281 notes dans la catégorie "Livres"

Voilà ça repart, la guerre des Jeff...

Pid_3d_small Oui, voilà c'est reparti comme au bon vieux temps du livre électronique (Salon du Livre 2000), les débats binaires manichéens, pour-contre, faîtes vos jeux. A ma gauche, le Print est mort de Jeff Gomez, expert en marketing chez Penguin US (vraiment joli coup marketing que ce titre, il va surfer sur la vague, ce Monsieur Gomez), un autre Jeff (qui tire la chasse sur les livres scolaires, les cahiers et les stylos avec), voilà qui va donner du grain à moudre à notre ami Lorenzo qui était bien seul jusqu'à présent, à ma droite d'autres voix s'élèvent, François Bon hier, Peter Brantley aujourd'hui (tout cela via LaFeuille et Virginie) ou plutôt qui s'interrogent. En attendant que le livre en question trouve son éditeur et son traducteur pour une version papier dans les librairies (ça va être la cas rapidement avec le réseau de Jeff, l'américain), mon humble sentiment sur la question. D'abord, les livres électroniques d'aujourd'hui sont infiniment meilleurs que leurs lointains cousins, la technologie va aussi se développer dans d'autres domaines du print (revoir l'interview de Jacques Angele). Le livre ne pèse pas grand chose en comparaison avec les autres productions d'imprimés, il ne pourra pas soutenir à lui seul un secteur dans son entier (voir les difficultés actuelles de grands papetiers comme StoraEnso, tendance des dix géants du secteur ici.)  En cela, je crois que le support papier et le print qui lui est subordonné est évidemment très sérieusement menacé (si ce n'est condamné à terme comme le pétrole, tiens un bon titre Oil is dead, CheapOil is dead  pour l'instant). Le débat est, en effet, plutôt là, CheapPaper is dead? Je pense sérieusement que c'est à une échelle de plusieurs dizaines d'années, 2040-2050 pour reprendre une thèse reprise par des esprits éclairés et éclairants; le support papier, faut-il le rappeler est éminemment lié à la gestion de notre patrimoine forestier, il est au coeur de la gestion de notre environnement. Mes petits-enfants, mes arrières petits-enfants liront-ils exclusivement sur ces livres électroniques? Connaitront-ils les livres en papier comme mes enfants les disques vynils? (au moins les livres en papier seront toujours lisibles dans ce futur là). Je n'en sais fichtre rien. En attendant, on va se procurer de l'électronique, du papier pour lire des textes, gloser sur le sujet, en faire encore de jolis coups marketing (à quand le livre de Bill Gates ou de Steve Jobs sur le sujet) et il va encore s'écouler, se déplacer beaucoup d'encres minérales et électroniques...


Prospectives du livre

Très intéressante interview sur l'avenir du livre de Francis Pisani dont le blog Transnets est une mine (mais vous le savez sans doute déjà). J'aime beaucoup cette notion d'écosystème/coexistence des médias sur laquelle il revient. A croiser avec l'article de Anthony Grafton dans le New Yorker (signalé par Olivier-Affordance) et l'excellent livre Où va le livre? dont j'avais parlé et que reprennent l'excellent BBF et l'Humanité qui met le doigt sur le terme de bibliodiversité... Vers un écosystème du livre et de l'écrit, c'est aussi le titre du hors-série de l'Aquitaine numérique (merci Alain), décidément... Bref, de quoi commencer la semaine en bonne intelligence, tout cela en attendant bien évidemment les podcasts de Roger Chartier au Collège de France... Au fait, ça vient quand? C'est si compliqué? On rêve de podcasts le jour même pour les pauvres "collégiens" non-parisiens que nous sommes!


Gronde des prix littéraires

Celine_meudon Semaine du Goncourt/Renaudot qui s'achève avec Gallimard plébiscité. Année faste donc avec Harry Potter, on se dit que c'est beaucoup pour un même éditeur, non? Leroy et Pennac donc... Je n'ai pas lu, je ne me permets pas de commentaires. Pourtant, un appel à la révolte sur le blog de Léo Scheer, relayé de çi de avec la réaction de Christophe Donner dans le Figaro Littéraire, même le Guardian so british s'y met, c'est vous dire. Léo Scheer propose un plan B des prix littéraires, alors votez. Cela me fait penser, bien sûr, à la fameuse attribution des Goncourt/Renaudot en 1932 et la gronde autour du livre de Louis-Ferdinand Céline, le Voyage au bout de la Nuit... 75ème anniversaire (on n'en parle pas beaucoup), Céline, dont je relis les lettres à son jeune éditeur d'après-guerre, Frédéric Monnier. Céline, au fin fond du Danemark, Denoël assassiné, dont les livres ne sont pas encore chez Gallimard. Je ne résiste pas à vous donner celle-là...
"Mon cher Monnier
Je vous vois partir dans l’édition et déjà dans les dettes! Attention! C’est un métier atroce! Le bouche-trou perpétuel, Denoël y est mort. Et enfin, dans son genre, il était bien armé. L’imprimeur, lui, se fait payer, et tout le reste tourne carambouille, fatalement. Une maison d’édition ne peut subsister que si elle ne paye pas du tout de droits d’auteur. Voilà la crue vérité, et même il faut que les auteurs payent pour être imprimés pour qu’elle étale tant bien que mal! Et sans aucun frais de publicité, c’est de la sauvette et bientôt de l’escroquerie pour Froissart. Réfléchissez. Vous vous contenteriez d’être agent littéraire, prélevez votre commission, étranglez l’éditeur, qu’il raque les droits d’auteur d’avance (comme est payé l’imprimeur), vous serez moins tracassé. Tantôt vous porterez ici et là vos clients, cash sans entrer dans la cavalcade des traites, des comptes, et patata au bout desquels: le plongeon! Fatal! Je vous dis ça en ami, hélas bien au courant! Je ne vous quitterai pour rien au monde. On fera naufrage s’il le faut! Diantre! Je m’y connais en naufrages! Mais pas d’optimisme."
Votre fidèle. L.-F. Céline (Lettre à Pierre Monnier, 30 août 1950)/ Ferdinand Furieux, L'Age d'Homme.
Une pensée aussi pour Robert Denoël, qui gît dans une fosse commune, dans une banlieue anonyme...


Où va le livre ?

