76 notes dans la catégorie "Chroniques"

Chroniques de lecture - 24

Plume Cet été, cherchez l’or des mots.

Il faut vivre cette "aventure" pour comprendre l'émotion que l'on a en trouvant quelques paillettes d'or parmi des tas de cailloux dans le courant d’un roman. Cette activité n'est pas très rentable financièrement pour un amateur car il faut des semaines, des mois, des années, voire de toute une vie de lectures acharnées pour extraire un gramme d'or...

Alors je vous propose dix pépites, toutes à petits prix (moins de 10€ à télécharger en epub où bon vous semble) :

Le banquier anarchiste de Pessoa
Les heures silencieuses de Josse
Sur la plage du Chesil de McEwan
Bienvenue au club de Coe
La patience des buffles sous la pluie de Thomas
Jan Karski de Haenel
Météorologie du rêve de Samoyault
Illusions perdues de Balzac
Rhum de Cendrars
Le sang noir de Guilloux

Ou comment s'enrichir sans trop se ruiner...

Cet été, "par les soirs bleus, le long des vieux faubourgs, où pendent aux masures les persiennes, abri des secrètes luxures, sur les villes et les champs, dans les sentiers, picoté par les blés, fouler l'herbe menue, allez loin, bien loin, comme un bohémien, en homme libre, toujours tu chériras ce livre, ton miroir où tu contemples ton âme, dans le déroulement infini des vagues de papier ..."
(avec l'aide de Baudelaire et Rimbaud)

T.C.


Chroniques de lecture - 23

Plume Petit billet surprise de notre ami Thierry!

"Voilà, j'avais envie d'écrire ça ce soir, sur la littérature, à partir de trois livres téléchargeables en epub.
A bientôt, Thierry".

«Ce que peut la littérature»
(téléchargeable en epub, par exemple sur Ombres Blanches)

Cher lecteur, à quelle bibliothèque (électronique) confiez-vous votre destin?

Et à quoi sert la littérature?
Peut-être à essayer de vivre selon les nuances car la littérature est «maîtresse des nuances» disait Barthes.
La littérature «s'embarrasse» de nuances. Ne se sépare de personne.
Elle s’intéresse aux différences, aux subtiles différences, aux sensibles singularités.
Elle veut comprendre. Raconter. Regarder. Éclairer l’existence.
Teinter la vie. Sucrer, saler la vie.
La littérature aide à respirer. Reprendre souffle. A souffler, un peu. Sûrement!

La philosophie, elle, ne s'embarrasse pas de nuances.
Elle veut expliquer la nature humaine. Célébrer la perfectibilité.
Résoudre le monde.
La philosophie aide à marcher. A marcher droit. A suivre. Trop sûrement!

En ce sens, la littérature apparait comme dangereuse.
Dangereuse comme l’incontrôlable ennui, à l’heure tortueuse du «travailler plus pour...»
L’ennui, compagnon complice du lecteur.
L’ennui, cet «oiseau qui couve l’oeuf de l’expérience», écrivait Benjamin.
L’ennui des longues après-midi qui rallonge la vie comme le soleil les ombres.
Cet ennui, donc, celui qui, à l’ombre de l’arbre, échappe le livre trop lourd dans l’herbe haute. Celui qui échappe à tous les pouvoirs.
«Il faudrait que le livre pèse un gros poids d’objet et de chair», écrivait Camus.

Les enfants, aujourd’hui, savent-ils encore s’ennuyer?
Dans un roman, il faut faire «passer amoureusement le monde» disait Barthes.
Le lecteur de roman, élève de Socrate, se soumet alors, volontairement parfois involontairement souvent, à une merveilleuse maïeutique.
Il sort de son narcissisme, se regarde... de loin, s’éclaire dans le «passage» du livre. Il prend un chemin, un sentier. Il sort des autoroutes battues et rebattues.
Il se «sépare des échanges de convention.» (Haenel)
Lecteur, passager particulier, libre, seul, hors temps...

Ce recueil d’entretiens animés par Finkielkraut est un vrai bonheur de lecture.
Autour de la table: Mona Ozouf, Jean-Claude Passeron, Philippe Sollers, Valérie Zenatti et bien d’autres.
Sur la table: Camus, Roth, Céline, Aragon, Pasternak et bien d’autres.

Au-dessus, au-dessus de tout, la littérature!
Non, non et non, je ne lis pas pour m’évader... mais pour reprendre mon souffle!
Pour mieux RE-PARTIR...
Un livre à lire... obligatoirement!

A compléter avec le tout aussi remarquable «Un coeur intelligent» de Finkielkraut (écrit tout seul cette fois, téléchargeable en epub) où l’auteur tente de déchiffrer, de défricher Conrad, James, Kundera, Dostoïevski, Roth, Grosman et d’autres romanciers indispensables.

A télécharger également en epub le «Pourquoi lire?» de Charles Dantzig qui dit: «Voilà pourquoi la lecture n’est pas contre la vie. Elle est la vie, une vie plus sérieuse, moins violente, moins frivole, plus durable, plus orgueilleuse, moins vaniteuse, avec souvent toutes les faiblesses de l’orgueil, la timidité, le silence, la reculade. Elle maintient, dans l’utilitarisme du monde, du détachement en faveur de la pensée. Lire ne sert à rien. C’est pour cela que c’est une grande chose. Nous lisons parce que ça ne sert à rien.»

Rappel des trois livres disponibles au format epub:
"Ce que peut la littérature" sous la direction de Finkielkraut
"Un coeur intelligent" de Finkielkraut
"Pourquoi lire?" de Charles Dantzig

T.C.

PS: Aldus: J'ajouterais ce passage que je viens de relever dans le remarquable "Céline" de Henri Godard qui vient de sortir chez Gallimard.

"On peut juger de la bonté d'un livre, écrit Flaubert, à la vigueur des coups de poing qu'il vous a donnés et à la longueur du temps qu'on est ensuite à en revenir." (Lettre à Louise Collet du 18 juillet 1853)

Soyez sur votre garde et bonnes lectures!


Chroniques de lecture - 22

Plume Balzac, nous revoilà !

"La Vendetta" de Honoré de Balzac (dans Scènes de la vie privée dans la Comédie Humaine)

à télécharger sur l'indispensable Efele

La vendetta c’est la justice privée, hors de l’Etat. Comme dans ce roman de Balzac, en Corse, la vengeance d’un meurtre qui implique toute une famille.
Ici la famille Piombo tue tous les membres de la famille Porta (on ne sait pas trop pourquoi?). Un seul enfant Porta, Luigi, serait miraculeusement sorti indemne de ce carnage.
Bartholoméo di Piombo, sa femme et sa fille Genevra fuient la Corse pour se réfugier à Paris.
Plus tard la belle Genevra tombe amoureuse d’un bel officier nommé... je vous le donne en mille... Luigi!
Vendetta Bien sûr, la fille n’était pas au courant du terrible destin des deux familles.
Je vous raconte pas le drame familial chez les Piombo, surtout du côté du père très très possessif!
D’ailleurs, je ne vous raconte pas la fin non plus!
Ce petit roman «d’apprentissage», même s’il contient quelques «clichés», même s’il apparait comme du «déjà lu quelque part» (Mérimée vient d’écrire à peu près la même chose un an auparavant dans son «Mateo Falcone»), ce mélodrame donc, se lit tout de même jusqu’au bout de la curiosité.
Allez, je vous laisse regarder la tête du père Piombo quand sa fille lui présente le fameux miraculé, l'inattendu Luigi.

«Bartholoméo di Piombo se leva, chancela, fut obligé de s'appuyer sur une chaise et regarda sa femme, Elisa Piombo vint à lui; puis les deux vieillards silencieux se donnèrent le bras et sortirent du salon en abandonnant leur fille avec une sorte d'horreur. Luigi Porta stupéfait regarda Ginevra, qui devint aussi blanche qu'une statue de marbre et resta les yeux fixes sur la porte vers laquelle son père et sa mère avaient disparu: ce silence et cette retraite eurent quelque chose de si solennel que, pour la première fois peut-être, le sentiment de la crainte entra dans son coeur. Elle joignit ses mains l'une contre l'autre avec force, et dit d'une voix si émue qu'elle ne pouvait guère être entendue que par un amant: -Combien de malheur dans un mot!»

T.C.


Chroniques de lecture - 21

Plume "Arthur Cravan précipité"
de Bertrand Lacarelle, Grasset


à télécharger à la FNAC ou 1001libraires

«On est sans nouvelles d’Arthur Cravan depuis sa disparition, au large du Mexique, en 1918. Il avait trente-et-un ans. Entre temps, une légende est née. Celle du poète boxeur maître du scandale, celle du précurseur du dadaïsme et du surréalisme.»
 

Bertrand Lacarelle part à la recherche du scandaleux et provocateur Arthur Cravan (neveu d’Oscar Wilde).
Accompagnés d’Apollinaire, de Cendrars, de Duchamp, de Debord ou de Desnos, nous voilà sur les traces du poète-boxeur, du «prophète d’une nouvelle vie».
Cravan nous invite à voyager. Il écrivait: «Je ne me sens vraiment bien qu’en voyage; lorsque je reste longtemps dans le même endroit, la bêtise me gagne.»
Arthur Cravan c’est le fondateur de la revue «Maintenant» (tout un programme!), celui qui annonce son suicide en public (il remplira la salle de spectateurs voyeurs mais ne tiendra pas parole... heureusement!), celui qui finissait ses conférences par un strip-tease.

Cravan-vs-cravan-isaki-lacuesta1 Comme Cendrars (suisse comme lui), son plus beau chef-d’oeuvre est peut-être sa vie.
Son corps ne sera jamais retrouvé.

