Les biens communs de la connaissance
02 mai 2012
A regarder la présentation par Hervé Le Crosnier du livre "Libres Savoirs: les biens communs de la connaissance" paru chez C&F Editions.
A regarder la présentation par Hervé Le Crosnier du livre "Libres Savoirs: les biens communs de la connaissance" paru chez C&F Editions.
Aujourd'hui 23 avril, c'est la journée internationale du livre de l'Unesco. Tous les livres! Merci à Abebooks pour sa vidéo.
Vendredi 13 oblige, lu ce week-end le premier titre d'une série de polars démarrée en octobre dernier sous ce titre de collection aux Editions La Branche. 13 titres prévus au programme bien entendu. Le premier d'entre eux, c'est "Samedi 14" de Jean-Bernard Pouy. Tout le monde connaît Pouy, illustre initiateur devant l'éternel du divin Poulpe. Ce nouveau roman dans la lignée des meilleurs. Ne pas réveiller la bête qui sommeille. Un vieil anarchiste rangé avec son RSA et ses légumes dans une bicoque du fin fond de la Creuse, se voit un matin réveillé par une troupe de CRS diligentés pour protéger ses voisins, parents du nouveau ministre de l'Intérieur. Toutes ressemblances. Bouclage, évasion, cavale. Le pouvoir en place va trembler sur son siège à coup de scandales à répétitions dans tous les canards nationaux, de tous bords d'ailleurs pour ratisser bien large, le bougre devenant l'homme le plus recherché de France. Attrapera, attrapera pas. On ne s'ennuie pas un seul instant au rythme de la centaine de pages qui nous entraine dans toute la France et sur les pentes du Stromboli. Raymond Queneau nous accompagne tout le long du road movie, les pages choisies dans les deux pléiades qui complètent le bagage du bonhomme. On s'amuse beaucoup, c'est drôle et décapant en diable. On attendra tous l'éruption finale, pas déçu du voyage. Une série qui démarre au quart de tour, les autres vite. La version numérique à petit prix et sans DRM, de quoi passer aux amis pour s'en faire offrir d'autres. Elle pousse La Branche!
Lu pour le Club des Lecteurs Numériques.
L'odeur des vieux livres... Explications de la part du canadien Abebooks qui en connait un rayon sur le sujet.
Le "Guide pratique du livre numérique en bibliothèque" de Alain Patez paraitra aux éditions KLOG le 10 avril prochain. Auparavant en charge des bibliothèques numériques chez Numilog (Groupe Hachette Livre), Alain Patez fut également bibliothécaire à la médiathèque Landowski de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Pionnier dans le prêt de tablettes et de livres numériques au début des années 2000, il est notamment le créateur de la Bibliothèque numérique pour le Handicap (BnH). Il travaille aujourd'hui pour la société CF2id.
Cet ouvrage de vulgarisation s’adresse aux bibliothécaires et documentalistes en charge des ressources numériques.
Le sommaire est consultable en ligne sur Calameo.
A signaler le premier livre numérique des Presses de l'Enssib, "Développer la médiation documentaire numérique" sous la direction de Xavier Galaup, est en ligne gratuitement sur un site web dédié. Une première expérience éditoriale multi-supports. Le texte complet, mais aussi une présentation des auteurs, un forum, des bonus web et un questionnaire pour réagir et connaître les attentes et pratiques dans le domaine. D'autres supports numériques seront expérimentés dans l'année à venir (via l'Enssib).
