Antoine Compagnon sur La République des Lettres

9782824900162_largeVous vous rappelez peut-être du conflit qui m'avait opposé au printemps dernier au site "La République des Lettres", sur ce que je considérais comme une pure escroquerie, à savoir la vente de biographies de grands écrivains d'une dizaine de pages tout au plus -en fait gratuites sur internet-, sous couverts d'auteurs, spécialistes réputés. Un vrai attrape-gogos malheureusement. Suite à l'injonction du propriétaire du site, j'avais supprimé les billets en question. Actualitté avait eu la gentillesse de relayer, je les en remercie, ils étaient bien les seuls à l'époque. Surprise aujourd'hui de constater que les auteurs concernés n'étaient nullement au courant, grugés commes les pauvres lecteurs. La preuve c'est Antoine Compagnon, spécialiste de Marcel Proust, qui s'exprimait dimanche dernier sur le Huffington Post, je me suis permis de reprendre son billet dans son intégralité tant il est éclairant sur des pratiques déviantes en cours en ce moment:

"Cette semaine, j'ai découvert que j'étais l'auteur supposé d'un livre que je n'ai jamais vu, dont j'ignorais l'existence jusqu'ici, et dont l'auteur véritable me reste un mystère, peut-être un homonyme, à moins que je ne sois doué d'une double personnalité, que je ne l'aie écrit au cours d'une autre vie, ou qu'un farceur n'ait pris mon nom comme pseudonyme pour me faire une niche. Les vols d'identité sont de plus en plus fréquents dans le monde numérique, mais je n'en avais pas encore été victime. Sans que j'aie été averti de la naissance de ces belles infidèles, des traductions de certains de mes livres, dit-on, circulent en Chine ou au Vietnam, ainsi que des versions russe ou brésilienne, je crois, de mes cours de la Sorbonne traitant du genre et, comme par un fait exprès, de l'auteur, disponibles sur Fabula.org, mais cette usurpation-ci me soucie plus.

On peut en effet se procurer sur Amazon un livre qui m'est généreusement attribué et qui porte un titre redondant: "Marcel Proust. Vie et oeuvre de Marcel Proust". Publié sous forme numérique, cet ouvrage est en vente depuis le 10 mars 2012 à l'enseigne de "La République des lettres", maison d'édition dont la noble et ambitieuse raison sociale ajoute à la confusion, puisque j'ai souvent rendu hommage à cette communauté lettrée sous l'égide de laquelle mon maître et ami, Marc Fumaroli, a placé toute son œuvre, dont je me réclamais il y aura bientôt trente ans dans un ouvrage intitulé La Troisième République des lettres (Seuil, 1983), et qui a donné son nom à notre équipe du CNRS, Respublica literaria. L'équivoque est donc gênante. Qui se dissimule derrière cette République des lettres commerciale, inconnue au bataillon et prétendant donner à lire un texte de moi? Je n'en sais rien et je donne ma langue au chat.

L'ouvrage, pour une longueur de dix pages seulement, est vendu à 4,99€ au format Kindle, la liseuse d'Amazon, prix qui, sans atteindre les sommets du fameux rapport sur les lycées rendu par feu le directeur de Sciences Po, n'est quand même pas donné. Ma prétendue prose à 50 centimes d'euro la page, c'est nettement plus cher qu'une Pléiade. À ce tarif-là, mon dernier livre se vendrait 150€ au lieu de 19,90€ sur papier et 13,99€ sous forme numérique: comme quoi, il y a encore des affaires à décrocher. Et pourtant ça s'achète -je ne dirai pas que ça s'arrache-, puisque mon opuscule clandestin était au 5.413e rang dans la boutique Kindle mardi dernier. On y apprend d'ailleurs que les gogos qui se sont procuré mon mystérieux Marcel Proust ont aussi acheté le De Gaulle de François Mauriac ou Paris capitale du XIXe siècle de Walter Benjamin, excellentes lectures qu'il m'est arrivé de recommander aux auditeurs de mes cours, de même que, liseurs de bon goût, ils ont téléchargé à l'œil les œuvres de Nerval et L'Immoraliste de Gide.

