405 notes dans la catégorie "Education"

Enseignement 2.0 et maps : innovation à Nantes

00fa000000089459 A signaler ces deux initiatives nantaises. L'une à l'Ecole des Mines de Nantes où des étudiants commence à réviser leurs cours d'informatique sur des baladeurs Ipod Touch. Martin Richard, adjoint en charge des cours d'informatique: " Ce système permet de travailler ses cours où l'on veut et quand on veut, en mettant à profit par exemple les temps de transport; il permet de faire disparaître l'enseignement passif, où l'étudiant passe trois heures de suite devant un prof et son tableau, et qui n'est pas très efficace."
Toutefois, afin de contrôler le bon apprentissage des cours et d'éclaircir certains points avec les élèves, une séance de régulation est organisée toutes les deux semaines dans les locaux de l'établissement. Sans oublier les TP (Travaux Pratiques) qui permettent de mettre en application la théorie (Via Generation NT).
Exit salles de classes et tableaux, après les podcasts et les cours en ligne, l'IpodTouch crée de nouveaux usages en attendant le papier électronique. Au fait, notre ministre de l'Education a dit l'autre jour sur RTL que son ministère s'intéressait de près à la question...
Cassini_2 Une autre initiative qui a lieu de l'autre côté de la rue, celle de Magic Instinct Software, une jeune société innovante spécialisée dans la cartographie électronique. Elle vient de réaliser sur le site Geo Garage une application GoogleMaps en superposant les cartes de Cassini réalisées en 1750. Le résultat est magnifique, on notera la précision incroyable des relevés de l'époque (le satellite n'existait pas!). Une bonne façon de conjuguer Innovation et Histoire. Décidément, il s'en passe des choses à Nantes...


Le prix du numérique?

Très intéressant post relevé sur le site TheDigitalist (Via Alain Perrot par mail, merci à toi) qui revient sur le prix des livres dématérialisés -ou plutôt virtuels comme le souligne très justement Milad Doueihi-. Sortes d'avatars de livres papiers "réels"?
Donc combien, ça peut valoir le fichier numérique d'un livre? J'avais déjà essayé d'approcher la question il y a quelque temps, c'est vrai que pour l'instant on nage dans le flou total.
Les coéfficients multiplicateurs font partie des secrets de cuisine chez les éditeurs. Je me rappelle une confidence du regretté Jean Guéret, éditeur chez Dessain et Tolra, qui m'avait expliqué que le fondateur Monsieur Dessain (il y avait une demoiselle Tolra) avait dans sa maison d'édition une grande balance. Chaque titre, une fois fabriqué, passait sur la balance et le prix était fixé au poids! Pas si bête que ça finalement et sa petite économie se portait bien à l'époque!
Mais dans ce monde numérique, comment va t-on fixer les prix?
"Il y a l'instinct de protéger les revenus futurs, afin d'éviter une cannibalisation de l'impression. Que l'instinct conduit à la tarification qui flotte dans ou autour de la tarification des produits d'impression comparables, ce qui d'un point de vue du consommateur, apparait tout simplement absurde - ce n'est pas un "produit" palpable, pas de stock ou de distribution physique, alors pourquoi le prix élevé? Mais cet instinct ne va t'il pas se révéler insensé finalement pour les éditeurs?
Et cette remarque judicieuse de Seth Godin (Combien pour le digital?) qui concerne la vidéo mais que l'on peut aisément transposer aux livres:
«Il est important de faire payer quelque chose, parce que l'acte de payer modifie fondamentalement la dynamique de la relation. La question est la suivante: au départ, votre objectif est-il de maximiser le profit ou de construire une plate-forme avec des barèmes? Le fait est que le marché est trop petit pour le moment pour le prix à la matière. Ce qui importe est de savoir si vous pouvez construire un public qui est dans l'habitude de vous payer, un public qui veut entendre parler de vous, un public avec qui l'on peut bâtir une entreprise.
A cinquante cents la location, tout désir de la piraterie passe par la fenêtre, remplacé par la commodité, la facilité d'utilisation et une bonne conscience pour le lecteur. Plus important, la totalité des nouveaux services apparaissent, les habitudes sont construites et les studios de se retrouver avec une relation directe avec les consommateurs qui veulent bien les écouter. Tout cela s'ils ne sont trop gourmand au départ."

Je repense à la longue confession de Paulo Coelho (via Lafeuille) qui organise le téléchargement gratuit de tous ses livres sur BitTorrent pour maximiser (selon lui) ses ventes en papier. Mais est-ce vraiment bâtir un contrat de confiance dans une économie du numérique?


Polyphonies du livre version 2008

Je ne saurais trop vous recommander la journée des Polyphonies du Livre qui se tiendra à l'IUT de la Roche-Sur-Yon le 20 mars prochain. Organisé par Olivier Ertzscheid (blog Affordance), elle réunira sans nul doute pour sa deuxième édition des intervenants de qualité, la liste est encore en gestation. Via Alain, à signaler aussi l'espace Lectures de demain qui se tiendra quelques jours avant au Salon du Livre. On sera peut-être loin de l'Espace Livre Electronique "surréaliste" du Salon de l'An 2000 mais on sera surement beaucoup plus près d'une réalité du livre de demain! (A noter aussi le certain silence de Jacques Attali sur la question du Livre dans ses propositions, judicieusement signalé par Lorenzo sur son blog, est-ce que Jacques comme Steve ne trouve plus le livre très porteur?)
A vos agendas...


Les livres électroniques bientôt dans les bibliothèques

Et si on commençait... Bravo pour l'initiative de cette bibliothèque d'Angers et notamment de son responsable numérique, Daniel Bourrion. Il a pris son premier poste en juillet 2007 au SCD d’Angers, où il est chargé de la bibliothèque numérique. Comme quoi, on peut faire avancer les choses rapidement! Comme il le dit lui-même sur son blog: "Il va essayer de ne pas créer trop de désastres. Dans le cas contraire, il ne faut pas lui en vouloir." En tout cas, 10 Cybooks arrivent bientôt, quelques exemplaires de l'Iliad auraient judicieusement complété l'offre (mais nul doute que ce sera pour plus tard!)