Un seul livre acheté sur le Salon du Livre, sur le stand du Motif qui présentait comme d'habitude des tables réservées à des éditeurs indépendants, livre acheté à la Librairie Tschann à la caisse. Petit livre que je ne connaissais pas, "Le détail en typographie" de Jost Hochuli aux Editions B42. Jost Hochuli est un typographe et graphiste suisse très connu pour son travail dans le design du livre. Ce livre a été publié pour la première fois en 1987 en sept langues. Cette traduction française sortie en 2010 revue et augmentée. Ouvrage d'autant plus intéressant, puisque au moment où le livre se dématérialise et se sépare maintenant de notions de format, de mise en page, de marges, de disposition de colonnes de textes, etc, -tous ces éléments relevants de la macro-typographie-, il aborde au contraire le champ de la micro-typographie, domaine de la lettre, interlettrage, mot, espace, ligne, interlignage, colonne, etc. Et là le détail typographique prend plus que jamais tout son sens dans l'univers numérique. Petit livre dont devrait absolument s'emparer les designers de livres numériques et autres fabricants de lecteurs pour améliorer la lisibilité. Il y a encore beaucoup à faire de ce côté-là, nous balbutions encore il faut bien le dire. A la recherche du meilleur gris typographique! Quelques petits détails sont à moduler, le livre étant écrit pour la langue allemande. Je me suis régalé dans mon train au retour. Lire aussi le billet sur typographismes avec des photos de l'ouvrage, exemplaire dans sa conception et sa réalisation. A signaler également chez le même éditeur la parution récente d'un autre titre "Lire à l'écran", un petit précis de lecture à l'heure du numérique, avec la participation de Marin Dacos au Cléo (voir le billet sur Non-Fiction). Bref, procurez-vous les deux!
Une pensée pour un immense artiste qui nous a quitté hier, Jean Henri Gaston Giraud (alias Moebius), l'un des plus grand dessinateur de notre temps, l'égal de Gustave Doré assurément. Des livres pleins ma bibliothèque -gamin, j'en avais même barbotté un au Salon du Livre-; un autre Major Fatal, paru aux Humanoïdes Associés, mon préféré entre tous. J'avais eu l'occasion de visiter l'exceptionnelle exposition à la Fondation Cartier en 2010 (clin d'oeil à Hubert). Lire les billets d'Etienne Mineur et Graphism.
A signaler la parution de Net.lang, Réussir le cyberespace multilingue.
Ce guide pédagogique, politique et pratique permet d'appréhender et de comprendre les principaux enjeux du multilinguisme dans le cyberespace. Le multilinguisme est la nouvelle frontière du réseau numérique. Ce livre veut en montrer les enjeux, mais aussi proposer des pistes pour une présence équitable des langues dans la société de l'information.
Les versions numériques PDF et ePub sont proposées gratuitement. La version imprimée est disponible chez C&F Editions, qui seront présents au prochain Salon du Livre. Merci à Lionel et Olivier sur twitter.
J'avais lu "Le Vieil Homme et la Mer" d'Ernest Hemingway quand j'étais adolescent, le souvenir d'un poche usé, vacances, la lecture ne m'avait pas passionné plus que cela. Je n'avais gardé en tête que l'histoire sans apprécier l'intensité, le style. J'avais beaucoup plus aimé "L'Adieu aux armes" et "Pour qui sonne le glas", lus plus tard. Ils étaient tous deux je me rappelle sur une bibliographie idéale, polycopiée par un professeur de français. Des poches classiques qui se balladent au hasard des greniers depuis des générations maintenant. Belle occasion qui se présente aujourd'hui de relire ce petit texte, je ne reviendrais pas sur la polémique qui s'est développé autour de cette traduction proposée par François Bon. On rappelera que le livre numérique n'est pas disponible chez l'éditeur, on se demande bien pourquoi.