9782843031519 Je ne saurais trop vous conseiller l'excellent livre "Où va le livre?" sorti le mois dernier sous la direction de Jean-Yves Mollier à La Dispute/Snédit. La 3ème édition de cet ouvrage entièrement refondue et mise à jour, la dernière datant de 2002-2004, que de changements depuis, n'est-ce pas? C'est une véritable synthèse prospective de la situation du livre aujourd'hui que les auteurs nous invitent à partager. Tous les aspects majeurs sont abordés: marché de l'édition, situation de la librairie, des petits éditeurs, le rôle de l'Etat ainsi que des domaines clés comme le livre de poche, le livre jeunesse, les clubs et la vente en ligne, l'avenir des bibliothèques. D'autres aspects aussi que l'on oublie souvent et qui sont au coeur des problématiques comme la situation de la lecture et le marché de la traduction. Bref, passionnant de bout en bout, que des spécialistes dans leur domaine, il faudrait tout citer. Je n'en citerais que deux parce qu'ils sont au coeur des développements de l'internet et de la diffusion électronique (c'est très injuste vis-à-vis des autres, mais bon). Les deux derniers du livre, donc, le premier de Antoine Compagnon (Virginie avait déjà cité son excellent travail sur Proust) "Un monde sans auteurs?" qui montre les enjeux de la cyberlittérature où le texte se modifie constamment avec des ajouts, des modifications, des suppressions... où les textes nous échappent de plus en plus dans cet espace de l'hypertexte. L'autre de Roger Chartier, toujours lui, qui en une quinzaine de pages magnifiques nous livre une synthèse étonnament pertinente du lecteur dans ce monde en mutation. Je le cite: "Devons nous penser que nous sommes à la veille d'une semblable mutation et que le livre électronique remplacera ou est déjà en train de remplacer le codex imprimé tel que nous le connaissons en ces différentes formes: livre, revue, journal? Peut-être. Mais le plus probable pour les décennies à venir est la coexistence, qui ne sera pas forcément pacifique, entre les deux formes du livre et les trois modes d'inscription et de communication des textes: l'écriture manuscrite, la publication imprimée, la textualité électronique. Cette hypothèse est sans doute plus raisonnable que les lamentations sur l'irrémédiable perte de la culture écrite ou les enthousiasmes sans prudence qui annonçaient l'entrée immédiate dans une nouvelle ère de la communication". Je ne sais pas si vous trouverez certains de ces articles sur le net, ils font chacun une quinzaine de pages, fatigant à lire, et 400 pages à l'imprimante... Le mieux est de foncer dans une bonne librairie (toutes les bonnes libraires doivent avoir ce livre indispensable) et de lire tout, je vous dit, tout est bon.


Lynchage littéraire

V_5_ill_967793_couvsevilla J'avais repéré le phénomène sur l'excellent blog de Léo Scheer il y a quelques semaines. Un livre, Un monde sans Elfes de Jean-Louis Sevilla aux Editions des Equateurs, descendu en flammes par des critiques sur différents sites. Bon, on se doute que les critiques sont quelquefois "orientées", c'est tellement facile, quelques textes bien placés qui apparaissent en têtes de gondoles sur des sites référents, comme on dit. De la bonne publicité pour vraiment pas cher... Ici, à contrario, c'est pour descendre le livre d'un confrère éditeur et la technique ne relevait plus de l'artisanat mais tendait vers une démarche quasi "industrielle". L'affaire est maintenant dans le giron de la justice comme on le lit dans le Monde d'hier. J'espère bien que l'éditeur indélicat (c'est le moins qu'on puisse dire) va se faire pincer et que tout le monde, sur la place, va découvrir le cyber-corbeau en question, ouhh le vilain... Peut-être en échauder certains autres aussi...  Attention, on chope bien un pédophile à l'autre bout du monde! Tout cela met aussi le doigt sur la pertinence des commentaires et des critiques et cela dépasse largement le cas des livres bien entendu. J'en parlais avec le concepteur de Dismoiou, un site pour conseiller des endroits de sorties les plus divers. Tellement aisé de "plomber" facilement des confrères près de chez soi... Alors? mettre des modérateurs et du traçage partout?


La typographie, pourquoi faire...

Merci à Alain (décidément rien ne lui échappe) qui m'a signalé cet article sur l'excellent blog de Peter Gabor. Ah, Typogabor... Tous les graphistes de ma génération s'arrachaient leurs catalogues de typo somptueux. C'était encore le temps où l'on commandait de la typo sur des bromures, l'avant-Mac quoi... Peter Gabor, c'est à mon avis la bonne référence, de la trempe de Pierre Faucheux ou Massin... Débat sur guillemets français et guillemets anglais, remarquable par son didactisme, où l'on comprendra que ces débats ne concernent pas uniquement des règles d'arrière-garde et de vieilles ganaches mais qu'ils légitiment des choix graphiques qui sont au service des textes et donc des lecteurs. Bref, un petit fil RSS du côté de Peter Gabor...


Le livre 1.0 tient encore bien la route

100_3672 L'accès au logiciel Mobipocket m'a donné la possibilité de comparer ce week-end le livre Gutenberg 2.0 de Lorenzo Soccavo dans sa version papier et dans sa version sur l'Iliad fourni par Mobipocket. Et je dois dire que je reste un peu sur ma faim. "Le livre n'est pas un produit comme les autres" commence en introduction l'auteur, c'est en effet les spécificités structurelles du livre qui posent des problèmes pas encore résolus dans cette 100_3673 100_3674 version de ce livre. D'abord, cette quasi-absence de blancs tournants, 4mn seulement généreusement accordé, c'est beaucoup trop peu; l'oeil vient constamment buter contre les limites de l'écran. J'avoue que je ne comprends pas bien cet a-priori qu'ont su éviter Les Echos (avec 8mn). Franchement cela change tout. C'est extrêmement génant dans la 100_3676 100_3677 lecture. La gestion des blancs (sans césures), donc l'intermotage n'est également pas résolu. J'avoue que là-aussi, les Echos, avec pourtant des lignes plus courtes, s'en sortent beaucoup mieux avec un résultat très proche d'un modèle imprimé. Spécificité de la gestion des pdf par rapport au logiciel Mobipocket? Autre gros problème du côté des 100_3678_2 100_3671_3 tableaux et petits schémas. Soit ils sont purement et simplement escamotés quand ils sont trop difficiles (remarquez, quand on n'a pas la version imprimée, on le remarque pas!) soit ils sont transformés sous forme de listes, les parties données en têtes, puis les caractéristiques données en listes, ce qui conduit à des contre-sens bizarres. Les caractéristiques se trouvent regroupées à la suite pour l'ensemble des rubriques. Dans cet exemple des avantages et inconvénients d'un livre, toutes les caractéristiques énoncées passent en inconvénients, sans aucuns avantages, c'est un comble! Des mouvements dans le texte ne sont pas respectés, je pense à des rubriques avec des fonds grisés qui viennent apporter un éclairage spécifique, dans la version sur le livre électronique ils sont présentés à la suite du texte courant sans indication, on comprend pas du coup ce que cela fait là; il faudrait trouver des alternatives, alinéa, encadrés... D'autres problèmes d'alignement également dans le cas de pourcentages qui se trouvent alignés, ils se retrouvent à se ballader dans la page... Bref, c'est quand même très approximatif comme affaire et ferait hurler mes profs de typo à Estienne... Vous me direz, c'est les débuts, c'est clair, le livre est complexe dans sa forme avec toutes les difficultés de présentation. Mais c'est vrai qu'avec une remise de 30%, il est clair que pour l'instant, il faut bien mieux préférer la version papier en livre 1.0; surtout que le livre "papier" est quand à lui très fait (avec les standarts typographiques d'un maquetiste vigilent) et je vous le recommande vivement.