La Grande conversion numérique

Conversion Pendant que certain déblatère dans les colonnes du Monde pour stigmatiser (à coups de contre-vérités) les libraires qui seraient les nantis et les poujadistes de la chaîne du livre (franchement ce Wolton, lui rime parfaitement un gentil mot de trois lettres... et certains réagissent avec raison, Mélico, Lekti-Ecriture), j'ai littéralement dévoré ce week-end l'excellent livre de Milad Doueihi "La Grande conversion numérique" qui vient de sortir aux Editions du Seuil. Je ne saurais trop vous recommander cet ouvrage qui propose des éclairages précis sur la façon dont une technologie modifie radicalement la vie de chacun, le lien social même, mobilisant les repères les plus tangibles: écriture et lecture, identité, présence, propriété, archives et mémoire.
Conversion numérique, c'est une véritable prégnance du numérique sur notre quotidien que Douehi met en lumière: "C'est à cet égard que nous pouvons comparer cette culture en plein essor, avec sa tendance universaliste, à la religion. Je soutiendrais que dans la période actuelle, la culture nunmérique est, de fait, la seule rivale de la religion en tant que présence universelle (p.23)"
Il jette aussi les ponts entre lecture de l'imprimé et lecture en ligne: "Le changement de la nature de la lecture, incarné initialement par les outils numériques, a bien sûr d'importantes conséquences économiques; puisque que la lecture change, les professions qui lui sont liées changent aussi, l'écriture, la presse et l'édition, le commerce du livre. Si nous vivons actuellement une période de transition qui crée à ces métiers des difficultés sérieuses, il n'est pas évident, du moins pour l'avenir prévisible, que le livre traditionnel soit réellement en danger. Lire en ligne n'est pas la même chose que lire un livre: les deux opérations sont réellement différentes. La lecture en ligne permet d'accéder rapidement à des passages choisis; elle est souvent discontinue, fragmentaire et liée à la nécéssité de citer, elle est principalement décontextualisée et comparative. La plupart des lecteurs en ligne préfèrent posséder à la fois les versions imprimées et numériques de leurs livres, et cette dualité en dit long (p.50).
Une réflexion que je trouve particulièrement judicieuse: Le marché numérique va virtualiser le livre et non le dématérialiser: il le fera en partie à cause de la modification des habitudes de lecture, qui crée une demande... La virtualité, en l'occurence, fait partie intégrante de la matérialité de l'environnement numérique. La nature virtuelle du livre numérique n'implique pas la mort de la librairie ni la disparition du livre en tant qu'objet culturel (p.51).
Doueihi plaide pour une gestion légère des droits numériques fondée sur la personnalisation et non sur la protection contre la copie, système qui offrirait un équilibre raisonnable entre la sécurité, d'une part, et la facilité de maniement du contenu pour l'utilisateur, de l'autre. Il recence l'ensemble des initiatives de logiciels ouverts (wikis, licences Creative Commons, Floss) qui élargit le champ de la notion de protection de l'oeuvre au sens large. Il étudie aussi longuement le nouvel espace d'expression du blog au sein de la cité avec un parrallèle très pertinent dans la Rome et la Grèce Antique.
Son essai se termine sur la mise en oeuvre de l'archivage numérique, les difficultés considérables qu'il pose en terme de sécurité et de fiabilité (formats, pérennité des supports...) et sur les deux projets concommittents que sont Internet Archive et Google. Il met en évidence l'hégémonie en oeuvre: "On reconnait donc que la coexistence va se poursuivre, que l'archive restera hybride. Le rêve numérique de bibliothèque absolue où tout objet imprimé sera imprimé sera accessible n'est pas réaliste.
Reste que l'archive en ligne est l'agent d'une conversion radicale: celle du livre imprimé en un objet numérique dont l'interface première est la recherche et l'indexation.
Je citerais encore beaucoup de passages lumineux mais je vous laisse le soin de lire ce livre très important, j'attends vivement d'autres critiques de lecteurs pour échanger. A signaler aussi, pour Wolton, que l'on pourra rencontrer l'auteur chez des libraires (Ombres Blanches demain), j'espère d'autres rendez-vous à suivre...


Steve Jobs enterre les livres électroniques

00007734 L'arrivée d'un hypothétique livre électronique construit par Apple s'éloignerait-elle? C'est en substance ce que l'on retient de cette courte interview de Steve Jobs, le patron de la pomme, réalisée par un journaliste du New York Times:
"Aujourd'hui, il y a un large éventail d'observations sur l'industrie, y compris sur l'Amazon Kindle, un livre électronique qui, selon lui, ne mène nulle part en grande partie parce que les Américains ont cessé de lire.
«Peu importe si le produit est bon ou mauvais, le fait est que les gens ne lisent plus, dit-il. «Quarante pour cent de la population aux Etats-Unis a lu un livre ou moins l'année dernière. L'ensemble de la conception est viciée au sommet parce que les gens ne lisent plus".

A mettre, bien sûr, en relation avec cette étude sur la lecture qui suscite le débat aux Etats-Unis qui avait été signalé par Max.
A consulter aussi un article de l'incontournable David Rotman sur Teleread.
Alors, tout cela, info ou intox?

(via SVMMac)


2008: année du ebook, du livre électronique ?

Pin_up_fermeture Une longue interruption du blog pendant cette période de fêtes, j'ai pris quelques distances. Cela tombait bien, l'actualité des livres électroniques me permettait cette petite pause. Beaucoup d'interrogations sur cette nouvelle année qui s'annonce pour les livres électroniques, Agora Vox, Jérôme Bouteiller dans l'Expansion, Bruno Rives aussi "2008, année 1 - Une autre année d'expérimentation se profile, mais des applications pratiques vont voir le jour, dans des marchés de niche, en attendant les "papiers" grand publics, couleur, flexibles, et la diminution du prix du support. L'alchimie du livre est encore à trouver, et beaucoup des modèles technologiques, économiques et marketing restent à inventer pour l'affichage et l'intégration aux objets de la vie courante. Si 2008 connait la même effervescence que 2007, nul doute qu'elle sonnera le début du basculement." et qui se livre au jeu des prédictions.
C'est bien joli tout ça, mais pour cela il faudra que les livres électroniques deviennent accessibles en Europe car depuis plus d'un an, c'est surtout de l'autre côté de l'Atlantique que ça se passe, dans la langue de Shakespeare. Et ce doute, qui s'installe, est-ce que nous le valons bien?
En ce qui me concerne, je fais un voeu pour cette année, voir arriver enfin le support A4 annoncé puis remis par Jinke que tant de lecteurs attendent et qui pourrait bien créer un premier basculement dont tout le monde parle. Plus que le Kindle, je Lgphilips1_0 pense, en attendant la couleur qui se profilera dans quelques années encore et dont nous avons découvert la semaine dernière un prototype alléchant au format A4 toujours et signé L.G.Philips; avec son affichage de 1 280 x 800 pixels pour 16,7 millions de couleur, il s'agit de la meilleure définition au monde pour un appareil de ce type. En mai dernier, le même LG.Philips restait cantonné à 4 096 couleurs. Epoustouflant...
Heureusement, pendant cette interruption j'avais quelques veilleurs qui nous délivrent quelques belles étrennes pour commencer l'année avec les idées claires. Michel Serres, d'abord, à écouter absolument (via Affordance), bon sang, qu'il me semble loin le temps où ce même Michel Serres nous parlait de la jubilation de parcourir les dictionnaires et les encyclopédies de mots en mots, d'articles en articles, se perdre dans les livres... Et puis les fameuses causeries de Roger Chartier au Collège de France qui viennent enfin d'être mises en ligne (merci Alain, je les cherchais dans la rubrique Littérature, elles étaient dans la rubrique Histoire!)
Je ne pouvais pas finir ce soir sans vous parler de cette étonnante annonce (via l'Atelier) faite par la société Zink qui a fait l'événement au CES de Las Vegas en présentant un système d'impression miniature sans aucune encre. "Celui-ci repose sur un papier d'un nouveau genre. Composées de cristaux microscopiques, les feuilles mises au point par Zink sont capables de générer des variantes des trois couleurs primaires au contact de la chaleur. A noter: le papier utilisé résiste à l'eau et se présente comme très solide. La mécanique d'impression du système – qui produit la chaleur nécessaire - fait penser au développement d'un tirage Polaroïd, groupe dont la start-up Zinc est justement issue. L'imprimé est en effet réalisé de façon instantanée et est immédiatement utilisable."
Franchement, génial, j'ai dans l'idée que l'on enverra ses cartes de voeux de cette façon l'année prochaine! Meilleurs voeux à tous!


L'Iliad tient toujours la corde

Sm_iliad L'Iliad, le premier livre électronique européen sorti il y a plus de 18 mois maintenant (un abime en terme d'électronique) mais toujours en tête en terme des fonctionnalités et de l'ergonomie d'utilisation. Pour preuve, la chaîne australienne de livres Dymocks qui le met en avant dans une vaste campagne de promotion. Pour France-Loisirs, c'est pour quand?
Après les néerlandais Edupaper novateurs pour un programme éducatif, c'est maintenant les norvégiens qui mettent en place quelque chose: "Un projet pilote a été lancé afin d'utiliser iRex iLiad comme dispositifs pour les livres scolaires. L'article norvégien rapporte que 30 étudiants et 5 professeurs participent au projet, avec des livres fournis (le plus souvent sous forme de fichiers PDF), par l'éditeur de manuels Gyldendal." (via Mobileread). Repéré un autre lecteur de l'Iliad qui a déballé le sien en décembre de l'année dernière, et bonne nouvelle aussi, Hélène récupère son Iliad en janvier!


