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18 notes en février 2008

Le livre de demain : prototypes

15615 Le livre de demain, quelle forme physique aura-t-il, quel design? Pendant que les technologies d'affichage progressent, est-ce que les designers planchent sur ces questions?
Même si Philippe Starck nous a dit que le meilleur design pour le livre du futur sera justement le moins de design possible, on ne peut pas s'empêcher de penser que c'est aussi de ce côté-là que risque de se jouer l'adhésion du public pour ces nouveaux livres électroniques (livrels-liseuses-lecteurs-bouquineurs-etjenpasse).
Pas facile de forcer les portes des bureaux d'études des géants de l'électronique, même problème que pour les nouveaux modèles automobiles!
Quelques pistes cependant:
- un étudiant en design d'une école australienne, Nedzad Mujcinovic, s'est essayé à l'exercice. (Via Alain Pierrot, merci)
- d'autres prototypes plus anciens aussi, BlueChute, H2, A51 (grand format, minimaliste que j'aime beaucoup) qui avaient été présentés au démarrage des projets e-ink.
Et vous, vous en avez découvert d'autres?


Le Cybook à l'épreuve des geeks

Cybook008 Un important test du Cybook sur Gizmodo, le site incontournable des techno-geeks avides de gadgets électroniques. Je frémissais un peu et je devais pas être le seul...
Sur plusieurs semaines, des présentations:
- déballage et prise en main
- lecture et navigation
- formats et autonomie
- questions, et verdict, réponses
Verdict attendu donc:
"Le Cybook Gen3 est de loin, plus léger, moins cher et plus design que le Kindle d’Amazon. La navigation est simple et la lecture est vraiment agréable. Je regrette cependant que l’on ne puisse pas zoomer dans les fichiers PDF, mais c’est une amélioration qui arrivera certainement avec le temps. Avec une autonomie excellente, il convient parfaitement aux «gros» lecteurs qui ne veulent plus s’encombrer de livres.
On peut imaginer qu’un jour, les écoliers transporteront un Cybook plutôt qu’un énorme cartable rempli de livres. Le prix de 350€ ne me semble pas trop exagéré même s’il est presque certain, qu’à configuration égale, il (ou un concurrent) coûtera deux fois moins d’ici l’an prochain. Certains préfèreront attendre que les prix baissent ou que les premiers lecteurs d’eBooks couleurs fassent leur apparition avant de sauter le pas. Après tout, il y a les pionniers et les autres, à vous de choisir."
Quand on sait que Gizmodo se décline en 9 langues différentes, c'est tout bon pour la petite équipe de Bookeen.


Gilles Guias, artiste novateur

Art03 Art02 Je vous avais parlé en novembre dernier de l'initiative de l'artiste Gilles Guias qui propose ses oeuvres directement en papier électronique. Il exposait déjà dans des galeries parisiennes. Il continue d'explorer de nouvelles possibilités dans la mouvance des fameux cadres numériques. Toujours en partenariat avec Bookeen qui développe le Cybook, il propose maintenant des petits cadres en aluminium massif dans lesquels vous glissez votre livre électronique. Une bonne Couv_dessisdaut_2 façon de tirer parti de la grande autonomie du Cybook et de faire pénétrer le papier électronique dans notre univers au quotidien. Je trouve l'idée très séduisante.
Gilles propose aussi un livre numérique "Dessins d'automne" avec des textes poétiques écrits par Isabelle Gozard. Ses dessins pleins de finesse et de mouvement (les nuances du crayon sont parfaitement rendus par les niveaux de gris du papier électronique) rappellent les dessins de Giacometti. Vraiment un très intéressant travail artistique qui explore par son originalité de nouveaux territoires de création.
(voir aussi le blog peinture numérique et le site personnel de Gilles).


Le livre de demain ou d'après-demain

Je ne sais pas si c'est l'approche du prochain Salon du Livre (14-19 mars) avec un espace dédié à la Lecture de demain, mais c'est vrai que beaucoup de papiers et de ressources fleurissent actuellement sur les sites et les médias traditionnels, au hasard:
- un bon papier signé Yves Eudes dans le Monde des Livres qui vient un peu améliorer le pauvre dossier du Monde2 (via BrunoRives)
- un excellent powerpoint réalisé par Hubert Guillaud qui anime le blog Lafeuille (via Bibliobsession). Hubert avait aussi présenté un intéressant exposé il y a quelques semaines autour de la notion du livre en tant que base de données, c'est ici.

