligne "pour le monde entier", avec même les couvertures. On devient éditeur en quelque sorte, tout le monde devient éditeur à ses heures perdues, pour le bien de l'humanité! (voire...). Bon, très bien, je commence ma lecture, premier chapitre, deuxième chapitre, puis comme un doute, bon sang, ce texte, je le connais bien, mais où est donc passé "La chanson de la bohémienne". Je rapplique fissa sur mon édition Corti, c'est au premier chapitre page 48, plus aucune trace dans la version Feedbooks! Je vérifie plus en détail ce texte, la fin du premier chapitre a disparue, huit lignes ont sautées, et aucun moyen de s'en rendre compte autrement qu'en comparant les deux versions! Quand vous achetez un livre d'occasion et que vous avez deux pages arrachées, vous vous en rendez compte, mais là, impossible! Deuxième chapitre, manquent deux pages complètes, un passage important aussi avec "l'inscription d'un ermitage". Bref, je vais pas plus loin, je vais pas passer mon temps à chasser les lignes, les paragraphes, les pages qui manquent, c'est proprement catastrophique. Au bout de deux chapitres de lecture! Certains me diront, qu'est-ce que quelques pages manquantes par rapport à la quantité de savoir disponible? Moi, je n'ai pas confiance dans tout ça et je ne vais pas être le seul, je pense, quand on consacre des heures à de la lecture, on est en droit d'exiger des textes corrects. Toutes ces sources Wiki et autres ne valent pas grand chose, des ersatz de livres... Et Gutenberg, otage malgré lui de tout ce désastre... Tout ça risque même de dégouter d'acquérir ces formidables outils que sont les livres électroniques... J'ai un petit peu honte d'avoir "éditer" sur Feedbooks Le Moine de Lewis dans une version tronquée qui va se diffuser sur internet. Je relisais hier un article sur la chasse aux caviardages en tout genre sur Wikipédia avec le traquage des adresses IP. Je me demande si on va pas finir par accuser Penguin, Gallimard et Corti de caviarder les sources Wiki !!!!
Cette fameuse chanson de la bohémienne, elle est bien chez nos amis Bouchers, je vous la livre en terme de conclusion à tout ça, elle donne une saveur particulière à l'aventure...
CHANSON DE LA BOHÉMIENNE
Venez, donnez-moi la main! Mon art surpasse tout ce que jamais
mortel a connu. Venez, jeunes filles, venez! Mes miroirs magiques
peuvent vous montrer les traits de votre futur mari.
Car c’est à moi qu’est donné le pouvoir d’ouvrir le livre du destin,
de lire les arrêts du ciel et de plonger dans l’avenir.
Je guide le char d’argent de la lune pâle; je retiens les vents dans
des liens magiques; j’endors par mes charmes, le dragon rouge, qui
aime à veiller sur l’or enfoui.
Protégée par mes sortilèges, je m’aventure impunément aux lieux
où les sorcières tiennent leur sabbat étrange; j’entre sans crainte dans
le cercle du magicien, et je marche sans blessure sur les serpents
endormis.
Tenez! voici des enchantements d’une merveilleuse puissance!
Celui-ci garantit la foi du mari; et celui-ci, composé à l’heure de
minuit, forcera le plus froid jeune homme à aimer. S’il est une jeune
fille qui ait trop accordé, ce philtre réparera sa perte. Celui-ci fleurit
la joue où le rouge manque; et celui-ci rendra blanc le teint de la
brune.
Écoutez donc en silence, tandis que je dévoile ce que je vois dans le
miroir de la fortune; et chacune, quand bien des années auront passé,
reconnaîtra la vérité des prédictions de la bohémienne.


