Marché américain: le poche en question

Paperbacks On connait maintenant chiffres à l'appui aux Etats-Unis l'érosion importante que connait le secteur du poche (paperbacks) qui suit en général les versions cartonnées (hardbacks) de six mois à un an selon les cas. Le New York Times revient sur le sujet. Le problème est maintenant pour les éditeurs d'anticiper les sorties poche, concurrentes des livres numériques en terme de prix, en évitant au maximum d'engendrer de la frustration pour les lecteurs qui attendent le poche et qui se trouvent défavorisés par rapport à ceux qui optent pour la version numérique qui accompagne la sortie nouveauté en cartonné. Sans bien entendu concurrencer ces mêmes "hardcovers"! Vous me suivez? Bref un vrai casse-tête pour les éditeurs, le grand gagnant étant le livre numérique qui mord bien maintenant sur tous les secteurs.

«Les éditeurs disent qu'ils ont un nouveau sentiment d'urgence avec le livre de poche, puisque l'effort sur la sortie simultanée cartonné/numérique recueille maintenant l'essentiel de l'attention que le livre est susceptible de recevoir, en laissant le poche relativement loin derrière. Ils peuvent également prendre leurs repères d'Hollywood, où les studios de cinéma ont imposer  une constante réduction de l'écart entre la sortie des films en salles et de leur arrivée en DVD.

«Je cherche à en faire de plus en plus tôt», commente Jane von Mehren, éditrice de livres de poche chez Random House, «Nous pensons à cet acheteur de poche et nous voulons faire en sorte de le servir de notre mieux. L'idée que quelqu'un puisse attendre un an est une hypothèse que nous ne devrions plus faire. Nous cherchons donc à raccourcir la fenêtre.»

L'avenir du poche a été un sujet souvent débattu parmi les éditeurs qui ont longtemps considéré la sortie de la version poche comme un moment de réinvention, dans lequel ils peuvent prendre un livre qui était déjà sorti du marché, repenser sa mise en forme pour un public plus vaste.
«Nous pensons que notre travail d'éditeur de poche est de trouver la seconde vie pour le livre, pour apporter une dimension supplémentaire à l'audience pour le livre de poche», a déclaré Anne Messitte, l'éditeur du Vintage/ Anchor, un secteur de Random House. «Nous regardons chaque livre très attentivement afin de déterminer le meilleur moment pour sa publication en poche.»

Le cycle de vie complet d'édition s'est accéléré ces dernières années. Les "hardcovers" ont moins de temps pour faire leur preuve dans les librairies, car les détaillants ont tendance à les déplacer hors des étagères plus rapidement qu'auparavant. Les livres numériques ont en général des ventes plus fortes dans la période de sortie qu'après la date de publication mais ne connaissent pas de pic à nouveau quand le livre de poche sort, a déclaré Terry Adams, éditeur numérique/poche pour Little, Brown & Company.

M. Adams a publié le livre de poche de «Room», le roman d'Emma Donoghue, huit mois après la version cartonnée parce que les ventes avaient ralenti mais pas arrêté complètement. «L'élan était là et nous voulions capturer l'élan pour le poche», a t-il dit. «Pour les livres qui s'élèvent à un certain niveau de visibilité, vous voulez vraiment surfer sur la vague.»

Les livres numériques ont fait du prix un problème pour les éditeurs qui reconsidèrent le timing d'un livre de poche. Alors qu'il y a souvent un énorme fossé entre le coût d'une couverture cartonnée (disons, 25$) et sa version ebook (13$), les livres de poche et les livres numériques ont tendance à être assez près en terme de prix, laissant de nombreux éditeurs se demander si les acheteurs des versions numériques sont plus soucieux du coût réduit, que de la possibilité de lire immédiatement sans attendre la version poche.