- un article sur Evene
- plusieurs vidéos mises en ligne par le Centre National du Livre sur l'avenir du livre, les débats sont anciens mais leurs accès plus récents (via Klog)

Nul doute que le phénomène va encore aller crescendo dans les semaines à venir, débattons, débattons...


Objets livres et web 2.0

A51 Objets livres, c'est un nouveau site très intéressant animé par une équipe de bénévoles, acteurs du monde de l’édition, enseignants ou autres, qui gèrent son contenu rédactionnel (merci Florence!)
Je cite son responsable Olivier Marcellin:" ce site internet est consacré à l’histoire graphique du livre en France & en Europe à travers des articles de fonds, un agenda des événements culturels, une sélection d’ouvrages représentatifs & une bibliographie.
Il se destine aux passionnés d’éditions: lecteurs, auteurs, éditeurs, directeurs artistiques, directeurs de collection, responsables éditoriaux, graphistes, typographes, chefs de fabrication, libraires, bibliothécaires, historiens de l’art, enseignants, étudiants, etc.
Nous espérons ainsi susciter
le plaisir de lire & de feuilleter les pages des livres en apportant une meilleure connaissance du design éditorial, mais aussi de débattre sur ce thème  à travers vos commentaires."

J'ai notamment repéré cet intéressant article "'Les vertus du livre à l'heure du multimédia" de Michel Melot, l'auteur d'un livre paru en janvier 2007 chez l'Harmattan et que je ne connaissais pas. Histoire de rééquilibrer un peu le débat, de cesser de voir la situation du livre en terme de rupture, de manière manichéenne, blanc/noir, exactement comme on a vu l'arrivée du livre de poche il y a cinquante ans (on devrait d'ailleurs s'empresser 517fwpsjqrl_ss500_ de rééditer ce livre remarquable, si je vous faisais un petit florilège de ce que l'on a pu raconter comme bêtises à l'époque...)
J'ai découvert aussi l'initiative des 20 plus beaux livres français qui a eu lieu en décembre dernier. Je crois bien que la France était le seul pays d'Europe a ne pas organiser une sélection comme celle-là, c'est réparé grâce à l'énergie de quelques-uns.
Et aussi le magnifique site consacré à l'histoire des Editions du Seuil, il faudrait faire un Jury8_3 billet à lui tout seul (signalé aussi par Daniel Garcia)...
Parce que l'on peut aimer à la fois le web 2.0, l'Iliad en papier électronique, les bons et beaux livres, lisez objets livres.

PS: j'y ajoute de mon propre chef et pour faire bonne mesure, ce beau livre sur la typographie web sur Issuu (les plus beaux livres français 2008 sur Issuu?)



Livre numérique sur LeMonde2: Gadget ou Révolution?

Monde2_2 La "Grande Enquête" sur le livre numérique, c'était dans le Monde2 ce week-end. Dossier réalisé par Frédéric Potet (vous lirez ici son article). Je me suis bien évidemment procuré le supplément en question même si le titre racoleur "Gadget ou Révolution?" me faisait comme d'habitude craindre le pire... Débat manichéen habituel, pour, contre, blanc, noir, bibliophiles contre technophiles, choisissez votre camp, on n'en sortira donc jamais. A l'arrivée, dossier très décevant, six maigres pages avec:
- une lecture d'un roman de Jules Verne "gratuit" sur ordinateur...
- un lecteur de Classiques sur PDA.
- une lecture de "L'Elégance du Hérisson" au prix de la version-papier, c'est moins bien forcément!
- une lecture de premiers chapitres sur l'Iphone en corps 6.
Surnagent heureusement trois petits témoignages de Guyhem Aznar, un jeune médecin qui lit sur le SonyReader dans le TGV Paris-Toulouse, d'Irène Delse toute à la joie de trouver les romans américains qu'elle recherche sur le Cybook et de l'éditeur Paul Otchakovsky-Laurens, patron de P.O.L. qui lit les manuscrits des auteurs qu'il publie sur un Sonyreader lui aussi. Tous les trois très contents...
Rien sur le Kindle (Francis Pisani blogue sur LeMonde, c'était compliqué d'avoir un retour d'expérience de sa part?), rien sur l'expérience des Echos qui est pourtant le seul média a avoir lancé une expérience originale en la matière...
Fin de l'article, "Un livre, un vrai, avec des feuilles en papier. Soulagement..."
Heureusement, j'ai pas tout perdu, pour 7,45€, un excellent article sur Milton Glaser, le graphiste américain créateur du logo I love NY universellement connu et un CD de Berlioz (orchestre symphonique de Boston dirigé par Claudio Abbado)...
Je ne peux pas m'empêcher de mettre en relation avec l'article de Francis Pisani justement hier: "Les blogs sont plus influents que le New York Times. Tel est le résultat d’une comparaison faite à partir des articles et nouvelles les plus importants de 2007 aux États-Unis. C’est d’abord le fruit d’un pari fait il y a cinq ans entre Dave Winer, un des inventeurs et promoteurs des blogs et Martin Niselkholtz, responsable des éditions électroniques du New York Times."
Résultat aujourd'hui, les blogs l’emportent assez clairement.


