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Electre, son complexe jusqu'à quand?

Je relaie aujourd'hui la même interrogation que PointLivres, quand est-il de la base Electre?
"Les éditeurs ont interdit qu'Electre, que leur budget publicitaire finance, soit la base de référence gratuite des Français. L'une des deux principales raisons de l'absence des libraires sur l'internet réside dans cette mauvaise décision. La base bibliographique de référence est aujourd'hui celle d'Amazon. Et les positions d'Amazon dans les paquets/ficelle sont aussi des positions prises pour la vente de fichiers numériques. Alors, certes, la vente de fichiers numériques, pour encore quelque temps, ne pèse rien. Et la ménagère de plus de 50 ans n'est pas à la veille d'abandonner le livre papier."
Pour la dernière phrase qui sait? J'ai envie d'ajouter, chaque mois maintenant compte et certains devront peut-être s'expliquer un jour sur les conséquences désastreuses de ces choix. En écho, bien entendu, au récent coup de gueule du directeur de la Libraire Dialogues à Brest...


Editeurs, allez-y?

Next-publishing2LG Plus de détails aujourd'hui avec l'ouverture du site Editeurs et Auteurs Associés.
La formule n'est pas sans rappeler Manuscrits chez Léo Scheer, des manuscrits à lire avec cette différence qu'ici, ils ont déjà faits l'objet d'une sélection de la part des éditeurs à l'origine du site, avec un vrai contrat d'auteur et une publication papier qui se fera de toute façon. Mais, on ne se contente pas de donner son avis, on prend des risques, on mise de l'argent, on devient co-éditeurs à la hauteur de l'argent que l'on met sur la table: "Notre but est de relier les auteurs et les éditeurs aux lecteurs, avec la complicité des libraires, et nous avons comme diffuseur et distributeur les sociétés performantes du groupe Gallimard.
Pour chaque livre, un budget est déterminé en fonction du tirage, du nombre de pages, du format et des droits garantis à l'auteur. Chaque budget est divisé en mille millièmes, soit mille parts. L’investissement est limité entre 1 à 50 parts maximum par personne. Une fois le budget déterminé atteint (ce qui sera indiqué sur le site), plus personne ne pourra souscrire à ce texte. Souscrire une seule part vous permet de vivre cette expérience… Chaque projet, présélectionné par un comité, SERA DE TOUTE FACON ÉDITÉ comme stipulé dans le contrat avec l’auteur. Mais il vous est donné ici la possibilité de vivre avec nous cette belle aventure! Pour votre participation financière en tant que co-éditeur, vous recevrez en hommage UN EXEMPLAIRE DU LIVRE DÉDICACÉ PAR L'AUTEUR. Vous pourrez en outre gagner de l’argent en fonction des ventes du livre sur lequel vous avez investi. De plus, si vous le souhaitez pour tous ces points et sans autre obligation: - Vous serez cité dans le livre comme co-éditeur. - Vous serez consulté pour l'argumentaire et la couverture du livre. - Vous serez informé en priorité des salons avec la présence de l'auteur et des dédicaces qu’il effectuera. - Vous recevrez tous les éléments pour que vous puissiez vous-même communiquer sur «votre» livre, comme les flyers, les dates importantes, la biographie de l’auteur, etc."
 Simplissime, non? Il faut miser sur le bon cheval! C'est le propre de l'éditeur, non? Si vous misez sur le futur Musso ou Gavalda, c'est le jack-pot! Une bonne façon de rappeler que le métier d'éditeur est aussi un métier de "maquignon" (tous les grands éditeurs en sont) et que flairer la "bonne bête à concours" est une question de flair et d'intuition, on reconnaît bien là la patte provocatrice de Jean-Paul Bertrand! Car c'est bien joli l'internet où tout le monde est en mesure de devenir "éditeur virtuel", mais là c'est la vraie vie de l'édition, il faut sortir sa carte bleue. C'est bien la dimension du "publisher" anglo-saxon qui est en jeu ici.
Je trouve la démarche excellente. De plus, elle a le mérite aussi d'associer les libraires avec un jeu de surremises. Décidément, ils ont pensé à tout! Je suis absolument certain que cela va donner des idées à beaucoup d'autres! Alors, toujours prêt à devenir éditeur?
Beaucoup de succès aux Editeurs et aux Auteurs Associés et bonnes découvertes de lectures aux Lecteurs Associés!



