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La Stampa ePaper : présentation

150x50 Comme je vous l'avais annoncé il y a quelques jours, le quotidien italien La Stampa  se lance à son tour, depuis le 14 mai dernier, dans l'aventure du papier électronique. Après Les Echos et NRC Handelsblad (dont vous pourez lire l'ensemble des billets que j'avais consacré à l'époque ici et ici), c'est donc le troisième quotidien européen à proposer une version entièrement pensée pour ce type de diffusion. Avec mon Iliad, j'ai pu télécharger la version d'hier. Quelques informations tout d'abord au niveau de l'accès:

  • La Stampa ePaper est distribué par deux canaux:
    • wifi avec serveur iRex iDS, qui regroupe à la fois l'Iliad (Book Edition and 2nd Edition) et DR1000S. Les abonnés peuvent télécharger directement leur journal sur leurs lecteurs (DR1000S par Companion Software pour Windows)
    • web, sur un espace réservés aux abonnés sur le site http://simplicissimus.lastampa.it , où ils peuvent retrouver les dix dernières éditions prêtes à être téléchargé.
Une fois la version du jour récupérée, elle s'installe automatiquement dans la rubrique News du lecteur. Il suffit de l'ouvrir soit avec le stylet soit avec le bouton de navigation. On rappelera que le stylet est au coeur de la navigation de ces lecteurs à la surface tactile. Comme dans le cas des autres quotidiens, La Stampa diffuse une version PDF, le seul format qui puisse permettre une maquette aussi ellaborée et qui soit satisfaisante tant au niveau typographique que dans la navigation avec les liens.

J'ai remis en tête, pour mémoire, les images des éditions du NRC Handelsblad et des Echos. La Une de La Stampa se présente comme celle du quotidien holllandais avec une présentation assez semblable à la Une d'un quotidien en papier. Comme d'habitude, quelques premières lignes proposées et une invitation à lire la suite "Continua". J'ai comme dans l'idée que les blancs dans la Une que j'ai actuellement vont vite se remplir par des espaces publicitaires! On retrouve en haut l'ensemble des rubriques (8 en tout) sur lesquelles il suffit de cliquer avec le stylet pour un accès direct. A chaque rubrique, l'ensemble des articles avec quatre lignes et la mention de l'auteur de l'article. A la différence du NRC Handlesblad qui avait choisi un multicolonnage par 3 colonnes (Les Echos une seule colonne de texte), La Stampa a préféré, avec bonheur je trouve, une version du journal à deux colonnes. Le choix du caractère est très bon, la lecture très fluide et agréable, les pages défilent rapidement. Le recours au gras pour légender les photos ou résumer brièvement l'article en chapeau. On sait toujours dans quelle rubrique l'on se trouve avec l'affichage de celle-ci en haut à droite de chaque page. On revient à la page précédemment consultée avec la flèche en bas du navigateur. J'ai retrouvé les automatismes habituels sur l'Iliad. Pour un nouveau lecteur, quelques dizaines de minutes suffisent à intégrer les réflexes de navigation. Photographies sur une colonne donc, toujours celle de gauche, qui offre à la fois la taille nécessaire pour une bonne lisibilité, cette lecture en deux colonnes est à mon avis le bon choix. La Stampa aura su tirer profit des expériences précédentes, c'est indéniable. De quoi regretter, une nouvelle fois, le peu d'intérêt en France pour une telle diffusion. Le Monde ou Libération, par exemple, pourraient être proposé de manière idéale avec ce type de maquette. Sans parler de la politique des prix, rappelons les offres de La Stampa qui mettent le journal du jour au environ de 0,30€! (son journal à deux francs, rappelez-vous). Décidément, je regrette bien de ne pas pratiquer la langue d'Alde Manuce pour sauter le pas!