Le Readius dans la main

Readius1    A l'occasion du salon Mobile World Congress de Barcelone, le Readius a officiellement été présenté. J'ai repéré ce premier test réalisé par Alexandre Habian sur le site Mobinaute. Présenté déjà en février 2007, il aura fallu près d'une année à la société Polymer Vision, spin off de Philips Electronics, pour lancer ce Readius, un concept de livre électronique à écran souple faisant également office... de téléphone.
Readius    Avis de la rédaction très positif "pour utiliser depuis quelques mois le «iRex» avec un abonnement «livre numérique» du quotidien Les Echos, force est de constater que la technologie a fortement été améliorée avec le nouveau terminal de Polymer Vision. Non seulement le Readius est réellement très compact mais il possède désormais une réactivité fortement améliorée. Exit les temps d'attente de quelques secondes entre un clic sur un bouton et sa répercussion dans son système interne."
   Je remplacerais volontiers mon téléphone pour un Readius avec du papier électronique! Comme certains d'entre vous, je crois beaucoup en ces modèles ultra-compacts et mobiles pour associer judicieusement les propriétés du papier électronique à un téléphone de dernière génération. Philips avance très fort dans le domaine. J'espère que la presse va investir ce champ rapidement avec des offres d'abonnement associées.
Mes prochains abonnement e-paper, sur le Readius ou sur l'Iliad, je me pose sérieusement la question. Pourquoi pas les deux suivant les moments de la journée. J'ai très envie de le tester rapidement, si une première version est disponible en France du côté de chez Philips, je suis partant. Il arrive en commercialisation dans les mois qui viennent. En attendant, la visite du site Polymer Vision s'impose. Après l'Iliad, le Readius, le papier électronique européen est décidément hollandais.
    Alors, ce Readius? un nouvel os de la main?

(photos Mobinaute)


Open access pour l'éducation, on y arrive doucement....

Une décision qui risque bien de constituer un tournant historique et que relaie aujourd'hui Olivier Ertzcheid sur le site Affordance.

Celle qui doit être prise cette semaine par les illustres professeurs de l'Université d'Harvard. Rien moins que de rendre accessible LA TOTALITE des publications via le Web. Rien que cela... Le New-York Times donne un compte-rendu de ce qui en train de se décider en ce moment (j'ai traduit rapidement): "Publier ou périr est depuis longtemps l'obligation de chaque aspirant professeur d'université. Mais la faculté de Harvard se prononcera ce mardi sur la question de la publication - sur le Web, du moins - gratuitement. Les membres du corps professoral sont invités à voter sur une mesure qui permettrait de distribuer leurs Harvard's "bourse" en ligne, au lieu de signer des accords exclusifs avec des revues savantes qui ont souvent des minuscules lectorats et les coûts élevés d'abonnement.
    Bien que le résultat du vote de mardi ne s'appliquerait pour l'instant qu'aux facultés des arts et des sciences, l'impact, étant donné le prestige de l'université, pourrait être important pour le développement de l'Open Access, qui vise à mettre la recherche scientifique et universitaire à la disposition d'autant de personnes que possible, sans frais.
    "Au lieu d'un système fermé, couteux et réservé à des privilégiés, il aidera ouvrir le monde de l'apprentissage pour tous ceux qui veulent apprendre», a déclaré Robert Darnton, directeur de la bibliothèque universitaire. «Ce sera un premier pas vers la libération de l'étau des éditeurs commerciaux en les rendant disponibles gratuitement sur notre propre fonds de l'université».
    Selon la proposition de Harvard il suffirait de déposer des documents dans un accès ouvert référentiel géré par la bibliothèque qui se chargera de les rendre instantanément disponibles sur Internet. Les auteurs conserveraient leurs droits d'auteur et pourrait les publier là où ils le voudront - y compris à un prix élevé s'ils le désirent.
    Ce qui distingue ce plan de la pratique actuelle, a déclaré Stuart Shieber, un professeur d'informatique qui parraine le mouvement du corps professoral, est que cela créerait un "opt-out": un article d'autorité serait inclus, sauf si l'auteur a expressément demandé qu'il ne le soit pas. M. Shieber a été le président d'un comité créé par Harvard pour enquêter sur la publication scolaire, cette proposition est née d'une des recommandations, a-t-il dit.
    L'industrie de l'édition, ainsi que certains groupes universitaires, se sont opposés à certaines formes de libre accès, en soutenant que la distribution gratuite d'articles savants, allait à terme, ronger les revues et leur modèle d'entreprise actuel. Une telle évolution pourrait à son tour nuire à la qualité de la recherche, estiment-ils, en permettant à des articles qui ne sont pas passés par le biais d'un processus rigoureux d'examen par les pairs à être diffusées sur l'Internet aussi facilement qu'un clip de Britney Spears. Elle permettrait également de couper les subventions que certains journaux obtiennent pour fournir une formation scolaire et professionnelle des réunions, du moins ce qu'ils disent.
    J. Lorand Matory, professeur d'anthropologie et d'Afrique et d'études afro-américaines à Harvard, a déclaré qu'il comprenait le but de faire baisser les prix parfois exorbitants des périodiques scientifiques, mais s'inquiète de ce que la suite serait d'éliminer toute une série de revues moins populaires, qui sont subventionnés par les plus revues plus rentables.