«Je crois vraiment que les livres numériques font partie de la raison de cette tendance de se dépêcher pour faire le poche», a déclaré Carrie Kania, éditrice chez Harper Perennial. «Vous n'avez pas à attendre une version à bas prix de ce livre maintenant. Je pense que nous devons aller plus vite en général.»

Mais il y a encore beaucoup d'exceptions à l'avancement du poche. Plusieurs éditeurs déclarent que la fenêtre d'un an était encore la règle pour la plupart des livres. Et aussi longtemps qu'un livre se vend allègrement en cartonné, les éditeurs ont tendance à tenir au loin l'dition de poche. Le troisième livre de Stieg Larsson dans la série Millenium n'a pas encore été publié en livre de poche aux États-Unis, plus d'un an après sa sortie en cartonné. Il a été vendu à 2,5 millions d'exemplaires en cartonné et à 1,1 million en version numérique.

Leslie Gelbman, la présidente du secteur mass-market pour les livres de poche chez Penguin Group USA, a déclaré que l'édition cartonné de «The Help», un roman qui traîne sur la liste des best-sellers depuis 103 semaines, se vendait si bien que Penguin a attendu plus de deux ans avant de produire le livre de poche. «Quel est l'intérêt de sortir un livre de poche lorsque les ventes cartonnées sont si importantes?» dit-elle.

Les librairies eux-aussi soutiennent que les lecteurs aiment le poche.
«C'est certainement faire un consommateur heureux d'avoir le livre de poche disponible plus tôt», a déclaré Peter Aaron, le propriétaire de l'Elliott Bay Book Company, à Seattle, un magasin indépendant. «S'il y a une forme de livre imprimé qui va survivre, s'il n'y en avait qu'un seul, ce serait le trade paperback(poche)».


Hachette Parascolaire sur l'iPad

Apps A découvrir une nouvelle application sur l'iPhone et l'iPad des Editions Hachette Parascolaire: «Jeux pour lire avec Sami et Julie». Cette application se destine aux plus jeunes et leur donne la possibilité d’apprendre à lire tout en se familiarisant avec les nouvelles technologies.

"Forts du succès de nos apps d’apprentissage de l’alphabet avec «ABC rigolo Grandes lettres» et «J’apprends les petites lettres», avec «Jeux pour lire avec Sami et Julie» vous retrouverez une ambiance toujours aussi riche en couleurs et ludique, avec des petits jeux basés sur la méthode d’apprentissage de la lecture syllabique, préconisée en France.

La méthode «Sami et Julie» est une référence bien connue en matière d’apprentissage de la lecture. En effet, côté livres, nous vendons la méthode «J’apprends à lire avec Sami et Julie», qui est leader du marché Soutien Parascolaire en France tous niveaux confondus." Sur l'AppStore ici.


Immatériel avec les bibliothèques

Html5 A découvrir le billet aujourd'hui sur le blog de l'un des distributeurs les plus dynamiques sur le marché français, je veux parler d'Immatériel et cette fois-ci au travers d'une initiative en direction des bibliothèques. Plutôt que la gestion de DRM, il propose aux éditeurs une solution de lecture en ligne qui évite le téléchargement: "Immatériel a développé ces derniers mois un service qui permettra aux collectivités de composer une collection multi-éditeurs de livres numériques et d’en proposer l’accès sous la forme d’un simple site web. Les usagers, reconnus sur place ou à distance grâce à leur carte de bibliothèque, peuvent ainsi accéder en toute sécurité aux contenus choisis depuis tout appareil connecté à Internet.

Conscients des problèmes que poserait la perte de contrôle des fichiers sous-droit en cas de téléchargement, nous trouvons néanmoins peu pertinent de recourir à des systèmes de DRM. Une solution: un système de lecture en ligne assez satisfaisant pour que le téléchargement des fichiers ne soit pas nécessaire. Navigation au sein du bouquet et consultation des ouvrages se font ainsi de manière connectée, sur grands et petits écrans, fixes ou mobiles (ordinateur, smartphone, tablette, e-reader). Le principe de la lecture en ligne, qui en aval permet aux collectivités d’accéder à un suivi des ouvrages lus, est également un outil précieux pour la gestion des droits." Tous les détails ici. A suivre absolument tant la situation, malgré les grands discours, semble bien au point mort aujourd'hui.