Nous connaissons tous l'histoire. Combat éternel entre l'homme et les éléments. Mais bien plus ici, on dépasse le fait divers et l'anecdote. Ce qui m'avait complètement échappé plus jeune. Texte magnifique, épuré, poli, coupant comme un bel harpon forgé dans le plus bel acier. Cet acier que l'homme n'a plus à la fin du livre pour se défendre des attaques des requins qui lui dévorent son beau poisson. Lutte âpre entre l'homme et le poisson, le fil de la mort qui peut basculer à tout moment d'un côté ou de l'autre, tout sonne juste. L'intensité du récit qui monte crescendo au fur et à mesure du livre. On ne décroche pas, je l'ai relu deux fois pour en apprécier plus la qualité, le style, le vocabulaire des hommes de mer, les évocations sensuelles de l'univers marin. Un texte d'une humanité profonde, le jeu parfait entre ce que l'homme dit à voix haute et ce qu'il dit dans sa tête. François Bon a sans doute poli cette traduction depuis des années, cela se sent. En bon artisan pour le travail bien fait. Je ne sais pas si la traduction de commande de l'auteur d'Au bon beurre est objectivement médiocre ou pas, il est à souhaiter que l'éditeur se penche sérieusement sur la question, en toute honnêteté. Une belle métaphore également de François Bon lui-même, qui s'est vu dévorer sa belle traduction en quelques jours seulement: "Dix-huit pieds de la tête à la queue, dit le pêcheur qui avait mesuré". En attendant, nos amis québécois vont héberger soigneusement ce très beau texte qui prend la mer du web, qui honore Ernest Hemingway -confiance là-dessus-, à la fois en défenseurs de la francophonie et hommes de mer qu'ils sont. Ce que je sais, c'est que j'ai beaucoup aimé la traduction de François Bon et qu'elle tient fichtrement bien la mer...
PS: si vous aimez le livre, je vous invite à acheter quelques bons livres sur Publienet et lui glisser en prime un petit mot de remerciements.
Lu dans le cadre du club des lecteurs numériques.
Les poches/nouveautés pas toujours plus chers en version numérique. La preuve aujourd'hui avec le nouveau livre de François Hollande "Changer de destin" qui sort aux Editions Robert Laffont. 6,99€ contre 9€ en version imprimée, c'est plus de 20% de réduction. Quand on veut, on peux...
Disponible depuis hier aux Editions de La Découverte, le livre de Jean-Michel Salaün "Vu, lu, su". La version numérique est également disponible. Jean-Michel est professeur à l'ENS de Lyon, il tient également un blog bien connu depuis plusieurs années autour des sciences de l'information et du document. L'occasion de revoir l'intervention qu'il avait faite à l'Université d'été de Marseille organisée par le Cléo en septembre dernier.
A l'occasion de l'anniversaire de la mort de Gutenberg, c'était le 3 février 1468, C&F Editions proposent jusqu'à ce soir minuit l'envoi gratuit du livre "Le Document à la lumière du numérique" de Roger T. Pédauque en version ePub. Un livre qui date de quelques années mais qui garde un très grand intérêt (via Hervé et Olivier sur twitter, merci).
C'est le moment classique de l'après CES Las Vegas, Olivier Ezratty nous propose gratuitement son traditionnel rapport, et cela deux semaines seulement après la fin de l'événement. Un exploit éditorial à chaque fois, 244 pages cette année, et gratuitement s'il vous plait, il propose même la version haute-définition à imprimer! Compliments Olivier! (via FrenchWeb).
A signaler la parution aux Editions Eyrolles d'un livre qui en intéressera plus d'un, "Edition numérique avec InDesign" de Pierre Labbe, l'un des grands spécialiste du logiciel. L'occasion de faire le point sur les suites, sur ce que l'on peut faire ou pas, facilement ou pas. La version numérique est disponible, elle aussi, au prix de 9,99€ sans DRM (ePub et PDF). Merci Eyrolles!
C'est pas du numérique, c'est la revue Schnock. Comme la première au printemps dernier était du pur bonheur (je n'ai pas été le seul à le trouver d'ailleurs), pas de raison que la deuxième soit moins bonne. Le bonheur, c'est bon à prendre tous les six mois, on ne sait pas ce que l'année sera faite!
Pour démarrer l'année en fanfare, c'est pour mercredi jour des soldes, en pile dans toutes les bonnes librairies!