Du goût, du boeuf, avec Le Boucher

Logo_gris Au hasard de mes pérégrinations sur le web pour trouver des livres pour mon Iliad, je suis tombé par hasard sur Les Editions du Boucher. Cela m'a fait inévitablement penser à Losfeld ou Pauvert, je sais plus, qui avaient l'intention de publier leurs pamphlets sur papier boucherie à l'attention du Général de Gaulle! Bonne idée de reprendre ce nom et avec une adresse internet pareille, leboucher.com, pour les amoureux du livre, tout un programme. Un catalogue bien fourni avec des titres que l'on a du mal à trouver dans les catalogues d'éditeurs, Jean Lorrain, La Mettrie, Fougeret de Monbron, etc. Et puis, divine surprise, Le Moine de Lewis, ce roman extraordinaire tant vanté par Antonin Artaud en son temps et republié à l'identique de la version originale chez Corti il y a une cinquantaine d'année, vous savez ces livres de chez 100_3553 100_3554 Corti, à l'ancienne, qu'il faut prendre la peine de couper avant de les lire. Et pas avec un couteau de boucher, s'il vous plait, avec un bon coupe-papier qui déchire les fibres de manière idéale, tout un art... bien éloigné du numérique tout ça... bref, je disgresse, mais quelle joie de retrouver ce texte en numérique pour m'y replonger. Chez Corti, toujours disponible, c'est ici, dans la collection "Les Massicotés"! finis malheureusement ces livres à couper! Bon, revenons à nos moutons, c'est le cas de le dire, nos bouchers de service, une petite équipe de cinq amoureux des livres, basés dans le 13ème arondissement de Paris, certainement pas très loin de la Butte aux Cailles (peut-être qu'ils préparent la viande pour le Temps des Cerises!), bref, nos équarissseurs font un bien beau boulot. ce que l'on trouve de mieux dans le tout numérique, c'est clair. Choix des typos, collophons, lettrines, appels de notes bien faits, titres courants et folios en couleur soignée! bref c'est du grand art. Tout ça en téléchargement gratuit, avec des indications de durées d'impression! car il vous vient une furieuse envie de les trouver sur du beau papier, ils sont tellement bien faits. On cherche d'ailleurs partout si ils sont disponibles dans les bonnes librairies, malheureusement non. Sur l'Iliad, ça passe bien, un peu petit, mais la mise en page est tellement agréable que l'on oublie vite. Je mets en tête de mes sites favoris de téléchargements, il faut qu'ils s'attellent (à cheval, boucherie chevaline) à mettre ça sur les livres électroniques. Surtout que les compères de Bookeen sont à deux pas. Décidément, il s'en passe des choses dans ce 13ème arrondissement, à l'ombre de la Très Grande Bibliothèque. Je vous conseille ces éditions, parlez-en autour de vous, tout est bon dans le cochon...


Babelio, c'est parti

Logo J'avais eu l'occasion d'échanger lors de la dernière Bouquinosphère avec les créateurs, un nouvel espace de partages de bibliothèques sur le modèle de Librarything. Ils viennent d'ouvrir Babelio. C'est plutôt bien fait, intuitif, convivial. J'ai rapidement rentré une petite centaine de livres. Bref, longue vie à Babelio, au plaisir de les revoir lors de la prochaine Bouquinosphère, fin septembre.