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A noter que La Stampa prépare actuellement une version "reflowable" pour être lisible sur des écrans plus petits, ce qui ne manquera pas d'intéresser les propriétaires de Cybook et de Sonyreader, qui sont en nombre plus importants. Il est, bien entendu, grand temps que l'on voit arriver des supports communiquants, c'est indispensable pour ce type d'abonnement qui se mettent à jour automatiquement le matin ou en cours de journée. A partir d'octobre, une nouvelle maquette sera disponible qui correspondra plus précisément (selon le journal) à la typographie de La Stampa. Quant à moi, je vois très peu d'améliorations à faire, c'est parfait en l'état! Bravo La Stampa! Puisse cette nouvelle offre de l'autre côté des Alpes pouvoir faire reconsidérer les choix de certains en France. L'avenir de la presse en ligne n'est pas seulement du côté de l'Iphone! Et réfléchir et préparer un quotidien sur de tels lecteurs est autrement plus gratifiants! A l'heure de la complémentarité des équipes papier et internet au sein des rédactions... Et puis Google ne pillera pas ces versions-là!
Je tiens à remercier chaleureusement Marco Croella de Simplicissimus, qui est partenaire de La Stampa sur le projet et qui m'a communiqué les informations.

Les journaux électroniques, pas d'hier...

Les journaux envisageant de diffuser des versions électroniques, ce n'est pas d'hier. Regardez-donc ce que certains ont exhumés de leurs archives. 1981, dingue... Suivi de deux autres vidéos sur les anticipations de l'internet et des nouveaux usages et qui sont elles de 1969! Je n'ai pas pu m'empêcher de vous joindre aussi en petit clin d'oeil, le fabuleux Petit Train! (via Descary, merci Christine).


Stampa ePaper, c'est parti

Readerabbonamenti Voilà, démarrage aujourd'hui de la formule ePaper du quotidien italien La Stampa. Les offres sont disponibles sur les livres électroniques d'Irex (Iliad et DR 1000S). Toutes les infos ici. La bonne nouvelle vient, bien entendu, du côté des prix des abonnements avec des tarifs qui s'échelonnent de 11,90€ par mois à 99,90€ pour l'année, qui sont en cohérence avec les tarifs que proposent par exemple Amazon sur son Kindle aux Etats-Unis. Il y a même des formules pour acheter le matériel. Des prix que l'on n'avait jamais compris du côté des Echos avec des tarifs alignés sur les tarifs du papier, à savoir des prix plus de 3,5 fois plus élevés! (on pourra vérifier). Parce que le prix d'un journal en papier électronique (comme d'un livre d'ailleurs), cela ne vaut pas le prix d'un journal ou d'un livre traditionnel, un bambino de six ans comprend cela! Je regrette bien de ne pas parler l'italien pour ne pas ressortir mon Iliad du placard! Je vais quand même m'abonner un mois pour vous détailler le journal lui-même comme je l'avais fait en son temps sur Les Echos et le NRC Handelsblad. Peut-être aussi de quoi refaire voir sa copie à Philippe Jeannet du côté du Monde. A suivre donc, la Stampa étant l'un des plus grands quotidiens d'Europe, rappelons qu'il a été fondé en 1867! Forza Italia!

PS: A noter que le distributeur Simplicissimus est partenaire de l'opération. Je vous remets la vidéo que j'avais diffusé il y a plusieurs semaines.


New York Times, le journal de demain

Bilton Si vous vous intéressez à la presse en ligne, je ne saurais trop vous recommander (avec Transnets bien sûr), l'excellent blog de Benoît Drouillat. Il est revenu hier sur les nouveaux développements du New York Times, qui fait figure de pionnier en la matière depuis de nombreuses années.
A regarder des vidéos au sein de la cellule R&D du groupe réalisées par NiemanLab. Particulièrement celle consacrée aux applications en papier électronique et aux différents autres matériels disponibles. Le bureau de Nick Bilton est une vraie caverne d'Alibaba! "The NewsPaper 2.0 Table!"
Et, Benoît de conclure son article: "La mort du portail de presse en ligne tel que nous le connaissons actuellement."