La Killer Application pour le Kindle

Infinity Quelle pourrait-être la "Killer Application" pour la plateforme du Kindle, le type d'accès aux livres qui pourrait décider les lecteurs à adopter les nouveaux livres électroniques? C'est ce que ce demande aujourd'hui Joe Wikert sur son blog Publishing 2020 avec une proposition intéressante. Un abonnement unique mensuel qui donnerait accès à la totalité des contenus d'Amazon. Ensuite, plus rien, vous téléchargez à volonté. Au bout d'un mois, vos livres lus ou pas lus, vous les perdez. En effet, à quoi bon téléchargez beaucoup de livres si vous ne les lisez pas? Et puis, est-ce indispensable de stocker des livres numériques dans un disque dur? Pour plus tard, quand? On les reprendra toujours, non? En quelque sorte, l'exemple d'une bibliothèque avec un droit de prêt limité. J'aime aussi cette image des premiers livres de poche américains qui sont arrivés avec les GI's pendant la guerre. Des livres très bon marché avec une colle très faible sur le dos. Les soldats déchiraient les pages au fur et à mesure de la lecture. Une fois la lecture terminée, plus de livres, plus d'échanges, plus de peer to peer... Malins les éditeurs, non? Alors, comment organiser une rémunération pour les auteurs et les éditeurs dans un tel système? "Une solution est d'aller détecter les pages effectivement lues. Ce n'est pas le cas dans cette première version du Kindle mais cela pourrait être ajouté dans une version future, suivre les pages de tous les livres téléchargés et lus. À la fin du mois, le dispositif pourrait adresser au client un historique afin que les frais mensuels puissent être répartis au prorata entre les éditeurs dont les pages ont été effectivement téléchargées et lues. Les éditeurs se chargeant de reverser aux auteurs la part contractuelle fondée sur ces mêmes données." Un modèle sans aucun doute à méditer très sérieusement.


L'OLPC disponible partout !

Olpc 399$, le prix du Kindle d'Amazon. La coincidence fait que c'est aussi le prix de l'OLPC (je vous en avais parlé récemment), mais pour ce prix-là, vous en avez deux! L'opération a été lancée le 12 novembre et est reconduite jusqu'au 31 décembre, "Dès maintenant et jusqu’au 31 décembre 2007, OLPC présente le projet Offrez-en un, recevez-en un! aux États-Unis et au Canada. C’est la première fois que le portable révolutionnaire XO sera disponible au grand public. Pour 399$, un XO sera envoyé à un enfant d’un pays en voie de développement et un autre à votre enfant, en remerciement de votre contribution. Jusqu'à 200 $ de votre don pourrait être déductible d’impôts (votre don de 399$ moins la juste valeur de marché du portable XO que vous recevrez (suite ici)". Une bonne façon de concilier aide humanitaire et test pour le cartable d'école, non? Et si l'Etat français participait à l'opération? Utopie?

via Teleread


La Presse et l'Edition à l'heure du numérique

895555watch L'Europe encourage vivement les responsables des entreprises de presse et d’édition de livres à s’investir plus franchement dans l’économie numérique. Lors du troisième «Forum des éditeurs», à Bruxelles, Viviane Reding, la commissaire européenne pour la société de l’information et les médias, se montre résolument optimiste devant le potentiel de développement qu’elle perçoit dans les nouvelles technologies (via LivresHebdo). «Le copyright est la pierre angulaire d’une société basée sur l’information et la connaissance. C’est pourquoi j’ai veillé à introduire dans les nouvelles dispositions un équilibre entre sa protection et sa diffusion». Viviane Reding a également évoqué sa prochaine prise de position, en cours d’élaboration, à propos de la création de contenus sur Internet (Creative Content Online). « Je ne souhaite pas imposer un modèle aux acteurs du marché, mais initier un processus qui facilitera les négociations sur ce marché et améliorera sa sécurité juridique», a-t-elle déclaré." - Reste, bien sûr, les modèles à trouver, les éditeurs de musique auront beaucoup cherché...-
La commissaire européenne a toutefois reconnu que le développement des revenus sur ce marché était un des «principaux défis» auquel les éditeurs sont confrontés. Elle a cité l’exemple du récent lancement du Kindle par Amazon, comme étant une des opportunités dont les éditeurs devraient profiter. Si ce terminal de lecture numérique s’impose dans le livre comme l’iPod dans la musique, «il y aura de nouveaux marchés à développer, et rapidement».
En attendant et pour être bien à l'heure, des montres splendides sont déjà en vente...


Le port, c'est pas gratuit

Images Décision de justice très attendue mardi, celle qui opposait le SLF (Syndicat des Libraires de France) et Amazon sur la gratuité des frais de port pour le livre en France. Après la condamnation d'Alapage au printemps, Amazon est également condamné pour un contournement du prix unique du livre. "Condamné à 100.000 euros de dommages et intérêts, Amazon doit cesser les frais de port gratuits et la pratique des chèques cadeaux à peine d’astreinte de 1.000 euros par jour de retard, passé le délai de 10 jours à compter de la signification du jugement. Cette décision survient après le jugement de première instance et l’arrêt d’appel favorables au SLF dans son action contre le site Alapage.fr (qui s’est pourvu en cassation) pour les mêmes raisons: la condamnation de la pratique des frais de port gratuits. Le SLF a fondé ses actions sur le respect de la loi du 10 août 1981 sur le prix unique du livre (dite loi Lang), votée à l’unanimité par le Parlement. L’objectif du SLF est de veiller à l’organisation des pratiques nouvelles pour que les sites Internet respectent la lettre et l’esprit de la loi." Les détails sont sur Mélico ici. Réaffirmation de cette loi Lang de 1981 qui pour toute une génération d'entre nous signifiait que le livre serait cher en France. A l'époque, nous n'étions pas trop content (et nous ne pouvions pas nous procurer des livres d'occasion aussi facilement qu'aujourd'hui!). Mais avec le recul, force est de constater que cette loi Lang tant décriée a sérieusement limité l'extention hégémonique de la grande distribution dans le domaine de livre. Préserver aussi un réseau de librairies indépendantes et, à travers elle, une édition indépendante. Situation hégémonique, justement, sur Internet, où les grossistes en ligne sont les seuls à pouvoir jouer sur ce terrain. Aucunes librairies physiques en France, même les plus grandes, ne peuvent suivre. Reste à savoir aussi comment va évoluer le dossier sur les frais postaux sur le livre, cela est bien évidement lié. Donc, le prix unique sur le livre en France est intact, la loi doit être respecté (si nous sommes encore dans un état de droit) et, pour vos commandes, le cochon est gratuit dans toutes les bonnes librairies près de chez vous (une bonne carte ici).


Les représentants avec des livres électroniques

A noter cette information que j'ai trouvé sur l'excellent blog Kindleville que Joe Wikert vient d'ouvrir et qui est entièrement consacré au développement du Kindle aux Etats-Unis. Bien loin de l'effet de buzz, c'est vraiment un blog à suivre. Joe Wikert est éditeur chez Wiley, la maison d'édition scientifique américaine bien connue. Il animait déjà un blog très intéressant Publishing2020.
Je le cite: "Mon collègue Ashley de Wiley, a récemment assisté au PAA (Introduction à la Conférence d'Edition) et ramené quelques informations intéressantes sur Simon & Schuster. Selon Michael Selleck, vice-président exécutif des ventes et du marketing, S & S a été très actif dans l'utilisation des dispositifs de livres électroniques en interne.
Selon Selleck à la conférence, il a mentionné à la fois le eReader de Sony ainsi que l'Amazon Kindle et noté que ces appareils vont vraiment aider S & S a éviter l'impression de documents pour les réunions. En effet, voici un lien vers une page sur le site de S & S qui nous dit que "l'on a donné à tous les représentants un lecteur de livres électroniques, en remplacement de manuscrits photocopiés." Il va de soi que S & S estime que cette initiative a le potentiel de réduire le nombre de manuscrits reproduits pour sa division ventes de 20000 ex. par an!"  Il est passionnant de voir une grande organisation comme S & S adopter cette technologie pour un usage interne."