...
    Le professeur Shieber a également émis des doutes sur le fait que la distribution gratuite nuirait à l'industrie des revues: «Nous ne savons pas si cela peut se produire", a-t-il dit. "Il y a peu de preuves à l'appui. Presque tous les articles savants sur la physique ont été disponibles gratuitement sur l'Internet depuis plus d'une décennie, a-t-il ajouté, et les revues, et la physique de continuer à prospérer!
    "Pour autant que je sache, tout le monde avec qui j'ai parlé soutient le principe sous-jascent. Mais il y a une différence entre un principe sous-jascent et la proposition spécifique. "

Résultat du vote très vite... Voilà qui risque d'écorner les marchés juteux chez certains groupes qui ont tendance pour l'instant à sérieusement saler la note dans l'accès aux savoirs. Une bonne façon pour les institutions de reprendre la main, non?


Mon Sony de la Saint-Valentin

Harlequin Bon, je sais, elle est un peu facile. Mais en ce jour de la Saint-Valentin, je ne résiste pas à vous présenter l'offre de pack proposée par Sony (via Nouveaulivreactu). Plus kitsch, y a pas... Ces américains décidément... Un Sonyreader customisé en rose avec 14 titres des éditions Harlequin. Après les packs management-prospective développés conjointement par les Editions M21 et Bookeen et les formules des Echos journal/ livres, est-ce que Amazon va proposer de telles offres en littérature, éducation, polars, livres pratiques avec son Kindle? Je me délecte à l'avance de voir les customisations possibles, les goûts et les couleurs comme on dit... Et vous, vous en pensez quoi de l'avenir des packs pour les livres électroniques?


Comment j'ai été sur La Route ?

Maccarthy Je viens de terminer hier La Route de Cormac Mc Carthy (Editions de l'Olivier). Roman éblouissant qui laisse une marque profonde en soi. Travail très important sur le choix des mots, le dépouillement du récit, bref un livre qui compte.
Plutôt que de me fendre d'une critique, je ne me sens pas une âme de critique littéraire, (désolé pour Babelio, Critiqueslibres, Amazon...), je pense que parler des livres est un métier que certains font très bien, alors je leur laisse la place.
Donc des commentaires qualifiés:
- un journal, deux libraires ici et ici, deux blogs très différents ici et ici mais c'est bien ainsi, un bibliothécaire (à travers blogs de bibliothécaires). Ils m'ont donné envie de lire ce livre, je les en remercie. Lisez la Route...


Des modèles gratuits pour internet... pour les livres électroniques?