Un superbe essai, remarquablement écrit, hanté de poètes... pour la vie MAINTENANT !

«Il faut regarder le monde comme le fait un enfant, avec de grands yeux stupéfaits : il est si beau. Allez courir dans les champs, traverser les plaines à fond de train comme un cheval; sautez à la corde et, quand vous aurez six ans, vous ne saurez plus rien et vous verrez des choses insensées.» (Cravan)

T.C.



Chroniques de lecture - 20

Plume Voici venir la 20ème chronique...

«La Bourse» de Balzac

à télécharger gratuitement sur le très recommandable Efele

Ha! Balzac! Notre cher contemporain! Nous revoilà!
«Lire Balzac, ça fait du bien" disait Gérard de Nerval.

Voici donc le 3ème «roman» des Scènes de la vie privée de la Comédie humaine.
Alors, si vous le voulez bien, allons tout droit et vite au «pitch».

C’est un coup de foudre pour la voisine que nous conte Balzac.
Hippolyte Schinner, jeune peintre talentueux, adulé dans les Salons de Paris, maintenant riche de son talent reconnu, fait une chute dans son atelier et perd connaissance.
Il est secouru par une jeune fille, Adélaïde de Rouville, sa voisine.
A son réveil, il tombe (2ème chute?) «raide» amoureux de sa secouriste.

Balzac Voici la belle, dépeinte par Balzac :
«Il reprit bientôt connaissance et put apercevoir, à la lueur d'une de ces vieilles lampes dites à double courant d'air, la plus délicieuse tête de jeune fille qu'il eût jamais vue, une de ces têtes qui souvent passent pour un caprice du pinceau ; mais qui tout à coup réalisa pour lui les théories de ce beau idéal que se crée chaque artiste et d'où procède son talent. Le visage de l'inconnue appartenait, pour ainsi dire, au type fin et délicat de l'école de Prudhon, et possédait aussi cette poésie que Girodet donnait à ses figures fantastiques. La fraîcheur des tempes, la régularité des sourcils, la pureté des lignes, la virginité fortement empreinte dans tous les traits de cette physionomie faisaient de la jeune fille une création accomplie. La taille était souple et mince, les formes étaient frêles.»

«Obsédé» par cette beauté, il va consacrer son temps à la revoir. Quitte à tout perdre.
Cette demoiselle vit avec sa vieille mère dans un charmant appartement extravagant.
Mais qui sont ces dames-voisines aux allures «d’anciens riches», aux manières d’aristocrates déclassées?
Pourquoi, tous les soirs, de mystérieux messieurs inconnus leur rendent-ils visite?
Pourquoi, tous les soirs, ces secrets gentilshommes prennent-ils un délicieux plaisir consenti à perdre aux cartes contre la mère d’Adélaïde?
Notre héros au cœur d’artichaut se perd dans un incohérent brouillard d’impressions douteuses.
Notre jeune peintre est-il si aveuglé par l’amour au point de se laisser voler sa bourse par ces deux voisines?
Happy end ou pas happy end?
Cher lecteur, vous tiendrez bien 30 pages? Non?
Ce roman huis clos peint encore et encore les traits flous de l’amour, les couleurs parfois douteuses des sentiments, les désarrois d’une passion.
Ici, Balzac, avec une écriture économe réussit, encore et encore à nous garder jusqu’à la dernière page.
 
«Un joli tableau de chevalet » écrira Félix Davin à propos de ce court roman dans son Introduction aux Etudes de moeurs au XIXe siècle.

T.C.


Chroniques de lecture - 19

Plume Les heures silencieuses
Gaëlle Josse, Editions Autrement


à télécharger pour 9€ à la Fnac

Mais qui donc est cette femme que l'on voit de dos assise devant son clavecin sur ce tableau de de Witte?
«Interior with a woman at the virginal» est un tableau de de Witte peintre hollandais du XVIIème siècle spécialiste des «intérieurs».
Dans son premier roman, Gaëlle Josse nous propose, nous invente le journal intime de cette femme vue de dos. Elle s'appelle (s'appellerait) Magdalena. Elle est (serait) l'épouse de Pieter, administrateur de la Compagnie des Indes orientales à Delft, port de Hollande.
«Peu de temps après, M de Witte est venu exécuter sa commande. A ce moment-là, j'ai décidé que l'on m'y verrait de dos.»
De_witte_emanuel_511_interior_with_a_woman_at_the_virgin(1) J'ai fait exprès de citer ce «Peu de temps après...» pour vous appâter, cher lecteur !
L'intime immersion dans cette vie de famille hollandaise du XVIIème siècle sera totale pour qui veut bien se laisser bercer par l'écriture clair-obscure de l'auteur.
Un très beau roman, tout en ombres et lumières... tout en silences et musiques... tout en violences retenues, invisibles...

Ce livre est l'un des 6 finalistes du Prix Orange du Livre 2011. Tout comme "Une lointaine Arcadie", "Les villes assassines" et "Un silence de clairière" déjà chroniqués sur ALDUS.
Tout le monde peut voter, ici, http://prix-orange-du-livre.event.orange.fr/ pour élire le gagnant.

A noter dans vos favoris :
Après Bibliosurf déjà présenté sur ALDUS, je vous conseille absolument, pour ceux qui souhaitent être informés (en temps réel !) sur l'actualité littéraire, "News Book, toute l'info du livre", http://newsbook.fr/. INDISPENSABLE !

T.C.


Chroniques de lecture - 18

Plume Colères de Lionel Duroy (Julliard)

à télécharger sur la FNAC

"J'ai fait quelque chose contre la peur. Je suis resté assis toute la nuit et j'ai écrit"
Rainer Maria Rilke

Un livre d'amour. L'amour. Toujours l'amour. Ben oui, c'est normal non? Qu'est-ce qui nous fait vivre? L'amour. Toujours l'amour.
Pas facile d'aimer. D'être aimé.
Qui a le mode d'emploi lève le doigt!
Pas toujours simple la vie.
Vous savez aimer une femme, voire deux, quatre enfants, écrire un roman, porter le lourd souvenir de vos parents tout en installant une tringle à rideaux, vous savez faire tout ça en même temps sans vous donner un coup de marteau sur le doigt? Vous savez faire ça?

9782260019145(1) C'est l'histoire de Marc, écrivain, père d'une famille recomposée comme on dit maintenant. Presque comme tout le monde quoi?
Son fils lui «pourrit» la vie, lui soutire de l’argent et sa femme semble s’éloigner de jour en jour.
Marc nous raconte sa vie. Une vie maudite, écorchée... à vif. Il nous l'écrit. Une écriture écorchée... à vif. C'est vital pour lui, l'écriture. Une question de vie ou de mort.
Ecrire pour survivre.
 «...je devais très vite me mettre à écrire si je ne voulais pas commencer à mourir...»
Marc n'arrive pas à vivre "comme il faut". Il angoisse d'aimer.
J'ai retenu une phrase que j'aime bien, sur les enfants : «Elever un enfant, me dis-je, c'est lui apprendre à porter avec légéreté, avec élégance, cette part sombre et nauséeuse que chaque être contient et avec laquelle il lui faut cheminer et composer toute sa vie.»

La vie est un roman? La vie pire qu'un roman?
Là, c'est le roman de Marc, le roman de Lionel Duroy, sa vie très intime, celle d’un «papa qui installe toutes ses femmes partout, et qui bientôt va se retrouver tout seul dans la grande maison.»
Un livre émouvant, très autobiographique.

T. C.


Chroniques de lecture - 17

Plume Les villes assassines
d'Alfred Alexandre (Ecriture)

à télécharger sur 1001libraires.com
Martinique. Département français. Rue Fièvre, rue Sans-Retour, rue Vieille-aux-Morts. Zones perdues de Fort-de-France. Zones qui «n'aiment pas qu'on dise qu'elles sont belles.»
Là survivent Evane le siphonneur d'essence, Winona gogo girl, Doppy son père qui «la regarde, les yeux pleins d'envie triste, remuer son corps chaque vendredi et samedi soir, en string ou en body.», Manuel le petit boutiquier du coin recruteur de dealers, Venaton «géreur des associatifs», Big Time le DJ et sa sono TNT, et puis, et puis, y'a Slack au surnom qui siffle comme une lame de rasoir, le terrifiant Slack, «une main sur la crosse du revolver ou le manchon de son coutelas.». Slack et son gang de «macouts».


61643430_pUne vrai cour des miracles !
Ici bas, entre la rue Fièvre et la rue Sans-Retour, règne Slack.
Ici, très bas, s'étend le territoire autorisé de Slack : drogues, magouilles en tout genre... jusqu'aux femmes... jusqu'à Winona.
Tout passe entre ses mains. Slack, le maître du monde.
Et dans cette violence désespérée Evane et Winona vont se rencontrer et oser espérer.
Mais comment s'en sortir sans se faire ratrapper ?
Comment aimer sans illusions ?
Un roman noir. Très noir. Hanté de chimères.
Une rue sans retour.
Un roman parfaitement maîtrisé par Alfred Alexandre.

T.C.


Chroniques de lecture - 16

Plume Fête du travail ou pas, Thierry sur la brêche pour son petit conseil de lecture du dimanche. A noter qu'il est depuis quelques semaines membre du jury du Prix Orange du livre 2011!

Un silence de clairière de David Thomas

à télécharger à la FNAC

"J’étais un type qui ne parlait plus beaucoup à sa femme, se rasait intégralement le corps, s’endormait chez son psy, s’immergeait au fond des piscines, rêvait de son frère se faisant circoncire chez les Himbas et ne parvenait plus à écrire. Personnellement, je n’y voyais rien d’inquiétant, mais en homme qui ne sait pas lire le ciel, j’ignorais ce qui m’attendait."