Economie indéniable quant on sait l'importance du budget "photocopies" à l'intérieur des maisons d'éditions. A quand des services de presse sous forme électronique? Quand on connait aussi le rôle prépondérant des représentants, de leurs relations privilégiées avec les libraires, c'est une initiative à suivre de très près sur l'adoption des livres électroniques par les professionnels du livre eux-mêmes.


Kindle: le moins de design possible...

2102529819_84affd9d2b_o Qui de mieux placé pour juger du design du "Minitel écrasé" que le pape du design lui-même:

WEB3 - 11h50 - Philippe Starck, sur le Kindle d'Amazon

   Robert Scoble met dans les mains de Philippe Starck un Kindle (livre électronique promu par Amazon), et lui demande son avis:

Le meilleur design, pour ce genre de produit, est le moins de design possible. L’intérêt de cet appareil, c’est ce qu’il y a dedans, pas autour. Mais le designer qui l’a conçu n’a pas été assez courageux pour s’effacer complètement. Le produit est moderne, le design est vieux…

Le moins de design possible, notez-bien cela...

via Joel Ronez


Des nouveaux modèles pour demain...

Nous passions plus de temps sur Internet que sur la presse magazines, journaux et livres, c'était l'année dernière... Aujourd'hui, Internet est en passe de détrôner la télévision dans les usages des Européens, tout particulièrement pour la tranche des 16-24 ans au sein de laquelle la moyenne des personnes interrogées affirme pour la première fois passer plus de temps en ligne que devant le petit écran. 57% des Européens accèdent désormais régulièrement à Internet, selon un rapport publié par l'EIAA (European Interactive Advertising Association), soit 169 millions de personnes dans dix pays sur lesquels porte cette étude (via Clubic); en France, 71% des internautes admettent qu'ils consomment moins de télévision (51%), de presse écrite (39%) et de radio (30%) à cause d'Internet.
Et si, depuis Internet, on pouvait retourner sur d'autres modèles de presse et d'édition. Ces nouveaux modèles pour demain sont en gestation sur internet. Ils sont de plus en plus nombreux à fleurir, avec un modèle économique qui ne tient pas compte seulement de la manne publicitaire (très envahissante) et c'est bien... J'ai déjà repéré ceux-là TerraEconomica, ArretsurImages, MediaPart (écoutez Cédric Klapish en parler), d'autres s'engagent déjà avec les supports mobiles LesEchos (qui prépare également un portail de presse pour début 2008 selon ce modèle ou celui-là?), non, je ne crois pas que l'Internet rende idiot... et vous? vous en avez repéré aussi de ces nouveaux modèles qui ne rendent pas idiot?


Dossier livre électronique Educnet

Logo_educnet Je vous signale aujourd'hui (via lesInfostrateges) l'actualisation en profondeur du dossier consacré aux livres électroniques et numériques du portail Educnet (Ministère de l'Education nationale). La première version de ce dossier date de 2000, si vous êtes aussi intéressé par la genèse du livre électronique, c'est Laurence Zaysser, ici. Ah, période bénie de l'ebook et de son battage médiatique, rappelez-vous; à côté, l'entrée d'Amazon dans le secteur fait décidément beaucoup moins de papiers! Bref, un dossier très bien fait, il n'y a pas que wikipédia et google dans la vie sur le net. Au fait, si vous cherchez le livre électronique dans le Quid 2008, vous allez avoir du mal à le trouver, cela va devenir un objet collector le Quid! Un jour, on racontera à nos petits enfants, vous savez, il existait autrefois un livre où on trouvait "tout sur tout, et un peu plus que tout"... Non? décidément, il débloque complètement le grand-père...


Le spectre du piratage

Logo_pirate_bay Le Kindle et sa vaste opération médiatique sera-t-il le premier vecteur d'un piratage de contenus à grande échelle? Est-ce que les pirates passeront par le Kindle? C'est l'inquiétude qui pointe au travers de différents commentaires notamment sur le site Silicon.fr: "Si Amazon a acquis en 2005 Mobipocket, une société créatrice d’un format propriétaire de documents, le géant de la vente en ligne n’a pas jugé utile d'installer un verrou contraignant sur son terminal. Le fonctionnement conventionnel voudrait que chaque utilisateur dispose d'une adresse mail ([email protected]), achète légalement son contenu sur le site d'Amazon prévu à cet effet et le télécharge de son mail jusqu'a son Kindle. Le tout moyennant, suivant le cas, un paiement de 10 cents. Oui, mais... Les documents téléchargés en format .doc ou .txt peuvent être associés au format du terminal, le .azw. Les documents PDF peuvent eux aussi être convertis au format .txt. Résultat, inutile de passer par le site d'Amazon. Une plate-forme de 'peer-to-peer' et une connexion USB suffisent à installer les contenus sur le terminal. Gratuitement. La dernière invention d’Amazon risque de jouer un rôle non négligeable dans l’installation des livres et autres contenus numériques dans les mœurs. Néanmoins, les éditeurs de livres, les détaillants, ainsi que les journaux devraient modérément apprécier. Le retour de bâton pourrait être encore plus sévère pour Amazon. En effet, pourquoi continuer d’acheter des livres si un support permet de les acquérir sans payer?"
Il serait intéressant d'avoir le point de vue de spécialistes de formats sur ces questions. Je recommande bien sûr le blog d'Hadrien de Feedbooks et notamment sa synthèse passionnante sur le Kindle. En tout cas nul doute que les pirates planchent depuis la sortie du Kindle. Déjà qu'il nous promet de "mettre le feu"...


On parle du Cybook

Comme le Sonyreader l'année dernière, comme le Kindle, le Cybook est déjà en rupture de stock chez Bookeen: "En raison d'une demande exceptionnelle, toutes les commandes passées à partir de maintenant seront expédiées entre le 14 et le 18 décembre 2007". Pour le Père Noël, ça va être chaud... On ne sait pas les quantités vendues mais c'est bon signe. Libération a consacré une page de test hier (via Lorenzo), article mi-lard, mi-cochon je dirais, en conclusion: "Bilan: l’engin n’a pas la carrure de mettre le livre papier au tapis, ils se compléteront sans doute. Mais l’objet peut s’oublier devant le plaisir de lire." Comme les ambitions de Bookeen et des livres électroniques en général ne sont justement pas de mettre l'industrie du livre au tapis, ça tombe bien. Plus intéressante cette vidéo de nos amis flamands de Edupaper (toujours eux!) qui décortique le Cybook dans une version luxe, pour ma part j'aime pas trop cette couleur marron, mais bon, les goûts et les couleurs...


Rentrer dans les comités de lecture...

Une initiative très intéressante aussi bien sur le concept que sur la présentation graphique qui est faite sur le site des Editions Leo Scheer. Proposer d'accéder aux manuscrits envoyés par les auteurs, c'est ici. Plusieurs questions se posent, est-ce que l'éditeur mettra en ligne tout ce qu'il reçoit? Mais alors, on se retrouve dans quelque chose qui ressemble à des sites type Lulu (avec les réserves que j'avais déjà faites ici), sauf une, bien sûr, qui est déjà la proximité entre l'auteur qui a envoyé son manuscrit à telle ou telle maison, l'esquisse de relation qui est déjà présente. L'éditeur pourrait proposer des manuscrits qu'il a déjà sélectionné mais sur lesquels il se pose des questions avant de passer à l'édition? Inviter les lecteurs à rentrer dans le comité de lecture, en quelque sorte, avec (pourquoi pas?) un système de vote. Tout ceci avec durée limitée de mise en ligne, bien sûr. Cela est diablement intéressant en tout cas pour le rapport entre le lecteur et la maison d'édition, participer à la gestation de l'acte éditorial. Mais aussi le partager avec les lecteurs, renoncer à ce moment unique qui comme le remarque justement François Bon "sachant que c’est un partage rare: comment ne pas figer ce processus dès lors qu’il y a cette mise en ligne?" Bref, un nouveau débat ouvert et des pistes à suivre...


L'OLPC, le livre électronique ultime ?