Olivier Cohen : pêcher en terres américaines

Cohen A lire sur l'Express, l'interview d'Olivier Cohen (fondateur et directeur  des Editions de l'Olivier) qui revient notamment sur la pêche au gros, les négociations difficiles avec les agents, les auteurs de best-sellers américains. Pas d'indications sur le numérique mais elles transparaissent en filigrane (via l'excellent site Envie d'Ecrire).


Consumer Reports donne ses notes

NookLe magazine américain Consumer Reports donne dans son numéro à paraître en septembre son classement des livres électroniques sur le marché. "Le temps est révolu où le choix du meilleur lecteur se résumait pour vous à choisir entre l'iPad et le Kindle" affirme Paul Reynolds. Le Nook Color arrive en tête du classement des tablettes. Côté readers, tiercé gagnant Nook/Kindle/Kobo. Quel ordre? Il faudra attendre un peu. Confirmation également que le Nook de Barnes and Noble détrône le Kindle d'Amazon de son trône. Pour les détails, il faudra bien entendu acheter la revue (via PRNewsWire et Wtvm).


Apple : garde à vous!

Garde Les éditeurs d'applications avaient jusqu'à la fin du mois de juin pour se conformer aux nouvelles règles de l'AppStore concernant les ventes à l'intérieur d'applications. Allez, la récréation est finie. La pression est là. Kobo, Amazon sans doute bientôt, Googlebooks a même disparu de l'AppStore, on doit rentrer dans le rang. Plus de détails sur IGénération, Textes revient aussi sur le sujet.

PS: Amazon vient également d'enlever les liens vers l'achat sur le KindleStore (via TheDigitalReader).


Les seniors sur les tablettes

Seniors "Seniors et tablettes interactives", c'est le titre du Livre Blanc qui vient d'être publié et qui s’appuie sur une étude lancée par la Délégation aux Usages de l’Internet. Il a été réalisé conjointement par l’association d’entreprises innovantes Silicon Sentier et le Laboratoire des Usages en Technologies d’Informations Numériques (Lutin). Pendant 8 mois, entre juin 2010 et mars 2011, 30 seniors âgés de 63 à 89 ans, ont participé à cette étude. Il s’agissait de déterminer si les tablettes influent sur l’attitude des seniors vis-à-vis des services numériques, d’analyser leurs usages et d’évaluer les difficultés qu’ils ont pu rencontrer. Le document est ici (via Blogeee).


iRiver Story: premières vidéos

A découvrir sur TheEbookReader le nouveau modèle Iriver Story HD qui a annoncé récemment un partenariat avec Google. Il est disponible aux Etats-Unis dans les magasins Target au prix lui aussi de 139,99$, décidément le prix réference sur le marché. Personnellement, je me pose la question de savoir si le clavier n'est désormais pas un peu "has-been" aujourd'hui. Copier un Kindle alors qu'Amazon va passer à autre chose à la rentrée... Vous jugerez à travers cette excellente vidéo qui le met en comparaison avec le Kindle et le Nook. Si on rajoute le Kobo, il semble bien rester encore au pied du podium. Est-ce que Google changera quelque chose à l'affaire?


Harry Potter sera sur le Kindle

Harry-potter-5 La récente annonce du partenariat avec Google avait fait planer le doute. Posseseurs du Kindle, rassurez-vous, Harry Potter sera bien lisible sur votre lecteur favori. Bien évidemment, on voyait mal Harry Potter absent sur le leader du marché. Achetable sur Pottermore et lisible sur le Kindle. Cela pourrait aussi signifier le passage du format ePub sur le Kindle. Rappelons aussi que les livres seront exempts de DRM. Les pouvoirs du petit magicien sont décidément illimités! (via Teleread).