Sans_titre Débat intéressant que lance Virginie Clayssen sur son blog teXtes qui relaie les initiatives de certains éditeurs qui mettent à disposition des internautes l'ensemble de contenus en ligne. Est-ce que tout peut-être mis en lybers, forme ultime du livre numérique tout gratuit que préconise depuis de nombreuses années les Editions de l'Eclat et son fondateur Michel Valensi? Après Paulo Coelho en direct, des éditeurs comme Harper et Collins (quelques titres tests, via NYT) et La Découverte avec une collection Zones... Alors, tous les éditeurs avec un espace Issuu en libre accès sur internet? Avec Google et Amazon en corollaires bien sûr pour optimiser le business-papier. Plus besoin de se compliquer, de drm, d'agrégateurs, de formats, de europeana, tout ouvert, en un mois on met tout Gallimard et on n'en parle plus... Sérieusement, est-ce envisageable? Comme je l'indique en commentaire de Virginie, est-ce que tout pourrait être sous forme de lybers, avec un accès total du contenu avec des supports mobiles qui ne cessent de progresser en qualité?
D'autres modèles aussi, payer à la fin de la lecture du livre comme sur ce modèle étonnant appliqué au cinéma (via l'Atelier)...
Quand les éditions de l’Eclat ont crée le concept avec la mise en ligne conjointe avec Google, les supports électroniques mobiles iphone/epaper n’existaient pas encore. Si le marché de ces supports se développe avec des prix au alentour de 100€ Asus (rappelons que l’Asus est à 199€ avec une offre d’abonnement, avec déjà des premiers modèles qui lisent des livres) voir moins et que les contenus mobiles deviennent accessibles gratuitement, est-ce que le papier en "produit dérivé" permettra la rémunération des auteurs et des éditeurs? Imaginons, il y a 50 ans, que les éditeurs aient décidé que le livre de poche soit gratuit (ou payé par la publicité, ce qui revient au même), ou de qualité plus médiocre mais gratuit, où en serions-nous? Je suis sûr que Filipacchi avait très certainement envisagé ce modèle économique là...
100_2886_2 Je pense que le débat est tout à fait le même aujourd’hui. Quel chemin prendre pour maintenir la variété dans la création éditoriale? Je pencherais plutôt pour des contenus peu chers, avec une drm très légère liée à l’identité du lecteur. Cela préserverais à la fois du peer-to-peer et assurerais une juste rémunération. Je pense que ce que n’ont pas réussi à faire les majors de la musique il y a dix ans en n'adoptant pas un tel système et en laissant se développer massivement le peer-to-peer, les éditeurs ont une chance historique de le réussir avec des drm très légères et des prix très intéressants (2 euros me semble un maximum, c’est le premier prix d’un livre de poche, non?). Autrement même chemin que la musique, F6kindleberkeleypaul0711241202714_2 cinq ans à perdre pour un résultat identique, c’est une évidence pour moi. Si le peer-to-peer n’est pas un business “intéressant” (les FAI lui disent merci), il ne se fera pas ou restera marginal parce que risqué et que le jeu n'en vaudra pas la chandelle, comme on dit. C'est pas plus compliqué que cela…  Au fait, je vous avais fait part des premiers pas de Francis Pisani avec son Kindle, est-ce qu'il allait le garder? Il se posait la question à l'époque. Suspense, faîtes vos jeux? Eh bien, après trois mois d'utilisation, il le garde et il est très content de son Kindle! Pisani, il est pas du genre à aller sur les sites-pirates, mais donnez-lui vite des contenus peu chers avec des drms légères, autrement il risque bien vite de changer d'avis...

PS: A noter que Francis signale aussi l'initiative de Random House qui propose un système de vente de livre au chapitre pour le livre Made to Stick, c'est ici.
Gin, l'auteur du livre Bad Business (publié au Diable Vauvert) avait pris la même initiative il y a deux ans sur son site personnel. Il serait intéressant d'avoir les retombées...


Le livre sur Médias 2028

Couvertureecritweb_0 Belle initiative que j'ai vue sur l'excellent blog de Joël Ronez (Cup of Tea). Pour ceux qui ne le connaissent pas, Joël est l'auteur d'un livre très intéressant, L'Ecrit Web, paru l'année dernière. Un ouvrage très synthétique, très pratique pour se familiariser avec l'écriture en ligne. Je ne l'ai pas lu d'une traite, il traîne sur mon bureau, je le picore régulièrement sur bien des aspects. Il pose des questionnements en permanence sur la façon de procéder. Approche très journalistique mais c'est son métier, il anime des formations pour les journalistes. C'est d'ailleurs dans le cadre d'une formation, qu'il relaie aujourd'hui l'initiative des étudiants en mastère médias ESCEP-EAP qui réfléchissent sur l'avenir des médias au Lecritweb2_3 travers d'un blog Médias 2028, déjà demain... Et il y aura plus de chambardement qu'entre 1988 et 2008, la chose semble acquise par à peu près tout le monde! Et des interviews autour du livre et de son avenir, Edition 2028, avec Hubert Guillaud, Olivier Ertzscheid, l'éditeur Laurent Beccari, François Bon... J'aime bien la façon de procéder, pas de plan sur la comète à long terme sur des prospectives stériles, avenir du livre blablabla, mais raisonnable avec une échelle de vingt ans sur laquelle on peut en effet avancer avec pertinence et intelligence.
Choc des livres, cette photo du livre de Joël auprès de celui de Wolton qui conspuait les libraires dans les colonnes du Monde il n'y a pas si longtemps. La photo date un peu, serait-elle possible aujourd'hui que beaucoup de libraires ont vidé Wolton de leurs tables? J'en connais plusieurs! Et des gros! lls ont du caractère les libraires et c'est bien comme ça! Alors, bientôt une rubrique Librairie 2028, avec une interview de Wolton?