738pxlaptopebook Vous connaissez sans doute l'OLPC (One Laptop Per Chid), ce formidable projet de développement de PC portable éducatif à 100$ pour les pays en voie de développement (le site officiel ici, wikipedia et une excellente vidéo de présentation déja ancienne sur Clubic). Est-ce que cela ne serait pas le lecteur qui pourrait lancer la lecture électronique auprès des plus jeunes? C'est la question que se pose Hilaire Fernandes sur le site d'éducation Ofset.org. Je le cite: "Pour évaluer l'intérêt d'une utilisation en configuration livre électronique, plusieurs critères sont à prendre en compte. C'est sans aucun doute un des points forts, l'écran dispose de deux modes: un mode couleur retro-éclairé et un mode noir et blanc lorsque l'écran n'est plus rétro-éclairé ou bien lorsqu'il est utilisé en plein soleil. En noir et blanc la résolution passe à 200dpi, autant dire un gain Illustrationdetailnb_s_2 très important pour le confort de lecture: les caractères sont parfaitement lissés, les contours sont nets, la fatigue visuelle est réduite d'autant. Le prix en nombre de l'OLPC est annoncé autour de 180$, soit 120/130€. Pour ce prix là, en plus d'un intéressant lecteur de livres électroniques, l'enfant dispose d'un véritable ordinateur pensé et conçu pour lui."
Et cet intéressant calcul pour finir: "Si on faisait un calcul... Quel serait le coût de revient d'un tel portable pour un enfant à partir du CE1? Sachant qu'une telle machine est faite pour durée au moins 4 ans, à un prix disons de 130€, le coût de revient mensuel serait d'environ 2.71€/mois ou d'environ 9 cents par jour. Soit 3 cafés... par mois."
Deux points faibles quand même, la légèreté très relative de l'objet (l'OLPC pèse environ 1.5kg alors que le Kindle d'Amazon pèse 280g), je vois mal nos chers bambins lire à bout de bras pendant très longtemps et l'autonomie bien sûr, les piles recharchargeables et même le pédalier avec la dynamo, on est très loin des 8000 pages tournées du Cybook dernière génération! Bref, un certain retour aux premiers livres électroniques lourdingues, gourmands (comparaison ici) sauf le prix bien sûr. Bien joli tout cela, mais si l'Education Nationale commandait des milliers de Cybooks pour les écoles, un livre électronique ouvert et multi-formats, avec des contenus -Gallica et des éditeurs scolaires- adaptés ? Cela donnerait quoi du côté des prix de revient? Combien de tablettes chocolatées par mois? J'espère que l'on planche sur ces sujets du côté du Ministère de l'Education...


Encres de Loire, article (suite et fin)

C’est au cœur de cette réflexion sur ces nouveaux usages qu’est né le projet Abicia à la fin de l’année dernière. Au départ, il s’agissait à travers la rédaction d’une thèse de fin d’études à l’Ecole des Mines de Nantes (mastère spécialisé entrepreneuriat et technologies de l’information entrepris fin 2005) d’explorer le champ des nouvelles possibilités sur internet en matière d’édition et de contenus. La volonté aussi de mener à bien un projet d’installation sur la région nantaise, qui puisse s’insérer au cœur des évolutions de l’édition et du web. Mon expérience dans l’édition et une formation complémentaire dans l’internet indispensable pour affuter mes compétences et mon expertise. Après de nombreuses années de travail sur Paris, je souhaitais personnellement m’installer dans un autre cadre de vie, une façon de mûrir de cette façon là aussi, c’est aussi une grande force de l’internet de ne pas être obligé de mener un tel projet depuis quelques arrondissements dans Paris… Au travers de l’Ecole des Mines de Nantes, j’ai pu rencontrer les compétences nécessaires pour développer un projet de création d’entreprise, trouver les bonnes personnes et les bons réseaux. Pour revenir rapidement à l’édition et internet, je dirais que le monde du livre, comme celui de la presse d’ailleurs, a longtemps eu une certaine défiance vis-à-vis de l’internet. Le spectre de la musique en ligne hante, je pense, les esprits; depuis de nombreuses années certains prédicateurs font peser de sombres menaces en assurant que le processus est en route. Mais c’est vrai aussi que depuis deux ans environ, avec l’extension de l’internet dans notre société, de nouveaux champs d’exploration se développent sur internet autour des livres, des initiatives de librairies, d’éditeurs, de sites d’incitation à la lecture, aux échanges de critiques. Parallèlement, et comme beaucoup d’observateurs, je considère que la librairie en ligne, je veux dire la librairie sur internet qui puisse proposer au domicile de l’internaute les livres physiques que ce soit en neuf ou en occasion, et cela au meilleur prix, est un domaine qui a été définitivement gagné par Amazon. Même si d’autres librairies existent, Amazon a eu l’intelligence de rallier à travers son Marketplace un grand nombre de librairies d’occasion qui écoulent des livres épuisés mais aussi des services de presse qui repassent aisément dans le circuit via internet. Quand vous interrogez des lecteurs familiers du Quartier Latin, ils vous diront tous qu’ils vont régulièrement chez Gibert, parce que chez Gibert, on trouve à la fois des livres neufs et des livres d’occasion. Ce que Gibert a fait dans le Quartier Latin, Amazon l’a fait à l’échelle d’internet. Récemment un libraire de livres d’occasion me confiait qu’il réalisait près de 40% de son chiffre d’affaires sur internet, remettant sérieusement en question sa présence dans un local de centre ville qui lui coûte bien cher. Si Amazon a gagné la bataille du livre physique, un éditeur ne pouvant refuser de vendre à Amazon qui est un libraire comme un autre, il n’est pas dit qu’Amazon gagne la bataille du livre numérique, car la balle est d’abord dans le camp des éditeurs et de leurs choix par rapport à l’ensemble de leurs partenaires. En observant attentivement Amazon, je me suis rendu compte que ce sur quoi, ils butaient malgré leurs efforts depuis quelques années, c’était sur le programme «au cœur des livres», c'est-à-dire la mise en ligne des premières pages des livres avec l’accord des éditeurs. Google, conjointement, a la même politique, en proposant des espaces pour les éditeurs, entre des modèles quelques pages et des modèles à l’intégralité des pages, choisis par certains. A coté de ces deux alternatives américaines, rien du tout. Entre des ebooks au prix élevés et des ebooks «gratuits», je me suis demandé si il n’existait pas un espace qui permettrait à la fois aux éditeurs de bouger sur la question et aux internautes de pouvoir accéder à des débuts de livres autrement que les cinq pages réglementaires proposés sur les sites des éditeurs.