Penguin avec Worldreader

Screen-shot-2011-07-15-at-8.14.24-PM1 Je vous parle régulièrement de Worldreader, cette initiative qui rencontre un grand succès pour fournir des Kindle dans des écoles en Afrique. Un éditeur vient de dire oui pour participer activement au projet et pas un des moindres puisque c'est Penguin. L'annonce a été faite aujourd'hui sur le blog. Malheureusement pour des livres français et le développement de la francophonie, il faudra attendre encore longtemps...


K2PDF: optimiser les PDF

K2pdfopt_icon Merci à Korben qui a déniché un petit optimiseur pour convertir les fichiers PDF sur le Kindle. Fonctionne sur Windows ou Linux. Tous les détails ici. Les fichiers et la transformation qu'il donne en exemple sont particulièrement convaincants! A essayer d'urgence. Bien entendu le résultat obtenu est aussi un PDF, donc utilisable sur tous les autres lecteurs 6 pouces du marché. C'est K2PDFopt et c'est ici.


AAP : livre numérique 2ème secteur aux Etats-Unis

Aap L'AAP (Association of American Publishers) a communiqué hier des chiffres sur l'activité des ventes aux Etas-Unis par secteurs éditoriaux. Confirmation de l'explosion du secteur du livre numérique qui devient maintenant le deuxième secteur aux Etats-Unis, il vient même de doubler le "Adult Hardcover". +160% en un an seulement, c'est assez vertigineux. Système des vases communicants, le secteur "Adult Mass Market" est bien entendu en chute libre (via EbookNewser).

Category 2011 YTD 2010 YTD Percent Change
Adult Paperback $473.1 M $576.4M -17.9%
E-Books $389.7M $149.8M +160.1%
Adult Hardcover $386.2M $504.1M -23.4%
Religious Books $252.5M $227.8M +10.8%
Children's/YA Hardcover $198.1M $211.4M -6.3%
Adult Mass Market $185.1M $264.8M -30.1%
Children's/YA Paperback $163.5M $192.5M -15.1%
Downloaded Audiobooks $36.5M $31.2M +17.0%

Il n'y a pas que Google qui doit changer de paradigme!


Google Books : la fin d'un paradigme

Twways La fin de l'opt-out pour Google Books, cette stratégie qui consistait à numériser sans obtenir l'autorisation des ayant-droits, la seule façon pour lui d'assurer une numérisation de masse. A lire absolument le billet de Silex qui fait point sur la question.

"Le retour à l’opt-in est à l’évidence un coup dur porté au programme Google Books qui va considérablement limiter l’usage que Google pourra faire de la masse des livres numérisés. L’opt-in va tout d’abord avoir pour première conséquence que Google devra faire face à d’importants coûts de transaction pour obtenir le consentement des éditeurs et des auteurs en vue d’exploiter leurs oeuvres. En novembre 2010, Google a déjà conclu un premier accord fonctionnant sur la base de l’opt-in avec le groupe Hachette en France, pour la numérisation et la commercialisation de 50 000 oeuvres épuisées. Or depuis, nous n’avons plus de nouvelles de ce partenariat annoncé et je suis prêt à mettre ma main au feu que c’est notamment en raison des difficultés rencontrées pour rassembler les autorisations des auteurs sur ce corpus. Qu’en sera-t-il alors pour les millions d’oeuvres de Google Books?

L’autre conséquence, c’est que par définition dans un système impliquant le consentement explicite des titulaires, Google ne peut plus espérer obtenir le droit d’utiliser les oeuvres orphelines numérisées à partir des fonds des bibliothèques américaines. Or celles-ci représentent une part considérable des fonds sous droits numérisés par Google (largement plus de la moitié). Une perte sèche pour Google, en dépit des investissements déployés pour leur numérisation…

Dans ces conditions, les prétentions hégémoniques de Google me semblent sérieusement remises en cause, même s’il lui reste toujours les moyens de jouer un rôle important, par le biais de ses programmes Google Books et eBooks. Mais ce retour à l’opt-in ouvre aussi de nouveaux espaces au profit d’autres acteurs, agissant sur la base d’une logique différente."