Visite chez VisionObjects

100_3304 Une petite visite chez la société VisionObjects dans la périphérie nantaise. C'est Eric Gapihan qui m'a fait la gentillesse de m'accueillir et de me parler des développements. Une adresse presque confidentielle et une enseigne très discrète pour une société qui n'est rien moins que l'un des leaders mondiaux dans la reconnaissance d'écriture. C'est pas rien qu'en même! Vous savez ce genre de logiciels qui excitent tant d'intérêt partout,100_3305_4 100_3306_3 aussi bien offline (reconnaissance OCR de documents imprimés) que online (reconnaissance d'une écriture manuscrite en directe!). Avec des clients rien moins que Nokia, Logitech, Leapfrog, Pentel et, bien sûr, Irex qui mène un partenariat avec eux depuis un an maintenant sur des applications professionnelles sur papier électronique. C'est d'ailleurs eux qui m'ont montré un petit applicatif léger embarqué sur la version standart de l'Iliad dans le paramétrage de l'identifiant. Avec le stylet, on écrit sur la 100_3307_2 100_3308 100_3309_2 ligne en bas et votre champ se remplit automatiquement deux secondes plus tard. Pour la partie Notes de l'Iliad, pas de reconnaissance en live, il faut enregistrer en mode image et exporter vers l'ordinateur pour utiliser le logiciel MyScript, produit phare de la maison. Avec des taux de reconnaissance de plus de 92%. C'est bien simple, dans tous les tests internationaux, VisionObjects arrive bien loin devant. Trois types de reconnaissance, "isolated characters" (on remplit champ par champ type formulaire), "hand-printed handwriting" (écriture caractère espacé, nos amis anglo-saxons en use beaucoup) et la plus difficile bien sûr, "cursive handwriting (notre bonne vielle écriture cursive que l'on apprend dans les bonnes écoles de la République mais qui est le cauchemar des ingénieurs, vous vous en doutez!). En français par exemple, on passe de 2173 caractères/seconde sur la première version à 800 et 88 caractères par seconde, seulement sur les versions suivantes. Le petit échantillon sur l'Iliad donne juste une idée de l'ampleur des domaines qui sont concernés, absolument prodigieux, par exemple dans le domaine hospitalier où une prise de note rapide d'un pré-diagnostic dans l'ambulance va permettre une première évaluation au sein de l'hôpital pour anticiper et orienter les soins (expérience à Sienne en Italie). Une amélioration des soins mais aussi des coûts dans la structure hospitalière. Bien sûr, tous les domaines professionnels qui sont basés sur le remplissage d'un formulaire (adieu auto-copiants, jaune, bleu, rose!, une belle source d'économie, dans les services publics, n'est-ce pas!), l'information peut être envoyée directement dans chaque service en aval. Devis, prises de commandes, peuvent impactés directement les secteurs de production, de facturation. D'autres applications grands publics, du côté des smart-phones, signatures authentifiées, rédaction de sms (il faut savoir que d'en certaines langues avec plusieurs centaines de caractères, on a plus vite vite fait de noter un message que de le taper). L'enseignement (nos chers amphis) aussi, on l'imagine, avec de la reconnaissance sur le support même d'écriture ou sur le stylo équipé d'un rayon infrarouge qui va repérer les mouvements, les jeux pédagogiques, aussi, avec des "stylos lecteurs" pour les tout-petits... Derrières toutes ces technologies innovantes, VisionObjects travaille en backoffice pour reconnaitre l'écriture. Bref du sacré pain sur la planche pour cette société qui se développe très vite et vers des langues de plus en plus exotiques (Chine, Inde...) où les marchés sont très importants. Eric s'emploie d'ailleurs à faire écrire sur des pages et des pages, des élèves asiatiques studieux à l'autre bout du monde...


Le livre à l'heure du numérique

Scancahiersnumerique A l'heure où l'on sent bien que quelque chose est en train de se passer (c'est bien ce qui ressort notamment du congrès Alire-Dilicom, son grand mérite), je ne saurais trop conseiller la lecture de ce numéro 5 des Cahiers de la Librairie, édité par le SLF. Numéro qui est sorti il y a quelques mois maintenant, mais qui, je le pense fera date. Coordonné par Christian Thorel (Librairie Ombres Blanches à Toulouse), une excellente compilation d'articles écrits par des observateurs pertinents de la profession dans son ensemble. Auteurs, éditeurs, libraires, journalistes professionnels apportent un éclairage tout à fait judicieux sur les enjeux pour l'ensemble de la chaîne du livre. Manque le point de vue d'un imprimeur qui aurait pu éclairer où en est la réflexion sur le livre imprimé on-demand... Plus que faire un compte-rendu de l'ensemble sur un seul post, je préfère revenir sur chaque article dans les jours qui vont venir, l'avantage du blog sur la copie du journaliste, n'est-ce pas?