C’est en menant conjointement mes investigations sur le web et ma pratique du livrel que le projet de construire un site qui propose des débuts de livres a mûri. Tout d’abord, pourquoi ne pas aller au-delà de quelques pages, en proposant quelques chapitres, une trentaine de pages pour rentrer un peu plus dans la lecture de tel ou tel livre. C’est très frustrant de ne découvrir que cinq pages d’un livre, même pas le premier chapitre! Des nouveautés très médiatiques bien sûr, mais aussi des livres de fonds qui «dorment» sur les catalogues d’éditeurs. Abicia, c’est d’abord le site que j’aurais souhaité trouver pour commencer avec ce nouveau support qui allie à la fois découverte de nouveaux livres et un prix modique d’accès. Les nombreux échanges avec des professionnels du secteur m’ont convaincu qu’il y avait un espace, notamment les libraires dont je me suis rapproché très tôt dans le projet, au travers du Syndicat des Libraires de France. Au proposant des débuts de livres, nous nous devions évidemment d’orienter les lecteurs vers un livre complet. Nous ne souhaitions pas pointer une nouvelle fois vers telle ou telle librairie en ligne mais proposer une alternative près de chez soi. Le Syndicat nous a ouvert son réseau auprès de plus 600 librairies en France, nous mettons en ligne les coordonnées et des liens sur une carte de France, phénomène qui s’est développé sur internet avec des liens pour des services près de chez soi. Nous allons bien évidemment étendre notre partenariat à d’autres réseaux. Pour démarrer avec une offre de livres, il était indispensable de proposer des titres incontournables, que l’on puisse trouver dans toute bonne libraire, je veux dire une sélection de livres classiques. Même si ces livres ne représentaient une grande attractivité, il était nécessaire de commencer avec cela. Après une petite analyse de ce que l’on trouvait dans le domaine du gratuit sur internet, nous nous sommes vite rendu à l’évidence que l’on ne pouvait se fier à rien du tout, qu’à nous même en l’espèce, sur la qualité de ce que nous mettrions en ligne. Accueillant des éditeurs sur le portail, nous nous devions une certaine exigence sur la qualité des fonds y compris sur ceux libres de droits, cela va de soi. C’est pourquoi, nous avons entrepris la numérisation professionnelle d’une sélection de plus de 500 titres libres de droits en collaboration avec une entreprise spécialisée. Nous nous sommes rapprochés d’éditeurs qui ont été intéressés par le projet. Au fur et à mesure des partenariats que nous passerons, nous commencerons les mises en ligne dans le courant du mois de septembre. Nous avons aussi choisi une voie différente que les traditionnelles vignettes de couvertures de livres pour accéder aux livres. Nous orientant vers le domaine de la littérature générale, nous avons pensé que le portrait d’écrivain était un accès intéressant, plus intéressant qu’une petite vignette illisible, la couverture d’un livre étant essentielle à l’objet physique mais assez accessoire sur le web. C’est aussi un élément complètement absent des sites en ligne traditionnels mais bien présents sur les sites d’éditeurs qui communiquent sur les auteurs en renforçant une proximité avec le lecteur (avec des éléments connexes, blogs, vidéos, conférences), bref renforcer cette proximité de l’écrivain. Nous avons choisis de mettre en scène les portraits d’écrivains en passant des accords avec des agences spécialisées. Un accès très simple des auteurs classés par rubriques, par éditeurs, par époques, puis des livres, puis des pages de livres, c’est le principe que nous avons retenu pour la construction de notre site avec des vitrines dynamiques qui changeront par éditeurs, par thèmes. Une sorte de cabinet de lecture sur internet et les nouveaux livres électroniques qui vont arriver dans les prochains mois, avec un prix unique d’accès de 2.99€ pour accéder à 300 pages au choix sur notre catalogue qui permettent une juste rémunération des auteurs et des éditeurs partenaires. Le succès d’Abicia ne dépendra bien entendu aussi que de l’offre aussi large que possible que nous pourrons présenter dans les mois qui viennent en fédérant le plus d’éditeurs sur le concept. Nous pensons également nous rapprocher de fabricants de livres électroniques pour proposer des offres sur le site. Le marché de la lecture en ligne ne fait que commencer, même si quelques acteurs sont présents depuis quelques années, c’est un nouveau secteur qui s’ouvre pour découvrir de nouveaux livres, de nouvelles lectures potentielles pour les écrivains d’hier et d’aujourd’hui. C’est une grande chance pour l’édition, je pense. C’est tout le pari d’Abicia d’ouvrir les pages des livres et d’être au cœur de ces nouvelles offres de lecture.

 


Encres de Loire, dossier livre numérique

Encres Suite à la journée "Polyphonies du Livre" qui s'était tenue en juin dernier à l'IUT de La Roche-sur-Yon à laquelle j'avais participé, la Revue Encres de Loire (revue du livre publiée par la Région Pays de Loire) dans son numéro 42 d'octobre 2007 (disponible en papier et ici en version PDF) a consacré un large dossier au livre numérique et a eu la gentillesse de m'ouvrir très largement ses colonnes. Je les remercie ainsi qu'Olivier Ertzscheid (passionnant blog Affordance) qui est à l'initiative de ce dossier complet. Je suis revenu longuement sur mon expérience du papier électronique et sur le développement d'Abicia. Mon texte a été légèrement remanié pour les besoins de la publication, je vous donne le texte original, pour ne pas être trop long, j'ai coupé le texte complet en deux parties, voici la première...

Lors de la dernière journée des Polyphonies 2007 à l’IUT de La Roche-sur-Yon, Olivier Ertzscheid m’a fait la gentillesse de m’inviter à venir parler de mon retour d’expérience sur les nouveaux supports électroniques de lecture que j’observe depuis plusieurs années maintenant. Cela, aussi, à travers le blog que je tiens depuis un an maintenant, Aldus2006, blog qui m’a permis de rejoindre beaucoup d’observateurs comme moi, aussi bien dans les communautés de «geeks et d’early-adopters», que dans celles des métiers du livre qui s’interrogent sur son évolution, des communautés qui à priori sont assez éloignées les unes des autres! A travers cet exposé avec des étudiants, c’était aussi une façon pour moi de renouer avec une activité d’enseignant que j’ai beaucoup apprécié durant plusieurs années à l’Université de Paris-Villetaneuse, en DESS-Edition, pour transmettre mon humble savoir concernant la fabrication de nos chers livres. Même si mon âge n’est pas si avancé que cela (grands dieux, je n’ai que 44 ans), c’est un fait qu’avec une activité dans la fabrication dans l’édition durant une vingtaine d’années, j’ai pu observer de manière privilégiée l’adaptation de la chaîne du livre à l’évolution numérique. Si je vous disais que quand je suis sorti d’Estienne en 1985, mes chers professeurs voyaient de loin le MacIntosh d’Apple comme un gentil outil de bureautique pour les secrétaires averties! Mais, faire des livres avec ça, vous n’y pensez pas ! Et c’est vrai que j’ai démarré à un moment charnière, ces années 1985/1990 avec l’avènement de la PAO (Publication assistée par ordinateur), dont ce qui arrive aujourd’hui n’est finalement qu’un aboutissement, j’y reviendrais. Durant toutes ses années passées dans des maisons d’éditions (Bordas, Albin Michel, Citadelles et Mazenod, Flammarion, Editis) en tant que chef de fabrication puis directeur de production, j’ai pu approcher de près ces évolutions et l’adaptation des professionnels qui, il faut bien le dire, c’est aussi traduit par énormément de difficultés pour les entreprises du secteur (photocomposition, photogravure, imprimerie). Si le numérique avait conquis durant une quinzaine d’années l’ensemble des étapes dans la chaîne de fabrication du livre, depuis la conception de la maquette jusqu’à l’ultime fabrication des plaques chez l’imprimeur (celle-ci n’étant intervenue qu’à l’orée des années 2000), restait alors, ultime saut, la mise à disposition du fichier numérique pour le lecteur qui puisse rivaliser ou du moins approcher la qualité du support papier.

Depuis les débuts de l’informatique, tout un chacun est confronté à la pénibilité d’une lecture prolongée sur écran. Fatigue visuelle, maux de tête, la médecine du travail a depuis longtemps entériné le phénomène. L’écran d’ordinateur est par essence même un écran comme la télévision qui émet des rayonnements, contradictoire avec la notion de lecture prolongée qui exige un support inerte. Nous étions beaucoup dans cette profession à nous interroger sur les premiers modèles de livres électroniques, notamment au lancement du Cybook au Salon du Livre en 2000. Si la plupart d’entre nous étions assez conquis par les avancées technologiques, nous étions par contre très sceptiques sur le battage médiatique qui l’a accompagné. De faire du Cybook le futur du livre, était quand même, il faut bien le dire, assez grotesque pour l’ensemble des professionnels. Vous me direz, et c’est aussi un paradoxe, cela a fait vendre beaucoup de papier à l’époque... Car de quoi s’agissait-il sinon d’un écran d’ordinateur déporté, la page d’accueil nous introduisant d’ailleurs dans un univers internet avec un explorateur windows simplifié? Une sorte de portable réduit à sa plus simple expression, un écran. Que dire des défauts rédhibitoires pour un produit que l’on propulsait comme grand public, à savoir son ergonomie peu satisfaisante (lisibilité, poids, faible autonomie) mais aussi son prix très élevé. Je veux retenir de l’expérience Cytale sa réelle avancée pour les personnes mal voyantes avec des possibilités très intéressantes de grossissement de caractères. Qu’un grand lecteur comme Sartre, par exemple, qui ne pouvait plus lire à la fin de sa vie, puisse continuer à lire, quel progrès! Je pense qu’il aurait été judicieux à l’époque de rester sur ce marché spécifique, je suis certain que le succès du Cybook aurait été au rendez-vous plutôt que de se perdre dans ce battage médiatique livre papier versus livre électronique stérile sur le fond. Bref, mauvais procès, échec couru d’avance, au moins Cytale aura eu le mérite de préparer les esprits. Vous savez comme dans ces temps anciens où les ordinateurs étaient régulièrement battus par l’homme aux échecs. Le débat était clos, mais le doute subsistait dans les esprits, on se disait jusqu’à quand… Jusqu’à quand, c’est ça.