C’est l'histoire d'Adrien, un écrivain en mal d'écriture et de vie. 
Une histoire de manques et de recherches : d'un frère, d'un amour, de mots.
Le dépressif Adrien part à la recherche de son frère perdu de vue depuis un an... jusqu’en Suède. Va-t-il se perdre dans les immenses forêts, lui l'indécrottable citadin? Va-t-il retrouver son frère aventurier?
Va-t-il se remettre à écrire dans cet ultime silence de clairière?

9782226224422 Un court roman qui a le mérite d’être amusant. Un peu comme du Woody Allen. Ou comment passer du stade «d'écrivain insomniaque urbain» au stade de pêcheur de brochet dans un lac scandinave... et de pêcheur à la mouche s’il vous plait !

Ce livre fait partie de la présélection du Prix Orange du livre 2011 (prix qui sera remis le 14 juin), tout comme le magnifique livre de Jean-Marie Chevrier «Une lointaine Arcadie» et le joyeux foutoir de Pierric Bailly «Michael Jackson», tous les deux déjà chroniqués sur ALDUS, votre site préféré."

T.C.


Chroniques de lecture - 15

Plume Week-end pascal ou pas, notre ami Thierry fidèle à son poste aujourd'hui pour sa chronique habituelle!

Michael Jackson de Pierric Bailly
Editions POL
A télécharger sur epagine.fr

Ah ! Le style, le ton, l’humour détaché de Pierric Bailly !
J’adoooooore !
Bon, cher lecteur, je vous préviens, ça passe ou ça casse !

Pour moi, 400 pages de lecture-plaisir.
Ce livre aurait pu s’intituler «Richard Virenque». Vous connaissez tous Richard Virenque, le cycliste à la voix «d’ornithorinque», «l’athlète de variété» ?
Luc, étudiant à Montpellier est fan de Richard Virenque.
Luc vient du Jura et ses «collègues» de fac se moquent de «son Richard Virenque» et de son accent des montagnes. L’accent de Luc, pas de Richard... vous me suivez ?
Luc adore sa petite soeur, «de moins quatre ans».
Le père de Luc est né le même jour, la même année que Michael Jackson.
Ca sera à peu près tout concernant Michael Jackson.
Luc aime Maud.
Maud est étudiante en psychologie, aux Beaux Arts... sait pas bien...
Luc est étudiant en Arts du spectacle, spécialité cinéma... sait pas bien non plus...
Le livre est découpé en 3 parties.
Entre chaque une page-mutation.
Luc à 18 ans. Luc à 22 ans. Luc à 26 ans.
Mais est-ce vraiment le même Luc ?
Est-ce la même Maud à chaque fois ?
Bailly C’est un roman d’amours adolescents, pré-adultes.
Avec du sexe, en veux tu en voilà. Du sexe cru mais tendre aussi.
Des joints «d’herbe sans tabac qui décalquent», des tequilas frappées et des doutes.
Des doutes. Des doutes.
Un (dernier ?) foutoir, joyeux et triste à la fois. Cruel et lucide. L’écriture, la lecture vont vite, vite. Après y’aurait la vie adulte... sans doute ?
Mais surtout, y’a l’écriture de Bailly. Sur tout.
Bailly est né dans le Jura. Il 28 ans. Il a fait des études à Montpellier.
Un auteur, euh non, un écrivain à découvrir !
 "Le temps passe, je n'ai pas l'impression de me rapprocher de la fin. On dirait même que ça vient de commencer."

T.C.


Chroniques de lecture - la critique des livres

PlumeBillet de notre ami Thierry, le chroniqueur qui vous propose régulièrement des conseils de lecture numérique, au hasard des catalogues. Ce soir, il souhaite se pencher sur l'art de la critique. Merci! Si vous souhaitez réagir, l'espace est ouvert!

"J'avais envie d'écrire ça pour les lecteurs d'Aldus, sur la lecture, les livres, la critique littéraire.

Rien n'est plus difficile que de faire aimer...
Un définition, convenue et convenable de la critique littéraire pourrait se présenter comme une étude, discussion, évaluation et interprétation de la littérature.
Cela vous convient-il?
De plus, notons que l'étymologie du mot "critique", signifie en grec tri, évaluation, jugement (du verbe kríno, juger; kritikós, juge de la littérature, apparaît au IVe siècle avant J.-C., comme distinct de grammatikós, grammairien).
Voilà, nous y sommes presque.
Il s'agirait aussi de juger un livre, donc de le déclarer "bon" ou "mauvais".
Dit autrement : l'élever sur le trône reluisant d'un Top des Ventes ou bien l'enterrer, encore chaud, dans la fosse commune des rebuts...
C'est bien cela?
Donc, reprenons depuis le début. Une critique littéraire devrait étudier, discuter, évaluer, interpréter et juger un livre.
Rien que ça?
En fait, ce serait comme écrire une sorte de compte-rendu "érudit" et "sacrificiel" d'une lecture. Comme une sanctification du critique littéraire.
Mais n'est-ce pas tout naturellement donner l'envie de lire ?
Oui c'est cela, donner tout simplement l'envie d'aimer...
Et si "Le but de la littérature est de nous apprendre à lire." comme le suggérait Paul Claudel, alors le but de la critique littéraire ne serait-il pas de nous "appeler" à lire ?
Nous tendre à lire.
Nous appeler tendrement à lire.

Non?
Finalement, nous y voilà, critiquer un livre, consisterait à l'étudier, le discuter, l'évaluer, l'interpréter, le juger et le lancer à la mystérieuse et insondable "pâture" psycho-affective d'un éventuel futur lecteur inconnu.
Tout ça?
Sachons tous qu'une critique se doit d'être brève. Pour donner l'envie sans ennuyer. L'envie de lire. L'envie d'acheter. Comme une pub télé? Un peu.
Qu'en pensez-vous?
Remarquons encore que le bon usage courant prétend souvent qu'un esprit critique est un esprit libre. De libre examen. De libre arbitre.
Concluons donc, un peu naïvement peut-être, qu'un "bon" et "loyal" critique répugne naturellement toutes connivences, flatteries et mondanités.
Pas vrai?
Le juste critique littéraire ne tyrannise jamais l'opinion, se montre rarement agressif ou méprisant et respecte toujours l'auteur du livre qu'il a, bien entendu, entièrement lu... et jusqu'au bout?
Cela va de soi, non?
Le consciencieux critique littéraire ne cède ni à la mode, ni aux pressions de ses "amis" éditeurs et, fervant amateur de tennis, il sait renvoyer la balle.
C'est évident, non?
L'authentique critique littéraire déteste passer à la télévision pour envahir le petit écran de ses précieux et savants bavardages... cachant-crachant l'écrivain muet... soudainement mutique.
Il adore parler des livres dont tout le monde parle. Il affectionne particulièrement sa sécurisante famille parisienne de critiques littéraires. Parfois il milite à la prestigieuse Association Internationale de la Critique Littéraire et fardé, rêve, le billet plein d'espérance, au Grand Prix de la Critique Littéraire.
Pas vrai?
Il s’agira de plébisciter et d’adouber par quelques petites prestances  écrites, toilées ou cathodiques amiablement embranchées avec l'auteur, un livre. Par exemple comme un livre adulé par le lamentable et suffisant soi-disant "critique littéraire" Naulleau dans la piteuse et navrante émission télé du samedi soir sur une chaîne publique "On n'est pas couché". Par exemple comme un livre-buzz (ou buzz-livre) aux pages prêchées, à la couverture pistonnée, au titre hystériquement crié dans les salons pailletés de "la volaille qui fait l'opinion".
Alors comment je ne suis pas critique littéraire, moi.
La critique est facile mais l'art... de la critique littéraire... est difficile!
Et après ?
Je considère que la lecture d'un livre est un plaisir solitaire difficile à partager. "Certes, lorsque j'écris ce n'est pas pour tel être que j'aime, mais c'est pour quelqu'un qui est tous et chacun. Je veux que le lecteur y trouve non pas mes souvenirs ni les siens, mais son avenir." écrivait Henri Thomas.
Je, tu, elle, il, vous... au passé si singulier, au présent si versatile, au futur si incertain. Chaque énigmatique lecteur est différent, lit différent, aime différent... et heureusement...
Et la richesse d'un livre ne tient-elle pas à ses multiples, improbables et contradictoires interprétations mouvantes dans le temps?
Ainsi, comment parler d'un livre à un inconnu qui n'a pas lu ce livre?
Critique littéraire, un métier impossible?
Comment éviter la noyade dans cet océan de parutions, près de cette plage où échouent, comme autant de vagues, les premiers romans?
Comment échapper à l'illusion dans cet étang vaseux de prosateurs éphémères?
D'entrée ferrer le lecteur sans dévoiler le bout de la ligne. Nuancer légèrement de qualificatifs adjectifs. Intertextualiser sans trop intellectualiser. Actualiser sans trop citer. Polémiquer sans trop réquisitionner. Plaider l'humeur et l'humour.
Le temps ne joue t-il pas contre le critique qui manque de recul pressé par l'imposition des médias?
Que dire de la relecture digestive qui passe à la trappe de l'immédiateté et du gavage?
Un livre doit avoir sa chance. Sa chance de survivre. Un temps pour mûrir... le temps de mourir... "Un livre vit plus longtemps qu'une jeune femme." aimait à déclamer Nabokov.
Ah oui, au fait, pourquoi j'aime lire?
Ben, moi je dirai, parce que c'est bon. Parce que ça me fait du bien.
Mais le critique littéraire, lui, il dit : "Parce que le livre est un produit merveilleux. A la fois source de plaisir, de volupté, fidèle témoin de nos souvenirs d'enfance et des instants de fêtes.»
Il pourrait se contenter de ce palmarès déjà prestigieux. Mais derrière ces qualités festives se cachent des vertus thérapeutiques reconnues : énergétique, anti stress. Objet de gourmandise, de satisfaction, le livre est lié à une idée de récompense. C'est un cadeau que l'on s'offre à soi-même et aux autres pour le plaisir.
Balzac estimait que le livre permettait de maintenir plus longtemps les facultés cérébrales. Goethe, fervent amateur de livres, et grand voyageur déclarait: "Quiconque a lu une page de livre résiste à une journée de voyage."
Le livre, nourrissant et tonique, devient l'ultime déjeuner des gens de lettres. Le livre est un aliment très nourrissant qui améliore l’endurance tant physique qu’intellectuelle et permet de lutter contre les “coups de barre”.
Son parfum profond et suprême, la puissance de l'arôme et la combinaison subtile de notes à la fois amères et sucrées donnent cette joie simple et unique de le croquer.
Gourmandise savourée en solitaire, sur le coin d'un bureau, récompense donnée à un enfant ou simple "coup de fouet" pour faire le plein d'énergie, le livre est l'aliment plaisir et santé par excellence.
Le livre est parfois accusé de donner des migraines, de l'acné et de constiper... Tous ces a priori ont été totalement récusés par les travaux scientifiques, mais les préjugés persistent.
Il ne donne pas de crise de foie; tout au plus, il peut ralentir la digestion s'il est trop gras et consommé après un repas trop copieux. La forte présence de fibres dans le livre en fait même un aliment régulateur du transit intestinal.
Il n'occasionne que très exceptionnellement des réactions allergiques.
Voilà comment parlerait un critique littéraire...
D’un livre qui se savoure, sans fin.
Avec des douceurs de mots qui fondent sous la langue.
Avec des temps savamment mélangés.
Des souvenirs chancelants.
Des secrets ombrageux.
Des pages habitées. Des plages hantées.
Pris aux mots, à rester à table jusqu'au bout.
Long en bouche.
Décidément, rien n'est plus difficile que de faire aimer...
Allez, bonnes lectures à tous!

