Christian Thorel: quel avenir pour la librairie?

Thorel Christian Thorel, directeur de la Librairie Ombres Blanches à Toulouse et nouveau président de 1001 libraires, redéfini le contour de ce portail face à Amazon et l'avenir de la librairie indépendante:

"1001libraires permet la géolocalisation des livres. Je peux savoir dans l'instant où je dois aller pour trouver le livre que je cherche au plus près de chez moi. Trois cent cinquante libraires sont actuellement géolocalisés et nous souhaitons passer à près de 600 au début 2012. Une fois le livre localisé, le portail permet de le réserver en ligne, et nous sommes quatre ou cinq à assurer également l'expédition. Le portail héberge par ailleurs les sites internet de chacune des librairies adhérentes. Il donne enfin accès à toutes les versions numériques des livres déjà édités sur papier.

Est-ce suffisant pour contrer un site comme Amazon?

Amazon a mis le monde du livre en coupe réglée. Nous n'avons plus aucun moyen de lutter contre sa situation monopolistique sur internet. Seuls les lecteurs peuvent s'y opposer en prenant conscience du danger qu'il y a à confier le commerce du livre à un seul libraire. Si on souhaite une ville avec uniquement des fast-foods et des marchands de vêtements franchisés, il faut continuer à acheter sur Amazon. Mais je pense que les librairies ont encore une place au cœur de nos villes pour peu que les lecteurs réagissent.

Vous êtes pessimiste face à l'avenir?

Parlons chiffres, une librairie comme Ombres blanches tourne autour de 1% à 2% de progression depuis trois ans. Les affaires ne prospèrent pas, elles se maintiennent dans un marché compliqué. Face à l'avenir, nous avons une vision à trois ans et nous pouvons distinguer de vagues contours à cinq ans. Au-delà on ne sait pas."

(via La Dépêche).


Potati : un navigateur web pour les enfants

Potati Formidable idée pour les parents de bambins entre 3 et 12 ans! Cela s'appelle Potati, un navigateur web spécialement conçu pour les enfants. Un Firefox pour les petits! Pourquoi n'y a t'on pas pensé plus tôt? Plus besoin de filtrer, le navigateur est naturellement étanche à ce qui n'est pas très bon pour vos enfants. Déjà plus de 2000 sites qui ont été soigneusement contrôlés et référencés. Tous les détails sur le BillautShow.


Steve Jobs est décédé

Apple-jobs-blackSix semaines seulement après son retrait de la direction d'Apple, Steve Jobs est décédé hier à l'âge de 56 ans d'un cancer du pancréas, une maladie contre laquelle il luttait depuis plusieurs années. Le site d'Apple affiche ce matin un portrait annonçant la nouvelle. Steve Jobs, c'est plus de trente années qui ont révolutionné l'informatique personnelle et aussi plus particulièrement la publication au sens large. Merci Monsieur Jobs.

PS: André Breton vient de réagir sur twitter...


Vook rentre dans le rang ebook

Vook Est-ce qu'il y a un marché réellement pour les livres "enrichis" de vidéos? C'est la question que pose Teleread à la réception du mail de Vook annonçant l'arrêt de son activité d'éditeur de contenus. Vook, vous vous rappelez sans doute le raccourci de vidéo-book, un projet américain qui s'était donné les moyens financiers et des partenariats avec les éditeurs, avec une année 2009 "explosive". A l'arrivée, les résultats des ventes ne sont pas là, les conditions d'Apple sont peut-être aussi passées par là, Vook se repositionne en plateforme de contenus, une activité dans laquelle ils vont sans doute tirer leur épingle du jeu avec l'expérience acquise!


Kindle : 25000 le premier jour

Amazon-fire-touch-kindle-family 25000 Kindle vendus sur la première journée, c'est plus de trois fois moins que le Kindle Fire, mais c'est aussi des consommateurs qui achèteront sans nul doute trois fois plus de livres, si ce n'est plus. Amazon gagnant sur toute la ligne. 25000, c'est peut-être plus que ce que la Fnac aura vendu de son propre modèle en un an. Du souci à se faire chez Bompard (via eReader-info).