Un an avec l'Iliad

Gateau Ce titre pour reprendre le titre du blog d'Hélène qui vient de démarrer deux semaines d'abonnement aux Echos sur l'Iliad. Bon sang, déjà un an que je déballais fiévreusement ma boite, plus de temps encore que j'avais découvert ce fameux papier électronique (j'ai retrouvé l'autre jour l'article imprimé, avril 2004, la page web est toujours là!, à l'époque c'est la présence du géant japonais de l'imprimé Toppan qui m'avait interpellé au côté de Sony et Philips, tiens, tiens). Puis le Librié dans les mains fin 2004 à Montréal, la veille technologique avec Tebaldo, puis Irex, le choix de l'Iliad, plus grand, plus ouvert, plus communicant, plus tout... Cette excitation que j'avais à parcourir furtivement le web à la recherche de contenus. La frustration de ne trouver à l'époque que bien peu de choses intéressantes, des livres dont je n'aurais même pas prêté attention sur des tables de librairies physiques. Est-ce moi qui suis trop exigeant sur ce que je lis? Ma méfiance du gratuit. Trop sensible à la mise en forme, aux fautes typographiques, aux choix des éditions... Oui, certainement, un choix délibéré au départ aussi. Ne rien lacher, ne rien sacrifier à mes choix de lectures sous prétexte de passer sur l'Iliad. Observer comment cet objet allait peu à peu modifier mes pratiques de lectures, mon temps sur le web, ma consommation de ramettes (j'ai pas surveillé ma consommation d'électricité!). Et puis aussi cette certitude que c'est par la presse que ça viendrait. Une évidence, l'instantanéité, les flux d'informations, tout ce papier imprimé que l'on ne garde pas, qui coûte si cher. Cette rencontre avec le rédacteur en chef de l'Humanité à Nantes qui me disait perdre 0,57€ à chaque exemplaire tombé de la rotative (c'est pas le cas des livres qui tombent de la Cameron!); parralèllement la montée des gratuits, la montée des flux d'informations sur le web, le sentiment qu'il y avait certainement une opportunité pour la presse, à condition de mutualiser les offres.
Alors un an, la sortie des Echos, c'est le moment de faire un petit bilan de mes pratiques:
- l'Iliad n'a pas radicalement changé mes habitudes de lectures. J'achète toujours autant de livres, j'ai toujours autant le désir d'en acheter. Même si les librairies se développent du côté de l'offre, les ebooks sont chers (après vingt années de fabrication dans l'édition, je connais trop bien les prix de revient!), j'ai des doutes sur les éditions, c'est pas clair. Certains livres que je n'achèterais pas en papier? Qui ne sont pas en poche? Les prix restent élevés, j'hésite et puis j'oublie. Ma fréquentation des librairies reste intacte. J'achète toujours autant la presse mais c'est là que ça peut basculer pour moi si j'ai des offres complémentaires mutualisées (j'en ai dressé une liste idéale hier!). Si mon frère journaliste est viscéralement attaché au papier-journal, j'avoue que je ne le suis pas.
- l'Iliad a fait baisser mon temps de lecture sur le net, c'est indéniable. Dès que je repère un article un peu long, je m'empresse de le formater pour l'Iliad, c'est un peu petit mais très suffisant pour un article. Cela avec le corelatif qui va avec, l'Iliad a fait baisser ma consommation de ramettes, tous ces articles que j'imprimais, qui trainaient aussi bien sur mon disque dur que dans des chemises, tout va sur l'Iliad, bref un sacré ménage de ce côté-là. C'est bien les marchands de ramettes et d'encre qui ont des soucis à se faire. Côté internet, hormis le wifi indispensable pour un accès automatique des contenus, je ne recherche pas un livre électronique connecté pour des usages web. Je n'ai pas de PDA, pas de smartphone (et je n'en éprouve pas le besoin), j'ai un téléphone-portable dernier cri (je m'en sers seulement pour téléphoner, mais je l'ai choisi -en plus du fait que l'on me l'a donné avec des points- parce qu'il est ultra-fin et qu'il ne déforme plus mes poches!). Le passage par l'ordinateur ne me pèse pas.
- J'utilise l'Iliad aussi bien hors de chez moi (trajets quotidiens, week-ends), que sur mon bureau, dans mon salon, dans mon lit. Il voisine sans concurrence avec livres et journaux; avec lui j'ai eu envie d'acheter des livres, de retourner sur le web, de poursuivre des lectures ailleurs. C'est ce qui est le plus intéressant. Plutôt que de diaboliser, de présenter un monde manichéen numérique vs imprimé, c'est la complémentarité qui est extraordinaire.
Bon voilà, les livres électroniques vont lentement mais sûrement se diffuser. D'après Olivier aux Echos, nous serions seulement 3 a avoir souscrit l'offre abonnement-seul!, mais combien au total pour la fin de l'année?; ils tablent sur 1500/2000. Je vous le dis bien que tout va venir de la presse... Et quand je vois ma petite vidéo visionnée plus de 1100 fois en trois semaines, ça doit en exciter plus d'un!


L'Oiseau-Lire est envolé...

L'Oiseau-Lire, une petite librairie de livres d'occasion dans le quartier piétonnier de le gare à Tours. Un petit arrêt obligatoire pour ceux qui aiment les livres à Tours. Entre les grands pôles de la Boite à Livre et de la Fnac, la grande maison de la presse de la rue de Bordeaux, c'était un petit coin bien sympa pour dénicher des livres en laissant la part belle à l'aventure, au hasard... Un jeune libraire très sympatique au caractère bien trempé comme on les aime, un rayon de bandes-dessinées fourni, des beaux-livres bien choisis issus des soldeurs parisiens, un rayon sciences humaines et littérature copieux (il avait récemment racheté une partie du fonds des Editions L'Age d'Homme), bref un petit coin préservé dans un quartier où les fripes, la bouffe et les agences immobilières ont peu à peu envahi l'ensemble du paysage. Au début de l'année, nous avions parlé ensemble de la situation, de la part grandissante de l'internet qui représentait jusqu'à 40% selon les mois de son activité entre Ebay, Amazon et PriceMinister. Il me disait qu'il gardait la librairie pour cette part de rencontres, d'échanges qu'il aimait par dessus tout. Mais qu'il se posait beaucoup de questions avec un emplacement aux charges importantes pour finalement une rentabilité très difficile à maintenir. Et puis, voilà, fin de l'été, rideau, l'Oiseau-Lire envolé, le libraire a plié boutique, parti certainement dans un entrepôt en campagne, on le verra plus. J'ai même pas pu lui dire au revoir. Qui va savoir qui il est sur Amazon ou Ebay dans ce MarketPlace anonyme. On me dira, c'est la longue traîne, c'est inévitable... Ouais, bof, moi, je m'y fais pas et vous? Combien d'oiseaux-lire envolés? J'aimerais aurant que d'autres commerces partent dans les entrepôts, vous me direz, ils finiront peut-être par y partir tous...


Quels formats pour les livres électroniques ?