C’est au Québec fin 2004 que j’ai découvert la technologie du papier électronique avec le Sony Librié entre les mains. J’avais lu quelques articles sur internet sur cette nouvelle technologie. Pour qu’un défricheur des innovations comme Sony s’intéresse au procédé, cela inaugurait certainement de quelque chose d’intéressant. Mais c’est vrai que l’avoir entre les mains, c’est très différent que de lire des articles sur internet. Donc, le Librié entre les mains, tout de suite, j’ai pensé que c’était vraiment la bonne idée. J’avais pu tester longuement le Cybook en décortiquant ces défauts, et je me rendais compte que cette nouvelle technologie d’encre électronique levaient les trois défauts majeurs –lisibilité, portabilité et autonomie- qui sont les qualités intrinsèques du livre que nous connaissons tous. Lisibilité d’abord, plus de rétro-éclairement qui procure une fatigue, mais des billes d’encre qui montent et descendent à l’intérieur d’un support plastique sous l’effet d’impulsions électriques. Blanc, noir, qu’est-ce que le livre si ce n’est une histoire de blanc-noir, justement. A travers mon métier et les corrections de photogravure, je connaissais bien les théories de la couleur, cette fameuse dichotomie entre synthèse additive (dite RVB, avec un support noir –tous les écrans qui nous entourent-, vous devez recomposer une lumière blanche avec trois faisceaux mélangés, rouge, vert, bleu) et la synthèse soustractive (dite CMJ, avec un support blanc –notre bon vieux papier-, vous devez recomposer une lumière noire –l’encre- avec trois faisceaux mélangés, cyan, magenta, jaune). Excusez-moi pour cette digression un peu technique mais elle est au cœur du débat. C’est une lapalissade mais pour lire, nous avons besoin de lumière. Tous les écrans qui nous entourent font abstraction de la lumière du jour, ils la combattent avec leur propre rayonnement. Le monde électronique rêvé pour Microsoft et consorts serait un monde sans lumière du jour… J’avais entre les mains pour la première fois de ma vie, le premier dispositif électronique qui ne produisait plus de lumière mais qui au contraire, comme du papier, requerrait la lumière du jour, la mettant au cœur même de la lecture. Le support électronique était blanc d’emblée (grâce à la lumière blanche qui nous entoure) et des petites billes d’encre s’affichaient, délivrant leurs messages puis disparaissaient pour reparaitre à nouveau, sorte de subtil jeu de go. Je pense que Pérec aurait adoré le papier électronique. Puis on m’a expliqué, en plus, qu’une fois les billes affichées, il n’y avait plus de consommation d’énergie, seulement dans le mouvement des billes dans le support. Cela levait bien évidemment la hantise de tous les constructeurs d’électronique, à savoir la consommation d’énergie et tous les câbles qui nous entourent. Ce petit appareil avec des consommations d’énergie extrêmement faibles pouvait afficher des milliers de pages sans revenir vers la prise de courant. Magie de l’encre électronique, je trouve. J’étais frappé aussi tout de suite par la qualité de contraste équivalente au support papier. Certes le support n’était pas encore tout à fait équivalent à la blancheur de notre papier (surtout avec la quantité d’azurants optiques que les fabricants y déversent depuis longtemps – plus blanc que blanc, vous savez Coluche), mais l’équivalent d’un bon recyclé, un gris léger, de toute façon très bon pour assurer un contraste suffisant confortable à la lecture. Je passerais rapidement sur la portabilité de ces supports, Sony ayant fait le choix d’un appareil très petit et très fin. Bref exit aussi, les livres électroniques lourdingues qui nécessitaient des tables ou des genoux, nous aurions des supports très légers, aussi légers que des livres traditionnels. Restait à lever l’obstacle du prix, obstacle incontournable pour rencontrer le public bien sûr. Mais il était évident que la production de masse allait bien évidemment faire chuter les prix. C’est le cas pour toute l’électronique, pourquoi le phénomène ne se produirait pas pour le papier ? D’autant que le livre n’était qu’un modeste secteur par rapport aux multiples applications dans tous les secteurs du papier, de la presse à l’affichage publicitaire.

Je n’ai pas acheté d’emblée le Sony Librié, tout d’abord parce qu’il était spécifiquement conçu pour le marché japonais, annoncé comme tel et que je n’aurais que très peu de chance de me procurer des contenus. J’ai préféré attendre et continuer de surveiller attentivement l’évolution du marché notamment avec l’observatoire Tebaldo à Paris qui anticipe de très près ces nouvelles technologies émergentes. C’est fin 2005 que j’ai entendu parler de la sortie imminente du premier livre électronique européen, fruit des efforts d’Irex Technologies, une petite société au Pays-Bas, dans l’ombre du géant Philips. Au printemps 2006, je découvrais sur les tables de Tebaldo, les trois dispositifs mis sur le marché, Sony toujours (avec un prototype du SonyReader prévu pour le marché américain en fin d’année), Jinke (un dispositif chinois se rapprochant du Sony avec un prix plus faible), Irex avec son modèle Iliad qui malgré son prix plus élevé (650€) présentait deux atouts importants, son format plus grand et son écran tactile. J’ai tout de suite vu que ce modèle était le plus intéressant pour défricher l’ensemble des applications possibles. Fin de l’été 2006, je commandais l’Iliad sur le site d’Irex. Autour de moi, beaucoup de gens dans les métiers du livre surveillaient aussi de près ces nouveaux dispositifs. Je décidais donc de créer ce blog Aldus pour faire part au quotidien de mes remarques de lecteur, de mes recherches de contenus. Car c’est bien là que j’ai eu des difficultés à trouver quelque chose. Je passerais rapidement sur les sites de téléchargements gratuits qui ne proposait rien de spécifiquement conçu pour ces livres électroniques. J’ai toujours pensé que l’adoption de ces supports se ferait par un développement de contenus quotidiens, réguliers, destinés à ne pas être conservés. Et c’est bien sûr la presse qui est la plus à même de fournir cette source de contenus de première qualité. Quand on sait par la même occasion les problèmes qu’elle rencontre pour la rentabilité de la fabrication et la diffusion du journal, on voit tout l’intérêt pour un quotidien de proposer de telles offres. Si des journaux flamand et chinois ont réalisés quelques essais en 2006, c’est bien sûr en France que je surveillais le mouvement. Le journal les Echos a annoncé la sortie d’une expérience e-paper au printemps 2006. En fait, elle ne viendra qu’un an plus tard, avec des propositions d’abonnement autour de plusieurs livrels. Il est encore trop tôt pour évaluer cette expérience, d’autant que les livres électroniques vont se diffuser dans les prochains mois, le premier modèle français est annoncé pour septembre de cette année, d'autres chinois sont eux aussi prévus pour cet automne, bref le marché ne fait que démarrer. Il est indispensable que les journaux puissent mutualiser leurs efforts, on rêve d’un organisme comme les NMPP pour diffuser l’ensemble de la presse sur ces supports!