Comment se répartissent les 4,99€ versés par chaque acheteur de mon énigmatique plaquette: quel pourcentage pour Amazon? Combien pour cette République des Lettres battant pavillon de complaisance? En tout cas, rien du tout pour l'auteur, si l'auteur, c'est moi. Et je ne vais quand même pas jeter par la fenêtre 4,99€ pour vérifier l'origine de ces quelques feuillets qu'Amazon m'attribue, si je les ai écrits jadis et qu'ils ont été copiés-collés, ou si un autre Antoine Compagnon les a composés. Intrigué malgré tout par cette affaire, je me suis décidé à googler mon nom pour m'assurer de mon identité -geste une peu bizarre dont il ne faut pas abuser- et moi qui me croyais le seul, l'unique, je me suis trouvé un double, lui aussi écrivain à ses heures, poète aussi précoce que Minou Drouet et chanteur de funk-rock originaire du pays de Civray. Serait-il l'auteur de la brochure proustienne distribuée par Amazon.fr? C'est peu probable.

Si un lecteur de ce billet (ou une lectrice) s'est fait avoir et a par malheur acheté ma contrefaçon, aussi fictive que le fascicule de Bergotte sur Racine que Gilberte prête au héros de la Recherche, qu'il veuille bien m'excuser de l'avoir traité de gogo il y a deux paragraphes. J'ai en effet une requête à lui présenter: oubliant mes récriminations, qu'il ait la gentillesse de me faire connaître ce qu'il a trouvé dans ce coûteux volume à moi imputé et s'il en a eu pour son argent, si la prose renfermée dans ce livre immatériel peut de bon droit m'être attribuée et s'il en a décelé la source, car je reste tout de même curieux. Les plus grands nigauds -ou fielleux sous leur air naïf- sont en tout cas ceux qui s'imaginent que je tire profit de la vente de cette Vie et œuvre de Proust."

Il est bien regrettable que les distributeurs et les librairies numériques ne soient pas plus regardants à l'égard de ce genre de charlatans. Depuis le billet d'Antoine Compagnon, le pseudo-livre et les textes des auteurs contemporains ont bien entendu disparus (ou indisponibles à la vente comme ici); ils restent les auteurs morts et des textes caviardés livrés en pâture. Avant que les ayant-droits et les défenseurs du droit moral s'aperçoivent de quelque chose et s'expriment, l'escroquerie continue...


Waterstone's: des Kindles modifiés

WaterLa grogne monte chez les clients des librairies Waterstone's en Angleterre qui avaient achetés un Kindle en boutique. Ils pensaient acheter l'équivalent du Kindle vendu sur le site d'Amazon. Pas du tout. Ils ont eu la désagréable surprise de trouver des publicités, des renvois sur le blog pour... Waterstones. Le plus désagréable semble t'il, un écran de veille vite insupportable. Dernière bouée à la mer, la seule façon qui restait au libraire britannique d'exister dans l'univers d'Amazon, c'est une réussite.

Pour sa part, Waterstones dit que l'écran de veille ne constitue pas une publicité:

"Cet écran de veille ne constitue pas une publicité et diffère substantiellement des Kindle vendus avec de la publicité en vente sur le marché américain", a indiqué la compagnie dans un communiqué. "L'écran de veille Waterstones est un non-dynamique, une image statique qui va changer souvent et ne pas annoncer un produit spécifique, offre ou site web. Il n'est pas possible de le supprimer par celui d'Amazon. Nous nous excusons que ce changement a été faite sans consultation, et nous espérons qu'elle ne porte pas atteinte à votre expérience de lecture."

Décidément, tout faux pour Waterstone's... (via TomsHardWare).


Kindle PaperWhite en rupture aux Etats-Unis

Kindle-PaperwhiteIl nous faudra attendre février pour le revoir en France. Aux Etats-Unis, le nouveau modèle d'Amazon est en rupture sur le site. Nouvelle disponibilité le 20 décembre pour les retardataires. Ci-dessous une vidéo qui n'est pas sans rappeler celles d'Apple pour une présentation de ce Kindle Paperwhite. L'équipe technique d'Amazon a été mise à contribution. Tenez-vous bien, 8 ans de travail pour le développement de ce modèle. On travaillait déjà sur le Paperwhite avant de préparer le Kindle de première génération, sorti en novembre 2007. On doit sourire un peu du côté d'eInk (via TheDigitalReader).