Pas d'édition numérique, mais je ne résiste pas à vous présenter la très bonne idée qu'ont eu les Editions Ouest-France de nous proposer un magnifique coffret-livre de "Vingt Mille Lieues sous les Mers" de Jules Verne. Si la version numérique existe déjà, rappelons la remarquable Bibliothèque Jules Verne de la Bibliothèque du Québec ici, comment proposer une édition enrichie sous une forme que le numérique ne permettra jamais? C'est le pari que c'est donné Samuel Sadaune. Auteur d'une thèse sur "L'hygiène dans l'oeuvre de Jules Verne", il a déjà publié chez le même éditeur "Les Contes et Nouvelles de Jules Verne" (2000) et les "Soixante Voyages extraordinaires de Jules Verne" (2004). Il est également l'auteur d'une trentaine d'articles sur le sujet et membre du Centre International Jules Verne. C'est lui qui a eu carte blanche pour préparer ce coffret, en assurant aussi la préface et les notes du livre.
D'abord la très belle couverture avec une pochette plastique remplie d'eau qui nous plonge tout de de suite dans l'aventure. A l'intérieur du coffret, un très beau livre cartonné qui reprend la célèbre édition originale dans la collection des Voyages Extraordinaires parue chez Hetzel en 1870, avec la centaine d'illustrations d'époque très bien reproduites. Le texte a été soigneusement relu et remis en page, l'impression sur un beau papier ivoire de qualité. Un vrai plaisir de redécouvrir le texte de cette façon. Le livre n'est pas collé sur la couverture mais juste glissé dans un passant au dos très solide, ce qui permet de le retirer facilement. Et ce n'est bien évidemment pas tout. Samuel Sadaune a enrichi l'ensemble, dans un étui sur le côté, avec une foule de documents divers, cartes pliées, affichettes, cartes postales, reproduction du journal d'époque, facs-similés des manuscrits de Jules Verne, etc. Un matériel extrèmement riche et foisonnant d'informations. Une plongée dans l'univers de Jules Verne, au coeur de l'aventure du Nautilus. De quoi accompagner la lecture en l'enrichissant dans une dimension supplémentaire, c'est du multimédia aussi! Une vraie réussite, un très beau cadeau à offrir. A tel point que l'édition est déjà en rupture de stock chez l'éditeur, vous la trouverez peut-être encore chez vos libraires. A noter que les Editions Ouest-France prépare déjà un autre classique de la littérature française sous cette forme. Est-ce que tout ce matériel ne pourrait pas faire l'objet d'éditions numériques dans un avenir proche? Une édition Hetzel en ePub3? A suivre...
PS: à rappeler également si vous venez sur Nantes la visite du Musée Jules Verne, j'y avais fait une visite en 2006 déjà avec mon Iliad à la main. Le papier électronique, une aventure que n'aurait pas reniée Jules Verne lui-même!
Vous qui découvrez la lecture numérique avec un petit lecteur fraichement acquis, vous recherchez peut-être des textes classiques pour démarrer vos bibliothèques. Je ne saurais trop vous recommander deux références incontournables: la Bibliothèque Electronique du Québec (1355 titres à ce jour), tous les mois de nouveaux titres, ainsi que Ebooks Libres et Gratuits (2321 titres). Tous les livres sont gratuits dans tous les formats. Dans les deux cas, un travail formidable, les textes sont relus et corrigés avec beaucoup de soins par un réseau de lecteurs bénévoles. Le tout en respectant scrupuleusement les règles des droits d'auteurs. Ne mettez pas vos euros dans des textes libres de droits sans d'abord aller y faire un tour!
Le hasard a fait que l'on m'a offert la version imprimée et que j'avais déjà la version numérique. Je me suis donc pris au jeu de lire les 660 pages de ce "Steve Jobs" sur différents supports à la fois, chez moi et en déplacement. Je me suis fait violence pour lire les cinq chapitres sur la tablette le deuxième soir avant d'aller dormir, 60 pages d'affilée il était temps que ça s'arrête, croyez-moi. Ne parlons pas du chapitre 35 sur l'iPhone, sur un smartphone décidément pas du tout ma tasse de thé. Bilan du livre, papier chez soi, reader assimilé à une version poche que l'on embarque en déplacement, tout simplement, comme si vous aviez en même temps le grand format et le poche. Bien agréable de garder la brique chez soi, le volume est bien épais. Très intéressante lecture, je dois dire. J'avais réellement peur que l'on ne tombe dans l'hommage au grand homme, moitié Einstein, moitié Gandhi. A l'arrivée, l'aventure d'un entrepreneur de génie tout simplement, mais à quel prix. Walter Isaacson a su construire un livre à charge et à décharge très bien fait, en ne cachant rien des ambiguités du personnage, par exemple sa "répartition binaire de l'humanité" à savoir les "éclairés/génie à l'état pur" et les "demeurés/merde en barre" (on le voit, tout un programme en mode binaire). En filigrane, plus de trente années qui ont façonné notre rapport aux ordinateurs, à l'information, au numérique au sens large.