Avec des livrels, on vous en donne plus

Premium Lectures Numériques revient sur l'initiative de l'éditeur Random House qui propose sur le nouveau site Book and Beyond des livres avec des suppléments réalisés en concertation  avec les auteurs:
"This is a Premium ebook featuring audio clips from a reading and a video interview with author James Patterson. The file size of this ebook is 30MB, considerably more than a regular ebook. This premium ebook is best downloaded via a broadband connection and enjoyed using Adobe® Digital Editions on your Mac or PC. The audio and video content will not be able to play on the Sony Reader or other dedicated ebook device."
Des ePub Premium! Jouer la complémentarité entre livre électronique et son ordinateur habituel. Une bonne façon de tirer profit du meilleur des deux technologies et d'apporter des bonus intéressants. Une excellente alternative aux offres sur le Kindle, non?


Et si aujourd'hui c'était vous, l'éditeur?

Bloc_slogan Quelle surprise de retrouver l'éditeur Jean-Paul Bertrand qui a dirigé pendant de nombreuses années les éditions du Rocher dans une nouvelle aventure d'édition participative? Il livre plus de détails dans l'édition de LivresHebdo. Nouveau site qui ouvre cette semaine, Editeurs et Auteurs Associés. "Alors que la production participative fait déjà ses preuves dans l’univers musical, Jean-Paul Bertrand propose aux internautes de souscrire entre 1 et 50 parts de 24 euros sur 1.000 prévues par titre après avoir pris connaissance sur le site des manuscrits des livres à paraître dont 20 à 25 % du contenu seront disponibles à la lecture. Ces actionnaires d’un nouveau genre seront ensuite intéressés aux ventes et pourront voir leur nom apparaître sur le livre comme coéditeur." Voilà qui mérite la plus grande attention et donne déjà des idées à notre ami Léo Scheer sur le développement de sa collection Manuscrits!


Découvrez Ciboulette

Maquette couverture-2 Rencontre avec Delphine Murano dont le livre Ciboulette (pour petits de 3 à 6 ans) vient de paraître début avril chez un petit éditeur nantais Le Poisson Borgne. Petit tirage en numérique d'une très grande qualité, je mets au défi la plupart des lecteurs de voir la différence avec de l'impression offset traditionnelle. Des relais chez beaucoup de libraires, la presse s'y met, un groupe Facebook, le bouche à oreille. D'autres projets dans les cartons.
Qui dira que le numérique va tuer le livre! Longue vie de livre à Ciboulette!


La traduction selon Claro

Passoire22_gd Claro. Son métier? Romancier, éditeur, mais surtout traducteur. Ne surtout pas manquer l'interview de Claro cette semaine dans Télérama:
"Il y a évidemment plusieurs sortes de traducteurs. Le terme de «passeur», à mon sens, s'applique moins à la traduction proprement dite qu'à l'effort déployé par certains pour dénicher des textes et leur trouver un éditeur. Plus que des «passeurs», je dirais que nous sommes des «passoires». On met des choses dedans, ça décante, ça dégouline et on en fait un autre plat. Je préfère ainsi l'image du faussaire, qui ne reproduit pas à l'identique mais fait «à la manière de». Un bon traducteur n'est pas forcément un écrivain, mais sûrement quelqu'un qui se sent obligé, presque moralement, de le devenir le temps d'une traduction. C'est donc un écrivain assez étrange : il est un double de l'auteur qu'il traduit et dont il doit intégrer le style, la vitesse ou la rythmique. Et en même temps, un écrivain dans sa propre langue. Le poète et traducteur Emmanuel Hocquard le dit très justement: «Je ne traduis pas, j'écris des traductions.»"