Intéressante suite sur le blog Feedbooks, Hadrien revient très justement avec une interrogation sur les formats les plus adaptés pour nos livres électroniques. Et c'est vrai que je le rejoins totalement dans son appréciation. Faire des livres électroniques une fonction supplémentaire de l'iphone (puisque c'est bien celui-là qui va rafler la mise il semblerait, vous pensez, déjà un million d'exemplaires en mois d'un mois!), cela contentera une clientèle de geeks en quête de performance, mais est-ce que cela contentera des vrais lecteurs? On aura beau l'enrouler, le déplier, bref le faire rentrer à toute force dans la boite, est-ce que c'est vraiment la bonne solution? Je suis très sceptique à ce sujet. Je me rappelle Sony Sony2 qu'il y a un an maintenant chez Tebaldo, nous étions plusieurs autour de plusieurs modèles disponibles sur des tables, et en tant que lecteurs, nous allions instinctivement vers des formats plus confortables, même s'ils ne rentraient pas dans nos poches!  D'ailleurs est-ce que les livres tiennent dans les poches? C'est aussi ce qui ressort de la prise en main du Sony dans cette présentation à voir absolument, aussi avec ces deux photos comparatives (celles de la pub, et la réalité), comme si on avait souhaité absolument "grandir" le Sonyreader, le faire paraitre plus grand qu'il n'est réellement, un peu trompeur ne trouvez-vous pas? Comme une 100_3590 contradiction qui ressort de ces photos. A ce sujet, je me demandais d'ailleurs si on avait envisagé de faire des livres de poches modernes plus petits. Je me suis souvenu de cette petite collection L'Ecole des Lettres, au Seuil, qui s'est arrêté au bout d'une trentaine de titres. Ce serait intéressant de savoir pourquoi la mayonnaise n'a pas pris à l'époque, caractères trop petits, formats des livres trop petits, collection jugée trop précieuse, trop élitiste, problème de présentation dans les librairies, prix de revient/prix de vente? Les très petits formats ont toujours été assimilés à Balladeur des livres précieux, des livres pour les sacs des dames. Livre-bijou avec une joli reliure en marroquin... Mais est-ce que c'est si agréable que cela à lire? D'autre part, je ne sais pas aussi si ce serait les servir aussi que de leurs intégrer à toute force du son, de la vidéo, franchement j'ai du mal à lire quand j'écoute de la musique, la télé et téléphone n'en parlons pas! Les livres électroniques doivent se concentrer essentiellement sur la lecture et seulement la lecture, ce n'est qu'à cette condition qu'ils trouveront leur public naturel. Encore que s'ils savaient me faire du bon café, je dirais pas non!


Plongez dans Londres

Londres Ah ! on remet le "Londres" en route.
Ça me fait un effet.

Puisqu'il n'y a pas grand chose à glaner dans cette rentrée littéraire du côté des ebooks (bien sûr!), le succès de l'été, l'Elégance du Hérisson à 19€ chez Mobipocket, sans façon, on attendra le poche, tant pis, j'ai déjà mon journal quotidien. Il y aura des temps meilleurs pour les livrels, n'en doutons pas. Avant de faire comme tout un chacun dans cette période, de m'en remettre à mon flair, aux critiques, aux hasards, aux "quand-dira-t'on" qui vont venir, je suis tout à la joie de me replonger dans Londres. Pas la ville, ça j'avais déja eu l'occasion de le faire avec l'excellent livre de Tarquin Hall, non, Londres, le grand Albert, vous savez, le phare de tous les journalistes un peu curieux et qui se sentent la fibre. Le revoilà dans un gros volume qui vient de ressortir chez Arléa comme on les aime, onze livres réunis, 900 pages pile-poil, souple, typo bien serré, façon Bouquins. La bête était déjà sortie il y a une quinzaine d'années, et avait disparu pour une sombre histoire de domaine public, de lois, d'années de guerre et d'ayants-droits chafouins... Les présentations d'Assouline et de Guillebaud sont excellentes, et hop c'est parti. Plongée au bagne, au pénitencier, chez les fous, en Chine, à Buenos-Aires, en Afrique (il y a du Tintin chez Londres! mais du Tintin sombre), cette plongée dans tous les endroits où ça déconne dans ces années 1920-30. A chaque fois la même méthode, le terrain, l'humain, chercher le moment où ça se fissure, les autorisations, les silences, les non-dits, puis au moment où ça s'ouvre à grosses vannes, le papier, tout écrire, tout dire et hop rotatives, les lecteurs attendent! Des scènes incroyables (celle de ce docteur qui collectionne les cerveaux dans des pots de chambre), il y a du génie chez Londres, de la liberté, la verve, de l'humour même quand on traite de la barbarie. "Je ne suis pas fou, du moins visiblement, mais j'ai désiré voir la vie des fous. Et l'administration française ne fut pas contente. Elle me dit: "Loi de 38, secret professionnel, vous ne verrez pas la vie des fous." Je suis allé trouver des ministres, les ministres n'ont pas voulu m'aider. Cependant, l'un d'eux eut une idée: "je ferais quelque chose pour vous, si vous faites quelque chose pour moi: soumettez vos articles à la censure." Je cours encore. Tout Londres est la-dedans, on aimerait que Google, Yahoo et MSN aient le même discours en Chine! Justement des types comme Londres pour en savoir un peu plus, sur les endroits où ça déconne en 2007, et dieu sait si il y en a, on pourrait reprendre la liste comme le fait Assouline... On imagine Londres aux Jeux Olympiques, en Corée, au Darfour, en Colombie, à la Nouvelle-Orléans, parmi les sans-papiers, j'en passe... Et vous savez pas, Arléa prépare déjà le deuxième volume, Cables et Reportages, un autre gros pépère...


Merci François Bon

Readingwheel C'est François Bon sur Tiers Livre qui m'avait remis la puce à l'oreille sur l'un de ses articles, où il évoquait le Livre de Sable de Borgès. Bon sang, oui, c'est cela, un lointain écho. J'avais lu cette nouvelle, il y a bien longtemps. Ce petit livre dans la collection Du Monde Entier chez Gallimard qui trainait quelque part, bon sang, pas moyen de remettre la main dessus. Et puis, miracle, à force d'effort, j'ai fini par le retrouver! Si la bibliothèque de Babel imaginait un nombre infini de livres, le livre de sable, lui, évoquait un volume au nombre infini de pages. Cette nouvelle a plus de trente ans, c'est le moment où Alan Kay commençait ces travaux sur l'encre électronique! Les grains de sable comme des goutelettes d'encre minuscules, volatiles, qui s'assemblent et s'évaporent, pour se réassembler à nouveau (le courant électrique faisant office de zéphyr). C'est très troublant de relire cette nouvelle, qui est tout à fait prophétique de l'encre électronique. Prisonnier du livre qui finit par lui devenir monstrueux, le narrateur se rappelle avoir lu quelque part que le meilleur endroit où cacher une feuille c'est une fôret. Il profite de l'inattention des employés pour l'abandonner sur un rayonnage de la Albin_03_2 Albin_02_2 Bibliothèque nationale. Est-ce le destin des tablettes en papier électronique? Relisez absolument cette petite nouvelle lumineuse.
Le même François Bon qui a eu l'heureuse idée de photographier les bureaux des Editions Albin Michel. Incroyable de retrouver au hasard sur son blog, ma propre fenêtre qui donnait sur les toits, il y a vingt ans... Et puis le bureau de Dominique, à l'étage au-dessous, Dominique Camus avec qui nous avons partagé tant de bons moments sur tant de livres illustrés, Dominique qui se révait quelque part en gardienne de phares, emportée par une terrible maladie, il y a dix ans cet été. Pour tout cela, merci à vous, Monsieur Bon...