Bibliothèques: le Québec en avance

Arto «L’arrivée du numérique a beaucoup d’impacts, surtout sur l’espace», note Hélène Roussel, directrice de la diffusion à Bibliothèque et Archives nationales Québec (BAnQ). Cette institution propose dorénavant une collection numérique comptant plus de 50 000 ouvrages numériques pouvant être empruntés par le biais de son site web.

Il suffit d’être résident du Québec pour y accéder, puis télécharger les livres disponibles dans leur format numérique. Le nombre d’emprunts simultanés est limité.

«Ils ont une chronologie dégradable. Après la durée de l’emprunt, le livre disparaît du support de l’usager qui l’a emprunté», explique-t-elle.

Dans les bibliothèques, plus d’espace est désormais dédié aux ordinateurs, aux lieux de lecture et de travail.

«On revoit la configuration des bibliothèques», renchérit Guylaine Beaudry, directrice de la bibliothèque de l’Université Concordia, qui s’est procuré 25 tablettes de lecture dans le cadre d’un projet pilote (via le site de la CdC).


Iznéo : la bande dessinée numérique se cherche

Habert A lire l'interview de Régis Habert, Directeur de Iznéo, sur le site Le Comptoir de la BD. Permet d'en savoir plus sur la stratégie de ce portail qui a su mutualiser des éditeurs, la bande-dessinée francophone ayant bien des atouts face aux géants américains:

"Il est couramment accepté sur le marché que les trois paramètres essentiels pour le développement de la lecture numérique sont: une offre large et profonde (exhaustive ?), un accès simple et facile à cette offre pour le lecteur et enfin des prix abordables pour ce type de service. Concernant la profondeur de l’offre, Izneo regroupe aujourd’hui une bonne partie des éditeurs de BD franco-belges (et de manga). L’offre s’enrichit tous les mois aussi bien de titres du fonds que de nouveautés. Certains éditeurs n’en sont encore qu’aux balbutiements de la mise en ligne de leur catalogue. De leur côté, tous les auteurs ne sont pas encore convaincus par le numérique. Il reste encore beaucoup à faire pour arriver à une offre exhaustive."

"On constate que, pour une BD papier du fonds qui coûte entre 10 et 12 euros en boutique, son équivalent numérique va être proposé autour de 4,99€ l’exemplaire (pour un accès permanent). Soit une «remise» de 50 à 70% par rapport à la version papier. Pour la nouveauté, la situation est un peu différente et les éditeurs choisissent souvent de la proposer un peu plus cher (6,99 à 8,99€) pendant une période de démarrage de 12 semaines, puis de baisser son prix pour se rapprocher des prix du fonds. L’expérience acquise par Izneo sur Izneo.com permet de rajouter aujourd’hui un quatrième critère: l’outil de lecture."

"En effet, Izneo a constaté que près de 80% de ses ventes sont effectuées par des lecteurs qui possèdent une tablette graphique (un iPad pour le moment). Il semble bien que la tablette graphique soit l’outil «idéal» qui procure la meilleure expérience de lecture pour la BD numérique. Un des obstacles principaux au développement de la lecture de BD numérique réside dans l’étroitesse de l’offre en matière de tablettes graphiques sur le marché. Izneo attend ainsi avec impatience le développement du marché des tablettes sous système Androïd dont l’explosion est prévue maintenant depuis la fin de l’année dernière! La démocratisation de la lecture de BD numérique passe sûrement par une offre de tablettes moins chères que l’iPad d’Apple."

"Nous restons persuadés que les paramètres permettant de voir le marché décoller seront en place très rapidement. A savoir:

  • Une offre de tablettes graphiques couleur de taille raisonnable (9-10 pouces) à des prix compétitifs;
  • Un réseau d’e-libraires capables de proposer l’offre à leurs lecteurs (depuis Amazon jusqu’au libraire spécialisé BD)
  • Pour ce qui est de la profondeur du catalogue et des niveaux de prix pratiqués, nous nous sommes déjà exprimés à ce sujet. Ces deux paramètres nous semblent être acceptables par le public potentiel de la lecture numérique dans le domaine de la BD."

Une équation iPad compliquée à résoudre et une interview sans doute réalisée avant les récentes annonces d'Amazon; un libraire pourra peut-être vendre de la bande-dessinée numérique d'occasion, via le marketplace d'Amazon!