Je vous conseille bien sûr son dernier livre Le Clavier Cannibale, son blog, et d'autres textes.


Rénover des "ruines"

 

Ruine8 Refrain connu... « Il n’est pas question de faire évoluer la vieille chaîne du livre, mais plutôt d’en inventer une nouvelle, une chaîne du livre révolutionnaire fondée sur la démocratisation de l’accès à l’édition et aux livres, sur le libre choix des lecteurs.  Cessez donc de croire que votre travail s’inscrit dans l’avenir du livre lorsque tout ce que vous faites est de rénover des ruines… »

Clément Laberge répond: "Je ne crois pas dans la révolution, lui ne croit pas dans la transformation. Je n’arriverai pas à le convaincre, lui n’arrivera pas à me convaincre. Nous sommes devant un conflit paradigmatique."

Avec toi mon cher Clément! Les Métiers du Livre offre encore bien des perspectives, qui plus est numériquement parlant!


Parlons formats...

Deuxième vidéo mise en ligne du côté de Cap Digital. C'est Hadrien Gardeur (l'un des fondateurs de Feedbooks et membre de l'IDPF) qui nous parle des formats. Ne vous fiez pas à sa jeunesse, c'est l'un des grands spécialistes sur ces questions. Promis, je ne dirais plus que le format ePub ne gère pas la justification! :))
Une réflexion concernant Google, je ne serais pas si catégorique que lui sur le manque de qualité des ouvrages Google, j'y reviendrais bientôt sur des livres précis.


Ode à la fabrication

Impression «À quoi ressemblait notre monde? Il avait l’air du chaos que les Grecs mettaient à l’origine de l’univers dans les nuées de la fabrication.»
Paul NIZAN, Aden Arabie, La Découverte, Paris, 2002, p. 53

"Qu’est-ce qu’elle fabrique la fabrication? Lisez le mot de Nizan: au moment où le projet éditorial sort du chaos de la création, où donc le texte de l’auteur est considéré par les services éditoriaux comme définitivement arrêté, le futur livre est "mis en fabrication".
Entre donc en scène la fabrication. Prestataires de service — ou mieux partenaires et conseils des éditeurs des diverses collections — les fabricants se mettent après étude du manuscrit (même s’il n’est plus écrit à la main) à coordonner l’ensemble des opérations nécessaires à sa mise au monde, à veiller à la qualité de la réalisation à chaque étape, au respect des délais (toujours trop courts), aux coûts (toujours trop élevés).
De fait, la fabrication ne fabrique pas. Elle fait faire: elle s’entoure de correcteurs, maquettistes, dessinateurs, etc., et de fournisseurs (photograveurs, compositeurs, imprimeurs, relieurs) qui interviennent dans les diverses phases de gestation (!) : préparation technique, si besoin est, du manuscrit, composition et mise en page suivant la nature de la collection, épreuves soumises à l’auteur, relues par le correcteur, vérifiées et auscultées par le fabricant jusqu’au décisif bon-à-tirer, signal de l’accouchement final par l’imprimeur en belles palettes bien cerclées, prêtes à être livrées chez le distributeur.
Oh, j’ai failli oublier le trousseau. Les couvertures! Vite maquettistes, photograveurs, imprimeurs, et j’en oublie: urgent!!!
"

(viaLaDécouverte, bravo!)