La partie la plus intéressante, la première moitié du livre avec la création d'Apple, l'aventure avec Wozniak, puis les choix fondamentaux, le verrouillage des machines, le concept tout intégré matériel/logiciel, la recherche du design absolu qui le hantera toute sa vie de manière quasi-schizophrénique, les machines chères pour une certaine élite, des centaines de témoignages différents qui se recoupent pour aller au plus près. Puis cette capacité à repérer l'innovation, à rebondir, à tout remettre à plat si ce n'est pas parfait. Une obsession de la perfection en toute chose. Humainement par contre, le bilan est lourd, énormément de dégâts, de frustrations, d'humiliations. Même si pour beaucoup, la fierté de participer à l'aventure est réelle, c'est cher payé. J'espère que l'on n'en fera pas un modèle dans les écoles de management. Tantôt ce type nous révulse, tantôt il nous épate, tantôt il nous touche. Il y a une part d'humanité réelle dans le personnage, un côté grand enfant avec ses jouets, un côté idéaliste qui a justement évolué peu à peu à l'encontre de beaucoup de ses rêves d'universalité. Le volume défile, passionnant de bout en bout.
A lire absolument si vous vous intéressez de près ou de loin à l'informatique, dans le cas contraire je ne pense pas que vous trouviez votre bonheur dans un tel livre. Côté livre numérique, on apprend que Jobs avait déjà prévu l'iPad avant l'iPhone. Les tractations avec les éditeurs et les groupes de presse très intéressantes à suivre, l'intransigeance toujours à ne pas céder sur les comptes utilisateurs, le culte de la domination. Pour la suite à écrire, on verra sans Steve Jobs. A signaler que je regrette le manque d'un index, dans un livre comme celui-ci inexcusable de la part de l'éditeur.
Chapitres 1 à 10 : livre imprimé (2h30)
Chapitres 11 à 15 : tablette Asus (1h30)
Chapitres 16 à 30 : Nook (2x 2h)
Chapitres 31 à 34 : livre imprimé (1h30)
Chapitre 35 : smartphone (20mn)
Chapitres 36 à 41 : Nook (1h30)
Lu dans le cadre du club des lecteurs numériques.
Soir du Renaudot justement, Thierry nous envoie sa chronique.
"Limonov" de Emmanuel Carrère (Editions P.O.L.)
Limonov héros de Jack London? De Knut Hamsun? De Blaise Cendrars? Pourquoi pas? Mais, non, Limonov héros de Carrère! "Ce mélange de mépris et d'envie ne rend pas mon héros très sympathique, j'en ai conscience." écrit Carrère. Ce livre, pavé étourdissant, roman fleuve intranquille hallucine le lecteur. L'écriture de Carrère est fascinante: oui, c'est bien ça, elle fascine! Ce "diable" de Limonov est un sacré personnage de roman. De son vrai nom, Edouard Savenko qui choisit comme nom de poète de l'underground soviétique Limonov: "hommage à son humeur acide et belliqueuse, car limon signifie citron et limonka grenade, celle qui se dégoupille." Limonov, c'est le "Johnny Rotten de la littérature russe", celui qui a "l'air à la fois d'un marin en bordée et d'une rock-star", un barbare, un voyou qui rêve d'insurrection violente, un écrivain hooligan, un buveur inoxydable qui pouvait descendre un litre de vodka à l'heure. L'homme qui valait mille vies!