Les futurs des bibliothèques...

A signaler un intéressant article dans Télérama cette semaine où Jean-Yves Mollier, dont le livre "Où va le livre?" ressort dans une nouvelle édition en septembre (à suivre), revient sur l'essor futur des bibliothèques. Pour lutter contre les pessimismes ambiants! Il nous raconte comment les bibliothécaires résistent au "désherbage" des feuilles, tous ces volumes populaires que l'on sacrifiait et qui réapparaissent peu à peu. Il revient aussi sur les futurs possible du livre, je cite:

"Ne sommes-nous pas à l’orée d’un cycle irréversible: le texte s’échappe du livre et le livre s’échappe de la bibliothèque? Dans un siècle, y aura-t-il encore des livres?
Un siècle, c’est la bonne échéance pour cette question. Dans dix ou vingt ans, le livre existera évidemment encore. L’imprimé avait fait reculer le manuscrit et l’écran plat fera reculer le livre sur papier. Mais rien ne nous dit que le support du livre sera l’écran plat. La technique va tellement vite que de nouveaux supports peuvent apparaître. Si l’on est capable de commercialiser à prix très bas un codex qui contiendra, avec le principe du téléchargement, toutes les bibliothèques du monde, alors on aura des livres dans sa bibliothèque, et ce codex avec une autre bibliothèque. Il faut accueillir tout cela avec beaucoup d’optimisme. La question du support reste toutefois primordiale. Roger Chartier a bien montré qu’on ne lit jamais deux fois le même livre sur deux supports différents. Une fable de La Fontaine n’est pas la même selon qu’on la lit dans une édition de petit ou grand format, illustrée ou pas, même si le texte est respecté à la virgule près. Au-delà de tout cela, les ingénieurs du MIT ont eu cette réponse assez étonnante. Quand on leur a demandé: que pensez-vous du livre, du codex? Ils ont répondu que si on l’inventait aujourd’hui, ce serait l’invention la plus géniale. Ce livre que l’on peut feuilleter dans tous les sens, lire partout et dans toutes les positions, offre des avantages qu’on aura du mal à lui disputer. Et beaucoup plus de gens qu’on ne pense lisent. L’enquête du Crédoc a montré que le taux de forts lecteurs – plus de 25 livres par an – est en hausse par rapport à ce qu’il était il y a dix ans."
Un codex unique qui contiendrait tous les livres... Borgès et son livre de sable...


Des livres électroniques, de la librairie, de Diderot...

Editis01 Intéressant débat qu'a amorcé Hadrien sur la version française du blog de Feedbooks (bravo pour l'initiative). A partir de la vidéo mise en ligne par Editis sur les usages du livre électronique dans un futur proche, il revient point par point sur ce qui est déjà possible, probable ou de l'univers de la fiction... Si je rejoins son analyse sur ce modèle à deux écrans qui imite le livre traditionnel et qui n'a strictement aucune utilité, cela les fabricants l'ont bien compris (pourquoi pas faire une première et une quatrième, ou même plus, IOI!), en revanche je ne suis pas trop d'accord avec son interprétation sur le rôle du libraire. Je ne reviendrais pas sur le rôle de conseil, évident, mais c'était aussi le cas des disquaires, il y a quelques années. Non, c'est ailleurs. Tout d'abord, et le film ne le montre pas, la librairie n'est pas une seule pochothèque avec des couvertures en facing et c'est tant mieux, on trouve dans les librairies quantité de livres qui ne sont pas "digérables" facilement sur livres électroniques (excusez-moi ce mot, mais il veut bien dire la chose) et c'est tant mieux... Le livre d'art en fin de vidéo en est un très bon exemple. Et si le couple avaient des enfants, je pense aussi qu'ils trouveraient difficilement de quoi alimenter le livre électronique... D'autre part, c'est bien joli de vouloir cantonner le libraire dans un rôle d'hyper-spécialisation de niches, sempiternel refrain de ceux qui veulent du bien à nos chers libraires... Ce serait oublier qu'il y a des critères économiques incontournables à la rentabilité de la librairie (et cela Diderot le disait déjà à son époque, 1763, ce n'est pas d'hier, "Un fonds de librairie est donc la possession d'un nombre plus ou moins considérable de livres propres à différents états de la société, et assorti de manière que la vente sûre mais lente des uns, compensée avec avantage par la vente aussi sûre mais plus rapide des autres, favorise l'accroissement de la première possession. Lorsqu'un fonds ne remplit pas toutes les conditions, il est ruineux". Ah, si Diderot s'était penché sur le phénomène de la longue traîne, il aurait remis un certain nombre de choses au point...
Tout cela pour dire que je ne vois pas pourquoi les libraires se priveraient de fait, de la vente facile d'un certain nombre d'ouvrages en téléchargement sur livres électroniques comme on le montre sur la vidéo, c'est bien non? Cela en arrangerait quelques-uns et des très gros qu'ils n'y viennent pas, mais c'est pour moi une évidence que les libraires doivent aller dans ce sens. Cela vient faire échos d'ailleurs à la récente intervention brillantissime de John MacNamee (Président de la Fédération Européenne des libraires) lors du dernier colloque Alire/ Dilicom «Les libraires doivent démontrer aux éditeurs qu’ils sont capables de répondre à la demande quel que soit le support: papier ou numérique». Et vous? vous en pensez quoi en tant que lecteurs? Débat à suivre...