La piste de l'authentification forte

Vasco L'authentification forte, une solution pour les offres légales?
L'Atelier revient sur une expérimentation en cours dans le domaine des jeux vidéo :
"Pour lancer une partie, l'utilisateur devra générer un mot de passe à usage unique, ou one-time password (OTP). Pour cela, il devra utiliser l'outil électronique de poche Digipass GO6. La conjugaison de cet appareil et du mot de passe, connu par l'utilisateur uniquement, en fait une authentification forte. Quant au serveur de contrôle, c'est le logiciel Vacman de Vasco, déjà utilisé par de nombreuses organisations financières à travers le monde, qui a été adopté. Selon Jan Valcke, président de Vasco: "Durant les années à venir, la demande de solutions de mot de passe à usage unique va améliorer la sécurité en ligne de manière significative". Cette adoption dans le secteur du jeu est également un moyen de sensibiliser et d'habituer les utilisateurs au fonctionnement et à l'usage de l'authentification forte par Digipass. Un concept intéressant alors que l'authentification forte se généralise dans les grandes entreprises."
Avec en rappel: "Le ministère japonais de la communication annonçait récemment que les fraudes en ligne ont augmenté de 26% dans le pays, entre 2007 et 2008. Parmi les premiers cas recensés figurent les fraudes lors d'enchères en ligne et celles au sein des jeux vidéo."


Etre éditeur aujourd'hui

Le Monde revient aujourd'hui sur ces nouveaux éditeurs qui se lancent malgré la crise. Preuve de la vitalité du livre. "En ce printemps, les nouvelles fleurs de l'édition française ont pour nom Le Bruit du temps, Attila, Hélium ou Koutoubia. Ces quatre projets ont en commun d'avoir été longuement mûris par leurs concepteurs. Ce sont des structures indépendantes, leur animateur ayant gardé la majorité du capital - excepté pour Koutoubia, adossée au groupe Alphée. Pourquoi se lancer quand la crise se manifeste? Comment espèrent-ils vivre?" (à lire l'article). Avec de bons vieux modèles économiques... Longue vie à eux quatre!


Invincible Google?

On lira l'intéressant diaporama que vient de signaler aujourd'hui Techcrunch. J'ai envie d'ajouter l'action en justice actuellement en cours en France. L'audience sera entendue le 24 septembre par le tribunal de grande instance de Paris et verra donc le SNE, la Société des Gens de Lettres ainsi que les éditions La Martinière - Le Seuil plaider contre le moteur, devant la 3e chambre du TGI (voir Actualitte). Pourquoi Google Nest Pas Invincible...


Si on dénit les livres...

"Les industries culturelles ne sont pas la culture" (voir LaFeuille).
Repéré entre autres: "Le SNE égraine une série de propositions corporatistes qui consistent à étendre le taux de TVA réduit au livre numérique, soutenir le projet de portail internet du réseau indépendant des libraires, combattre le piratage et réfuter l’idée de gratuité du livre numérique."
Sous couvert d'innovation, des attaques contre les éditeurs, les libraires, des discours qui me font peur...


Pirates de la bibliothéconomie

Le-piratage On lira avec intérêt le billet que consacre Joël Faucillon sur LektiEcriture au "Portrait du pirate en conservateur de bibliothèque".

"La mise à disposition de livres numérisés n’est pas forcément apparent sur des grands sites de partage Torrent, tels que The Pirate Bay ou Mininova. Ils sont le fait de sites moins visibles, sur lesquels il n’est possible d’accéder que sur invitation d’un membre, et le nombre mais également la qualité des livres numérisés par ces petites équipes est proprement impressionnant...

"Témoignent de la diversité, et de la vitalité de ces petites équipes, souvent composées de seulement de quelques dizaines de membres, qui décident de numériser et de mettre à disposition ces livres au format numérique, directement sur l’Internet. 