T.C.


Chroniques de lecture - 14

Plume La symphonie pastorale d'André Gide

téléchargé sur ePagine.

Ce court roman de Gide est publié en 1919.
Gertrude, une jeune fille aveugle est recueillie par un pasteur. Le pasteur et son fils tombent tous les deux amoureux de l'orpheline.
Quand il découvre que son fils devient un rival, le pasteur "vire" le fiston de la maison.
Plus tard, Gertrude, opérée, recouvre la vue. Mais qui va-t-elle choisir entre le père et le fils quand elle les verra pour la première fois ?
Un livre magnifique à ranger sur le rayon... euh... dans la rubrique des INDISPENSABLES de votre ereader!

51W0VM0G87L._SL500_AA300_ Un extrait
"– Mais alors: le blanc? Je ne comprends plus à quoi ressemble le blanc...
Et il m’apparut aussitôt combien ma comparaison était précaire. – Le blanc, essayai-je pourtant de lui dire, est la limite aiguë où tous les tons se confondent, comme le noir en est la limite sombre. – Mais ceci ne me satisfit pas plus qu’elle, qui me fit aussitôt remarquer que les bois, les cuivres et les violons restent distincts les uns des autres dans le plus grave aussi bien que dans le plus aigu. Que de fois, comme alors, je dus demeurer d’abord silencieux, perplexe et cherchant à quelle comparaison je pourrais faire appel.
– Eh bien! lui dis-je enfin, représente-toi le blanc comme quelque chose de tout pur, quelque chose où il n’y a plus aucune couleur, mais seulement de la lumière; le noir, au contraire, comme chargé de couleur, jusqu’à en être tout obscurci..."

T.C.


Chroniques de lecture - 13

Plume Angélina de Louis Guilloux

téléchargé sur la FNAC

Louis Guilloux (1899-1980) est un écrivain oublié. Ami de Max Jacob, d’Albert Camus et de Jean Grenier, il obtient le Prix Renaudot en 1949 pour «Le Jeu de patience».
Un prix littéraire porte son nom : le prix Louis Guilloux a été créé en 1983 par le Conseil Général des Côtes d'Armor pour perpétuer les valeurs littéraires et morales de l'écrivain breton. Ce prix couronne chaque année une oeuvre de langue française, caractérisée notamment, outre l'excellence de la langue, par "la dimension humaine d'une pensée généreuse, refusant tout manichéisme, tout sacrifice de l'individu au profit d'abstractions idéologiques". D’ailleurs, le prix 2011 vient juste d’être attribué à Frédéric Valabrègue pour «Le candidat» (POL).

Louis_guilloux_l_insoumis_large Fils de cordonnier, cet écrivain s’attache à «romancer» les luttes et les problèmes sociaux. Secrétaire du premier Congrès des écrivains antifascistes il s'occupe, jusqu'en 1940, du Secours populaire français.
Il écrit sur le «petit peuple», «les humbles».
«Angélina» est publié en 1934 chez Grasset.
Dans ce livre, les dialogues de cette famille de petits artisans sont savoureux. Il faut l’écouter parler le Père Esprit, lamier de son état. Ces gens-là n’ont pas le temps de penser le temps, ils  pensent avec leurs mots simples (mais jamais simplets), mais pensent bien. Ici, Louis Guilloux sait resté toujours délicat.
L’industrialisation des «vieux» métiers arrivent à grands pas, menacent et prépare l’accouchement d’un prolétariat déboussolé mais bientôt militant...
Un roman «populaire», à dimension humaine, généreux, refusant tout manichéisme.
Un plaisir parlant. Un roman qui parle.

La 4ème de couverture
Au foyer d'un artisan naît Angélina, figure si vivante et si simple, et dont la solidité traversera la misère, le temps et l'histoire d'un peuple, le sien, où chaque geste est essentiel, chaque mot nécessaire, où la vie ne se pense pas, mais se gagne.
C'est par elle que l'on voit vivre, avec la retenue et la délicatesse de Louis Guilloux, ce monde d'artisans qui n'en ont pas fini de ne rien dire, d'endurer, de s'effacer, d'être le jouet d'une histoire qui n'est la leur que par défaut et qu'ils affrontent avec une fierté aveuglante et cachée.

T.C.


Chroniques de lecture - 12

Plume De bon matin, la nouvelle livraison dominicale qui va bien...
Cordialement, Thierry

Le bal de Sceaux de Balzac

téléchargé sur http://efele.net/ebooks/balzac/
(buffet à volonté, c’est gratuit !)

Oui, oui, oui, je sais, encore et toujours Balzac! Ami lecteur, vous allez en souper du Balzac! Au moins une fois par mois!
Vous n’y couperez pas!
J’insiste. Il faut lire Balzac ! Incomparable observateur de la société et de la nature humaine.
Bien entendu, il ne s’agit pas de lire l’imposante et intimidante «Comédie humaine» d’une seule traite. 137 oeuvres rassemblées, tout de même! Rassurez-vous, ça ne se fait pas.
Non, juste vous prescrire un roman, une nouvelle, un recueil à lire chaque mois. Chacun d’entre eux ne sont pas très longs à lire. A peine une centaine de pages pour celui-là. En doses homéopathiques, quoi. Pour votre plus grand bien! Essayez, vous verrez et vous m’en donnerez des nouvelles.
Croyez moi, une bonne «dose-électronique» (certifiée EFELE) de Balzac, ça vous explique, encore et toujours, pas mal des choses de ce monde, de notre monde, car le maître du XIXème reste encore et toujours d’actualité.
Il ne faut pas avoir peur de lire ce génial écrivain qui sait si bien refléter le monde dans ces mots.

Balzac Après la chronique de la «La Maison du Chat-qui-pelote» (voir la chronique 4), voici (dans l’ordre de la Comédie Humaine, version Furne qui fait référence, Volume I des Scènes de la vie privée), «Le Bal de Sceaux».
Je vous dresse la table pour vous mettre en appétit. Voilà: la plus jeune fille du comte de Fontaine, Émilie, n'a qu'une idée en tête: épouser un Pair de France (titre de noblesse). Un très très riche quoi.
Au bal de Sceaux, elle tombe amoureuse de Maximilien de Longueville. Lui aussi tombe amoureux. D’Emilie bien sûr, vous suivez pas ou quoi? Super! Jusqu’à là, tout va bien. Mais, comme on dirait aujourd’hui trivialement, elle le «largue» quand elle découvre qu'il tient une boutique de tissus. Marchand d’étoffes. Pfff. Trop «peuple», le mec.
Elle épousera donc son oncle septuagénaire, le vice-amiral, comte de Kergarouët. Hum, hum, l’amour, euh, l’argent pardon, n’a pas d’odeur!
Mais, mais... nous y sommes presque, un beau jour, v’là le beau Maximilien qui réapparait (comme par hasard!) sous d’autres atours, sous un autre «standing» comme on dirait en langage branché d’aujourd’hui... Bon, je vous raconte pas la suite car chez Balzac, y’a toujours du suspens.
Là encore, Balzac dénonce l’ordre social, l’arrivisme, le pouvoir de l’argent qui pollue tout, même l’amour...
Il présentait ces scènes de la vie privée comme une «une étude de moeurs qui représente tous les effets sociaux.»