L'enfant de Gutenberg

Livrepoche Je relisais cet été un petit livre de poche trouvé chez un bouquiniste (Ebay et Amazon ne les a pas encore tous fermés!) qui s'intitule "L'aventure du Livre de Poche" avec comme sous-titre, L'enfant de Gutenberg et du XXème siècle! Ce petit livre date de 1983, intéressant de faire un come-back 25 ans en arrière. Publié à l'occasion du 30ème anniversaire de la collection, il canonise en quelque sorte le phénomène, Giono dans une lettre en exergue qui date de 1958 "J'estime aujourd'hui que Le Livre de Poche est le plus puissant instrument de culture de la civilisation moderne". Ce livre, il doit s'agir au départ d'un rapport de stage qui a été enrichi, je pense, car c'est un voyage au coeur de la maison. C'est truffé d'anecdotes, cela sent délicieusement la réclame, on commençait tout juste à l'époque à entendre parler de marketing, mais c'est diablement intéressant. Tout est abordé, choix des titres, fabrication, diffusion, distribution, contacts avec les libraires. On croise les grands patrons d'aujourd'hui, Bernard Fixot, Jean-Claude Lattès pour qui le Livre de Poche a été dans sa jeunesse "le 45 tours de l'édition". En fin d'ouvrage, des choses intéressantes qui raisonnent particulièrement à nos oreilles avec ces annonces de nouvelles générations de livres électroniques. D'abord, il revient sur les réticences qui ont accompagné son démarrage, on lit dans le Mercure de France "ce qui nous est proposé, dit-il pour quelques francs aux éventaires des kiosques et des librairies, ce sont les oeuvres mêmes des grands noms de la haute culture, tout comme les grands magasins de la 6ème Avenue offrent aux petites bourgeoises américaines, reproduits en grande série, les modèles signés de la haute couture parisienne". Le journaliste se dresse contre cette culture "prétendument populaire". "La force du livre de poche, ajoute-t'il, revient à nous persuader que les oeuvres nous sont immédiatement données, que nous pouvons en disposer sans effort et les posséder sans avoir à y mettre le prix". Des échos du côté de Gutenberg et autres Wikisource, non? Même l'éditeur Jérôme Lindon, en mai 1972, dénonçait dans le Figaro l'action des livres de poche, accusés de nuire gravement aux auteurs, éditeurs et libraires en diminuant leurs revenus sans accroître le nombre des nouveaux titres imprimés ni celui des lecteurs. Comme on dit, que d'eaux ont coulés sous les ponts!!
Pour conclure, je prendrais les propos d'un article de Frédéric Ditis en 1976 dans la N.E.F, qui s'inscrit en faux contre ces accusations et porte le débat sur un autre plan: "Dès le départ, dit-il, le problème du livre de poche a été mal posé. Jusqu'ici ses critiques comme ses laudateurs ne se sont intéressés qu'à son contenu sans s'interroger sur sa nature. En réalité, tout ce qui singularise le livre de poche démontre que l'on ne se trouve pas en face d'une variante des collections populaires mais d'un nouveau média... Une combinaison inédite des composants prix/contenu/emballage lui a donné l'impact suffisant pour faire sauter les barrières qui, jusque-là, avaient confiné le livre dans le domaine clos réservé à l'élite."
A méditer pour les prochains critiques et laudateurs des livres électroniques à venir, n'est-ce-pas?


Pauvert dans le monde des livres

Pauvert Quelle belle idée d'être aller retrouver Jean-Jacques Pauvert dans sa garrigue du côté de Saint-Trop! (il n'y a pas que des "people" heureusement). C'est dans le Monde des Livres, ici. C'est aussi le voyage qu'a entrepris en début d'année mon ami Olivier Bessard-Banquy qui prépare un livre sur l'édition contemporaine. Faire parler l'animal, il en a tellement vu... Pauvert, un mythe finalement, mais bien vivant, vous le lirez, et aussi tous ces livres comme des phares dans toutes les bibliothèques de l'honnête homme (et du moins honnête, il faut bien le dire!). Sade,Livre1 Melmoth, Darien, Vian, Bataille, le con d'Iréne, Histoire d'O, la petite collection Libertés en papier kraft, tout Crevel en collection blanche, les livres de Siné, les revues surréalistes, des anthologies érotiques, un vrai déballage digne de l'Almanach Vermot! Il est là, entouré de livres, un ordinateur, il a l'air poussif, l'ordinateur bien sûr (je sais pas si il a le haut débit dans sa garrigue!), il travaille à la suite de ses mémoires (l'après-68). Le premier tome "La Traversée du livre" était paru en 2004 chez Viviane Hamy, (vous lirez son embauche par Gaston Gallimard!) il faut lire ça quand on s'intéresse aux livres. J'étais aller le voir présenter son livre à la grande librairie des Puf devant la Sorbonne (vous savez ce grand espace de fripes au coin de la place de la Sorbonne et du boulevard Saint-Michel, ah misère...). Et il prépare aussi une notice sur l'érotisme pour l'Universalis (et oui, ça existe encore!) pour remplacer celle d'Etiemble qu'il juge "désastreuse", on en a l'eau à la bouche d'avance! Il faudrait lui demander ce qu'il pense de Wikipédia et des textes Wikisource à Pauvert, lui qui s'est attaqué à republier toute l'oeuvre du divin Marquis, vingt ans de boulot, des éditions de référence et les procès qui vont avec. Publier Sade sous le grand Charles, d'autres temps... Bon, donc, le père Pauvert, qui a l'air plus vert que jamais et aussi responsable de cette délicieuse collection Lectures amoureuses à la Musardine que je vous conseille par la même occasion. Ah, lire toute la collection sur livrel, à lire d'une seule main ou posé sur le ventre, le dos de la jolie Justine... Tout ça pour faire bonne mesure, merci à vous Monsieur Pauvert!


Et la Chanson de la Bohémienne !

Moinelewis Comme je vous l'avais dit la semaine dernière, j'étais tout à la joie d'avoir trouvé Le Moine de Lewis, ce roman fantastique étonnant. A la fois sur le site des Equarisseurs (dixit LeBoucher) mais aussi sur Feedbooks avec la possibilité de l'adapter pour l'Iliad. Donc petit cheminement sur Feedbooks, c'est pas compliqué, on suit les instructions. On crée son livre à la carte, d'après la source Wikisource, Gutenberg ou autre, on le met en forme, on valide les chapitres les uns après les autres avec application, et hop, après une dernière certification des responsables du site, il est en ligne "pour le monde entier", avec même les couvertures. On devient éditeur en quelque sorte, tout le monde devient éditeur à ses heures perdues, pour le bien de l'humanité! (voire...). Bon, très bien, je commence ma lecture, premier chapitre, deuxième chapitre, puis comme un doute, bon sang, ce texte, je le connais bien, mais où est donc passé "La chanson de la bohémienne". Je rapplique fissa sur mon édition Corti, c'est au premier chapitre page 48, plus aucune trace dans la version Feedbooks! Je vérifie plus en détail ce texte, la fin du premier chapitre a disparue, huit lignes ont sautées, et aucun moyen de s'en rendre compte autrement qu'en comparant les deux versions! Quand vous achetez un livre d'occasion et que vous avez deux pages arrachées, vous vous en rendez compte, mais là, impossible! Deuxième chapitre, manquent deux pages complètes, un passage important aussi avec "l'inscription d'un ermitage". Bref, je vais pas plus loin, je vais pas passer mon temps à chasser les lignes, les paragraphes, les pages qui manquent, c'est proprement catastrophique. Au bout de deux chapitres de lecture! Certains me diront, qu'est-ce que quelques pages manquantes par rapport à la quantité de savoir disponible? Moi, je n'ai pas confiance dans tout ça et je ne vais pas être le seul, je pense, quand on consacre des heures à de la lecture, on est en droit d'exiger des textes corrects. Toutes ces sources Wiki et autres ne valent pas grand chose, des ersatz de livres... Et Gutenberg, otage malgré lui de tout ce désastre... Tout ça risque même de dégouter d'acquérir ces formidables outils que sont les livres électroniques... J'ai un petit peu honte d'avoir "éditer" sur Feedbooks Le Moine de Lewis dans une version tronquée qui va se diffuser sur internet. Je relisais hier un article sur la chasse aux caviardages en tout genre sur Wikipédia avec le traquage des adresses IP. Je me demande si on va pas finir par accuser Penguin, Gallimard et Corti de caviarder les sources Wiki !!!!
Cette fameuse chanson de la bohémienne, elle est bien chez nos amis Bouchers, je vous la livre en terme de conclusion à tout ça, elle donne une saveur particulière à l'aventure...
CHANSON DE LA BOHÉMIENNE
Venez, donnez-moi la main! Mon art surpasse tout ce que jamais
mortel a connu. Venez, jeunes filles, venez! Mes miroirs magiques
peuvent vous montrer les traits de votre futur mari.
Car c’est à moi qu’est donné le pouvoir d’ouvrir le livre du destin,
de lire les arrêts du ciel et de plonger dans l’avenir.
Je guide le char d’argent de la lune pâle; je retiens les vents dans
des liens magiques; j’endors par mes charmes, le dragon rouge, qui
aime à veiller sur l’or enfoui.
Protégée par mes sortilèges, je m’aventure impunément aux lieux
où les sorcières tiennent leur sabbat étrange; j’entre sans crainte dans
le cercle du magicien, et je marche sans blessure sur les serpents
endormis.
Tenez! voici des enchantements d’une merveilleuse puissance!
Celui-ci garantit la foi du mari; et celui-ci, composé à l’heure de
minuit, forcera le plus froid jeune homme à aimer. S’il est une jeune
fille qui ait trop accordé, ce philtre réparera sa perte. Celui-ci fleurit
la joue où le rouge manque; et celui-ci rendra blanc le teint de la
brune.
Écoutez donc en silence, tandis que je dévoile ce que je vois dans le
miroir de la fortune; et chacune, quand bien des années auront passé,
reconnaîtra la vérité des prédictions de la bohémienne.