Mais le plus étonnant est encore ailleurs: à partir des éléments ci-dessus, il serait assez facile de considérer qu’il s’agit de simples pirates qui contournent la législation sur le droit d’auteur, mettent à mal (c’est une hypothèse) la pérennité économique des éditeurs, dont la condamnation par les tribunaux serait éminemment souhaitable. 
La réalité n’est pas si simple... En effet, ces petits groupes se comportent, ont des réflexes de bibliothécaires: ils classent les livres en fonction de leur pertinence, créent des dossiers de manière élaborée, et il est difficile de considérer qu’il s’agit simplement de groupes d’activistes qui veulent «mettre à bas le système capitaliste». Bien au contraire, ces groupes semblent considérer les livres en fonction de leurs qualités intrinsèques, non pas en fonction de leur valeur commerciale. Ainsi, certains sites Internet de partage, privés, mettent à disposition de leurs membres des ensembles dédiés par exemple à l’étude de la Turquie, de l’Égypte, qui vont rassembler «le meilleur» de la littérature historique, géographique, sociologique, par rapport à ces États, écrits depuis un siècle. Ces pirates-là ont des réflexes innés (je doute que tous aient suivi des cursus universitaires de documentalistes), de bibliothécaires qui trient, classent, référencent, avant de mettre à disposition toute cette matière sur Internet. 
Et il manque des sociologues pour étudier ce phénomène, dont la portée paraît considérable, en même temps qu’il est nécessaire que les éditeurs réfléchissent à ce phénomène, inéluctable dans la mesure où il suffit d’une copie papier pour que ces groupes diffusent le livre dans sa forme numérique, la plupart du temps avec une qualité bien supérieure à celle offerte par Google Recherche de Livres ou le projet Gallica de la Bibliothèque Nationale de France."

"Quant à la problématique du respect de la législation sur le droit d’auteur, il s’agit là d’un élément qui a été définitivement «évacué». Ce problème n’est jamais abordé, sauf par certaines communautés liées à la bande dessinée, qui répètent sans cesse ces mots: «si vous aimez cet auteur, alors achetez la bande dessinée». Ailleurs, il n’est jamais fait mention d’un quelconque débat sur la notion de «propriété intellectuelle» et de «droit d’auteur». Pas la moindre justification, même grossière. Non, toute référence au droit d’auteur est absente, comme si cette notion n’avait jamais existé. Pas plus qu’il n’existe nulle part, au sein de ces «communautés», de débat autour de la crise actuelle rencontrée par l’industrie du disque ou celle du DVD, ou la moindre mention d’un texte à ce propos. En réalité, c’est l’ensemble du contexte économique lié à la création, qu’elle soit phonographique, audiovisuelle ou textuelle, dont il n’est jamais question."

De-là à dire que le pirate moyen est un bibliothécaire... Je vais encore me faire des amis...

(version de l'article complet pour Sonyreader et Cybook ici)


La balance côté Google

Darnton J'ai lu ce matin l'article de Robert Darnton, La Bibliothèque universelle, de Voltaire à Google, dans Le Monde Diplomatique du mois de mars. C'est un texte très important, j'espère que le journal aura l'intelligence de le mettre à disposition sur internet en libre accès au mois d'avril. Il est indispensable que le plus grand nombre de lecteurs puissent le lire. Il traduit bien les grandes inquiétudes sur l'avancement du projet Google (le basculement vers Sony est d'ailleurs postérieur à l'article) et les effets considérables qu'il implique dans les conditions d'accès au savoir.
Deux passages seulement tant l'ensemble de l'article qui s'étend sur deux pages entières est passionnant:
"Après avoir lu l'accord passé entre Google, les auteurs et les éditeurs, et s'être imprégné de sa philosophie - ce qui n'est pas une tâche facile puisque le document s'étire sur 134 pages et 15 appendices-, on en reste bouche bée: voici posées les fondations de qui pourrait devenir la plus grande bibliothèque du monde. Une bibliothèque numérique, certes, mais qui battrait à plate couture les établissements les plus prestigieux d'Europe et des Etats-Unis. De surcroît, Google se hisserait au rand de plus grand libraire commercial de la planète -son empire numérique relèguerait Amazon au rang de boutique de quartier."
Balance "Google Book Search est sur le point d'inaugurer la plus grande bibliothèque et le plus important magasin de livres de l'histoire. Quelle que soit la manière d'interpréter cet accord, ses dispositions s'imbriquent de manière si inextricable qu'elles s'imposent en bloc. Aujourd'hui, ni Google, ni les auteurs, ni les éditeurs, ni la cour de district de New York ne sont en mesure d'y apporter des changements notables. C'est un tournant majeur dans le développement de ce que nous appelons la société de l'information. Si nous ne rééquilibrons pas la balance, les intérêts privés pourraient bientôt l'emporter pour de bon sur l'intérêt public. Le rêve des Lumières serait alors plus inaccessible que jamais".
Urgence, urgence...
A signaler les commentaires d'Alain Giffard, de Daniel Garcia, en attendant ceux d'Olivier Ertzcheid qui est entre autres, comme chacun le sait, le grand décrypteur de Google.
Le texte en anglais sur la "New York Review of Books" est ici.