Premier Chapitre: lecture en streaming pour les bibliothèques

PmA découvrir Premier Chapitre, une solution de lecture en streaming pour les bibliothèques, qui leur permet de procéder à des sélections de livres parmi les nouveautés des éditeurs, puis de les proposer auprès de leurs abonnés. Des premiers chapitres, puis des livres entiers si affinité à réserver dans la bibliothèque. La bibliothèque de Courbevoie est la première à avoir adopté Premier Chapitre. A suivre...


Hatier Jeunesse: découvrir Mon Chemin

Imagecouv_468070Une application très réussie pour les petits chez Hatier Jeunesse, "Mon Chemin" de Vincent Gaudin et Sandra Poirot-Cherif. Une histoire avec une ligne en flocage à caresser du bout des doigt dans la version imprimée, qui réserve à l'enfant bien d'autres surprises dans l'application. Compliments à l'éditeur, un exemple réussi de complémentarité avec le livre, bien dommage que cette application ne puisse être vendue avec lui. Sur iTunes ici.


Viviane Hamy: un effort important sur le catalogue numérique

VhamyA lire les propos de Maylis Vauterin des Editions Viviane Hamy, qui proposent une partie de leur catalogue en numérique sans DRM, 68 titres pour l'instant. Un effort important est en cours dans la maison:

"Peut-on espérer bientôt voir 100% du catalogue en numérique?

C’était, en effet, notre objectif au moment où nous avons décidé de passer à l’acte. Pour des raisons contractuelles, nous ne pourrons malheureusement pas tenir cet objectif à 100%. Mais nous nous engageons à le rendre disponible en numérique à un rythme soutenu. En juin 2013, 60% de notre catalogue devrait être numérisé à l’occasion d’une opération bIs, notre collection de semi-poche, où nous publions à petits prix (entre 7 et 11€), des textes qui nous paraissent essentiels, de La Porte de Magda Szabo à Critique de l’anxiété pure de Fred Vargas en passant par L’Heure du Roi de Boris Khazanov."

Lire l'interview complète sur le blog de Feedbooks.


Kobo: accord avec des librairies en Irlande

IrelandLes librairies Hughes & Hughes en Irlande proposent désormais les livres électroniques Kobo Mini et Kobo Glo. L'accord entre Kobo et Hughes & Hughes permet aux clients d'entrer le numéro d'identification de leur librairie lors de l'inscription, qui gagne ainsi des commissions sur les achats de livres numériques. Ce type de synergie permet aux librairies indépendantes de ne pas passer à côté des ventes numériques et de conseiller, fidéliser leurs clients (via GoodeReader).


miLibris: contrats stratégiques à l'international

MilibrisLa société miLibris bien connue en France puisque c'est elle qui sert de plateforme au portail ePresse de la presse numérique, vient de signer plusieurs accords avec des groupes étrangers, confirmant sa dimension internationale:

"En France, miLibris a déjà rallié les suffrages des plus grands groupes de presse (GIE e-Presse, Prisma Presse, Les Echos, l’Equipe, le Figaro, le Figaro Magazine, Madame Figaro, Investir, Challenges, le Nouvel Observateur, Sciences & Avenir, Marianne, Ouest France…), d’éditeurs de renom (plus de cinquante maisons d’édition, dont Lexis Nexis) et d’opérateurs leaders (Orange -Read and Go-, SFR…).
Avec déjà 80% de part de marché en France, miLibris poursuit un double objectif:
- continuer à faire croitre son chiffre d’affaires localement en augmentant le nombre de ses clients existants
- développer son activité et son portefeuille de clients à l’international. Le but recherché étant de signer des contrats, avec 3 à 4 clients majeurs par pays cible, d’ici juin 2013.
L’expertise et le savoir-faire cross-media de miLibris, conjugué à sa palette de solutions et d’outils innovants, dépassent aujourd’hui les seules frontières hexagonales. D’importants groupes étrangers viennent ainsi de décider d’opter pour la technologie miLibris. En témoignent, ces dernières semaines, la signature par la société de trois contrats e-Presse à l’international: aux Etats-Unis avec le quotidien The New-York Daily News, au Royaume-Uni avec le quotidien The Daily Mail et en Espagne avec le groupe de presse PRISA (premier groupe de presse du pays)."

Acteur désormais incontournable de la presse numérique française avec bientôt 450 journaux et magazines, miLibris, c'est aujourd'hui 25 salariés, 17 nouveaux ingénieurs devraient être recrutés en 2013.