New York Times R&D Group: Newspaper 2.0 from Nieman Journalism Lab on Vimeo.


Amazon, à la table du Lion

Freed_227 A lire absolument l'interview de Ian Freed, le responsable du Kindle chez Amazon, que publie cette semaine L'Expansion. "Depuis le lancement du Kindle, en novembre 2007, notre but est d'offrir la meilleure expérience de lecture possible aux utilisateurs. D'où son format fin et léger, son écran gris, la connexion sans fil permanente à la boutique en ligne, la synchronisation entre les différents appareils, etc. Toutefois, il était parfois nécessaire de reformater les livres, journaux ou documents, afin de pouvoir les lire correctement sur le Kindle et le Kindle 2. Avec le Kindle DX qui est au format A4, ce n'est plus nécessaire."
Pas de détails sur
cette affaire "la semaine dernière, le patron du journal texan, le Dallas Morning News, s'est plaint au sénat américain qu'Amazon demanderait une commission de 70% pour chaque abonnement distribué sur le Kindle. Un chiffre astronomique comparé au 30% environ que touche Apple pour la vente de chansons sur iTunes." A mettre en parallèle avec les propos de Philippe Jannet. Entre Amazon et les opérateurs, cela va être sportif pour les journaux, comme on dit...


L'aventure ePaper des Echos, les dessous

Philippe Jannet est revenu sur l'aventure ePaper des Echos fin avril chez Cap Digital (le son est détestable malheureusement). Séquence nostalgie.
Je me suis déjà longuement exprimé depuis plus de deux ans sur le sujet, entre enthousiasme et désillusion sur la politique de prix des abonnements... La page semble bien tournée, dommage, c'est désormais en Italie que cela se passe!


Twitter, nouvel écosystème des news?

Twitter Francis Pisani revient sur le phénomène Twitter en expansion exponentielle:

"Twitter a introduit une dimension nouvelle dans le journalisme: la possibilité de couvrir des évènements en temps réel même en l’absence de professionnels. Et au fait que l’actu devient conversation plus que produit à sa naissance même. Twitter apparaît ainsi comme un truc de «news junkies», d’accros de l’actu qui s’en servent pour avoir les nouvelles plus vite, les commenter et se les échanger. C’est peut-être une pièce importante du nouvel écosystème des news qui est en train de se mettre en place, un système dans lequel on aurait ainsi plus d’infos plus vite diffusée par plus de gens."


Journaux, le point mort

Figaro Sur ma boite mail hier: "Depuis plusieurs mois LeFigaro.fr vous a permis de découvrir l'édition PDF du Figaro gratuitement. Cet avantage était exceptionnel. La consultation de l'édition PDF du Figaro sera payante d'ici quelques jours. 1,30€ l'édition...".
Je cache ma joie. Entre l'exceptionnel et le prohibitif, pas de juste milieu, on n'en sortira pas... Mon Iliad toujours dans le placard pour un moment.


Virage numérique chez Transcontinental

Transcontinental-media-logo On parle beaucoup de l'inquiétante remise en cause des journaux et magazines aux Etats-Unis. Intéressant de découvrir avec Natalie Larivière (PDG) la stratégie de Transcontinental, sixième plus important imprimeur en Amérique du Nord et quatrième groupe de presse écrite au Canada. Interview sur LesAffaires. "L'impression est là pour rester, transition de l'imprimé vers le numérique mais c'est une transition..." (viaRemolino).


Journaux, penser l'impensable

Newspaper6 A signaler le billet de Francis Pisani sur la mort annoncée des journaux et notamment la référence à un article de Clay Shirky.

"Clay Shirky, dans un article intitulé «Journaux, penser l’impensable» aborde le même sujet d’une façon différente.