Les voies du livre numérique

Laptop1 On lira avec beaucoup d'intérêt l'exposé d'Hubert Guillaud sur ce qu'il conçoit être un livre à l'heure du numérique au Forum des Bibliothèques 2.0 de Montréal. Brillant exposé des possibilités de l'internet et des contenus numériques à l'ère des réseaux, certes. Mais en le lisant et plus j'avance, plus me vient irrésistiblement à l'esprit que c'est d'oeuvre multimédia sur internet dont il parle. "Aussi surprenant que cela puisse paraître, un livre n’est pas défini par son contenu, par sa forme, par ses modalités de commercialisation, par son intégration dans une chaine économique, mais par son support."  Je ne suis pas d'accord, un livre, ce n'est pas seulement un support. Puisqu'il cite Roger Chartier justement, relisons-le: "D’un côté, un livre, c’est un objet produit par un travail de manufacture, quel qu’il soit – copie manuscrite, impression ou éventuellement production électronique –, et qui appartient à celui qui l’acquiert. En même temps, un livre, c’est aussi une œuvre, un discours. Kant dit que c’est un discours adressé au public, qui est toujours la propriété de celui qui l’a composé et qui ne peut être diffusé qu’à travers le mandat qu’il donne à un libraire ou à un éditeur pour le mettre dans l’aire de la circulation publique. Tous les problèmes de la réflexion tiennent à cette relation complexe entre le livre comme objet matériel et le livre comme œuvre intellectuelle ou esthétique, parce que, jusqu’à aujourd’hui, la relation s’est toujours établie entre ces deux catégories, entre ces deux définitions – d’un côté, des œuvres qui ont une logique, une cohérence, une complétude et, de l’autre, les formes matérielles de leur inscription, qui pouvait être, dans l’Antiquité et jusqu’au premier siècle de notre ère, le rouleau. Dans ce cas-là, très souvent, l’œuvre est disséminée entre plusieurs objets. À partir de l’invention du codex (c’est-à-dire du livre tel que nous le connaissons encore, avec des cahiers, des feuillets et des pages), une situation inverse apparaît: un même codex pouvait, et c’était même la règle, contenir différents livres au sens d’œuvre."
Que les livres de demain tirent parti de l'évolution des supports du côté de l'hypertexte, du recours au son, à l'image, à la vidéo, à l'illustration, c'est incontestable. Des formes nouvelles vont émerger et c'est tant mieux.
En revanche rien dans l'exposé de Hubert sur ce qui fait la spécificité de la création des livres, à savoir le mandat comme le rappelle Kant, ce contrat "moral", ce pacte irréfragable (qui va bien au-delà d'un contrat de papier, bien des éditeurs vous le dirons) entre un auteur, un éditeur qui l'a choisit, un libraire qui a choisi de le vendre pour assurer des revenus nécessaires à l'ensemble de la chaîne de valeur. Tous les livres du Salon du Livre (et dieu sait, s'il y en avait!) sont nés de cette façon.
J'aurais bien aimé qu'Hubert agrémente son exposé d'exemples de livres numériques tels qu'il les conçoit pour demain, d'auteurs qui nous disent les choix de création qui sont les leurs.