Un savoir-faire français dans le secteur, reconnu de cette façon en Europe et aux Etats-Unis sur les terres d'Apple, d'Amazon et de Google, c'est quand même suffisamment rare pour être signalé, bravo miLibris!


Etats-Unis: le prix du livre numérique en débat

PricingIntéressant débat à la conférence annuelle FutureBook, initiée par The Bookseller à Londres, que relaie GoodeReader, à propos des prix des livres numériques sur le marché américain:

"Pour commencer, il y a eu une discussion sur la façon dont le ministère de la Justice enquête sur la violation antitrust dans les six grandes maisons d'édition et qui peut avoir un impact sur l'avenir de la fixation des prix chez les éditeurs. Personne ne veut être vu à la fois sur la fixation de prix trop élevés ou trop bas, de peur de ne pas bien monétiser, mais aussi par crainte d'accusations de collaboration.

En dehors de ces préoccupations, les experts étaient divisés sur le point du juste prix pour vendre des ebooks efficacement. D'une part, il y a eu beaucoup de discussions sur le fait que les ebooks ne devrait pas coûter autant que leurs homologues imprimés, qui est le reflet d'enlever certains des coûts associés à l'impression de livres et l'expédition. Cependant, il y a eu beaucoup de discussions sur la façon dont les ebooks au prix trop bas peuvent réellement avoir un effet négatif sur les ventes de livres. Après tout, il ne coûte que 99cents... Comment peuvent-ils être bons?

Certains des membres du groupe, qui comprenait Michael Tamblyn (Kobo), Paul Rhodes (Orb Entertainment), Eloy Salsot (HarperCollins), Rachel Wilmer (Luzme.com) et Orna Ross (Association des auteurs indépendants), ont contesté spécifiquement le ebook à 99cents, en disant qu'un ebook gratuit est un don et qu'un ebook qui coûte une somme substantielle est un investissement dans le livre. La tarification d'un ebook à 99cents pourrait être considéré comme rien de plus qu'une tentative pour maintenir le prix assez bas pour que les lecteurs l'achetent sans y penser, mais il est encore une façon détournée d'essayer d'entrer dans le classement des livres achetés. Le consensus s'est établi soit de le céder gratuitement soit de le faire payer pour un prix réel.

En fin de compte, certains des participants sont tombés d'accord sur $4,99, un prix approprié pour un auteur ou un titre de fond, tandis que les nouveautés et best-sellers en soient, peuvent être vendus avec un prix plus élevé.

Cependant, les éditeurs choisissent le prix de leurs ebooks; il y a aussi des prix acceptables pour des genres différents ou différents types de contenus."


Etats-Unis: le livre numérique confirme son avancée

L'A.A.P. (Association of American Publishers) a publié ses traditionnels chiffres sur les ventes selon les catégories de livres sur les premiers huit mois de 2012. Même si le rythme de progression du livre numérique s'est atténué, il reste cependant important avec 36,9% de progression par rapport à la même période en 2011. Les ventes de poche continuant à dégringoler. Les livres numériques ont laissés sur place les livres cartonnés (hardcover) et sont maintenant solidement installés comme deuxième catégorie après les livres brochés. A signaler également la percée très nette des livres numériques pour enfants sur la même période (via PaidContent).

Ussales


Tablettes pour les grands

TablettesLe Journal du Geek nous propose un guide d'achat des tablettes. Surpris de voir que quelques livres électroniques se sont glissés clandestinement dans la sélection. Et le Kobo Mini a aussi leurs faveurs: "Petit mais costaud. Il faut la voir pour le croire. Très honnêtement, je ne donnais pas cher d’une liseuse au format poche avec un écran tactile de 5” soit à peine la taille d’un smartphone. Eh bien après quelques heures avec, on a été sous le charme grâce à l’encre électronique. Facile à emporter partout et à glisser partout, on n’a eu aucun souci de lecture." A lire également la sélection sur Les Numériques. 

PS: joint également la présentation réalisée le mois dernier par 01Net entre les trois tablettes leaders du marché.


Flexlibris: service de tatouage numérique à la demande

FlexlibrisA signaler Flexlibris, un nouveau service de tatouage numérique (watermark) à la demande proposé par la société Flexedo. Pour les éditeurs qui souhaitent sécuriser les fichiers, sans pour autant rentrer dans des contraintes de gestion de DRM pour leurs lecteurs. Ils sont de plus en plus nombreux à suivre cette voie, la meilleure ambassadrice, JK Rowling et ses livres d'Harry Potter en versions numériques. Essayez la petite démo pour voir en quoi consiste le tatouage, très discret, respect du lecteur.