La presse avec Amazon

Bourse_paris Après le Flore, les cafés autour de la Bourse. Amazon en discussion avec la presse française pour "négocier":

"Selon La Lettre de l'Expansion, le GIE e-presse Premium qui regroupe Les Echos, L'Equipe, Le Figaro, Libération, Le Parisien, L'Express, Le Point et Le Nouvel Observateur serait en négociation avec Amazon pour intégrer ses contenus dans la kiosque numérique que l'américain lancera en France en parallèle du lancement de sa tablette, le Kindle Fire" (via Le Journal du Net).

PS: A tester sur le nouvel iPhone, "je voudrais parler avec Jeff Bezos", ça marche?


Fnac: on va se battre

Bompard Interview d'Alexandre Bompard, PDG de la Fnac sur Paris-Match: «La bataille n’est pas perdue, affirme-t-il. Nous allons nous bagarrer pour développer les livres numériques, qui représentent déjà 10% de l’édition aux Etats-Unis. Il est hors de question de laisser à Amazon le monopole, et la liberté de faire du dumping sur les prix. Nous militons donc pour un prix unique du livre numérique pour tous, y compris pour ceux qui sont implantés à l’étranger. Sur les autres sujets, compte tenu de notre apport à l’économie française, je trouve que nous sommes depuis longtemps, nous les grands commerçants, les oubliés des décisions des pouvoirs publics.»

On se rappellera malheureusement comment Hachette a enterré la Fnac sur ce marché fin 2008; comme d'habitude, on ne pourra pas dire que l'on aura favorisé un acteur français.


Les livres électroniques sont-ils "friendly"?

Helene-photo Témoignage d'Hélène Frey, éditrice à l'agence Koukla Maclehose à Londres, qui utilise un livre électronique dans son travail quotidien:

"Pour le travail, je le choisis souvent pour que ce soit plus efficace. Mais je ne choisis pas les manuscrits que je lis: nous lisons tout ce qui nous est envoyé.

En revanche, nombreux sont les lecteurs professionnels de l’édition qui, comme moi, trouvent qu’ils sont plus durs avec un roman lu sur un e-reader que sur papier. L’e-reader n’est pas «friendly» par définition, donc si le livre manque de style ou d’intrigue ça ne pardonne pas: ce qui pourrait passer sur papier nous rebute franchement sur l’e-reader. Il faut vraiment que le livre soit bon pour qu’on soit accroché sur l’e-reader. En un sens, cela rend notre évaluation du livre plus facile.

En faites-vous la même utilisation que pour le papier?

D’une certaine façon oui: je lis, j’évalue, et je passe à autre chose. Mais je n’ai pas de charge émotionnelle avec l’e-reader.
Ce qui change entre les deux supports c’est ma relation au texte après la lecture. Garder le fichier sur l’e-reader ne me donne pas l’impression de garder le livre de toute façon, c’est trop artificiel pour moi. Je les efface donc au fur et à mesure alors que lorsque j’aime bien un livre lu sur papier, même sans l’adorer, j’ai tendance à le garder, l’archiver, et à le prêter par la suite. Je suis donc plus dans une logique jetable de pur travail/rendement avec l’e-reader alors qu’avec le papier je suis plus dans l’émotif. J’aime parfois respirer l’odeur de mes livres… de mon e-reader, non!"

L'interview complet est chez Mme Bouquinaix, bravo.


KindleFire: ventes record

Dccomics-kindle Les grandes manoeuvres, le géant de la bande-dessinée américaine DCComics ouvre un partenariat avec Amazon. Les super-héros seront bien sur la tablette KindleFire qui est déjà propulsée en tête des ventes d'Amazon US. Il s'en serait déjà vendue 250.000 en seulement cinq jours selon Techcrunch.

PS: à lire le billet de O'Reilly Radar qui nous donne un premier avis, Bezos est bien parti pour en vendre des millions.


Kindle 4 : 119€ depuis le site US

Kindle-4 Combien le prix du Kindle en France dans quelques semaines? Les conjonctures vont bon train, 119€? 99€? Est-ce que les deux versions Kindle et KindleTouch seront concernées? Jusqu'où Jeff Bezos mettra t-il la barre pour asphyxier la concurence? Petite information, en commandant directement sur le site Amazon US, le Kindle revient pour l'instant à 118,64€. Cela comprend le coût du Kindle ($109.00) + frais de port ($25.48) + frais douanes ($25.48).