Kingsley Moi, je vais vous en donner un. Je l'ai découvert la semaine dernière. Il s'appelle Kingsley Crossing d'Olivier Jobard. C'est Nathalie Bocher-Lenoir du groupe Editis qui a eu la bonne idée de nous donner le lien lors de la journée du 17 mars au Salon du Livre. Il s'agit d'un récit sous une forme extrêmement travaillée, mais bien d'un récit de journaliste et d'auteur comme Jack London aurait pu le produire, s'il avait eu à sa disposition les outils, au début du siècle dernier quand il a décrit la condition des ouvriers dans les faubourgs de Londres dans Le Peuple d'en Bas, par exemple. Vous verrez l'intégration dans cette oeuvre numérique de vidéos, de photographies, de textes, d'illustrations. Ce "livre numérique" est passionnant car il représente à mon sens le dégré ultime, l'exploitation la plus complète des moyens mis à disposition d'un auteur. C'est bien le témoignage, les mots et le récit qui supporte l'ensemble de l'oeuvre. C'est une oeuvre multimédia à part entière mais la question est de savoir si c'est bien un livre de demain, c'est la question essentielle. Est-ce que les auteurs vont s'adapter à ces formes d'écriture? Est-ce que tous les auteurs de demain vont peu à peu migrer vers l'internet de cette façon? Est-ce que c'est le métier des éditeurs de demain de s'orienter vers ce type de créations? Est-ce que les lecteurs de demain vont se désintéresser des livres traditionnels? Si Jack London vivait aujourd'hui, quelle forme donnerait-il à son livre? C'est bien là la question.

Londonsalaam Justement, un autre auteur contemporain comme Olivier Jobart, a choisi d'écrire un livre de nos jours comme Jack London. Il s'appelle Tarquin Hall. Il est anglais, il est journaliste, il a choisi de fixer son récit dans les mêmes conditions qu'au temps de Jack London avec des éditeurs qui ont choisi de le défendre, des traducteurs qui se sont donné du mal pour respecter son écriture, des libraires qui soutiennent son livre, des salons comme par exemple Etonnants Voyageurs à Saint-Malo qui le célèbre et qui organisent des rencontres avec ses lecteurs. Et cela dans le monde entier. Je crois que Tarquin Hall peut continuer à écrire en choisissant cette voie-là et qu'il continuera à rencontrer ses lecteurs de cette voie-là. Tarquin Hall, Olivier Jobart, deux auteurs qui ont choisi deux types d'oeuvres différentes. Que les frontières entre l'un et l'autre aient tendance à se flouter à l'avenir, c'est certain. Mais je crois dans l'avenir, il y aura des auteurs qui choisiront la voie de Tarquin Hall et que le support papier n'est pas la seule "contrainte", la preuve étant que Tarquin Hall est journaliste dans des grands médias anglais et qu'il dispose d'un site, d'un blog, qu'il n'est pas si déconnecté que cela. Ses livres et leurs présences n'en ont que plus de force, je le pense et je ne suis pas le seul à le penser. Et j'espère bien que les lecteurs de demain continueront à lire les livres Tarquin Hall sur du papier ou sur des lecteurs mobiles qui offrent les mêmes qualités que le papier, cela n'est finalement pas très important.
Je remercie Hubert pour les réflexions qu'il nourrit à travers son discours. Nul doute que je ne serais pas le seul à réagir dans les semaines qui viennent.


Deux entretiens chez CapDigital

Cap Digital vient de mettre en ligne un premier entretien Think Digital autour de l'édition numérique, 6 séances au total (détail ici). L'occasion d'entendre Alain Pierrot parler de l'édition numérique. Le compte-rendu de la première séance avec Jacques Angelé est ici. A noter un agrégateur très intéressant. La prochaine réunion la semaine prochaine avec l'intervention d'Hadrien Gardeur de Feedbooks (merci LaFeuille).