Mon libraire, c'est au Temps qu'il fait

Libraire Quel merveilleux livre qui vient de sortir au Temps qu'il fait. D'abord le choix de cette couverture mythique avec Gérard Philipe que j'avais aperçu dans l'histoire de l'Edition française depuis 1945 (p.605). Je n'ai pas pu m'empécher de retrouver la page en question et la description de la campagne, qu'en fait Pascal Fouché, je cite: "Dès novembre 1949, le Cercle de la Librairie et le Syndicat national des Editeurs lancent une campagne de publicité intitulée [Campagne de propagande collective en faveur du livre], soutenue par la Chambre syndicale des Libraires de France, pour promouvoir la lecture... Avec pour slogans chez les libraires "Un homme qui lit en vaut deux", "Lisez ce que vous ne pouvez vivre"; dans les bureaux de poste "Avec mes voeux, j'envoie un livre"; une pour les hôtels "Jamais seule avec un livre"; une aux boulangeries "Après le pain, le livre"; une aux agences de voyages et aux Philippe bibliothèques de gares "Bon voyage avec un livre"; une pour les écoles primaires "Amuse-toi aussi en lisant", et la dernière à l'enseignement secondaire et aux universités, "Pas de vraie culture sans lecture"... Un an plus tard, l'expérience est reconduite et on y ajoute une affiche, celle, célèbre, montrant Gérard Philipe et intitulée "Dévorez des livres". Convaincu par le publicitaire Henri Sjöberg, Gérard Philippe se rend au studio où, devant l'objectif de Lucien Lorelle, il cesse de jouer, entre dans la peau de son personnage et se met à dévorer le livre à pleines dents. L'affiche très présente en librairie, se retrouvera également dans le métro et sur tous les murs", ça c'est du bon marketing avant l'heure! Quel judicieux choix que cette couverture donc pour ce livre à entrées multiples (80 au total) qui vont de Amitié à Volatilité, en passant par Avenir, Bouquiniste, Chaînes, Colportage, Dépôts, Internet, Manga, Office, Retours, Rêverie et j'en passe... L'auteur, Patrick Cloux a été libraire pendant vingt ans, auteurs de nombreux livres, il est actuellement représentant pour les Editions Actes-Sud dans la région Rhône-Alpes. Remarques judicieuses sur le métier, humour, poésie, on se lasse pas de le suivre... Il vous donne carrément l'envie de pousser les portes des librairies, c'est bigrement contagieux son affaire. Un vrai livre  de service public, que l'on devrait diffuser partout. Allez, plus que de longs discours, je vous renvoie sur ma carte Abicia, tous les libraires l'ont forcément en bonne place, et pour longtemps j'espère, courez-y vite.