Un p’tit extrait pour saliver:
«— Oui, mon cher père, répondit-elle, je suis plus heureuse que je ne pouvais le désirer. Enfin monsieur de Longueville est le seul homme que je veuille épouser.
— C’est bien, Émilie, reprit le comte, je sais ce qu’il me reste à faire.
— Connaîtriez-vous quelque obstacle? demanda-t-elle avec une véritable anxiété.
— Ma chère enfant, ce jeune homme est absolument inconnu; mais, à moins que ce ne soit un malhonnête homme, du moment où tu l’aimes, il m’est aussi cher qu’un fils.
— Un malhonnête homme? reprit Émilie, je suis bien tranquille. Mon oncle, qui nous l’a présenté, peut vous répondre de lui. Dites, cher oncle, a-t-il été flibustier, forban, corsaire?
— Je savais bien que j’allais me trouver là, s’écria le vieux marin en se réveillant.
Il regarda dans le salon, mais sa nièce avait disparu comme un feu Saint-Elme, pour se servir de son expression habituelle.
— Eh bien, mon oncle! reprit monsieur de Fontaine, comment avez-vous pu nous cacher tout ce que vous saviez sur ce jeune homme? Vous avez cependant dû vous apercevoir de nos inquiétudes. Monsieur Longueville est-il de bonne famille?»

Vivement le prochain Balzac à chroniquer!
Ca fait que du bien, j’vous dis!

T.C.


Chroniques de lecture - 11

Plume Thierry toujours fidèle au rendez-vous pour sa chronique habituelle, merci à lui!

Lettres pour lire au lit,
correspondance amoureuse entre Alfred de Vigny et Marie Dorval


livre téléchargé sur Numilog

«Pour moi les lettres vivent, les lettres parlent et sont des amies mélancoliques qui portent la date des jours écoulés et racontent des choses trop souvent oubliées.» Alfred de Vigny

VIGNY Cent trente-cinq lettres d'amour et de désamour échangées entre le poète Alfred de Vigny et la comédienne Marie Dorval. Leur liaison tumultueuse durera 7 ans entre 1831 et 1838.
Au fil des lettres, on lit un Alfred de Vigny très amoureux, jaloux, possessif. Très «petit garçon» qui, craintivement, écoute les réprimandes de sa maman mécontente de cette fréquentation avec une «théâtreuse».
Une Marie Dorval très nature, spontanée, vivante, frivole. Très grande muse qui ne craint pas de vivre la vie à plein temps sur la scène comme partout ailleurs.

«Tout était passion chez elle, la maternité, l’art, l’amitié, le dévouement, l’indignation, l’aspiration religieuse ; et comme elle ne savait et ne voulait rien modérer, rien refouler, son existence était d’une plénitude effrayante, d’une agitation au-dessus des forces humaines…», écrit à propos de Marie Dorval son amie George Sand.

Dans cet échange la belle Marie Dorval (née Marie Amélie Thomase Delauney) prend la vedette au célèbre poète, figure du romantisme. 
Fille de comédiens, intelligente, sincère, pourtant fatiguée des querelles et mesquineries entre comédiens, des pièces de théâtre jouées plusieurs fois par jour, des trajets incessants pour gagner un nouveau public, elle reste toujours gaie et enjouée.
Amie de Georges Sand et d’Alexandre Dumas, Théophile Gautier la décrivait ainsi sur scène: “Des cris d'une vérité poignante, des sanglots à briser la poitrine, des intonations si naturelles, des larmes si sincères que le théâtre était oublié, et qu'on ne pouvait croire à une douleur de convention”. Elle jouait des pièces de Sand, Dumas et Hugo.

L'intérêt de la lecture de ce livre porte surtout sur le récit instructif du milieu du théâtre de l’époque (derrière le rideau, un panier de crabes pas toujours romantique !) relaté dans les lettres de l'actrice.
Les lettres de cette enfant de la balle sont vraiment passionnantes à lire pour qui veut s’intéresser au théâtre, à la vie de bohème d’une femme artiste... et quelle vie!

A télécharger aussi, gratuitement, «La dernière année de Marie Dorval» d’Alexandre Dumas sur Feedbooks
Il s’agit d’un texte-hommage à l’actrice à destination de Georges Sand alors qu’Alfred de Vigny ne s’en souciât guère quand elle tomba dans la dépression à la fin de sa vie.
«Je vais vous raconter à mon tour la dernière année de la vie de notre Marie, la dernière heure de sa mort.
J’étais là quand elle est morte.»
Dumas


Prenez garde cher lecteur car comme Alfred de Vigny, comme Alexandre Dumas, comme Jules Sandeau, comme Georges Sand, comme Victor Hugo, comme tout son public, vous risquez bien de tomber amoureux de cette créature vagabonde qu’était Marie Dorval!

T.C.


Chroniques de lecture - 10

Plume Allez, pour faire bonne mesure ce week-end, la petite chronique de Thierry! Bonne soirée!

"Les Harmoniques" de Marcus Malte (Gallimard - Série Noire)

epub téléchargé sur epagine

Les harmoniques: «Les notes derrière les notes. Les notes secrètes. Les ondes fantômes qui se multiplient et se propagent à l'infini, ou presque. Comme des ronds dans l'eau. Comme un écho qui ne meurt jamais. Ce qui reste quand il ne reste rien. C'est ça, les harmoniques. Pratiquement imperceptibles à l'oreille humaine, et pourtant elles sont là, quelque part, elles existent.»

C'est Mister qui parle. Pianiste de jazz, cacheton dans la cave d'un club parisien, le «Dauphin vert». 

Vera Nord, la belle qu'il aimait, est retrouvée morte, brûlée vive dans un entrepôt désaffecté. La police classe, range, vite fait, bien fait dans le tiroir du fond: «règlement de compte entre petits dealers de rue».

592926965.3 Le tempo est donné.

Mais Mister, obsédé par le souvenir de Vera, ne veut pas en rester là.

Vera, la rescapée du massacre de Vucovar, en ex-Yougoslavie, échouée sans papier à Paris, qui rêve de jouer Shakespeare.

Accompagné de son inséparable pote, Bob le chauffeur de taxi philosophe, ils vont dangereusement remonter, dérouler le temps à bord d'une antique 404 déglinguée remplie à ras bord de disques de jazz.

Sur fond de guerre serbo-croate, de crapulerie politique et de swing, les deux acolytes improvisent. Sur leur partition, ils vont rencontrer toute une gamme de personnages hauts en couleur: un artiste peintre géant et manchot, un accordéoniste aveugle, un guitariste de rue qui massacre les Beatles, un... mais je ne vais pas tout vous raconter...

Les paroles et la musique sont bien ficelées. Ca roule. Mister et Bob sonnent juste aux oreilles du lecteur même si certains airs sont convenus, voire attendus. Mais d'autres sont plus enlevés, voire élevés.

Un bon polar, bien rythmé, qui se laisse écouter le temps d'une ballade de Billie Holiday... «Strange fruit», pourquoi pas...

Du coup, j'ai ressorti tous mes disques de jazz qui prenaient la poussière: Miles Davis, Charlie Parker, Charles Mingus... Une bonne cure de jouvence!

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Pour les amateurs de jazz, à signaler cet excellent livre numérique consacré à l'immense pianiste Hank Jones décédé l'année dernière. Clin d'oeil amical à mes deux amis Alain!


Chroniques de lecture avec l'Opus

Plume Petit message aujourd'hui de notre ami Thierry qui nous gratifie d'une petite chronique de ses lectures chaque semaine, elles sont toutes ici.

"Retour de vacances, snif, snif...

1er bilan d’un nouveau «lecteur électronique»!

Trois mois de lecture avec mon p’tit Opus de Booken et mes chroniques sur Aldus.
C’est l’heure d’un premier bilan.
Sur l’Opus d’abord.
Très léger. Passe-partout. Discret. Bien joli en bleu.
Depuis Noël (merci Père Noël!) aucun bug à signaler.
L’importation des livres, via le PC, est facile.
L’allumage est rapide. La lecture, suite à la mise en veille, est instantanée. On clique sur le livre qui s’ouvre sur la page en cours. Comme un marque-page. On peut lire et marquer plusieurs livres à la fois.
La lecture sur l’écran (encre électronique elink) est très agréable, très lisible, comme sur un «vrai» livre.
Les pages tournent comme en vrai! La numérotation des pages s’affiche en bas de l’écran. On sait donc où on en est. On peut aller chercher une page ou un chapitre précis. L’autonomie est impressionnante: 2 à 3 semaines sans avoir à recharger la batterie.
Ma fille a lu un Maupassant dessus. Elle est convaincue.
Tout est OK!

Maintenant, les défauts, en vrac…
La lecture des PDF est ardue. Faut jongler entre le mode «affichage-paysage» et le zoom.
J’ai l’habitude de prendre des notes en lisant et sur cette liseuse il n’y a pas de fonction «surlignage» ou prise de notes. Ca me manque beaucoup. Vraiment. J’aime bien écrire en lisant.
Les photos de certains livres illustrés ne s’affichent pas. Pour les «beaux livres», on restera papier.
Gênant aussi l’absence de césure en bout de ligne qui provoque quelquefois des espaces irréguliers entre les mots: pas joli, joli!
On ne peut pas prêter ses livres. L’autre jour, enthousiaste, je parle d’un roman à ma sœur. On a l’habitude de se prêter nos livres. Elle me dit: «Tu me le prêtes?» OK que je lui réponds et je cours illico à ma bibliothèque… mais… non… suis-je bête, je ne peux pas… il est sur mon Opus!!
Dommage.