Il s'agit bien d'un changement de paradigme pour Google Books. Un lab de plus à reconstruire!


Harry Potter avec Google

072011-004-pottermore Alliance entre Google et Pottermore. L'annonce a été faite hier de ce partenariat avec le nouveau site qui sera la porte d'entrée vers Harry Potter et qui doit s'ouvrir en octobre prochain. Visibilité maximale donc, mais aussi dans la logique d'ouverture souhaitée par JK Rowling. Si la vente des livres numérique se fera uniquement sur le site Pottermore, ils pourront être téléchargés avec un paiement Google, conservés dans sa bibliothèque sur le cloud Google et lisibles sur tous les lecteurs du marché, suivant en cela la stratégie de Google. Avec des relais YouTube (Google) bien entendu! (via le blog de Larissa Fontaine, GoogleBooks). Bref, Google à tous les étages. Je pense même que le nouveau Google+ va s'inviter de la partie. Des épines de plus pour tous les environnements propriétaires Amazon, Apple et Facebook! (via Teleread).


Musique, livre: les pratiques divergent

Noyade L'institut GFK confirme dans ses dernières analyses que le streaming est désormais en train de prendre le pas sur le téléchargement dans les pratiques des français concernant la musique:

"Selon l'étude de GFK visant à cerner les usages numériques des Français, au deuxième trimestre, 51% des écoutes de musiques se font désormais en streaming, et 49% à la suite d'un téléchargement. Mais les internautes ne sont toujours pas prêts à mettre la main à la poche: 61% des personnes écoutant de la musique en streaming se contentent de l'offre gratuite, légale ou non. Sur l'ensemble de l'offre, seulement 11% donnent lieu à paiement. Dans l'ordre, les sites les plus populaires pour écouter de la musique en streaming sont les plateformes vidéo (Youtube et Dailymotion), les sites d'écoute en direct (Deezer, Spotify), puis les webradios.

Quant aux livres numériques, dont la consommation progresse en France grâce au succès des tablettes multimédia et liseuses électroniques, ceux-ci sont à 27% téléchargés sur des sites pirates ou illégaux, selon cette enquête réalisée auprès de mille personnes en France, via internet. Une majorité de ces livres est toutefois téléchargée légalement, soit via un site internet des fonds de bibliothèques, comme Google Books, Gallica ou celui de la Bibliothèque nationale de France (52% des cas), soit sur les sites de librairies (41% des cas).

10% des personnes lisant des livres électroniques indiquent en outre avoir téléchargé directement les ouvrages par le biais des applications dédiées de leur téléphone portable ou tablette.

Sur l'ensemble des ouvrages téléchargés, une majorité (77%) est constituée de livres gratuits mis à disposition par les bibliothèques virtuelles. Seulement 3% des lecteurs indiquent s'offrir exclusivement des ouvrages payants, tandis que les éditions gratuites suffisent à 77% des personnes ayant répondu à l'enquête." (via l'AFP et LeMonde). Le communiqué de presse complet ici.

Dans la perspective de mon billet de lundi. Signe que si une industrie culturelle comme celle de la musique est en train de trouver enfin sa "maturité" numérique, celle du livre s'enfonce maintenant irrémédiablement dans des pratiques qu'a connu la musique il y a plus de dix ans. Espérons seulement que la "maturité" numérique du livre ne se fera pas en 2020 en France...


Nook et Kobo : "top ebook reader" ?