Les meilleurs livres électroniques 2012

Kobo
Cette année, j'ai décidé de vous proposer mon tiercé des meilleurs livres électroniques début décembre pour vous aider avant les achats de fin d'année, je vous dois bien cela. Mon choix a été difficile, tant les trois modèles retenus sont de qualité:

1/ Kobo Mini: mon grand vainqueur est le Kobo Mini. Après beaucoup d'hésitations, j'ai décidé d'en faire mon modèle préféré. Kobo a enfin résolu les petits soucis d'interface et nous propose un petit Kobo Mini très pratique, à petit prix. Même si l'écart de prix peut paraitre faible par rapport à son grand frère, l'aspect pratique lui donne un coup de pouce très intéressant pour moi. J'ai fait l'impasse sur l'éclairage intégré, pourtant la grande innovation de cette année. J'ai vraiment eu un coup de coeur pour ce modèle absolument parfait dans sa conception, ce format 5 pouces est idéal pour les poches et les sacs à main. C'est vraiment ma philosophie de la lecture en mode numérique. Kobo a vraiment eu une très bonne idée de revenir sur ce format, c'est le modèle que l'on attendait, un vrai petit iPod du livre, pratique en toutes circonstances sans sacrifier au confort. Il ne lui manque plus que l'éclairage peut-être pour bientôt.

2/ Kobo Glo: deuxième place sur le podium, toujours pour Kobo avec le Kobo Glo. L'éclairage intégré est le meilleur que j'ai testé à ce jour. Si cette fonctionnalité vous parait indispensable pour lire le soir au lit, pas d'hésitations.

3/ Sony PRS-T2: malgré son prix élevé et l'absence de lumière intégrée, je fais monter le nouveau modèle de chez Sony sur mon podium tant il m'a séduit par sa qualité de fabrication, son niveau technique, son stylet, la gestion du format PDF, sa recherche sur chaque mot avec Wikipédia/ Google et l'accès à des clouds indépendants pour gêrer sa bibliothèque. Avec l'éclairage intégré, le Kobo Glo aurait eu du souci à se faire.

Je n'ai malheureusement pas pu tester le dernier modèle de chez Bookeen. Les modèles d'Amazon comme d'habitude écartés, défiance pour le format propriétaire. Ma bibliothèque est aussi importante que le livre électronique lui-même, il faut en tenir compte.

Vous pourrez bien évidemment retrouver tous mes tests sur la page habituelle que j'actualise, ainsi que sur la page Pinterest.


Kobo Glo: test complet

100_9844La Fnac plus que jamais présente sur le marché du livre numérique français avec la nouvelle gamme des Kobo. Je vous présentais le mois dernier le petit Kobo Mini, aujourd'hui son grand frère, c'est le très attendu modèle avec l'éclairage intégré, le Kobo Glo (Glo pour le Glowlight du concurrent Nook aux Etats-Unis). Un an après l'arrivée du Kobo Touch, c'est donc un modèle embarquant cette nouvelle technologie qui devient le fer de lance des livres électroniques de la marque. Concurrent direct en France des nouveaux Kindle Paper White chez Amazon et Cybook Odyssey HD Frontlight chez Bookeen, ce nouveau Kobo bénéficie de la vaste exposition qui est faite dans les Fnac, dans les rayons livres comme mobiles. Résonance médiatique en plus. Un avantage indéniable par rapport à ses concurrents, ce modèle est proposé au prix de 129,90€ (existe en blanc et en noir avec un vaste choix de dos en couleurs et d'accessoires). C'est le même prix que l'année dernière avec l'ancien Kobo Touch, qui bénéficie lui d'une mise à jour et d'une réduction de prix à 99,90€. Nous allons voir si cette exposition est conforme à l'image de la Fnac et si ce Kobo Glo est à la hauteur des attentes, visite du propriétaire.