Sur les livres électroniques maintenant.
L’offre augmente, vitesse grand V. Les sites de téléchargement se multiplient. C’est prometteur.
Y’a les gratuits. Les classiques tombés dans le domaine public.
Les autres, payants.
Dans les gratuits, y’a du bon et du moins bon. Je parle de la forme et non du contenu du livre, bien entendu.
Les mauvaises traductions, les versions epub au rabais comme par exemple un «Du côté de chez Swann» de Proust avec des fautes de «copie» dès les premières pages. Illisible! (exemplaire téléchargé chez Feedbooks)
Donc concernant ces livres, c’est la surprise à l’ouverture. Souvent du travail bâclé!
Faudrait qu’on se le dise: prévenir, avertir, recommander le lecteur.
Chez les payants, très, très, très légèrement moins chers que la version papier, les versions epub semblent plus soignées.
Et puis, bien sûr, y’a les maudits DRM. On va pas revenir dessus, c’est déjà assez pénible comme ça!
J’achète encore et toujours des livres en librairie et j’emprunte encore et toujours des livres en bibliothèque.
En conclusion, je prends vraiment plaisir à lire sur cette liseuse électronique qui sait se faire oublier au seul profit du texte et de la lecture.
Mon vœu… le moins cher…
- une liseuse avec prise de notes, surlignage, césures et affichage des images.
- des livres électroniques soignés, qualité papier et sans DRM.
L’avenir est devant nous… bonnes lectures à tous!
Pour la 10ème chronique : un polar sur fond de jazz.

Pour les curieux, dans mon Opus:
Jack London, Dickens, Henri James, Stevenson, Scott, Thackeray, Istrati (un auteur que je recommande), Cervantes, Gogol, Tolstoï, Dostoïevski, Boulgakov, toute la Comédie humaine de Balzac (hum! un régal téléchargé sur EFELE), Maupassant, Dumas, Zola, Flaubert, Stendhal, Nerval… que du bon quoi !
Des polars, des romans de Camus, Guilloux (un auteur trop longtemps oublié mais je vous en reparlerais) et d’autres plus récents.
Des poésies et des biographies (celle de Jacques Vaché), des essais, etc."

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Pour ma part, j'ajouterais que pour des textes de qualité du domaine public, on se fournira sans hésitation du côté de la BibliothèqueduQuébec et EbooksLibresetGratuits, qui nous préparent à chaque fois des versions impecables que certains pillent ouvertement pour les mettre en vente... Soyez vigilents!


Chroniques de lecture - 9

Plume CENDRARS est toujours ailleurs...

Blaise Cendrars meurt en 1961 : il y a 50 ans !

Baroudeur, baratineur, bonimenteur, voyageur, créateur, charmeur, visiteur, bruiteur, reporteur, rapporteur, galopeur, trompeur, globe-trotteur, sprinteur, lecteur, légionneur, novateur, pisteur, détonateur, rouspéteur, fabulateur, explorateur, découvreur, littérateur, illuminateur, migrateur, innovateur, navigateur, mystificateur, bidouilleur, chercheur, bouquineur, bûcheur, bougonneur, buveur, baladeur, passeur, flambeur, débardeur, footballeur, dribbleur, râleur, chicaneur, emmerdeur, transbordeur, trimardeur, flaireur, grogneur, chroniqueur, capteur, bourlingueur, déchiffreur, fumeur, rimeur, bluffleur, contrefacteur, prestidigitateur, caboteur, chahuteur, transporteur, aiguilleur, artilleur, affronteur, gouailleur, orpailleur... Cendrars est toujours ailleurs... qui disait: «Quand tu aimes, il faut partir...»

Cendrars Pour faire connaissance avec l'énergumène et sa vie romanesque, je vous conseille de lire :
«Blaise Cendrars» de Miriam Cendrars (Points), indispensable !
«Blaise Cendrars, l'or d'un poète» de Miriam Cendrars (Découvertes, Gallimard), c'est la version « allégée » du précédent.
«Blaise Cendrars vous parle», c'est le tome 15 des éditions complètes de Cendrars chez Denoël, truculent!
«La ferme de Navarin» de Gisèle Bienne (Gallimard), un très bon roman autour de Cendrars
«Monsieur Cendrars n'est jamais là» de Robert Guiette (Editions du limon)
«Blaise Cendrars» de Frédéric Ferney (F Bourin)
«Blaise Cendrars: enquête sur un homme à la main coupée» de Jérôme Camilly (préface de Robert Doisneau, chez Le Cherche midi)

Il existe aussi un lien web du Centre d'Etudes Blaise Cendrars: http://www.cebc-cendrars.ch/

La seule biographie parue en epub est celle de Patrice Delbourg, « L'odyssée Cendrars » vendue 12,56 € à la Fnac.
Je n'ai pas aimé du tout cette biographie que je n'ai même pas eu envie de terminer trop «fanatique», trop aveuglée, trop écrite, trop brouillonne, trop bruyante... trop Delbourg quoi...

Pour lire Cendrars en epub, le choix est limité à 3:
l'hallucinant «Moravagine»
l'aventureux «Rhum»
et l'américain «Hollywood»
c'est tout!

«J'ai toujours été en route
Le train fait un saut périlleux et retombe sur toutes ses roues
Le train retombe sur ses roues
Le train retombe toujours sur toutes ses roues.»

Extrait de la "Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France" de Cendrars.

T.C.

Pour compléter le billet de Thierry, à signaler la récente parution dans la collection Quarto chez Gallimard d'une édition complète de ses romans ainsi que des rééditions en Folio avec des couvertures colorées très sympas. Dommage en effet que les versions numériques ne suivent pas. Lire un article sur le blog de la librairie Mollat que j'avais cité récemment.


Chroniques de lecture - 8

Plume Voici le 8ème article.
Bon dimanche! Thierry

Le Censeur de Baudelaire
de Alexandre Najjar

téléchargé au format epub 6,50€ sur librairie.immateriel

 «La censure, quelle qu'elle soit, me paraît une monstruosité, une chose pire que l'homicide; l'attentat contre la pensée est un crime de lèse-âme.» Gustave Flaubert

Alexandre Najjar nous livre la biographie de Pierre Ernest Pinard, arriviste procureur, tristement célèbre et richement récompensé par un fauteuil de Ministre de l'Intérieur et une Légion d'Honneur, pour avoir poursuivi en justice Flaubert, Baudelaire et Eugène Sue!

Flaubert est acquitté.
Ha! La fameuse «scandaleuse» scène du fiacre dans «Madame Bovary»!
Comment? Vous n'avez pas encore lu «Madame Bovary»?

Flaubert, avant son procès, écrit cette lettre savoureuse à un ami: «Je vous annonce que demain 24 janvier, j'honore de ma présence le banc des escrocs, 6ème chambre de police correctionnelle, 10 heures du matin. Les dames sont admises; une tenue décente et de bon goût est de rigueur. Je ne compte sur aucune justice. Je serai condamné et au maximum peut-être, douce récompense de mes travaux, noble encouragement donné à la littérature!... Vous aurez peut-être, un jour ou l'autre, l'occasion d'entretenir l'Empereur de ces matières. Vous pourrez, en matière d'exemple, citer mon procès comme une des turpitudes les plus ineptes qui se passent sous son régime. Je déplais aux jésuites de robe courte et aux jésuites de robes longues; mes métaphores irritent les premiers; ma franchise scandalise les seconds.»

Medium Un extrait du réquisitoire d'Ernest Pinard qui accuse Flaubert de «réalisme vulgaire et souvent choquant de la peinture des caractères»
«Cette morale stigmatise la littérature réaliste, non pas parce qu'elle peint les passions: la haine, la vengeance, l'amour; le monde ne vit que là-dessus, et l'art doit les peindre; mais quand elle les peint sans frein, sans mesure. L'art sans règle n'est plus l'art; c'est comme une femme qui quitterait tout vêtement. Imposer à l'art l'unique règle de la décence publique, ce n'est pas l'asservir, mais l'honorer. On ne grandit qu'avec une règle. Voilà, messieurs, les principes que nous professons, voilà une doctrine que nous défendons avec conscience.»

Le ténébreux Baudelaire accusé d'être «un défi jeté aux lois qui protègent la religion et la morale» est condamné à 300 francs d'amende avec interdiction de publication de certains poèmes de ses «Fleurs du Mal», poèmes sulfureux qui seront réhabilités en... 1949!!!
(il s'agit des poèmes Les Bijoux, Le Léthé, Lesbos, les Métamorphoses du vampire, Femmes damnées, À celle qui est trop gaie)

Les très émouvantes lettres de Flaubert et Baudelaire témoignent: ils sont surpris, inquiets et blessés face aux accusations.
Le lecteur curieux suivra pas à pas l'organisation de la défense, le procès avec ses accusations et ses plaidoiries. Très instructif!

Enfin, Pinard condamne «Les Mystères du Peuple ou Histoire d’une famille de prolétaires à travers les âges» d’Eugène Sue, mort depuis 3 ans... ce sont donc le propriétaire de l'œuvre, son éditeur et  son imprimeur qui sont sur le banc des accusés

Mais c'est surtout une «biographie» très documentée du Second Empire: la révolution de 1848, l'abdication de Louis Philippe, la proclamation de la République par Lamartine.

Un petit texte qui éclaire, souvent «drôlement» (en effet, cet Ernest Pinard est décidément, souvent, malgré lui, très risible!) la justice, les mœurs et la censure de cette époque... de notre époque aussi?

Un hommage à la littérature?
Celui qui écrit et celui qui lit seraient-ils dangereux?
Oui... l'histoire de la littérature le démontre... encore aujourd'hui!