Carrère le suit pas à pas à la manière d'un agent du KGB, de près, de très très près, de loin, de Moscou à New-York, de Paris à Vukovar. En chemin, Carrère se dévoile. "Je vis dans un pays tranquille et déclinant... je suis devenu un bobo... Limonov, lui, a été un voyou..." Carrère raconte et raconte et raconte, à perdre haleine (quitte à se perdre, quitte à nous perdre?) cette histoire, "notre histoire à tous depuis la fin de la seconde Guerre mondiale. Quelque chose, oui, mais quoi? Je commence ce livre pour l'apprendre." Carrère nous raconte quelque chose: de lui, de nous. Quelque chose de grand... Non le héros de ce livre ce n'est pas Limonov. Le héros c'est l'écriture. Alors, cher lecteur, commence ce livre pour l'apprendre...
T.C.
Version epub chez DialogueS. Lu dans le cadre du club des lecteurs numériques.
Notre ami Thierry sur le pont aujourd'hui, c'est le cas de le dire.
"Le Talon de fer" de Jack London chez Ebooks Libres et Gratuits.
Nous sommes ici loin du Jack London de «L’appel de la forêt» ou de «Croc-blanc». Ames sensibles, passez votre chemin.
«Le Talon de fer», paru en 1908 (notez bien cette date!), décrit une révolution socialiste qui serait arrivée entre 1914 et 1918 aux Etats-Unis.
Trotski considérait «Le Talon de fer» (1908) comme le seul roman politique réussi de la littérature.
Avis Everhard, jeune fille intellectuelle issue de la bourgeoisie tombe amoureuse d’Ernest un socialiste révolutionnaire. Sur cette douce et tendre toile amoureuse London peint (au vitriol! à la dynamite! que dis-je, à boulets... rouges!) le soulèvement de la classe ouvrière américaine. Une lutte des classes impitoyable qui finira dans le sang. D’un coup de talon de fer les capitalistes écraseront le peuple. C’est un véritable roman d’anticipation, de science-fiction que nous a laissé London... toujours de chaude actualité (on y parle déjà de désastreux subprimes et d’outranciers dividendes). De plus ce récit respire la vie à plein poumons: dialogues et descriptions sont précis, alertes, réalistes. En supplément London nous gratifie d’un humour grinçant, corrosif, motivant à lire. Bien sûr on pourra reprocher à London, trop démonstratif, une certaine naïveté teintée de beaucoup de machiavélisme et d’angélisme (le fameux, le légendaire, l’idyllique prolétariat n’est pas toujours ce que l’on «croit», celui qu’on croit, l’histoire l’a maintes fois démontré) mais tant pis, tant mieux, on se laisse aller dans cette Amérique qui ressemble étrangement à notre Europe de l’époque. (London proclame la Commune à Chicago le 27 octobre 1917! 1917? Tiens, tiens!)
Une écriture engagée et engageante qui n’engage que l’auteur!
Etonnant de lucidité! Un Jack London visionnaire!
Un petit passage sur la presse: «La presse des Etats-Unis? C’est une excroissance parasite qui pousse et s’engraisse sur la classe capitaliste. sa fonction est de servir l’état de choses en modelant l’opinion publique et elle s’en acquitte à merveille.»
Pas tendre avec les journalistes le Jack!
Une pessimiste et réaliste leçon d’uchronie!
Né à San Francisco en 1876, Jack London est issu d’un milieu misérable et marginal. Il parvient au succès après des années de pauvreté, de vagabondage et d’aventures en écrivant «L’Appel de la forêt».
Il ne faudrait surtout pas oublier Jack London!
Un écrivain hors pair et hors-salon!
Livre lu dans le cadre du Club des lecteurs numériques.
(A noter et à féliciter l’impeccable et irréprochable version epub de l’équipe de «Ebooks libres et gratuits»)
A signaler un étonnant livre pour petits et grands, "NewYork en Pyjamarama", qui vient de sortir aux Editions du Rouergue et qui reprend une très ancienne technique de l'animation, l'ombro-cinéma. Un univers plein de surprises, des images qui s'animent comme par magie. Il n'y a pas que l'iPad pour s'emmerveiller!