M@nuscrits: Léo Scheer continue...

Nom Je pense vous avoir déjà parlé de l'initiative de l'éditeur Léo Scheer qui avait mis en ligne sur un espace M@nuscrits plusieurs manuscrits qu'il reçoit, en version complète avec un outil de type feuilletage (on peut aussi télécharger les versions pdf si on le souhaite). Un peu comme Issuu mais avec la possibilité des widgets en moins. J'ai pu lire quelques-uns des manuscrits sur l'Iliad, en recadrant légèrement les pages sur Acrobat, la lecture est très agréable. Aujourd'hui Léo Scheer va plus loin avec une phase 4, en annonçant une nouvelle collection (en papier) qui va être déclinée de cette expérience. Je le cite: "Il s'agit d'une nouvelle collection des Éditions Léo Scheer qui va bientôt être lancée en librairie et qui sera réservée aux textes reçus dans ce cadre. Nous regardons avec le service commercial le nombre de titres qui pourront être publiés chaque année (à mon avis pas plus de 6 pour la première année). Nous devons définir les modalités du travail éditorial, c'est à dire de ce qui va permettre de passer du M@nuscrit en ligne au B.A.T. qui sera envoyé à l'imprimeur (j'évalue ce travail à environ 3 mois). Ma préférence va à une transparence du processus, avec les différentes phases d'évolution du texte présentées en ligne".

Dans les commentaires, il ajoute des détails sur le processus envisagé: 

 "Dans la phase 4, les choses vont se passer ainsi: un auteur va pouvoir entrer en ligne lui-même son texte et, tant qu'il ne l'aura pas enregistré, il pourra le modifier, le corriger, le mettre en page. À partir du moment où il l'aura, lui-même, mis en ligne, il ne pourra plus intervenir dessus. Il pourra voir les réactions les commentaires, le nombre de lectures etc. Si un de ces M@nuscrits en ligne fait l'objet d'un contrat d'édition papier, plusieurs possibilités s'offrent à l'auteur: il peut soit garder le manuscrit d'origine en ligne, soit le supprimer. Si il le garde, il peut soit faire le travail éditorial dans le secret, soit faire apparaître les étapes de ce travail sur le site. Cette possibilité est réservée à ceux qui ont un contrat d'édition papier.

Le téléchargement payant n'est pas pour l'instant pas envisagé dans cette phase.

Plus loin, il développe aussi la philosophie de sa démarche: "Si vous parlez du rêve de l'auteur, pour la majorité de ceux qui cherchent sur le net des voies nouvelles pour être publiés, vous avez évidemment raison. Je connais cependant pas mal d'auteurs qui vivent la période de l'écriture comme un rêve, et celle de la publication, comme un cauchemar. Si vous parlez du mien, ce n'est pas le cas, mon expérience a pour but de générer un mode d'édition lié au support du net, une sorte d'éditeur virtuel, le but principal de l'expérience est donc dans la blogosphère, mais effectivement, je ne vois pas pourquoi cet éditeur virtuel se priverait du mode d'édition dominant qui est le papier. J'ai fait cette expérience avec Cyril de Graeve pour Chronic'art qui, au départ, était un webmag. Lorsque je l'ai repris, nous en avons fait un magazine papier, mais en prenant garde de ne pas le couper de ses racines dans le net, ce qu'il a très bien réussi à faire, et il existe actuellement sous ces deux formes. Si vous observez les difficultés que rencontrent les éditeurs de mag papier à s'adapter à la culture du net, vous voyez qu'il est plus intéressant de prendre les choses en sens inverse. C'est l'esprit de M@nuscrits, qui devra le garder dans sa version papier et ne pas se couper de ses racines qui sont dans la blogosphère."

Pour une poursuite de l'aventure Web vers le papier, l'expérience est à suivre de très près...