« SHAKESPEARE AUSSI ÉTAIT UN TERRORISTE

"Words... words... words..." disait-il»
(Léo Ferré)


4ème de couverture
"Voilà une biographie à la fois inattendue, brillante et bienvenue.
(...) Ernest Pinard, qui en est l'objet, fut un procureur soumis en tous points à l'ordre social de son temps, un ministre de l'Intérieur somme toute médiocre, et sa postérité, à vrai dire, n'avait jamais encore interpellé quiconque. (...) On eût été tenté de rejeter d'emblée le souvenir d'un homme qui eut pour titre de gloire -ou, à tout le moins, pour chemin vers la notoriété- de faire condamner Flaubert, Baudelaire et Eugène Sue, qui s'opposa à l'érection des statues de Baudin et de Voltaire, et eut maille à partir avec Zola.
Excusez du peu! (...) Au travers du destin d'un homme, on traverse une époque, les yeux et les oreilles aux aguets. Nul ne pourra plus écrire sur le Second Empire sans tenir compte de la contribution d'Alexandre Najjar. C'est le témoignage à lui rendre".

Sur l'auteur
Avocat et écrivain, responsable du supplément L'Orient littéraire, Alexandre Najjar est né au Liban en 1967.
Passionné du XIXe siècle, il a à son actif plusieurs biographies, des romans (Le Roman de Beyrouth, Phénicia, Berlin 36) et des récits (L'Ecole de la guerre, Le Silence du ténor), traduits dans une douzaine de langues. Il a obtenu le Prix Méditerranée 2009 et le Prix Hervé Deluen de l'Académie française pour son action en faveur de la francophonie.

T.C.


Chroniques de lecture - 7

Plume

Nouvelle chronique de notre ami Thierry ce dimanche:

Le printemps arrive tout doucement, c'est le moment de réinventer l'amour en lisant «Eloge de l'amour» de Alain Badiou pour seulement 2,90€ à télécharger chez epagine

C'est quoi l'amour?
C'est une bonne question...

Des extraits valent mieux qu'un long discours:

«Un amour véritable est celui qui triomphe durablement, parfois durement, des obstacles que l’espace, le monde et le temps lui propose»

«Dans l’amour, la fidélité désigne cette longue victoire: le hasard de la rencontre vaincu jour après jour dans l’invention d’une durée, dans la naissance d’un monde.»

«La conviction est aujourd'hui largement répandue que chacun ne suit que son intérêt. Alors l'amour est une contre-épreuve. L'amour est cette confiance faite au hasard.»

«Il faut réinventer le risque et l'aventure, contre la sécurité et le confort.»

Eloge A l'opposé de «l'amour-assurance-vie» recherché sur Meetic (l'amour «risque-zéro»), ou de  «l'amour-coup-de-foudre» qui ne dure que le temps d'une étincelle (l'amour romantique), Badiou nous propose plutôt une construction amoureuse, construction désintéressée, véritable libération, loin des intérêts immédiats, construction qui doit surpasser les obstacles pour triompher. Un idéal amoureux loin des propositions marchandes d'aujourd'hui, loin des versions libérales et artificielles de l'amour que l'on nous vend et vente à longueur de journée dans certaines presses écrites ou images télévisées. Loin d'un discours amoureux conventionnel et rassurant.
«Personnellement, je me suis toujours intéressé aux questions de la durée et de processus, et non pas seulement aux questions de commencement.»
Un livre de sage... un peu trop sage?
Des réflexions pour éclairer votre lanterne de l'amour?
Pour préserver votre flamme amoureuse?
Eviter qu'elle vacille au gré des vents mauvais?

C'est un petit essai plaisant à lire, discutable, à discuter, à déguster, (il s'agit d'entretiens entre le philosophe et Nicolas Truong, journaliste au Monde), à lire et à relire... un livre de chevet?

4ème de couverture
"La conviction est aujourd'hui largement répandue que chacun ne suit que son intérêt. Alors l'amour est une contre-épreuve. L'amour est cette confiance faite au hasard." Des moralistes français jusqu'à Levinas, en passant par Schopenhauer, les philosophes ont souvent maltraité l'amour -lorsqu'ils l'ont traité. Alain Badiou nous montre dans ce livre fort et limpide que l'amour est aujourd'hui menacé: la puissance de l'événement incommensurable qu'il constitue est niée à la fois par les tenants du marché libéral (pour lesquels tout n'est qu'intérêt) et par ses opposants (pour lesquels l'amour n'est qu'hédonisme). Il est donc à réinventer.

Alain Badiou est un philosophe, romancier et dramaturge français.

T.C.


Chroniques de lecture - 6

Plume Une lointaine Arcadie
de Jean-Marie Chevrier


acheté et téléchargé au format epub sur epagine.fr

Un revigorant coup de coeur!
Je ne connaissais pas cet auteur que j’ai découvert par hasard en lisant sur le net que son histoire se situait dans la Creuse, un département et des paysages que je fréquente depuis mon enfance.
Ce livre aurait pu paraître aux excellentes éditions Gallmeister adepte du “nature writing".
(http://www.gallmeister.fr/accueil)
Ce courant littéraire américain est un melting pot d'hommages à la nature et de récits autobiographiques. En résumé, "ma vie dans les grands espaces".
On pense alors, pêle-mêle, à Henri David Thoreau, Jack London, Jim Harrison et aussitôt à "La route" de Cormac Mc Carthy ou bien au film de Sean Penn "Into the Wild", adapté du roman "Voyage au bout de la solitude", écrit par Jon Krakauer en 1996, et relatant l'histoire réelle de Christopher McCandless.
Très souvent, le "nature writing" revendique le label "Ecologie politique".

Chevrier Le titre fait référence au mythe d’Arcadie, région montagneuse de la Grèce ancienne, terre mythique de la paix et du bonheur.
Ce roman remémore la lecture du magnifique “Suzanne et le Pacifique” de Giraudoux.
On pense également à Robinson Crusoé... avec la Creuse comme une île?
Matthieu, libraire à Paris plaque tout car tout lui échappe: son meilleur ami le chien qui meurt, sa femme qui le quitte...
Il se retrouve dans la Creuse dans une maison de famille abandonnée. Sans télévision, sans journaux... avec seulement 3 livres: l’Illiade d’Homère, les Géorgiques de Virgile, et Malone Meurt de Beckett. Il va fabriquer son pain, cultiver son jardin, adopter une vache et faire de rares mais magnifiques rencontres dépeintes avec beaucoup de sensibilité.
L’auteur fait souvent référence aux mythes grecs et à la peinture et l’écriture de Chevrier est très sensuelle, au pinceau... picturale.

Un très très beau roman que je recommande avec enthousiasme!

4ème de couverture
Mathieu part à la retraite: il ferme sa librairie, sa femme le quitte, il perd son chien… Où et comment trouver la force de continuer à vivre? Peut-être dans une vie d'ermite, sur une éminence isolée des confins de la Creuse. Dans ce dernier refuge, il n'aspire qu'à s'effacer dans une nature immobile, avec la seule compagnie des bêtes, suivi pas à pas par Io, une génisse. Mais la civilisation se rappelle à Mathieu quand un couple de randonneurs fait halte dans sa thébaïde. L'homme, archéologue amateur, cherche des vestiges médiévaux. La femme n'est pas sans charme, et inspire à Mathieu un désir violent. Ses velléités de solitude et de renoncement sont compromises. Un drame se prépare, dont Io, l'animal tutélaire, sera la victime sacrificielle.

La première phrase
«Il avait un chien. C’était un petit chien, un cocker, parce qu’il est déraisonnable d’avoir un chien à Paris et qu’il compensait cette déraison par un animal de petite taille. Il s’appelait Cassius parce qu’il était né l’année des C.»

T.C.


Chroniques de lecture - 5

Plume «Les Carnets du sous-sol»
de Fedor Dostoïevski


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Ce petit roman, d’une centaine de pages, est parfois titré «L’esprit souterrain».

Finkielkraut, dans son excellent essai sur la littérature «Un coeur intelligent» le surnomme «L’enfer de l’amour-propre».
Cette oeuvre noire fait partie de la bibliothèque idéale du philosophe.

Dostoievski «Je suis un homme malade, je suis un homme méchant» prévient le narrateur dès la première phrase. Réfugié dans un sous-sol, un homme sans nom, petit fonctionnaire (s’agit-il de Dostoïevski lui même?) monologue, peste contre la nature humaine, le monde entier et... lui même.
Haineux, il rejette tout... jusqu’aux promesses de l’amour... Les pages qui relatent la relation tumultueuse et désespérante de notre «héros» avec une prostituée sont remarquables.
«(...) mais elle avait parfaitement compris que j'étais un monstre, un homme incapable de l'aimer (...) c'est sa présence qui m'était odieuse, insupportable. Je voulais qu'elle disparaisse. "La paix", je voulais ça; je voulais rester seul dans mon sous-sol. "La vie vivante", par manque d'habitude, elle m'avait écrasé tellement que j'avais du mal à respirer.»

Un roman dérangeant qui, parfois, nous renvoie notre propre image.
Un livre anarchiste, véritable manifeste, qui a sûrement inspiré Céline ou Camus.

Selon moi, un premier chef d’oeuvre nihiliste et déjà sartrien du maître russe!

4ème de couverture
Réfugié dans son sous-sol, le personnage que met en scène Dostoïevski ne cesse de conspuer l'humaine condition pour prôner son droit à la liberté. Et il n'a de répit qu'il n'ait, dans son discours, humilié, diminué, vilipendé les amis de passage ou la maîtresse d'un soir.
Un monologue féroce et imprécatoire...