Je ne suis pas un pirate: voilà pourquoi

"Tant que les conditions de protection des contenus numériques sur les réseaux ne sont pas fixés, que les choses soient claires, vous n'aurez pas nos contenus". C'est en substance le message que tous les professionnels de l'édition (groupes, éditeurs indépendants moyens et petits) réunis lors de ce Salon du Livre ont fait passer de manière unanimes.
Alors que les positions se radicalisent de part et d'autre, alors que la loi HADOPI est en discussion à l'Assemblée nationale (voir L'Express), il faut être clair:
Depuis quelques jours, je vous propose plus de 750 livres sur un serveur Free, 3 heures et demi de téléchargement. Ces livres représentent à peine le quart de la capacité d'une SD Card de 2Go de 10 euros. Tous ces textes sont libres de droits et ont été choisis, produits, relus, maquettés et mis en forme sous l'initiative d'une personne physique à savoir Jean-Yves Dupuis, habitant du Québec et lui-même auteur, en respect avec les lois internationales régissant le droit d'auteur.
Demain sur le même serveur Free, en 15/20mn, tout Folio, tout Livre de Poche, tout PointsSeuil, tout PressesPocket, tout Bouquins, tout Quarto, tout Que sais-je?, toute la Pléiade, tout Babel, tout Libretto, tout FictionsetCie, tout GallimardDécouvertes, tout LeMasque, tout Omnibus, tout Mille et une Nuits, tout J'aiLu, tout Librio, toute la Série Noire, tout CastorPoche, tout 10-18, tout Harlequin, tout SAS, tout RivagesNoir, toute la PetiteBibliothèquePayot, tout SpécialSuspense... La liste pourrait prendre plusieurs pages encore.
Certes, vous pouvez lire des grands discours des défenseurs libres des réseaux, avec des trémolos dans la voix, des défenseurs de la Connaissance et de la Libre Pensée...
Mais c'est du siphonnage de centaines de milliers de textes dont il s'agit actuellement de réfléchir, rien que de cela...
Mon choix personnel est simple, j'ai envie de continuer à acheter des livres, en papier et en numérique, et je veux que l'on m'explique clairement comment on va pouvoir ne pas tarir la création, la richesse et la diversité éditoriale dans notre pays si l'on procède à un pareil siphonnage des contenus. J'ai très envie que chacun prenne position sur ce sujet. Qui paye le travail de Monsieur Dupuis?

PAS PIRATES: ALDUS

PS: on lira avec intérêt l'interview d'Alain Rocca, président des productions Lazennec, membre du Club des producteurs européens, et président d’UniversCiné, société de distribution de films indépendants en VOD, dans le Monde.

"C'est certain qu'à partir du moment où il y a un prix, c'est toujours moins bien qu'une situation dans laquelle on peut avoir la même chose sans payer. Mais dans ce cas-là, il faut avoir le courage de dire, quand on regarde un film sans le payer, qu'on prétend que la maquilleuse, le chef opérateur, le réalisateur, le scénariste et tous ceux qui ont collaboré à la fabrication de ce film doivent le faire le week-end et gagner leur vie autrement"

"La loi Hadopi, c'est juste pour essayer de ne pas faire perdre aux Français l'habitude de payer un film de cinéma quand ils le regardent. On ne répond pas à son boucher qui vous propose le steak trop cher en lui volant le steak quand il a le dos tourné. Sinon, on n'a plus de boucher, et on n'a plus de steak."

Mise à jour du 21 mars:

 

"La loi arrive à un moment dans lequel les acteurs de la création ont perdu beaucoup d'argent et sont dans une relation polémique avec le monde du numérique. On a laissé le mal s'installer, prospérer et le débat survient tard par rapport à une pratique déjà installée. C'est pour cela que c'est difficile. Je ne veux pas que cela se reproduise sur les autres secteurs qui sont confrontés à ces questions. C'est ce que j'ai dit au Salon du Livre : il faut réfléchir en amont, anticiper avant d'être submergé par le problème, pour ne pas se retrouver dans la situation de la musique, à discuter une loi dans le pire des contextes." (Nathalie Kosciusko-Morizet, Figaro.fr)