Prise en main: Pas de grande surprise par rapport au modèle précédent. Design très réussi, livre électronique très fin, très léger, bords ronds, une grande qualité de finition. Kobo a cette fois fait disparaitre tous les boutons, y compris le dernier qui restait en bas vers le menu. Tout se fait donc maintenant par le tactile. Deux petites choses à signaler: si la largeur reste la même, on gagne un centimètre en hauteur, un modèle plus compact. En revanche petite déception pour le logo, il est maintenant placé en bas mais surtout une fois et demi plus gros. On aurait aimé plus de discrétion. Quand on a acheté un Kobo, on le sait, pas besoin de nous le rappeler constamment comme cela. Vraiment carton jaune Kobo. Côté finition je le disais, mate en plastique touch extrèmement agréable au toucher, dos "matelassé" original. Beaucoup de sensualité dans la prise en main, une finition qu'appréciera beaucoup un public féminin mais pas seulement. Toujours pour la prise en main, excellente dans la paume, un peu moins convaincante quand on le tient d'une seule main avec des bords lattéraux étroits, l'absence de modelés au dos, l'absence de boutons pour les changements de page sur le côté. Un petit bémol, mais c'est bien le seul je trouve, surtout que la concurrence s'aligne elle aussi sur ce standard. Autre bonne chose, le bouton d'allumage en haut, je trouve beaucoup plus intelligent de le placer à cet endroit que chez d'autres fabricants placé en bas. On le trouve plus intuitivement, l'accès est facilité. Autre bouton en haut pour l'écrairage, nous y reviendrons. Côté sorties, juste deux, cable usb et emplacement micro SD sur le côté qui vous permettra d'embarquer plus de livres. Pas de prise de casque, l'audio est abandonné comme chez la concurrence. L'écran maintenant, un très bel écran eInk Pearl, le meilleur que l'on trouve sur le marché équivalent Nook et Kindle, le meilleur confort de l'eInk. Bref, un quasi sans faute dans la prise en main, si ce n'était ce fichu logo que l'on tentera de couvrir avec le pouce.

Eclairage intégré: C'est bien entendu la grande nouveauté des livres électroniques cette année chez les fabricants. Une fonction qui permettra de lire dans des conditions de lumières difficiles avec un écran gagnant en blancheur, voire de lire dans l'obscurité tard le soir sans réveiller l'autre. Facile, à tout moment un bouton au-dessus vous permettra d'allumer ou d'éteindre le livre électronique comme avec un interrupteur. Par le menu, vous pourrez également régler l'intensité de la luminosité qui sera bien entendu conservée en mémoire. Cet éclairage est bien meilleur que sur le Nook with Glowlight. Plus uniforme, plus fort en intensité si on le souhaite, il n'est pas absolument parfait non plus; la présence de petits halos en bas trahit la présence des diodes. Détail minime, c'est quand même très bon, il convient de le souligner. Surtout que les halos sont moins génants en bas à la lecture qu'en haut comme pour le Nook. Petit détail faut-il le rappeler, cette fonction ne transforme pas votre livre électronique en écran d'ordinateur, de smartphone ou de tablettes rétro-éclairées. Il s'agit d'un éclairage diffus sur le dessus comme si vous éclairiez l'écran avec une petite lampe d'appoint. Pas de fatigue visuelle, votre Kobo Glo garde son confort intact à la lecture. Ce modèle est très réussi et séduira beaucoup pour cette fonctionnalité; si elle vous semble indispensable, en toute confiance, vous ne le regretterez pas.