Ergonomie et design des livres électroniques

Comparaison_ebook5 Lorenzo Soccavo (blog Nouvolivractu) a pu prendre en main le Kindle et fait une intéressante confrontation de son expérience des livres électroniques, côté ergonomie d'utilisation. Même s'il ne dit pas vers quel lequel son coeur balance pour l'instant, il en dira plus, je pense, dans la deuxième édition de son livre Gutenberg 2.0 qui est bientôt disponible aux Sans_titre_0 Editions M21. "Une mise à jour complète et cinq nouveaux chapitres sur l'achat et l'utilisation d'un reader en France, l'opération e-paper des Echos, les communautés, le Web 3D...". Une conférence de presse est organisée le 14 février prochain à Paris.
Pour ma part, je pense qu'une synthèse des trois offrirait le livre électronique idéal (dans ce qu'il est possible de faire aujourd'hui, bien sûr) selon moi:
- grand écran, wifi, écran tactile et design: Iliad
- prix, écran Vizplex, légèreté, autonomie: Cybook
- connectique et large offre de livres, journaux: Kindle
En nous rappelant, l'avis du pape du design, Philippe Starck, "le moins de design possible" (c'était au Web.3).
Bémol pour le Kindle avec des critiques qui commencent à fleurir sur beaucoup de blogs et forums outre-atlantique, c'est l'extrème contrainte des DRM, j'y reviendrais bientôt.
(photos Lorenzo)


Bibliosurf nous parle

Jjg A noter hier cette très intéressante interview de Bernard Strainchamps sur Bibliobsession. Le créateur de Bibliosurf (que j'avais rencontré lors de la première Bouquinosphère) revient sur son parcours et l'expérience unique qu'il est en train de mener sur le web.
Peut-on être "libraire" aujourd'hui et se passer d'une boutique physique?
Bibliosurf.com est une librairie interactive. Ce sont les internautes qui à terme vont constituer l’offre. Le contenu éditorial est constitué de l’apport des éditeurs (description bibliographique, présentation des ouvrages et couvertures), renforcé par l’interactivité et la syndication des articles de centaines de journaux et autres blogs littéraires.... (à noter qu’une partie des archives du site Mauvais genres est reprise). L’originalité du site repose sur son contenu très multimédia et l'apport important de la vidéo.
Et bien sûr, on peut passer commande...
Par exemple, cette page de Cormac Mac Carthy, je suis en train de lire la Route (magnifique roman que je vous conseille). Chroniques, presse en parle, fil du web, tout y est. Plus une collection d'interviews et de critiques inédites.

Pour finir, je cite Bernard sur deux questions:

Une récente polémique oppose le Syndicat de la livrairie française et Amazon à propos des frais de ports… que pensez vous de cette question?
J’en pense rien de bon. Amazon cherche l’étouffement. Il contacte toutes les librairies de France pour proposer ses services. Même moi, ils ont osé. J’ai été heureux de la condamnation d’Amazon. La livraison gratuite que je pratique contraint et forcé me divise ma marge brute par deux.
Quel regard avez vous sur l’évolution de la chaîne du livre à l’heure du numérique?
DRM. Guichet unique de téléchargement? Ce sont des options régressives qui ne sentent pas bons. Le papier est un support qui n’a pas dit son dernier mot. Et contrairement, à ce que certains écrivent, il est plus écolo. Le numérique, c’est une nouvelle voie. Et je ne suis pas sûr qu’il faille appeler ce support papier électronique. Ce sont les quotidiens, les premiers touchés par les précédentes révolutions technologiques dénommées radio, télé et Internet, qui vont s’emparer de ce support. Ce sera la revanche. Mais tout reste à inventer! En tout cas, il n’est pas difficile de prévoir que ce support entraînera de grands bouleversements dans la gestion des fonds en bibliothèque. Sera-ce le cauchemar du bibliothécaire? Bien sûr que non si ce n’est pour les décideurs qui pensent encore comme en 1995.

Bref, Bibliosurf, un passage obligé que je vous conseille...


Issuu: un outil de publication en ligne

S_22e30abe781e4ba19434f35a1bd1fd64 Un très bel outil que j'ai découvert via la Feuille, je me suis empressé de le tester avec quelques rapports et livres (avec la permission de leurs auteurs, merci à eux). Sauf pour le rapport Attali, je crois qu'il a été initié sur des fonds publics!
Très beau résultat, vraiment rien à dire, facilité à éditer, et possibilité d'exporter facilement les widgets-badges sur son blog! Rendre virtuel un peu plus nos livres en créant des avatars sur le web! De quoi redonner du baume au coeur aux PDF (tant décriés par certains) et d'apprécier les belles mises en pages des revues d'architectures et de design présentes sur le site. Et vous, envie de vous approprier cet outil? Une nouvelle Issuu pour la publication en ligne?