Du goût, du boeuf, avec Le Boucher

Logo_gris Au hasard de mes pérégrinations sur le web pour trouver des livres pour mon Iliad, je suis tombé par hasard sur Les Editions du Boucher. Cela m'a fait inévitablement penser à Losfeld ou Pauvert, je sais plus, qui avaient l'intention de publier leurs pamphlets sur papier boucherie à l'attention du Général de Gaulle! Bonne idée de reprendre ce nom et avec une adresse internet pareille, leboucher.com, pour les amoureux du livre, tout un programme. Un catalogue bien fourni avec des titres que l'on a du mal à trouver dans les catalogues d'éditeurs, Jean Lorrain, La Mettrie, Fougeret de Monbron, etc. Et puis, divine surprise, Le Moine de Lewis, ce roman extraordinaire tant vanté par Antonin Artaud en son temps et republié à l'identique de la version originale chez Corti il y a une cinquantaine d'année, vous savez ces livres de chez 100_3553 100_3554 Corti, à l'ancienne, qu'il faut prendre la peine de couper avant de les lire. Et pas avec un couteau de boucher, s'il vous plait, avec un bon coupe-papier qui déchire les fibres de manière idéale, tout un art... bien éloigné du numérique tout ça... bref, je disgresse, mais quelle joie de retrouver ce texte en numérique pour m'y replonger. Chez Corti, toujours disponible, c'est ici, dans la collection "Les Massicotés"! finis malheureusement ces livres à couper! Bon, revenons à nos moutons, c'est le cas de le dire, nos bouchers de service, une petite équipe de cinq amoureux des livres, basés dans le 13ème arondissement de Paris, certainement pas très loin de la Butte aux Cailles (peut-être qu'ils préparent la viande pour le Temps des Cerises!), bref, nos équarissseurs font un bien beau boulot. ce que l'on trouve de mieux dans le tout numérique, c'est clair. Choix des typos, collophons, lettrines, appels de notes bien faits, titres courants et folios en couleur soignée! bref c'est du grand art. Tout ça en téléchargement gratuit, avec des indications de durées d'impression! car il vous vient une furieuse envie de les trouver sur du beau papier, ils sont tellement bien faits. On cherche d'ailleurs partout si ils sont disponibles dans les bonnes librairies, malheureusement non. Sur l'Iliad, ça passe bien, un peu petit, mais la mise en page est tellement agréable que l'on oublie vite. Je mets en tête de mes sites favoris de téléchargements, il faut qu'ils s'attellent (à cheval, boucherie chevaline) à mettre ça sur les livres électroniques. Surtout que les compères de Bookeen sont à deux pas. Décidément, il s'en passe des choses dans ce 13ème arrondissement, à l'ombre de la Très Grande Bibliothèque. Je vous conseille ces éditions, parlez-en autour de vous, tout est bon dans le cochon...


Babelio, c'est parti

Logo J'avais eu l'occasion d'échanger lors de la dernière Bouquinosphère avec les créateurs, un nouvel espace de partages de bibliothèques sur le modèle de Librarything. Ils viennent d'ouvrir Babelio. C'est plutôt bien fait, intuitif, convivial. J'ai rapidement rentré une petite centaine de livres. Bref, longue vie à Babelio, au plaisir de les revoir lors de la prochaine Bouquinosphère, fin septembre.


Des livres pour voyager...

Salaam Et pourquoi je conseillerais pas mes propres lectures hors numérique, n'est-ce pas? Pour cet été quelques livres que j'ai eu le plaisir de lire en version papier, pas grand chose encore à se mettre sous la dent sur le livrel (je vais d'ailleurs tester du côté de Mobipocket, j'ai divers sons de cloches assez contrastés, des utilisateurs peu convaincus, le ralliement de Bookeen avec Mobipocket, Amazon qui envahie tout...) J'ai relu trop de classiques depuis plusieurs mois avec le livre électronique et les mises en ligne sur Abicia et je voulais absolument reprendre des écrivains contemporains. Trois découvertes, un anglais et deux français. D'abord un livre formidable dans la cultissime collection "Etonnants voyageurs" dirigée par Michel Le Bris chez Hoebeke, une quinzaine de titres parus tous aussi bons les uns que les autres avec des auteurs comme Nicolas Bouvier, Pete McCarthy, Wilfred Thesiger... Bref, la dernière parution en mars dernier, Salaam London de Tarquin Hall est un cru de haute lignée. Comment Img_eb1190fe90945cb57eace8a9bd926de Crbst_import0 un journaliste anglais parti depuis dix ans dans des contrées exotiques rentre dans un Londres qu'il ne reconnait plus et se retrouve dans le quartier de Brick Lane envahi par des peuplades du monde entier. Reportage, humour, humanité, près de 400 pages que l'on dévore littérallement. Notre auteur tient d'ailleurs un blog et un site. Deux auteurs français qui ne font pas les gros titres, loin de là, mais qui méritent le détour. Lionel-Edouard Martin, que j'avais eu le plaisir de découvrir avec Deuil à Chailly chez Arléa et que j'ai retrouvé avec Corps de Pierre chez Ecriture. Un récit poétique au coeur de la mémoire des paysages parcourus du Brésil à Paris, en passant par la Guyane, la Martinique et Haïti. Arléa annonce un nouveau titre pour cette rentrée, j'attends avec impatience. Enfin  Romanesque 2.0 de Olivier Las Vergnas paru au printemps dernier chez un jeune éditeur Le Passager clandestin. Voyage au coeur de la création littéraire celui-là (logiciel d'écriture automatique), un polar haletant et bien mené dans un contexte électoral dans la banlieue parisienne. Nous avons d'ailleurs le plaisir d'accueillir cet éditeur sur notre site Abicia. Tout ça, à lire sans modération...