Avec un recul d’une année sur la pratique de mon livre électronique, je peux d’abord confirmer le confort de lecture. Il est bien là. Malgré la difficulté à trouver des contenus, j’ai pu lire au quotidien dessus et de manière très agréable. Trainant au hasard sur mon bureau, dans ma sacoche, dans ma bibliothèque, le livre électronique devient complémentaire. C’est cet aspect qui m’a le plus frappé. Pour moi, il n’a jamais été question d’engranger des fichiers dans un disque dur ou sur une clé usb (il n’était aussi pas question que j’arrête d’acheter des livres!) mais d’observer plutôt comment il modifiait mes pratiques de lectures, aussi bien chez moi, qu’à l’extérieur.  Consommateur aussi de lectures sur le net au travers des blogs, de sites d’informations, le livre électronique s’est inséré peu à peu, malgré le peu de contenus à disposition, dans ma vie autour des livres. Il n’est venu prendre la place de personne! L’embarquant au milieu d’une pile de journaux et de livres pour le week-end, l’attrapant pour un trajet en tram, délaissant le web un instant pour une lecture d’un article, d’une thèse, complémentarité, c’est bien le maître-mot que je mettrais au cœur de la problématique. J’ai beaucoup échangé sur ce sujet avec des observateurs qui voient un basculement complet à court, voire à moyen terme. Je suis très sceptique sur le sujet. Une opinion que je rejoins est celle de Frédéric Kaplan, texte issu d’un entretien qu’il a consacré à Livres Hebdo en juin 2006, je le cite: "Le futur nous dira si nous arrivons avec l'encre et le papier électroniques à une sensualité satisfaisante, mais je note que les progrès enregistrés, en seulement quelques années, sont déjà remarquables. Les usages du livre électronique restent aussi à définir. Je ne suis pas de ceux qui pensent qu'il y aura basculement du livre papier vers le livre électronique, mais au contraire que les consommateurs définiront des usages complémentaires. Mais, encore une fois, il ne m'appartient pas d'y répondre. Mon interrogation est plutôt de savoir comment ce genre d'outils va, tout d'un coup, transformer de manière profonde notre rapport au livre". Certes, pendant toute cette année, j’ai eu envie d’acheter des livres spécifiquement sur le livre électronique, pour des raisons de prix, pour des raisons d’actualité aussi, à quoi bon acheter tel ouvrage qui va être très rapidement obsolète, redécouvrir au hasard des pages de classiques. Mais les livres au format numérique restent chers et ils vont le rester car ils ne sont que la mise à disposition parallèle d’une industrie du livre qui a une économie particulière et c’est aussi heureux pour la diversité. Dans cette rentrée littéraire, on épingle le très grand nombre de nouveautés sur les tables des librairies, impossible de tout lire, le même débat revient et ce n’est pas nouveau. Mais c’est aussi une période très excitante avec une effervescence sur de nouveaux auteurs, dans la presse, chez les libraires, sur les blogs. Sur le livre électronique, j’ai envie en ce moment de trouver de la presse, des critiques de livres, des débuts de livres, tout un tas de lectures impossibles à compiler dans leur totalité hormis sur le web, et encore, tout n’est pas en libre accès, et avec les réserves de confort de lecture que l’on sait! En cette rentrée littéraire, je voudrais des articles, acheter toute la presse autour des livres, impossible, alors qu’un abonnement avec toute la presse, cela, si je pouvais l’avoir en cette rentrée pour un coût raisonnable? La rentrée littéraire à l’automne 2008 sera disponible en numérique, j’en suis certain et c’est tant mieux… Je pense que le livre électronique va s’installer durablement comme un média complémentaire aussi bien dans la presse que dans l’édition. Je vais vous dire une chose, depuis que je l'ai, je n’ai jamais eu autant l’envie d’acheter des livres! Un peu paradoxal pour certains, n’est-ce pas? Et pourtant, c’est la réalité et je ne vais pas être le seul, j’ai ce sentiment. Par le livre électronique, je découvre des livres, savoir si je souhaite ensuite les acheter en papier ou en numérique, si j’ai le choix, je pourrais choisir entre ces deux voies. Le livre électronique aura suscité l’envie et c’est très bien comme cela. S’il y a bien un terrain sur lequel va venir il va venir mordre, c’est celui d’internet. Avec un livre électronique connecté, je vais pouvoir disposer des blogs préférés, de la presse du jour, d’une masse de contenus au quotidien que j’aurais préalablement sélectionné. Libération qui arrête son supplément Livres, est-ce que les journalistes de Libération n’ont plus rien à nous dire sur les livres? Est-ce que les lecteurs de Libération ne sont plus intéressés? Je ne crois pas, c’est simplement que la rentabilité économique de l’espace d’un tel supplément n’est plus là. Mais avec une diffusion sur livre électronique à moindre coût, est-ce que la chose ne pourrait pas être reconsidérée? Reste à savoir comment les compilateurs de news sur internet vont avancer et la gestion des droits sur les contenus. Cette complémentarité exemplaire, je l’assimile complètement à celle du livre de poche. Même si le livre de poche a modifié les pratiques de lecture, il n’a pas complètement fait disparaître les autres livres. Un juste équilibre a été trouvé dans la profession, les lecteurs s’y sont habitués, certains attendant avec impatience les versions poche, d’autres réservant les poches pour le voyage, les vacances, préférant des éditions au format plus grands pour le cadeau, la conservation en bibliothèque pour les relire, les achats en éditions cartonnés via les clubs... Bref des dizaines de pratiques des jeunes et moins jeunes qui rythment la vie des livres dans notre société. Les livres électroniques avec les interactions qu’ils vont pouvoir générer avec l’internet vont naturellement se diffuser et les lecteurs y trouver de nouveaux usages, moitié papier, moitié internet, je dirais. Et c’est très bien comme ça.

(à suivre...)

 


L'imprimé bientôt privé de son poumon publicitaire

Newspaperchartinflationadjusted Ce qui se dégage à travers ces deux informations. La semaine dernière s'est tenu à Bercy un colloque sur le futur de l'imprimé (voir Caractère): "L'imprimé a-t-il un avenir? Sans aucun doute, ont répondu les participants à la première table ronde littéralement portée par l'intelligence et l'humour de Dominique Wolton, directeur de recherche au CNRS. «L'écran, c'est la modernité», a-t-il souligné, «l'écrit, c'est la légitimité», ajoutant que «tout homme a besoin d'un rapport à la nature et à la matière, en l'occurrence, le papier, et que jamais un média ne s'était substitué à un autre». Chacun de ses interlocuteurs décrivant les réussites qu'ils avaient vécues, dans la presse jeunesse, l'édition, la publicité et l'évolution du courrier papier. Moins consensuel, le débat sur les mutations de l'imprimé. Si tous les participants se sont accordés pour dire que média papier et numérique sont complémentaires, les avis étaient plus que partagés sur l'évolution de la publicité dans la presse papier." Publicité dans la presse papier justement, ce matin, avec cet article sur Techcrunch: "La publicité en ligne continue sa croissance; près de 21% de hausse soit $773 millions pour toute l’industrie américaine, mais cela ne suffira pas pour aider la publicité “papier” dont le montant pour le troisième est de $10,1 milliards. Ce qui est 1 milliard de moins qu’au même trimestre de l’année dernière. La publicité sur les journaux en ligne a augmenté de $135 millions. Les publicités imprimées sont en chute depuis maintenant six trimestres de suite et atteignent le niveau de 1997" (chiffres de la Newspaper Association of America). La publicité est absolument indispensable pour la filière de l'imprimé, il n'y a que dans les livres où vous ne trouvez pas de publicité! Si les surfaces d'impression publicitaire se vident, c'est mécanique, c'est la rentabilité du secteur du papier et de l'impression qui va être très difficile avec des investissements lourds qui vont être de plus en plus difficiles à faire et des marchés qui vont partir peu à peu. Et après la vague internet, les développements du papier électronique (pour l'instant anecdotique) à l'horizon 2010-2012 ne vont clairement pas inverser cette tendance, bien au contraire... Alors, Print is dead? Les imprimeurs de livres resteront-ils les derniers?