Navigation: On retrouve aussi les choix de l'année dernière. Allumage très facile, on arrive quasi instantanément sur l'accueil, ses derniers livres et des propositions de lectures en bas. Bravo à la scénographie des cinq derniers livres plus ou moins grands, je trouve original et très agréable. On accède rapidement à sa bibliothèque avec un défilement sous forme de barre en bas. Très pratique. Affichage possible sous forme de listes également. A signaler aussi que l'on peut désormais créer ses propres étagères de livres en choisissant ses propres thèmes. Pour la navigation, un mode tactile très efficace, une très bonne rapidité des pages avec un processeur puissant. Pour le défilement des pages, on peut frotter la surface légèrement mais aussi simplement toucher le bord droit ou gauche, un détail mais très agréable à l'utilisation. Si on touche le milieu de la page, on accède directement à des propositions de réglages. Navigation dans le livre (table des matières, annotations, recherche, définition et traduction), avancement rapide dans les pages, changement des polices et paramètres. Voyons cela. Toutes les annotations surlignages que vous aurez pu faire seront sauvegardées. Attention, pas d'utilisation possible de stylet. La bonne surprise avec un dictionnaire Larousse intégré. Changement de polices maintenant. Bonne surprise, plusieurs polices intéressantes sont intégrées (dix au total, les meilleurs étant Amasis, Caecilia et Malabar), mais il est aussi possible d'en télécharger d'autres dans un dossier fonts. Taille des polices, interlignage, marge et justification se règlent avec des barres de défilement, bien pensées. Vous pouvez revenir à tout moment sur le document par défaut qu'aura choisi l'éditeur. Dans les paramètres avancés, on peut régler le rafraichissement des pages de 1 à 6 pages pour éviter le flash noir. Pour les polices embarquées, la gestion des césures est assurée. En quelques dizaines de minutes, on aura complètement appréhendé la navigation générale, très intuitive, très bien faite. Kobo a bien travaillé l'interface qui est très large dans les choix typographiques notamment dans les fonctions avancées (épaisseur, finesse avec une prévisualisation). Elle reste néanmoins imparfaite, beaucoup de livres achetés étant bloqués dans les choix de marges, d'interlignage. Le Kobo n'a pas complètement la main comme sur l'interface du Nook qui reste la référence à mon avis. Autre petite chose, on peut regretter l'absence d'un petit sablier quand le Kobo travaille, cela éviterait des impatiences pour ceux qui sont habitués à la réactivité des smartphones et des tablettes. Bref, soyez un peu patient et indulgent de temps en temps quand vous lui demandez par exemple de reformater 500 pages. Au final, une navigation et une qualité de lecture très positive sur ce Kobo Glo.

Accès wifi: Evidemment, le Kobo Glo, comme les autres modèles de la gamme, tire toute sa puissance dans l'utilisation de la librairie numérique de Kobo/ Fnac. Une fois que vous aurez paramétré votre accès wifi, vous disposez du catalogue de la Fnac avec une interface assez réduite dans les choix mais relativement efficace pour trouver des livres. Vous pouvez aussi facilement accéder à des débuts de livres à télécharger. Kobo semble avoir résolu tous les dysfonctionnements entre les comptes Kobo et Fnac. Autre fonction intéressante si vous souhaitez partager vos lectures, c'est une fonction sociale Reading Life qui vous permet de synchroniser votre compte Facebook. Malheureusement, on ne peut que regretter que sous couvert de ces fonctionnalités, Kobo touche à l'intégrité des fichiers ePub, avec des surcouches propriétaires. En ce qui concerne le navigateur web, il existe bien, il est bien planqué dans les suppléments. Il vous permettra de récupérer des livres gratuits mais pas de gêrer un achat de manière satisfaisante. Si vous voulez acheter ailleurs qu'à la Fnac, il faudra le faire depuis l'ordinateur par les dossiers. L'accès à des clouds type Dropbox se fait parfaitement bien, je vous invite à essayer pour gêrer votre bibliothèque.

Au final, un livre électronique Kobo Glo très convaincant tant techniquement, que complet avec l'accès au catalogue de la Fnac. J'en fais bien évidemment l'un des tous premiers choix, ce Kobo Glo m'a beaucoup séduit et mon entourage immédiat aussi. Beaucoup d'améliorations par rapport à l'année dernière, l'interface, le dictionnaire Larousse. Des mises à jour régulières y compris pour les anciens modèles. Autre avantage, l'achat de fichiers universels ePub que vous pourrez lire sur d'autres livres électroniques ou tablettes, vos amis compris. Comme je le disais plus haut, si l'éclairage intégré est un plus pour vous, vous ne le regretterez pas, la qualité est au rendez-vous. Ce Kobo Glo est parti pour avoir un beau succès sur le marché français, verdict positif pour moi, il le mérite grandement. Amazon est prévenu.

Les plus:

  • fin et léger
  • très bel écran eInk Pearl, qualité de la finition
  • éclairage intégré de bonne qualité, large intensité
  • plastiques mats et touch de bonne qualité, très agréable au toucher
  • bonne ergonomie de la navigation, tactile très efficace
  • processeur rapide
  • flash noir débrayable
  • polices nombreuses, gestion des césures
  • ajout de polices possible (voir ci-dessous)
  • dictionnaire Larousse intégré
  • fonctions annotations et lecture sociale
  • librairie associée avec catalogue Fnac très étendu
  • port micro SD card
  • mises à jour firmware régulières
  • accès à des clouds type dropbox

Les moins:

  • prise en main moyenne en le tenant sur le côté, absence de boutons lattéraux
  • logo en bas trop ostentatoire
  • pas de possibilités d'annotations avec stylet
  • navigation web restreinte
  • pas d'accès directs wikipédia/google
  • pas de prise casque et écoute audio
  • mauvaise gestion du pdf reflowable
  • surcouches ajoutées par Kobo qui touchent à l'intégrité des fichiers ePub achetés

Je remercie la Fnac de m'avoir permis ce test.