«Quand quelqu’un veut savoir comment nous allons remplacer les journaux, il veut en fait qu’on lui dise que nous ne sommes pas en train de vivre une révolution». Ce professeur de New Media à l’Université de New York précise que ceux qui posent ce genre de question « veulent qu’on leur dise que les vieux systèmes ne vont pas se rompre avant la mise en place des nouveaux. […] Ils demandent qu’on leur mente». La mort des journaux ne serait dont pas la fin du monde ce qui n’empêche pas, selon Shirky que nous sommes en train de vivre une crise très profonde comparable à celle qui a suivi l’apparition de l’imprimerie de Gutenberg. Le chaos est inévitable tant que de nouvelles solutions n’ont pas été inventées. Il faut leur laisser le temps d´émerger sans jamais oublier qu’il a fallu cent ans la dernière fois pour arriver à un nouvel équilibre. Quant au problème de fond, Shirky n’a guère de doutes: « La société n’a pas besoin de journaux. Elle a besoin de journalisme». Cela veut notamment dire qu’il ne faut pas confondre la crise économique du moment et la crise structurelle induite par les bouleversements technologiques."


L'ePaper, phase de décollage

"Dans son rapport consacré aux perspectives de l'e-paper, l’IDATE, centre d’études et de conseil, analyse les enjeux autour des technologies de papier électronique et dresse un état de l'art des technologies et des enjeux autour des grands marchés verticaux, notamment pour la presse et l’édition. Le marché du papier électronique (ou e-Paper) est désormais en phase de décollage, autour de quelques applications clés" (via PresseEdition).

Si vous êtes intéressés, joindre Vincent BONNEAU, Responsable de la Practice Internet, lien IDATE
. Résumé ici . Etude complète détails ici, prix de vente: 3500 euros HT


L'epaper des Echos, c'est pas rideau

Lesechos Un rectificatif important. Contrairement à ce que je vous disais la semaine dernière, l'epaper des Echos, c'est pas rideau. S'ils ont choisi de ne plus distribuer de livres électroniques eux-mêmes, rappellons qu'ils étaient partenaires de Irex et Ganaxa, l'abonnement au journal continue bel et bien sur le plus grand nombre de supports possibles. Je ne reviendrais pas sur l'offre de prix dissuasive en France, il faut être américain pour s'abonner à la version électronique à un prix correct. Cela viendrait bientôt selon mon ami Olivier Delteil, responsable de l'offre aux Echos, on serait en phase avec Amazon, c'est quand même bien le moins. Pour mon erreur d'interprétation, je dirais que ce n'est pas ma faute si le grand patron du groupe des Echos ne sait pas commnuniquer sur le sujet...


L'e-paper des Echos, c'est rideau

01960676 Le quotidien Les Echos a décidé d'abandonner le développement de sa propre solution de papier électronique. «L'e-paper n'est plus un objet sur lequel nous travaillons: trop lourd, une batterie pas terrible…» aurait indiqué Nicolas Beytout, nouveau patron des Echos qui préfère se développer sur le web et sur les téléphones mobiles (via NetEco). A l'heure où sort le Kindle 2 aux Etats-Unis, on peut parler d'un certain gachis. Rideau.


Les canards se rebiffent

Donald-duck-3523d Non ce n'est pas un raccourci d'Audiard. Mais c'est en substance la revendication des journaux qui veulent une part de la manne publicitaire de Google News. C'est à lire du côté des Echos aujourd'hui. Le moteur de recherche vient de relancer le débat en prenant la décision, mercredi dernier, d'accueillir de la publicité sur Google News aux Etats-Unis. "En sept ans d'existence, Google News avait toujours soigneusement évité de générer des revenus avec cette activité pour ne pas entrer en conflit avec les journaux. Mais, indirectement, le service renvoyait du trafic vers le moteur de recherche et générait ainsi 100 millions de dollars (près de 80 millions d'euros) de revenu, soit 0,5% du chiffre d'affaires total. Un tel scénario étant jugé par les éditeurs de presse comme une menace sur leurs recettes publicitaires... « Cette initiative suscite de la surprise et de la méfiance de notre part, explique Pascal Pouquet, directeur adjoint des nouveaux médias du groupe Figaro. Nous avions eu des discussions avec Josh Cohen de Google lors de sa visite récente en France et il nous avait pourtant dit qu'il ne souhaitait pas tirer de chiffre d'affaires directement de Google News."» Mais non, c'est dans vos têtes...