L'enjeu est de taille pour la première place, le meilleur lecteur sur le marché. Excellente confrontation entre le Nook et le Kobo proposée par Mathew Miller sur ZDNet, toujours excellent dans ses analyses. Il avait donné un premier avis sur le Nook fin juin. Avantage de courte tête pour le Kobo essentiellement sur des fonctionnalités apportées lors de la dernière mise à jour, plus de choix dans les tailles et les types de polices. C'est en effet un aspect essentiel. Sans doute que Barnes and Noble procédera bientôt à une mise à jour analogue. Côté hardware, un lecteur plus étroit pour le Kobo, des boutons de défilement de page pratiques pour le Nook. En tout cas une chose est sûre, le Kindle n'est plus dans la course!


Offre illégale: estimation à 20000 titres

Point Combien de livres circulent sur les réseaux? Question que beaucoup se posent pour évaluer le rythme d'adoption du livre numérique en France, tant l'un est forcément lié à l'autre. Le Motif avançait dans l'étude publié au mois de mars dernier les chiffres suivants:

"Toutes catégories de livres confondues, on compte environ 2000 à 3000 livres disponibles contre 1000 à 1500 en octobre 2009. En ce qui concerne la BD, sur près de 30000 titres existants (hors streaming), 6000 à 7000 sont disponibles et facilement accessibles (contre 3000 à 4500 l’année dernière). Soit au total, une offre pirate encore faible: moins de 2% de l’offre légale papier."

Quelques remarques suite à mes propres observations:

En ce qui concerne la littérature générale, le chiffre de 3000 titres me semble tout à fait minoré. Des séries entières de livres de science-fiction, de thrillers, de policiers, de fantasy, de bit lit, de sentimentaux sont désormais disponibles. Pratiquement tous les best-sellers sont présents et apparaissent dans les semaines qui suivent leurs sorties. Au delà des catégories entières se structurent. Un récent sondage, auteur par auteur, me confirmait que pratiquement tous leurs titres étaient maintenant présents. Sur la seule bibliothèque d'un forum, 20000 titres s'échangent avec certes beaucoup de doublons mais titre à titre cela concerne forcément plus d'un quart de titres différents. Plusieurs dizaines de personnes actives scannent, corrigent et échangent entre eux le fruit de leur travail. C'est même un process quasi industriel qui est mis en place depuis quelques mois. Plusieurs offres sur le web proposent même aux particuliers de scanner leurs livres, une pratique déjà très populaire au Japon par exemple.

Je n'ai bien entendu pas fait de relevé précis mais j'estime que tous livres confondus, l'offre de littérature générale se situe assurément entre 5 et 10000 titres. Si l'on rajoute l'offre de bandes-dessinées de 7000 titres ainsi que tous les guides pratiques, livres techniques au format PDF qui sont présents eux-aussi de manière importante sur les sites par séries entières, je pense que le nombre de titres qui circulent sur les réseaux se situe entre 15 et 20000. Nous serions peut-être même plus proche des 20000 titres.

J'émets l'hypothèse que le rythme de l'offre illégale suit strictement en volume le rythme de l'offre disponible de qualité (livres qui ne sont pas simplement proposés dans leurs versions PDF), les livres des éditeurs que l'on ne retrouve pas étant compensés par des livres qui ne sont pas proposés dans les catalogues.

En un an, du fait de l'accélération du marché des readers et surtout de l'iPad, conjugué à l'attentisme des éditeurs sur l'offre disponible et surtout sur la politique des prix pratiqués, je pense que nous sommes bien en train d'assister à une explosion de l'offre, un phénomène comparable à celui que l'on a connu sur la musique. Certes, il est plus lent, plus souterrain mais il n'en est pas moins bien réel. Alors que l'on se gargarisait il y a un an ou deux sur la nécessité de proposer des offres larges et attractives (les professionnels de la musique l'ont bien dit), je pense que l'on a malheureusement loupé le coche en France et qu'il va être très difficile d'enrayer le phénomène. Et l'on aura beau jeu de mettre cela sur le dos de la TVA...