PS: merci à Redfish pour ses commentaires que je fais remonter:

On peut rajouter autant de polices que l'on désire sur le Glo. On procède de la même manière qu'avec le Touch. Il faut que les 4 déclinaisons (regular-gras-italique et gras-italique soit du même nom de famille). Et on nomme les polices comme ceci avant de les placer dans un dossier fonts (NomDeLaPolice s'obtient en double cliquant dessus).

NomDeLaPolice-Regular
NomDeLaPolice-Bold
NomDeLaPolice-Italic
NomDeLaPolice-BoldItalic

- Calibre peut créer automatiquement des étagères avec les colonnes de son choix. Il peut être également utilisé pour convertir des pdf en epub.
- Gestion de la césure dispo aussi pour les polices ajoutées.
- Fonction épaisseur/finesse uniquement dispo pour les polices d'origine.
- Modification des marges, même si fixé dans l'ePub, possible dans le tout prochain firmware.
- Interligne modifiable sur tous les eBooks que j'ai testé à ce jour.
- Pour le sablier: il y a un rond tournant ou un texte qui s'affiche dans le bandeau du haut pendant l'attente (par contre rien dans le navigateur)

PS: le Kobo Glo, second choix dans mon classement fin 2012.

PS: pour accéder à une boite Dropbox, tous les détails ici.

Comme d'habitude, vous pourrez retrouver l'ensemble de mes tests ici, ainsi que sur la page Pinterest.

Photos avec le Kobo Mini et le Nook with Glowlight.

100_9852 100_9846 100_9845

 

 

 

 

100_9848 100_9849 100_9850

 

 

 

 

100_9851

PS: j'ajoute l'excellente vidéo du québecois Maxime Johnson et le billet de Coolmicro.


Mes livres du mois - décembre 2012

Jean_echenoz_14-218x300 KarooPremier dimanche du mois, je vous propose mes deux romans coup de coeur. Un petit rendez-vous sans prétention mais auquel j'essaierais de rester fidèle. Le mois dernier c'était le livre de Joël Dicker, qui depuis n'en finit pas de surfer sur les meilleures ventes de cette fin d'année. Bien entendu, comme d'habitude succès oblige, une certaine critique larvaire trouve à redire méchamment sur ce très bon livre au succès mérité.

Deux livres donc ce mois-ci, deux romans, l'un français, l'autre étranger. Le premier "14" de Jean Echenoz aux Editions de Minuit. Une évocation pleine de réalisme et de pudeur de la Grande Guerre à travers des personnages attachants. Comme d'habitude, Jean Echenoz nous propose un roman concentré où l'essentiel est préservé. Personnellement j'aurais aimé un livre plus consistant, c'est la caractéristique d'Echenoz, comme si son éditeur lui interdisait plus de 256 pages. Ici c'est même deux fois moins. Enfin, ne boudons pas notre plaisir, 14 est un très bon livre qui fera écho pour beaucoup à notre mémoire personnelle.

L'autre, c'est "Karoo" de Steve Tesich chez Monsieur Toussaint Louverture. Sorti aux printemps dernier, je m'en voulais de ne pas l'avoir signaler avant. L'oeuvre posthume d'un scénariste américain paru aux Etats-Unis en 1996, deux ans après sa mort. Il était incroyable que ce roman formidable n'ai pas été traduit avant en France. C'est réparé grâce à un petit éditeur courageux. Ce livre est la trajectoire finale de Steve Karoo, personnage répugnant, incarnation de ce que l'Amérique peut produire de pire. Il ira jusqu'à une sorte de rédemption. Puissante caricature de la société américaine, ce livre est un chef d'oeuvre d'humour noir. Un très grand roman américain qui m'a beaucoup rappelé "La Conjuration des imbéciles" de John Kennedy Toole.

A signaler que ces deux livres sont vendus en version numérique sans DRM, c'est à l'honneur des deux éditeurs. Vous pourrez les échanger avec bonheur entre amis.