Amazon entre au Flore

Flore A lire absolument l'article de Claire Barthelémy "Amazon s'assied au Flore" sur Owni:

"Après avoir maudit Amazon, le petit monde parisien de l'édition l'invite à sa table, en catimini, au nom des livres numériques. Hachette, Albin Michel et Gallimard ont signé ou négocient avec le géant américain. Seul Flammarion a officialisé".

J'adore le: "Nous ne souhaitons pas communiquer sur le sujet, rappelez d’ici quinze jours. Par contre, ce sera peut-être trop tard."

PS: Claire a changé son titre pour un agressif "Les Editeurs se couchent en ligne"... L'odeur de la gamelle...


Le Bois des Hommes, Fabrice Loi

Loi-bois-hommes Décidément, je touche du bois en cette rentrée, c'est le cas de le dire, avec encore un autre très bon livre. Rarement rentrée littéraire ne m'aura donnée autant de bonnes surprises. Ce livre c'est "Le Bois des Hommes" de Fabrice Loi qui parait aux Editions Yago. Après Lyon et Alexis Jenni, direction Marseille. Un premier roman d'un auteur marseillais de 31 ans, photographe et saxophoniste (s'il excelle dans l'un et l'autre de la même manière, cela promet) avec comme thème l'errance, l'itinéraire d'un homme, ouvrier au travail aujourd'hui dans une société libérale qui ne cherche qu'à l'exploiter, le broyer.

Ivan, le héros et pour partie narrateur, désire comme beaucoup échapper à sa condition. Tour à tour prof, éducateur, veilleur de nuit, il choisit de devenir charpentier entre ciel et terre, pour mieux s'envoler, se désencager, lui semble t-il, retrouver aussi ce bois, matière des hommes depuis la nuit des temps. D'abord il intègre l’intérim et ses règles esclavagistes dans le Paris des chantiers soumis aux multinationales, en haut des échafaudages. Des conditions barbares, féroces qui exploitent de manière éhontée la misère humaine, des rencontres avec les sans-papiers, les exilés d'Europe de l'Est, du Portugal, d'Afrique, tous avec des destins quasi-identiques. Il s'enfuit vers d'autres destinations, Marseille, l'Espagne, Bamako, sans vraiment de but, sauf celui de se perdre un peu plus. Au Mali donc, il s’engage sur un chantier exploité par les Chinois, les nouveaux seigneurs/saigneurs de l’Afrique qui remplacent les anciens colonisateurs avec des méthodes qui n'ont pas du tout changées. La colonisation de l'ombre, hors des manuels d'histoire. Il retrouve partout les mêmes règles qui s'appliquent de part et d'autre de la planète, la pauvreté, la soumission imposée aux sans-grades. Avec des peurs journalières pour ne pas mourir, le danger toujours présent, pour ne pas subir l'amputation ou pire. Allers et retours constants dans le récit entre Paris, Afrique et la Galice où le héros se ressource avant de reprendre son périple. Les pages sur cette Galice au milieu du livre, avec notre héros en quête de son propre graal, avec la description des paysages océaniques et la sortie en mer à photographier des pêcheurs au travail, sont absolument magnifiques.

Un premier roman puissant, épris d'humanité, très bien construit avec un style excellent, une dimension politique, mais aussi la trajectoire personnelle d’un homme à la recherche d’amour et refusant l’injustice. Un homme en quête de sa propre liberté. Vraiment un livre qui plante son auteur dans le paysage littéraire, il faudra compter sur Fabrice Loi. Merci à mon ami Olivier de m'avoir alerter sur ce livre, en bon marseillais qu'il est!

A signaler particulièrement l'initiative des Editions Yago qui proposent ce livre dans sa version numérique sans DRM et avec une réduction de plus de 40% soit 10,99€. Pas commun! Voir par exemple chez ePagine. Bref, ne pas hésiter, dans toutes les bonnes bibliothèques!

Lu sur mon Nook dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques. La version ePub est très bien faite.

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