La fin des journaux, livre indispensable

6a00d8342e8a5353ef0111686a4bf7970c Vous pourrez toujours passer des heures sur internet à parcourir des centaines d'articles, vous arriverez bien difficilement à approcher la qualité de l'essai de Bernard Poulet "La Fin des journaux et l'avenir de l'information" qui vient de paraître dans la collection "le débat" chez Gallimard. Preuve s'il en était que l'hypertextualité n'est pas tout et que le brillant essai d'un observateur des médias a encore des vertues inégalées dans une collection si bien nommée. En un peu plus de 200 pages, Bernard Poulet, rédacteur en chef à l'Expansion et auteur notamment du "Pouvoir du Monde" paru en 2003, nous livre un tableau le plus exhaustif possible des enjeux auxquels sont confrontés les médias de la presse. Il dresse le constat d'une industrie absolument sinistrée qui, se voyant doublement délaissée par le public et les annonceurs, ne fait plus assez de bénéfices pour rester viable et accumule les plans de rigueur et les licenciements, quand ce ne sont pas les faillites. "Il faut tordre le cou à un lieu commun qui voudrait que jamais l'apparition d'un nouveau média n'a fait disparaître ceux qui le précédait... On oublie de préciser que les grands quotidiens généralistes qui, en France, diffusaient plusieurs millions d'exemplaires au début du XXème siècle et qui comptaient de dizaines de titres en 1945, ne sont plus que quatre à atteindre péniblement les 400000 exemplaires, que les grandes radios généralistes ont vu leurs audiences divisée par deux depuis les années 1980 et que les grandes chaînes de télévision perdent chaque année des dizaine de milliers de spectateurs. Bien plus grave, l'intérêt de nos sociétés pour l'information s'érode chaque année un peu plus." Rappel historique et chiffres à l'appui, sa démonstration est sans appel et montre le champ de ruines sur lequel nous sommes actuellement. L'auteur et metteur en scène américain Richard Foreman, né en 1937, explique: "Je proviens d'une tradition de la culture occidentale où l'idéal résidait dans la complexité, la densité, et où une personnalité était forgée par une haute culture construite comme une cathédrale. Un homme ou une femme portaient en eux une interprétation personnelle et originale de l'héritage de la culture occidentale. Désormais, je constate chez tout le monde - moi y compris- le remplacement de cette densité intérieure complexe par une nouvelle personnalité qui évolue sous la pression de la surabondance d'informations et de la technologie de l'accès immédiat". Bien sûr Internet ne porte pas seul la responsabilité de ces bouleversements. Individualisme, culture du narcissisme, déliaison entre les individus, incertitudes des personnalités, culte de la vitesse, déclin des humanités et de la lecture livres, tous ces aspects ont commencé bien avant l'irruption massive des nouvelles technologies. Internet a simplement accéléré le processus, pour les êtres comme pour les choses. Plus loin, Bernard Poulet démonte le mécanisme de la machine Google "qui veut clairement se substituer à l'ensemble de l'industrie de la publicité". "Pour l'instant Internet est un Far West : des meutes de cow-boys font avancer leurs charriots à toute allure pour conquérir le maximum de territoires, en l'occurrence l'audience et les services. Ils plantent les poteaux qui délimitent leurs nouvelles possessions sans trop se soucier des règles et des habitudes, pour ne pas dire de la loi. La plupart d'entre eux s'accommodent très bien, en dépit de leurs protestations de vertu, de la présence des hors-la-loi, ces pirates et autres voleurs de contenus