Le livre à l'heure du numérique

Scancahiersnumerique A l'heure où l'on sent bien que quelque chose est en train de se passer (c'est bien ce qui ressort notamment du congrès Alire-Dilicom, son grand mérite), je ne saurais trop conseiller la lecture de ce numéro 5 des Cahiers de la Librairie, édité par le SLF. Numéro qui est sorti il y a quelques mois maintenant, mais qui, je le pense fera date. Coordonné par Christian Thorel (Librairie Ombres Blanches à Toulouse), une excellente compilation d'articles écrits par des observateurs pertinents de la profession dans son ensemble. Auteurs, éditeurs, libraires, journalistes professionnels apportent un éclairage tout à fait judicieux sur les enjeux pour l'ensemble de la chaîne du livre. Manque le point de vue d'un imprimeur qui aurait pu éclairer où en est la réflexion sur le livre imprimé on-demand... Plus que faire un compte-rendu de l'ensemble sur un seul post, je préfère revenir sur chaque article dans les jours qui vont venir, l'avantage du blog sur la copie du journaliste, n'est-ce pas?


Mon libraire, c'est au Temps qu'il fait

Libraire Quel merveilleux livre qui vient de sortir au Temps qu'il fait. D'abord le choix de cette couverture mythique avec Gérard Philipe que j'avais aperçu dans l'histoire de l'Edition française depuis 1945 (p.605). Je n'ai pas pu m'empécher de retrouver la page en question et la description de la campagne, qu'en fait Pascal Fouché, je cite: "Dès novembre 1949, le Cercle de la Librairie et le Syndicat national des Editeurs lancent une campagne de publicité intitulée [Campagne de propagande collective en faveur du livre], soutenue par la Chambre syndicale des Libraires de France, pour promouvoir la lecture... Avec pour slogans chez les libraires "Un homme qui lit en vaut deux", "Lisez ce que vous ne pouvez vivre"; dans les bureaux de poste "Avec mes voeux, j'envoie un livre"; une pour les hôtels "Jamais seule avec un livre"; une aux boulangeries "Après le pain, le livre"; une aux agences de voyages et aux Philippe bibliothèques de gares "Bon voyage avec un livre"; une pour les écoles primaires "Amuse-toi aussi en lisant", et la dernière à l'enseignement secondaire et aux universités, "Pas de vraie culture sans lecture"... Un an plus tard, l'expérience est reconduite et on y ajoute une affiche, celle, célèbre, montrant Gérard Philipe et intitulée "Dévorez des livres". Convaincu par le publicitaire Henri Sjöberg, Gérard Philippe se rend au studio où, devant l'objectif de Lucien Lorelle, il cesse de jouer, entre dans la peau de son personnage et se met à dévorer le livre à pleines dents. L'affiche très présente en librairie, se retrouvera également dans le métro et sur tous les murs", ça c'est du bon marketing avant l'heure! Quel judicieux choix que cette couverture donc pour ce livre à entrées multiples (80 au total) qui vont de Amitié à Volatilité, en passant par Avenir, Bouquiniste, Chaînes, Colportage, Dépôts, Internet, Manga, Office, Retours, Rêverie et j'en passe... L'auteur, Patrick Cloux a été libraire pendant vingt ans, auteurs de nombreux livres, il est actuellement représentant pour les Editions Actes-Sud dans la région Rhône-Alpes. Remarques judicieuses sur le métier, humour, poésie, on se lasse pas de le suivre... Il vous donne carrément l'envie de pousser les portes des librairies, c'est bigrement contagieux son affaire. Un vrai livre  de service public, que l'on devrait diffuser partout. Allez, plus que de longs discours, je vous renvoie sur ma carte Abicia, tous les libraires l'ont forcément en bonne place, et pour longtemps j'espère, courez-y vite.


Ebooks libres et gratuits sur l'Iliad

Siteon217 Continuons ce petit banc d'essai sur les sites qui proposent des livres gratuits. C'est Ebooks libres et gratuits qui répertorient 1361 titres disponibles en langue française. L'originalité tient au fait qu'ils sont entièrement francophones et qu'ils ne reprennent pas la base Gutenberg (ou du moins pas telle quelle) mais qu'ils jouent sur les bonnes volontés d'un réseau de personnes qui scannent, lisent, corrigent. Un Wikipédia en version réduite, en somme. Comment s'assurent-ils de la qualité du travail réalisé? C'est une question qu'on se pose. Basé 100_3265 100_3266 100_3267 au Canada, je pense (le pays le plus permissif en la matière, il fait pas bon être petit-fils d'écrivain au Canada!), ils jouent aussi sur le capharnaum, il faut bien le dire, qui existe dans le domaine des livres libres de droits en prévenant le lecteur (qui s'empresse d'obéir, bien sûr). Une explication très complète est ici. Bref, vive le Québec libre!
Beaucoup de livres donc (avec plusieurs formats différents dont le PDF pour l'Iliad, qui me semble le plus adapté) et un réel effort de mise en page, c'est très bien. Blancs généreux (peut-être un peu trop d'ailleurs), folios, typographie soignée (même si c'est pas la meilleure selon moi), caractère un peu petit pour l'Iliad. Bref, pas mal du tout. Reste le problème de la location du serveur canadien (non libre de droits), appel aux généreux lecteurs...


Paulo Coelho ouvre ses pages

Witch_fr_2 Dans le même ordre d'idée, Paulo Coelho ouvre les pages de son dernier livre, La Sorcière de Portobello, sur son blog. Pas moins de onze chapitres (excusez du peu!) se sont succédés avant la parution du livre début mai aux Editions Flammarion. J'ai importé rapidement le texte sur l'Iliad à partir du blog. Pas de fichier PDF, mais du texte brut. Vous verrez le résultat. A noter que sans l'autorisation de l'auteur et de l'éditeur, je ne me suis permis aucune mise en page particulière qui aurait amélioré le confort de lecture. Du texte brut, petit caractère, au fer à gauche. Un peu comme les jeux d'épreuves qui circulent dans les services de presse des maisons d'éditions à l'attention des critiques et des journalistes. Le lecteur lambda s'invite parmi eux, en quelque sorte (quand la France d'en-bas 100_3270_2 100_3271_2100_3268_3 100_3269_2 s'invitent dans les arcanes de l'édition, pour reprendre une expression chère à M.Billaut!). Est-ce qu'on ira jusqu'à les inviter à d'autres tables germanopratines, Drouant et autres... Avec un verdict du public à la Star-Ac en fin de repas! A noter aussi sur le site de l'auteur, pas mal de pages disponibles dans plusieurs langues, quelques fichiers en PDF pour l'Iliad en portugais seulement. Bravo à Paulo pour ses initiatives personnelles, un vrai plus pour son public, c'est clair.