Bon, j'avais laissé retomber ma déception de voir les Editions Christian Bourgois nous coller des fichues DRM sur leurs livres, elles qui devraient être absolument en première ligne avec Minuit, Métaillié, Libella, Harmonia Mundi et d'autres sur le sujet. Je crois que Christian Bourgois comme Jérôme Lindon auraient été de ce combat-là, des personnages comme eux nous manquent cruellement. Encore un catalogue bien maigre avec une quarantaine de titres, mais la bonne surprise de voir un titre de Fernando Pessoa que j'avais l'intention de lire depuis longtemps, "Le Banquier anarchiste". Un petit ouvrage écrit en 1922 qui règle son compte à la fois au capitalisme ultra-libéral et au communisme naissant. L'histoire est simple. A la fin d'un repas, un banquier qui démontre par A plus B à ses convives que ses convictions et ses actions en matière d’anarchisme n’ont rien à envier à celles des poseurs de bombes. Avec une logique implacable, Pessoa déroule peu à peu une démonstration par l'absurde et nous prouve par là-même l'échec à venir des deux systèmes. On reste sidéré que ce livre soit postérieur de quelques années seulement au début de la révolution russe et qu'il fasse preuve d'une telle acuité. Un livre à lire absolument et qui donne envie d'aborder de manière plus complète l'oeuvre de Pessoa. Un vrai brulot, un livre que l'on devrait assurément faire circuler dans les bibliothèques des comités d'entreprises des banques françaises. En plus, il est équitable vous l'aurez compris, au prix de 4,99€, il laisse bien entendu sur place pas mal de livres à ce genre de prix. Choisissez le livre-application Pessoa!
Lu dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.
C'est dimanche, la chronique de notre ami Thierry.
"La Lanterne d'Aristote" de Thierry Laget aux Editions Gallimard. LibrairieDialogues
Lu en partenariat avec la Librairie Dialogues dans le cadre de lectures croisées et pour le club des lecteurs numériques.
Azélie, une comtesse en jean rentré dans ses bottes et à chemise à carreaux, fumant des cigarillos charge un homme (inconnu?) de cataloguer l'immense et insondable bibliothèque de son château. La bibliothèque date du XVème siècle et compte vingt mille volumes, des manuscrits, des incunables, de belles reliures inestimables. "Si nous nous entendons, si la solitude ne vous effraie pas, vous y demeurerez tant qu'il vous plaira, on vous dérangera aussi peu que possible et je vous présenterai de vieux sages qui vous tiendront silencieusement compagnie. Les soirs où vous aurez envie de vraie société, je serai là et nous bavarderons. Réfléchissez. Mais, si vous vous décidez, ne venez pas avant le printemps." propose la comtesse. L'homme c'est le narrateur dont on sait peu de choses. Il est cultivé, grand lecteur, riche et a fait plusieurs fois le tour du monde. C'est à peu près tout. Ni un rat des villes, ni un rat des champs, un rat des livres. Le château fait aussi fonction de chambres d'hôtes. Une jeune étudiante le fait visiter aux touristes. Il y a également un homme à tout faire (un factoton qui effectivement sait tout faire sauf lire!), une cuisinière et des gens de passage, parfois curieux ou intrigants. Notre énigmatique narrateur va "hanter" le château jours et nuits, "traverser les apparences". Un bien étrange visiteur.
Je ne devrais pas vous en dire plus... ce roman est une surprise. Ce livre est un enchantement à lire. Le style de Thierry Laget ravive Walter Scott et Giraudoux, Conan Doyle et Aristote. C'est parfois drôle, souvent érudit sans jamais être pédant, exigeant mais jamais facile. C'est encore un bel hommage à la littérature, cette "immense vibration du monde." Celui que vous appelez le Lecteur lit pour que nous continuions d'exister; s'il referme le livre, nous ne sommes plus." Je conseille vivement ce roman que j'ai eu du mal à lâcher...