qui accroissent sensiblement le trafic en ligne. On peut toutefois être sûr, qu'une fois la conquête achevée, que les plus forts auront triomphé, les "shérifs" viendront rétablir la loi et l'ordre en pendant haut et court quelques-uns des petits aventuriers qui ne les auront pas respectés." Bernard Poulet montre que l'idéologie "libertaire" qui accompagne le triomphe d'internet n'est Citizen-kane souvent qu'un paravent derrière lequel s'édifient de puissants monopoles économiques pour lesquels l'information n'est qu'un produit d'appel parmi d'autres. Triomphe du gratuit, retour de l'utopie, triomphe démocratique, monde sans experts, tous journalistes, intelligence des foules, mécanisme de la longue traîne, autant de baudruches qu'il dégonfle méthodiquement, arguments à l'appui. Mais la réalité est bien là. Quand Maurice Lévy, le grand patron de Publicis, affirme son espoir en l'avenir de la presse écrite parce qu'il considère "qu'elle joue un rôle essentiel comme ferment de nos démocraties", le fils Alain plus pessimiste, répond : "Au risque d'être politiquement incorrect, je crois que les carottes ne sont pas loin d'être cuites". Alors, la situation est déjà foutue? Pas si sûr et la guerre est clairement ouverte : "A l'avenir, dit Dean Sigleton le patron de MediaNewsGroup, il n'y aura que deux catégories de quotidiens, les survivants et les morts." Objectif déclaré : table rase. Quitte à revisiter les sacro-saints fondements du métier: indépendance, travail d'enquête et d'investigation, qualité de l'information. Et redéploiement à partir de trois mots-clés, e-commerce, hyperlocal et communautés. Pour regagner le terrain perdu, tous les groupes de médias se sont engagés dans une reconquête à l'audience. S'ils n'ont pas encore trouvé de solutions à leurs problèmes, ils s'activent, tout azimuts, tout est à expérimenter : nouveaux métiers, fragmentation des contenus vers le multi-support, délocalisation, tout-internet, haut de gamme, etc. En ligne de mire, l'ennemi est clairement Google. Comme le dit le dirigeant d'un grand groupe de médias français qui préfère garder l'anonymat : "Sur Internet, c'est le marketing qui a pris le pouvoir. Google est là pour longtemps. Internet n'est pas seulement une question de savoir-faire, en matière de multimédia, de référencement ou de communauté. C'est un changement de pouvoir." En guise de conclusion, Bernard Poulet se demande si le tableau n'est pas trop sombre et il conclut: 'Au terme de cette enquête, il faut admettre que personne n'a encore trouvé le business model, le modèle économique qui permettrait de combiner la fabrication d'un information de qualité avec une diffusion de masse. Il faut accepter qu'une page plus que centenaire de l'histoire de médias et de la démocratie est en train de se tourner." J'aimerais savoir comment Monsieur Kane s'y prendrait aujourd'hui...
Si vous devez lire un seul livre pour comprendre la bataille qui s'engage actuellement, c'est bien celui-ci. Merci à Bernard Poulet de nous l'avoir offert moyennant une rétribution d'auteur amplement justifiée (et il n'y aura rien pour Google cette fois-ci!).


Edgar Morin chez Siné Hebdo

Un journal qui se porte pas trop mal (et sans publicité s'il vous plaît), c'est Siné Hebdo qui vient de boucler son sixième mois d'activité. L'occasion aussi pour la rédaction d'inviter Edgar Morin pour parler de la pensée complexe. Tous nos soit-disants experts devraient en prendre de la graine. Passionnant.
On ira avec bonheur jusqu'à la fin avec Siné et quelques bouteilles de rouge: "En dessin, en plus, on n'a pas la faculté d'avoir des nuances comme quand t'écris..."