Enseignement 2.0 et maps : innovation à Nantes

00fa000000089459 A signaler ces deux initiatives nantaises. L'une à l'Ecole des Mines de Nantes où des étudiants commence à réviser leurs cours d'informatique sur des baladeurs Ipod Touch. Martin Richard, adjoint en charge des cours d'informatique: " Ce système permet de travailler ses cours où l'on veut et quand on veut, en mettant à profit par exemple les temps de transport; il permet de faire disparaître l'enseignement passif, où l'étudiant passe trois heures de suite devant un prof et son tableau, et qui n'est pas très efficace."
Toutefois, afin de contrôler le bon apprentissage des cours et d'éclaircir certains points avec les élèves, une séance de régulation est organisée toutes les deux semaines dans les locaux de l'établissement. Sans oublier les TP (Travaux Pratiques) qui permettent de mettre en application la théorie (Via Generation NT).
Exit salles de classes et tableaux, après les podcasts et les cours en ligne, l'IpodTouch crée de nouveaux usages en attendant le papier électronique. Au fait, notre ministre de l'Education a dit l'autre jour sur RTL que son ministère s'intéressait de près à la question...
Cassini_2 Une autre initiative qui a lieu de l'autre côté de la rue, celle de Magic Instinct Software, une jeune société innovante spécialisée dans la cartographie électronique. Elle vient de réaliser sur le site Geo Garage une application GoogleMaps en superposant les cartes de Cassini réalisées en 1750. Le résultat est magnifique, on notera la précision incroyable des relevés de l'époque (le satellite n'existait pas!). Une bonne façon de conjuguer Innovation et Histoire. Décidément, il s'en passe des choses à Nantes...


Le prix du numérique?

Très intéressant post relevé sur le site TheDigitalist (Via Alain Perrot par mail, merci à toi) qui revient sur le prix des livres dématérialisés -ou plutôt virtuels comme le souligne très justement Milad Doueihi-. Sortes d'avatars de livres papiers "réels"?
Donc combien, ça peut valoir le fichier numérique d'un livre? J'avais déjà essayé d'approcher la question il y a quelque temps, c'est vrai que pour l'instant on nage dans le flou total.
Les coéfficients multiplicateurs font partie des secrets de cuisine chez les éditeurs. Je me rappelle une confidence du regretté Jean Guéret, éditeur chez Dessain et Tolra, qui m'avait expliqué que le fondateur Monsieur Dessain (il y avait une demoiselle Tolra) avait dans sa maison d'édition une grande balance. Chaque titre, une fois fabriqué, passait sur la balance et le prix était fixé au poids! Pas si bête que ça finalement et sa petite économie se portait bien à l'époque!
Mais dans ce monde numérique, comment va t-on fixer les prix?
"Il y a l'instinct de protéger les revenus futurs, afin d'éviter une cannibalisation de l'impression. Que l'instinct conduit à la tarification qui flotte dans ou autour de la tarification des produits d'impression comparables, ce qui d'un point de vue du consommateur, apparait tout simplement absurde - ce n'est pas un "produit" palpable, pas de stock ou de distribution physique, alors pourquoi le prix élevé? Mais cet instinct ne va t'il pas se révéler insensé finalement pour les éditeurs?
Et cette remarque judicieuse de Seth Godin (Combien pour le digital?) qui concerne la vidéo mais que l'on peut aisément transposer aux livres:
«Il est important de faire payer quelque chose, parce que l'acte de payer modifie fondamentalement la dynamique de la relation. La question est la suivante: au départ, votre objectif est-il de maximiser le profit ou de construire une plate-forme avec des barèmes? Le fait est que le marché est trop petit pour le moment pour le prix à la matière. Ce qui importe est de savoir si vous pouvez construire un public qui est dans l'habitude de vous payer, un public qui veut entendre parler de vous, un public avec qui l'on peut bâtir une entreprise.
A cinquante cents la location, tout désir de la piraterie passe par la fenêtre, remplacé par la commodité, la facilité d'utilisation et une bonne conscience pour le lecteur. Plus important, la totalité des nouveaux services apparaissent, les habitudes sont construites et les studios de se retrouver avec une relation directe avec les consommateurs qui veulent bien les écouter. Tout cela s'ils ne sont trop gourmand au départ."

Je repense à la longue confession de Paulo Coelho (via Lafeuille) qui organise le téléchargement gratuit de tous ses livres sur BitTorrent pour maximiser (selon lui) ses ventes en papier. Mais est-ce vraiment bâtir un contrat de confiance dans une économie du numérique?