T.C.
Lu dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.
Nouvelle chronique de notre ami Thierry qui s'intéresse aujourd'hui aux histoires de la littérature:
De la "numérique" histoire de la littérature française...
Qui ne rêve pas d’avoir dans sa «chère» liseuse une histoire de la littérature française?
J’ai cherché un peu partout sur la toile ce qui se faisait de mieux en epub et PDF. Rien que pour vous cher lecteur numérique.
Pour 36€, en epub, vous avez droit, en 2 tomes, à «Une autre histoire de la littérature française» de Jean d’Ormesson.
Bon, tout le monde connaît ce "cabotin" érudit de Jean d'Ormesson. Télégénique, beau parleur, charmeur. Et ben voilà: je suis tombé sous le charme de son autre histoire de la littérature française. Jean d'Ormesson aime les livres, les écrivains et les lecteurs. Ce livre est né de notes prises par l'auteur pour préparer une série d'émissions de télévision. Il s'agit d'entretiens autour d'écrivains français en compagnie d'Olivier Barrot. Six DVD de ces émissions sont édités aux Editions Montparnasse. Jean d'Ormesson ne prend aucun risque: il choisit les écrivains "qui ont subi l'épreuve du feu." Ses livres (tome 1 et tome 2) ne parlent que de chefs d'oeuvre. "Le grand, peut-être le seul, inconvénient des livres nouveaux, c'est qu'ils empêchent, par leur nombre, de lire les livres anciens -dont on est sûr qu'ils sont bons, puisque les mauvais sont tombés dans la trappe de l'oubli." Vous appécierez. J'apprécie. Entre autres, mes préférés: Dumas, Nerval, Lautréamont, Maupassant, Baudelaire, Apollinaire, Montaigne, Balzac... et tous les autres. Bien sûr, vous allez chercher, compter les absents: Cendrars, Giraudoux... et tous les autres. Chacun ses goûts! La méthode de cette anthologie? "Présenter en quelques mots l'écrivain et son oeuvre; les situer dans leur temps; tâcher de leur rendre, sous la rouille, leur jeunesse et leur nouveauté; montrer ce qui fait leur importance et leur charme; donner quelques exemples de leur manière et de leur génie." Avec, en plus de l'humour et de la connivence pour plaire au lecteur! Deux petits poches à glisser dans votre liseuse adorée...
Pour 9,99€, vous avez droit, en epub, à «Une histoire de la littérature française" de Kléber Haedens. C’est une très subjective référence incontournable. D’ailleurs d’Ormesson lui rend régulièrement hommage dans sa propre histoire de la littérature. Le partial Haedens «chouchoute» amoureusement Villon, Nerval, Proust et Cendrars.
L’écriture de l’auteur est remarquable. J’apprécie aussi.
Pour 16€, en epub, vous aurez droit à «La litterature française" de Nicole Masson, sous titrée "tout simplement". Ce livre est excellent, très pédagogique (presque scolaire) et remet bien les idées en place. L’auteur est prof de littérature à l’université. Frises chronologiques, fiches, influences, résumés, extraits, citations: le panorama est complet.
A mettre entre toutes les liseuses!
Pour 18€, en epub, vous avez droit à «La littérature française pour les nuls» de Jean-Joseph Julaud.
Là aussi, c’est complet, bien écrit, agrémenté d’anecdotes.
Enfin pour 2,30€, en PDF très lisible, vous avez droit au «Petit livre des grands écrivains» de Jean-Joseph Julaud. C’est moins cher, plus succinct. Une fiche-résumé pour chaque écrivain, des origines à nos jours. On en a pour son argent...
Voilà, à vous de voir!
Personnellement, je consulte souvent le livre de Nicole Masson sur mon Opus de Booken. La navigation dans le livre est facile et vite je peux chercher, vérifier ce que je demande. Je le conseille donc.
T.C.
Ouvrages sélectionnés dans le cadre du Club des Lecteurs Numériques.