Colloque Alire/ Dilicom

Portrait2 Portrait1Passionnant colloque organisé à la T.G.B. de France par les organismes professionnels Alire et Dilicom, "Les nouveaux supports numériques du texte, impacts sur le commerce du livre". Je crois que c'était partagé, à entendre les différents commentaires tout au long de cette journée-marathon. Je ne reviendrais pas sur l'ensemble des interventions, toutes d'excellent niveau. Catherine en fait une très bonne synthèse dans son blog. C'est surtout les présentations des éditeurs que je surveillais, nous avons si peu l'occasion de les entendre sur ces sujets, les uns et les autres) Côté Hachette/Tourisme et Michelin, on joue bien sûr la complémentarité entre les différents supports dans toutes les phases du voyage (avant, pendant et après), en tant que segments de différents marchés (internet, papier, mobile, etc.), on sent que les équipes marketing s'activent sur ces sujets... Les marques phares, Routard, Bibendum. Côté cartes, elles résistent bien! Les touristes fraichement équipés de GPS derniers cris, se ruent dans les stations-services le premier jour des vacances venu pour se procurer la bonne vieille carte papier à 3 euros!!! Rien ne vaut le format et l'appréhention complète de l'espace. Allez-donc organiser votre séjour de vacances en famille avec le GPS sur la table! Beaucoup d'humour dans ces présentations (merci à eux), aussi Julien Ulrich de chez Virgin Mega qui a brossé le tableau de la musique. Quand un secteur perd 40% de son chiffre d'affaires en quelques années du fait de quelques énergumènes... On est prévenu. Justement, quand on parle d'énergumènes, Jean-Michel Billaut n'était pas très loin, il rentrait tout juste de Chine, j'espère que l'on A4_with_hands_web trouvera quelque part son intervention, c'était extra! Jacques Angele de chez Nemoptic, lui rentrait des States avec des nouveautés à nous présenter. Du papier électronique (technologie lcd-cristaux liquides) au format A4. Il nous a montré aussi une première vidéo couleur sur papier électronique, dessin animé Cars! oui, on pourra dire qu'on l'a vu! Il avait du mal, le pauvre Jacques, sans connection internet (et oui, au MK2 adossé à la Très Grande Bibliothèque, les murs sont trop épais, le wifi ne passe pas). Pour mémoire, une présentation du Sylen (prototype) de cette société française leader dans le domaine, cocorico! A noter aussi, les très bon jeux d'acteurs qui ont émaillés les différentes interventions (Luther, Robida, etc.) avec des textes brillamment écrits par Lorenzo Soccavo. Journée qui s'est conclu sur l'intervention de Bruno Rives sur le papier communicant et le mot final d'un libraire irlandais génialissime, John McNamee (Président de la Fédération Européenne des Libraires, tant que l'on aura des libraires comme lui, je ne me fais pas de souci pour la profession), qui a exhorté toute les libraires à y aller carrément, vente de readers, ebooks, bref occuper le terrain un maximum sans se poser de questions existentielles. Au pays de Google et d'Amazon, on peut lui faire confiance!


Polyphonies du livre à La Roche-sur-Yon

Une très enrichissante journée, qui plus est sous un soleil radieux, que cette journée "Livre et numérique" des Polyphonies du livre à l'IUT de La Roche-sur-Yon. Des points de vue très complémentaires de la part d'intervenants passionnés et passionnants. Ceux qui ont hésité à venir si loin de Paris auront à le regretter, c'est clair. Comme quoi, il se passe en province, même lointaine, des moments rares, captivants et au meilleur prix. Michel Fauchié, le président de l'ADDNB (Association pour le développement des livres numériques en Bibliothèques), c'est aussi kotkot!, a tracé avec beaucoup d'humour, une vision décalée et militante de la situation. Une mise en perspective dans une société plus globale de la connaissance grâce à Jean-Jacques Heilaud (Président de l'Apronet) suivie de la présentation par Anne Delmas de l'offre et des contraintes dans les achats à la Bibliothèque Universitaire de Nantes. Un exposé bien éclairant de la situation. Une lutte de tous les instants pour des choix forcéments parcellaires souvent soumis à certains éditeurs qui imposent leurs diktats en terme de disponibilités, de bouquets de titres, etc. Le ponpon étant la non disponibilité à plusieurs lecteurs en même temps du même titre, et oui, c'est possible!! Bref, des DRM partout...
Guillaume Godet nous a présenté l'offre de Numilog, j'ai parlé de mon expérience personnelle de dix mois avec l'Iliad et des offres de contenus actuels. Temps fort aussi que le brillant exposé de Olivier Ertzscheid (Affordance) sur les stratégies des moteurs de recherche et de Google en particulier, avec un powerpoint à distribuer dans les écoles! diable, un frisson est passé en chacun de nous!


Quels modèles économiques ?

Une réfléxion que je livre ce soir, quand je vois ces sites sans modèles économiques qui pointent tous résolument sur Amazon et Google (qui eux, en ont bien un), en fait c'est ça la grande force de ces vitrines américaines, rabattre tout ce joli monde!

Sur Feedbooks, c'est là en bas à droite, sur Manybooks, c'est là, colonne de droite. Je trouve finalement bien des vertus aux militants québecois dans leur Québec libre! Résistons, résistons (si en plus, ils votent leur indépendance!)...