Les premières phrases
 "Je suis un homme malade… Je suis un homme méchant. Je suis un homme déplaisant. Je crois que j'ai une maladie de foie. D'ailleurs je ne comprends absolument rien à ma maladie et ne sais pas au juste où j'ai mal. Je ne me soigne pas et ne me suis jamais soigné. Si je ne me soigne pas, c'est par pure méchanceté de ma part. Je sais très bien que ce ne sont pas les médecins que j'embête en refusant de me faire soigner. Je ne fais tort qu'à moi-même; je le comprends mieux que quiconque. Et pourtant, c'est bien par méchanceté que je ne me soigne pas. J'ai mal au foie ! Tant mieux !!"

Avertissement
Dommage que cette traduction ne soit pas toujours à la hauteur.

T.C.


Chroniques de lecture - 4

Plume «La Maison du Chat-qui-pelote»
de Balzac


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Baudelaire affirmait: «Chacun, chez Balzac, même les portières, a du génie.»

«La Maison du Chat-qui-pelote» (quel beau titre!) est une des six nouvelles parues en 1830 dans les «Scènes de la vie privée» qui débutent l’immense oeuvre «La Comédie Humaine». Elle serait inspirée par la vie d’une des soeurs de Balzac.

Balzac La vie de la famille Guillaume, drapier à Paris à «La Maison du Chat-qui-pelote» (nom de l’enseigne du magasin) s’écoule comme un ennuyeux fleuve tranquille. Peu d’événements viennent troubler ou même égayer cette paisible et économe famille de commerçants... sinon l’inventaire du magasin... une fois l’an!
Les Guillaume veulent marier Virginie, leur fille aînée à Joseph Lebas, le premier commis de la petite entreprise, promis à la succession de l’affaire. Oui, mais voilà, ce Joseph là est bien amoureux, mais d’Augustine la plus jeune.
Oui, mais voilà, cette Augustine là est bien amoureuse mais de Théodore de Sommervieux, un jeune aristocrate artiste peintre.

«Il est des mésalliances d’esprit aussi bien que des mésalliances de moeurs et de rang.» prévient Madame Guillaume, la mère d’Augustine.
Cette phrase résume le thème de cette nouvelle: la lutte des classes et l’ amour comme étude des moeurs.

J’ai noté pour vous quelques répliques amusantes des personnages «balzaciens».
«Est-ce donc bien amusant de voir en peinture ce qu’on rencontre tous les jours dans notre rue!»
«Nai-je pas entendu dire ce soir à ce jeune écervelé que si l’argent était rond, c’était pour rouler ! S’il est rond pour les gens prodigues, il est plat pour les gens économes qui l’empilent et l’amassent.»
Ou bien, «Un homme à talent rendra sa femme malheureuse.»

Cette courte nouvelle d’une cinquantaine de pages sera une entrée encourageante à lire Balzac.

Présentation de l'éditeur
Ce récit écrit en 1829 sera placé, plus tard, par Balzac en ouverture de la "Comédie Humaine". On y retrouve la trame de ce que seront les romans la composant et l'on y croise déjà les héros d'autres épisodes.
Tout y préfigure la grande oeuvre de Balzac. C'est en ces quelques pages une miniature parfaite de tout ce qui suivra.
La Maison du chat qui pelote, titre définitif que l'auteur donna à cette ouvrage, avait à l'origine été intitulé "Gloire et Malheur". Il s'y joue le destin d'une femme que tout favorise. Mais l'amour peut-il résister au fil des ans, à la différence des classes ?
Questions actuelles que Balzac, comme toujours avec son génie, pose et auxquelles il répond, nous montrant que finalement, aujourd'hui rien n'a changé.

La première phrase
«Au milieu de la rue Saint-Denis, presque au coin de la rue du Petit-Lion, existait naguère une de ces maisons précieuses qui donnent aux historiens la facilité de reconstruire par analogie l’ancien Paris.»

T.C.


Chroniques de lecture - 3

Plume «Minuit»
de Dan Franck


livre acheté et téléchargé sur fnac.com
16,99 € au format epub

Mais qu’ont-ils fait les intellectuels (écrivains, cinéastes, peintres, éditeurs...) pendant l’occupation allemande de 1939 à la libération?
Dan Franck, nous le «conte», sans régler de comptes, avec passion, sans condamnation. Après deux années de recherches, de documentations en témoignages, Dan Franck nous livre ici des petites histoires poignantes, parfois peu reluisantes qui font la grande Histoire. Des anecdotes, certaines lourdes de sang, d’autres légères de sens.

51pCrjoUd7L._SL500_AA300_ Le titre «Minuit» est un hommage aux Editions de Minuit, fondées par l’écrivain résistant Vercors.
De l’engagement tardif et symbolique de Sartre et Beauvoir au pacifisme viscéral de Prévert, en passant par les résistances héroïques de Desnos et René Char... entre autres... nous voyons Picasso, aveugle devant les événements, peindre parmi ses nombreuses amantes, au milieu de sa cour, Cocteau jouer ses pièces devant les gradés allemands pendant que Max Jacob meurt abandonné de tous au camp d’internement de Drancy, l’écrivain-docteur antisémite Céline soigner, juifs, résistants et Anglais parachutés…

Il y aura donc, ceux qui résisteront dans l’écriture ou l’action, ceux qui, muets, fermeront les yeux et les oreilles et ceux qui s’associeront avec l’ennemi dans l’écriture jusqu’à... l’action. Après tout, les intellectuels ne sont pas exemptés, dispensés d’erreur de jugement ou bien de lâcheté. Tous ne seront pas des héros. Ilsrestent des êtres humains... comme tout le monde. Mais écrire ou peindre n’interdit pas de lutter contre l’ignoble nazisme.

Comme René Char, le poète «magnétique», qui choisit de ne rien publier pendant la guerre, qui choisit de résister les armes à la main dans le maquis de Provence, qui se choisit un nouveau nom de combat, «Capitaine Alexandre», qui écrit pour expliquer son mutisme poétique (et politique) «Mes raisons me sont dictées en partie par l’assez incroyable et détestable exhibitionnisme dont font preuve depuis le mois de juin 1940 trop d’intellectuels parmi ceux dont le nom jadis était précédé ou suivi d’un prestige bienfaisant, d’une assurance de solidité quand viendrait l’épreuve qu’il n’était pas difficile de prévoir…»
Un livre absorbant qu’on lira comme un roman, comme le roman de la vie, tragique ou épique dans les tourments de l’Histoire!

4ème de couverture
Il était minuit dans le siècle: de la débâcle de 1940 à la Libération, Dan Franck écrit ici, avec une passion communicative, l'épopée des écrivains, des artistes et des intellectuels sous l'Occupation.
Char, Paulhan, Vercors, Sartre et Beauvoir, Camus, Picasso, Cocteau, Aragon et Elsa, Matisse, Prévert, Desnos, Saint-Exupéry, Prévost, Drieu La Rochelle, Beckett, Marc Bloch, Mauriac et tant d'autres, c'est le grand bal de la France qui écrit, peint, dessine, filme, joue, publie, collabore, résiste, s'accommode.
Tel un metteur en scène, Dan Franck nous entraîne dans sa ronde: de Paris à Marseille dans la débandade de l'exode, de Marseille à New York dans les bateaux de l'espoir, de Paris à Berlin dans les trains de la honte, des gares de la déportation aux camps de la nuit et du brouillard, on partage avec admiration, stupeur ou incrédulité les destins croisés de cette génération dont la tragédie de l'Histoire a transformé la vie en roman.

Biographie de l'auteur
Dan Franck a publié une vingtaine d’ouvrages, dont Les Calendes grecques (prix du premier roman, 1980), La Séparation (prix Renaudot, 1991), Un siècle d’amour (avec Enki Bilal, Fayard, 2000), Les aventures de Boro reporter-photographe (avec Jean Vautrin, Fayard); et chez Grasset: Les enfants et Roman nègre. Scénariste réputé, on lui doit aussi, récemment, le scénario du film et de la série Carlos d’Olivier Assayas. Ce denier livre est une sorte de suite de «Bohèmes» (sur le début du XXème siècle à Paris) et «Libertad!» ( sur la Révolution espagnole)

Avertissement :
La version epub ne contient malheureusement pas les belles photos de la version papier. De plus, les chargements des nombreux chapitres sont trop longs sur mon petit Opus. (ce livre pèse tout de même 500 pages)

T.C.


Chroniques de lecture - 2

Plume Une deuxième chronique de lecture proposée par notre ami Thierry, merci!

La parure
de Guy de Maupassant

téléchargé gratuitement au format epub
sur le site  immateriel.fr

En une dizaine de pages seulement (10 exactement sur mon Opus/Booken), Maupassant pourrait raconter les désastres de la crise financière d'aujourd'hui et ses sinistres cortèges de surendettement. Chapeau bas Monsieur Maupassant ! Une écriture ciselée, polie pour décrire la pitoyable mésaventure d'un couple dont la vie va tragiquement basculer pour... un collier... Mais je ne vous en dis pas plus, je vous laisse le plaisir de découvrir la fin (comme je vous envie déjà!). Ce texte est à lire et à relire sans cesse qui peint l'absurde, la soif du paraître, l'envie... les faiblesses de la nature humaine quoi!
Maupassant N'ayez pas peur de lire Maupassant, ça se lit comme du p'tit lait... aigre et amer...

La 4ème de couverture
«La Parure» dépeint avec alacrité le menu peuple des bureaux.
Une ironie, tantôt enjouée tantôt cruelle qui illustre la profonde acuité d'une oeuvre qui, de Boule de suif au Horla, n'a cessé de mettre au jour avec une égale curiosité les ressorts inattendus de la mécanique humaine.
La 1ère phrase
«C'était une de ces jolies et charmantes filles, nées, comme par une erreur du destin, dans une famille d'employés.»
T.C.